A NNALI DELLA
S CUOLA N ORMALE S UPERIORE DI P ISA Classe di Scienze
D ENIS S ERRE
Équations de Navier-Stokes stationnaires avec données peu régulières
Annali della Scuola Normale Superiore di Pisa, Classe di Scienze 4
esérie, tome 10, n
o4 (1983), p. 543-559
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Equations
avec
données peu régulières.
DENIS SERRE
0. - Introduction.
Nous nous intéressons dans la
première partie
de ce texte(§ 1
et2)
àl’existence d’une solution
(u, p)
del’équation
de Navier-Stokes station-naire, lorsque
les donnéesf et q
sont peurégulières:
Nous supposerons que S~ est un ouvert borné connexe de R"
(n
= 2ou
3)
et que le bord 9D est une sous-variété fermée de codimension1,
declasse ~2. Les
composantes
connexes du bord sont notées0 k ~ N.
Rappelons
que(1
p+ oo) désigne l’espace
des(classes de)
fonctions réelles mesurables sur il dont la
puissance p-ième
estintégrable;
muni de la norme c’est un espace de Banach. L’en-
n
semble des éléments de
LP(Q)
dont les dérivéespremières (au
sensdes
distributions)
sontégalement
dans estégalement
un espace de Banach dont la norme estL’application
linéaire définie surCi(Q)
à valeurs dansqui
fait cor-respondre
à v sa restriction àaQ,
seprolonge
par continuité à enun
morphisme
noté y.L’image
de par y est notéé Pervenuto alla Redazione il 16 Marzo 1983.c’est un espace de Banach
lorsqu’on
le munit de la norme{0,,I=
InfIlvl1p.
?°D’autre
part, l’espace
des distributions sur Qqui
s’écrivent sous la formeest noté C’est un espace de Banach muni de la norme
De
plus,
on pose= -W’-,»(.Q)
n Ker y.Enfin,
si X est un espace deBanach,
on pose X = et on utilisera la même notation pour lanorme dans X et la norme dans X.
L’existence d’une solution de
l’équation
de Navier-Stokes est bien connue(Leray [1], Hopf[2]) lorsque f E W-l,2(Q),
et cp EWi,2(r)
et que les con-ditions suivantes sont vérifiées
(n(~)
étant la normale unitaire extérieure à 2S2 aupoint ~) :
Nous prouvons ci-dessous l’existence d’une solution de
l’équation
deNavier-Stokes
lorsque n/2 p 2,
les con-ditions
(1)
ci-dessus étant satisfaites. La solutionu(x)
se trouve dans leespace
auquel
on s’attend selon les résultats deCattabriga [3],
c’est-à-dire Enfait,
si u° est la solution duproblème
de Stokes linéaire dontles données sont
f
et cp, alors la différence u - u° se trouve dans un espaceWl,q(D)
avec q > p.La difficulté essentielle du
problème
est l’obtention d’une estimation apriori.
Pourcela,
il faut « détruire » le termenon-linéaire,
en deuxétapes.
Premièrement,
on construit un relèvement u*de f{J
àdivergence
nulle(Lemme 3)
tel que lechamp
u - u* soit solution d’uneéquation
de Navier-Stokes
homogène, perturbée
par le terme linéaire( u* ~ ~) ( u - u*) + (u - u*) . Vu*,
et dont le second membre est dans~ 1~ 2 ( SZ) .
Onapplique
ensuitela méthode de
Hopf,
avec unlégère
modification due au manque derégu-
larité de u*.
Cette méthode nous
permet
dans la deuxièmepartie
de l’article de traiterquelques problèmes
demécanique
des fluides pourlesquels
le bord dudomaine, qui
n’est pas nécessairement de classeC2,
estanimé
d’un mou-vement uniforme de translation ou de rotation.
Quelques exemples
sontdéveloppés
auxparagraphes
3 et4,
l’écoulement dans une cavité et le pro- blème deTaylor.
C’est M. T. B.Benjamin qui
a attiré notre attention surle fait que les résultats d’existence connus pour les
équations
de Navier-Stokes stationnaires
(cf.
parexemple [4])
nes’appliquaient
pas à l’écoule- ment deTaylor,
y et nous l’en remercions.Enfin,
nous considérons auparagraphe 5
leproblème
d’évolution. Onindique
comment le résoudrelorsque f E T ;
~ (o, T;
oùT)
estl’espace
des fonctionslipschitziennes
sur
(0, T).
