• Aucun résultat trouvé

4.3.1

Les transcriptions et les calculs

Les données récupérées dans cette étude des recueils de sondes de Perrigny de la campagne de 1750-1751 ont subi au moins trois transcriptions, entre différents

formats et différentes époques. Premièrement, les profondeurs et la nature du fond trouvées par les membres de l’équipage devaient être annoncées à haute voix à celui chargé de les noter sur le papier. Les données ont ensuite été transcrites par Perrigny dans les recueils de sondes, puis transcrites et transformées en version nu- mérique dans le cadre de cette étude. Les transcriptions sont toujours susceptibles de contenir des erreurs. Sané lui-même était conscient de cette risque, et dans sa lettre, il explique :

« comme

la frégatte ne permetaitait d’avoir un lieux retirés pour les travailler dans le repos convenable

il pouroit bien c’estre glisé dans ce qui vous a esté envoyé quelque petit aireur, soit par obmistion

de saut de colone, ou quand on les a coppié pour vous les anvoyer.11»

Il existe également la possibilité que les calculs faits pendant la campagne ainsi que ceux fait lorsque cette étude contiennent des erreurs. En novembre 1750, Perrigny a rédigé un mémoire entier sur les erreurs qu’il a trouvées dans ses recueils de sondes jusqu’alors12. De plus, les recueils de sondes sont parsemés de corrections au crayon de bois. Un exemple a été déjà vu dans la section 3.2.

4.3.2

Le positionnement

Les méthodes employées pendant la campagne de 1750-1751 pour se position- ner sont truffées d’inexactitudes. La lecture d’un compas, en particulier sur un navire en mouvement, est soumise à la compétence de l’utilisateur et est sujette à l’erreur humaine. L’estimation de la hauteur et des distances horizontales dans les mêmes circonstances n’est pas aisée. L’identification correcte des amers néces- site des connaissances locales et de la prudence. Dans les recueils de sondes, les coordonnées géographiques n’étaient pas toujours notés à la seconde près.

Il y a 35 points de sonde dans les recueils de sondes pour lesquels les coordon- nées géographiques de la position de chacun de ces points, calculées par Perrigny, ainsi que les informations nécessaires pour calculer la position des sondes par relè- vement sont tous les deux mentionnés. Généralement, seulement l’une de ces deux mentions apparaît. Dans le cadre de cette étude, ces 35 exceptions ont permis de faire une comparaison entre la position donnée par les coordonnées et la position donnée par relèvement. Il a été jugé que les positions par relèvements peuvent

11. Sané, Noël. Lettre datée du 19 octobre 1750 de Brest. AN, MAR/3JJ/96, Dossier 39, Document 4. Transcription dans l’annexe B.22 à la page 225.

12. Perrigny. Erreurs que j’ay trouvé dans les sondes envoyées pendant le cours de la cam- pagne. AN, MAR/3JJ/94, Dossier 4, Document 6. Transcription dans l’annexe A.6 à la page 158.

être considérées comme correctes dans la mesure où la lecture de la boussole et l’estimation de la distance à l’amer, le cas échéant, sont précis. Pendant la cam- pagne, la latitude était trouvée en observant la hauteur du soleil. La longitude était quant-à elle déduite et calculée selon des longitudes déjà connues de certains lieux. La carte dans l’annexe E.9 à la page 285 montre les 35 points positionnés par leurs coordonnées géographiques en rouge et les 35 points correspondants calculés par relèvements en bleu. Les chiffres qui apparaissent au-dessus et au-dessous des points permettent d’identifier chaque point de sonde, les reliant ainsi par paires. La différence moyenne entre la latitude en coordonnées et la latitude calculée par relèvements pour les 35 points est de 0.0109 degrés. La différence moyenne entre la longitude en coordonnées et la longitude calculée par relèvements des 35 points est de 0.0168 degrés. Un calcul très approximatif en utilisant le théorème de Pythagore donne une distance moyenne de 0.0226 degrés entre chaque paire de points13, soit

2.02 kilomètres14.

En ce qui concerne l’interprétation actuelle des données historiques, il est pos- sible que les amers utilisées pendant la campagne ont été mal identifiés et donc mal localisés dans cette étude.

4.3.3

Le temps

Bien qu’il y avait sans doute une horloge marine à bord, ces instruments étaient notoirement peu fiables à cette époque. Que ce soit par l’horloge ou en prenant la hauteur, presque toutes les heures notées dans les recueils de sondes sont à l’heure près et rarement à la demi-heure près.

La formule utilisée pour calculer l’équation du temps dans la section 2.4.1 est basée sur des données actuelles (1950-2050) de l’excentricité de l’orbite de la Terre et de son obliquité. Cependant, il a été estimé que même avec des données décalées de 200 ans, les effets sont mineures par rapport à leur non correction.

4.3.4

La bathymétrie

Outre le problème de la déviation de la ligne de sonde causée par les courants marins discuté dans la section 4.1.2, les mesures de la profondeur sont aussi sujettes

13. Ce calcul est basé sur le théorème de Pythagore qui dit que h2= a2+b2, où h est la longueur de l’hypoténuse d’un triangle rectangle et a et b sont les longueurs des deux autres côtés. Dans ce cas, a et b représentent la différence entre la latitude en coordonnées et la latitude calculée par relèvements en degrés, et la différence entre la longitude en coordonnées et la longitude calculée par relèvements en degrés. La valeur de h est donc la distance en degrés entre une paire de points. Ce calcul a été fait pour chacun des 35 points, puis la moyenne a été calculée.

14. Cette valeur a été calculée en utilisant la même méthode détaillée ci-dessus en considérant qu’à la latitude 46◦, la latitude moyenne de tous les points considérés dans ce calcul, un degré de latitude vaut 111.1513 kilomètres et un degré de longitude vaut 77.4633 kilomètres.

à l’erreur causée par la résolution de l’instrument de mesure. Les mesures faites de la profondeur pendant la campagne sont faites à la brasse près, et très rarement à la demie-brasse. Étant donné qu’une brasse vaut 1.624 mètres, leur système de mesure a une erreur associée de 0.812 mètres dans les mesures à la brasse près et 0.406 mètres dans les mesures à la demie-brasse près.

Les données bathymétriques de la campagne sont aussi liées à la validité des données de positionnement et des données temporelles.

4.3.5

La sédimentologie

La manière de standardiser les données de la campagne de 1750-1751 exposée dans le chapitre 2 est une méthode parmi d’autres. Il s’agit d’une façon de répré- senter les données de la campagne permettant d’établir une comparaison directe avec d’autres données choisies. Elle ne peut donc jamais être totalement exacte ou fidèle aux données historiques.

Les données sédimentaires de la campagne sont aussi liées à la validité des données de positionnement.