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Le temps long des métamorphoses.

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HAL Id: hal-02995603

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Copyright

Le temps long des métamorphoses.

Jean-Claude Hippolyte, Cécile Miramont

To cite this version:

Jean-Claude Hippolyte, Cécile Miramont. Le temps long des métamorphoses.. L’Alpe, Glénat - Musée

Dauphinois, 2020, Dossier n°89., pp.32-37. �hal-02995603�

(2)

LE TEMPS LONG

liT

DES METAMORPHOSES

Tels ces êtres mythologiques qui se muent en plantes, pierres ou bêtes, la vallée de la Durance s'est transformée radicalement au cours des temps géologiques récents. Tour

à

tour fleuve, canyon, gia· cier, rivière, cet ancien «fléau de la Provence» est

aujourd'hui un cours d'eau largement domestiqué.

a Durance est née avec

l

es

premiers

soubresauts

tectoniques qui ont fait

émerger

les Alpes. Il

y

a 20 millions

d'années,

e

ll

e

es

t alors un

fl

e

u

ve

qui

se

jette

près

de

Sisteron

dans un

golfe d

u

sillon

miocène

péri-a

l

pin*,

une m

e

r qui

s'est

form

ée

au

front

des

Alpes.

L

es

montagne

s

se

s

oule-vant, ce

fl

e

uve

charrie

jusqu'à la

mer

d'énormes

volumes

d'alluvions

issus

de l'érosion des reliefs.

Argiles,

sab

l

es et galets

vont d'abord

s'accum

ul

e

r

e

ntre S

i

s

teron, Mirabeau

et Mo

u

s

tiers-Sainte-Mari

e

en

formant un delta

semb

lable

à

celui du Rhône.

Ce

delta durancien

va

progressivement croître

en

hauteur

pour

donner le

p

lateau de

Va

lensole tout

en repoussant

l

e

li

ttoral

vers

l

e sud,

jusqu'à

Mirabeau. Avec

l

e

temps, l

es accum

ulations

d'allu-v

ions

ont

formé des poudingues

,

une roche résistante

cons

titu

ée

de

ga

l

ets

que l'

on voit dans

l

es

falai

ses

au-dessus du v

illag

e

des Mé

es

. Au quaternaire

,

cette fa

l

aise

sc

ulptée par d

es

r

avines

pr

e

nd la

forme

d'un

alignement

de rochers

,

semblab

l

es aux

bornes

coniques que

le

s

Romains

plaçai

en

t dan

s

l

es cirques

et

qu'il

s appe

laient meta,

d'où

l

e

nom du

village.

Bien plu

s

tard,

l

e poète et

félibre forcalqui

é

ren

Eugène

Pl

auchut y verra un alignement

d

e

moines

en

p

é

nitenc

e

...

Coincé

entre

c

es

poudingu

es

ma

ss

ifs

et

l

es

Préalp

es

de

Forcalquier,

la

rivière suit actue

ll

ement

le couloir

rectiligne de la f

a

ill

e

de

la

moyenne

Durance. Ell

e

s'est enfoncée

dan

s cette

zone d

e

fractures qui

limite

à

l'oue

s

t le plateau de

Va

l

enso

l

e si

tué

entre 500 et

80

0

mètres

d'altitude. Mais dans

le

passé

géo

logique

,

son

cours pouvait

s'étendre

jusqu

la

limite

orien

-tal

e

du pl

ateau.

En témoign

e

la diversité des

ga

l

ets

qui le couvrent:

grès, quartzites,

roches

vertes,

etc.

C'est esse

n

tie

ll

ement

d

a

ns l

es galets

e

t

s

abl

es

duran-ciens des

pl

ateaux de

Val

enso

l

e

et

d

e

Puimichel au

nord que l'on

cult

i

ve aujourd'

h

ui

la lavande

et

le

l

avandin

(un

hybride de

l

a

l

avande vraie et

de la

lavande aspi

c). Une culture

qui connaît un

renou-veau.

Pendant la florai

so

n

,

début juillet, les

touristes

sont

nombr

eux

à

ven

ir

s'éme

r

ve

ill

e

r du

spectacle

des ch

a

mps de l

ava

ndin fl

euri;

certain

s ve

nus de

Chine vont

même j

usqu

se

photographier

sa

utant

dans l

es

lavandes pour

reproduire

les images d'une

série

tél

évisée très

populaire dans leur pay

s

.

