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Chapitre 1. Des déficits d’assurance face aux défis de la gestion des catastrophes : analyse du

1.2. Absence d’intégration de micro assurance aux systèmes de gestion des catastrophes :

déterminants de la résilience.

Les variabilités et les changements climatiques font maintenant partie de la vie des populations au Bénin ; et au-delà des secteurs socioéconomiques, leurs impacts se mesurent déjà sur la santé humaine, animale et environnementale [54]. Mais les catastrophes qu’ils induisent, sont « une notion très relative en fonction du lieu d’où est perçu l’événement jugé catastrophique ; une construction psychosociale dont la cause "naturelle" est souvent à rechercher bien loin des effets constatés » [55]. Sachant qu’elles sont révélatrices des incapacités et des inégalités face à des menaces ou dangers et qu’elles sont désormais comprises comme « une conséquence de problèmes de développement non résolus et/ou comme des phénomènes imprévisibles et inévitables » [51] et que « la catastrophe (dite naturelle) est aussi révélatrice de vulnérabilités humaines et territoriales et qu’elle concrétise le risque, qui s’exprime virtuellement par l’endommagement, qui effrite et fragilise la résilience du système et des populations » [56], il importe alors, d’envisager les risques et d’en rechercher les facteurs qui les déterminent, en rapport avec le contexte. Une telle démarche, comblerait des insuffisances et assurerait plus d’efficacité à la gestion de ces catastrophes, dont les causes "naturelles" induites ou non par l’activité humaine, sont aujourd’hui beaucoup moins étudiées, en termes de vulnérabilité et de prévention [57]. La modélisation des déterminants de la résilience qui, à notre connaissance, est absente des démarches en cours dans le contexte de cette étude, aura permis une meilleure compréhension et de mieux envisager ou de développer la stratégie, la politique et les programmes qui, mis en œuvre, permettront de construire une résilience dynamique des enjeux. A cet effet, nous présentons dans cette section la modélisation (sous-section 1) et en ferons la description (à la sous-section 2).

1.2.1. Modélisation des déterminants sociaux de la résilience face aux

risques de catastrophe.

Globalement, la modélisation que nous proposons (figure 1), s’inspire du modèle de « l’approche des déterminants sociaux de la santé » [58]. Elle montre : (i) que quand on aborde

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les questions en rapport avec les risques de catastrophe et la résilience, les problèmes à résoudre sont, à terme, ceux en liens avec toutes les formes d’inégalités, identifiées comme causes sous- jacentes, qui induisent les vulnérabilités et l’exposition aux aléas ; (ii) qu’au-delà de la résilience, c’est aussi l’autonomisation des systèmes qu’il faut viser ; (iii) et que régler les questions de résilience et d’autonomie face aux catastrophes dépasse ou ne peut être des seules responsabilités des acteurs de la gestion des catastrophes ; mais de tous ceux qui œuvrent dans des secteurs qui déterminent ou qui ont un impact sur le risque global. (Voir figure 3).

1.2.2. Déterminants sociaux de la résilience des populations face aux risques

de catastrophe.

De façon spécifique, le modèle proposé fait état de déterminants immédiats, intermédiaires, structurels et autres déterminants en lien avec les trois premières catégories.

1.2.2.1. Les déterminants immédiats

Le modèle relève : (i) l’existence d’aléas naturels et ses caractéristiques, résultant sommairement de la combinaison des effets de la variabilité et des changements climatiques dans un environnement naturel, sanitaire et comportemental dégradés; (ii) des incapacités individuelles, locales et nationales accrues – caractéristiques d’une absence ou faiblesse des ressources et d’un développement non résilient – pour une gestion des catastrophes, non soutenue par une réelle politique de transfert des risques, qui génère des vulnérabilités, fortement aggravées par une forte exposition des enjeux vulnérables à l’aléa ; et (iii) qui montre que l’ensemble de ces combinaisons (aléa –vulnérabilités – exposition des enjeux) détermine des risques de catastrophe, spécifiques pour chaque aléa.

1.2.2.2. Les déterminants intermédiaires

Ce sont des facteurs biologiques et psychosociaux matériels sociopolitiques et comportementaux, confrontés à des variabilités et changements climatiques et préjudiciables à la résilience et à l’autonomie des systèmes de gestion des catastrophes et des populations,

surtout marquées par une absence d’intégration d’un ensemble de systèmes fait des systèmes de gestion – des systèmes de santé – des systèmes de protection sociale, isolément déjà vulnérables et surtout peu adaptés ou incapables (pris ensemble ou isolément) pour réduire les inégalités et booster la résilience tout en œuvrant pour l’autonomisation. Cette intégration de trois systèmes reste le fondement même du présent projet de recherche, qui estime qu’en agissant sur les déterminants intermédiaires, avec cette approche, il serait plus aisé d’influer sur les autres catégories de déterminants.

1.2.2.3. Les déterminants structurels (sous-jacents)

Il s’agit d’un environnement structurel avec des structures politiques et socioéconomiques, marquées par une gouvernance, des politiques macroéconomiques; sociales (marché de travail, terre, logement); des politiques publiques (éducation, santé, protection sociale); une culture et des valeurs sociétales, qui génèrent une situation socioéconomique qui porte les stigmates des inégalités, en rapport avec la classe sociale, le sexe, l’appartenance régionale ou ethnique, le milieu et le mode de vie; en rapport avec l’éducation, l’emploi, l’état de santé, les revenus, les propriétés et la couverture de protection sociale.

1.2.2.4. Autres déterminants

Au niveau de tous les déterminants énumérés ci-dessus, le pouvoir de décision et les choix décisionnels sont des déterminants capitaux des risques et de la résilience, d’autant plus que les choix de politiques, de stratégie, de programmes/interventions qui sont initiés et mis en œuvre, ceux qui ont le pouvoir de décider, puis quand, comment et avec qui les choix sont faits, sont aussi des facteurs déterminants dans la gouvernance des risques et des catastrophes.

Face à cette complexité des déterminants des risques et de la résilience, la gestion des catastrophes se trouve aussi confrontée à une autre complexité, celle de la diversité des interconnexions entre les différentes catégories de risques, qu’une gestion holistique de risques de catastrophe devrait prendre en compte. Cette démarche répond à l’acception selon laquelle une meilleure connaissance ou compréhension de ces interconnexions favoriserait le développement des approches de la gouvernance horizontale ou de l’intersectorialité et la coordination, qui n’ont pas cours dans les pratiques actuelles de gestion des catastrophes au Bénin.

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1.3. Des risques multiples interconnectés, avec un profil de

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