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Déboussolés de tous les pays ! Une boussole ècodémocrate pour rénover la gauche et l'écologie politique

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Academic year: 2021

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Submitted on 17 Jul 2014

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Déboussolés de tous les pays ! Une boussole ècodémocrate pour rénover la gauche et l’écologie

politique

Dominique Boullier

To cite this version:

Dominique Boullier. Déboussolés de tous les pays ! Une boussole ècodémocrate pour rénover la gauche et l’écologie politique. Cosmopolitiques, pp.224, 2003. �hal-01025301�

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Dom inique Boullier

Déboussolés de tous les pays… !

Une boussole écodémocrat e

pour rénover la gauche et l’écologie polit ique

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Dom inique Boullier

Déboussolés

de tous les pays… !

Une boussole écodém ocrate

pour r énover la gauche et l’écologie politique

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Table des m atières

Introduction

Perdre le Nord . . . .11

Les mauvais remèdes . . . .15

Une boussole pour s’orient er . . . .17

Le projet écodémocrat e est un mode d’emploi du conf lit polit ique . . . .20

Chapitre 1 L’écodémocrat ie au secours de la gauche . . . .22

Le principe de gauche : la prise en compt e . . . .22

Les impasses de la gauche . . . .23

L’écologie, la chance de la gauche ? . . . .29

Un ancrage de l’écologie à gauche récent et précaire . . . .31

Incert it ude et at t achement s . . . .34

Chapitre 2 Que f aire des t radit ionalismes, des modernismes et des relat ivismes? . . . .38

Les t rois opposit ions . . . .39

Les t radit ionalismes de gauche et de droit e . . . .39

Les relat ivismes . . . .44

Les modernismes . . . .48 A m es parents

Rem erciem ents

Je remercie pour son assist ance Frédéric Audren et pour leurs relect ures at t ent ives et crit iques Georges Boullier, Jean- François Collin, Claude Denais, Elisabet h Hamilt on, Bruno Lat our, Pascale Loget , Eric M acé, Olivier M asson et François- David Sebbah. Les nombreux inspirat eurs ne peuvent t ous êt re cit és car cet ouvrage n’est pas à vocat ion savant e, qu’ils m’en excusent . Une bonne part d’ent re eux se t rouvent dans le réseau créé aut our de la revue « Cosmopolit iques».

© Dominique Boullier, 2003 Cosmopolit iques édit ions spéciales Associat ion des amis de Cosmopolit iques Associat ion Loi 1901 (JO du 5 janvier 2002) 50, rue du Faubourg du Temple - 75011 Paris

Pour suivre Cosmopolit iques et débat t re : w w w.cosmopolit iques.com

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Les répert oires d’act ion éco-démocrat es . . . .134

Les port eurs de l’act ion écodémocrat e . . . .141

Les f onct ions de sélect ion des élus . . . .145

Que f aire des programmes? . . . .151

Ré inst it uer la sociét é . . . .154

Chapitre 7 Des alliances et des ennemis . . . .160

La mét hode des alliances . . . .160

De la nécessit é des ennemis . . . .166

La perversion du relat ivisme : le capit alisme f inancier et les spéculat ions . . . .168

La perversion du modernisme : le scient isme et la t echnocrat ie . . . .171

La perversion de la t radit ion : le racisme et la xénophobie . . . .174

Chapitre 8 Quelques exemples d’usage de la boussole écodémocrat e . . . .178

Les ret rait es . . . .179

L’urbanisat ion . . . .187

L’insécurit é . . . .192

Les religions . . . .204

Conclusion . . . .209

Annexe : Quelques boussoles sommaires . . . .212

Réf érences . . . .220

Chapitre 3 Egalit é et libert é revues par l’incert it ude et la solidarit é . . . .54

Au-delà du républicanisme et du communaut arisme : les « communaut és civiques» . . . .58

Les déf init ions des collect if s . . . .60

La f in des aut orit és . . . .66

L’incert it ude et sa réduct ion . . . .67

Chapitre 4 Le projet écodémocrat e : incert it ude cont rôlée et solidarit és recomposées . . . .70

L’incert it ude cont rôlée . . . .70

Les solidarit és recomposées . . . .75

La spécif icit é de la polit ique . . . .78

Chapitre 5 Les grands enjeux histor iques Enjeu moral (idéologique et éducat if ) . . . .85

L’eff ondrement des normes et l’impasse polit ique du libert arisme . . . .87

L’enjeu des connaissances . . . .93

La boussole des connaissances . . . .96

L’économie de l’inf ormat ion n’est qu’un product ivisme de plus . . . .98

L’enjeu énergét ique : la mut at ion inévit able . . . .105

L’eau, c’est la vie, la f in de l’eau c’est la mort . . . .113

Enjeu géopolit ique et économique : la clé régionale-cont inent ale . . . .116

Le savoir-f aire européen pour réinvent er des solidarit és régionales . . . .120

Chapitre 6 Le discours de la mét hode . . . .130

L’essouff lement de la f orme « part i » . . . .131

1. Les répert oires d’act ion polit iques cont emporains . . . .131

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AVANT- PROPOS

Un appel

à contributions

Le projet qui est ici présent é est mis en f orme provisoire. Les out ils d’analyse ut ilisés sont issus de nombreuses lect ures, de t ravaux de recherche mais aussi d’une expérience de t errain dans des associat ions et des inst ances élues. Pourt ant , t out cela rest e t rop localisé, t rop part iculier, pour espérer en f aire un projet européen not amment . Projet ambit ieux, c’est cer- t ain, à la haut eur de la panne t héorique et st rat égique de la gauche et de l’écologie polit ique. M ais cet t e ambit ion doit se donner les moyens de f aire élaborer les lignes de f orce de ce projet avec les mêmes mét hodes que celles annoncées dans l’ouvrage. C’est donc à la const it ut ion d’un « collect if d’ex- plorat ion » un peu part iculier que cet ouvrage appelle pour explorer la f écondit é et les impasses de la boussole présent ée ici, pour enrichir les pist es et les usages possibles.

C’est pourquoi une version provisoire est ici diff usée, et sera mise en discussion en ligne, de f açon à générer un t ravail collaborat if crit ique et const ruct if , à l’échelle européenne.

Le travail de discussion se fera sur le site w w w.cosmopolitiques.com

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Introduction

Perdre le Nord

Si l’expression « perdre le nord » avait un sens en polit ique, elle serait plus dif f icile à appliquer en géopolit ique, car nous avons semble-t -il, dans les dix dernières années, perdu t ous les point s cardinaux à la f ois.

Nous avons bien perdu le Nord, si l’on songe que le modè- le social-démocrat e, si bien réalisé en Suède, ne représen- t e plus une perspect ive crédible pour les élect eurs européens. Ce sera not re point de départ , ce qui nécessit e de ref onder un projet éco-démocrat e qui dépasse cet t e t ra- dit ion européenne épuisée.

Plus grave, nous avons cert ainement perdu le Sud : nous l’a- vons perdu corps et biens, en le laissant couler dans la mis- ère, les épidémies et la corrupt ion, dans un échange inégal déjà ancien mais qui n’a f ait que s’aggraver.

Tout cela n’apparaît rait pas de manière aussi net t e si nous n’avions perdu l’Est . Le monde a basculé le jour de la chut e du mur de Berlin et nous savons t ous les avant ages qu’il y avait à vivre dans un monde bi-polaire, qui se t ransposait jusque dans nos sociét és démocrat iques jus- qu’à peu, ce qui nous a f ait perdre en même t emps ce qui rest ait de communist es.

