A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
C ONSTANTIN W ORONETZ
Mouvements des fluides en couches minces sur des surfaces courbes
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 3
esérie, tome 26 (1934), p. 1-64
<http://www.numdam.org/item?id=AFST_1934_3_26__1_0>
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MOUVEMENTS DES FLUIDES EN COUCHES MINCES
SUR DES SURFACES COURBES
Par M. CONSTANTIN WORONETZ
PRÉFACE
La théorie
générale
des mouvementsplans
des fluidespeut
être facilement éten- due aux cas des mouvements sur des surfaces courbes,l’épaisseur
de la couche fluide étantsupposée
uniforme et trèspetite,
parrapport
au rayon de courbure de la sur-face. Les
premiers
essais dedéveloppement
d’une tellethéorie,
aupoint
de vue desapplications électro-magnétiques,
ont été faits parBoltzmann (27)
etKirch,hoff (28).
Nous
donnons,
dans lepremier Chapitre
de cet ouvrage, unexposé général
decette théorie,
ensuivant,
dans seslignes principales,
le cours de M. H.Villat,
pro- fessé à la Sorbonne enr g32.
On sait
quel
rôleimportant joue
la théorie des variablescomplexes
dans l’étudedes mouvements
plans
des fluides. Les travaux de Beltrami(3) permettent
d’étendrecette théorie au cas du mouvement sur des surfaces courbes. Nous
appliquons
lesformules établies par
Beltrami,
pour utiliserquelques analogies évidentes
entre lesdeux mouvements. Ces
analogies permettent
de ramenerchaque problème
du mou-vement sur des surfaces courbes au
problème correspondant
du mouvementplan.
Il suffit de réduire l’élément linéaire de la surface à la forme
d’envisager
deux fonctionscomplexes
Z =u + iv
et z = x +iy
sur la surface etdans le
plan,
et d’effectuer lareprésentation
conforme de la surface sur leplan,
enposant
Z = z. Considérons deux mouvements : un sur la surfacecourbe,
l’autredans le
plan
z. La fonction ~(u, v)
devient une fonction connue de x et de y. Leslignes
de courant et leslignes équipotentielles,
si ellesexistent,
conservent les mêmeséquations
dans les deux mouvements.Quant
auxvitesses,
elles seront dansle
rapport
t : X.Fac. des Sc.. 3° série, t. XXVI. -
~
i
2
Il est évident que, si le coefficient h est constant, les deux mouvements ne diffè- rent
guère.
Ce cascorrespond
au mouvement sur des surfacesdéveloppables
etpeut
être étudié par les méthodes habituelles.Dans le cas
général
À est une fonction connue de u et de v, ou de x et de y.Il y a deux
problèmes
àdistinguer.
Si les conditions aux limites ne contiennent pas des restrictions relatives à lavitesse,
il suffit de résoudre leproblème correspondant
dans le
plan
et passer auproblème
sur la surface courbe par unsimple changement
des variables x et y en u et v. .
Dans le cas contraire, il est nécessaire de
changer
les données duproblème plan,
de telle sorte,
qu’après
le passage auproblème
sur la surfacecourbe,
les conditionsaux limites soient satisfaites.
Dans les
Chapitres
II et III nous étudions un mouvement discontinu sur la sur-face d’un
cylindre
circulaire. Lesillage
estformé,
dans lepremier
de cesChapitres,
par,un domaine d’eau morte, limité par des
lignes
deglissement
aux vitesses cons-tantes. Dans le second
Chapitre,
cesillage présente
une zonetourbillonnaire,
analo- gue à celle de la théorie d’Oseen.Ces
problèmes
ne sont pas seulement uneapplication
de la théorieexposée
anté-rieurement, mais ont un sens
beaucoup plus large.
Ilspermettent
d’éclaircirquelques singularités, qui apparaissent
dans l’étude du mouvement discontinu d’unemasse fluide indéfinie. Les difficultés que rencontrent les théories de la résistance des fluides,
ayant
recours à dessillages indéfinis,
sont bien connues. Les deuxhypo-
thèses : de l’existence des
sillages
indéfinis et de la permanence du mouvement, sont difficilementcompatibles
et conduisent souvent à des contradictions. Nousn’analy-
sons pas ici ces théories en détail et renvoyons, à ce
sujet,
à notreMémoire,
paruen
1932 (5).
