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II. 4.1.3.5 Une forte dynamique associative et socio-professionnelle

II.5 Présentation des principaux secteurs économiques .1 Agriculture

II.5.1.7 Main d’œuvre et calendrier cultural

La main d’œuvre, très peu qualifiée, est essentiellement familiale. Du fait du morcellement excessif des superficies agricoles lors du partage des terres entre les membres d’une communauté, une famille d’exploitants arrive à couvrir ses besoins en main d’œuvre. Les propriétaires absentéistes ou ayant de nombreuses terres font recours, temporairement ou de façon plus permanente, à une main d’œuvre extra familiale. Cette main d’œuvre est fournie par les familles ayant peu de terres, sur la base de contrat d’association à part de récolte. Le salariat, s’il existe, concerne le plus souvent la préparation et le semis.

Les travaux de préparation des sols sont réservés aux hommes. Les femmes et les enfants sont surtout employés dans les travaux de semis, de gardiennage et de récolte. C’est au moment du semis et de la récolte que la demande en main d’œuvre est importante. Au moment de la récolte et parfois lors des semis, les paysans s’associent en groupe "TWIZA" pour effectuer les semis ou la récolte des champs. Dans certaines communautés, les récoltes ont lieu simultanément pour éviter que le champ du voisin, pas encore mûr, ne soit l’objet d’attaques concentrées d’oiseaux. La force de travail familiale est un facteur limitant à l’extension du nombre de champs en raison de la contrainte gardiennage.

5 Les anciens agents du PSA (Services Agricoles) ont été repris en partie par le PDIAM en attendant le démarrage effectif du PDRC.

Sur le champ familial, dont la superficie moyenne ne dépasse pas 1.4 ha environ, la famille doit investir un travail estimé à 6 hommes-jour pour le semis, 15 hommes-jour pour le sarclage et 4 à 5 hommes-jour pour la récolte.

Les cultivateurs ne maîtrisent pas la technique du stockage des céréales. A la fin de la récolte, le sorgho est entreposé de manière "artisanale". Faute de moyens matériels, les cultivateurs conservent le fruit de la récolte dans des conditions précaires (fûts, sacs, caisses ou même dans des petits silos en banco). Ces céréales, ainsi stockées, sont rapidement la proie de beaucoup de prédateurs (gerboises, etc...). Les dégâts causés ne peuvent pas être chiffrés, mais ils existent.

II.5.1.8 Contraintes

La majorité des contraintes dans la région a un dénominateur commun lié essentiellement au climat et à la structure sociale, bien que le manque d’investissement soit une autre contrainte majeure dont souffre la région.

Si certaines contraintes sont indépendantes de la volonté humaine (climatiques, invasions acridiennes,

…, etc.), d’autres peuvent être levées moyennant quelques interventions bien ciblées supplémentaires.

a) - Cultures du Dièri

- Semences non appropriées utilisées par les agriculteurs ; faible taux de renouvellement des semences par des semences vigoureuses ; utilisation des variétés à cycle long non adaptées aux conditions climatiques ;

- Absence de culture attelée (les travaux des champs sont en grande partie sinon exclusivement basés sur la force humaine ce qui limite considérablement les superficies exploitées et perturbe le calendrier des activités ;

- Infestation régulière par les sauteriaux qui détruisent une grande partie des productions sans aucune possibilité d’intervention en raison de la dispersion des champs et de l’ampleur des attaques. ;

- Infestation quasi généralisée par la sésamie surtout les années de bonne pluviométrie en raison du prolongement de la période de culture ;

- Irrégularité et mauvaise répartition spatio-temporelle des précipitations.

b )- Bas-fonds et barrages

- Insuffisance des ouvrages par rapport au potentiel exploitable ; - Faiblesse dans l’entretien et la réparation des ouvrages endommagés ;

- Faible taux de réalisation des diguettes et retenues colinéaires pour mettre en exploitation le maximum de superficies ;

- Manque de coordination dans l’exécution des programmes de barrages causant un mauvais suivi technique de l’exécution, de la mise en valeur et de l’encadrement ;

- Coûts très élevés des opérations de réalisation de barrages ;

- Appauvrissement des sols exploités longtemps au niveau des barrages par l’absence d’un système de fertilisation approprié permettant de conserver aux sols des barrages leur richesse ;

- Infestation quasi généralisée par la sésamie et de très grande ampleur du fait du retard mis pour l’exploitation des barrages qui coïncident ainsi avec la deuxième génération de sésamie issue de l’infestation des cultures plus précoces (Diéri) ;

- Semences non appropriées utilisées par les agriculteurs ; faible taux de renouvellement des semences par des semences vigoureuses ; utilisation des variétés à cycle long non adaptées aux conditions climatiques ;

- Infestation régulière par les oiseaux granivores et souvent les sautériaux.

b) - Les cultures irriguées

- La mauvaise qualité des intrants en général et des semences en particulier et l’absence de structures de contrôle de la qualité des engrais en Mauritanie ;

- Les difficultés d’écoulement de la production en raison de la concurrence du riz importé accentuée par des coûts de production relativement très élevés du riz national ;

- La focalisation sur la riziculture et la quasi-absence de cultures de diversification;

- La faiblesse du savoir-faire des producteurs en raison de leur accès limité aux connaissances de base en techniques de production, en gestion et en vulgarisation ;

- Le manque d’expérience, l’absence d’infrastructures de post-récolte et l’inexistence d’un cadre d’information sur les prix des produits de diversification ;

- Une recherche non orientée vers la résolution des problèmes des producteurs.