Finalement , il ne nous rest ait plus que l’Ouest , l’Amérique, son modèle de réussit e personnelle et son cult e du business.

L’orgie de la « nouvelle économie » f ut spect aculaire et déli- rant e mais de court e durée et le réveil douloureux : nous venons aussi de perdre l’Ouest , accaparé par un gouver-

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qui paraît quand même bien maigre, non seulement aux t héoriciens mais aux cit oyens ordinaires.

Gauche et droite

Gauche et droit e semblent encore of f rir des bases solides, malgré leur hist oire de plus de deux siècles, si ancrée dans la conf igurat ion mat érielle de l’assemblée à la Révolut ion f rançaise. Tous ceux qui ont t ent é de prét endre les dépas- ser, à l’aide de t roisième voie, de cent re, et de combinai- sons savant es se sont t oujours ret rouvés polit iquement reclassés dans le cadre habit uel. Tout se passe comme si le cadre pouvait et devait encore f onct ionner, deux camps, deux programmes, deux modes de réact ion parf ois épi- dermiques aux quest ions sociales et polit iques, alors même qu’au bout du compt e les polit iques conduit es f inissent par se ressembler f ort ement , bref deux cult ures. Une supposée f at alit é de la dominat ion des marchés sur les décisions poli- t iques f init par convaincre le cit oyen que t out se ressemble et que son vot e n’y changera rien. Le conf lit social s’est réduit à une f açade et ne permet plus de st ruct urer le débat ni les relat ions sociales, comme le f aisait le mouve- ment ouvrier jusqu’à la f in des années 70. C’est bien la f in du mouvement ouvrier, décrit e par A Touraine en 1978, qui marque ce découplage ent re vie polit ique et vie ordinaire, cet t e unit é de sens qui se t raduisait dans des réseaux, des valeurs, des cult ures dif f érent es.

Haut et bas pour une « politique m oyenne » dans une société toujour s plus inégale

La « moyennisat ion » de la sociét é a f ait disparaît re « le sens des classes» alors que les inégalit és ne cessaient pourt ant de croît re. M ais c’est la moyennisat ion (ou un cent risme généralisé) des proposit ions polit iques qui conduit à l’ab- st ent ion. Ceux qui ont le plus perdu durant ces vingt der- nières années de précarisat ion sont aussi dépossédés de t out cadre polit ique leur permet t ant de penser leur sit ua- t ion : ils se ret rouvent condamnés à gérer individuellement leur souf f rance car aucun des projet s polit iques ne leur nement d’ext rême-droit e, à la suit e du 11 Sept embre,

baf ouant t ous nos rêves démocrat iques, devenant t erre de prof it sans f oi ni loi, à la suit e d’Enron, dét ruisant t out e conf iance dans un syst ème f inancier t out -puissant .

■Une désor ientation par tagée

Cet t e désorient at ion n’est pourt ant pas récent e, comme nous le mont rerons. Elle a pris cependant une t ournure dramat ique pour la gauche lors de diverses élect ions euro- péennes où l’ext rême droit e a réalisé des scores remar- quables, en Aut riche avec Haider, aux Pays-Bas avec Fort uyin, en It alie avec la Ligue du Nord, en Belgique avec le Vlaams Blok et en France avec Le Pen. A t el point que ce dernier pouvait prét endre évincer la gauche du deuxiè- me t our de l’élect ion président ielle de 2002. Au soir de ce 21 Avril, on pouvait sent ir la désorient at ion doulou- reuse de la gauche f rançaise, qui se reposait sur un sup- posé « bon bilan ». M ais elle ét ait présent e aussi chez t ous les élect eurs de Le Pen, les plus t enaces comme les plus récent s, qui voulaient cert es donner une leçon « aux poli- t iques» mais qui manif est aient ainsi que le monde ne t ournait plus rond pour eux, qu’il f allait reprendre les cho- ses en main, ret rouver le nord, en f ait ret rouver un chef , supposé connaît re le nord. Les abst ent ionnist es, dont cer- t ains se mordaient les doigt s, n’ét aient pas moins dés- orient és et conf ort és par leur nombre dans leur rejet du syst ème de représent at ion lui-même. Cert es, la droit e se ret rouvait f ière d’elle et pouvait prét endre mont rer le chemin, sans savoir vraiment pourquoi elle se ret rouvait en si bonne posit ion avec un candidat t raînant aut ant de casseroles derrière lui.

■Des repères usés ?

De quels repères disposons-nous pour nous décider, pour nous orient er localement dans cet espace polit ique mondial pert urbé ? La gauche et la droit e d’un côt é, la sociét é d’en haut et celle d’en bas de l’aut re, voilà en f ait le seul baga- ge concept uel et l’unique cadre de navigat ion possible, ce

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leur ent reprise, dans leur quart ier ou dans leur école. La

« t echnocrat ie », comme on l’appelle parf ois devient ainsi une cible commune :

de la part des couches moyennes qui prét endent part i- ciper et qui revendiquent une compét ence égale,

de la part des couches populaires qui, elles, ont eu t en- dance à int égrer leur disqualif icat ion pour les respon- sabilit és et qui, par cont recoup, sont même parf ois prêt es à réclamer un chef pour f aire à leur place.

Pour simplif ier, disons que la crit ique vers le haut vise donc la t echnocrat ie, celle orient ée vers le bas vise les immigrés.

Tout es les deux s’unissent cont re « les polit iques» en reconst it uant un peuple supposé uni f ace à eux, au moment même où le pouvoir réel de la sphère polit ique s’est considérablement réduit f ace à la t out e-puissance de la t echnoscience et du capit alisme f inancier. L’impuissan- ce des polit iques, qui f ait l’objet des crit iques, est pour une bonne part t out à f ait réelle mais elle n’est en rien analy- sée comme t elle : un appel au chef doit permet t re de récu- pérer ce pouvoir, malgré l’ambivalence des demandes, pour êt re pris en charge ou au cont raire pour prendre les af f aires en main !

Les m auvais rem èdes

Les remèdes que les polit iques ont t rouvé jusqu’ici sont sans dout e pire que le mal et f inissent même par achever leur coupure radicale avec le peuple.

La fausse opposition

Premier remède : mimer l’opposit ion radicale ent re les pro- grammes de gauche et de droit e ou à l’inverse jouer l’uni- t é nat ionale. La droit e f rançaise passe son t emps à déf aire ce qu’a f ait la gauche sans vraiment just if ier ses mesures (ex : les surveillant s et les aides éducat eurs dans les collè- ges). Cert ains médias poussent à l’hyst érisat ion des f ron- t ières en condamnant t ous les « nouveaux réacs», donne de ressources pour penser collect ivement . Lorsque

t out se ressemble, lorsque le « même » domine, il ne rest e d’aut re solut ion pour cert ains que le coup de balai, que la recherche d’un net t oyage généralisé pour obliger chacun à se sit uer, dans une logique de guerre, ce que propose l’ext rême-droit e européenne et qui f init par séduire aussi l’élect orat ouvrier.

