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L'écriture dictée par le vécu délirant : le cas Aimée, (1932)

Dans le document tel-00506069, version 1 - 27 Jul 2010 (Page 56-69)

II. L'évolution du concept d'écriture en psychanalyse

1. L'écriture dictée par le vécu délirant : le cas Aimée, (1932)

Nous ne ferons pas ici l'exégèse de la très intéressante thèse de médecine de Lacan, présentée en 1932 – cf. bibliogr. – qui étudie les phénomènes de la personnalité à travers l'illustration de ce cas de paranoïa désormais resté célèbre. Un mot cependant sur cette thèse, dont nous allons développer les thèmes autour du cas qu'elle présente ci-dessous. Dans cette thèse, donc, Lacan s'inspire avant tout d'Ernst Kretschmer94 (1888-1964), puisqu'on y retrouve la notion de personnalité que le jeune médecin se propose de définir, ainsi que les groupes constitutionnels de la nosographie kretschmérienne, ici le type dit paranoïde, groupes qui définissent les caractéristiques pré-morbides (constitution) du sujet. Il lui emprunte aussi le diagnostic de délire de relation des sensitifs, une espèce nosologique toujours utilisée en psychiatrie française, qu'il applique dans un premier temps au cas de sa thèse, pour ensuite y substituer celui qu'il invente, la paranoïa d'autopunition, qui cependant se base, sur ses fondements étiologiques, toujours sur les groupes constitutionnels de Kretschmer. Le sujet même de la thèse s'inspire encore de ce dernier, puisque Lacan se propose d'y établir, comme le titre l'explicite, les rapports entre cette personnalité constitutionnelle et la psychose paranoïaque, à partir d'une monographie sur une patiente.

Nous ne ferons pas non plus une étude critique du livre que Jean Allouch95 a écrit sur ce cas désormais célèbre, livre que nous avons employé en raison de ce qu'il apporte en matière de précisions biographiques et historiques sur le cas en question, et non pour la vue critique de la thèse de Lacan, ce qui s'écarterait de notre sujet, où il s'agit, à partir des écrits de Marguerite Anzieu et de la thèse de Lacan, de tirer quelques conclusions sur les relations entre les thèmes de l'écriture et ceux du délire paranoïaque, où le délire se fait nourriture de l'écriture, et l'écriture, à son tour, matière, laboratoire du délire. De plus, nous ne sommes pas d'accord avec la ré-interprétation qu'il fait de ce cas, notamment à propos du délire à deux qu'il suppose entre Marguerite Pantaine et sa mère, que nous réfutons, en raison du fait qu'au moment où se déclenche le délire de la fille, cela fait de nombreuses années qu'elle n'a plus aucun contact avec sa mère.

94 Cf. bibliogr.

95 Cf. bibliogr.

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Lacan, donc, s'inspire aussi, tout en s'y opposant, de celui qu'il appellera plus tard son « seul maître à penser en psychiatrie », à savoir Gaétan Gatian de Clérambault96, dont il fut l'élève. Il s'en inspire de par le regard clinique, minutieux, qu'il porte au sujet qu'il étudie, ainsi que par la rédaction du diagnostic, extrêmement précise et fourmillant de détails, et lui empruntera aussi le concept de « phénomènes basaux », sous le nom de « phénomènes élémentaires » – ce qui fera dire au grand psychiatre que son élève l'avait plagié. Et pourtant, il s'y oppose radicalement par le fait qu'il y rejette, s'exposant ainsi à ses foudres directes, les thèses mécanicistes de ce dernier, tout comme il rejette, d'ailleurs, les conceptions organicistes et eugénistes de Crick et Watson. Il adopte déjà, dans ce travail, les conceptions freudiennes de l'économie libidinale, et dont il défend le point de vue psychogénétique des troubles psychiques.

