• Aucun résultat trouvé

La cult ure des alliances const it ue une base f ondament ale de l’écodémocrat ie. Dès lors que le débat const it ue son réper-t oire d’acréper-t ion principal, l’écodémocraréper-t ie admeréper-t que le chan-gement social ne peut êt re engagé par quelque avant -garde que ce soit ou en posant comme préalable l’accord de t out e une sociét é sur ses proposit ions. C’est pourquoi la boussole permet aussi de repérer parmi les aut res quadrant s ce qui const it ue des voies d’alliances possibles. Tous ces adversaires dans le champ polit ique représent ent en revanche des act eurs et des élect eurs qui, eux, ne sont en rien des adver-saires mais qui doivent êt re convaincus.

Les alliances ne reposent pas prioritairement sur les forces poli-t iques inspoli-t ipoli-t uées que sonpoli-t les parpoli-t is. Les spoli-t rapoli-t égies d’alliance doivent prendre en compte les arguments, les revendications, les souffrances de groupes sociaux différents et la méthode du débat est déjà une occasion de tester la faisabilité de ces allian-ces. On peut ainsi t rouver des compromis dans le t rait ement d’un problème local qui constituera un cas d’école pour pro-poser des mesures et pour les présenter d’une façon qui per-mettent de convaincre plus largement. L’incapacité des forces de gauche notamment à faire la différence entre des ennemis et des adversaires et ent re adversaires et concurrent s const i-tue un mystère pour tous les citoyens ordinaires.

sans papiers, sans droit s, sans emploi sont les plus suscept i-bles de bénéf icier de ces polit iques. C’est avant t out parce que leur organisat ion, même provisoire, dans des collect if s en lut t e leur permet de reprendre conf iance qu’ils peuvent abandonner leur sent iment de déf ait e, voire d’humiliat ion, prof ondément int ériorisé parf ois. Les prof essionnels de la médiat ion vivent au cont act de ces populat ions: c’est parce qu’ils modif ieront leurs f açons de f aire en permet t ant à ces groupes de « sans» de devenir des « avec pouvoir » que les alliances pourront se f orger.

Le stress et le désar roi des professionnels inter m ittents et indépendants

Il est import ant de not er que le désarroi ne t ouche pas seu-lement ceux qui ont adopt é une post ure t radit ionnelle de repli et de demande de prot ect ion : les relat ivist es sont enga-gés dans une course à l’invent ion de leur exist ence qui les épuise et f ait souff rir bon nombre d’ent re eux. De nombreux groupes sociaux se sont ret rouvés, apparemment par choix mais en fait par effet de la structure de l’offre de statuts, dans des posit ions où ils doivent valoriser l’inst abilit é. Le prot o-t ype de ces groupes eso-t celui des « ino-t ermio-t o-t eno-t s du speco-t a-cle » en France, dont le st at ut est f ondé sur cet t e f lexibilit é exigée par le capit alisme part out mais qui est ici perçue aussi comme une valeur par les art ist es et par les prof essionnels qui vivent dans ce sect eur. L’économie Int ernet a généré les mêmes st at ut s inst ables. L’act ivit é indépendant e est devenue une valeur recherchée par cert ains, rét if s à t out e organisa-t ion bureaucraorganisa-t ique ou auorganisa-t oriorganisa-t aire. Pour auorganisa-t anorganisa-t , organisa-t ous ces int ermit t ent s, ces indépendant s, ne cont inuent pas à vant er ce modèle de vie et à prét endre le f aire adopt er par t ous. Ils sont en eff et rapidement usés par la pression qu’ils doivent se met t re eux-mêmes, ils vivent les eff et s de l’insécurit é, de la recherche de cont rat s, de l’absence de vision à long t erme. De ce point de vue, ils se ret rouvent f inalement plus proches des salariés d’ent reprises privées qui se sent ent désormais à la merci du moindre coup de bourse, du raid réussi ou rat é de pat rons purement f inanciers.

rit aires et qui souvent f inissent désabusés sont un deuxième cercle int éressé : or, on t rouve ces groupes aussi bien dans les grands groupes privés que chez les f onct ionnaires.