,M. D.
Riabouchinsky (12)
aindiqué qu’on pourrait échapper
à ces difficultés enadmettant que le courant forme un circuit fermé. On
peut
supposer, parexemple, qu’un
solide se trouve dans un volumefluide, ayant
la forme d’un tore. En augmen-tant indéfiniment les dimensions du tore, on passe à un mouvement de fluide indé- fini autour d’un solide.
Nous
développons
cette idée deRiabouchinsky
dans un casparticulier
où lesobstacles se réduisent aux deux
segments
dedroites, parallèles
à lagénératrice
ducylindre,
etsymétriques
parrapport
à une de sesparallèles.
Nousdistinguons
icideux
problèmes
différents : celui dessillages
extérieurs ouverts et celui dessillages
intérieurs fermés.
Ces
problèmes peuvent
être résoluscomplètement
en fonctionselliptiques.
Envariant les
paramètres,
onpeut
choisir arbitrairement lalongueur
dessegments
etleur distance mutuelle. On passe facilement au
problème plan
enaugmentant
indé- finiment le rayon ducylindre.
Les valeurs limites desparamètres correspondent
auxpositions
limites de deuxsegments.
Deux cas ont un intérêt
particulier :
celui où la distance mutuelle de deux seg- ments devient nulle et celui où elle estégale
à 2~cr. Ces deux cas limites sont lesseuls où les deux
segments
se confondent et le mouvement seproduit
autour d’unseul
segment.
On ne retrouve pas ainsi les formulesclassiques
de Kirchhoff etd’Oseen,
mais on obtient deux mouvements trivials : celui d’un courant contournant unsegment
de droite et celui où lesillage
est limité par deux cerclesparallèles
surla surface du
cylindre.
Il en résulte que les
problèmes,
étudiés par Kirchhoff et par Oseensupposent implicitement
un deuxièmeobstacle, symétrique
aupremier,
surlequel
se referment tles
lignes
deglissement.
Cetobstacle,
restant dans notreproblème
sur la surface decylindre
à une distance finie,s’éloigne
à l’infini dans le cas du mouvementplan, quand
le rayon ducylindre
croît indéfiniment.Le dernier
Chapitre
de cet ouvrage est consacré aux recherches dessillages
surdes surfaces courbes non
développables.
Les conditions aux limites deproblème plan correspondant
sont distinctes de celles duproblème plan classique.
Les vitesses lelong
deslignes, correspondant,
sur leplan,
auxlignes
deglissement
sur lasurface,
ne sont
plus
constantes, maisproportionnelles
à a(x, y).
On est
amené, ainsi,
à la recherche d’une frontièred’après
les donnéesqu’elle porte.
C’est unproblème,
formulé parRiabouchinsky (21),
inverse à ceux deDirichlet et de Neumann. Nous
n’envisageons
pas ceproblème
dans toute sagénéra- lité,
maisappliquons
uneméthode, développée
parSignorini (23)
et Demtchenko(24), permettant
l’étude dequelques types particuliers
de ceproblème.
Introduisons un
demi-plan supérieur t
= t’ + if". La méthode mentionnée estapplicable
dans le cas où la vitesse sur la frontière cherchée est une fonction connue de la variable t’. Ce n’est pas le cas dans notreproblème,
car on connaît ~ commefonction de x et de y, mais non de t’ et de t". Cette difficulté
peut
êtresurmontée,
si À est une fonction connue, peu différente d’une valeur constante, que l’onpeut toujours
réduire à l’unité. Ce cascorrespond
au mouvement sur une surface courbe.voisine d’une surface
développable.
,Nous donnons une méthode
générale, permettant
de trouver deproche
enproche
les solutions
approchées
de ceproblème.
Nous poussons les calculsjusqu’au
boutdans un
exemple,
où la surface courbe est une surface derévolution,
voisine d’uncylindre
circulaire.Nous
indiquons, ensuite,
que la même méthodepeut
êtreappliquée
dans l’étude des variations deslignes
deglissement,
dues à des déformations des obstaclesimmergés.
Nous trouvons, par cetteméthode,
leséquations approchées
deslignes
deglissement
dans un casparticulier,
où l’obstacleprésente
un arc ducercle,
dont lerayon est
très grand.
CHAPITRE 1
Sur les
analogies
entre lesmouvements plans
des fluideset les mouvements sur des surfaces courbes.
