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Sur le problème des résonances entre plusieurs niveaux
dans un ensemble d’atomes orientés
C. Besset, J. Horowitz, A. Messiah, J. Winter
To cite this version:
251.
SUR LE
PROBLÈME
DESRÉSONANCES
ENTRE PLUSIEURS NIVEAUXDANS UN ENSEMBLE D’ATOMES
ORIENTÉS
Par C.BESSET,
J.HOROWITZ,
A.MESSIAH,
Service de Physique Mathématique, C.E.A., Saclay.
et J.
WINTER,
Laboratoire de Physique, École Normale Supérieure.
Sommaire. - Nous considérons l’effet
sur un ensemble de systèmes quantiques à N niveaux inéga-lement peuplés, d’une radiofréquence perturbatrice appliquée pendant un temps limité, susceptible
d’induire des transitions entre niveaux immédiatement voisins. En plus des résonances ordinaires
corres-pondant à l’égalisation des populations de deux niveaux voisins que prévoit une théorie simple mettant
en jeu l’interaction des deux niveaux avec le champ de radiofréquence sans tenir compte de l’existence des autres niveaux, la théorie complète prévoit toute une série de résonances plus fines. Ces prévisions sont en accord avec les résultats obtenus par Brossel, Cagnac et Kastler dans leurs expériences de résonance magnétique sur un jet d’atomes orientés optiquement.
LE JOURNAL DE PHYSIQUE ET LE RADIUM. TOME 1 ~, AVRIL 195À~
1. Introduction et
généralités.
- Da’ns l’articleprécédent
[ 1 ],
Brossel,
Cagnac
et Kastler décriventune série
d’expériences
de désorientation par réso-nancemagnétique
d’atomes de sodiumpréalable-ment orientés
optiquement.
Ils mettent bien enévidence les
quatre
résonancescorrespondant
àl’éga-lisation des
populations
de deux niveauxvoisins,
comme leprévoit
une théoriesimple
mettant enjeu
l’interaction des deux niveaux avec le
champ
deradiofréquence
sans tenircompte
de l’existence d’autres niveaux. Si l’intensité duchamp
deradio-fréquence
estsuffisante,
ils observentégalement
unesérie de résonances additionnelles très fines. Dans le
présent
travail,
nous examinons leproblème
général
desperturbations
induites par uneradio-fréquence
sur unsystème possédant
un nombrequelconque
de niveaux. Comme nous le verrons, la théorieprévoit
bienl’apparition
de résonances« d’ordre
supérieur»
telles que celles que Brosselet al. ont observées
(1).
Considérons un
système
quantique possédant
N états
stationnaires !
m >d’énergies
respec-tivesE", (m
=1,2, ...,N).
Nous supposonsqu’un
ensemble de tels
systèmes
est soumispendant
untemps
T à uneperturbation
defréquence
suscep-tible d’induire des transitions entre niveaux immé-diatement voisins(cas
des transitionsdipolaires).
Soient P,,, lespopulations
initialesrespectives
des niveaux ! m >. Ils’agit
de déterminer les popu-lations p,,, des niveaux une fois que laperturbation
a cessé
d’agir.
Il suffit pour cela de connaître l’évolution au cours
du
temps
d’un vecteur état a(défini
par sescompo-santes a"2 suivant le
système
des états nonperturbés)
dont on se donne la
position
A autemps 1
== o oùla
perturbation
s’établit.Moyennant
un choixconvenable des
phases
des états nonperturbés,
l’évohition de a est
gouvernée
parl’équation
=I ) :
Les éléments
diagonaux
de la matrice H sont :Leurs voisins immédiats :
Tous les autres éléments sont nuls. Les K"2 que l’on
peut
prendre
réels sansperte
degénéralité,
sont liés à l’intensité duchamp perturbateur.
Le
problème
se ramène à celui de ladiagonali-sation de la matrice
hermitique
réelle H. Il estfacile de voir que H ne
possède
certainement aucunevaleur propre
dégénérée
si lesKm
sont tousdiffé-rents de zéro
(2).
Soit ul’I le vecteur propre
(réel) correspondant
à lavaleur
propre :Si Am sont les
composantes
de a autemps 1
~ o,ses
composantes
autemps
T sont :On passe aisément de la loi d’évolution d’un état
(1) De telles résonances d’ordre supérieur ont été observées également aux États-Unis par Kusch et par l’équipe travail-lant sous la direction de Rabi et utilisant sa technique
(Lettre du Professeur Rabi à M. Kastler).
(2) En effet, si les K,,, sont tous différents de zéro,
l’appli-cation répétée de H sur l’état non perturbé j N > permet
d’engendrer tout l’espace; ceci ne peut se produire que si H
n’a aucune valeur propre dégénérée.