Ceshypothèses peuvent
être affaiblies pour lesproblèmes
dela cavité et de
Taylor;
dans ces deux casIl semble que ces résultats ne soient pas
optimaux:
leshypothèses
suret
f,
trèsfortes,
sont dues à l’utilisation brutale de latechnique adaptée
au cas stationnaire.
1. - Existence.
THÉORÈME 1.1. Soient
JE
et cp E(n/2
p2) vérifiant
les conditions deflux
à travers lesparois:
Il existe une solution u E p E
Zp(SZ)
del’équation
de Navier-Stokes:De
plus,
si uOdésigne
la solution duprobt ème
de Stokesla
différence
u - uO est dans avec 1LEMME 1.2. S’il existe cn relèvement v E de cp
(i.e.
yv =cp),
à
divergence nulle,
et unepression nE
tels que -v dvi +
div(viv) + anlaxi
-fi
eW-l,r(Q),
1 i n etp ç
r2,
alors il existe un relève- ment W E àcdivergence nulle,
deQ,
et unepression fi
ELP(Q)
tels queDÉMONSTRATION DU LEMME 1.2.
D’après Cattabriga [3],
il existe unesolution
(v’,
E duproblème
de Stokes linéaire suivant:Posons
M?==~2013~ 7r==~2013~. Puisque r > p,
on a w E etjî e
Deplus:
Cependant, d’après
le théorème d’immersion deSobolev,
on aIl s’ensuit
ce
qui
prouve le lemme.LEMME 1.3. Il existeun relèvement à
divergence nulle,
de cp, et unepression
n* ELP(Q)
tels queDÉMONSTRATION DU LEMME 1.3.
D’après Cattabriga [3],
la solution(u°, po)
duproblème
de Stokes linéaire de donnéef
et cpexiste,
avecUO E po E
L?(Q) .
Alorsavec
En
appliquant
le Lemme 1.2 et en raisonnant parrécurrence,
on ob-tient une suite
(ui, p;)
d’éléments deWl,P(Q) X
vérifiant pouravec
Lorsque j
estégal
à lapartie
entière den(2 - p)/(4p - 2n),
on pose u* =Ul;
on a alors r,> 2,
cequi
prouve le lemme.Puisque
div u* = 0 et da = 0 pour tout0 k N,
il est connu.rà,
(Temam [4]) qu’il
existe un tel que u* = rot~.
Nous
appliquons
alors la méthode deHopf.
Soit =d(x, 3D)
ladistance de x au bord de
D. Hopf [2]
construit pour tout e > 0 une fonc- tionC2(17) jouissant
despropriétés
suivantes:i) 0 ~ 8E ~ 1
dansQ,
et0~
= 1 dans unvoisinage
deaD,
On montre alors :
LEMME 1.4. Soit u6 = rot
( o~~)
E ..Lechamp
u6 est un relève-ment à
divergence
nulle de S2. Deplus,
si e est assezpetit,
on a :DÉMONSTRATION DU LEMME 1.4.
L’espace
deschamps
de vecteurs de classe àsupport compact
est dense dansl’espace -W"(D).
Il suffitdonc de prouver
l’inégalité
pour ceschamps.
Par
intégration
parpartie,
y on a:Cependant, puisque
u-’ = rot(0~Ç)
etEnfin,
le théorème de Sobolev montre quepour
1 /ce = 2 -1/n (~)y
etl’inégalité
deHardy
entraîne(Temam [4]) IVi/e /2
On en déduit :
où
Pour e assez
petit,
on a donc~~/4~
cequi
prouve le lemme.FIN DE LA DÉMONSTRATION DU THÉORÈME 1.1.
Si {3
est un nombreréel > 0,
onpeut
trouver un et àsupport
com-pact
tel que~(l2013~2013~~.
Si on posey=rot~
on asupp y cc Q
etPosons
i~==M*2013y.
Si v E on a :Puis,
y avecDonc:
Choisissons fl
defaçon
quevl4
=v/2.
On aalors,
pour toutchamp v
de classeC2(D)@
àdivergence
nulle et àsupport compact,
et pour toutepression q
de classeIl est alors
classique
que pour tout second membre g EW-t,2(Q),
ilexiste une solution de
l’équation
de Navier-Stokesperturbée:
Et on a de
plus Lorsqu’on
choisiton a Si on pose u = v
+ v*,
où(v, q )
est la solution de(N - S. 1), et p
= q+ n*,
alors( u, p)
EWltP(Q) XLp(Q)
est une solutionde
l’équation
de Navier-Stokes dont les données sontf
et cp.Enfin : .
où =
2 /p - 2 /n, q
> p. Eneffet,
le terme le moinsrégulier
de la sommedu membre de droite est
u1 - uo, qui
est dans2. - Unicité et
régularité.