§1.1.
Généralités.Considérons un courant fluide
d’épaisseur
uniforme, trèspetite, glissant
sur lasurface d’un corps de forme
quelconque.
Les coordonnéesrectangulaires
x, y, zd’un point
de la surface étant des fonctions des deuxvariables
u et v, on obtientl’expression
d’un arc de courbe tracée sur la surface sous la formeavec
Si les coordonnées
curvilignes
u et v sontrectangulaires,
F estégal
à o etDésignons
par q lavitesse, par u’
et v’ les dérivées de u et de v parrapport
au
temps t,
et par u, v lesprojections
de la vitesse sur les directions v = Cte et Cte. On a évidemment’
et le tourbillon 2 Q aura
l’expression
Les
équations
du mouvementpeuvent
être mises sous la formeoù -
désigne
lepotentiel
de la forceextérieure,
p la densitésuperficielle
dufluide et p la
pression.
Si la densité n’est pas constante il fautremplacer p 03C1
par
dp 03C1
.L’équation
caractérise le mouvement irrotationnel. En introduisant le
potentiel
de vites-ses 03C6
(u, v),
onpeut
mettre lesprojections
il et v de la vitesse sous la formeIl est facile de
généraliser
d’unefaçon analogue l’équation
de continuité. Enappliquant
les mêmesraisonnements,
que dans le cas du mouvementplan
dufluide,
on obtient cette
équation
sous la formeSi la
densité?
est constante,l’équation (3)
devientDans ce cas les
projections
u et v de la vitessepeuvent
être mises sous laforme
où W
(u, v)
est la fonction de courant.Les deux
fonctions 9
et W satisfont auxéquations
.que l’on obtient en
portant
lesexpressions (2)
et(4)
dans leséquations (3’)
et( i ).
Ces
équations présentent
unegénéralisation
del’équation
deLaplace.
~
f. 2. Coordonnées isothermes.Toutes les fois que l’élément linéaire d’une surface
peut
être ramené à la formeoù ),,2 est une fonction de u et de v, on dit que les courbes u = Ct° et v = Cte forment un réseau isotherme ou
isométrique.
Lapremière
dénomination est emprun- tée à la théorie de la chaleur et laseconde, due
à Bonnet,s’explique
par lefait,
que la surface est divisée en carrés infinimentpetits
par les courbes u = Ct° et v = Cte.La démonstration de ce théorème
classique
estévidente,
ainsi que la démonstra- tion(1)
du théorème inverse : tous lessystèmes
de coordonnéescurvilignes
rectan-gulaires, qui
divisent la surface en carrés infinimentpetits,
donnent à l’élémentlinéaire de la surface la forme
(5).
L’introduction des coordonnées isothermes
permet
de résoudre leproblème
de lareprésentation
conforme d’une surfacequelconque
sur leplan.
Ce fait a unegrande importance
pour nous, car il donne lapossibilité
de réduirechaque problème
dumouvement sur une surface courbe à un
problème correspondant
du mouvementplan.
On connaît de beaux travaux sur les diverses méthodes dereprésentation
dessurfaces sur le
plan;
il suffit de noter, parexemple,
ceux deLagrange,
d’Euler et deGauss,
serapportant
à la théorie des cartesgéographiques.
L’élément linéaire du
plan ayant
la formeon voit
qu’il
estimpossible
d’effectuer lareprésentation
d’une surfacequelconque
sur le
plan
en conservant leslongueurs
des arcs, sauf dans le cas où la surface estapplicable
sur leplan.
Dans ce cas l’élément linéaire de la surfacepeut
être ramené à la formeDans le cas
général,
on s’est borné à établir un mode dereprésentation
oùles éléments infiniment
petits, qui
secorrespondent
sur les deux surfaces, sont sem-blables. Si l’on
applique
les coordonnéesisothermes,
on aura entre les éléments linéaires de deux surfaces la relationd’où,
en considérant sur l’une d’elles unerégion
assezpetite
pour que l’onpuisse négliger
la variation dei,,
on verra que leslignes correspondantes,
tracées sur lesdeux
surfaces,
seront dans unrapport
constant. Parconséquent,
deuxtriangles
cor-respondants
infinimentpetits
seront semblables et lesangles
se conserverontquand
on
passera
d’une surface à l’autre.Il en résulte que, pour effectuer la
représentation
d’une surfacequelconque
surle
plan
en conservant la similitude des éléments infinimentpetits,
il suffit de rame-ner l’élément linéaire de la surface à la forme
c’est-à-dire il suffit de trouver un
système
de coordonnées isothermes sur lasurface.
