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B. Méthodologie

2. Élaboration des outils quantitatifs

L’approche quantitative est motivée par la nature de la question de recherche et des objectifs généraux et spécifiques. En effet, tel que Daignault (2011) le mentionne : «La méthodologie quantitative menée auprès d’un bon échantillon de visiteurs fournit des ordres de grandeur, des fréquences, permet d’établir des comparaisons et de repérer les différences selon les profils socioéconomiques.». Cette approche est idéale pour a) identifier les éléments de parcours proposé idéal/vécus observés semblables/dissemblables, b) dresser le portrait des visiteurs et c) faire des analyses statistiques.

a) Automatisation de la méthode d’observation

Dans l’exposition à l’étude, l’observation des parcours vécus par méthode directe n’aurait pas été possible à cause de la promiscuité observateur/observé inhérente au type de mise en espace et à l’exiguïté des salles et des espaces de circulation. La méthode se devait d’être une méthode par observation indirecte. L’observation à la caméra aurait pu être

possible puisque le Musée possède effectivement des caméras de surveillance en place dans les salles. Par contre, les angles de vue ne permettaient pas une observation complète (il n’y avait pas de caméra dans les corridors) et continue (les angles de vue des caméras présentaient des zones d’obstruction importantes). Considérant que l’ensemble des objectifs spécifiques concernait des mesures temporelles et spatiales, l’utilisation d’une technologie de positionnement intérieur a été envisagée. Cette dernière devait a) permettre de couvrir en totalité l’espace à l’étude, b) être peu intrusive pour les visiteurs, c) offrir la possibilité de s’intégrer discrètement à l’exposition, d) offrir la possibilité de coupler les informations spatiotemporelles avec des informations descriptives et e) être indépendante d’un système de communication Wi-Fi.

La technologie choisie est commercialisée sous la dénomination AnyWARE par la compagnie Novom Networks. Cette technologie est composée a) d’un émetteur, b) d’une unité mobile de réception et d’enregistrement temporaire des données et c) d’une unité d’enregistrement permanente des données (Figure 6 : Schéma fonctionnel du système de positionnement AnyWARE). La technologie ne comporte aucune unité de calcul ou d’analyse; les traitements doivent s’effectuer en post-traitement à partir des données brutes. L’émetteur consiste en un circuit électrique alimenté par une pile205 de la taille d’une pièce de monnaie de vingt-cinq cents. Par souci de protection, de manipulation et d’esthétisme, cet ensemble est inséré dans une boite de plastique rigide d’approximativement 2 cm de largeur, 2 cm de longueur et 1 cm en hauteur, identifié par le nom et le logo AnyWARE. Il est possible de procéder à l’enregistrement de données d’identification sur le circuit électrique : l’uuid, le major et le minor (Tableau 5 : Champs de la base de données spatiotemporelle). L’émetteur fait partie de la catégorie des étiquettes actives. C’est-à-dire qu’il est autonome dans l’envoi de l’information qui le concerne. Cette information est envoyée en continu sur la bande de fréquence Bluetooth Low Energy 2.4 GHz.





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/¶XQLWp G¶HQUHJLVWUHPHQW HVW XQ VHUYHXU TXL DFFXPXOH OHV GRQQpHV EUXWHV UHoXHV HW JpQpUpHV SDU O¶XQLWp PRELOH /HV GRQQpHV V¶DFFXPXOHQW GDQV XQH EDVH GH GRQQpHV

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Tableau 5 : Champs de la base de données spatiotemporelle