252
pur à celle d’un ensemble
statistique
défini par lespopulations
initiales P,,,. On trouve :avec :
Dans la
pratique,
letemps
T n’est pas défini defaçon
précise
mais varie dans un certain inter-valleT a + à T).
Il faut donc faire la moyennede «",n dans cet intervalle. Si :
et c’est ce que nous supposerons dans la
suite,
cetteopération
revient à ne retenir dansl’expression (6)
que les termes i ~
~,
autrement dit :C’est le
comportement
des oemn en fonction due Qque nous nous proposons
d’étudier,
on voitqu’il
dépend uniquement
desprojections
des vecteurspropres de H sur les états non
perturbés
met n
0).
s2. Cas de deux niveaux :
El
E2.
- Les résultats sont bien connus. Introduisant la notationon trouve :
L’équation (9 b)
montrequ’il
existe une résonanceautour de (,) == o,
fréquence
àlaquelle
seproduit
l’égalisation
despopulations
des deux niveaux. Lalargeur
de cette résonanceest 4 K;
on voit doncqu’elle
estproportionnelle
à l’intensité de lapertur-bation.
D’autre
part,
la différence des deux valeurspropres de H est
Vw2
1
i+ K2.
La condition(7)
s’écrit donc :Pour que les formules
(9)
ne cessentjamais
d’être(3) Par suite de l’orthogonalité des U 1 ,
d’où les résultats physiquement évidents :
a. La somme des populations des niveaux n’est pas modifiée par le champ perturbateur;
b. Si les populations sont égales à l’instant initial, elles le sont aussi à l’instant final.
valables,
même àrésonance,
il est nécessaire que :3. Cas de trois niveaux
E1 ~ ~2 ~
E. - Il estcommode
d’introduire
lesquantités :
ainsi que
L’hamiltonien à
diagonaliser
s’écrit,
à unmultiple
de la matrice unité
près :
. Nous posons
également :
On trouve :
avec :
Les coefficients tels
qu’ils
ont été définisdans
(6’)
s’en déduisent. On note d’ailleurs queC’lI2
(Cù)
=ocss
(- ~).
A titred’illustration,
lesfigures
iet 2 donnent les coefficients r:t..12 et en fonction
de Q dans le cas
particulier
oùK,
=K2
= K pourles valeurs
1, 3
et 1de f
..10 10 2 S
Qualitativement,
les coefficients ex,~3,
y ont uncomportement
remarquable
dans la limite où lesperturbations
K1, K2
sont suffisamment faibles. Si en effet :on constate l’existence de trois résonances bien
séparées
auvoisinage
des valeurs -253
correspond
àl’égalisation
despopulations
des niveaux voisins 1 f-~ 2. On retrouve, dans cettelimite,
les formules de la théorie à deux niveaux donnéesplus
haut,
lapopulation
du troisième niveau n’étantpratiquement
pas affectée. Autourde w == - 8,
on a une résonanceanalogue
entre lesniveaux voisins 2 ~-~- 3.
A ces deux « résonances
primaires » s’ajoute
unetroisième résonance autour de la valeur w = o,
correspondant
àl’égalisation
despopulations
1 ++ 3.En
effet,
dans la limite où ~o,Ki, K2 ~
2, les.équa-tions
(16)
s’écrivent :Ceci
peut
s’interpréter
comme une « résonancesecondaire » de
largeur
donc
plus
étroite que chacune des « résonancespri-maires » dont les
largeurs
sont4
K1
et4
K2
respec-tivement.Mathématiquement, chaque
résonancecorrespond
à une valeur de w où H est presquedégénéré.
Dans la limite oùKl
= K2
= o, les valeurs propres de H sont :/.q~-1-C~-~~ /~ === 0;
Elles deviennent deux à deux
égales lorsque b =
E, o, - ~respectivement.
Lorsque
lesperturbations
Ksont
petites
mais nonnulles,
iln’y
aplus
dégéné-rescence maisquasi-dégénérescence,
les valeursabsolues des
différences À1
-a~2,
)~1- ~~3, 1B2
-~3
passant
respectivement
par un minimum au lieu des’annuler;
ce minimum est de l’ordre de gran-deur de lalargeur
de la résonancecorrespondante.
Dansl’approximation (17) :
,
1 ~,l - À2
1
atteint la valeur minimum 2Ka
lorsque w =
E;~
~2 - ~~3 ;
atteint la valeur minimum 2K2
lorsque w = -
E;j
20131
atteint t la valeurlorsque w =
K’= ,
.2E
Notons,
enpassant,
que la condition(7)
estencore
plus
restrictive auvoisinage
de la «réso-nance secondaire »
qu’au voisinage
des «réso-nances
primaires
».Fig. 1. - Cas de trois niveaux avec
Kl = KZ = K.
