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Faits de géographie humaine dans le vallon de Zinal en corrélation avec la nouvelle route

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Academic year: 2022

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aux néophytes, épreuve analogue à celle que devaient subir « berser- kir » et « feinid ». Les « berserkir » Scandinaves, possédés d'une fureur extatique et vêtus d'une peau d'ours, se livraient à la violence et au désordre. De même, les « feinid » irlandais se groupaient en confréries régies par des règles très strictes et vivaient de razzias et de pillages rituels. Il est significatif que les Roitscheggeten ont passé au moyen âge pour une bande de brigands, ce qui les identifie mieux encore aux autres confréries d'hommes qui incarnaient le monde des esprits.

Puisque l'on admettait l'existence d'un système d'échanges entre le visible et l'invisible, il s'ensuivait que toute prise de butin par des représentants, souvent masqués et déguisés, des esprits ou des dieux, devait provoquer des contreprestations, c'est-à-dire la fécondité, la fer- tilité et la prospérité. Bien que ceci paraisse aujourd'hui paradoxal ou choquant, les Roitscheggeten, de même que les autres confréries de Suisse, exerçaient en fait une fonction religieuse essentielle en se livrant autrefois au pillage et, plus près de nous, en récoltant des dons plus ou moins volontaires.

Ainsi donc plusieurs traditions de notre pays perpétuent aujour- d'hui encore des rites que les populations lacustres pratiquaient déjà;

elles sont fragmentaires, mais en les comparant il est relativement aisé d'en vérifier l'authenticité et de reconstituer les croyances religieuses qui sont à leur origine. On remarque alors qu'elles s'apparentent aux rites classiques de la cryptie laconienne, des Lupercales et des Satur- nales, par exemple. C'est dire que ces traditions, aussi riches que celles d'autres régions d'Europe, mériteraient d'être mieux connues et mieux comprises.

F A I T S D E G E O G R A P H I E H U M A I N E D A N S L E V A L L O N D E Z I N A L

E N C O R R E L A T I O N A V E C L A N O U V E L L E R O U T E

par Ignace Mariétan

La route et le Vieux Chemin

Le vallon de Zinal comprend la partie supérieure de la vallée

d'Anniviers, depuis Ayer, dernier village habité toute l'année, jus-

qu'aux sommités des montagnes. Tout le fond du vallon d'Ayer à Zinal,

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est constitué p a r des schistes de Casana; à p a r t i r de Z i n a l ce sont des schistes lustrés avec, vers l ' e x t r é m i t é de la p l a i n e de B a r m a z , des interca- lations de roches vertes eruptives ( A u p h o t i d e s , P r a s i n i t e s , S e r p e n t i n e s ) . D e p u i s là, toutes les sommités sont constituées p a r le gneiss d'Arolla de couleur vert t e n d r e .

La désagrégation de ces roches, si diverses, a été très active a p r è s le r e t r a i t des glaciers q u a t e r n a i r e s : p a r t o u t des blocs et des cônes d'allu- vions en t é m o i g n e n t ; a u j o u r d ' h u i encore ce t r a v a i l c o n t i n u e , éboule- m e n t s spectaculaires de la G a r d e de B o r d o n , du fond de la p l a i n e de B a r m a z , du Boc-de-la-Vache.

Le village d'Ayer est situé sur u n e p e n t e exposée à l'ouest, la vue sur le R o t h o r n et le Besso est très b e l l e ; les sombres arêtes boisées des p r e m i e r s p l a n s m e t t e n t si bien en valeur la b l a n c h e u r des sommités.

Au d é p a r t d'Ayer le vieux c h e m i n descendait u n p e u p o u r éviter la forte p e n t e qui est au-dessus. La r o u t e suit l ' h o r i z o n t a l e . E l l e pénè- t r e tout de suite sur Les G r a n d s P r a z , gros cône d'alluvions construit p a r le t o r r e n t de Nava, rongé à sa base p a r la Navisence. A p r è s u n e p h a s e d ' a l l u v i o n n e m e n t active il y eut u n e p h a s e d'érosion, le t o r r e n t coule a u j o u r d ' h u i dans u n lit profond. Ce cône cultivé c o m p t e u n e q u a r a n t a i n e de granges-écuries. Le vieux c h e m i n , c o m m e la r o u t e , s'engage ensuite à travers u n amas de gros blocs, ce sont les restes évi- dents d'un é b o u l e m e n t . P e u t - ê t r e q u e l q u e s granges ont-elles été englou- ties ? avec le t e m p s , la légende s'est e m p a r é e de ce fait. On p r é t e n d q u ' i l y avait là le village de Venège et le c h â t e a u du b a r o n de la Coor.