LES SECRETS DE LA CRAU

La Duranc

e

géo

logique

a auss

i

son

hi

s

toir

e sec

r

è

te.

Pendant la p

é

riode que l

es géologues

appell

ent

l

a

«crise

de

salinité messinienne»,

qui

correspond à

l'

évaporation

des

eaux

de la Méditerranée liée à

une f

e

rm

e

ture t

e

mporair

e

du

détroit

de

Gibra

lt

a

r

il

y

a

près de 5

million

s

d'ann

ées,

la Duran

ce,

comme

L'Alpe N°89 1 32

l:étrange silhouette des Pénitents des Mées (Alpes-de-Haute-Provence). Photo: Bertrand Bod1n. 'SILLON MIOCÈNE PÉRI-ALPIN:

bras de mer qui existait au front des Alpes dans la période miocène, entre

23 et 5 millions d'années, qui s'étendait de la basse vallée du Rhône jusqu'à Vienne

(en Autriche) en passant par

la Savoie, la Suisse, la Bavière et qui est actuellement caractérisé par la présence d'un grès nommé molasse.

LES AUTEURS

JEAN-CLAUDE HIPPOLYTE Géologue au CNRS, il est

rattaché au Centre européen de

recherche et d'enseignement des géosciences de

l'environnement (université Aix-Marseille). Ses travaux

portent sur la formation

des chaînes de montagnes, Apennins, Carpates, Pontides ...

et ses Alpes natales. CÉCILE MIRAMONT Géographe, maître de

conférences à l'université

d'Aix-Marseille (Institut méditerranéen de biodiversité et d'écologie). Ses travaux

portent sur l'histoire des

paysages depuis la dernière glaciation en contexte montagnard et méditerranéen, et sur les interrelations entre

l'environnement, le climat

et les sociétés humaines.

(3)
(4)

LES PÉNITENTS DES MÉES

« Voilà l'histoire véridique des Pénitents de pierre qui se dressent sur les bords de la Durance, au niveau des Mées. Depuis des années, les Sarrasins dominaient la contrée, pillant et massacrant de toute part. Lassés de tant de crimes, Je jeune Bevons, seigneur

de Noyers, et son voisin, Raimbaud des Mées, écrasèrent ces Sarrasins qui furent précipités dans les abÎmes. Le matin, les soldats du Christ

entrèrent dans le château, et trouvèrent dans la grande salle sept

mauresques, jeunes et belles, qui demandaient grâce. Il fut décidé que Raimbaud des Mées les

expédierait en Arles. Mais elles étaient belles, ces mauresques avec leurs cheveux bruns, leur chair dorée et leurs grands yeux noirs. Aussi, au lieu

d'embarquer en un radeau sur la Durance, Raimbaud

les abrita dans son

château des Mées. Petit

à petit, le bruit se répandit qu'il tenait enfermé des femmes. L'indignation populaire devint telle, que les moines du monastère de Paillerais firent dire au baron de renvoyer cette

engeance.Devantson

refus, le couvent décida de l'excommunier s'il s'entêtait. Alors, Rimbaud fit dire au couvent qu'il se soumettrait aux ordres de l'Église. Le Prieur, qui se méfiait, décida que les mauresques sortiraient du château et quitteraient Je pays le dimanche, à l'issue de la grand'messe, en présence du peuple assemblé et de tout le couvent. À l'heure convenue, le grand portail du château s'ouvrit. Quand les sept mauresques se montrèrent dans leurs riches vêtements, le visage non voilé, l'air triste et la démarche fière, ce fut un éblouissement. Les

moines, alignés au pied de la montagne, restèrent fascinés ... Qu'allait-il arriver? ... Mais de l'autre côté de la Durance, le grand saint Donat, ermite

de Lure, veillait. Il vit le danger qui menaçait ses

frères, et, pour soustraire

au péché les moines, il les pétrifia sur place.

Et

pour que, dans l'avenir, le doute ne fut pas permis, il laissa,

sur la poitrine du Prieur,

la croix de bois que l'on y voit encore. »

Résumé d'un conte en provençal d'Eugène Plauchut (Annales des Basses-Alpes, 1898).

