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T ABLEAU 6 S AVOIR SAVANT ET SAVOIR NON SAVANT D ’ APRES B EATRICE C OLLIGNON ,

Savoir "non savant" (Géographie spontanée)

Savoir "savant" (géographie raisonnée) Expérience Multiples expériences, sans que toutes

les configurations possibles soient testées, et sans visée systématique des vérifications

L'expérience est soumise à un protocole, ses résultats sont vérifiés

Domaine de validité Efficacité Exactitude Expression / formalisation du savoir

Peu formalisé, contextualisé, non verbal, subjectif

Théorique, discursif, communicable. Cherche l'objectivité

78 On la retrouve en 1990 sous la plume de Philippe Perrenoud, sociologue de l'éducation et qui consacre un

article à la géographie scolaire, pour désigner, par analogie avec la sociologie spontanée " les savoirs et les

concepts que les acteurs sociaux mobilisent pour maîtriser le monde social, fût-ce dans l'ignorance de toute théorie et de tout jargon empruntés à la sociologie savante" (Perrenoud 1990).

79 Selon Jean-François Thémines (voir II.) : « La géographie spontanée, c'est la mobilisation intuitive,

simultanément avec d'autres propriétés non spatiales du monde social, de propriétés spatiales de l'espace terrestre, comme la distance, la direction, la limite, la situation. Au contraire, la géographie raisonnée "suppose un effort analytique et critique, un usage systématique du calcul et de la modélisation" » (2006)

Difficile à définir, cette zone où se loge la géographie spontanée est également difficile à modéliser. Si les parcours représentés la traversent, ils peinent à s’y attarder, tant la zone est floue. De plus, c’est une zone dans laquelle on ne peut envisager que des parcours individuels : la classe dans son ensemble ne peut y pénétrer, puisqu’elle relève du domaine du privé, de l’intime et donc du singulier. Or les parcours présentés ont été conçus pour être des parcours de classe. Il faudrait donc les multiplier à l’entrée et à la sortie de la sphère « privée », ce qui n’est pas sans poser problème sur le plan graphique.

C’est ainsi que la forme de figuration que j’avais choisie a été l’occasion de tester et de modifier la conceptualisation que j’entreprenais dans le même temps, et de stabiliser la définition de certaines notions, comme celle de géographie spontanée. Cela m’a conduite à proposer un deuxième mode de figuration, et à redécouper le monde en trois tiers, plutôt qu’en quatre quadrants.

C. U

N REDECOUPAGE EN TROIS TIERS

1. A la recherche d’un autre mode de représentation : le monde en arc

de cercle.

La première forme de figuration m’avait conduite à repérer certaines limites, d’une part les axes orientés, qui définissaient des gradients de concret ou d’abstrait, impropres à caractériser la sphère publique, et d’autre part la sphère privée, que je peinais à aborder tant conceptuellement que graphiquement. Pour résoudre (ou contourner) cette difficulté, j’ai alors supprimé les axes, et regroupé la sphère privée et le terrain, dont il m’apparaissait qu’ils appartenaient à une même réalité, le monde matériel, ou réel, ou physique, en géographie. Cela revenait à découper le monde en trois parties : la classe, un microcosme social, le monde social, le monde matériel que j’ai à nouveau subdivisés : dans le monde social les autres classes de l’établissement, qui forment elles aussi un microcosme et hors les murs de l’établissement, le reste du monde, qui pourrait à son tour se subdiviser. Le monde physique peut désigner pour la classe de géographie le terrain. Plus généralement il représente le concret, ce qui conduit les élèves à manipuler, à expérimenter, à fabriquer ou à étudier des situations présentes dans le monde réel et à articuler leur « géographie spontanée » avec la « géographie raisonnée » étudiée en classe.

Cette forme circulaire posait cependant à son tour de nombreux problèmes : comment envisager en effet une frontière entre le monde social et le monde matériel, artificiellement séparés pour les besoins de la démonstration.

C’est pourquoi j’ai préféré au cercle la figure de l’arc de cercle, ce qui a abouti au schéma suivant :

Ce schéma donne à la classe ordinaire une place centrale. Le microcosme de la classe, et les relations qu’y entretiennent les différents acteurs sont figurés par des points reliés entre eux. Pour ce schéma caractérisant la classe ordinaire, les relations entre l’enseignant et les élèves y sont représentés sous une forme duelle.

Le monde quant à lui est cette fois-ci divisé en deux entités complémentaires et non séparées dans la réalité : le monde matériel (ou réel) et le monde social.

De ces deux mondes, la classe est isolée. La frontière est matérialisée par un trait épais. Du monde social tout d’abord, la classe est séparée, et en tout premier lieu des autres classes. Ce monde social est celui du contact avec l’extérieur. Ce contact se fait de manière aréolaire : d’abord les autres classes, ensuite les personnes concernées par l’école, les parents, les partenaires institutionnels, jusqu’au vaste monde.

Du monde matériel ensuite, la classe ordinaire est coupée également, et pour la classe ordinaire de géographie, en tout premier lieu du terrain, lieu de l’expérimentation. Le monde matériel proposé ici n’est cependant pas sans ambiguïté : tantôt lieu matériel (le terrain du géographe) tantôt domaine du concret et de l’expérimentation. On y retrouve la polysémie du mot « terrain » mise en évidence par Yann Calbérac (Calberac 2010), méthode autant que lieu. Le terrain, « hors les murs » Les autres classes Le monde social Le monde matériel La classe ordinaire

La classe ordinaire, isolée Des relations duelles professeur /élèves

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