Voici la l é g e n d e :

La sorcière Ravazés descendait de C r u i h a p o u r aller d e m e u r e r à Z a m p l a n p r è s de Mission; elle passa p a r Venège avec u n p e t i t r e n a r d b l e u â t r e q u i la suivait en guise de chien. La m a r m a i l l e du village se r u a sur le c o m p a g n o n de la sorcière. Celle-ci m a u d i t le village et alla d i r e à u n e de ses filles, m a r i é e là, de q u i t t e r p r o m p t e m e n t l ' e n d r o i t et de venir la r e j o i n d r e . La m ê m e n u i t l ' é b o u l e m e n t se p r o d u i s i t . Des aven- t u r i e r s ont t o u j o u r s p r é s u m é qu'il y avait b e a u c o u p de trésors sous ces éboulis. Sous u n e grosse p i e r r e , ils firent des fouilles, dit-on, ils t r o u v è r e n t u n e é n o r m e m a r m i t e si l o u r d e m e n t r e m p l i e de valeurs qu'il n e l e u r fut p a s possible de la r e t i r e r . U n e voix l e u r cria des profon- d e u r s : « Ça ne vous a p p a r t i e n t pas, il est a u x h é r i t i e r s du M o r q u e t B l a n c ».

C h e m i n et r o u t e descendent u n peu, q u i t t e n t la rive d r o i t e exposée aux c h u t e s de pierres, traversent la Navisence sur le P o n t d u Bois, ainsi n o m m é p a r c e q u ' i l était utilisé p o u r l'exploitation des forêts. Le

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nouveau pont est en pierres taillées, très élégant. Pour les murs de sou- tènement on a adopté le système cyclopéen, c'est-à-dire de gros blocs irréguliers, ce qui les harmonise bien avec le paysage. Le vieux chemin gravit ensuite une pente forte et inégale jusqu'à la chapelle de St- Laurent. Le route fait un long lacet vers le sud pour atteindre la cha- pelle, suivant une pente régulière.

Les formes du paysage de Motec sont déterminées par un gros éboulement, qui a barré la vallée, et provoqué à l'amont une plaine d'alluvions favorable aux établissements humains. Maisons d'habita- tions, greniers, granges-écuries se suivent le long du chemin. Sur la rive droite, le torrent de Barneusa n'a construit que le petit cône de Mijo- nette, ses matériaux ont été emportés par la Navisence. C'est à Motec qu'on a construit la première centrale de l'aménagement hydro-élec- trique d'Anniviers, avec un bassin de compensation. La route a cédé la place à ces installations, elle passe sur la rive droite par Pralong, équilibre la pente vers le hameau des Bouillettes.

Déjà depuis Motec et Pralong on aperçoit le gros barrage de la vallée, vers l'amont, par un ensemble de six cônes emboîtés. Le pre- mier est le plus important, la largeur a environ 600 m, il est formé par les alluvions du torrent entre Lirec et Arolec. Le deuxième, celui du torrent d'Arolec-Cottier ne fait qu'un avec le premier. Puis viennent les cônes du torrent de Cottier-Défechaz, moins actif, il eut cependant une forte coulée durant l'été 1957, après 28 ans de tranquillité. Celui de Péterec reste très actif, trois coulées en 1957, et enfin celui du tor- rent de l'alpe de Tracuit, moins important.

Toute cette énorme masse de cônes est sillonnée de lits anciens des torrents qui y ont exécuté une série de promenades. Le vieux che- min avait évité de les traverser vers la base parce que là ils sont plus profonds. La route, plus soucieuse d'établir une pente régulière, les franchit plus bas; avec des moyens mécaniques puissants on ne se laisse plus arrêter par les inégalités du sol. Elle passe sous le village de Zinal et se poursuit jusqu'au pont de Singline. Entre Pralong et le pont de Zinal la Navisence a rongé la base des cônes, son lit ne peut plus guère s'approfondir car il est encombré de gros blocs.