:::::: Anciens cours de la Durance

C

La Crau d'Arles: entre -5 et -2 millions d'années

- La Crau du Luquier: entre -2 millions d'années et -200 000 ans

- La Crau de Miramas: entre -200 000 et -70 000 ans environ

les

autres

fleuves

méditerranéens, s'est enfoncée

dans un profond

canyon.

Désormais

rempli

par

des

alluv

i

ons et en

parti

e

cac

h

é

,

il tra

ve

rsai

t

les

Alpilles

a

u ni

veau

du

vallon des G

l

au

ge

s et

rejoignait

le

canyon

du Rhôn

e

sous

la

Camargue où d

e

s

fora

g

es

montrent qu'il

atte

i

gnait

une profondeur de plus

de 1000

tr

es, e

n

accord

avec l

a

c

hute d

e

pr

ès

de 1500

mètres

du niveau de la mer

il

y a 5

,

6

mil-lions d'années

.

Son

r

emplissage par

des

alluvions

de

l

a

Durance s'est

termin

é

par l

a création d'un

deuxième

delta

,

l

e

delta de l

a

Crau,

dont

l

a surface

plan

e

cache

l

a cicatrice profonde du

canyon

mes-sinien

d

e

l

a

Durance.

La plaine de la

Crau

form

e

un trian

gle

d

'e

nviron

600

km2 entre

Arl

es,

Salon

-d

e-Provence et Fos.

Cette

étendue

plate

couverte

d

e

ga

l

ets

form

e

dans

sa

par-tie méridionale l

a Crau sèche,

l

a

dernière

grande

steppe aride

d'Europe occid

e

ntale.

Au

nord, la

Crau

est

irriguée depuis l

e

XVIe

siècle grâce à

un

cana

l

créé

par l'ingénieur provençal Adam de

Craponne

qui

amène l'e

au

de

la

Durance. C

'es

t dans

cette Crau

humid

e

que l'on produit le fameux foin de

Crau.

Pour former

cette

immense plaine, le fl

e

uve

Durance

va transporter et abando

nn

er

de

s

cail-loutis

p

e

n

dant

pr

ès

de 5

millions

d'ann

ées.

En

franc

hi

ssa

nt

l

es

Alpill

e

s

pa

r

l

e

va

llon d

es

G

l

auges,

L'Alpe N°!39 1 34

Quand la Durance était

un fleuve ...

Le tracé de son cours a beaucoup bougé ces deux

derniers millions d'années. Carte : Léonie Schlosser.

D'après une carte du conservatoire d'espaces naturels Provence-Alpes-Côte d'Azur.

(5)

Les anciens glaciers ont profondément modelé le paysage d'aujourd'hui, à l'image de cette terrasse sur

laquelle se dresse la place forte de Mont-Dauphin, construite par Vauban

à partir de 1693 à la

confluence du Guil

et de la Durance.

Photo : Bertrand Bodin.

au

pied

d

es

Opies

,

la

Duranc

e

va d

'a

bord

f

or

m

er

l

a

Vi

e

ill

e

C

r

au,

ou

Crau

d'Arl

es. Au

quat

e

rnair

e

e

ll

e se

détourne

ve

r

s

l'

est

pour

passe

r

par

l

e se

uil

d

e

Lamanon et

form

e

r la

Jew1e

Cra

u, plu

s

au

sud.

P

e

ndant

cette

p

ériode, où

e

n

amon

t la riv

ière

s'e

n

ca

i

sse

e

n form

a

nt

de

s

t

e

rr

asses s

up

e

rpo

sées,

l

e

d

e

lta d

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la

Crau

va

c

ontinu

er

à

se

d

é

plac

er ve

r

s

le

s

ud

e

t

on

p

e

ut

d

i

sting

u

e

r dan

s

la Jeune

C

r

a

u la

C

rau du Luquier

(d'âge

ris

s

i

e

n) d

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la

Crau

d

e

Miramas (d'âge wür

mi

en

)

.

L

e

d

elta

a fonctionn

é

jusqu'au

d

é

tournement

de

l

a

Dur

a

n

ce vers

l

e

Rh

ô

ne

par

l

e

seuil

d

'

Or

go

n

il

y a près de

70 000

a

n

s.

D

e

puis le quaternaire récent (Würm), l

a

Durance

se

j

e

tte

dir

e

ct

e

me

nt

dans

l

e

Rh

ône au sud

d

'A

vi

-gno

n.

