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Section 3 Des éco-innovations de rupture à l’origine d’un nouveau sentier de dépendance

3.2 L’éco-conception dans l’automobile

L’éco-conception s’appuie sur l’Analyse du Cycle de Vie (ACV) du produit évoquée précédemment. Le produit est analysé étape par étape, depuis l’extraction des matières premières qui le composent jusqu’à sa fin de vie (recyclage, traitement pour élimination,…). C’est grâce à cette analyse fine qui prend en compte de multiples critères tels que les impacts éventuels du produit sur l’eau, sur l’atmosphère, les sources d’énergie et les quantités consommées, etc., qu’il est possible de définir étapes pouvant faire l’objet d’une optimisation.

Figure 3-8- l’éco-conception

Source : http://www.notre-planete.info/

Pour être en mesure de respecter les normes en matière d’émissions de CO2, les

constructeurs, comme le règlement européen (CE) N°443/2009 le précise, sont encouragés à s’engager activement dans la voie de l’éco-innovation. Par ailleurs, le Gouvernement français souhaite que la phase déconstruction soit intégrée dès la conception, afin de pouvoir traiter et recycler le plus grand nombre d’éléments valorisables. Au-delà de cette démarche d’éco-conception, « les constructeurs seront

invités à développer une offre de pièces d’occasion à travers leur réseau commercial, afin d’augmenter les revenus de la filière et le taux de recyclage des véhicules »

(Montebourg, Sapin, 2012 : 7).

En maximisant les processus nécessaires au désassemblage et en favorisant le tri et/ou la réutilisation des divers éléments par un marquage spécifique (code barre ou autre), il serait possible d’augmenter le taux de recyclage, que ce soit des matériaux ou de sous- ensembles. De multiples gains sont possibles, au travers de la diminution de la consommation des matières premières, de la réduction des divers rejets dans l’environnement, etc. Une telle approche nécessite d’intégrer, dès l’amont, la fin de vie du produit. Par ce processus, il sera possible de développer une nouvelle filière, celle des « matières premières secondaires ». À titre d’exemple, le recyclage d’une tonne

d’acier issu des boîtes de conserve, de certaines cannettes, d’aérosols permet de nombreuses économies : 1,5 tonnes de minerai de fer, 1,5 tonnes de charbon, sans compter une consommation d’électricité et d’eau non négligeables et des émissions de GES équivalentes à celles qu’émettrait une automobile sur 8 500km (canibal.fr). L’aluminium est de plus en plus présent dans les voitures : éléments de carrosserie, blocs moteurs, etc. Son utilisation est motivée par un gain de poids ayant un effet direct sur la consommation en la réduisant. L’aluminium présent dans de nombreux emballages a le mérite selon éco-emballages, de se recycler à 100% et à l’infini71. Afin de mesurer l’impact positif sur l’environnement, il semble utile de rappeler qu’une tonne d’aluminium recyclé permet de diminuer les rejets de 6,89 T équivalent CO2.

Figure 3-9 – Potentiel de recyclage des emballages acier et aluminium

Source : Canibal (http://canibal.fr/?page=recyclage-canettes)

De nombreux produits sont fabriqués à partir de ces matériaux recyclés, tels que des radiateurs de voitures, éléments des moteurs (automobiles, avions), des vélos, des tondeuses à gazon, des patinettes, des ustensiles de cuisine, etc. Selon le site éco- emballages, plus de la moitié de l’acier utilisé dans la construction d’une automobile serait issu du recyclage72.

71 http://www.ecoemballages.fr/le-tri-des-emballages/du-recyclage-au-recycle/aluminium

L’intérêt du recyclage est multiple : tout d’abord, il limite le prélèvement des matières premières (1 tonne d’aluminium recyclé économise l’extraction de 2,3 tonnes de bauxite). Il participe également à la protection de l’environnement en réduisant significativement les consommations énergétiques (électricité, charbon) et en limitant la consommation d’eau. La production d’aluminium à partir de la bauxite nécessite d’énormes quantités d’électricité. L’utilisation de métal recyclé pourrait économiser jusqu’à 95% sur le plan de l’énergie et au moins 60% en matière de GES73. Selon Aurea France, principal site d’affinage et de recyclage d’aluminium en France, « l’énergie

utilisée pour le recyclage est 20 fois inférieure à celle nécessaire pour la production d’aluminium primaire », c’est-à-dire qui serait produit à partir de la bauxite74. Par voie

de conséquence, le recyclage participe à la réduction des coûts de fabrication en limitant les coûts et s’inscrit dans une démarche « éco-responsable ». Enfin, il est source de création d’emplois par le développement d’une filière, comme le montre la Figure 3-10. En effet, ces matériaux peuvent être recyclés au fur et à mesure de la fin de vie du produit qu’ils constituent, d’où l’appellation de « cycle circulaire ».

Figure 3-10 - Le cycle circulaire du recyclage des cannettes (acier – aluminium)

Source : Canibal (http://canibal.fr/?page=recyclage-canettes)

73 Le recyclage d’une tonne d’aluminium économise jusqu’à 9 tonnes de CO 2 (http://www.chaquecanettecompte.fr/pourquoi/ )

74 http://www.aurea-france.com/fr/presentation.asp?ID=15

L’intérêt du recyclage et l’utilisation des « matières primaires secondaires » qu’il crée apparaît ainsi profitable non seulement à l’automobile mais aux industries qui utilisent de l’acier et de l’aluminium. De plus, l’impact positif sur l’environnement incite à encourager cette filière.

L’éco-conception s’inscrit parfaitement dans une démarche orientée « développement

durable » en étant un élément et un instrument d’une stratégie de développement

durable.

L’arrêté « réglementant l’utilisation des métaux lourds dans les matériaux des véhicules

et garantissant leur valorisation en fin de vie » a fait l’objet d’une refonte qui s’est traduite par la publication d’un nouveau texte (JORF n° 0066 du 17 mars 2012) qui fixe

« les conditions d’utilisation du plomb, du mercure, du cadmium et du chrome hexavalent dans les composants et matériaux des véhicules ainsi que la codification applicable aux composants et matériaux de ces véhicules, afin d’en faciliter l’identification pour leur réemploi et leur valorisation ». Ce texte a été rédigé dans un double objectif ; tout d’abord, fixer des seuils de recyclage et de valorisation en dessous desquels il ne sera pas possible de descendre, mais également sécuriser la réutilisation de ces matériaux afin qu’elle ne présente pas un risque, que ce soit pour les populations ou pour l’environnement.

3.3 Les enjeux liés aux motorisations alternatives, hybrides, électriques, à