Equipement touristique

Les premiers Anniviards avaient pris la décision de mettre à mort

tout étranger qui pénétreirait dans leur vallée. Rien ne pouvait les dé-

tourner de cette attitude, puisqu'ils conduisirent le nain Zachéo vers

les glaciers pour le jeter dans une crevasse, malgré qu'il leur avait ap-

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porté le Christianisme. Avec le temps leurs idées ont évolué. Vers le milieu du 19e siècle, Zinal accueillit avec bienveillance les premiers alpinistes attirés par sa couronne de grandes sommités: Bieshorn, Weisshorn, Rothorn, Obergabelhorn, Dent-Blanche, Besso, Pointe de Zinal, Diablons. Zinal offrait aussi à ses visiteurs une grande variété de promenades et d'excursions, dans une nature alpestre de toute beauté, à peine modifiée par les hommes.

La première auberge de Zinal date de 1856, gros chalet de deux étages, construit en bois de mélèze, orienté vers le sud, à la recherche du soleil; il est encore là, utilisé par deux familles; il comprenait quel- ques petites chambres avec des lits à deux étages, qui eurent l'hon- neur de loger des célébrités suisses et étrangères. Il était tenu par M.

et Mme Epiney; la table était simple, on y mangeait de bon appétit les produits de la vallée; dans les jours exceptionnels on servait du chamois, de la marmotte. Ouvrons le premier registre, la première inscription a eu lieu le 16 juin 1856, celle du Dr Rossier fils, de Vevey, avec le guide Samuel Genoud, ils vont au glacier d'Ar Pitetta.

1859, ce sont Albert Daval, forestier, Emile Burnat et son frère, Alfred Dumont, peintre, venus d'Evolène avec le guide Daniel Gay de Martigny.

1863, Hermann Quenselle, juge au tribunal de Hildersheim, se ren- dant à Evolène avec le jeune guide Baptiste Peter, d'Ayer.

1864, première apparition d'Edward Why*iper, il venait de Sierre et se rendait à Zermatt. Première ascension du Rothorn depuis Zinal par Leslie Steffen, Grove, avec les guides Melchior et Jacob Ande- reggen, de Meiringen. Première ascension du Grand-Cornier par Whym- per avec le guide Biner, de Zermatt.

1865, Whymper, avant de se rendre à Zermatt, arrive à Zinal venant de Tourtemagne par le col de Forclettaz, avec Lord Douglas; ils s'en- traînent aux environs de Zinal, avec le guide Taugwald, font l'ascen- sion de l'Obergabelhorn. Quelques jours plus tard, Douglas, Hudson, Hadow et le guide Michel Croz tombent au Cervin, Whymper, Taug- wald et son fils survivent.

1867, la petite auberge reçoit le fils de l'ex-roi Louis-Philippe, accompagné de sa femme, venant d'Evolène.

1867, l'illustre géologue Ulrich laisse le souvenir de son passage

avec le professeur Wolff, de Sion, et le forestier Antoine de Torrenté,

fondateur de la section Monte-Rosa du Club alpin. Le 31 juillet arrive

John Tyndall, célèbre physicien et glaciologue, avec Carl Brenner, de

Bâle, futur président de la Confédération.

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1868, signature de G l a d s t o n e ; 1871, p r e m i è r e m e n t i o n d ' E m i l e Javelle avec J e a n M a r t i n et E l i e P e t e r ; 1879, signature d ' E u g è n e R a m b e r t .

1888, passage du j e u n e alpiniste a l l e m a n d Georg W i n k l e r : p a r t i seul, il n e revint pas. Ses restes ont été retrouvés au front du glacier du Weisshorn en 1956. Arrêtons-là ces notes.

O n construisit l'hôtel D u r a n d , plusieurs fois a g r a n d i , p u i s ceux des D i a b l o n s , du Besso, le N a t i o n a l , les pensions de l a P o s t e et de Zinal.

