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Une évolution type pour chaque type de quartier ?

Dans le document Brasilia, quarante ans après (Page 69-75)

5. La croissance spatiale d’une métropole polynucléaire

5.3. Évolution des quartiers et typologie

5.3.1. Une évolution type pour chaque type de quartier ?

Le District fédéral comprend, on l’a vu, de nombreuses agglomérations autour du Plan Pilote. Ces différents quartiers présentent des visages très variés, tant par leur degré d’ancienneté que par leur degré d’évolution vers des formes urbaines abouties, dans lesquelles la verticalisation devient importante et les vides dans le tissu urbain commencent à se combler. Ces villes et quartiers présentent néanmoins un certain nombre de parentés permettant de les regrouper et de bâtir une typologie, qui différencie trois types de bâti:

• les villes-satellites planifiées

• les quartiers planifiés du Plan Pilote

• les quartiers résidentiels pavillonnaires

Cette typologie peut sembler inadaptée pour rendre compte de situations très différentes existant dans le District fédéral. Elle nous amène ainsi à placer dans la même classe les villes d’Aguas Lindas et de Taguatinga, qui ne présentent à première vue aucune parenté, étant d’époques très différentes et présentant des morphologies urbaines complètement opposées puisque Aguas

Lindas est essentiellement composée de maisons individuelles assez espacées alors que Taguatinga

est composée d’immeubles serrées le long de grands axes de communication. Apparenter ces deux formations urbaines est toutefois possible car il existe au sein de chacune des catégories un processus d’évolution qui permet la transformation de l’une en l’autre. Bien sûr, ce processus n’est pas automatique ; bien sûr il ne permet pas de rendre compte exactement des particularités propres à chacune des villes périphériques. Néanmoins il nous permet de mettre l’accent sur les évolutions rapides et convergentes de chacun des types urbains que nous avons distingués et d’ajouter des sous-catégories à la typologie de départ.

L’ensemble des formes urbaines que nous distinguons (avec les quartiers associés) est résumé par le tableau n°3 :

Tableau n°3: Types de quartiers

Catégorie Stade Quartiers associés

Villes- satellites

Naissantes Brazlândia II, Aguas Lindas

En consolidation Vila Planaltina, Samambaia, Recanto das Emas, Santa Maria, Riacho Fundo

Densifiées Sobradinho, Brazlândia, Vila Paranóa, Ceilandia, Candangolândia, Cruzeiro Novo

Verticalisées Nucleo Bandeirante, Taguatinga Quartiers

planifiés Naissants Noroeste, Aguas Claras

Semi-denses Sudoeste,

Complétés Asa Norte, Asa Sul, Guara II Quartiers

résidentiels Naissants Lago Norte, Mansões do Lago Norte, Mansões do Lago Sul Complets Lago Sul, Guara, Gama, Cruzeiro Velho

La figure n°11 présente par ailleurs une vision de l’évolution de ces types de quartiers. Pour les quartiers périphériques, la toile de fond de ces transformations est la densification de l’occupation et la « gentryfication » des populations qui les occupent. En effet, les villes

périphériques naissent de l’afflux de population migrant du reste du pays en direction du District fédéral et de ses possibilités d’emploi ou d’accession à la propriété. Dès lors, l’amélioration des

conditions de vie et la transformation des quartiers reflète en partie la progressive amélioration de la situation économique des migrants et leur insertion dans le District fédéral. D’un autre côté, l’amélioration progressive des infrastructures et de l’environnement urbain provoque une spéculation sur les terrains et les loyers, qui chasse ceux qui ne réussissent pas à suivre la même tendance. Nous figurons donc dans les différents croquis une barre représentant le « degré de richesse » des habitants du quartier lors de chacune des transformations. L’élévation de ce niveau, classique dans les évolutions urbaines, est l’un des faits marquant du processus.

