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Chapitre II : Démarche méthodologique et collecte de données

2.3 Échantillonnage

2.3.1 Échantillon théorique

Dans le cadre de la présente étude, nous souhaitions rencontrer des participants issus des groupes ciblés, hommes et femmes, âgés d'au moins 18 ans et habitant le Québec depuis minimalement un an. Ce dernier critère a été sélectionné afin de s’assurer que les participants avaient eu une période minimale afin de se familiariser avec les institutions québécoises et leur fonctionnement. Le nombre de participants visé pour cette recherche était de 30. Nous souhaitions également interviewer tous les groupes ciblés lors d’un entretien de groupe et réaliser des entretiens individuels auprès des participants intéressés, dans le but d’approfondir certaines questions.

La constitution des entretiens de groupe a été essentiellement balisée par l’aspect culturel, proposant que chaque groupe soit constitué d’individus partageant la même appartenance ethnoculturelle. À cet effet, plusieurs auteurs avancent qu’il est important de considérer la culture au sein des groupes et conseillent d’opter pour une homogénéisation interne en regard de l’appartenance culturelle des membres (Knodel, 1995 ; Halloran et Grimes, 1995). En outre, nous avons opté pour une diversification interne en regard des autres éléments, soient le sexe, l’âge et le niveau d’instruction, afin d’obtenir un éventail aussi large que possible de points de vue au sein d’un groupe restreint (Pires, 1997).

La sélection de ces critères d’échantillonnage a principalement été faite afin de rassembler des individus qui étaient plus susceptibles d’avoir des référents culturels partagés. Ce faisant, nous

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souhaitions mettre en place les meilleures conditions afin que les participants se sentent à l’aise de s’exprimer et de discuter de leur point de vue, des éléments qui les rejoignent ou les opposent et des nuances qui peuvent émerger entre leurs visions, croyances ou opinions (Baribeau, 2009). Par ailleurs, les participants ont été classés par groupes aux fins de l’analyse, en respectant leur identification en ce qui a trait à leur appartenance ethnoculturelle. Ainsi, les participants ont essentiellement été regroupés selon leur auto-identification à un groupe particulier, que celui-ci fasse référence à une religion ou à un territoire géographique6. De manière générale, l’identification de l’appartenance ethnoculturelle concordait avec l’association culturelle ou l’organisme rencontré : par exemple, les participants rencontrés par l’entremise de l’association latino-américaine se sont identifiés en tant que Latino-Américains. Nous avons toutefois respecté l’identification des participants dans toutes les figures de cas (dans le focus groupe réalisé avec la collaboration de l’association africaine, un homme s’est identifié comme Musulman ; c’est donc dans ce groupe qu’il a été classé aux fins de l’analyse).

De plus, puisque nous n’avions pas de contact préétabli au sein des différents groupes ciblés, nous avons choisi de contacter des associations culturelles montréalaises afin de recruter nos participants. Dans un premier temps, une série d’associations ont été ciblées en s’assurant, avec l’aide d’un collaborateur du CPRMV, que celles-ci n’avaient pas eu de rencontre préalable avec l’organisme. En effet, bien que le Centre ait des liens avec certaines associations culturelles à Montréal de par les ateliers de formation et de sensibilisation offerts dans certaines communautés, la plupart des individus n’ont, pour leur part, jamais eu de contact avec l’organisme. Ce faisant, il nous semblait important de rencontrer des individus qui n’avaient jamais côtoyé le Centre, de manière à obtenir un portrait possiblement plus représentatif de la population.

6 Les participants ont rempli une fiche signalétique dans laquelle ils devaient eux-mêmes identifier leur

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Qui plus est, puisque notre recherche vise à mieux comprendre les éléments qui influencent la communication avec le CPRMV, il nous semblait important que la connaissance même du Centre ne soit pas un prérequis pour la sélection. En effet, le simple fait d’ignorer l’existence de cette ressource peut très bien constituer un élément explicatif qu’un individu ne songe pas à communiquer avec le Centre. Ce faisant, si l’on souhaite mieux comprendre les ressources que le public pourrait souhaiter contacter advenant une situation de radicalisation, nous devons prendre en considération que ceux-ci se basent sur une information souvent incomplète et limitée afin de prendre une décision.

Les associations culturelles ont également été sélectionnées en fonction de leur mission. Nous avons ainsi cherché à contacter différentes associations culturelles dont la principale raison d’être est de rassembler des individus issus d’une même communauté et de tenir des activités et des ateliers qui valorisent l’expression individuelle et collective, l’intégration et le vivre- ensemble. Les différentes associations ont donc été contactées par courriel, à l’aide d’un message présentant brièvement le contexte et les objectifs de la recherche, ainsi que les conditions de participation.

Nous avons ensuite procédé par la méthode « boule de neige », puisque l’accès aux individus issus de communautés ethnoculturelles est généralement assez difficile. Cette méthode se base sur l’accès à une personne-ressource, qui fait le lien entre les prochains participants, procédant alors par contacts successifs (Pires, 1997). En effet, il est plus aisé de recruter des individus qui se connaissent au préalable et qui ont confiance l’un en l’autre. Qui plus est, la nature de l’étude a également eu un impact sur l’accès aux participants, la plupart des associations contactées ayant manifesté une certaine réticence à participer en raison de la sensibilité du sujet. Aussi, grâce à la personne-ressource contactée au sein de chacune des associations, nous avons eu la chance de bénéficier de son réseau de contacts ainsi que de sa collaboration pour organiser les entretiens de groupe et individuels7.

7 Les associations culturelles qui ont accepté de participer au projet ne sont intentionnellement pas nommées dans

l’étude, de manière à garantir les conditions de confidentialité aux participants, puisque plusieurs participants travaillaient au sein même d’une association.

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Cependant, tel qu’il sera exposé dans la prochaine section, différentes contraintes et impondérables ont parsemé notre chemin, transformant la composition prévue de notre échantillon.