Des chalets de séjour furent aménagés ou construits. La station c o n n u t b i e n des difficultés, le vieux c h e m i n , m ê m e amélioré, r e n d a i t les com- m u n i c a t i o n s difficiles et coûteuses.

La r o u t e ouvre u n e ère nouvelle, ses bons effets se sont déjà ma- nifestés en 1957. D ' a u c u n s rêvent de faire de Zinal u n e g r a n d e station d'été et d'hiver avec u n téléférique au Roc-de-la-Vache et m ê m e à l a c a b a n e de T r a c u i t ou à l ' a l p e de Sorrebois. Ils n e s e m b l e n t pas se ren- d r e c o m p t e q u e la t o p o g r a p h i e du vallon aux pentes si raides, si expo- sées a u x avalanches, et si p e u ensoleillées en hiver, se p r ê t e m a l p o u r u n d é v e l o p p e m e n t i m p o r t a n t du ski. T o u t en c h e r c h a n t à s'améliorer dans u n e sage m e s u r e , la station devrait ê t r e attentive à g a r d e r son c a r a c t è r e a c t u e l : station t r a n q u i l l e , accueillante p o u r le6 amis de l a n a t u r e et de l a m o n t a g n e , r e c h e r c h e a n t le sport si h y g i é n i q u e de la m a r c h e , c o m p r e n a n t c o m b i e n il l u i est u t i l e de conserver intacts ses b u t s d'excursion d u Roc-de-la-Vache et de la c a b a n e de T r a c u i t , ils sont p a r m i les p l u s b e a u x q u ' o n puisse rêver. Les ouvrir à la foule de ceux q u i n e c o m p r e n n e n t r i e n à la m o n t a g n e serait c o n t r a i r e à ses vrais intérêts. Les stations q u i p e u v e n t offrir à l e u r s h ô t e s u n e telle atmos- p h è r e de distinction et de s i m p l i c i t é d e v i e n n e n t rares et seront de p l u s en p l u s appréciées p o u r c o n t r e b a l a n c e r les effets de la vie m o d e r n e des villes. L'esprit de c o m m e r c i a l i s a t i o n à o u t r a n c e q u i s'est e m p a r é de nos grandes stations valaisannes n ' a p a s a t t e i n t Zinal. On espère q u ' o n saura s'en préserver.

O n m e p e r m e t t r a b i e n d'ajouter q u e l q u e s conseils dictés p a r m o n a t t a c h e m e n t à la station de Zinal, ils p o r t e n t sur des détails, mais ils ont l e u r i m p o r t a n c e .

O n n ' a p r e s q u e r i e n fait j u s q u ' i c i p o u r a m é l i o r e r les c h e m i n s et les sentiers q u e suivent les h ô t e s de Z i n a l ; ils constituent p o u r t a n t la grosse p a r t de la clientèle de la station. Voici u n e x e m p l e : sur la rive d r o i t e de l a vallée d u R h ô n e , on a créé u n n o u v e a u sentier p o u r piétons, e n t r e l a gare d ' H o h t e n et le village de L a l d e n , sur 18 k m . P e n d a n t l'été 1963, 30 000 personnes environ ont suivi ce sentier.

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Un p o i n t i m p o r t a n t est d'éviter les a u g m e n t a t i o n s exagérées des p r i x des t e r r a i n s susceptibles de servir comme t e r r a i n à b â t i r , sinon on paralyse l e u r d é v e l o p p e m e n t .

J ' a i r e m a r q u é avec plaisir que la p l u p a r t des h a b i t a n t s du pays se c o m p o r t e n t b i e n à l'égard des étrangers, ce q u i est très a p p r é c i é . I l y a m a l h e u r e u s e m e n t des exceptions. S'ils causent des dommages en m a r c h a n t dans les prés, q u ' o n les avertisse p o l i m e n t , ils ne savent pas.

