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Chapitre I : La Kabylie, le village et la maison kabyle

3. Organisation sociale et politique

3.6. Taqbilt

4.1.2. Les éléments composant le village

L’influence du milieu géographique sur la structure du village est donc facilement observable. Les voies d’accès ainsi conçues (Figure I.15), permettent au voyageur qui n’a pas affaire dans le village d’aller son chemin sans y entrer» (Basagana et Sayad, 1971).

Figure I. 15 : Village Kabyle implanté sur une crête.

Source (Institut de Géographie National Français 1960).

4.1.1.2. Implantation des maisons dans un village de crête.

Le plus grand coté de la maison suit la direction d’une ligne diamétrale, direction logique d’une construction sur une pente, par contre le mur pignon, et celui de la cour, seront tangents à la voie de circonvolution. En élévation, les maisons paraitront se chevaucher, chaque pignon dépassant le mur voisin en montant vers le sommet. (Figure I. 16).

Figure I. 16: Implantation des maisons dans un village de crête : At Larbaa. (Source: Vicente C, 1959)

4.1.2. Les éléments composant le village.

Morphologiquement, nous pouvons distinguer dans le village Kabyle selon un passage graduel de l’extérieur vers l’intérieur) les structures suivantes : i)« Tajmaât », ii) la ruelle, iii)l’impasse,

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iv)« asquif », v), «l’hara » et enfin vi) l’unité d’habitation « axxam».A ceux-ci, nous pouvons rajouter les éléments qui accompagnent le village : le lieu de prière, le cimetière, la fontaine, l’aire de battage « anar », le moulin et enfin les jardins maraichers.

4.1.2.1. Tajmaât.

Son rôle traditionnel consistait à faire appliquer les sanctions portées par les « qanun », à résoudre les différents entre les familles et à régir les intérêts communs. Tajmaât cumulait à la fois le législatif et l’exécutif. L’agent de cette assemblée était « l’Amin » ou chef du village.

Il était désigné par consentement sans qu’il y ait eu élection proprement dite. C’est l’institution du village où chaque famille est représentée par son « Tamen ». Tajmaât, c’est aussi la véritable entrée du village. C’est là où s’opère la frontière entre dedans et dehors, entre intérieur et extérieur. C’est en ce lieu précis que divergent les voies qui contournent les villages et celles qui y pénètrent. C’est ici que les habitants du village, assis, adossés aux murs des dernières maisons regardent d’où vient l’étranger et l’accueillent en étant chez eux à partir de là. Tajmaât est un espace donc, historiquement bâti à l’entrée du village soit comme un lieu fermé, soit comme un passage couvert. Elle constitue un ensemble architectural remarquable ; elle dispose en effet d’une structure simple mais expressive. (Figure I. 17).

Figure I. 17 : Tajmaât dans le village de Bou-Mansour.

A droite, vue intérieur. A gauche, Vue de l’extérieur. (Source : auteur 2012)

4.1.2.2. La ruelle

Dans le village Kabyle, la ruelle est véritablement un espace intérieur par rapport à l’extérieur. C’est l’élément d’articulation entre l’entrée et l’extérieur du village. Exclusivement approprié par les villageois, elle est le seul espace extérieur à l’intérieur du village, mais par rapport à un étranger, c’est déjà un intérieur. (Figure I. 18).

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Malgré la sobriété des matériaux et techniques architecturales utilisées, les perspectives variées et parfois surprenantes se succèdent : pentes ou escaliers, bifurcations, profils, bas coudes, rétrécissement, etc. Ces ruelles tracées perpendiculairement aux courbes de niveaux sont morphologiquement des espacées fermées et s’ouvrent vers le ciel. Comme pour vouloir détendre une ambiance qui accélère le rythme de la marche du passant. (M. Kaci, 2001)

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Figure I. 18 : A gauche, ruelle dans un village Kabyle (Source : site internet http://www la-kabylie.com) A droite, ruelle dans le village de Bou-Mansour, (Source : auteur 2012)

4.1.2.3. L’impasse :

C’est aussi un élément de composition de la maille du village. Elle se présente, sur le plan morphologique, comme une ruelle, c'est-à-dire que c’est aussi un espace fermé et étroit mais très rarement tortueuse et se termine par un cul- de- sac.Ce qui crée un effet de répulsion et de tension chez le passant. Elle doit son existence à des contraintes techniques et fonctionnelles, elle crée une brièveté de cheminement desservant uniquement les groupements qui ne peuvent avoir accès direct à la ruelle. (M. Kaci, 2001).

4.1.2.4. Asquif :

C’est le lieu de transition entre l’extérieur et l’intérieur de la cour, il est matérialisé par une sorte de couloir, des banquettes y sont disposées latéralement. On les appelle « idekkwanen » (sing. « adekkwan »), espace sombre et frais. C’est l’endroit ou le visiteur doit attendre avant d’être admis dans la Hara, elles sont assez large que dans certaines régions. On y prend des repas pendant l’été

4.1.2.5. L’ Hara :

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L’Hara, l’unité sur laquelle se trame la structure globale du village kabyle, est constituée par un ensemble d’ixxamen (pluriel d’axxam), un nombre variable qui dépend du nombre de familles soumises à l’autorité d’un même chef de famille et vivant groupé autours d’un même espace « afrag ». (Figure I. 19).

Figure I. 19 : L’hara, dans le village de Bou-Mansour. (Source : auteur 2012) .

4.1.2.6. Afrag :

C’est le lieu qui cumule de nombreuses activités surtout en saisons sèches, de jour comme de nuit. Ainsi pendant l’été, les femmes y cuisinent, la famille peut y prendre ses repas.

Elle sert aussi de coins sommeil en été, en plus de sa fonction de desserte et de transition et de distribution vers les autres espaces tels que axxam, tixxamine (chambres), et le jardin potager.

(Figure I. 20).

Figure I. 20 : Afrag d’une maison, dans le village de Bou-Mansour. (Source : auteur 2012)

4.1.2.7 - Axxam ou Tazqâ (la maison tripartite)

Maison du chef de famille, axxam apparait comme un espace polyvalent ou se déroulent de nombreuses activités (activités relatives à des besoins de base tels que manger,

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dormir, procréer etc.…... et activités culturelles tels que cuisiner, tisser etc.), comme disait R.

Maurier(1926) : « La maison kabyle abrite sous un seul et même toit, dans une même enceinte, les hommes et leurs richesses, c’est comme un organisme à fonctions diverses ».