Si elle séduit , c’est plut ôt grâce à un argument aire vague de « l’Europe d’en bas», ne l’oublions pas. Loin de t out dis- cours de classe, l’ext rême-droit e at t ire par un discours glo- bal cont re les pouvoirs ét ablis, cont re l’Et at , qu’elle peut associer à de l’ult ralibéralisme, plus ou moins explicit e selon les pays. Cela s’accompagne d’un appel à la nat ion, appar- t enance en pert e de vit esse, qui t rouve aisément ses boucs- émissaires dans les immigrés. Là encore, c’est une craint e de la pert e de dist inct ion qui joue : lorsque « le peuple de souche » se ret rouve logé et t rait é par les mêmes organis- mes sociaux que « les immigrés», la relégat ion sociale appa- raît violemment . Le « peuple d’en bas» ne se révolt e pas vraiment cont re l’aggravat ion remarquable des inégalit és durant les 20 dernières années. Lorsque la réussit e de cer- t ains se f ait aussi arrogant e, et lorsque « l’ascenseur social » est en panne, il ne rest e que la dist inct ion du pauvre cont - re les plus pauvres, cont re les non-cit oyens, cont re le Sud en quelque sort e.

Le pouvoir confisqué : la tendance oligarchique Pourt ant , l’abst ent ion ou la crit ique des polit iques ne t ou- chent pas seulement le « peuple d’en bas». Les couches moyennes inst ruit es, qui ont souvent obt enu leur posit ion sociale et leur sécurit é grâce à cet t e inst ruct ion prét endent désormais êt re ent endues, donner leur avis et elles crit i- quent les polit iques pour cet t e conf iscat ion du pouvoir. Or, dans nos sociét és démocrat iques, les écart s de pouvoir sont t out aussi graves que les écart s de revenus. La conf iscat ion du pouvoir par une couche « d’éduqués supérieurs», comme les désignent Emmanuel Todd, est chaque jour vécue par ceux qui voudraient part iciper à la décision dans

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d’une sociét é n’arrivent plus à f aire part ager (et donc d’é- ducat ion et de sanct ions comprises), ou encore un problè- me d’incert it ude généralisée et cont ext e de risque créé par la t echnologie ou par la f lexibilit é du t ravail, cela devient une pure af f aire de volont é polit ique et surt out d’af f icha- ge. Laissez f aire la police et mult ipliez les prisons, suivant en cela le modèle américain. Ce ret our de l’int ervent ion- nisme est d’aut ant plus net que dans d’aut res domaines comme les licenciement s, les gouvernement s ont manif es- t é plus que nécessaire leur incapacit é à peser sur les déci- sions voire même leur abdicat ion explicit e comme dans le cas de Vilvoorde pour Lionel Jospin. Ent re impuissance et int ervent ionnisme, un point commun demeure : les per- sonnes concernés ne peuvent espérer un quelconque pou- voir sur leur vie.

La rancœur contre le peuple

Quat rième post ure, plus que remède : la crit ique du peuple lui-même, coupable de bêt ise prof onde pour avoir choisi l’ext rême droit e, qui ne mérit e pas la démocrat ie, et qui serait même ingrat vis-à-vis de t out es les mesures prises en sa f aveur. Cet t e rancœur n’est pas rare à gauche, créant une sort e de haine vis-à-vis de ses proches, ou de hont e vis-à- vis de son pays mais permet t ant par là-même de se dédoua- ner de t out e responsabilit é.

Une boussole pour s’or ienter

Tout es ces at t it udes n’ont f ait que renf orcer les sent i- ment s de désorient at ion et désarment les milit ant s de base eux-mêmes. Not re proposit ion de boussole écodé- mocrat e prend au sérieux cet t e désorient at ion et propo- se une mét hode bien plus qu’un programme pour lire enf in le monde qui est le nôt re et les choix qui nous sont of f ert s. Avant de la présent er en dét ail, disons d’emblée à quoi elle s’oppose dans le répert oire des solut ions t rou- vées jusqu’ici.

supposant déf inir ainsi clairement ce qui serait « progres- sist e ». Les alt ernances permanent es en France empêchent t out e inscript ion dans le long t erme ou dans le projet . Ailleurs en Europe, des alliances permanent es ent re part is opposés ont f ini par miner t ous les repères polit iques. En Suède, le maint ien du même part i au pouvoir alors même qu’il a changé de polit ique ne laisse guère de place à l’in- vent ion d’alt ernat ives. En Allemagne, les changement s de couleur des gouvernement s ne laissent pas une marque polit ique si dif f érent e.

La proxim ité

Deuxième remède : la proximit é, la communicat ion. Tout e cet t e af f aire ne serait qu’un malent endu, il suf f irait de bien expliquer, de soigner sa communicat ion et de f aire de la proximit é pour dissoudre le seul clivage encore per- t inent ent re le haut et le bas de la sociét é. Les visit es sur le t errain f ort ement médiat isées, les ef f et s d’annonce de mesures locales, la valorisat ion purement médiat ique d’act eurs locaux, la créat ion de commissions, de comit és, de cellules d’urgence, f ont part ie désormais du savoir f aire de t out élu : ceux qui se ret rouvent pris dans cet t e spirale s’ét onnent ensuit e d’avoir pu y croire un inst ant , d’avoir t rouvé que c’ét ait un signe, cet t e poignée de main, pendant que l’aut re main signait le décret budgé- t aire qui supprimait les moyens réels d’agir sur le même sujet … La démocrat ie d’opinion n’est cependant pas un vain mot et la mise en scène peut avoir des ef f et s durables au prix d’une déconnexion t ot ale ent re image polit ique et prat iques.

La pr ise en char ge généralisée par l’Etat

Troisième remède massif : la prise en charge des « problè- mes des gens» d’en bas. Désormais, les gouvernement s doivent promet t re de t out t rait er et de t out prendre en charge eux-mêmes. La sécurit é est un t hème de prédilec- t ion sur ce plan. Ce n’est plus un problème social, de rela- t ions ent re groupes sociaux, de normes que les membres

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ouvrages « Cosmopolit iques», à la t olérance f inalement méprisant e, qui ne génère plus de ligne de conf lit , et qui permet de f uir le deuxième enjeu hist orique majeur, celui du nouveau mur, le mur du Sud.

Maintenir le cap du progr ès : les m odernistes

Le cult e du progrès, lui au moins, ne veut pas céder à la désorient at ion. Il cont inue d’af f irmer le primat de la rai- son, de la science et de la t echnique pour éclairer la voie, pour bien dif f érencier les f ait s et les valeurs et ne pas se laisser aller au relat ivisme voire à l’obscurant isme du ret our à la t radit ion. Pourt ant , la mise en cause de ces principes f ondat eurs du modernisme a f ait vaciller les cert it udes.

M ais il est t oujours possible d’ét endre encore les perspec- t ives du progrès en corrigeant t ous les « ef f et s secondai- res» qu’ont pu engendrer la mise en œuvre de la science et de la t echnique elles-mêmes. Pour réduire la f ract ure avec le Sud, pour résoudre les crises environnement ales, pour rét ablir la conf iance dans les marchés comme dans les aut orit és, il suf f it de démult iplier le pouvoir des expert s, en s’appuyant sur une science, une t echnique et un mana- gement encore plus perf ormant s, product eurs d’inf orma- t ions t oujours plus nombreuses grâce à une t raçabilit é généralisée et à des modèles t oujours plus f ins. La poli- t ique en quest ion conjugue la f oi dans le progrès, y com- pris social, avec sa délégat ion ent ière ent re les mains des spécialist es. Une grande majorit é des part is de gouverne- ment sont amenés à adopt er cet t e post ure, à droit e comme à gauche, alors même qu’elle les dépossède de t out levier d’act ion puisque t out le progrès en quest ion se déci- de dans les laborat oires, pourrait -on dire, dans cet t e sub- polit ique que Beck et Lat our ont mis en évidence.