Q u ' o n leur p e r m e t t e de cueillir des petits fruits sauvages, des c h a m p i - gnons. Si les relations e n t r e les m o n t a g n a r d s et les citadins qui viennent en séjour sont b o n n e s et c o m p r é h e n s i b l e s on a u r a fait b e a u c o u p p o u r a t t i r e r u n m o n d e s y m p a t h i q u e . Il i m p o r t e b e a u c o u p de conserver le c a r a c t è r e de la clientèle actuelle, q u i est b o n n e , et de ne pas a t t i r e r des personnes qui n e c o m p r e n n e n t pas la m o n t a g n e et y v i e n n e n t p o u r s'amuser.

Que les efforts conjugués des dirigeants, des hôteliers, de la société de d é v e l o p p e m e n t , du consortage t e n d e n t tous vers u n seul b u t : p l a i r e . P l a i r e aux hôtes fatigués qui v i e n n e n t d e m a n d e r à Zinal le silence et le r e p o s d o n t ils ont besoin, p l a i r e a u x automobilistes du weekend, c o m m e aussi a u x c a m p e u r s et a u x piétons, aux groupes de j e u n e s , afin q u e tous e m p o r t e n t le m e i l l e u r souvenir de leur passage, p a r c e q u ' o n n e les a u r a pas considérés c o m m e des clients « taillables et corvéables à m e r c i ».

Aménagement hydro-électrique

I l c o m p r e n d u n e c e n t r a l e à Motec, a l i m e n t é e p a r les e a u x d u bassin d ' a c c u m u l a t i o n de Moiry et p a r celles de B a r n e u s a et T o u r t e m a g n e , u n bassin de c o m p e n s a t i o n , p u i s les centrales de Vissoie et de C h i p p i s . Ces grands t r a v a u x , avec les voies d'accès qu'ils exigeaient, o n t eu déjà d ' i m p o r t a n t e s répercussions économiques et h u m a i n e s . Ils ont doté la vallée d ' u n e b o n n e r o u t e , b e a u c o u p de paysans ont profité de ces occa- sions de travail. Les c o m m u n e s ont reçu et recevront c h a q u e a n n é e des redevances i m p o r t a n t e s q u i l e u r p e r m e t t r o n t d ' e n t r e p r e n d r e des tra- vaux utiles.

U n e inégalité se p r o d u i t e n t r e les c o m m u n e s vivifiées p a r les chan- tiers et le t o u r i s m e d o n t elles bénéficient d i r e c t e m e n t et celles qui se t r o u v e n t privées de ces ressources. Les amis d'Anniviers é p r o u v a i e n t du plaisir à traverser le p l a t e a u de Motec, le long de la Navisence vive et j o y e u s e ; ces maisons et ces granges échelonnées tout au long du che- m i n é t a i e n t si bien h a r m o n i s é e s avec la n a t u r e , rien n e d é t o n n a i t . Ils ont été effrayés p a r les bouleversements des t r a v a u x ; a u j o u r d ' h u i , ils

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se rassurent un peu, tout rentre dans l'ordre; on ne retrouvera pas le même cachet primitif, il y aura tout de même une certaine beauté de caractère industriel.

Le vallon de Zinal n'est pas touché par l'aménagement hydro- électrique. La plaine de Barmaz se prêterait fort bien pour un gros bassin d'accumulation, mais la masse d'alluvions s'oppose à la cons- truction d'un barrage, il n'y a pas de verrou. La gorge de Vichesso serait favorable mais, à l'amont, la vallée se resserre et la retenue serait moins importante. Captera-t-on un jour les deux Navisences au sortir des glaciers pour augmenter la production de la centrale de Motec ?

Evolution de l'agriculture

Un ancien consortage de Zinal englobe tout le vallon depuis la cha- pelle de St-Laurent jusqu'au sommet; il possède les forêts, des ter- rains de parcours, la chapelle, le bâtiment de la Poste. On connaît ses satuts de 1571; déjà alors le souci d'avoir la nourriture suffisante pour le bétail est évident, on le retrouve lors de l'élaboration des statuts en 1903. A cette époque la population avait augmenté, on avait établi des mayens jusqu'aux endroits les plus écartés, même jusqu'à 2 100 m.

