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Nous l'évoquions dans l'introduction de ce chapitre, les observations ont été réparties selon les phases du processus : avant (la prise en charge du patient et l'induction de l'anesthésie), pendant (le maintien de l'anesthésie) et après (le réveil du patient) l'intervention. La répartition des durées moyennes des activités sera présentée en fonction des phases et une synthèse sera ensuite proposée pour distinguer les aspects importants de l'activité de l'anesthésiste en salle d'opération.

3.1.1 Avant le début de l'intervention

La figure 6 présente la répartition des temps moyens passés par les anesthésistes selon les différentes activités lors de l'induction de l'anesthésie. Les parties grisées correspondent aux catégories prédominantes. Ainsi, on remarque que durant une grande partie du temps lors de la prise en charge, l'anesthésiste procède à des activités qui ne sont pas en lien avec l'intervention (36%). La répartition des activités selon le déroulement temporel montre qu'une fois que le patient est endormi et intubé, l'anesthésiste attend que le chirurgien arrive et commence l'intervention en procédant à des activités autres que celle de l'anesthésie. Ensuite, on constate que l'anesthésiste passe également beaucoup de temps à endormir le patient (13%) et à prendre des informations (13%). Ainsi, la répartition de ces deux catégories montre que l'anesthésiste prend à la fois des informations avant d'endormir le patient et également pendant l'induction. Nous verrons dans la seconde partie les sources et les objectifs de

Non Pertinent 36% Préparation 2% Absence 11% Communications Pertinentes 7% Prise Informations 13% Retranscription 5% Gestion Problème 11% Injection 13% Intubation 3%

Figure 6: Répartition des différentes classes d'observables selon leur durée avant l'intervention

ces prises d'informations. Enfin, deux dernières catégories ressortent de la répartition temporelle des activités observables : l'absence de l'anesthésiste de la salle d'opération en attendant l'arrivée du chirurgien (11%) et la gestion de dérives (11%). L'analyse des dérives sera effectuée ultérieurement dans ce chapitre.

Les 3 autres catégories ne sont pas prédominantes dès la prise en charge du patient. Les communications fonctionnelles bien que présentes sont faibles (5%). L'analyse des personnes présentes au bloc opératoire montre qu'au départ l'anesthésiste est uniquement accompagné d'un infirmier pour s'occuper du patient, l'équipe chirurgicale arrivant quelques minutes avant l'intervention.

3.1.2 Pendant l'intervention

La figure 7 présente la répartition temporelle des différentes activités durant le maintien de l'anesthésie. On constate également que la majeure partie du temps (59%), l'anesthésiste est occupé à d'autres activités que l'anesthésie. Cet aspect démontre que souvent en l'absence de problème, l'activité de l'anesthésiste n'est pas en lien avec l'intervention. Celui-ci peut alors se concentrer sur d'autres occupations en gardant toutefois un oeil sur l'état de santé du patient ou en confiant la surveillance à un autre membre du bloc s'il doit s'absenter (13%).

Nos observations mettent également en évidence que l'anesthésiste remplira principalement la feuille per-opératoire durant le maintien de l'anesthésie (8%).

Les autres catégories sont faiblement réparties durant le maintien de l'anesthésie. En effet, le temps passé à la gestion du problème (6%) confirme que des dérives existent

Non pertinent 59% Préparation 1% Absence 15% Communications pertinentes 3% Prise Informations 5% Feuille d'intervention 8% Gestion Problème 6% Injection 2%

Figure 7: Répartition des différentes classes d'observables selon leur durée pendant l'intervention

mais que celles-ci sont rares et relativement vite gérées. Enfin, les prises d'informations (5%) et les communications pertinentes (3%) bien que présentes ne représentent que faiblement l'activité de l'anesthésiste durant cette seconde phase.

3.1.3 Après l'intervention

La figure 8 présente la répartition des actions à la fin de l'intervention. Encore une fois, on s'aperçoit que la majeure partie du temps est consacrée à des activités qui ne sont pas en lien avec l'intervention (54%) ainsi qu'à une absence de l'anesthésiste de la salle d'opération. Reste alors 2 catégories d'activités qui ressortent de cette phase : le réveil et l'extubation du patient (8%) et la notation d'informations sur la feuille per- anesthésique (7%).

