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L’un est Mazarin, l’autre est Prince, / Et l’autre est Cardinal de Retz, / Chacun selon ses interestz / Dispute, imprime, excuse, pince, / Tous parlent de la Paix : au Diable pour l’avoir / Si pas un d’eux fait son devoir. […] / On ne voit par tout que malades, / On est accablé d’Escrivains, / Dont les Ouvrages froids & vains / Calamites a Bastonnades, / Font des gens de bon sens la detestation, / Et des sots l’admiration […]1.

Cet extrait, tiré d’un des nombreux libelles produits durant la Fronde, révèle un trait particulier du conflit : la quantité accablante d’écrits que constituent les mazarinades, produites par tous les partis.

Entre 1648 et 1653, des centaines, parfois des milliers de mazarinades ont été publiées chaque année ; plus de cinq mille d’entre elles ont été conservées. Il s’agit de vers, de remontrances, de récits de combats, de correspondances, d’arrêts de cour souveraine. Ces textes ont pour point commun non pas de convaincre, mais de persuader les lecteurs d’agir, de croire et de dire. Il ne s’agit donc pas de représentations objectives des événements ou des idées politiques de cette période. Qui écrit des mazarinades ? Elles sont signées par des puissants, des domestiques de plume, des auteurs à la recherche de protection ou publiées de manière anonyme ou sous un pseudonyme. Pour autant, elles ont été écrites et éditées par des professionnels de l’écrit2. Parmi ces auteurs, plusieurs sont issus de la magistrature,

un milieu où les compétences d’écriture sont souvent mobilisées. Les ecclésiastiques prennent également la plume. Il peut s’agir à la fois de véritables hommes d’Église ou de positions empruntées, certains auteurs pouvant se qualifier d’abbés ou de curés sans avoir nécessairement embrassé l’état ecclésiastique. Selon Hubert Carrier, les religieux sont plus présents que les séculiers dans la Fronde3. Pour autant, des prélats

investissent la scène frondeuse, parfois pour un parti, tels que Cohon4 et Retz5, parfois

sans avoir d’attaches officielles pour qui que ce soit. C’est le cas d’Antoine Godeau.

1 Anonyme, Reflections politiques et Morales, tant sur la France, que sur l’Amerique. Par un pauvre

Diable, s.l.n.d. (daté de 1652 par Célestin Moreau). 8 pages, in-4. Je souligne certains passages.

2 Sur les mazarinades, voir Marc Angenot, La parole pamphlétaire. Typologie des discours modernes,

Payot, Paris, 1982 ; Christian Jouhaud, Mazarinades : la fronde des mots, Paris, Aubier, 2009 (1985) ; Hubert Carrier, La presse de la Fronde (1648-1653) : les mazarinades, t. 1 et 2, Genève, Droz, 1989 et 1991.

3 Hubert Carrier, op. cit., 1991, p. 29-32.

4 Voir Robert Sauzet, « Religion et politique au XVIIe siècle : Anthime-Denis Cohon, Évêque de

Nîmes, serviteur de Dieu, du Roi et de la Patrie », Revue d’histoire de l’Église de France, t. 98, no 240

(janvier-juin 2012), p. 67-81 et Benoist Pierre, op. cit., 2013, p. 79 ; p. 368-369 ; p. 376-377 ; p. 394- 396.

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Si on revient à la citation du pauvre diable mise en exergue, elle dévoile certains éléments des écrits frondeurs : en plus d’être nombreux, ils sont froids – sans attraits et incapables de toucher les lecteurs – et vains – dénués de raison6. De fait, les

mazarinades, comme tous les pamphlets du temps, usent de sursimplification, de raccourcis, d’excès de langage7. Les auteurs n’hésitent pas à déformer la vérité, voire

à carrément mentir pour atteindre leur objectif. Selon Moshe Sluhovsky, un des moyens employés par les frondeurs consiste à utiliser des références religieuses ; la religion faisant partie des pratiques traditionnelles à cette époque, elle est jugée efficace pour mobiliser et atteindre le public8. Plus récemment, Damien Tricoire a

également interrogé la présence de la religion dans la Fronde, en partant du postulat que l’historiographie ne reconnaît pas de dimension religieuse à cette révolte. Il a choisi de comparer les libelles des révoltes sous Louis XIII et celles de la période frondeuse. De cette analyse, il tire la conclusion que l’on retrouve les mêmes appréhensions religieuses, qui font craindre une punition divine et incitent à s’opposer à des politiques qui conduisent la France à sa perte9.

