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Chapitre IV: Etude de faisabilité en microscopie IRM

IV.4. Etudes de faisabilité sur la souris

IV.4.2. Étude de la cinétique d’un produit de contraste : le dotarem®

Une seconde étude a été menée in vivo sur un modèle sous-cutané de tumeur inoculée chez une souris, en collaboration avec Guerbet-Research (Aulnay/bois). Le protocole consistait à injecter un agent de contraste, le dotarem®, pendant une série d’acquisitions. Certaines de ces acquisitions sont Hautement Résolues Temporellement (HRtemp), d’autres Très Hautement Résolues spatialement (THRspatial), les dernières sont une combinaison des deux (HRspatial). Cette étude a permis d’analyser, d’une part, la cinétique rapide et lente du dotarem® au sein d’une tumeur, et d’étudier les différentes structures de cette tumeur et leurs comportements (perfusion, diffusion, accumulation). Après le protocole d’imagerie, des coupes histologiques de la tumeur sont réalisées. Les images très hautement résolues spatialement sont ensuite identifiées par comparaison avec ces coupes histologiques.

IV.4.2.1. Matériels et méthodes

Cette étude a été menée sur des souris ‘nude’ de 30 grammes environ. Un modèle de tumeur mammaire (MDA-MB-435 [87]) a été induit sur chaque souris 44±9 jours avant la réalisation du protocole d’imagerie. Les souris ont été anesthésiées par une injection péritonéale de 200 µL de penthiobarbital dilué (1/5) (Sanofi Synthelabo Laboratory, Paris, France). Le réhaussement du contraste a été obtenu par injection manuelle d’un embole de 0,3 mmol/kg d’un agent de contraste (dotarem®).

Les séquences servant à l’étude de la cinétique lente et rapide de l’agent de contraste étudié, et à la comparaison avec les coupes histologiques, sont récapitulées dans le Tableau IV-3.

Nom séquence TR/TE (ms) matrice FOV (mm3) tacq

Hrtemp 2D GRASS T1 13.9/4.8 128x64x1 30x15x2 0,9 sec Hrspatial 3D SPGR T1 57/14 512x256x28 30x15x8,4 6,53 min THRspatial 3D SPGR T1 57/14 512x256x60 30x15x3,6 15,6 min

Tableau IV-3 : paramètres d’acquisition des séquences d’imagerie servant à l’étude du dotarem® dans la tumeur sous-cutanée.

Une première série d’images a été acquise avec la séquence 2D HRtemp, avec un tacq

inférieur à la seconde. Les images pondérées en T1 ainsi obtenues ont une taille de voxel isotrope de 234 µm et une épaisseur de coupe de 2 mm. Une acquisition séquentielle de 100 images a permis de suivre la prise de contraste rapide dans la tumeur après injection.

Les acquisitions 3D HRspatial ont amélioré la résolution spatiale. Des blocs de 28 images sont obtenues toutes les 6,9 minutes avec une taille de voxels de 59x59x300 µm3. Cette série d’acquisition a été répétée pendant une heure afin d’analyser la prise de contraste locale des différentes régions de la tumeur.

Pour les deux types de séquence, HRtemp et HRspatial, des images ont été acquises avant injection afin de servir de référence pour une évaluation quantitative du rehaussement relatif du contraste.

Enfin une série d’images très résolues, THRspatial, avec des voxels isotropes de 59x59x59 µm3, a été obtenue en une quinzaine de minutes.

Suite aux acquisitions en imagerie, la tumeur a été excisée, puis découpée en différentes sections. Chaque section a été emballée individuellement dans de la paraffine. Des sections de 3 µm d’épaisseur ont été ensuite obtenues à partir de ces blocs de paraffine puis colorées avec de l’éosine hématoxyline. Finalement les coupes histologiques ainsi obtenues ont été comparées aux images THRspatial obtenues en IRM. Le but de cette comparaison était de vérifier que les zones rehaussées en imagerie correspondent bien à des régions dans lesquelles l’agent de contraste a pénétré.

IV.4.2.2. Résultats

IV.4.2.2.1. Protocole de la cinétique rapide du produit de contraste 120 images sont acquises en 108 secondes, une image toutes les 0,9 secondes, avec des pixels de 237x237 µm2

et une épaisseur de coupe de 2000 µm.

Une vingtaine d’images sont acquises avant injection du dotarem®, les autres ensuite, cf Figure IV-15.

