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un émétique comme je le désirais, je fisse sur-le-champ usage du quin-

quin-quina. Jecédai àson aviset, avant deux heures de l'après-midi, j'en

avaispristrois gros, qui alors furent presque entièrement rejetés par levomissement. Sur lesoir, la fièvre, qui n'avait éprouvé qu'une rémis¬

sion imparfaite, redoubla sans frisson, mais avec une augmentation considérable de la chaleur. La nuit futcruelle,je la passai tourmenté par macardialgie, dans des angoisses continuelles et dans une agitation successive,obligé plusieursfois desortir de mon lit et de me promener violemment dansma chambre, comme pour trouver unesorte d'aliment

aufeu intérieurqui me dévorait. Un peu de sommeil vers le matin calmatouscessymptômes. Sur les neufou dix heures au lundij'étais tranquille, mais toujoursavec la fièvre ; mabouche était pâteuse, ma langues'était couverted'une croûte blanchâtretrès épaisse. Je voulus prendre

l'emétique

: deux médecins qui vinrent mevoiret M. Jonquet lui-même approuvèrent cette résolution. Je le pris et vomis

beaucoup

mais presque uniquementl'eau quej'avais avalée en très grande abon¬

dance; sur la fin seulement une très petite quantité de bile. Quatre grosde sel de Glauber, pris ensuite dans du bouillon aux herbes pro¬

duisirent trois ou quatre selles. Immédiatementaprès l'effet de l'éméti-que,je me trouvai mieuxetfus en état d'écrire une lettre de trois pa¬

ges, qui néanmoinsne fit pas prendre une trop bonne opinion de ma santé à celuiqui l'a reçue. Pendant lasoirée, la fièvre allatoujours en

baissant,

sanssueur. La nuit fut bonne, je dormis, et le lendemain, étanttout à faitexempt de fièvre, je me levai dans l'après-midi et je passaitoute la soirée sur une chaiselongue. Le mercredi,je commençai

amanger et à me promener dans la maison et quoique je fusse resté quatrejours sans prendre aucune espèce de nourriture solide ni li¬

quide, mes forces musculaires étaient en assez bon état. Dans le fort de

ma maladie,excepté les moments oùj'étais tourmenté de la cardialgie,

Javais même constamment reçu du monde et soutenu la conversation avecune véhémence et une loquacité qui ne me sontpas ordinaires. Dès le

jeudi,

je mecrus tout àfait bien etje nesongeai plus à faire aucun remède. Levendredi,je sortis; cependant, l'appétit n'était pas encore toutàfait rétabli ;je ne mesentais pas en pleine santé,sans pouvoir tropdirede quelle manièreje souffrais.

Huitjoursse passèrent dans cetétat douteux de santé, au bout des¬

quelsje fusrepris, à deux heures après-midi,d'un accès de fièvre

régu-lier, commençantpar lefrisson, suivi de chaleur, encore accompagné

de cardialgie et d'anxiétés très pénibles et terminé par la sueurle lendemain matin àseptou huit heures. Cetaccès passé, je metrouvai parfaitementbien; mais il en revint unsecond en tierce à peu prèsàla même heure que le précédentet àpeu près semblable, sice n'est quela cardialgie etla céphalalgie, quila précédaient toujours, furent portées

à un plus haut degré d'intensité. Le

lendemain,

la fièvre ayant com¬

plètement cessé, je me hâtai de prendre dans l'intervalle 8 grosde quinquina. L'accès suivant ne sefitsentir d'aucune manière; etlejour suivant, je fusassez bien pour faire impunément un voyagetrès fati¬

gant en Médoc par une chaleur excessive, avec la précaution d'avoir toujourssur moi du quinquina, dontjecontinuail'usagependant environ quinzejours. Je n'eus à cetteépoque aucune rechute.

Maisà la fin de l'hiver suivant, étant de retour à Paris et ayant éprouvé quelques symptômes d'une affection catarrhale à laquelleje

suisfortsujet etpour laquelle j'avais pris deux grains de tartre stibié, je ressentis, le 18 mars, à l'heure de midi

(quelques

jours après cette indisposition àlaquelle je ne songeais plus), un malaise fébrile qui dura quatre heures. Lesurlendemain,à dix heures du matin, accès de fièvre régulieret bénin qui durasix heures etsetermina par lasueur.