Certes, Lacan, depuis, aura fait du chemin, et sa pensée aura changé de beaucoup ; par exemple, bien plus tard, il déclarera que la paranoïa et la personnalité, c'est la même chose, signifiant par là que ce qu'on appelle personnalité est en fait une synthèse du moi, paranoïaque par essence – puisque ce moi n'aime en fait que lui – et que la personnalité, dans la psychanalyse, n'accédera décidément pas au statut de concept, pour ce que ce terme représente, en réalité, de vague. Toutefois, tout cela n'altère en rien la validité de l'observation de Lacan, d'une grande précision clinique, ni même celle de son diagnostic – puisqu'il s'agit bien d'une paranoïa – et ni surtout de la relation qu'il fait, parallèlement à la question centrale de sa thèse, entre le délire et l'écriture, question dont nous traitons justement ci-dessous.

Nous nous bornerons donc à présenter une très brève et très concise biographie de Marguerite Pantaine, incluant le fait-divers à l'origine de son internement. Cela fait, nous montrerons comment ce contexte, tout autant que le délire, est intriqué avec l'écriture des romans, dans une analyse littérale, qui nous permettra d'entrevoir dans ce cas, comment l'écriture fictionnelle, plus que de se nourrir du délire, est en lien des plus étroits avec celui-ci. Comment, enfin, toujours dans ce même cas, l'acte d'écriture se fait ligature entre le sujet et son inaccessible objet, ligature magique, sortilège, afin que cet objet d'amour, à jamais, reste tout à la fois ici et à l'écart, et, en même temps, tout comme le délire, tentative de rédemption par rapport à la souillure que représentent l'acte sexuel et les femmes qui, selon Marguerite Anzieu, incitent à la débauche, ce qui est, comme nous le verrons, l'expression du rejet d'un désir homosexuel.

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a. Repères biographiques.

La thèse de Lacan, De la paranoïa dans ses rapports avec la personnalité (cf. bibliogr.), traite donc de l'observation d'Aimée A., alias Marguerite Anzieu, Pantaine de son nom de jeune fille, née à Chalvignac dans le Cantal en 1892. Travaillant dans l'administration des P.T.T., elle se marie avec un collègue de bureau, René Anzieu, en 1917. Elle est victime d'une fausse-couche, ce qui lui occasionne un premier épisode délirant à l'encontre d'une ancienne collègue de travail et amie, Mlle C. de la N., qu'elle accuse d'avoir usé de sorcellerie sur l'enfant mort-née en question. En 1923, elle met au monde son fils, Didier, dont elle est persuadée que se trame autour de lui un complot visant à l'envoyer à la guerre ou à le faire assassiner, qui deviendra un célèbre analyste après avoir lui-même suivi une cure avec Jacques Lacan entre 1949 et 1953 – ce dont nous ne traiterons pas plus, car cela serait entièrement hors sujet. Elle est internée une première fois en 1924, sur la demande de son mari et de sa propre sœur, suite à une tentative de fuite aux États-Unis, qui se solde par un échec97. Quatre ans après, cette femme qui voulait devenir selon sa propre expression une « femme de lettres et de sciences » renommée, décide de quitter sa famille pour s'installer à Paris, pour des raisons qu'explique un délire paranoïaque en pleine fermentation : qui sont les mystérieux persécuteurs qui en veulent à son fils ? Travaillant toujours dans l'administration des P.T.T., elle se cultive en même temps de façon assidue, et tente de passer le baccalauréat, qu'elle rate, malgré ses efforts, par trois fois. En quelques semaines, elle écrit deux romans, Le détracteur et Sauf votre respect, qui n'essuieront malheureusement que des refus de la part des éditeurs. Elle nourrit une passion érotomaniaque pour le prince de Galles, auquel elle écrit régulièrement, objet de ses désirs qui succède à Pierre Benoit (P.B. dans la thèse de Lacan), écrivain et académicien renommé. En avril 1931, elle agresse celle en qui elle voit, aux côtés de Pierre Benoit, sa principale persécutrice, l'actrice Huguette ex-Duflos (Mme Z.), alors star du cinéma muet et du théâtre, la blessant à la main avec un couteau de chasse. Arrêtée, Marguerite Anzieu est ensuite internée à la clinique de l'asile Sainte-Anne. Elle y rencontre Jacques Lacan, alors jeune médecin interne en psychiatrie, qui la suit quotidiennement pendant un an et demi. J. Lacan baptise Marguerite Anzieu « Aimée A. » (prénom de l'héroïne de l'un des