Vers 1900, les Usines d'Aluminium de Chippis ouvrent leurs portes, peu à peu nombre d'Anniviards vont y travailler. Vers 1920, on com- mence à abandonner les mayens les plus écartés comme Les Chex, Choha, Tsanta merla; d'autres sont acquis par les pâturages comme ceux de Coutha de Maya, du Barmé, Barmaz, Zapec, Lourtic, les Ma- rettes et la Rochat. Le mouvement s'est poursuivi jusqu'à aujourd'hui:

on descend une partie du foin dans la vallée sans se soucier de l'amai- grissement du sol, il en est même qui ne fauchent plus leurs prés. L'irri- gation a été abandonnée depuis longtemps. La population de la vallée a passé de 2 238 en 190 à 1 339 en 1950. C'est le déclin de l'agriculture.

La route survient à une période de transition vers un nouvel équi- libre humain. Pour l'assurer il faudrait résoudre le cas des petits pro- priétaires de trois, quatre vaches restés fidèles à la terre, mais qui ne peuvent plus vivre convenablement. Une modernisation et une mécani- sation s'imposent. La commune d'Ayer étudie des projets de remanie- ments parcellaires.

Le village de Zinal comprend le quartier des hôtels et du com-

merce, au début, puis les petits chalets de mayens et les granges-

écuries qui se suivent sans trop d'ordre le long du vieux chemin. La

route déploie le ruban de ses courbes harmonieuses au gré des formes

du terrain; elle passe heureusement en dessous des constructions pour

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respecter l e u r silence. On espère q u e son influence sera h e u r e u s e , en facilitant les t r a n s p o r t s , et q u e l'esprit de t r a d i t i o n n a l i s m e des Anni- viards, q u i fut si vivant dans le passé, les sauvera.

E n 1962-1963, on p e u t déjà faire des constatations i n t é r e s s a n t e s : les h ô t e s de Zinal q u i v i e n n e n t p o u r u n séjour garent leurs autos p r è s des hôtels. Ceux q u i n e v i e n n e n t q u e p o u r u n ou deux j o u r s n e s'arrê- t e n t p a s au village, mais vers le p o n t de Singline, ou vers le t o r r e n t d u B a r m é , ou encore, m ê m e sans r o u t e , ils a t t e i g n e n t l ' e x t r é m i t é sud de la p l a i n e de B a r m a z , d'où ils p e u v e n t faire des excursions vers le Mun- tet. Les alpinistes font de m ê m e . La t e n d a n c e générale est d'aller le p l u s loin possible, p o u r se r a p p r o c h e r des grandes m o n t a g n e s et trou- ver de la n a t u r e sauvage, glaciers et rochers.

'}

NOTES DE SCIENCES NATURELLES SUR VISPERTERMINEN,

VAL DE FERRET ET MONT-CHEMIN

par Ignace Mariétan

I. — VISPERTERMINEN

Causerie donnée à la réunion de la Murithienne le 19 mai 1963

E n m o n t a n t de Sion à Viège en a u t o c a r nous avons vu l ' é n o r m e q u a n t i t é d'alluvions d e couleur j a u n â t r e (Corgneule) p r o v e n a n t du c i r q u e de l ' I l l g r a b e n . C'est en 1962 q u e cette masse s'est a c c u m u l é e , envahissant la r o u t e c a n t o n a l e , et e m p o r t a n t le p o n t . Les e a u x d u R h ô n e é t a n t captées à la Souste ne p e u v e n t plus les é v a c u e r ; il a fallu de gros t r a v a u x p o u r creuser u n n o u v e a u lit et refaire le p o n t .

A Viège, l ' e n t r é e de la vallée est de p l e i n p i e d ; la puissance de cette rivière q u i dépasse celle d u R h ô n e l'a r a c c o r d é e à celle du R h ô n e . L e g r a d i n de confluence p o u r les Vièges de Saas et de Z e r m a t t se t r o u v e à Stalden. E n t r e Viège et V i s p e r t e r m i n e n l a constitution géologique des t e r r a i n s est très c o m p l i q u é e . A p a r t i r d e Stalden, les d e u x vallées e n t r e n t dans des roches cristallines très dures, d'où la déclivité des versants est telle qu'elle exclut à p e u près c o m p l è t e m e n t les établissements h u m a i n s . Ceux-ci se sont placés sur les cônes de dé- j e c t i o n , au fond des vallées.

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