RÉGULARITÉ.
Supposons
que u, v sont deux solutions dans p >~/2,
del’équation
de Navier-Stokes. Enposant
w = v - u, on a:Ce
système,
le théorème de Sobolev et le théorème derégularité
deCattabriga impliquent
que si W E alorsPuisque p
>n/2
et so = p, on en déduit que w E pour toutPROPOSITION 2.1
et si u, v E sont de2tx solutions de
l’équation
deNavier-Stokes,
alorsv - u E pour tout s 00.
En d’autres
termes, l’irrégularité
d’une solution nedépend
pas de la solution choisie mais seulement des donnéesf
et p.UNICITÉ. On
peut prendre
leproduit
scalaire de lapremière équation
par w. On obtient:
Ici
est une norme sur
W’,’(12) équivalente
à celle induite parW1,2(Q),
etPar
l’inégalité
de Hôlder et le théorème deSobolev,
on a:Si bien que, si
Cs(Q)v,
on obtient~~
=0,
c’est-à-dire w = 0 et v = u.Cependant, d’après
le théorème d’inversion locale auvoisinage
de u = 0 dans et
d’après
les estimations deCattabriga,
il existe des constantesC4(Q)
ey telles que si~~ f ~~_~,9 v~ C4(~)
etil existe une solution de
l’équation
de Navier-Stokes vérifiant11u111tl):S Ce
De ce
qui précède,
on déduit:PROPOSITION 2.2
(Unicité).
Il existe des constantes07
etOs,
nedépen-
dant que de l’ouvert
Q,
telles que sin/2 p 2,
si v > 0 et silif ’1’207,
~cp~ 9
alors la solution u E del’équation
de Navier-Stokes estunique.
3. - Un
eacemple :
la cavité( n
=2).
Nous considérons dans ce
paragraphe
un flot stationnaire dans unouvert,
réunion dudemi-espace supérieur ~x2
>0}
et d’un domainepolygonal
dudemi-espace inférieur,
dont un côté estporté
par l’axe X2 = 0:La vitesse du fluide est donnée à
l’infini, parallèle
à l’axeOx1,
et onfait
l’approximation
suivante: la vitesse du fluide est constante( u
=e~)
dans ledemi-espace supérieur.
Deplus,
y on suppose que le fluide adhèreaux
parois
dupolygone.
Lesystème
à résoudre est alors:La condition du
bord, qui présente
une discontinuité depremière espèce,
n’est pas dans
l’espace WI/2,2(D) (mais
nous verronsqu’elle appartient
àpour tout
p 2) ;
lesystème
nepeut
donc pas être résolu directement. Suivant lepremier paragraphe,
nous cherchons une solutionde
l’équation
de Stokes :LEMME 3.1.
L’équation
de Stokes ci-dessuspossède
une solutionsunique
La démonstration du Lemme est donnée
ci-après.
Ce lemme et le théorème de trace
prouvent
que la condition au bordappartient
àn -W’-’/P,P(12).
La démonstration du Théorème 1.1 montre que la résolution duproblème
de Stokes fournit le relèvement(u*, ~*) - ( uo , po ) .
On en déduit:THÉORÈME
3.2. L’équation de
Navier-Stokes(N’ - S) possède
une solutionPREUVE DU LEMME 3.1. Soient
(r, 0)
le coordonnéespolaires
duplan,
centrées en A. On pose
et La fonction
Od
vérifie:Définissons alors
Il s’ensuit :
Remarquons
que et doncmême
On construit de même un
champ
et unepression
solutions de:
Soit alors (lA une fonction de classe
eOO(Q)
vérifiant ~~ =1 dans un voi-sinage
deA,
e(l  =
0 en dehors d’un secondvoisinage
de A ne rencontrant pas lapartie
BCD du bord. On choisit QBjouissant
des mêmespropriétés
à
partir
deB,
et on pose:Il est clair que si bien que
Posons alors Le
couple (u, p)
estsolution de
(S)
si et seulement si lecouple (v, q)
est solution de:Dans ce
système,
les données cpet g
sont dans ey Cesystème
admet donc une solution(v, q)
EXL2(Q).
Cequi
prouve le lemme.4. - Deuxième
exemple:
leproblème
deTaylor.
On étuide
l’équilibre
d’un fluide dans une sectioncylindrique
deR3,
définie en coordonnées
cylindriques
par.R1 r .R2 , - .L C z C Z.