II.5.1.9 Le potentiel

La Wilaya dispose de bons sols agricoles en relative abondance (environ 60.000 ha, soit un peu plus de 0.3 ha par habitant). Ceux-ci sont surtout localisés dans la vallée du fleuve Sénégal mais aussi un peu partout dans la Wilaya, sauf sur les terrasses bordant la vallée, les parties dunaires et les zones de roches affleurantes. Mais la contrainte est l’eau. L’irrégularité et la faiblesse des précipitations se conjuguent aux fortes températures pour accentuer l’aridité des terres de la région rendant pratiquement impossible toute agriculture en l'absence de contrôle de crue ou d’irrigation.

Partout où l’on ne peut être assuré d’obtenir 300 mm de pluie, aucune culture pluviale ne peut apporter un rendement correct, et seul le pâturage poussant naturellement peut être valablement exploité. C’est depuis vingt ans pratiquement chaque année le cas sur plus de la moitié nord de la région. La véritable richesse potentielle de cette partie de la région, et ceci a été encore renforcé par les années de sécheresse, est le pastoralisme. Certes ses ressources varient avec la pluviométrie, mais ce n’est pas un peu du tout ou rien comme avec les céréales à grains. Les ressources fourragères sont particulièrement abondantes dans la région (charge UBT pour 3 ha). Au total les 2/3 de la superficie de la région ont cette aptitude correcte à bonne au pastoralisme, à condition de mieux équilibrer ressources et consommation (c’est là un problème de gestion) ;

Entre 300 et 450 mm de pluie, seul le mil est assuré d’une végétation satisfaisante, mais avec des rendements limités. Il est en effet exceptionnel de dépasser 400 kg/ha.

C’est dire que depuis la sécheresse c’est la seule céréale véritablement adaptée au climat.

Potentiellement cultivable sur 10.000 à 15.000 ha, elle pourrait au mieux produire 7 000 t de céréales (poids brut), avec un rendement de 350 kg/ha, et fournir en poids net la ration de 35.000 personnes, un peu plus que le 1/6é de la population cible estimée à 200 000 personnes ;

Le sorgho est l’autre céréale traditionnelle. Actuellement, elle n’est pas susceptible de fournir de bons rendements, sauf lorsqu’un complément d’alimentation en eau est apporté par l’inondation naturelle (culture de décrue) ou par petits bassins d’accumulation des eaux de pluie (culture pluviale améliorée). La décrue telle que pratiquée actuellement ou le pluvial amélioré donne un rendement d’environ 600 kg/ha.

Des améliorations simples de la décrue (meilleur contrôle de l’eau) peuvent facilement doubler le rendement comme ce fut le cas de R’Kiz (le maïs est aussi bien adapté à ces zones de décrue).

Le potentiel de cultures de décrue qui était d’au moins 20.000 ha les années de crue forte du fleuve est en train de diminuer rapidement avec la régulation par le barrage de Manantali. Cependant, la crue artificielle qui sera produite sera plus régulière, elle devrait concerner 10.000 à 12.000 ha, si on prend des mesures complémentaires de maîtrise hydraulique (casiers aménagés pour contrôler hauteur d’inondation et de décrue).

Les petits bassins de rétention des eaux de pluie peuvent être multipliés (c’est une technologie traditionnellement appliquée à petite échelle sur toute la Wilaya). On peut penser que leur potentiel doit être au moins équivalent à celui des barrages et digues (au moins 4.000 ha), alors qu’ils ne couvrent actuellement que quelques centaines d’hectares. S’ils sont bien réalisés, ils peuvent donner de 600 à 800 kg de sorgho à l’hectare (et même plus si la pluie est concentrée en quelques grosses averses).

Malgré les conditions défavorables, les paysans continuent à semer du sorgho en culture pluviale (cultures de "Diéri"), car il faut essayer de nourrir la famille. Les cultures qui réussissent donnent

300-400 kg de grain à l’hectare. Mais les échecs sont légion, en 2000, année de pluviométrie correcte dans la série sèche, sur 6.000 ha de sorgho semés au Guidimagha, seuls 2.000 ha environ ont été récoltés.

 Le potentiel est donc facilement calculable :

o Sorgho ou mil sous pluie : 12.000 ha à 350 kg/ha (seulement moitié les années sèches) ;

o Sorgho derrière barrage ou digues : 6.000 ha x 600 kg (dont 4000 ha derrière digues et diguettes) ;

o Sorgho de décrue améliorée : 6.000 ha x 1.000 kg ;

o Sorgho dans les bassins de rétention des eaux pluviales : 4.000 ha x 700 kg.

Au total donc 16.600 tonnes brutes, ou 10.000 tonnes nettes, pouvant nourrir 53.000 personnes environ (190 kg/personne) [37.000 personnes en années sèches avec 7.000 tonnes nettes). Même en bonne année, c’est moins que la population actuelle estimée à 200.000 personnes.

 La maîtrise hydraulique par l’irrigation semble donc la seule solution pour atteindre l’autosuffisance alimentaire dans la Wilaya du Guidimagha. En 1999-2000, les superficies aménagées étaient de 850 ha, 450 ha ont été cultivés en riz de saison des pluies et 400 en maïs de contre saison pour une production estimée en net à 1.500 tonnes. Cette maigre production, ajoutée à celle pluviale et de décrue, n’a pas permis d’atteindre l’autosuffisance alimentaire en 2000 dans la Wilaya.

En faisant une projection sur 10 années, la population sera de l’ordre 250.000 habitants (en extrapolant les tendances passées, ce qui suppose qu’il ne se produira pas d’événement majeur dans la région, genre cycle de sécheresse très sévère). Et il faudra un peu plus de 47.000 tonnes de grains. En supposant que le potentiel sous pluie et de décrue mentionné ci-dessus se réalise (7.000 tonnes nettes, en se plaçant par sécurité en année sèche), l’irrigué devra produire 40.000 tonnes de grains !

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