L’autre élément marquant est la rapidité de ces transformations, même s’il est bien évidemment impossible de donner un calendrier-type, car chaque ville suit son propre rythme. On remarquera que Taguatinga ou Nucleo Bandeirante sont passés du type I (maisons éparpillées, autoconstruites, sans infrastructures urbaines) au type IV (verticalisation importante, présence de tous les réseaux et les infrastructures urbaines) en moins de 40 ans. Les autres quartiers suivent leur chemin, même si l’on peut penser que la mise en service prochaine de deux lignes de métro devrait accélérer considérablement l’évolution des quartiers situés a proximité des lignes.

Tableau n°4: Types de quartiers

Pauvres Classes moyennes Riches Très riches

Lotissement discontinu, sans équipements (type Aguas Lindas) Immeubles disjoints, quartier en construction, légalisée depuis peu (type Aguas Claras) Quartier de maisons individuelles en construction, éventuellement fermé (type condominios de Sobradinho) Quartier de "manoirs" individuels très faible densité(type Mansões) En cours : Recanto das Emas, Samambaia Blocs remplis, végétation encore embryonnaire, voirie en place, services incomplets (type Sudoeste, Asa Norte)

Quartier de maisons individuelles

Rempli, faible densité des constructions, abondance des jardins (type Lago) Lotissement plein, légèrement arboré (type Ceilândia) Quadras remplies, arborisation haute, (type Asa Sul) Verticalisation,

développement commercial

L’évolution des quartiers appartenant au Plan Pilote ou assimilés est moins variée que celle des quartiers périphériques, puisqu’elle s’apparente simplement au remplissage des zones délimitées par des unités

semblables, les quadras. Celles-ci sont uniformément composées d’immeubles de trois ou six étages donnant sur des espaces ouverts répartis entre parkings et zones arborées ou en pelouse. Entre les

quadras se trouvent des zones de

services et de commerces, les

entrequadras. L’organisation des quadras des quartiers récents est

légèrement différente de celle du Plan Pilote, notamment en ce qui

concerne la localisation des établissements d’enseignement et des commerces. Le principe de zonage des différentes activités et la morphologie des blocs sont cependant très proche dans les deux cas. La demande de logement dans ces ensembles est forte et motive la création de nouvelles zones du même type, quoiqu’un peu plus denses. La prochaine prévue devrait en principe se développer dans le quartier Noroeste, symétriquement au Sudoeste.

Le cas des zones résidentielles, planifiées ou sous forme de quartiers fermés, est encore plus simple puisqu’il s’agit uniquement du remplissage de parcelles de lotissements prévus de longue date. Sur ces parcelles sont construites des maisons individuelles, de taille variable, souvent pourvues de jardin et de piscine. On n’y observe pas pour le moment de poussée verticale ni de développement d’activités commerciales. Ces quartiers semblent donc correspondre au type de développement le plus simple. Il est possible que le développement des zones urbaines autour de Brasília amène un jour la remise en question de leur faible densité de peuplement. Cependant, compte tenu du fait que la population qui y habite appartient souvent à l’élite fortunée et puissante de la nation, une telle évolution est très peu probable à court terme.

La carte n°12 permet de visualiser la position des différents types de quartiers dans le district fédéral. Cette carte a été établie à partir de repérages de terrain et de l’identification des types de quartiers sur l’imagerie radar. Le tissu urbain des types de quartier que nous avons distingués possède en effet des caractéristiques et une morphologie propre, qui nous permet de l’identifier sur les images. Les différences entre les quartiers s’expriment ainsi souvent dans le volume des habitations, leur densité, les matériaux de construction utilisés, ou la présence d’infrastructures marquantes, comme des routes asphaltées, qui permettent de les caractériser sur les images radar. Celles-ci nous permettent donc de distinguer les différents types de quartiers et d’en dresser une cartographie, au moins sommaire. L’utilisation d’une combinaison multidate, qui présente de manière précise les changements intervenus dans les zones urbaines entre les deux dates nous

permet d’ajouter à cette typologie une dimension temporelle, puisque nous pouvons caractériser des situations de densification ou d’apparition de quartiers.

Dans le document Brasilia, quarante ans après (Page 69-75)