DE
SOINSDE
SANTEET LA
PRISEEN
CHARGE DESACTIVITES DE DEVOLUTION
PAR LES PAYS PARTICIPANTSIntroduction
Après l'exposé de mes réflexions sur la dévolution et l'intégration dans les systèmes nationaux de santé,
je
tente d'aborderici
quelques aspects relatifs aux potentialités des Pays participants pour la prise en charge des activités de dévolution deI'OCP.
Tout d'abord, en tenant compte de la définition maintenant claire de la dévolution stricto sensu,il
convient de spécifier les zones du Programme qui correspondent actuellement àla
dévolution.Il
s'agit enfait
dela
partie del'aire
initiale dans les sept Pays participants(Niger,
Burkina Faso,Bénin,
Côted'Ivoire,
Ghana,Mali et
Togo)où
dans prèsde 90 %, la
transmission de l'onchocercose est définitivement interrompue et I'OCPy
d misfin
à ses opérations. Dans toutes les autres zones on ne peut guère parler de la dévolution au sens strict du terme bien que certaines activitéss'y
déroulent déjà en prélude au maintien des acquis du Programme.I1
est opportunà
cette périodede
transition quele
Programmede Lutte
contre nchocercose s'àttèle avec les Pays paticipants à faire l'inventaire des ressources (humaines, rrr.rtérielles, logistiques et financières) au niveau des structures nationales de santé en vtre non seulementd'identifier
les capacitésmais
surtoutde
décelerles
lacunesà
combler pour garantirle
succès escompté à la reprise des activités résiduelles de I'OCP.En effet il
n'est pasdu tout
évident que chaque Ministèrede la
Santé possède à l'heure actuelle des informations complètes sur l'état des lieux des formations sanitaires aux différents niveaux du système national de santé !Faire "l'état des
lieux"
aux niveaux central, intermédiaire et périphérique devrait être un exercice continu et dynamique au niveau de chaque pays pour trouver en temps opportun les voieset
moyens d'enraciner les activités de dévolution dans les systèmes de soins de santé.Iilats
deslieux et
activités de dévolutionDans la partie totalement assainie de I'aire initiale, donc sous dévolution à proprement parler, les activités menées sont : information, éducation, communication
"IEC",
surveillance épidémiologique, traitement à I'ivermectine, mobilisation cornmunautaire et lutte contre la nuisance simulidienne.[æ présent chapitre va tenter de mettre en corrélation l'activité à mener et la structure sanitaire concernée.
Dores et déjà
il
convient de mentionner que les systèmes nationaux de santé sont dans l'ensemble en pleine restructuration. Les gouvernements ont entrepris des réformes tendant à réorienter dans la plupart des cas les systèmes existants inadaptés vers la mise en oeuvre des politiques sanitaires basées sur les stratégies nationales de soins de santé primaires (SSP) avecune
décentralisation.En
généralles
systèmesde
santésont
organisésde
façon pyramidale avec un niveau central (Ministère de la Santé), un niveau intermédiaire (région, province...) et un niveau périphérique (district, département, préfecture, cercle...).Ainsi
nous allons regarder de plus près cequi
se passe en général à chaque niveau de ce système sanitaire tout en gardant àl'esprit
que chaque Pays participant peut avoir sesspécificités propres.
Al Au niveau central
Dans les Ministères de la Santé,
il
existe une Direction de la Santé publique ou son équivalentet
presquetoujours une division
ayanten
chargele contrôle
des maladies endémiques.Il y
a aussi des chefs des programmes de lutte contre certaines de ces maladies (lèpre, tuberculose, dracunculose, paludisme, schistosomiases. . .).Pour l'onchocercose, les Coordonnateurs nationaux ont été nommés dans tous les Pays participants
mais il
est constatéqu'ils n'ont
pas toujours une position hiérarchique leur permettant de prendre part directemenent aux prises de décision au niveau central. Oril
meparaît tout à fait
essentielde
renforcerles
coordonnateurs dansla mise en
oeuvre du processus de dévolution.Ils
devraient par exemple être impliqués davantage dansle
choix des candidats pour des bourses d'études;
en effetils
connaissent mieuxla
motivation des intéressés à rester dans les programmes liés à la lutte et à la surveillance de l'onchocercose à leur retour de formation.Ils
devraient également avoirvoix
au chapitre à un niveau élevépour
assurerla prise en
chargedes activités de dévolution (surtout la
surveillance épidémiologique des villages sentinelles) par le budget des départements dela
santé.En ce qui
concerneles
activitésde
surveillance épidémiologique,tous les
Pays participantsont formé au
niveau des coordinations nationalesdeux
équipes composées chacuned'un
récenseur,d'un
snippeuret d'un
microscopiste.Ces
équipesont à
leur disposition le matériel adéquat pour l'enquête parasitologique (pinces à biopsie cutanée, lames deverre,
lancettes, matériels de stérilisationetc...).