La recherche des
systèmes orthogonaux
et isothermes sur une surface réelle est unproblème
bien connu(2).
Il suffitd’intégrer complètement l’équation
ds~ = o r.
que l’on
peut
écrire sous la formeavec
Soit
les
intégrales
de cetteéquation.
Enposant
on obtient l’élément linéaire de la surface sous la forme cherchée.
On
voit, donc, qu’il
existe surchaque
surface une infinité desystèmes orthogo-
naux et isothermes.
Notons,
que la connaissance d’un seulsystème
ut et v, entraîne celle de tous les autres, donnés par les formules :ou
SI. 2 [.
Exemple.
’
’
Appliquons
la théorieprécédente
à une classe desurfaces,
dont nous nous occu-perons dans la
plupart
dequestions
traitéesplus
loin. Considérons les surfaces derévolution, données,
dans les coordonnéessphériques
r, 6, (0 parl’équation
L’élément linéaire d’une telle surface a la forme
En
posant
on obtient
où le coefficient
devient une fonction de u seulement. Ce coefficient
peut
être constant seulementdans le cas d’un
cylindre
circulaire oùOn voit que dans le cas des surfaces de révolution ce sont les méridiens et les
parallèles qui
forment un réseau isotherme et l’onpeut représenter
une telle surfacesur le
plan
en faisantcorrespondre
auxpoints
u, v de lasurface,
déterminés par les formules(6),
lespoints
x, y duplan.
On obtient ainsi uneprojection
nomméeprojection
de Mercator, où lesméridiens,
faisant desangles égaux,
serontreprésen-
tés par des droites
parallèles équidistantes,
et lesparallèles
par des droites perpen- diculaires auxprécédentes.
3.
Applications
des coordonnées isothermes à l’étude des mouvements fluidessur des surfaces.
Les
formules,
que nous avons données au début de ceChapitre, peuvent
êtresimplifiées
essentiellement parl’emploi
des coordonnées isothermes. Ensupposant
l’élément linéaire de lasurface
donné sous la forme’
on obtient pour les
projections
de la vitesse sur les directions u et v lesexpressions
et pour le tourbillon la formule
L’é.quation
de continuité aura la formeet, dans le cas de p =
Cte,
donneEn introduisant le
potentiel
desvitesses ~
et la fonction de courant ~h, onobtiendra,
que ces fonctions satisfassent à deséquations identiques
à celle deLaplace
et que les
composantes
rz et v de la vitessepuissent
êtreexprimées
par les formules’
L’équation
W = C‘°présente
évidemmentl’équation
delignes
de courant.Fac. des Sc., 3° série, t. XXVI. 2
S t. 4 Variable
complexe
sur une surfacequelconque.
. On sait
quel
rôleimportant joue
la théorie des variablescomplexes,
établie parCauchy,
dans l’étude des mouvementsplans
des fluides. Il serait donc utile de pou- voirappliquer
cette théorie àl’analyse
des mouvements fluides sur des surfaces~
quelconques.
Lapremière généralisation
de la théorie fondamentale des variablescomplexes
sur une surfacequelconque
est due à Beltrami(3)
et a étéapprofondie
par Klein
(4).
Nous nous borneronsici,
poursimplifier
lesraisonnements,
à donnerles résultats obtenus à l’aide de cette
théorie,
dans le cas où l’élément linéaire de la surface est ramené à unsystème
de coordonnées isothermes.On obtient les deux fonctions
conjuguées
dans le
plan,
comme solutioncomplète
del’équation
et l’élément linéaire ds
peut
être mis sous la formePar
analogie,
si l’élément linéaire de la surfacequelconque
a la formeon obtient les deux fonctions
conjuguées
comme solution
complète
del’équation
ds2 = o et l’on aOn
voit, donc,
que dès que la surface estrapportée
à unsystème
isotherme, la définition d’une fonctioncomplexe
sur cette surface devientidentique
à celle que l’onprend,
pourpoint
dedépart,
dans lareprésentation
de la variablecomplexe
sur le
plan.