97 Il faut savoir que si la Révolution avait amélioré quelque peu le statut des femmes en matière de droit, le code Napoléon, instauré en 1804, et graduellement réformé jusqu'à l'abolition complète de ses reliquats en 1975 avec la dépénalisation de l'adultère et la suppression de l'obligation pour la femme d'habiter le même domicile que son mari, même en cas de divorce (lequel fut ré-autorisé en 1945), le code Napoléon, lui, donc, est une véritable régression historique, puisque, s'inspirant du droit romain de l'Antiquité, il définit la femme dans la loi comme mineure à vie, ce qui est, alors à l'époque où Marguerite Anzieu tente de fuir en Amérique, strictement en vigueur. Il est alors interdit à une femme, notamment, de quitter le territoire, travailler, ouvrir un compte en banque, etc., sans l'assentiment de son père, de son tuteur, ou bien de son mari.

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romans de Marguerite, le « A » étant certes l'initiale de son nom de famille, mais aussi celle du prénom de toutes les héroïnes de Pierre Benoit, dont elle est une très fidèle lectrice, même encore alors qu'il compte parmi ses persécuteurs) pour en faire le sujet de sa thèse, De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité, qu'il illustre avec des passages de l'œuvre de sa patiente. Les extraits des romans de Marguerite Anzieu publiés dans son travail attirent à l'époque, par leur qualité littéraire, l'attention des surréalistes : Léon-Paul Fargue, René Crevel, Joë Bousquet, Paul Eluard et Salvador Dali. Elle écrit, en alexandrins, une histoire des femmes de la Bible et Les lettres d'Ophélie à Hamlet, avant de mourir en 1981. Aucun de ses écrits n'a été à ce jour publié, mis à part les extraits que l'on peut lire dans la thèse de Lacan (cf. bibliogr.), ce dernier ne lui ayant jamais restitué, pas plus que ses romans, ses lettres et ses poèmes.

Marguerite Anzieu est hospitalisée à Sainte-Anne en 1931, puis transférée à Ville-Évrard en 1938. Elle est libérée en 1943, après douze ans d'internement, ainsi que maints recours juridiques, demandés par la patiente elle-même, sous condition d'être recueillie et surveillée par sa sœur, Maria Chaissac. En 1944, elle devient employée de maison chez la famille Debost, d'abord à la campagne, puis à Paris, où elle se lie d'amitié avec une certaine Damia, personnage dont l'identité reste incertaine : est-ce une comédienne sans le sou, une prostituée ? En tout cas, il apparaît qu'elle présente pour le moins certaines des caractéristiques susceptibles autrefois de choquer les conceptions morales de Marguerite Anzieu. En 1951 elle s'installe seule à Boulogne et y élève un temps une nièce non reconnue par son père, puis devient gouvernante, en 1952 et 53, chez le père de Jacques Lacan. Il n'est rien dit du reste de sa carrière professionnelle, sans doute prend-elle sa retraite peu après – elle a en effet soixante-et-un ans. Par la suite, elle essaiera, sans succès, de récupérer ses écrits auprès de Jacques Lacan. Pierre Benoit meurt en 1962, René Anzieu, le mari de Marguerite Pantaine, en 1967, Élise Pantaine, sa sœur aînée, en 1977, Huguette ex-Duflos en 1982, et Marguerite Anzieu elle-même en 1981, son fils en 1999.

L'identité des protagonistes de l'affaire est révélée en 1986 par Didier Anzieu lui-même dans Une peau pour les pensées (cf. bibliogr.). Seule Mlle C. de la N. est restée dans l'anonymat, Didier Anzieu lui-même ignorant son véritable nom.

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b. Les romans de Marguerite Pantaine – l'écriture, laboratoire du délire.

Quant à ses romans, justement, ceux qu'elle voulait publier, écrits donc huit mois avant l'attentat, ils sont en

« relation avec le sentiment de sa mission et celui de la menace imminente contre son enfant » (p.177).