Les milit ant s des part is se méf ient pourt ant de ces hordes d’expert s, t ous f ormés dans les mêmes moules, qui acca- parent l’élaborat ion des programmes aussi bien que les post es de responsabilit é. Leur désorient at ion de milit ant s de base n’est en rien relayée par leurs leaders. Le progrès doit donner la cert it ude de maît riser t out es les quest ions,

La recherche d’une autor ité perdue : les traditionalistes

Non seulement l’ext rême droit e mais aussi t out e une par- t ie de la droit e et de la gauche, ne vivent ce monde que sous le mode de la pert e, de la disparit ion de repères. Ils voudraient ret rouver ces repères, not amment ceux qui ont servi à f onder les Et at s-Nat ions cont emporains et en Fran- ce, le modèle républicain. Ne sent ant pas l’obligat ion d’in- vent ion dans laquelle nous sommes, il leur suf f it de « f aire ret our à ». « Ret our à » des aut orit és qui ont t out es perdu leur crédit . La cont ribut ion des cit oyens n’est d’aucune ut i- lit é : il f aut même leur ôt er cet t e prét ent ion à discut er t out et à déf inir eux-mêmes le monde commun. L’appel au chef plus ou moins bienveillant n’est jamais bien loin. Si nous ne pouvons espérer rét ablir les aut orit és ef f ondrées, nous devons comprendre cependant que cet t e pert e est part i- culièrement douloureuse pour cert ains, qu’elle génère une vraie désorient at ion. Ce sera l’un de nos t rois enjeux hist oriques majeurs.

« Tout se vaut » : les relativism es

A l’inverse de cet t e posit ion, se t rouvent t ous ceux qui ont pris leur part i de cet t e pert e des repères et qui cherchent à en f aire une f orce en l’adopt ant comme mode de vie et comme base même de leur orient at ion dans le monde : les relat ivismes se port ent bien dans nos sociét és. Il f aut apprendre à prof it er des opport unit és, en f onct ion de ses int érêt s et de ses goût s du moment . Plus besoin de conf lit s st ruct urant s, puisque t ous les point s de vue se valent . Leur idéal démocrat ique repose sur la valeur absolue des choix individuels. C’est là où les relat ivismes si t olérant s se démar- quent en f ait de la démocrat ie : il n’y a rien à discut er vrai- ment puisque t out se vaut . Ce qui les rapproche d’une part ie des abst ent ionnist es. Les « déçus de la polit ique » s’y ret rouvent souvent plus par dépit que par choix délibéré.

Ils s’af f ranchissent aisément de t out es les solidarit és t out en laissant le droit à l’expression pour t ous. Relat ivisme des cult ures qui t ourne, comme le dit I. St engers, dans ses

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rains. Ils ont au moins un avant age sur les polit iques, ils ont admis que les cit oyens avaient soif de discussion pour s’orient er dans un monde où ils se ret rouvent livrés à eux- mêmes et pourt ant impuissant s, perdus, inquiet s. Si la dés- orient at ion se conjugue t oujours avec la peur, peur de perdre sa place dans ce monde et peur de l’avenir sans garant ie, il f aut ent endre cet t e peur et créer les collect if s qui permet t ent d’en sort ir. Car l’invent ion d’un f ut ur viva- ble ne se bât it pas sur la peur.

même les plus incert aines et complexes, comme celles que pose l’écologie. A chaque f ois, la réponse sera : plus de t echnologie, plus de science. Or, l’impasse du modèle éner- gét ique cont emporain, qui const it ue not re t roisième enjeu hist orique majeur. La bonne t echnologie, même alt erna- t ive, ne suf f ira pas pour en sort ir, ce sont des f ormes de pouvoir des consommat eurs-cit oyens qui seront à invent er.

Le projet écodém ocrate est un m ode d’em ploi du conflit politique

Nous nous t iendrons donc éloigné de ces t rois post ures t out en comprenant ce qui produit leur désorient at ion et en cherchant à y répondre : si elles sont mises ainsi en éviden- ce, c’est grâce à not re boussole.

Not re boussole est écodémocrat e parce qu’elle réinvent e la social-démocrat ie not amment en abandonnant son cult e du progrès qui lui a f ait perdre la priorit é de la solidarit é qui l’avait f ondée.

Elle est écologist e car elle apprend de l’écologie à t rait er à la f ois l’incert it ude des syst èmes complexes et les mult iples solidarit és qui nous at t achent ensemble, humaines, t ech- niques et nat urelles à la f ois.

Elle est prof ondément démocrat e car, au carref our de cet t e incert it ude et des solidarit és, ce sont de nouveaux collect if s qui doivent émerger pour ouvrir des opport uni- t és de prises de pouvoir et de responsabilit é inédit es. C’est l’espace du débat que permet de reconst it uer not re bous- sole et non les réponses a priori : c’est pourquoi les exem- ples mult iples de mises en œuvre que nous f ournissons sont aut ant de pist es pour mont rer sa f écondit é mais ne sont en rien un cat alogue de solut ions révélées. Les jeux ne sont pas f ait s d’avance et les f ormes des collect if s à créer seront imprévisibles. Il serait incroyablement dés- espérant que seuls les animat eurs d’émissions t élé comme, en France, « C’est mon choix » ou « ça se discut e », puissent prét endre f aire émerger les espaces de débat cont empo-

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■L’élar gissem ent constant des êtres à prendre en com pte

La « prise en compt e » est au cœur de ce que l’on appelle habit uellement l’émancipat ion mais aussi le progrès, social not amment . Les Indiens découvert s sur le Nouveau M onde ont fait l’objet d’une célèbre controverse pour décider de leur st at ut d’humains dot és d’une âme ou non. Les enf ant s mais aussi les f œt us ont f ait et f ont t oujours l’objet des mêmes débats théologiques ou scientifiques mais toujours politiques.

Plus tard, dans tous les pays occidentaux, c’est le droit de vote qui f ut progressivement accordé, à cert ains hommes selon leurs revenus, puis à t ous les hommes d’un cert ain âge sans dist inct ion de revenus mais à cert aines condit ions de nais- sance sur le sol, ensuit e aux f emmes depuis seulement un demi-siècle. On oublie vit e à quel point ces bat ailles ont ét é longues à mener et ont t oujours ét é port ées par la gauche, pour ét endre la prise en compt e à t oujours plus de membres.

La démocrat ie, f ondée dans l’Ant iquit é sur l’exclusion réelle du plus grand nombre, est devenue désormais un principe d’int égrat ion qui pourt ant t rouve ses limit es.