Iæs techniciens nationauxont
certes besoind'un
recyclage maisla
plupart d'entre euxont
aussi démontrésur le terrain
leur capacité de travailler en toute autonomie avec des résultats dont la fiabilité a été attestêe parles
contrôlesde
qualité effectuéspar I'OCP. Ainsi
les membres des équipes nationales peuvent être considérés comme des formateurs au niveau central.Quant aux coordonnateurs nationaux
ils
devraient être renforcés dansleur rôle
deplanification stratégique et de supervision centrale des activités de dévolution
y
compris la gestion de I'ivermectine.Iæ fonctionnement des Comités nationaux de dévolution (CNDO) devrait être analysé de plus près pour chaque Pays participant. Cette analyse porterait sur les activités menées, les relations établies avec les structures aux différents niveaux des systèmes de santé, les difficultés rencontrées et les solutions envisagées dans le contexte de la politique nationale de santé.
En définitive pour le niveau central, I'OCP devrait renforcer le dialogue avec les Pays participants
et continuer à
sensibiliserles
gouvernementset plus
particulièrement les Ministres dela
Santé à I'importance du maintien de la lutte contre l'onchocercose.Bl Au
niveauintermédiaire
La
Direction régionale des systèmes de santé des Pays participants s'occupe surtout de la supervision et de la formation. L'hôpital régional, centre de référence pour les hôpitaux de district devrait avoir un équipement adéquat et une masse critique de personnels de santé forméspour
être des formateurs. Mais en généralle
niveau régional est actuellement malpourw pour
répondre correctementà
sonrôle de
référence.C'est pourquoi il
faudraitinventorier au niveau de chaque région sanitaire ce
qui
suit :1)
[æs programmesde
supervision élaboréset le
degré deleur
réalisation en tenant compte des moyens disponibles (superviseurs, véhicules, ressources financières). [æ contenude
cette supervisiondevrait inclure le volet sur
les activitésde
dévolution (surveillance épidémiologique, distribution de l'ivermectine,IEC...)
dans les zones onchocerquiennes.2)
læs progralnmes de formation/recyclage sur les différentes maladies de la région dont l'onchocercose ainsi que les formateurs disponibles (quantité, qualité). Dans tous les cas en matière de dévolution la coordination nationale pourrait envisager de former des formateurs dans les régions "oncho" :a) Pour la
surveillance épidémiologique desvillages
sentinelles,l'équipe
nationalepourrait à l'instar du niveau central former un
récenseur,un
snippeuret
un microscopiste. Seulement les Ministères dela
Santé devraientfournir
aux équipes régionales formées le matériel nécessaire pour la surveillance épidémiologique. Pourle
momentle
seuloutil
de diagnostic disponible surle
terrain est la biopsie cutanée qui se heurte quelquefois à la reticence des populations (attitude heureusement vaincue par une bonne information et une sensibilisation appropriée). Au cas où la formation de l'équipe de surveillance de l'onchocercose est retenue dans une région deux cas de figures peuvent se présenter :s'il
existe déjàune
équipede
surveillance des maladies dansla région,
les éléments à former pour la surveillance de l'onchocercose devront être choisis au sein de cette équipe.-
par contre si une telle équipe n'est pas encore constituée ceux qui seront forméspour
l'onchocercose pourront servir depoint
de départpour la
mise sur pied d'une équipe régionale de surveillance pluri-pathologique.Toujours est-il que les décisions reviennent aux Pays participants car
il
se peut qu'un pays décide de ne pasavoir
une équipe régionale de surveillance des maladies et préfère plutôt former directement des équipes de surveillance pluri-pathologique au niveau des districts.b)
Pour la distribution de l'ivermectine, outre la formation des formateurs, la direction régionale de la santé devrait se charger de la planification d'ensemble, du suivi et del'évaluation du programme annuel de traitement dans les districts de son ressort. Elle devrait coordonner également les interventions éventuelles de différentes ONG dans le traitement communautaire.