La repr ise de pouvoir des sans voix

M ais le t ravail de const it ut ion des alliances ne commencera à produire ses eff et s que si l’on peut sort ir de l’impasse t ous ceux not amment qui ont ét é persuadés par des années d’op-pression et de relégat ion qu’ils n’auraient jamais voix au cha-pit re. C’est le cas de ceux qui ne veulent que la sécurit é, qui exigent qu’on leur donne des garanties sur l’avenir. C’est aussi le cas de ceux qui se révolt ent et veulent revenir à des repè-res t radit ionnels, de lut t e de classe, de solidarit és aujourd’hui mal en point , ou de replis cult urels ident it aires, et qui pour cela ref usent t out compromis, t out e prise de responsabilit é. Ce sont ces groupes, emprunt s de t radit ions qui f ont le socle de l’élect orat de gauche prot est at aire et conservat eur à la fois, qui attendent trop des politiques et qui en sont par avan-ce déçus car ils n’at t endent plus rien d’eux-mêmes. Ces grou-pes qui se vivent en vict imes de la sociét é du risque sont les plus demandeurs de prot ect ion, de solidarit és, parf ois de façon restreinte d’ailleurs. Or, le projet écodémocrate ne peut pas leur apport er cet t e garant ie de prot ect ion conservat rice et sera souvent perçu comme menaçant . Ce n’est que par la f orce de la démonst rat ion des collect if s solidaires, des débat s avec prises de responsabilit é que l’on peut espérer inverser leur at t it ude prof onde. Au début , ce ne sont que quelques leaders dans un quart ier, dans une ent reprise ou dans une école. M ais grâce à eux ces collect if s peuvent t enir et f aire avancer chacun vers une prise de pouvoir sur son environne-ment . Le t ravail des syndicat s est indispensable sur ce plan mais il doit se combiner avec t out es f ormes de regroupe-ment s dans les organisat ions (par service, par at elier) ou dans les quartiers (par cage d’escalier, par type de problèmes, etc.). C’est ce t issu d’explorat ion des pouvoirs collect if s qui doit f inir par t oucher t ous ces groupes qui ont perdu espoir, qui vivent l’avenir comme une menace perpét uelle, qui se vivent perdant s d’avance. Les « sans» de t out es sort es, sans abri,

Tous ceux qui ont perdu confiance en eux pour exercer ces responsabilit és mais qui seraient prêt s à le f aire collect i-vement (et qui le font d’ailleurs dans certaines situations exceptionnelles, de lutte notamment), à condition qu’on leur offre les cadres de sécurité collective pour le faire sans risquer la sanction, l’humiliation ou l’indifférence ; Tous ceux qui ont dû prendre leur dest in en mains,

volont airement ou non, en se ret rouvant seul maît re à bord mais en réalit é subissant une pression et un st ress import ant dûs à l’insécurit é prof onde et qui pourraient réguler cet t e incert it ude par l’int ermédiai-re de collect if s solidaiermédiai-res.

Tous ceux enf in qui ont ét é capables de prendre des risques en s’engageant dans la voie de la modernisat ion, dans l’agricult ure, l’art isanat , le commerce, les ent re-prises ou même la f onct ion publique et qui se sont ret ro-uvés f loués, dupés, dépossédés des init iat ives qu’ils avaient prises, int égrés à des logiques f inancières ou bureaucrat iques qui les ont prof ondément déçus ou ren-dus amers: lorsqu’ils ont encore gardé cet esprit d’in-novat ion et cet t e envie de changement qui les avait mis en mouvement , il est possible de s’appuyer aussi rapi-dement sur eux.