Elle

a

p

er

du

so

n

sta

tut

d

e

fl

e

u

ve et

l

es

trou

-peaux

de mouton

s

ont p

u

s

'i

nsta

ll

e

r

dans

l

a C

rau.

LE PLUS GRAND GLACIER

DES ALPES DU SUD

Depuis

2 millions

d

'an

n

ées,

l

e

climat

de

la

Terre

se

r

efr

oidi

t.

L

e

ni

vea

u d

e

la

Méditer

ran

ée

s'ab

ais

se

et

l

a

vallée

d

e

l

a Durance

s'encaisse

p

e

u

à

p

e

u d

a

n

s

l

e

p

oudingue

du

p

l

ateau de Valensole.

D

e

l

o

n

g

u

es

p

ér

iod

es

g

l

ac

i

aires

(

e

nviron 100

000

ans)

s

ucc

è

d

e

n

t

à

de

co

u

rtes

p

é

riod

es

tempérées (autour

de

20

000 ans)

_

Au cours

d

es

périodes

froid

es,

la

Durance

se transforme

e

n

un

imm

e

n

se glac

ier

qui

s'éte

nd

depuis l

es

haut

es

m

ontagnes

jusqu

Siste

r

on. Se

ul

s

quelqu

es sommets

é

m

e

rg

e

nt d

es

g

l

aces. C'est

l

e

cas

par

exe

mpl

e d

u

dôm

e

de Remollon

,

qui

constitue

une

vérita

bl

e

île

au

mili

e

u d

'

une

mer

de glace

,

à

l

a

conflu

e

nce d

e

l'Ubay

e

et

de

l

a

Duranc

e.

Lors

du

Riss,

l'avant-

d

ern

i

ère g

l

ac

i

atio

n

,

l

e g

l

acier es

t

arrê

t

é

par

(6)

DURANCE OU CLARÉE?

l

a

b

a

rr

e

r

oc

heuse de

Sist

e

ron

.

Il

s'é

tale

et

é

l

argi

t

l

a

v

as

t

e

d

é

pr

es

sion

d

e

Laragn

e

in

sc

rit

e

dans

de

s

ro

c

h

es

t

e

ndr

es (ma

rne

s

noir

es

)

.

Il

bord

e

dans l

a va

ll

ée

du D

rac

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t p

re

nd

e

n

é

ta

u la va

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ée

du Bu

ë

ch

.

La

glace

dur

anc

i

e

nn

e

bloque

l'éco

ul

e

m

e

nt d

es e

aux

du

Bu

ëc

h

e

t pr

ov

oqu

e

l'

appariti

o

n

d

e

g

r

a

nd

s la

cs

j

uxt

a

g

l

a-cia

ir

es*.

L

e g

l

a

ci

e

r d

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la

D

uran

ce

parvi

e

nt

à

p

e

r

ce

r

la

clu

se

d

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Sisteron

e

t

v

i

e

n

t

mourir quelques

kilo

-m

è

tr

es e

n

a

v

a

l,

lib

é

rant

d

no

rmes b

l

ocs

erratiqu

es

e

t d

'

importan

tes

quantit

és

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e ga

l

ets

qui

f

o

rm

e

nt d

e

vastes

r

e

pla

ts

(t

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rr

asses

allu

viales e

t fl

uvi

o-

g

la

ci

air

es

)

a

uj

o

urd'hui

c

ulti

vés

. L

es g

l

acie

r

s ont

pr

o

fond

ément

é

r

o

d

é la

m

o

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ta

gn

e.

Il

s o

nt

a

rr

ac

h

é e

t bro

qu

an

ti

-t

és

d

e

d

é

bri

s et

l

es

on

t acc

umul

ées e

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aval

,

fo

rman

t

c

e que

l'

o

n

a

pp

e

ll

e

d

es

m

o

r

a

in

es

.

L

e

s

plu

s vis

ibl

es

dan

s

l

es

pa

ysa

ge

s

actu

els

d

a

t

e

n

t

de l

a

fin

d

e

la

d

er-ni

è

r

e g

l

a

ciation (Würm)

. E

ll

es

d

es

sinen

t

d

e

s p

e

tits

e

n

se

mbl

es

d

e c

ollin

es e

n ar

c

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e cer

cl

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. L

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vill

age du

P

oët est

p

erc

h

é s

ur l'un

e

d

'e

ll

es

.