On remarque que de manière générale, les chercheurs s’intéressant à la question du religieux dans la Fronde, et plus particulièrement dans les écrits produits, ont surtout examiné les marques du religieux dans les libelles, et non leurs producteurs. Dans le cadre de ce chapitre, il s’agira d’analyser tout à la fois les écrits et les pratiques d’écriture d’un acteur ecclésiastique traversant un des conflits les plus importants du XVIIe siècle français. L’étude des écrits de Godeau durant la Fronde, de

5 Sur le cardinal de Retz, voir Myriam Tsimbidy, Le cardinal de Retz polémiste, Saint-Étienne,

Université de Saint-Étienne, 2005 ; Les Pamphlets du cardinal de Retz, Paris, Éditions du Sandre, 2009 et avec Christophe Blanquie, Portraits épistolaires du cardinal de Retz. Lettres inédites, nouvelles

lectures, Paris, Classiques Garnier, 2011. Voir également les Œuvres complètes, éditées par Jacques

Delon en sept volumes, Paris, Honoré Champion, 2005-2011.

6 « En matiere d’ouvrage d’esprit, signifie figurement. Qui est plat, qui n’a point d’agrément, qui ne

pique point, qui ne touche point. », « Froid », [En ligne], Dictionnaire de l’Académie française, 1re

édition, Paris, veuve Jean-Baptiste Coignard, 1694. http://portail.atilf.fr/cgi- bin/dico1look.pl?strippedhw=froid&dicoid=ACAD1694&headword=&dicoid=ACAD1694, consulté le 21 octobre 2015. « Vain », [En ligne], Dictionnaire de l’Académie française, 1re édition, Paris, veuve

Jean-Baptiste Coignard, 1694. http://portail.atilf.fr/cgi- bin/dico1look.pl?strippedhw=vain&dicoid=ACAD1694&headword=&dicoid=ACAD1694, consulté le 21 octobre 2015.

7 Christian Jouhaud parle d’une écriture saugrenue et de la publication d’une pensée débridée. Christian

Jouhaud, op. cit., 2009 (1985), p. 27-28.

8 Moshe Sluhovsky, « La mobilisation des saints dans la Fronde parisienne d’après les mazarinades »,

Annales. HSS, vol. 54, no 2 (1999), p. 374. Il soutient également qu’il n’y a pas d’enjeux exclusivement

religieux dans le conflit, qui demeure strictement politique.

9 Damien Tricoire, « La Fronde, un soulèvement areligieux au XVIIe siècle ? De l’opposition “dévote”

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leur circulation et de leur reprise permet d’appréhender la participation de l’évêque de Grasse et de Vence à ce conflit. Où se situe-t-il sur l’échiquier politique complexe et mouvant de cette période ? Quelle attitude adopte-t-il vis-à-vis du pouvoir central, incarné par le roi, la régente et Mazarin ? Ces questions particulières au cas conduisent à étudier de manière plus générale ce que signifie le geste de publication durant ces troubles, de même qu’à saisir comment un évêque participe à la Fronde.

De 1648 à 1653, on note une production lettrée intensive de l’évêque de Grasse et de Vence : quarante-et-un de ses écrits sont publiés ou republiés dans le temps de la crise politique10. Parmi ceux-ci, certains comptent quelques pages,

d’autres en ont plusieurs centaines. Les publications de Godeau dans la révolte sont donc composées à la fois de mazarinades, des écrits courts, qui se consomment rapidement, et d’écrits massifs, qui relèvent d’autres pratiques que celles généralement attribuées aux publications frondeuses. Devant un tel corpus, il a été nécessaire d’effectuer des choix. Dans un premier temps, il s’agira de saisir un petit groupe de textes courts en regard de l’actualité de la Fronde. Ils permettront notamment d’interroger la mise en imprimé de la parole de Godeau, ce dernier ayant une activité de prédication importante durant cette période. Dans un second temps, sa production d’ouvrages massifs sera examinée, afin de questionner la place du sacré et de l’érudition dans la révolte. Cela résulte du choix de ne pas isoler certains écrits des autres, en créant des frontières artificielles entre les textes produits durant la révolte. Des écrits qui de prime abord ne parlent pas de la Fronde en portent néanmoins les marques. Dans un troisième temps, la réédition de certains écrits, quelques années après les événements, sera analysée. Avant d’aborder la production de Godeau, il importe de le localiser dans la crise : est-il Mazarin, Princes ou cardinal de Retz ?