Nom de la

colonne Description Type

uuid identifiant global, commun à l’ensemble des émetteurs pour un projet donné Uuid major identifiant commun à un sous-ensemble prédéterminé d’émetteurs Integer minor identifiant unique à chaque émetteur Integer rssi force du signal reçu à l’unité mobile (radio signal strengh information) Integer timestamp date et heure d’enregistrement des données à l’unité mobile Timestamp without time zone

run identifiant unique à chaque session d’enregistrement Text

Les données brutes consistent à la réception d’un signal Bluetooth à l’unité mobile au temps t. À chaque temps t, il peut y avoir autant d’enregistrements que de signaux reçus (c’est-à-dire d’émetteurs). La force de signal reçu est un nombre entier négatif, plus il est grand (près de 0), plus l’unité mobile est à proximité de l’émetteur. La force de signal reçu est un indicateur qualitatif207 de la distance. Par exemple, à la Figure 7 : Extrait des enregistrements de la session CVXY361 au temps 14:45:28, nous retrouvons la lecture de cinq émetteurs (#1, #2, #3, #15 et #29) au temps t = 2014-07-10 14 :45 :28, les lectures varient de -77 à -90. Nous pouvons en déduire que l’unité mobile se trouve plus près des émetteurs #1 et #3 que des trois autres, sans toutefois pouvoir dire à quelle distance exacte il se trouve.

Figure 7 : Extrait des enregistrements de la session CVXY361 au temps 14:45:28

En conséquence, la configuration et la mise en place des émetteurs influencent directement l’information spatiale extraite des données brutes. Elles sont soumises à des contraintes autant muséographiques que technologiques, notamment :

les émetteurs doivent tenir solidement en place durant toute la durée de l’acquisition des données, sans abimer les surfaces lors de leur retrait;

 les émetteurs doivent être situés dans un intervalle de 2 à 4 mètres208 les uns des autres pour favoriser la discrimination des signaux tout en offrant une couverture maximale;

 les émetteurs doivent être situés entre un demi-mètre et un mètre et demi du sol pour favoriser une ligne de vue209 directe avec l’unité mobile et éviter qu’un émetteur près du sol/plafond interfère avec l’étage inférieur/supérieur;

 les émetteurs doivent être camouflés au sein de l’exposition afin de ne pas nuire à l’expérience esthétique du visiteur.

Catherine Lévesque, technicienne en muséologie du Musée, et Judith Marie Beaudoin, chercheuse, ont procédé à la pose210 de trente-sept émetteurs le 23 juin 2014. Du ruban de montage de marque LePage MD No More Nails MD a été utilisé. Ce ruban a résisté durant la durée totale de la phase d’acquisition (six semaines). Lors du retrait des émetteurs, les surfaces vernies n’ont pas été endommagées, mais pour les surfaces poreuses, tels les plafonds et les murs, la couche superficielle de peinture a été abimée dans plusieurs cas. Les émetteurs ont été placés dans l’exposition selon trois configurations211 : a) la configuration parcours qui avait pour objectif de couvrir les aspects complétude et orientation, b) la configuration arrêt qui avait pour objectif de couvrir l’aspect arrêt signifiant et c) la configuration couloir qui avait pour objectif de couvrir les aspects ordonnancement du déploiement narratif, mode de circulation verticale, entrée/sortie et durée totale. La mise en place des tags selon trois configurations présentait plusieurs avantages, elle permettait a) de s’adapter à la mise en espace de chacune des salles, b) de réduire l’intervalle entre les émetteurs pourvus que ces derniers servent des configurations différentes et c) de s’assurer que tous les objectifs spécifiques soient pris en compte. Neuf émetteurs appartenaient à la configuration couloir, onze émetteurs appartenaient à la configuration arrêt et dix-neuf émetteurs appartenaient à la configuration parcours. Neuf émetteurs ont dû être positionnés à une hauteur inférieure à 0,50 mètre et six à une hauteur supérieure à 1,50 mètre afin de ne pas nuire à l’esthétisme de l’exposition. Les vingt-deux autres émetteurs étaient à une hauteur conforme. Les configurations ont fait l’objet de test de validation le jour même afin de s’assurer qu’elles se comportaient comme attendu. Un trente-huitième émetteur (#27) a

208 Beaudoin (2014).

209 La ligne de vue est la plus courte distance entre l’émetteur et l’unité mobile. 210 Annexe 3 : Émetteurs - Photographies des émetteurs au sein de l’exposition