Les niveaux de pouvoir : pour des collectifs civiques et non catégor iels

Lorsque l’on déf ini ainsi une cart e des alliances possibles, il est clair qu’il ne s’agit pas d’une list e de cat égories socio-prof essionnelles qu’il f audrait at t irer par des revendicat ions spécif iques. C’est avant t out à l’occasion d’émergence de problèmes que les proposit ions écodémocrat es doivent se f aire ent endre pour encourager la récupérat ion du pouvoir par des collect if s solidaire. Les collect if s doivent t endre à devenir des collect if s civiques et non cat égoriels ou commu-naut aires: ils doivent admet t re que leur prise de pouvoir sur un niveau jusqu’ici supérieur peut aussi s’accompagner de prises de pouvoir par un niveau supposé inf érieur. Que l’on songe aux revendicat ions des consommat eurs, des pat ient s,

Reprendre le pouvoir sur sa vie collectivement

Si l’écodémocrat ie est à l’écout e de ces anxiét és, ce n’est pas pour f aire du misérabilisme ou pour f aire des promesses démagogiques: son discours principal t ient à l’exigence de récupérat ion de pouvoir sur sa vie, non pas par des indivi-dus qui se concurrencent comme cela peut êt re vant é dans la f lexibilit é généralisée, mais par des collect if s solidaires, capables d’édict er des règles et de prét endre prendre les responsabilit és à la place des dirigeant s soumis au capit a-lisme f inancier. Si l’on pense seulement solidarit é à t out prix, on en revient à des solut ions de prises en charge bureaucrat ique qui ét ouf f ent t out es les singularit és et les init iat ives (d’où la crit ique libérale de l’Et at ). Si l’on pense seulement incert it ude, on en revient au laissez-f aire des individus at omisés dans une concurrence f arouche pour la survie (d’où la crit ique de gauche classique du libéralisme). Les réponses de l’écodémocrat ie valent ce que vaudront la capacit é des collect if s reconst it ués à prendre le pouvoir sur leurs domaines respect if s en cont rôlant l’incert it ude et en réinvent ant les solidarit és.

Les forces sociales qui com posent l’écodém ocratie

Ce sont donc les noyaux suivant s qu’il f aut agréger aut our du projet écodémocrat e :

Les prof essionnels de la médiat ion, du service, les « nou-veaux hussards de la république » pourrait on dire en France (qu’ils soient associat if s, privés ou publics, édu-cat eurs ou policiers, aux urgences de l’hôpit al ou dans les t ransport s publics) qui ont déjà le savoir-f aire pour créer des mondes communs vivables et qui voudraient voir reconnaît re leur t ravail et leur compét ence ; Plus généralement , t ous ceux qui exercent des

respon-sabilit és, même minimes, et qui ne les voient pas recon-nues, dans les associat ions, dans les ent reprises, dans les quart iers, dans les inst it ut ions, là où il f aut com-bat t re la bureaucrat ie, l’aut orit arisme, les arrange-ment s et l’individualisme ;

sages à la limit e sont à combat t re radicalement car ils blo-quent t out compromis possible, t ant leur principe nie la composit ion possible d’un monde commun. Ce sont : le capit alisme f inancier,

le scient isme et le racisme

dont on peut dégager des f ormes secondaires la spéculat ion,

la t echnocrat ie et la xénophobie.

Ces trois ennemis (qui se dédoublent) ont en commun de ren-dre t out e composit ion d’un monde commun impossible parce qu’ils reposent sur des principes absolus qui ne peuvent que s’imposer pour exist er. Voici la boussole qui les résume : des usagers des t ransport s, qui sont mis à l’écart des choix de

produit s, de soins, ou de polit iques, décidés parf ois « pour leur bien » mais qui sont même écart és des grèves ou des exi-gences des salariés et des prof essionnel de ces sect eurs. Le savoir-f aire écodémocrat e consist era précisément t oujours à admet t re les remises en cause par d’aut res collect if s de f açon à repenser le problème et à redéf inir la place de chacun, pour composer un monde plus responsable.