a) Un prélat « muguetté »

L’historiographie n’a pas inscrit Godeau dans une position claire et définie dans la Fronde. Selon Eugène Tisserand et l’abbé Cognet, l’évêque de Grasse et de

10 22 textes sont publiés pour la première fois dans le temps de l’événement ; 13 textes ont été publiés

en premier avant la Fronde ; 9 textes sont publiés plus d’une fois durant la Fronde ; 11 textes produits durant la révolte ont été republiés a posteriori dans des recueils de Godeau. Ce dernier a publié 8 écrits entre 1648 et 1650 ; la seule année 1651, 12 écrits sortent des presses à son nom ; en 1652, on en compte 8 ; en 1653, il publie 13 textes. Pour avoir un aperçu visuel de sa production durant la Fronde, voir Annexe 2.

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Vence est antipathique à Mazarin et enthousiaste pour le Prince de Condé11. Édouard

de Barthélemy soutient qu’il est peu désireux de se mêler des événements prenant place dans la capitale12. Joseph Bergin, quant à lui, inclut Godeau dans les anti-

Mazarin13. Enfin, Hubert Carrier constate la participation du prélat à la Fronde, sans

l’inclure dans un parti14. Il est probable que la position de l’évêque de Grasse et de

Vence a changé au cours des années de révolte, à l’instar de plusieurs de ses contemporains. Pour autant, une lettre de l’évêque de Coutances au cardinal Mazarin permet de mettre en lumière certains aspects du rôle joué par le prélat durant la Fronde.

Le 7 août 1652, le roi convoque le Parlement à Pontoise ; le 19, Mazarin part en exil une seconde fois, afin de montrer la bonne volonté de la cour – il se rend à Château-Thierry, puis à Bouillon et ne rentre à Paris que le 3 février 1653. Dans une lettre conservée aux Archives du Ministère des Affaires étrangères et datée de la fin août 165215, Claude Auvry (1606-1687) donne au cardinal des nouvelles de ses

affaires. Évêque de Coutances entre 1646 et 1658, Auvry est issu d’une famille de marchands parisiens. Il a effectué ses études à Rome, où il est entré au service de Francesco Barberini. C’est également à ce moment qu’il s’est lié à Mazarin, dont il devient le serviteur dévoué ; il lui demeure attaché durant la Fronde16.

Lorsqu’il écrit à Mazarin, l’évêque de Coutances s’est retiré de la cour et se trouve à Gaillon, en Normandie, auprès des archevêques de Rouen – François II Harlay de Champvallon (1585-1653) qui a résigné en 1651 au profit de son neveu

11 Eugène Tisserand, op. cit., p. 165 ; Alexandre Cognet, op. cit., p. 165. Cognet appuie principalement

son analyse sur deux épîtres de Godeau, publiées en 1663 dans le troisième tome des Poesies

chrestiennes : « A Monsieur le Prince de Monaco. Epistre X » (p. 53-61) et « A Monsieur de Berville.

Epistre XX » (p. 121-126). Or, il n’existe pas de trace de la circulation de ces épîtres durant la Fronde. Il est plus probable que ces poèmes ont été écrits par Godeau après le retour en grâce de Condé, avec le Traité des Pyrénées de 1659.

12 Édouard de Barthélemy, Sapho, le Mage de Sidon, Zénocrate : étude sur la société précieuse d’après

des lettres inédites de Mademoiselle de Scudéry, de Godeau et d’Isarn, Paris, Librairie Académique

Didier et Cie éditeurs, 1880, p. 19.

13 Joseph Bergin, « Avant Blois : tentatives de découpage du paysage diocésain aux XVIe et XVIIe

siècles », Gérald Chaix (éd.), Le diocèse : espaces, représentations, pouvoirs (France XVe-XXe siècle),

Paris, éditions du Cerf, 2002, p. 165.

14 Hubert Carrier, op. cit., 1991, p. 32.

15 AAE, MD, France, 884, Lettre de Claude Auvry évêque de Coutances à Mazarin (1652), fo 168-171.

Si le document comporte la mention « a la fin d’aoust 1652 » dans le coin supérieur droit (fo 168r), il

est probable qu’elle a été écrite quelques semaines plus tard. En effet, il est question dans la lettre de l’évêque d’Autun. Or, ce dernier décède le 21 avril 1652 et c’est seulement le 23 septembre de la même année que Louis Doni d’Attichy est nommé évêque d’Autun. Voir l’Annexe 5.