c)
PourI'IEC,
c'est à mon avis, le niveau régional qui est le lieu le plus approprié pour entreprendre les enquêtes UCAP" en vue de mieux cerner les spécificités locales et produire du matériel éducatif sur l'onchocercose susceptible d'améliorer la perception des messagespar les
populationsd'une
mêmerégion. De
mêmeles
recherches opérationnelles permettront d'identifier les canaux les plus apropriés de diffusion des messages sur l'onchocercose.En définitive
la
direction régionale dela
santé devrait organiser, si cela n'était pas encorefait,
une réunion annuelle derewe
des activités de santé dont celles relatives à la dévolution.[æ
financement de ces rencontres entre l'ensemble des districtsd'une
même région devrait êtrepris
en chargepar le
budget régional de santé avecle
cas échéant la contribution des ONG de terrain.Une bibliothèque comportant les principaux ouvrages et publications sur la lutte et Ia surveillance de l'onchocercose devrait être constituée au niveau de chaque direction régionale dans les zones "oncho" pour servir à la formation et au recyclage des personnels de santé.
C/ Au
niveaupériphérique
(district sanitaire)En
général dansle
cadrede la
miseen
oeuvre des stratégiesde
soinsde
santé primaires avec décentralisation progressive des responsabilités et des ressources (humaines, matérielles, financières),les
Pays participants mettentl'accent sur le district,
niveau opérationnel des systèmes nationaux de santé.Dans tous les pays,
il
existe une direction de la santé de district,l'hôpital
de district, les centres et postes de santé voire des cases de santé. L'équipe de santé de districty
comprisle
médecin-chefde l'hôpital de district devrait
prendre progressivementen
charge la prograrnmation, la mise en oeuvre et le suivi/évaluation des activités de dévolution.I1 est tout à fait utile de faire l'inventaire de ce qui existe à l'heure actuelle dans ces structures périphériques (districts sanitaires)
qui
sont les véritableslieux
d'application du processus de dévolution de I'OCP. Ainsi chaque année, chaque Pays participant pourrait fairele point
dansles districts "oncho" sur les
ressources humaines disponibles (quantité et qualité), les équipements existantsy
compris les moyens de locomotion, les efforts fournispour le
financement des activités de dévolutionpar le
budget del'Etat
ainsi quele
degré d'intégration de ces activités.En effet au niveau du district et selon
la
situation quiy
prévaut,la
conduite à tenir pourrait se présenter ainsiqu'il
suit :1)
Concernantla
surveillance épidémiologique de l'onchocercose,il faudrait
vérifier d'abords'il
existe déjà une équipe opérationnelle de surveillance épidémiologique. Si non, une équipe dont les éléments seraient choisis dans l'équipe de santé dudistrict,
devrait être forméepour la
surveillance épidémiologique activede
l'onchocercose.Il s'agirait d'un
récenseur,d'un
snippeuret d'un
microscopistedont la
formation serait assuréesoit
par l'équipe nationale soit par l'équipe régionale si elle existe.Il
reste entendu que les enquêtes parasitologiques feraient partie intégrantedu
programme de surveillance des maladies au niveau du district concerné et que le matériel de biopsie cutanée devrait être disponible.De même les médecins et infirmiers chargés des consultations des malades dans les hôpitaux, centres
et
postes de santé, devraient recevoir une formation appropriéesur
lesdifférents
aspectsde
I'onchocercoseen vue d'assurer
correctementla
surveillance épidémiologique passive dela
maladie. Selon les payset le
degré de décentralisation des services de santé, les centres de santé pourraient être dotés en matériels de biopsie cutanée et en microscopes pour une confirmation de diagnostic sur place.Par ailleurs les chargés du système d'information sanitaire (statistiques) devraient être formés en analyse
et
interprétation des données de surveillance épidémiologique selon la méthodologie deI'OCP.
Toutes les données sur l'onchocercose devraient être intégrées aux supports du système national d'information sanitaire (notification des cas avec enquêtes de migration, analyse des données des enquêtes parasitologiques des villages sentinelles, rapports des traitements à l'ivermectine, rapports des campagnesd'IEC
et de traitement au sol pour lutter contre la nuisance, rapports de suivi/évaluation des activités...).