Voir, en préambule, un commentaire de Lacan p.240 de sa thèse, qui déjà nous met sur la piste d'une relation étroite entre le délire et les écrits de cette femme :

« On ne peut manquer de souligner les qualités très spéciales de ses créations imaginatives ; elles ne donnent point seulement à la malade des apaisements qui devancent l'avenir, mais elles se distinguent encore par leur extrême plasticité, parentes des représentations infantiles, par leur ton très spécial d'effusion enthousiaste, déjà noté par nous dans les écrits, et qui ajoute à cette impression d'infantilisme de l'affectivité ».

Le premier roman, donc, a été rédigé presque d'un trait, dans un intervalle de huit jours, coupé par une interruption de trois semaines, et le second en un mois

« dans une atmosphère de fièvre » (p.179).

Ce que remarque Lacan en tout premier lieu, c'est que ces manuscrits sténographiés ne présentent pas de particularités typographiques – surlignage, encres différentes, majuscules aux noms communs, etc. – que l'on retrouve pourtant chez beaucoup de sujets délirants. Cependant, l'écriture est particulièrement rapide, la ligne est discontinue, sa hauteur est variable, et la ponctuation fait souvent défaut, traits qui correspondent à des périodes d'exaltation délirante chez le sujet en question.

Ces romans présentent, de l'avis de Lacan, même s'ils sont imparfaits, une certaine qualité littéraire que nous leur reconnaissons aussi volontiers. Le verbe est haut en couleurs, et notre littératrice ne manque pas d'habileté poétique, non plus que d'originalité. Les images qui fusent sur le papier ne sont pas sans rappeler certains écrits surréalistes, et d'ailleurs les extraits publiés par Lacan dans sa thèse ont enthousiasmé les tenants de ce mouvement, et notamment Léon-Paul Fargue, René Crevel, Joë Bousquet, Paul Eluard et Salvador Dali. L'écriture ne présente pas

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d'automatisme, ni même de stéréotypie. L'on note une absence totale de circonlocution dans les phrases, ce qui est pourtant souvent le cas dans maints écrits de paranoïaques.

« C'est au contraire une succession de phrases courtes ; elles s'enchaînent à une allure qui frappe d'abord par son aisance et son ton de verve », commente Lacan p.179.

Cependant, ici ou là, l'on remarque l'expression d'une certaine fuite dans les idées, qui donne à certains passages un aspect quelque peu incohérent.

« Au premier plan y apparaît un sentiment de la nature qui tient aux racines profondes de la personnalité, à des expériences infantiles très pleines et qui n'ont pas été oubliées », continue-t-il à la même page.

On y trouve une aspiration amoureuse qui, dans la vie réelle, se solde presque toujours par des échecs, et donc, dans l'écriture, d'autant plus tendue. On y trouve aussi un bovarysme marqué, qui se retrouve d'ailleurs dans les idées de gloire de la malade, qui se voit comme une

« femme de lettre et de sciences ».

« Cette discordance affective s'accommode bien de l'émergence incessante de mouvements proches de la sensibilité infantile : révélations soudaines d'une pensée fraternelle, départs pour l'aventure, pactes, serments, liens éternels », écrit Lacan p.180.

Marguerite Pantaine, cependant, ne s'en sert pas pour le romanesque que cela représente, au contraire, c'est avec une sincérité aiguë qu'elle écrit. L'on peut aussi noter l'emploi de régionalismes probablement d'origine occitane – Marguerite est Cantalienne – ainsi que de termes patois, de façon parfois assez maladroite, mais qui colorent le texte, en maints endroit, d'une saveur piquante. Ainsi par exemple cette très poétique image, citée par Lacan p.182 :

« Ils ne sont plus que tous deux dans le clair obscur, son cœur brûle comme de la tille98, les planètes en feu battent des ailes, la lune envoie ses fleurs purpurines dans la chambre ».