Les im passes de la gauche

■L’im passe sociale : le repli sur les salar iés

La solidarité n’est pas de gauche seulement en raison de bons sent iment s, car la droit e peut aussi les revendiquer et prat i- quer la charit é t radit ionnelle, elle est une f açon de remet t - re constamment en cause les bases du monde commun. Cette t radit ion a ét é port ée par le mouvement ouvrier pendant plus d’un siècle, par les f éminist es, par les int ernat ionalist es, et c. Pourt ant , depuis 20 ans, le chômage a modif ié la f açon de t rait er la solidarit é : la concurrence pour les post es de t ra- vail a conduit à privilégier la déf ense des salariés possédant un st at ut et de ce f ait à ne plus compt er les chômeurs puis t ous les aut res « sans» (sans papiers, sans logement ) comme s’ils ét aient part ie prenant e de la sociét é au même t it re que CHAPITRE 1

L’écodém ocratie au secours

de la gauche

Le pr incipe de gauche : la pr ise en com pte

Pourquoi encore s’af f irmer de gauche et cont re une poli- t ique de droit e ? Tout es les sociét és débat t ent ent re deux f açons de const ruire un monde commun. Les polit iques de droit e demandent à chacun de f aire l’ef f ort de s’assimiler, de s’inst ruire, de se t ransf ormer pour êt re reconnu comme cit oyen à part ent ière selon les modèles f ournis par ceux qui possèdent déjà le pouvoir. Tant pis pour ceux qui n’y par- viennent pas. Ce modèle n’est pas récent , malgré sa mise en valeur par le libéralisme. Une polit ique de gauche consist e à modif ier les crit ères d’appart enance, à modif ier les f ron- t ières pour prendre en compt e les êt res qui demandent leur reconnaissance. Soit t ransf ormer les êt res, soit t ransf ormer les crit ères, t elle est la base d’une opposit ion polit ique dans t out e sociét é (Gagnepain), appelée droit e-gauche depuis deux siècles. L’écologie port e une ardent e obligat ion de t oujours prendre en compt e de nouveaux êt res et , pour cela, d’adapt er nos procédures et nos crit ères pour compo- ser un monde commun : en cela, elle reprend et ét end le principe de gauche.

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t end à vider le principe lui-même de sens polit ique, puisque t ous peuvent se revendiquer de ce précédent des droit s inscrit s dans la t radit ion démocrat ique (pour la chasse / cont re la chasse par exemple). La logique des droit s n’aide pas à composer un monde commun.

L’im passe r épublicaine

Cet t e impasse sociale, aurait dû êt re neut ralisée par la f orme républicaine de la « prise en compt e », là où elle exis- t e en Europe. Le ref us des part icularismes, la volont é de s’appuyer sur des cit oyens égaux aurait pu const it uer un garde-f ou pour la gauche. Cet t e t radit ion républicaine n’est pas port ée uniquement par la gauche cependant . Ce modèle repose sur un cit oyen abst rait qu’on parvient de moins à moins à f aire exist er. La polit ique d’int égrat ion, qui f ait disparaît re a priori les part icularismes pour mieux assu- rer le t rait ement égal de t ous par l’Et at , ne f onct ionne plus dans l’école, dans les services publics, dans l’habit at . L’ar- rachement à ses racines, à ses marques cult urelles d’origi- ne, ne suf f it jamais pour assurer une vérit able égalit é des chances, que ce soit à l’école, dans le t ravail ou dans le loge- ment . Le modèle de l’int égrat ion a ét é at t aqué et f ragili- sé dans t ous les pays européens qui l’ont adopt é, malgré les dif f érences import ant es ent re pays dans les compromis ent re droit s du sol et droit s du sang. M ais on peine à lui t rouver un subst it ut : la craint e du communaut arisme est t elle, dans des pays comme la France, que t out e prise en compt e des cit oyens réels orient ée par un horizon républi- cain (et non comme prérequis) est rejet ée a priori. Après les chômeurs, les immigrés (et not amment les sans papiers) ne peuvent plus êt re pris en compt e, en raison même des cat é- gories de pensée et des modèles qui ont f ondé la gauche.

L’im passe social- dém ocrate

La France n’a jamais connu de vérit able part i social-démo- crat e, ni dans l’opposit ion ni au pouvoir et la f aiblesse syn- dicale va de pair avec ce const at . Depuis la f in de la guerre, les bref s épisodes de gauche des années 50 et le mit t erran- les aut res. Les syndicat s f rançais par exemple n’ont jamais

accept é vérit ablement les chômeurs ni leurs associat ions, qui se t rouvent ainsi « exclus» du mouvement ouvrier inst it ué.

Ce refus de prise en compte marque la fin historique du mou- vement ouvrier comme mot eur de la « t ransf ormat ion socia- le ». Pourt ant , l’ext ension d’un « sous-emploi f lexible » (Beck) est devenue la règle pour bon nombre de ceux qui avaient cru y échapper. L’impasse sociale s’est ainsi const ruit e sur cet t e réduct ion de la prise en compt e aux salariés prot égés.

L’im passe sociale : l’extension infinie des droits

Les droit s sociaux et la prot ect ion sociale généralisée ont ét é une œuvre de longue haleine. M ais la revendicat ion de droit s a connu une ext ension bien plus large. Le droit au logement , le droit à la sant é, le droit à l’éducat ion const i- t uent des déclinaisons presque nat urelles des droit s sociaux.

M ais on peut désormais aussi bien parler d’un droit à consommer qui peut conduire à exiger l’ouvert ure perma- nent e des magasins alors qu’un « droit à la vie de f amille » des salariés de ces commerces exigera l’inverse. Le « droit à la sécurit é », si sensible aujourd’hui, percut e souvent les

« droit s à la vie privée » dès lors que l’on accorde des droit s ét endus à la police pour surveiller, pour f ouiller, pour écou- t er. Les droit s revendiqués par les aut omobilist es (rouler à la vit esse que l’on veut et part out ) f orme suprême des droit s à la mobilit é, vont souvent à l’encont re à la f ois du droit à la sécurit é pour les aut res conduct eurs et des exigences envi- ronnement ales. Le droit à une sexualit é librement choisie est associée à la dést abilisat ion des modèles f amiliaux t ra- dit ionnels, f ait s d’obligat ions et d’engagement . Le « droit à l’enf ant » n’est pas loin qui aut oriserait même pour cer- t ains le clonage reproduct if .

Cet t e spirale des droit s const it ue dès lors un leit mot iv qui int erdit t out e limit e au nom d’un principe du choix et de la maît rise sur sa propre vie, bien sit ué dans la t radit ion du libé- ralisme polit ique. On not era qu’il s’agit souvent d’exercer ces droit s individuellement . M ais cet t e absence de limit e

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les conf lit s. Cependant , nous prét endons qu’il est nécessaire de dépasser la social-démocrat ie, non pour la met t re dans les pas du libéralisme comme l’a fait Tony Blair, mais pour la réin- vent er en écodémocrat ie, et cela pour t rois raisons.

La bureaucratie oligarchique social- dém ocrate La social-démocrat ie, là où elle a bien réussi, et not amment en Suède, a f ini par accoucher d’une bureaucrat ie : elle a perdu la vit alit é des liens sociaux et des solidarit és qui ét aient à l’origine associée au mouvement ouvrier puissant . La cogest ion garant it ainsi une prot ect ion cert aine mais à un coût de plus en plus exorbit ant . Elle se t raduit surt out par une prise en charge complète des citoyens et des salariés sans que la discussion soit réellement act ive. Une couche d’ex- pert s, présent e aussi bien dans les rouages de l’Et at que dans ceux des syndicat s, f init par part ager une même cult ure, en l’occurrence assez proche de celle des milieux pat ronaux, et en t ous cas déconnect ée des mondes ordinaires des salariés.

La conf iscat ion du pouvoir par une bureaucrat ie prend des allures d’oligarchie, devenue point de passage obligé pour obt enir le pouvoir ou seulement se f aire ent endre.