U

n

e

ns

e

mbl

e

pl

us

réce

n

t

d

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mor

aines

tapi

sse

l

es ve

r

san

ts autour d

e

l

a

vill

e

d

e Ga

p marqu

a

nt un

e

p

é

riod

e

d

e stagn

ati

o

n

du

g

l

acier

lor

s

d

e

son r

e

trait.

La

vie

ill

e

vill

e

d

'

Embrun

et

l

es

fortifi

ca

ti

o

n

s

d

e

M

o

n

t-

D

a

uphin

s

ont

co

n

s

truite

s

s

ur d

es

r

e

plat

s

form

és

p

a

r d

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ac

c

umulation

s

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e

ga

l

ets g

l

ac

iair

es e

t flu

vi

o-

g

l

ac

i

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nu

s se

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e

l

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r d

e

l

a

Dur

a

n

ce.

Dur

a

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l

es

p

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r

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l

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e

plui

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a

n

t

l

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e

cta

c

ulair

es

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aysages

de

s

d

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m

o

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se

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es

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iff

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qu

e

l'

o

n peu

t a

dmir

er à

Th

é

u

s

et

à

Ponti

s.

Le

g

la

c

i

e

r d

e

la Duran

ce a

fondu très

rapid

e

m

en

t

e

ntr

e

1

8

0

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s e

t 1

5

000

a

ns

lor

s

de

l

a

derni

è

r

e

tr

ansi

ti

o

n

g

l

ac

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-

int

e

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g

l

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ci

a

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e.

L

e g

l

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c

ier Bla

n

c,

a

u pi

e

d d

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rin

s, e

n

est

un m

a

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gre ves

ti

ge.

Dan

s

l

es cre

ux

a

b

an

donn

és

par

l

e g

laci

e

r

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La Durance prend sa source au pied du col de Montgenèvre sous le mont

Chenaillet dans les Hautes-Alpes vers 2 300 mètres

d'altitude. Elle est rejointe par la Clarée, un affluent

au débit plus important et au tracé plus long qui,

selon les règles de

géographie, aurait dû

donner son no'm

à

la vallée. On peut donc se demander pourquoi les cartes mentionnent la Durance et semblent avoir oublié la Clarée. Probablement parce que

la Durance a été pendant

plusieurs millénaires une voie de passage importante pour les voyageurs, les militaires et les marchands qui se

rendaient en Italie, alors que l'amont de la vallée de

la Clarée est un cul-de-sac

dans les hautes montagnes.

C'est peut-être par le col de Montgenèvre que sont

passés les troupes et les éléphants d'Hannibal en 218 avant Jésus-Christ.

Par ce col d'altitude modeste (1850 mètres), moins longtemps enneigé

que les autres en raison

de son exposition

méridionale, que passe la voie Domitien ne construite

à

partir de 118 avant

Jésus-Christ permettant de

relier l'Espagne et l'Italie

par la Gaule narbonnaise.

Une petite agglomération installée le long de cette voie, Druantium, a vraisemblablement donné son nom

à

la vallée. Ainsi, dans cette région des

Hautes-Alpes, l'histoire l'a emporté sur la géographie.

L"Aipe N°89 1 36

Les sources de la Durance

qui cavalent discrètement entre le sommet des Anges (à gauche) et le

mont Chenaillet (à droite).

On aperçoit tout au fond

Montgenèvre, à la frontière franco-italienne

(Hautes-Alpes). Photo : Bertrand Bodin.

• JUXTAGLACIAIRE:

se dit des lacs ou des alluvions accumulés contre les glaciers.

(7)

'-. ' Crête, sommet, col, escarpement

( Cirque glaciaire

Extension des c glaciers rissiens •

Extension des c glaciers wurmiens •

- Lac juxtogloclalre ..r--Dlffluence· majeure

-.. Moraines

*

Tourbières. lacs étudiés

La haute et moyenne Durance envahies par les

glaciers durant les grandes glaciations du Quaternaire (Riss et Würm).

Carte: Maurice Jorda. Thierry Rosique et Cécile Miramont.

Dessin assisté par ordinateur :

P. Pentsch.

• DIFFLUENCE GLACIAIRE:

le flot de glace déborde

dans une vallée voisine

en empruntant un col.

DU FLÉAU TORRENTIEL

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