Autrementdit,
dès que l’on connaît unereprésentation
conforme de lasurface sur le
plan,
les fonctionscomplexes
dupoint
de la surface sontidentiques
aux fonctions
complexes
dupoint correspondant
dans leplan.
Inversement, laconnaissance d’une fonction
complexe
sur une surfacepermet
d’effectuer larepré-
sentation conforme de cette surface sur le
plan.
Si l’on connaît deux fonctionscomplexes
sur deux surfacesdifférentes,
on réalisera unereprésentation
conformedes surfaces l’une sur l’autre.
Considérons une fonction
.fCz)
_ -~ + i ’v de variablecomplexe
z = u + iv .Pour que cette fonction soit
analytique
il suffit que deuxéquations
identiques
à celles deCauchy,
soient satisfaites. Lesfonctions ,
et W sont desfonctions
harmoniques,
car ellessatisfont, évidemment,
àl’équation
deLaplace
Supposons
que 03C6(u, v)
soit lepotentiel
et 03A8(u, v)
la fonction de courant d’un mouvement fluide sur une surface etappelons potentiel complexe
la fonc-tion
/== :p +
i w. En raison des formules(10)
on voit que les conditions(11)
sontsatisfaites et que le
potentiel complexe présente
une fonctionanalytique
de variablecomplexe z
= u + iVe .Appelons
vitessecomplexe
la fonctionoù u et v
désignent
lesprojections
de lavitesse q
sur les directions u et v.L’équation
de continuitéet la condition de nullité du tourbillon
montrent que la
fonction w,
dans le cas du mouvement d’un fluide sur une surfacequelconque,
n’estplus
une fonctionanalytique
de lavariable z,
mais la fonc- tion î,w estanalytique.
Calculons maintenant la fonction , fonction
qui joue
un rôle siimportant
dansl’étude des mouvements
plans.
On a évidemmentil s’ensuit
où 0
désigne l’angle
que fait lavitesse q
avec la direction ii . Il est évident que la fonctionest aussi une fonction
analytique
et est donnée par la formuleSI. 5. Sur les
analogies
entre lesmouvements plans
desfluides
et les mouvements sur une surface
quelconque.
La théorie
générale,
que nous venonsd’exposer,
donne lapossibilité
d’étudierles
mouvements
des fluides sur nne surfacequelconque
par des méthodesanalogues
à celles que l’on
applique
à l’étude des mouvementsplans
des fluides.L’épaisseur
du courant fluide étant uniforme et très
petite,
lacomposante
de lavitesse,
normale à unélément os,
estégale
à1 ~
ou2014,
, où on est un élément normal a os.’ "
~s ~n
Les
lignes équipotentielles 03C6
= Cte et leslignes
de courant W = Ctc divisent la sur-face en carrés infiniment
petits,
car, endésignant
par etôsq
les éléments d’uneligne
de courant et d’uneligne équipotentielle,
on a’
et par
conséquent
=ô s$,
si l’onprend 1 p égal
à b W. Onpeut
doncreprésen-
ter conformément la surface considérée sur le
plan
et étudier le mouvement ainsiobtenu.
Chaque problème
du mouvement d’un fluide sur une surfacequelconque
sera ainsi amené au
problème correspondant
du mouvementplan
du fluide. Pour lasphère,
parexemple,
onpeut appliquer, parmi
une infinité d’autresméthodes,
laprojection stéréographique
ou celle de Mercator.Supposons
que l’élément linéaire de la surface estdonné
sous la formeA étant une fonction de ~i et de z~, ne contenant pas les différentiels du et du.
Nous avons vu, dans
le §
1. 2, que l’élément linéaire dechaque
surface réellepeut
être ramené à cette forme. En faisantcorrespondre
aupoint
u, v, de lasurface,
lepoint ~
y duplan,
on effectuera lareprésentation
conforme de la surface sur leplan. Chaque ligne
tracée sur la surface se transformera en uneligne correspondante
dans le
plan
et l’étude du mouvement autour d’un obstaclequelconque placé
sur lasurface se ramènera à l’étude du mouvement autour d’un obstacle
correspondant
dans le
plan.