Lecylindre
extérieur et les deux faces horizontales sontfixes,
tandis que lecylindre
intérieur est en rotation autour de son axe, avec une vitesse angu- laire c~(2).
On veut donc résoudre
l’équation
de Navier-Stokes avecDe même que dans
l’exemple précédent,
et onobtient:
THÉORÈME 4.1. Il existe une solution de la
équation
de Navier-Stokes suivante :(2) On
pourrait
aussi supposer que lecylindre
extérieur est animé d’un mou-vement de rotation uniforme de vitesse
angulaire
co’.On
peut
mettre l’ouvertsous la forme
Comme
précédemment,
la résolution del’équation
de Stokes linéaire fournit le relèvement(u*, n*)
du Lemme 1.3. Ce relèvement est en faitsous la forme u* =
v(r, z) ee,
n* =0,
où v est la solution duproblème:
Soit alors > une fonction vérifiant
au
voisinage
deA,
au
voisinage
de B et vo = 0 auvoisinage
de C et D.Posons = v - vo . Le
problème (~’) équivaut
à:Il est clair que la condition au bord du
problème ( S’ )
est declasse Cl( o.Qo) (elle
est nulle auvoisinage
dessommets).
D’autrepart,
le second membreappartient
àBI).
Auvoisinage
de A etB,
on a:Si bien que La méthode variationelle fournit alors une
solution w E
I(S),
bien que l’ouvert Q ne soit quelipschitzien
et non 2.On obtient de même l’existence d’une solution variationnelle à
l’équation
de Navier-Stokes
perturbée, grâce
à la méthode deHopf:
La solution
(z, p)
ainsi obtenue est dansWl,2(Q) xL2(D) .
La solution(u, p),
u = z+ u*,
del’équation
de Navier-Stokes vérifie doncCe
qui
prouve le théorème.5. -
Remarques
sur lesproblèmes
d’évolution.Considérons
l’équation
de Navier-Stokes d’évolution:THÉORÈME
5.1. et supposons que:Alors,
il existe une solutionfaible
del’équation
de Navier-,Stokes(C) vérifiant:
DÉMONSTRATION. On utilise la preuve du Lemme
1.3,
et on remarque quel’application (non-linéaire
saufsi ~ = 0 ) :
est de classe Coe. On
choisit y = [n(2 - p)/(4p - 2n)],
et on pose u* =ui,
n*
= p~. D’après i)
on a donc:On en déduit car
d’après
le théorème deSobolev
"
Posons
v = u - u*, q = p - ~~,
de sorte que leproblème (C) équi-
vaut au
système
suivant:La condition initiale vérifie a* E
L2(Q),
diva* =0,
a*. n = 0 sura,s2.
De sorte que
la multiplication
de(5.1)
par v donne formellement:Cependant,
avecSi bien que de
(5.5)
on déduit une estimation « apriori >>
de v dans.L°°(o, T;
r1L2(o, T; ~1~2(.~)~.
L’existence d’une solution de(C’)
estalors
classique,
parexemple
en utilisant la méthode de Galerkin(Te-
mam
[4]).
Cette solution vérifieIl est clair que
u = v + u*,
vérifientv)
etvii).
Enfin lesystème (C) montre
qued u/dt
vérifievi).
Cas
4n/(n + 4) p s
2. Ce cass’applique
auxexemples des §
3 et4, puisque
dans ces deux cas, p = 2 - E est arbitrairementproche
de 2.On
peut
alors réduire leshypothèses
de la manière suivante:THÉORÈME 5.2. Si
4~/(~-j-4)p~2y
et sif, cp, a vérifient i’), ii), iii), iv),
alorsl’équation de
Navier-Stokes(C)
admet une solutionfaible (u, p) vérifiant v), vi), vii).
DÉMONSTRATION.
Reprenons
la preuve du Théorème 5.1.Puisque 4n/(n + 4)
p, onpeut choisir j
= 0.L’application ( f, cp)
-~(ul, nl)
étantlinéaire,
on a(remarquons
queWl,2(0, T)
est un espace de fonctions con-tinues sur
(0, T)) :
L’existence d’une solution
(v, q)
duproblème (C’)
se déduit donc de lamanière habituelle.
BIBLIOGRAPHIE
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nonlinéaires et dequelques
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Über
dieAufangswertaufgabe für
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Math. Nachr., 4 (1951), pp. 213-231.
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North-Holland (1979).Université de Saint-Etienne Rue du Docteur Paul Michelon 42000