211 Annexe 3 : Émetteurs - Cartographie des émetteurs de la configuration parcours; Cartographie

été placé dans la salle d’accueil des participants, le 24 juin 2014, pour s’assurer du bon fonctionnement212 de l’application avant le départ des participants avec l’unité mobile.

b) Questionnaire

Le questionnaire avait pour objectif d’inclure dans l’analyse comparative des facteurs indépendants de la muséographie, tel que l’expérience muséale antérieure du visiteur, son contexte de visite et ses caractéristiques sociodémographiques. Le questionnaire213 était de type fermé et auto-administré, c’est-à-dire qu’il a été conçu afin que les participants y répondent de manière autonome en un court laps de temps. Une version française et anglaise était disponible dépendamment de la préférence des participants. Au total, le questionnaire comprenait seize questions : a) trois questions dichotomiques dont une question filtre, b) neuf questions à choix multiples dont une question filtre, c) trois questions à choix multiples avec possibilité de commentaire et d) une question ouverte. Le questionnaire a fait l’objet d’une phase de pré-test au terme de laquelle les choix de réponses des questions #13 et #14 de la version anglaise ont été modifiés. De plus, les questions #4.1 et #4.2 ont été ajoutées en cours de phase d’acquisition, soit le 1er juillet 2014. Ces questions concernaient les visites guidées du jardin des Ursulines. La validité des questionnaires remplis avant cette date n’en fut pas affectée puisque ces visites étaient un non-lieu avant le 1er juillet. Le numéro de la session d’enregistrement, la date, l’heure de prise de possession et l’heure du retour de l’unité mobile ont été pris en note sur chaque questionnaire. Ces informations permettaient de faire le lien entre les données spatiotemporelles et les données descriptives. Le questionnaire était divisé en trois sections : a) Le musée et vous, b) Votre visite aujourd’hui et c) Votre profil. Les objectifs, indicateurs et questions associés à chacune de ces sections sont présentés au Tableau 6 : Résumé du questionnaire.

212 La salle d’accueil étant située à l’extérieur du bâtiment accueillant l’exposition, les épais murs de

pierre de ce dernier bloquaient les signaux Bluetooth des émetteurs installés dans les salles d’exposition.

Tableau 6 : Résumé du questionnaire

Sections Objectifs Indicateurs Question(s) associée(s)

Le musée et vous

Relever la familiarité du visiteur avec le Musée des Ursulines de Québec

Le nombre de fois que le visiteur est déjà venu au Musée des

Ursulines de Québec #1 et #2 Relever la culture muséale du

visiteur La fréquentation des musées au cours de la dernière année #3

Votre visite aujourd’hui

Identifier les thématiques attractives Musée des Ursulines de Québec L’intérêt du visiteur pour le #4 et #4.1

Relever les facteurs extrinsèques au visiteur pouvant influencer sa visite

La cellule de visite #5 Présence d’une limite de temps

pour la visite #4.1, #4.2 et #7 Présence de difficulté de

déplacements #6

Votre profil sociodémographique des visiteurs Relever le profil

Touriste ou local #8 Langue maternelle #9 Sexe #10 Âge #11 Occupation principale #12 Niveau de scolarité #13 et #14

Le questionnaire était fourni au participant sous format papier, mais toutes les données descriptives ont été saisies quotidiennement dans une base de données Access. La codification214 des données est une pratique courante lorsque l’on désire intégrer les données dans un logiciel statistique. Ces codes ont fait l’objet d’une convention préalable afin que la saisie soit uniforme, peu importe l’enquêteur responsable de cette étape. La base de données descriptive comportait au total vingt-quatre champs :

Tableau 7 : Champs de la base de données descriptive

Nom de la colonne Description Type

id_session Numéro de la session d’enregistrement Char 7

_date Date de l’enregistrement Date

temps_début Heure de prise de possession de l’unité mobile

Time without time zone temps_fin Heure de retour de l’unité mobile

Q1 … Q14

(incluant Q4_1 et Q4_2)

Réponses aux questions #1 à #14 Integer Q4_c

Q8_c Q9_c commentaire

Réponses aux questions de type ‘commentaire’ Char 255