Si l’on connaît lesfonctions p (r, y)
et(x, y) représentant
un telmouvement
plan,
on obtiendra lesfonctions 03C6(u, v)
et 03A8(u,v) représentant
lemouvement
correspondant
sur lasurface
enremplaçant x
et y par u et v . L’élément linéaire duplan ayant
la formeon voit que les
longueurs
des arcs, de deux courbescorrespondantes,
sur la surfaceet sur le
plan,
seront dans lerapport
X : t.Quant
auxvitesses,
elles seront dans lerapport
inverse i :A,
car lesfonctions y
et ~~’ sont les mêmes dans les deux cas et lescomposantes
u et v de la vitesse sur la surface sont données par les formulesLes
énergies cinétiques
des masses fluides se trouvant sur lesportions
corres-pondantes
de deux surfaces sont les mêmes. Il est sous-entendu que la densité etl’épaisseur
nechangent
pas. Il en est de même pour la circulationsur une courbe fermée L.
’
Il est manifeste que les raisonnements
précédents s’appliquent
indifféremment que le mouvement soit irrotationnel ou non.On
voit, qu’au point
devue purement géométrique,
les deux mouvements, sur leplan
et sur une surfacequelconque,
ne diffèrent pas et que l’on passe, d’un mouve- ment àl’autre,
par unsimple changement
de variables. Leslignes
de courant et leslignes équipotentielles
conservent les mêmeséquations
et, s’iln’y
a pas de conditions pour lesvitesses,
toutproblème
résolu sur leplan
donne la solution duproblème correspondant
sur la surface.Mais si la vitesse du mouvement étudié sur la surface est soumise à des condi- tions
quelconques,
ces conditions ne se conserventplus
dans le mouvementplan correspondant,
mais se modifient, et cette modificationdépend
de la forme de lasurface considérée. Les valeurs absolues des
vitesses,
de deux mouvements corres-pondants,
étant dans lerapport
T :X,
nous verronsplus
loin que ce fait i crée des difficultés presque insurmontables dansl’analyse
du mouvement discontinu sur unesurface courbe.
Dans le cas où le coefficient 1, est constant, c’est-à-dire où l’élément linéaire de la surface
peut
être ramené à la formequi
caractérise les surfacesdéveloppables,
ces difficultésdisparaissent,
et l’onpeut analyser
le mouvementdiscontinu,
sur une tellesurface,
par les méthodes habituelles.Dans les deux
chapitres
suivants nous étudierons un mouvement semblable surla surface d’un
cylindre circulaire,
en considérant un courant fluide contournant deuxsegments
dedroites, parallèles
à lagénératrice
ducylindre.
Mouvement discontinu des fluides sur la surface d’un
cylindre
circulaire. Problème de Helmholtz.
S 2. . 1. . Sur les difficultés
qui apparaissent
dansl’analyse
du mouvementd’une masse fluide indéfinie.
Le
problème
que nousanalyserons
dans cechapitre
et dans lechapitre
suivantn’est pas seulement une
application
de la théorieexposée
dans leschapitres précé-
dents, mais
a un sensbeaucoup plus large.
Ceproblème permet
d’éclaircirquel-
ques
singularités qui apparaissent
dans l’étude du mouvement discontinu d’unemasse fluide indéfinie.
Pour
échapper
auparadoxe
ded’Alembert,
les théories de la résistance des fluides admettent souventqu’un sillage
indéfini se forme derrière un solide con-tourné par un courant fluide uniforme. La
façon
dont ces théories introduisent et traitent lemouvement
à l’infini demandequelques précisions.
Eneffet,
nous pou-vons concevoir une masse fluide indéfinie seulement comme limite d’une masse
bien
déterminée,
dont les dimensions tendent vers l’infini. De cepoint
de vue, leshypothèses
d’existence dessillages
indéfinis et de la permanence du mouvement sont difficilementcompatibles
et conduisent souvent à des contradictions.Selon la théorie de
Helmholtz-Kirchhoff,
cessillages présentent
des zones d’eaumorte
derrière l’obstacle. La résultante despressions
sur le corps, étant une force derésistance, s’oppose
au mouvement du solide. Mais M.Émile
Picard(6)
etM. Henri Villat
(7),
en traitant desquestions différentes,
ontremarqué qu’on peut
considérer dessillages
se formant aussi bien à l’amontqu’à
l’aval du corps et,comme l’a
indiqué
M. D.Riabouchinsky (8),
il suffit dans certains cas pour obtenirces derniers de
changer
lesigne
des vitesses relatives. Lapression,
conservant sonsigne,
devient alors une forcepropulsive
etproduit
indéfiniment du travail.Dans la théorie
d’Oseen,
on suppose que cesillage présente
une zone tourbillon- naire. Nousn’envisagerons
pas cette théorie dans tous lesdétails,
mais remarque-rons seulement
qu’elle
nous conduit à une discontinuité despressions,
cequi
estphysiquement impossible.