Le consensus m ou

La social-démocrat ie n’a pas su f ournir un principe de conf lit dépassant la déf ense des int érêt s du mouvement ouvrier puis la gest ion harmonieuse du bien commun. La social-démocrat ie s’est inscrit e dès le début du XXeme siè- cle cont re t out e approche « associat ionnist e » qui viserait à donner du pouvoir à des collect if s moins déf inis ou en lut t e : c’est bien cont re le risque de révolut ion que la social- démocrat ie s’est const it uée en f avorisant d’emblée la voie parlement aire. M ais elle est allée au-delà de la reconnais- sance nécessaire du cadre démocrat ique pour le change- ment social en inst it uant la cogest ion et la part icipat ion gouvernement ale, cont ribuant ainsi à int égrer le mouve- ment ouvrier aux inst it ut ions. Le prix à payer f ut un ef f et de consensus mou qui ne permet plus de conf ront er de vraies alt ernat ives.

disme n’ont rien de social-démocrat e. C’est en s’appuyant sur son seul t alent manœuvrier (et en af f aiblissant le Part i communist e) que M it t errand a permis à la gauche de gagner le pouvoir, sans qu’un modèle social-démocrat e ait ét é vrai- ment pensé ni exprimé. On peut même considérer que, sans modèle idéologique f ort , sans majorit é réelle dans l’opinion, les vict oires de la gauche f rançaise ne f urent que des acci- dent s, provoqués par le t alent polit icien d’un M it t errand ou par les erreurs de Chirac (dissolut ion de 1997).

Pourt ant , il serait injust e d’ignorer le succès de la social- démocrat ie européenne dans le maint ien des liens sociaux et dans la mobilisat ion des moyens collect if s pour assurer la prise en compt e large de t out es les populat ions. Le modè- le social-démocrat e a repris le principe de l’Et at - providence qui, de Bismarck à Beveridge, n’avait rien d’une approche de gauche. La prise en charge des plus démunis, par les cont ribut ions de t ous et leur redist ribut ion par l’Et at , évit ait le développement de pouvoirs aut onomes de la part du mouvement ouvrier. La social-démocrat ie et la gauche en général, surt out depuis la f in de la guerre 39-45, se sont f ait s piéger dans cet t e déf ense des pouvoirs de l’Et at , déf ense de l’Et at qui f init même par devenir la pensée unique de la gau- che. C’est plut ôt la cogest ion de cet Et at -providence par les organisat ions syndicales qui const it ue encore le principe même de sa déf ense, ce qui rend impossible t out examen vraiment crit ique du cadre de cet t e polit ique.

La grande f orce de la social-démocrat ie là où elle a ét é véri- tablement mise en œuvre, et son impasse actuelle aussi, repo- se sur l’omniprésence des représentants syndicaux des salariés dans t out e la gest ion de la Cit é, dont l’ent reprise. L’eff et de st abilit é f ut remarquable, bénéf iciant aussi bien aux salariés qu’aux patrons. La culture démocratique de l’Europe du Nord doit cert ainement beaucoup à cet apprent issage quot idien de la négociat ion, si peu prat iquée en France par exemple.

Ret enons donc cet t e capacit é à t isser des liens au cœur de la société civile, à créer des collectifs, souvent fort larges et puis- sant s, qui assurent la solidarit é indépendamment de l’Et at - providence, ainsi que cet t e capacit é démocrat ique à t rait er

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crat es, qui n’enregist rent pas les évolut ions élect orales des pays membres, et vis-à-vis de la gauche qui se révèle impuis- sant e à inf luer sur le cours des choses, supposé f at al ?

L’écologie, la chance de la gauche ?

La révolut ion écologist e est sans dout e ce qui est arrivé de mieux à la gauche dans les t rent e dernières années, révo- lut ion des modes de pensée, précisons-le ! L’apport élect o- ral des Vert s commence à êt re décisif dans de nombreux pays mais la t radit ion social-démocrat e et plus générale- ment de gauche n’a pas ét é bouleversée pour aut ant . On peut craindre quat re dérives qui f eraient perdre à l’écologie son pouvoir subversif .

Le r isque du supplém ent d’âm e

Le risque est grand de voir la cont ribut ion écologist e se résu- mer à un supplément d’âme environnement alist e. Il est t ou- jours possible de replacer les exigences environnement ales dans la lignée du Progrès, en conf iant à de nouveaux expert s la gest ion moderne de ces eff et s secondaires révélés par les écologist es, et de dénoncer les abus dans un consensus du plus bel eff et : personne ne peut déf endre la libre circulat ion des navires poubelles comme l’Erika ou le Prest ige, et t out le monde peut t enir un discours virulent cont re les « voyous des mers» !

Les tendances au fondam entalism e ver t

Cet t e écologie prof onde, peu représent ée en Europe, sert de repoussoir, souvent art if iciellement const ruit , pour les aut - res f orces polit iques qui ref usent de f aire les choix doulou- reux pourt ant nécessaires. Ce f ondament alisme nie t out e hiérarchie ent re les problèmes ou ent re les êt res et s’int erdit t out e modif icat ion art if icielle ou violent e des écosyst èmes.

L’homme peut dès lors devenir même l’ennemi principal du principe vit al sur Terre, qui est , lui, l’impérat if suprême. Les droit s des plant es et des animaux sont régulièrement raillés Les par ticular ism es au sein de l’Europe :

des social- dém ocraties var iées

La tradition normative de l’Europe du Nord est fort différente de celle de l’Europe du Sud et const it ue somme t out e une combinaison rare de t radit ion ré exploit ée par le modernis- me pour produire cet eff et consensuel quasi disciplinaire. On conçoit que ce modèle ne soit guère export able désormais.

Tony Blair a prét endu, lui, réinvent er la social-démocrat ie, pour la t ransf ormer en une « t roisième voie », aussi vit e dis- qualif iée qu’elle avait ét é largement vendue. Les t ent at ives eff ect uées avec Giddens, dans leur ouvrage « La t roisième voie », pour concilier l’inconciliable et évit er de f aire des choix, sont remarquables. Concilier « la cont inuit é, la cohé- sion sociale » avec « un monde intrinsèquement imprévisible » pouvait sembler un cadre général ouvrant sur l’incert it ude et les at t achement s qui nous serviront plus loin à f onder l’éco- démocratie. Mais tenter d’inventer une « autorité négociée », une « modernisat ion écologique », la prot ect ion sociale sous f orme de « capit al social » (pot ent iel humain) plus f lexible, le « plaf onnement des dépenses des services publics» avec la

« prime à l’excellence », le « renouveau de la communaut é » qui met pourt ant en cause les « responsabilit és individuelles»

dans l’assist ance, une « nouvelle économie mixt e » qui se t ra- duit par des privat isat ions accrues, voilà qui ne peut que dés- orient er. La social-démocrat ie est bien soluble dans le libéralisme quand elle a perdu le Nord.

L’épuisem ent des gauches

Tout es ces t ent at ives, « sociale », « républicaine », « social- démocrate » ou « troisième voie » arrivent aujourd’hui à épui- sement . Ce qui ne signif ie pas pour aut ant que les part is de gauche qui s’inscrivent dans ces t radit ions ne soient pas en mesure de gagner des élections: en 1998, la quasi totalité des pays de l’Europe ét aient gouvernés par des gouvernement s de gauche, sans qu’un projet commun ait pu avancer à cet t e occasion cont re la t endance dérégulat rice et libérale de la Commission Européenne. Comment dès lors s’ét onner de la méf iance conjuguée vis-à-vis de l’Europe et de ses t echno-

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Comme on le voit , l’écologie est soluble dans des prat iques politiques anciennes et le succès ambigu du « développement durable» qui, pour certains, permettrait de faire durer un peu plus not re mode de développement act uel, le mont re bien.