Dans tous les cas les coûrmunautés devraient être encouragées davantage à détecter elles-mêmes les cas suspects(
migrants et autochtones) et à lesdiriger
vers les formations sanitaires les plus proches pour leur prise en charge diagnostique et thérapeutique (mise en placed'un
système d'information sanitaire à assise cofilmunautaire sur l'onchocercose).2)
Concernant le traitement à l'ivermectine,il
est constaté sur le terrain que les médecins etinfirmiers
des hôpitaux de district et des centres de santé participent en nombre de plus en plus grand aux campagnes de distribution de l'ivermectine. I1 s'agirait donc de faire un récensement exhaustif de ces intéressés dont les plus performants pourraient être utilisés pour la formation des agents de santé au niveau du district avec l'appui soit de l'équipe régionale de formation soit de l'équipe nationale.En vue de promouvoir le traitement corlmunautaire, les équipes mobiles nationales forment de plus en plus de volontaires dans les villages. Désormais cette tâche devrait être confiée aux agents des centres de santé concernés comme cela se
fait
déjà dans les villages où l'auto-traitement à l'ivermectine est appuyé par les ONG. [æ nombre de personnes ayant bénéficié du traitement communautaire par rapport aux autres modes de distribution dans unpays serait, à mon avis, un bon indicateur du degré d'intégration du traitement
à l'ivermectine dans les soins de santé primaires, surtout si en même temps la supervision des distributeurs bénévoles est correctement assurée par les agents de santé.Pour le traitement passif, actuellement très peu développé (environ
4
% tous modes confondus),la
situation pourrait être améliorée d'une partpar la
formation/recyclage des agents de santé et leur plus grande responsabilisation dans la planification, l'exécution et lesuivi du
prograrnmede distribution au
niveaudu district, d'autre part par une
large information des corlmunautés sur la disponibilité de ce mode de traitement au niveau des formations sanitaires fixes.Il
serait intéressant devoir
si des recherches opérationnelles ont été entreprises dans les districts sur les différents modes de traitement à l'ivermectine pour minimiser les cofits, sans oublier la recherche des différentes formes de motivation des volontaires villageois en dehors de tout intéressement financier (cette motivation devant être maintenue pendant une longue période !).3)
Concernantla
lutte contre la nuisance simulidienne, outre le traitement larvicide au sol qui devrait être toujours très sélectif,il
faudrait surtout s'intéresser au comportement des populations des sites concernés vis-à-vis des piqûres depuisl'arrêt
des épandages larvicides'Il faudrait
également analyserles
dispositionsprises pour informer
correctement les cortmunautés ainsi que les responsables politico-administratifs et les rassurer que le retour des simulies non infectées ne représente désormais aucun danger pour leur santé (nombre de campagnes de sensibilisation organisées pendantla
saison des pluies par exemple).Au
totall'état
des lieux au niveau district des zones "oncho" serait, à mon avis, unbon reflet de la
situation des formations sanitaires quantà
leurs capacités de mener les activités de dévolution en même temps que les autres activités courantes de santé.Conclusion
En allant constater sur le terrain avec les coordonnateurs nationaux ce qui existe aux
différents niveaux des
systèmesde
santé(cadre institutionnel,
ressources humaines, équipements et ressources financières),il
est possible non seulement de se faire une idée de ce qui est réalisable avec les moyens disponibles mais surtout de cequ'il
faut améliorer pour rendreles
servicesde
santé capablesde
prendreen
chargeet
intégrerles
activités de dévolution de l'OCP.Dores et déjà les
besoinsen formation des
personnelsde
santé viendraient certainement en tête deliste
sans minimiser les effortsà fournir pour
les équipements (y compris les moyens de déplacement) des services de santé, ainsi quele
financement des activités de dévolution par le budget del'Etat
et à terme, l'intégration de ces activités dans les soins de santé primaires.Par ailleurs "faire l'état des lieux" est un exercice qui offre l'opportunité d'établir un dialogue permanent avec les responsables de santé aux différents échelons de
la
pyramide sanitaire et ainsi de suivre régulièrement les progrès réalisés par les Pays participants dans la mise en oeuvre du processus de dévolution du Programme de lutte contre l'onchocercose enAfrique
de l'Ouest (OCP).M. SYLLA 15/08/1995