N. Zeilon a démontré que, pour le mouvement autour d’uncylindre,
la vitesse du courant tourbillonnairepeut
être choisie de telle ma-nière,
que cette discontinuitén’apparaisse
que très loin du solide etqu’au voisinage
du corps, derrière
lui,
lapression
reste constante. À notrepoint
de vue cettecorrection n’est pas
suffisante, puisqu’il
estimpossible
de donner au mouvementdes
propriétés singulières
arbitraires, même si ellesapparaissent
à l’infini. Un tel mouvement nepeut
êtreanalysé
que deproche
enproche
enaugmentant
le domaine considéré.Cette même remarque
peut
êtreappliquée
aussi à la discussion N0153ther-Oseen(9).
En
analysant,
suivant la théoried’Oseeo,
le mouvement d’uncylindre
circulaireN0153ther démontre
qu’il
n’existe de solution de ceproblème
que si deux conditionscomplémentaires
sont satisfaites. Pourexpliquer
ces résultats C. Oseen suppose que lepotentiel
~, restantrégulier
dans tout le domainefini,
est donné à l’infini parl’expression
A et B étant deux constantes,
qui
servent à satisfaire aux conditions de N0153ther. Enanalysant
le mouvement dans un domaine fini et enaugmentant
ensuite deproche
en
proche
cedomaine,
on trouvequ’il
est difficiled’accepter
cette. correction.M.
Witoszynski (10),
enindiquant
que la théorie desprofils
de Joukovski donneune
énergie cinétique indéfinie,
introduit unpotentiel complexe multiforme, ayant,
pour unprofil circulaire,
la formeLa théorie de
Witoszynsky
est soumise aux mêmesdifficultés,
car on tire del’équation (1),
quel’énergie cinétique
devient infinimentgrande quand
la couchede discontinuité s’étend à l’infini
(11).
5 ~. 2. . Mouvement fluide dans le cas où le courant
forme
un circuit fermé.Aux
Congrès
deMécanique appliquée
de Zürich ent(p6
et de Stockholm en1930,
D.
Riabouchinsky (12)
aindiqué qu’on pourrait échapper
à ces difficultés des théories de la résistance des fluides en admettant que le courant forme un circuit fermé. Le mouvement reste évidemmenlpermanent
si l’on suppose, parexemple, qu’un
solide setrouve dans
un volume fluideayant
la forme d’un tore. En augmen- tant indéfiniment les dimensions du tore, on passe à nn mouvement de fluide indé- finiautour
d’un solide. Enprolongeant
lessillages
derrière le solide dans le tore ilest
logique
de supposer que nous obtiendrons pour un tore infinimentgrand
lecas
trivial,
où lessillages
sont limités par la surface d’uncylindre, ayant
pour base le con tou r du .corps.Pour obtenir le cas de Helnlholtz-K i rchhoff il suffit de supposer dans le tore
encore un
obstacle, symétrique
aupremier
et lié avec lui par deslignes
deglisse-
ment. Si
l’angle polaire
xqui
caractérise laposition
mutuelle des deuxobstacles
ne varie pas
quand
les dimensions du toreaugmentent indéfiniment,
le secondobstacle
s’éloigne
à l’infini et les surfaces deglissement prennent
la forme de cellesde
Kirchhoff,
se refermant sur le deuxième obstacle. , -- w-’
. Dans lesparagraphes qui
suiventj’examine
le cas d’un courantd’épaisseur uniforme,
infinimentpetite,
circulant autour d’uncylindre
et contournant deux obstaclessymétriques
parrapport
à l’une desgénératrices
ducylindre.
Il est évidentque l’on
peut généraliser
leproblème
en distribuantsymétriquement
sur la surfacedu
cylindre fi paires
d’obstacles au lieu d’une seulepaire.
Si n est un nombrefractionnaire le
problème
n’estpossible
que sous la condition d’existence d’unpoten-
tiel
complexe
nonrégulier.