16 René Toustain de Billy, Histoire ecclésiastique du diocèse de Coutances, t. 3, Rouen, C. Métérie,

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François III Harlay de Champvallon (1625-1695). Sa lettre s’ouvre sur des protestations de sa fidélité et de son obéissance. Il souligne qu’il est prêt à agir aux ordres de son patron : « [je suis] tout prest d’obeir a tout ce qu’Il luy plaira me commender17 ». Ce que le reste de la lettre montre, c’est que depuis le départ de

Mazarin, il n’a pas cessé d’agir, de travailler pour lui18. En effet, Auvry transmet au

cardinal un compte rendu de ce qu’il a accompli, révélant ainsi sa position d’intermédiaire pour le puissant. Ce travail prend la forme de publications de l’action de Mazarin19 ; de transmissions de documents20 ; de propositions de services21. Ce qui

ressort de cette lettre, c’est que l’évêque de Coutances est un relais entre le cardinal et les prélats. De fait, il est question à plusieurs reprises des témoignages de fidélité reçus pour le ministre de la part de différents évêques ou archevêques, accompagnés

17 AAE, MD, France, 884, Lettre de Claude Auvry évêque de Coutances à Mazarin (1652), fo 168r. 18 Si l’évêque de Coutances prend seul la plume, il n’omet pas de mentionner que son travail se fait en

groupe, notamment avec les archevêques de Rouen – oncle et neveu – et l’évêque de Couserans, soit Pierre de Marca.

19 « Des le jour que nous fusme arrives Icy, Monsr De /169r/ Couserans & moy, nous conferasmes

touchant la manière des lettres qu’il devoit escrire a Messeigr les Prelats sur le subjet du despart

volontaire de VE Il en a escrit a quantité, et particulierement a ceux que nous avons jugé a propos et necessaire […] », AAE, MD, France, 884, Lettre de Claude Auvry évêque de Coutances à Mazarin (1652), fo 168v-169r. On remarque que le cœur du travail consiste à réfléchir à la manière d’écrire la

nouvelle, l’action. Ce qui est dit est moins important que la façon dont cela est dit.

20 Il s’agit d’une copie d’une remontrance d’un archevêque que Mazarin souhaite obtenir. Il est

intéressant de noter qu’il a d’abord été décidé de lui envoyer : « Et affin que vous le receviez avec les formalités du clergé, et qu’un jour vous la puissiez faire connoistre qu’il en estoit besoing ; Mond. Sieur

de Couserans vous l’envoye dans le pacquet cy joint suppliant tres humblement VE d’en user avec sa prudence & bonté ordinaire […]. » AAE, MD, France, 884, Lettre de Claude Auvry évêque de Coutances à Mazarin (1652), fo 168v. Puis, dans la marge de gauche, Auvry a ajouté ceci : « Depuis la

presente escritte Messrs les archevesques de Rouen Et Monsr de Couserans ont pensé que vous

envoyant lesd[ites] remonstrances elles pourroient courir Risque par les chemins, Et aprehendoient fort la combustion d’Icelles si elles tomboient entre les mains de personnes mal Intentionnées ce qui a fait prendre resolution d’attendre le retour de VE pour ce subjet […] », AAE, MD, France, 884, Lettre de Claude Auvry évêque de Coutances à Mazarin (1652), fo 168v. La décision d’envoyer la remontrance,

fruit d’un travail de groupe a été prise, puis fixée par écrit ; le travail du groupe s’est poursuivi et la décision a été renversée, ce qui a contraint le scripteur à modifier la lettre. Cela rend compte de la temporalité du travail effectué pour Mazarin.

21 Notamment pour Achille Harlay de Champvallon, marquis de Bréval (1584-1657) : « Ce bon

gentilhomme est un des plus fideles serviteurs du Roy et de VE que je connoisse, aussy bien que toutte cette famille ; Il se donne lhonneur de vous escrire, mais la modestie l’Empesche de vous supplier de considerer Monsr son fils /170v/ qui sert fort bien en Guienne ; Et aussy comme ce gentilhomme a

beaucoup d’Amys & d’aliés dans le voisinnage de ses Terres, et lesquels prendroient volontiers employ soubs luy, Il vous pleüst avoir la bonté de luy faire deslivrer commission pour Lever un Regiment de cavallerie de cinq ou six compagnies pour le service du Roy, qui est une chose qui s’accorde a des personnes qui ne sont ny de sa naissance ny de son meritte ; Led[it] sieur marquis filz est tout a faict devoüé a vostre service comme VE scait tres bien, Il luy plaira de me faire un mot de responce sur ce subject », AAE, MD, France, 884, Lettre de Claude Auvry évêque de Coutances à Mazarin (1652), fo 170r-170v.