Compor-tement du coeiHcient al2 en fonction de la fréquence w,
lorsque "
a23 s’en déduit par symétrie autour de l’axe des ordonnées.
Fig. 2. - Cas de trois niveaux avec
Ki = Ka = .F~.
Compor-tement du coefficient a13 en fonction de la fréquence w,
254
4. Cas
général.
-Lorsque
le nombre des niveauxest
plus grand,
le calcul exact des coefficients devient notablementplus
long.
Toutefois,
il estpossible
de faire une extensionsemi-quantitative
des cassimples
précédemment
traités dans la limite desperturbations
faibles.Soit
Ho
l’opérateur
obtenu en annulant tous lestermes non
diagonaux
de H. Engénéral,
si les Ksont suffisamment
petits,
les vecteurs et valeurs propres de H diffèrent peu de ceux deHa
et l’on a :Plus
précisément,
la méthode deperturbation
pré-voit pour(pour
fixer les idées nous supposons m > n et Em >EII)
la valeurapprochée :
D’ailleurs,
cetteexpression
n’est valable que si a"in ~1 (m -:;é n)
etcorrespond
à une faiblemodifi-cation des
populations
initiales par lechamp
per-turbateur. Elle cesse de l’êtrelorsque
l’unquelconque
des facteurs du dénominateur
s’annule;
de vio-lentes modifications depopulation
sont alorspos-sibles. Ceci se~
produit
pour desfréquences
voisinesde l’une des ‘~~ ~ lyT I ~ valeurs :
Lorsque Q = Qmn,
comme on va levoir,
lapertur-bation a pour effet
d’égaliser
pratiquement
lespopu-lations m f-~ n. Nous disons
qu’on
a une résonance« d’ordre
(m-n)
». On obtient une estimation de salargeur
en déterminant le domaine defréquences
où OLrzn donné par(19)
estsupérieur
à i, domaine oùla théorie des
perturbations
est endéfaut,
soit :On voit que, les « résonances » sont d’autant
plus
étroites que leur ordre estplus
élevé.Comme dans le cas des trois
niveaux,
lephéno-mène est
particulièrement
facile à décrire dans lecas où les termes
perturbateurs
K sont suffisammentpetits
devant les distances entrerésonances,
pour que lesN (!~’ 2 - I ?
résonances soient bienséparées.
Les valeurs propres et fonctions propres de H ont
alors un
comportement
remarquable
en fonction de5~,
lorsqu’on
traverse une résonance.io La différence entre deux des valeurs propres de H passe alors par un minimum
(en
valeurabsolue)
que l’on
peut
calculer ennégligeant
des termesd’ordre
supérieur;
on trouve une valeurprécisément
égale
à l’estimation de lalargeur
de la résonance donnée parl’équation (21);
20 Soient
)Y’,
les deux valeurs propresqui
deviennent très voisines au cours de la traversée
de la résonance La
différence 1. t) - J, J) devient très
petite
mais ne cessejamais
d’êtrepositive.
Endeçà
de larésonance,
comme
’
et sa fonction
propre
UU) est très voisine dem >
tandis que ~,(j) ^rE,, - n .0.
et safonctions propre est très voisine de n > ; au
delà,
~~(1) "-1 Ell - n Q et u’~ vient
pratiquement
secon-fondre avec 1 n >, tandis que u
/ s’approche
de m>. Les autres vecteurs propres sont peu affectés. Parsuite «""t croît
brusquement
de o à 1 2 environpuis
redevient très
petit
tandis que les autres coefficients a(non
diagonaux)
restent faibles.La résonance m ~--~ n se traduit donc bien par
l’égalisation
despopulations
P,,,, pn annoncéeplus
haut. Enfait,
laperturbation
induit alors des transitions de l’état m à l’état n danslesquelles
lesystème
absorbe ou émet(m--n)
quanta
à la fois. A cetégard,
leprésent
travail doit êtrerapproché
de la discussion deHughes
et Grabner[2]
concer-nant les transitions moléculaires à deuxquanta,
dont il est uncomplément
et unegénéralisation.
Les résultats obtenus ici sont en accord avec
l’in-terprétation physique
donnée par Brossel et al.[1]
]
concernant les
phénomènes
de « résonance double »et «
triple »
que ces auteurs observent. Pour des intensités deradiofréquence
sufl’isammentfaibles,
seules les « résonances
simples»
sontobservables,
les résonances d’ordre
supérieur
sonttrop
étroites pour être détectéesexpérimentalement.
Si l’onaugmente
progressivement
l’intensité,
les «réso-nances
simples » s’élargissent,
se recouvrent deplus
en
plus;
les niveauxayant
un voisin communpeuvent
être mis en communication et les « résonancesdoubles» ou « secondaires»
apparaissent
dans leszones de recouvrement, et ainsi de suite.
