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CHAPITRE V : Pollution tellurique vehiculée vers la Méditerranée et proposition de solutions

II.2. Élaboration des critères

Deux types de critères seront élaborés, à savoir les critères fondés sur les caractéristiques naturelles et ceux fondés sur le risque de pollution. Le classement final des zones sensibles sera opéré en combinant les deux groupes de critères.

II.2.1. Caractéristiques naturelles

Une zone sensible est une zone qui a déjà des difficultés inhérentes à assimiler les nouveaux apports de pollution. Elle a probablement une capacité réduite de régénération de l'eau du fait d'un taux peu élevé de vidage. Cependant, les zones sensibles n'ont pas toutes la même

"vulnérabilité" inhérente. Nous proposons par conséquent d'utiliser à cette fin un facteur de pondération appelé le facteur général de pondération de la vulnérabilité (FGPV).

Par vulnérabilité, il y a lieu d'entendre les paramètres suivants: le taux de vidage, l'ouverture du plan d'eau, la profondeur moyenne et la pente moyenne du fond de la mer. Il est compréhensible que cette information soit estimée en termes qualitatifs étant donné que l'on manque souvent de données spécifiques. Il est cependant proposé d'utiliser ces données qualitatives en attendant qu'il puisse être procédé à plus de mesures pour toutes les zones à l'examen.

Caractéristiques Facteur général de

pondération de la vulnérabilité (FGPV)

Faible capacité de vidage, ou

Faible profondeur de l'eau (profondeur moyenne < 10 m), ou

Baie semi-fermée, ou

Pente moyenne < 1% sur une distance de 2 milles du rivage

3

Capacité normale de vidage, ou

Eau plus profonde (profondeur moyenne > 10 m), ou

Baie non semi-fermée, ou

Pente moyenne > 1% sur une distance de 2 milles du rivage

1

II.2.2. Risque de pollution

Le risque de pollution peut être décrit en évaluant l'impact que peuvent avoir sur la zone sensible les "points chauds" ou autres sources de pollution. Les critères à appliquer peuvent donc être semblables à ceux qui ont été élaborés pour établir un ordre de priorité parmi les "points chauds" de pollution. Cependant, l'évaluation a en l'occurrence un but différent. Établir un ordre de priorité parmi les zones sensibles tend à évaluer leur vulnérabilité et non la menace potentielle qu'elles peuvent représenter pour l'environnement (comme c'est le cas des "points chauds"). Nous proposons par conséquent les critères suivants:

 Santé publique

 Biodiversité et habitats  Valeur socio-économique

Santé publique: La santé publique peut être affectée par des poissons et crustacés comestibles contaminés qui peuvent entrer dans la chaîne alimentaire de l'homme et ainsi avoir un impact sur la santé humaine. Celle-ci peut également être affectée par des pathogènes se trouvant dans l'eau de mer. Les principaux polluants liés à ce type de risque sont les composés organiques persistants (COP), les métaux lourds toxiques et les microorganismes pathogènes (MO). Du point de vue de la santé publique, par conséquent, les paramètres sont l'industrialisation (c'est-à-dire la présence d'industries chimiques, d'industries de production et du travail des métaux, d'industries pétrochimiques et d'industries d'extraction de minéraux), l'urbanisation (grandes villes) et l'intensification de l'agriculture (utilisation de produits

chimiques agricoles) dans la zone côtière (ou le bassin de drainage) proche de la zone marine sensible.

Biodiversité et habitats marins: La biodiversité et les habitats marins sont menacés par l'eutrophisation, les changements des caractéristiques physicochimiques de l'eau (par exemple la transparence de l'eau, la concentration d'oxygène dissout, etc.) et l'introduction de composés toxiques persistants et de métaux. Cependant, comme l'impact des composés toxiques persistants a déjà été évalué au regard du critère précédent, il faudra, dans le cas du critère à l'examen, estimer la présence des rejets de nutriments (N et P) de "points chauds" industriels et urbains ou provenant du drainage de terres agricoles. Il faudra en outre estimer la charge organique qui entre dans la zone sensible selon la présence de populations urbaines et d'industries à l'origine de ces produits dans la zone côtière.

L'impact sur la pêche pourrait également être évalué au regard de ce critère étant donné que la dégradation des habitats marins aura un impact négatif sur les prises dans la zone côtière.

Valeur socio-économique: Ce critère englobe tous les aspects de l'identité socio-économique de la zone sensible: principalement tourisme, loisirs et valeurs culturelles, qui sont affectés surtout par l'apparence de l'environnement côtier marin. Cela signifie que les principaux paramètres sont la turbidité de l'eau et la présence de détritus, de matières plastiques, de pétrole et de goudron. Les paramètres à l'examen devraient par conséquent être la présence d'un développement industriel urbain et l'intensité du trafic maritime (pétrole et goudron). Il faudrait également prendre en considération la dégradation esthétique causée par le développement industriel urbain.

II.2.3. Formulation des critères

Nous utiliserons des critères semi-qualitatifs fondés sur la présence ou l'absence d'activités spécifiques dans une zone de largeur différente à partir du littoral (de 10 à 50 km). Le degré d'impact sur l'environnement sera mesuré sur un barème de 0 à 3, 0 dénotant un impact minime, 1 un impact intermédiaire et 3 un impact maximum. Ce système de notation mettra en relief les zones les plus dégradées.

a) Santé publique

Pour la santé publique, nous utiliserons trois groupes de polluants: les composés organiques persistants (COP), les métaux lourds et les microorganismes pathogènes (MO).

- Composés organiques persistants (COP)

Les composés organiques persistants (COP), qui englobent tous les composés organiques qui persistent dans l'environnement et pas seulement les 12 polluants organiques persistants (POP) mentionnés par le PNUE, se trouvent principalement dans les courants d'effluents et les ruissellements de l'industrie chimique. L'on trouve également des pesticides dans les ruissellements provenant de terres où est pratiquée une agriculture intensive. Telles sont par conséquent les principales sources qui doivent être évaluées pour estimer la menace potentielle représentée par les COP pour les eaux de réception.

Note 3: Présence de grandes installations industrielles fabriquant des produits