Ce premier roman s'intitule Le détracteur, et, comme le second, est dédié au prince de Galles. Il est inspiré en partie de Pierre Benoit, l'écrivain préféré de Marguerite Anzieu, qui devient ensuite dans le délire son persécuteur – probablement à partir de 1926, après que la dame fut allée le rencontrer, et qu'il lui opposa sans doute un refus. Comme dans les romans de l'illustre académicien, le personnage principal du détracteur est une femme, et son prénom commence par la lettre A. : Aimée. Les intrigues qui s'y nouent, sur fond de drame sentimental et bucolique, ne sont pas sans rappeler la structure des histoires de Pierre Benoit, jusque dans le jeu

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d'initiation à la débauche que signe l'arrivée des « étrangers », des comédiens venus de Paris. Il s'agit d'un drame sentimental où une jeune fille innocente, séduite par un couple d'intrigants venus de la ville, perd son amoureux et meurt de consomption99.

Le deuxième roman s'intitule Sauf votre respect. C'est un violent pamphlet contre la République, les actrices, les journalistes et les écrivains, et il met en scène une jeune fille de bonne famille paysanne partie à Paris pour tenter de ramener à ses propriétaires un âne qui s'était échappé après avoir été vendu à des citadins. Le thème de l'histoire est en fait très accessoire, et l'âne semble représenter Marguerite Anzieu elle-même, qui s'auto-accuse ainsi d'avoir été si bête de s'être faite avoir par ses persécuteurs. Le ton est sarcastique et très violent, mais le style, d'après les extraits que nous pouvons en lire dans la thèse de Lacan, est moins achevé et le récit présente, par moment, des incohérences majeures, dues à des coqs-à-l'âne caractéristiques des écrits de sujets psychotiques.

Nous allons maintenant exposer comment Marguerite Anzieu se sert de l'écriture, ce que nous allons résumer en plusieurs points. D'une manière générale, tout d'abord, nous pouvons nous rendre compte que l'écriture constitue une sorte de pierre de touche du délire, où le sujet, se faisant alchimiste, précise à sa manière les raisons du déclenchement, en projetant sur le réel le danger d'anéantissement qui plane sur lui. L'écriture en soi ne constitue certes pas ce délire, puisqu'il s'est déclenché bien avant, mais par ce moyen, le sujet en parfait la facture, il en précise les détails logiques, ouvrant la voie à une systématisation plus fine, afin de faire barrage à ce danger toujours plus ou moins imminent de néantisation. Ce n'est donc pas un hasard si nous trouvons dans les deux romans de Marguerite Anzieu, sous des visages différents mais à peine déguisés de littérature, les mêmes persécuteurs et les mêmes thèmes que dans le délire.

D'autre part, l'écriture, en effectuant ce travail de précision sur le délire, clarifie la situation du sujet, et lui redonne une place sur la scène du monde qu'il n'avait pas, une place tout à fait centrale, car ce qui se joue sur la scène, c'est son monde intérieur ; mais il ne s'agit pas de théâtre, et les romans de Marguerite Anzieu ne représentent pas des fictions. Tout au contraire, le sujet fait ici un tour logique, il étale ses lignes sur le papier comme d'autres mettent en rapport des équations mathématiques, afin de révéler une inconnue, qui est la vérité du sujet lui-même. Cette vérité est vécue par le sujet comme authentique et fondamentale, et c'est cela même que Marguerite Anzieu tente, en écrivant, de mettre en avant et de synthétiser, car cela lui est vital : le délire, peu systématisé, garde des zones d'ombre qui restent hautement inquiétantes, il lui faut donc les mettre en lumière afin d'y échapper.

99 Terme de médecine aujourd'hui tombé en désuétude, qui désignait un affaiblissement général et un amaigrissement pouvant aller jusqu'à la mort, sous l'influence d'une maladie grave, ou encore, par euphémisme, la tuberculose ; la consomption était souvent associée, en littérature, au fait de mourir de chagrin, ce qui est d'ailleurs le cas pour la jeune héroïne, dans ce premier roman de Marguerite Anzieu.

99 Terme de médecine aujourd'hui tombé en désuétude, qui désignait un affaiblissement général et un amaigrissement pouvant aller jusqu'à la mort, sous l'influence d'une maladie grave, ou encore, par euphémisme, la tuberculose ; la consomption était souvent associée, en littérature, au fait de mourir de chagrin, ce qui est d'ailleurs le cas pour la jeune héroïne, dans ce premier roman de Marguerite Anzieu.

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