Dans toute cette
étude,
nous avonssupposé
quela condition
(7)
étaitremplie.
Dans lesexpériences
discutées au dernier
paragraphe,
lalargeur à T
de l’intervalle danslequel
varie letemps
deperturbation
peut
être déterminée àpartir
de la distribution(maxwellienne)
des vitesses des atomes dans lejet
de sodium. AT étant ainsidonné,
la condition(7)
impose
une limite inférieure aux 2V (N - 1)quanti-2
- À%>
1.
Comme nous l’avons vu, cesquan-tités
atteignent
leur minimum au passage de larésonance
qui
leurcorrespond,
minimum en groségal
à lalargeur
de ladite résonance. Au passaged’une résonance m +-> n de
largeur
Lmn,
la condition(7)
s’écrit donc :Si la résonance est
trop
fine pour satisfaire à(7’),
les termes oscillants de
l’expression (6)
neles coefficients ce, notamment (Xmm, ocm, et ne sont
plus
donnés par(6’);
enfait,
la résonance existetoujours
avec sensiblement mêmeposition
et mêmelargeur
mais la forme de la raie est différente etcesse, en
particulier,
d’êtreindépendante
de la duréemoyenne de la
perturbation.
Avec undispositif
expérimental
capable
de résoudre des résonancessuffisamment
fines,
il doit êtrepossible
de mettreen évidence de tels effets.
Nous tenons à remercier MM. J. Brossel et A. Kas-tler d’avoir attiré notre attention sur ce
problème,
et pour de nombreuses et fécondes discussions à son
sujet.
’Manuscrit reçu le 19 octobre 19 5 3. BIBLIOGRAPHIE.
[1] BROSSEL J., CAGNAC B. et KASTLER A. - J.
Physique
Rad., I953, 14.
[2] HUGHES V. et GRABNER L. -
Phys., Rev., I950, 79, 829.
INFLUENCE DE LA
RÉSONANCE
PARAMAGNÉTIQUE
SUR L’EFFETFARADAY ;
DISCUSSION D UN EXEMPLE.Par GUY
PAQUETTE,
Physics Department, University of British Columbia, Vancouver, B. C. (Canada).
Sommaire. - Une
théorie, proposée par Opechowski, donne le changement qui se produit dans la rotation paramagnétique de la lumière polarisée quand on introduit un champ magnétique de haute
fréquence perpendiculaire au champ magnétique non oscillant. Dans le but d’obtenir des renseignements plus détaillés sur ce changement, la théorie a été appliquée au cas du fluosilicate de nickel hexahydraté. Les résultats sont présentés pour le cas où T = I,9° K.
LE JOURNAL DE PHYSIQUE ET LE RADIUM. TOME 15, AVRIL
1. Introduction. - Comme l’a
indiqué
Kastler[1],
la rotationparamagnétique (effet Faraday)
duplan
depolarisation
de la lumièrevisible,
observée dansun sel
paramagnétique,
devraitchanger
considé-rablement sous l’influence de la résonanceparama-gnétique.
En d’autres mots,l’angle
de rotationchangera
si le selparamagnétique
considéré estsoumis à une radiation d’ondes ultra-courtes dont la
fréquence
correspond
à une transitiondipolaire
magnétique
entre les niveauxd’énergie
des ionsparamagnétiques responsables
de la rotationFaraday.
Une théoriegénérale
de cet effet a étéproposée
récemment par
Opechowski
[2],
qui
considère lecas
général
d’un milieu formé d’ionsparamagné-tiques,
danslequel
sepropagent
deux radiationsélectromagnétiques
defréquences
trèsdifférentes,
par
exemple
la lumière et unchamp
magnétique
dehaute
fréquence.
Sesrésultats,
dans le cas de l’effetFaraday,
peuvent
se résumer comme suit :Si nous
appelons
3Q§§
la correction due aux transi-tionsproduites
par lechamp magnétique
de hautefréquence
entre deux niveauxd’énergie a
et b de l’ionresponsable
de l’effetFaraday,
la rotation totale.0-b
sera donnée par(1)
(1) Les grandeurs (2 que nous appelons ici « rotations
Faraday » sont des vecteurs, définis, par exemple, dans le travail d’Opechowski [2].
~1 est la rotation
Faraday
en l’absence duchamp
magnétique
de hautefréquence.
Elle est obtenue par la sommesuivante,
opérée
sur tous les niveauxd’énergie :
où est la contribution du niveau n à la rotation
et
p§
est le facteur de Boltzmann :En est la valeur de
l’énergie
du niveau n.Le terme de
l’équation
(1)
est donné parCe terme est
proportionnel
à la différence des popu-lations des deux niveaux et aussi à la différence de leurscontributions
respectives
M/§
est un facteur donné parvu