Nous excluons ce cas comme noncompatible
avec lespropriétés physiques
du mouvement. Les formules deBeltrami,
que nous avons établies dans lechapitre précédent,
nouspermettent
d’étudier directementle ;mou-
vement sur la
développée plane
ducylindre,
car le coefficient X estconstant.
Enraison du
principe
desymétrie
deSchwarz,
pour résoudre leproblème général ’de n
paires d’obstacles,
il suffit d’étudier le mouvement autour d’une seulepaire. Selon
lafaçon
dont on conpe la surface ducylindre
lelong
de deuxgénératrices,
lessillages nous apparaissent
comme des domaines intérieurs fermés ou extérieurs ouverts.Pour passer au
problème plan
il suffitd’effectuer
un passage à lalimite,
en augmen- tant indéfiniment le rayon ducylindre.
Prenons comme obstacles deux
segments
de droitesparallèles
auxgénératrices
du
cylindre,
leurslongueurs
étant 21 I et la distance mutuelle 2 l. Dans le cas des sil-lages
ouverts lareprésentation
conforme desplans
Q = -log
q etf = SO
+ i qr(fig. 1)
sur leplan
auxiliaire t nous donned’où l’on déduit
des Sc., 3~ série, 1. XXVI.
’
3
Fi ~.1
A,
B et C étant trois constantes arbitraires.Dans le cas des
sillages
fermés on obtient des formules presqueidentiques,
quenous établirons
plus
loin. Endésignant
par qoet qi
les vitesses du courant à l’infini et sur leslignes
deglissement
nous déterminons les constantes B et C en satis- faisant aux conditions que pour lepoint
B’ l - -6, Q === 2014 log q
-i03C0 2
et pour lepoint
B t= b Q
= -log
q +-.
.L’expression (3) prend
alors la formed’où,
enremarquant
que qpour
P leoint
p J t = ~,dz df
=I ,
on obtient lerapport d,Î
q~des vitesses sur les
lignes
deglissement
et à l’infiniLes formules
(2)
et(4)
nousdonnent, après l’intégration, z
en fonction de t.Introduisons les
paramètres :
et faisons le
changement’
des variablesEn
désignant par
F(u, A-), E (u, A-)
et Il(u, A-)
lesintégrales elliptiques
deLegendre
depremière,
deuxième et troisièmeespèce (13)
et par
K, E,
K’ et E’ lesintégrales complètes
et lesintégrales complètes complu
mentaires : :
on obtient t
S 2. 4.
Détermination
desparamètres. Équations
deslignes
deglissement.
En
remarquant
que pour lepoint
A(z
=d)
H estégal
à 1 et pour lepoint
B
(z
= d +il)
u estégal à i-
et queon obtient pour cl et 1 les
expressions
En
désignai
par L l’ordonnée maxima de laligne
deglissement
et par Dl’abscisse
correspondante,
on a pour lepoint
C àl’infini1
cause des formules
on déduit
Les formules
(7), (8)
et(10)
donnent trois relations entre lestrois paramètres
Ac,
k etk, .
Leproblème
est ainsicomplètement
déterminé.Le
long
deslignes
deglissement
lavitesse q
est constante elégale à
q, . Ondéduit facilement des formules
(4)
queEn introduisant la nouvelle variable
dans la formule
(6)
on calcule queet l’on a la formule
(6)
sous la formeLa
séparation
desparties
réelles etimaginaires
neprésente
pas de difficulté et l’on obtient leséquations paramétriques
deslignes
deglissement (i4) :
avec M défini par
l’expression
Par F
(81, A-),
E(6t’ Ii),
II(~~, l~)
nousdésignons
commed’habitude,
le résultat deremplacement
de la variable u parsin et
dans lesintégrales elliptiques
de
Legendre
F(u,
E(u, k)
et II{u,1~1,
.~ 2. 5. Cas limite du mouvement
plan.
Pour passer au mouvement
plan
autour de deuxsegments
de droitesparallèles
ilsuffit d’effectuer un passage à la limite en
augmentant
indéfiniment le rayon r ducylindre
et enposant n
= I.L’équation (ro)
montre que dans ce cas leparamè-
tre c tend aussi vers l’infini et le
plan f
se confond avec leplan
Endésignant
par YA = Aa et c~~ = Ab les valeursde f correspondantes
auxpoints
Aet B sur le
plan f,
nous obtenons pour ce cas limiteEn raison des formules