Figure IV-15 : prise de contraste rapide dans la tumeur les 100 premières secondes avant l’injection, voxel = 234x234x2000µm3, tacq=0,9 sec, FOV=30x15 mm2

Le disque ‘blanc’ que l’on peut observer au dessus de la tumeur est un fantôme d’eau distillée qui nous servait de référence pour la prise de contraste de la tumeur. Le RSB obtenu sur ces images, de 110 en moyenne, est suffisant pour réaliser le traitement suivant. Une

image dite de référence, Imref est réalisée à partir de la moyenne des 20 premières images avant injection du produit de contraste, Figure IV-16. A partir de Imref, un masque Imasque est fabriqué : tous les pixels dont le RSB est supérieur à 30 sont mis à 1, tous ceux dont le RSB est inférieur à 30 sont mis à 0, Figure IV-17.

Figure IV-16 : Imref Figure IV-17 : Imasque

Des cartes de prise de contraste ont été maintenant réalisées, Figure IV-18, à partir de Imref, Imasque et la ième image, Imème, après injection :

( )

m m Im Im I 100 Im I ème ref asque ème ref asque

prise de contraste de la i image − ×

= ×

× Eq. IV-1

Nous rappelons que la prise de contraste correspond aux régions dans lesquelles pénètre le dotarem®.

Figure IV-18 : carte de prise de contraste au bout de la 50ième seconde,

vert = prise de contraste nulle bleu = perte de contraste

rouge = prise de contraste positive

Figure IV-19 : prise de contraste en fonction du temps et de la zone d’intérêt

A partir de ces données on peut attribuer à chaque région une cinétique de prise de contraste particulière. Certaines d’entre elles sont irriguées très rapidement par le produit de contraste quand d’autres ne se rehaussent pas. Ces différents comportements sont liés à des phénomènes de transport tels que la perfusion, la perméabilité et la diffusion. La connaissance de ces phénomènes donnent une information sur la perméabilité tissulaire de la tumeur et devrait aider à la caractériser.

IV.4.2.2.2. Protocole de la cinétique lente du produit de contraste: Neufs séries d’images sont acquises avant et après injection de dotarem®, toutes les 7 minutes environ avec des voxels de 59x59x300 µm3

. La 16ème coupe de chaque série est affichée dans le Tableau IV-4.

Tableau IV-4 : prise de contraste : cinétique lente, voxel = (59µm)3, tacq=7min, FOV=30x15mm2

Les zones de prise de contraste sont clairement définies. De même que pour la cinétique rapide on calcule le rehaussement des différentes zones d’intérêt, Figure IV-20.

Ces données permettent d’attribuer à chaque région une cinétique de prise de contraste particulière. Certaines d’entre elles sont irriguées par le produit de contraste, sur une échelle de temps plus grande que dans le cas de la cinétique rapide, quand d’autres ne se rehaussent pas. Ces différents comportements sont également liés aux différents phénomènes de transport. De même pour la cinétique rapide, la cinétique lente du produit de contraste dans la tumeur devrait donner une information sur la perméabilité tissulaire supplémentaire pour caractériser la tumeur.

IV.4.2.2.3. Comparaison IRM histologie

Pour finir, une série d’images hautement résolues est acquise avec des voxels isotropes de 59x59x59 µm3

et un tacq de 16 min. La résolution ainsi obtenue permet d'identifier finement les composantes du tissu tumoral par corrélation à l'histologie, et de confirmer la présence de produit de contraste dans les zones rehaussées en signal, Figure IV-21.

Figure IV-21 : corrélation entre la coupe d’histologie classique et l’image RMN 45 minutes après injection du dotarem.

Les résolutions spatiale et temporelle accessibles grâce au gain en sensibilité apporté par l’antenne permettent de suivre la cinétique du dotarem® à l’intérieur d’une tumeur.

C’est la combinaison de la haute résolution temporelle, inférieure à la seconde, et de la bonne résolution matricielle (237x237 µm2 dans le plan) qui permet de déterminer une des caractéristiques de la tumeur, de même que les images de taille de voxel 59x59x300 µm3 acquises en moins de 7 minutes. Les régions hautement vascularisées (les premières atteintes par le produit de contraste) sont ainsi distinguées des autres, de même que les zones de nécroses. Cette information est ensuite confirmée grâce à la comparaison des images IRM et des coupes histologiques.