3.1.4 Synthèse de la répartition des activités selon les phases

Nos premières observations montrent qu'en dehors de la survenue d'un problème, l'anesthésiste ne surveille le processus que ponctuellement. Un anesthésiste déclarait d'ailleurs qu'« une anesthésie ennuyeuse est une anesthésie qui se passe bien » soulignant le fait que lorsqu'aucune dérive ne survient, l'anesthésiste n'est pas sollicité en permanence.

Nous avons tout de même pu mettre en évidence l'existence de prises d'informations, de communications fonctionnelles entre les membres et de transfert d'informations sur la feuille de liaison (feuille per-anesthésique) ainsi que l'apparition de dérives aux différentes étapes du processus. La figure 9 permet de représenter graphiquement la comparaison en termes d'occurrence de ces différentes activités en

Non pertinent 54% Absence 23% Communications pertinentes 2% Prise Informations 4% Feuille d'intervention 7% Gestion Problème 2% Extubation 8%

Figure 8: Répartition des différentes classes d'observables selon leur durée après l'intervention

fonction des 3 phases distinguées dans nos observations.

On observe sur cette figure que les deux phases les plus importantes en regard de ces activités sont la phase de prise en charge et d'induction et celle du maintien de l'anesthésie.

En effet, le nombre de prises d'informations est sensiblement équivalent lors de la prise en charge du patient (M = 6.95, σ = 3.03) et lors du maintien de l'anesthésie (M = 8.18, σ = 7.53). Alors que celles-ci sont très faibles lors du réveil du patient (M = 0.68 ; σ =0.89). L'Anova réalisée confirme qu'il existe une différence dans le nombre de prises d'informations aux différentes phases (F(2,65) = 19.16, p<0.0001, f=0.71). Mais cette différence est relative à la comparaison du nombre d'informations prises lors du réveil par rapport aux deux autres phases (Test post-hoc de Tukey HSD .05 = 3.16).

Les différences dans le nombre d'occurrence des communications pertinentes montrent exactement la même répartition. Les anesthésistes communiquent plus lors de la phase d'induction (M = 3.5, σ = 4.54) et lors du maintien de l'anesthésie (M = 3.32, σ = 3.48) que lors du réveil du patient (M = 0.45, σ = 0.96). L'anova confirme cette différence (F(2,65)=7.05, p<0.01, f=0.43) et le test post-hoc de Tukey confirme le sens de la différence (HSD Tukey 0.05 = 2.21).

La transcription des données relatives à l'anesthésie est plus présente lors de la seconde phase (M = 3.05, σ = 2.5) que lors des deux autres (Avant : M = 0.73, σ = 0.98 ;

Prises d'informationsCommunications fonctionnellesFeuille d'intervention Gestion de problèmes

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9

Avant Pendant Après

Figure 9: Fréquences moyennes des occurrences des différentes catégories d'activité (prises d'informations, communications pertinentes, transcription d'informations et gestion de problèmes) selon les 3 phases distinguées (avant, pendant et après l'intervention)

Après : M = 0.41, σ = 0.5). L'Anova confirme cette différence selon les phases (F(2,65)=16.95, p<0.0001, f=0.76) et le test post-hoc de Tukey confirme que les anesthésistes remplissent la feuille per-anesthésique majoritairement lors du maintien de l'anesthésie (Tukey HSD .05 = 1.2). Ainsi, l'anesthésiste retranscrit les informations lors des phases peu chargées cognitivement et lorsque de nouvelles informations doivent être apportées au dossier (prise d'informations sur les constantes vitales du patient, injection d'un médicament particulier, etc.).

Enfin, la gestion des dérives est bien sûr plus présente en cours d'intervention (M = 2.36, σ = 2.32) mais également lors de l'induction (M = 1.41, σ = 1.22) qu'à la fin de l'intervention (M = 0.14, σ = 0.35). L'Anova confirme cette différence (F(2,45)=17.2, p<0.0001, f=0.61). Le test post-hoc de Tukey (HSD.05 = 0.93) montre d'une part que les anesthésistes gèrent plus de problèmes pendant l'intervention qu'avant (p<0.05) et après (p<0.01) et d'autre part que les anesthésistes gèrent plus de problèmes lors de l'induction que lors du réveil du patient ( p<0.01).

Ainsi, les deux phases les plus importantes en regard de ces 4 classes d'activités sont bien la phase d'induction et celle du maintien de l'anesthésie. Néanmoins, force est de constater que la durée de ces deux phases est différente, la seconde durant généralement plus longtemps que la première. Dans les paragraphes suivants, nous analyserons plus précisément les prises d'informations, les communications entre les différents membres et la gestion des dérives observées.