L’écodémocrat ie redéf init les apport s de l’écologie pour évi- ter ces impasses et redonner de vraies perspectives politiques.

Un ancrage de l’écologie à gauche r écent et pr écaire

On peut dire que l’opinion a f ini par êt re gagnée sur de nombreux point s en mat ière d’agricult ure, de sécurit é ali- ment aire ou indust rielle, de t ransport s ou même de nucléai- re. M ais les leviers d’act ion et les st rat égies f ont cruellement déf aut ou donnent lieu à des divergences radicales au sein des part is vert s. Le collage à la gauche inst it ut ionnelle s’est f ait dans la précipit at ion dans plusieurs pays. Il a débouché sur une part icipat ion immédiat e à des gouvernement s alors qu’aucune pensée ni aucune st rat égie de posit ionnement hist orique de l’écologie dans la gauche et par rapport à la social-démocrat ie n’avaient ét é élaborées. La st rat égie nécessaire doit préserver la port ée radicale de l’écologie t out en lui permet t ant de réinvent er l’hérit age de la gauche là où elle a f ailli.

De l’écologie politique à l’écodém ocratie

La boussole écodémocrat e doit dét erminer quels sont les f ondament aux de l’écologie qui peuvent redonner une

« f euille de rout e » à la gauche. Il f aut donc t rier et hiérar- chiser parmi t ous les concept s que l’on peut associer au dis- cours écologist e pour déboucher sur aut re chose que l’écologie polit ique, pour invent er le projet écodémocrat e.

L’accolement des deux t ermes écologie et polit ique ne cesse de pert urber les repères, de mêler des regist res t rop diff é- rent s. L’écologie, de discipline scient if ique, est aussi devenue mouvement social sous la f orme de l’écologisme, qui se t ra- duit dans de mult iples init iat ives locales ou dans de grandes opérat ions act ivist es sur des t hèmes sensibles. M ais cela ne suff it pas à f onder une orient at ion polit ique.

par les critiques de l’écologie qui s’en servent abondamment.

Ce f ondament alisme est t out aussi aisé à dénoncer quant il se limit e à la créat ion de sect eurs prot égés, pour des adep- tes de nourriture saine, de pratiques de déplacement respon- sables, d’économies d’énergie et de respect de la vie rigoureux. C’est le volet t radit ionalist e de l’écologie qu’il ne f aut pas conf ondre avec la capacit é de l’écologie à repren- dre les t radit ions à son compt e pour les réinvent er.

La rentabilisation m archande

L’écologie peut devenir une simple aff aire d’échange mar- chand, de choix ent re des produit s et des services. Les mar- chés peuvent accept er ces nouvelles exigences des consommat eurs et c’est ainsi que chacun devient « libre » de choisir son aliment at ion ou ses modes de déplacement … selon ses moyens. Il ne s’agit plus de choix polit ique global mais de solut ions prat iques personnelles réglées par les mar- chés pour des consommat eurs solvables. M ais cet t e appro- che peut êt re ét endue aux marchés des droit s à polluer, à l’échelle int ernat ionale, qui ne remet pas en cause les mon- t ages inégalit aires exist ant s t out en laissant le choix à chaque f irme. C’est un usage relat ivist e de l’écologie.

Le r isque scientiste

L’écologie f ut avant t out une discipline scient if ique, cert es peu ort hodoxe, mais aujourd’hui reconnue. Beaucoup d’é- cologist es, de f ormat ion supérieure, ou devenus spécialist es à f orce de passion, considèrent que la nécessit é de réorien- t er not re mode de product ion devrait êt re une évidence pour t out esprit un t ant soit peu éclairé, raisonnable et inst ruit des f ait s. Le pouvoir indiscut able de la raison dispen- serait ainsi de t out e st rat égie polit ique. Il suff irait d’êt re les meilleurs expert s de la cat ast rophe écologique en cours pour que, combinant savoir et peur, les masses reçoivent la révé- lat ion et changent leurs prat iques. C’est le volet modernis- t e de l’écologie qui prolonge ainsi elle-même la f lèche du progrès en niant t out e nécessit é de cont roverse et de débat démocrat ique, au prof it des super-expert s.

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associat ions qui recyclent des déchet s et prat iquent en même t emps l’insert ion, ce sont aussi des déf enseurs de la f orêt cont re une rout e ou une ligne de chemin de f er, ou encore les campagnes de boycot t de produit s pét roliers, les cercles nat uralist es ou les parcs nat urels, et c. Ce qui paraît remarquable dans t ous ces mouvement s, c’est leur capaci- t é à s’int éresser à t ous les phénomènes de la vie, à t out es les échelles. Désormais, t out es les ent it és vivant es t rouvent pet it à pet it leurs port e-paroles, pourrait -on presque dire, des animaux les plus rares aux st eppes les plus loint aines en passant par la couche d’ozone et les ressources f ossiles. De t out cela, il ne peut guère sort ir un slogan lisible à la mode du « prolét aires de t ous les pays» bien connu. Aucun coup de f orce t héorique ou médiat ique ne permet t ra de rédui- re cet t e diversit é et c’est là aussi une des part icularit és de l’approche écologist e, en t ant que « mouvement de pra- t iques sociales», pourrait -on dire pour unif ier t out es ces préoccupat ions. Ce mouvement n’est rien d’aut re que l’ex- t ension de la t radit ion de prise en compt e de nouveaux êt res par la gauche.

L’écologie nous oblige à prendre au sérieux t ous ces êt res et à comprendre à quel point nous y sommes at t achés, pas t oujours sent iment alement mais par des liens « cosmopoli- t iques». Le souci s’est ét endu à des ent it és qui jusqu’ici ét aient pensées comme « la nat ure », ext érieure à nous, t erre de conquêt e, d’arraisonnement et de maît rise. Si nous avons désormais t ous ces soucis des « aut res» aussi divers, c’est qu’il est apparu qu’ils n’ét aient en rien si ext érieurs à nous que nous le pensions mais que nous ét ions at t achés de f açon « organique » à eux. Non que nous ne puissions plus agir mais que t out es nos act ions, comme on le savait dans les sociét és t radit ionnelles, ont des conséquences qui peu- vent se payer parf ois t rès cher, plus t ard, pour d’aut res, ailleurs mais aussi pour nous, ici et rapidement parf ois! Ce sont donc les at t achement s qui nous serviront de second point cardinal, à part ir de ces prat iques des mouvement s écologist es, f ondées sur une ext ension de la solidarit é.

Une écologie, science de la com plexité et de l’incer titude

L’écologie peut apport er des savoirs au même t it re que d’aut res sciences mais on aura t endance alors à la réduire à l’ét ude de l’environnement voire au nat uralisme. Elle peut aussi se considérer comme la science t ot ale t rait ant t out e la complexit é des phénomènes par opposit ion aux savoirs analyt iques et spécialisés. Dans les deux cas, nous n’obt enons pas une orient at ion polit ique ni même une grille de lect ure et , plus grave, nous passons à côt é de ce qui est radicalement nouveau dans son approche scient if ique elle-même, qui peut nous aider à poser les quest ions aut re- ment . C’est avant t out la capacit é à t rait er la complexit é et surt out l’incert it ude qui nous paraissent const it uer l’apport majeur de l’écologie comme science. Incert it ude qui a déjà permis à la physique quant ique de remet t re en cause radi- calement le st at ut même de not re connaissance de l’uni- vers. Les principes scient if iques de l’écologie peuvent nous apprendre le sens des limit es, la non-maît rise, l’at t ent ion aux phénomènes inf init ésimaux et à leurs ef f et s de pot en- t ialisat ion, le t ravail d’explorat ion et de suivi de milieux et non seulement d’ent it és dét achées de leurs cont ext es, et c.