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des remarques d’Auvry sur la personne en question et parfois de conseils sur la réponse à faire ou sur les personnes à récompenser22.

Le passage de la lettre concernant Antoine Godeau est révélateur de cette position d’intermédiaire avec les prélats :

Je ne scais pour quel subject V.E. fait difficulté en partant de Pontoyse de signer une lettre pour Monsr LEvesque de Grace, comme elle me l’avoit promis le jour

mesme, qui estoit un expedient que j’avois trouvé pour appaiser un peu la douleur qu’il a d’avoir veu preferer tant de personnes à la sienne ; Je vous ay dict plusieurs fois que c’est un Prelat capable de vous faire beaucoup de mal ou du bien ; et je scais qu’il est muguetté et recherché a Paris par plusieurs personnes. Je vous l’avois acquis et V.E. se souviendra qu’il l’a servit tres bien dans sa grande affaire, et qui reussit si heureusement a Paris, en quoy V.E. fera telle reflection qu’elle jugera a propos sur ce qu’elle luy a promis. Monsr d’Authun en partant de

Paris m’a adressé la cy joincte pour VE Ce prelat vous est bien asseuré23.

Dans cet extrait, quelques éléments sont à éclaircir. Il est d’abord question d’une lettre que Mazarin devait signer pour Godeau. Il est possible qu’il s’agisse d’une lettre reliée à l’union des diocèses de Grasse et de Vence – union qui va échouer. Ensuite, Auvry parle de la douleur de Godeau, à qui on aurait préféré plusieurs personnes. Est- il question d’une charge, d’un bénéfice ? Il est délicat d’avancer une hypothèse, en raison du peu de détails fourni par l’évêque de Coutances. Enfin, une grande affaire de Mazarin, qui réussit bien à Paris et à laquelle Godeau aurait contribué, est mentionnée. Il est possiblement question des remontrances des évêques de France auprès de la régente, au sujet de la conduite du Parlement de Paris envers le cardinal Mazarin24. Ce dernier avait d’ailleurs envoyé une lettre circulaire à tous les évêques

22 Par exemple : « Quelques uns luy ont desja fait responce et particulierement Monsieur de Limoges,

lequel m’a aussy escrit une lettre tres obligeante a lesgard de VE me tesmoignant beaucoup de Respect pour elle, et grande envie de la voir bientost triompher de ses Ennemys […] », AAE, MD, France, 884, Lettre de Claude Auvry évêque de Coutances à Mazarin (1652), fo 169r ; « Monseig[neur]

lArchevesque vous escrit, et VE aura agreable de luy faire responce et de plus s’Il se presentoit jamais occasion de l’obliger, jestime que VE ne la doibt pas laisser eschapper ; car oultre qu’il est fort son serviteur, c’est que le digne Prelat meritte bien quelque sorte de grace, vous asseurant que dans son Archevesché Il y est aymé, estimé, & Respecté, et y faict de si belles actions, qu’elles surpassent en verité, son aage, & l’Imagination. », AAE, MD, France, 884, Lettre de Claude Auvry évêque de Coutances à Mazarin (1652), fo 168v.

23 AAE, MD, France, 884, Lettre de Claude Auvry évêque de Coutances à Mazarin (1652), fo 170r. 24 Les évêques ont décidé d’envoyer une députation à la régente le 23 janvier 1652, alors qu’ils étaient

réunis en assemblée. Godeau n’a pas fait partie de cette députation. Selon Jean-Baptiste de Mailly, la députation se serait rendue à Tours en mars 1652 pour rencontrer le roi et la régente, avec à sa tête l’archevêque de Rouen, François Harlay III de Champvallon, accompagné de 24 évêques. Jean-Bapiste de Mailly, L’esprit de la Fronde, tome cinquième, Paris, chez Moutard, 1773, p. 81-83. Dans cet ouvrage, la harangue de l’archevêque de Rouen est légèrement décrite et critiquée. S’il n’a pas été possible de trouver une copie de ce discours, il a toutefois été plus aisé de trouver des réponses et des

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