Le 22mars, autre accès qui commença deux heures plutôt que

le

précédentet fut accompagné d'anxiétés très incommodes et d'unecar¬

dialgietrès vive qui dura pendant toute la période de la chaleur. Je

n'avais rien fait à la suite des deux premiers accès, dans l'espoir

d'une

guérison spontanée; mais la violence du troisième paroxysme me

déter¬

mina à prendre surle champ 4 gros de quinquina eu quatre prises,

qui

prévinrent complètement le développement du quatrième accès.

Les

forces musculaires n'ayantjamais été sensiblementabattues durant les intermissions et l'appétit s'étant promptement rétabli, je retournai bientôtà mes affaires, avecla précaution de continuer pendant

dix

ou douzejours l'usage du quinquina.

Le19 avril, commeje descendais rapidementun escalier fort

raide,

je tombai rudement àlarenverse sur la colonne vertébrale, et 1ébran¬

lement nerveux qui enrésulta fut tel que je restai quelques

secondes

sans connaissance. Le lendemainde cet accident, à quatre heures

de

l'après-midi,

il me survintun malaise fébrile (qui m'empêcha

de dîner

comme à monordinaire. Le surlendemain, 22 avril, accès de fièvre léger, maiscependant prononcé, pourlequel j'eus encore l'imprudence

denerienfaire. Le24, à huit heuresdu matin, invasion du troisième accès par un frisson d'une bonne heure. La cardialgie s'établit avec forcependant la période de la chaleur et fut accompagnée de trois

vomissements bilieux et très douloureux; le relâche survint avec la

sueur: l'accèsentout dura huit heures. Cette fois-ci, 4 gros de quin¬

quina, pris dans l'intervalle du troisième au quatrième accès, mais peut-êtretrop près du dernier pour produire tout leur effet, ne furent

passuffisantspour prévenir le retour du paroxysme, qui fut atroce.

Lesanxiétés, la douleuràl'épigastre et le sentiment de morsure ou de déchirement à l'orificeoesophagien s'accompagnèrent bientôt de vomitu-ritions, puis de vomissements excessivement douloureux, d'abord sans matièreetensuite d'une bileporracée qui fut rejetée à diverses reprises

eutrès grande abondance. Ces cruelsvomissements, avec ou sans ma¬

tière, durèrent sans interruption pendant plus de quatre heureset furentpresque continuellement accompagnésd'un sentiment affreux de défaillanceet d'anéantissement, qui cependant n'alla jamais jusqu'à

laperte totale deconnaissance.

Il est bon de remarquer que la langue,qui au moment de cette re¬

chute était fort nette, s'était progressivement chargée à chaque paroxysme, au point qu'après ce quatrième accès, elle se trouvait entièrementcouverte d'un enduit jaune foncé, d'une ligne d'épaisseur.

Malgrécetindice apparent d'un embarrasgastrique etles vomissements bilieuxdontj'ai parlé, je jugeai, ainsique les amisquej'avais consultés

sur monétat,qu'iln'était plustempsderecourir auxévacuants. 8gros de

quinquina

furentsuccessivement avalésdans lapériodede l'intermission ; etpourrendreson effet encoreplus assuré, j'eus soin de prendre, vers lemomentprésumé l'accès fébrile aurait s'établir, une pilule

dungrain d'opium avec un peu d'eau-de-vie par-dessus; et, au bout

uuneheure, un autregrain de la même substance. Avec ce secours, je-passai douze heures de suitedans un état de somnolence presque conti¬

nuelle, mais dans unétat de bien-être parfait et sans aucune trace de fièvre. Dèslors, ma guérison fut complète. Jecontinuai convenablement

1usage duquinquina à doses progressivement décroissantes. Sans le

secoursd'aucun évacuant (dontje me serais bien gardéde faire usage)

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ma langue se nettoya peu àpeu, comme elle s'était chargée.

L'appétit

etles forcesse rétablirent promptementet, depuis cette époque, je n'ai

ressenti aucune atteinte de fièvre.

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