Comme premier repère et point cardinal de not re bousso- le, nous garderons… l’incert it ude ! Ce n’est en rien un para- doxe puisque, désormais, c’est le st at ut de la plupart de nos repères environnement aux mais aussi sociaux, écono- miques, moraux ou polit iques. C’est donc une aut re pra- t ique scient if ique qui nous est ut ile, celle qui accept e de met t re ses énoncés en débat et de t enir compt e de leur st a- t ut éminemment polit ique, bref , de prat iquer une démo- crat ie scient if ique et t echnique.

Des pratiques sociales écologistes,

m arques d’attachem ents anciens et nouveaux L’écologie regroupe aussi des prat iques sociales, écono- miques, environnement ales qui sont prof ondément insé- rées dans le t issu social. Ce sont des agricult eurs qui proposent des produit s de qualit é à des cit adins, ce sont des

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de disparit ion, emplois qui risquent de disparaît re ou lan- gue t radit ionnelle). Les solidarit és se conjuguent au pluriel, elles sont t out aut ant celles des collect if s ut ilisat eurs de sit es de t éléchargement de musique en M P3 que celles des usa- gers de la ligne 13 du mét ro parisien, des parent s d’élèves de l’école qui manque d’enseignant s ou celle des f édéra- t ions d’anciens combat t ant s. Ephémères ou durables, eff er- vescent es ou inst it ut ionnalisées, ces solidarit és se recomposent sans cesse et ne peuvent se résumer à une seule f orme d’appart enance comme cela se f aisait avec la

« solidarit é de classe ».

Dém ocratie et solidar ités

Le projet écodémocrat e agit comme une boussole car il per- met de reprendre des t radit ions et des t ermes quelque peu usés, la démocrat ie et la solidarit é, pour en f aire des prin- cipes combinés d’une polit ique, dès lors qu’on les comprend comme incert it ude et comme at t achement s. Leur aspect cont radict oire rend ce schéma dynamique et oblige donc au débat .

Incer titude et attachem ents

Ces deux dimensions vont const it uer les point s cardinaux de la boussole écodémocrat e.

Pour chacune de ces dimensions, nous ret rouverons des t er- mes beaucoup plus classiques. L’axe de l’incert it ude, qui garde un côt é quelque peu scient if ique, ne s’exprime jamais mieux que dans l’act ivit é démocrat ique, dans le débat . Il ne s’agit donc pas d’une simple analyse savant e ou d’un pro- cessus cognit if que nous voudrions met t re en avant : l’in- cert it ude accept ée, mais aussi cont rôlée comme nous le verrons, est l’essence même de la démocrat ie.

De même, la « prise en compt e ét endue à nos at t achement s mult iples» paraît ra sans dout e un peu ésot érique ou, à la rigueur, renverra à la vision du monde des sociét és t radi- t ionnelles, f ait es d’at t aches impossibles à rompre. M ais elle prend une colorat ion f ort cont emporaine si on nomme ces at t achement s « solidarit és». Car c’est bien cet enjeu que la gauche a port é depuis t oujours: comment assumer la soli- darit é avec de « t oujours nouveaux membres» ? Il ne s’agit plus seulement d’une déf ense de l’exist ant (espèce en voie

Incer titude

Détachem ent

Cer titudes

Attachem ents

Dém ocratie

Autarcie individualism e

Autor ités

Solidar ités

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municat ion se perd en leviers d’act ion. C’est au cont raire dans la crit ique engagée, précise, de chaque choix t ech- nique que se joue la subversion de la « f at alit é t echnolo- gique ou économique ». Les milit ant s les plus aguerris cont re le nucléaire comme les riverains t out nouveaux opposant s à l’implant at ion d’une usine à risques en sont les act eurs. Ils possèdent des convict ions f ort es mais ils f ont aussi un t ravail d’explorat ion de leurs univers, des réseaux qu’il convient de mobiliser, des argument s qu’il f aut t rou- ver. La qualit é du mont age des collect if s parf ois provisoires qu’ils peuvent f aire émerger sera décisive pour redéf inir le problème, pour f aire réapparaît re des liens que l’on avait t endance à oublier.

Les collect if s auxquels chacun est at t aché sont les premiers espaces où la démocrat ie, aut re nom de l’incert it ude, doit pénét rer : le quart ier, l’ent reprise, l’école ou encore la f amille. M ais de nouvelles sit uat ions, beaucoup plus inst a- bles, peuvent servir à composer ces collect if s, sans délimit a- t ion a priori. Cet t e démocrat ie ét endue permet t ra enf in de ret isser les liens avec la sphère proprement polit ique, de f açon à renouer avec ce que la social-démocrat ie avait f ait de mieux, ce t issage de la sociét é à t ous les échelons.

Les pouvoir s des collectifs et leur s procédures, clés du projet écodém ocrate

Dès cet t e première présent at ion, l’une des quest ions clés de ce projet écodémocrat e est apparue : la démocrat ie suppo- se un espace de débat collect if et du coup l’incert it ude chan- ge de nat ure. De son côt é, la solidarit é s’appuie sur des collect if s dont les f ormes d’at t achement sont variables mais qui pèsent sur les débat s. Dans les deux cas, la nécessit é de repenser les f ormes de l’associat ion apparaît incont ourna- ble. C’est grâce au t erme volont airement vague de « collec- t if s» que nous pouvons évit er de valoriser a priori cert ains collect if s cont re d’aut res. Si le monde est à explorer plus qu’à conquérir, si le chemin et la mét hode import ent aut ant que les but s et les résult at s, ce sont les procédures pour cons- t ruire ces collect if s qui vont devenir essent ielles.

Nous proposons ainsi de reprendre les opposit ions que Beck considèrent comme f ondament ales: sécurit é / insécurit é ; int érieur / ext érieur ; polit ique / non-polit ique. « Nous sommes concernés par t rois quest ions: quelle est vot re at t it ude 1) quant à l’incert it ude, 2) quant aux ét rangers, 3) vis-à-vis des possibilit é de changer la sociét é ?» (The reinvent ion of poli- t ics, p 149). L’incert it ude est bien un de nos axes; la quest ion de l’int érieur et de l’ext érieur correspond à not re axe des at t achement s, puisqu’il f aut déf inir quel est le st at ut de nos at t achement s à ceux que l’on pourra considérer comme ét rangers ou comme concit oyens; la conf iance dans l’act ion polit ique est bien rest it uée f inalement dans la mise en mou- vement des collect if s comme seule voie de récupérat ion d’une act ion polit ique irriguant t out e la sociét é.

Une cr itique pratique qui invente

La crit ique du modernisme a depuis longt emps alert é sur la f olle prét ent ion de maît rise de la t echnique et de la scien- ce, au point d’en f aire ce monst re qui nous dépasserait , la t echnoscience. Il est t oujours spect aculaire de regrouper l’ennemi sous un même vocable, comme d’aut res l’avaient f ait avant pour le capit alisme, la bourgeoisie, ou aujourd’hui la mondialisat ion. M ais ce qui est gagné en f acilit é de com-

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