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Introduction de la séance dédiée : « L’autisme, aux confins de la psychiatrie du développement et de la neurologie : évolution des modèles et des pratiques » – Académie nationale de médecine

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Séance dédiée :

« L’autisme, aux confins de la psychiatrie du dévelop- pement et de la neurologie : évolution des modèles et des pratiques »

INTRODUCTION

Jean-Pierre OLIÉ *

Trop, beaucoup trop d’autistes enfants ou adultes, trop, beaucoup trop de parents et familles d’autistes ont souffert de pratiques médicales approximatives guidées par le dogme d’une psychogenèse exclusive de ces maladies.

Le prosélytisme de ce dogme bâti sur une lecture erronée des théories freudiennes était d’autant plus accepté qu’il proposait une paresseuse explication psychologique de symptômes psycho-comportementaux pourtant si complexes.

Cette méprise entre psychiatres d’une part, patients et familles d’autre part n’est que très partiellement cicatrisée en France. Ceci rend bienvenu que l’Académie de Médecine s’exprime alors que circulent de nouvelles idées parfois aussi approxima- tives que le furent les croyances passées sur l’étiopathogénie et les possibles théra- peutiques.

Dans ce difficile contexte depuis plus d’un un demi-siècle notre collègue Gilbert LELORD fut un exemple. Loin des excessives polémiques contraires à son élégante courtoisie il a réalisé un travail dont beaucoup mesurent mal l’ampleur.

G. Lelord fut tout d’abord un clinicien avisé, humble observateur des symptômes de l’autisme infantile. Il a travaillé à la construction de l’indispensable outil clinique pour guider l’aide à ces patients.

G. Lelord a usé de sa curiosité et de son intelligence pour connaître la physiopatho- logie sous tendant les troubles autistiques. Pour cela il a eu le mérite de recourir aux outils les plus modernes, depuis l’enregistrement de l’activité électrique du cerveau dans les années 50 à la Salpêtrière (en 1957 il a observé l’imitation cérébrale inconsciente du mouvement d’autrui plus tard désignée par le terme neurones miroirs) jusqu’à la neuro-imagerie en IRM fonctionnelle. Ses travaux ont été

* Membre de l’Académie nationale de médecine

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conduits à Tours avec son équipe au sein de l’unité de recherche INSERM dirigée par Léonce Pourcelot : ils lui ont valu une reconnaissance internationale.

Enfin G. Lelord n’a jamais manqué de porter une respectueuse attention aux personnes handicapées par l’autisme et ses comorbidités témoignant de ce profond humanisme qui caractérise les plus grands d’entre nous.

Il revenait naturellement à G. Lelord d’introduire cette journée de l’Académie de Médecine dédiée à l’autisme : son état de santé ne lui permet hélas plus de fréquenter notre compagnie aussi assidûment qu’il aimait à le faire. Il m’a adressé un courrier où il dit chaleureusement son bonheur de nous savoir en train de consacrer une journée à cette pathologie du neuro-développement.

L’indisponibilité aujourd’hui de G. Lelord me vaut l’honneur en qualité de Président de la commission V d’introduire notre journée dédiée à l’autisme. En effet depuis plus d’un an la commission V s’est donnée ce thème de travail. À partir des auditions de personnalités compétentes en ce domaine nos collègues C. Barthélémy et M.C. Mou- ren ont rédigé une synthèse qui a conduit J. Cambier que nous remercions à convaincre notre Président et notre Secrétaire perpétuel de la pertinence de consa- crer, fait exceptionnel dans notre compagnie, une journée entière à l’autisme.

Le sujet le mérite en effet et nous sommes reconnaissants à tous d’avoir souscrit à cette proposition. Et je remercie particulièrement Catherine Barthélémy et Marie- Christine Mouren d’avoir conçu le programme qui nous est proposé ce matin et cet après-midi.

L’autisme se caractérise par un ensemble d’altérations de la communication sociale, verbale et non verbale. Les modalités de pratique de cette communication sont diverses : au premier plan le langage qui, tout en obéissant à des règles, doit s’adapter au contexte émotionnel et social. Il conditionne les acquisitions scolaires et professionnelles et la qualité des interactions sociales. La communication sociale s’opère également par la mimique et les comportements. Le déficit de la réciprocité sociale ou émotionnelle est le symptôme central de ces pathologies.

Le trouble du spectre autistique est le premier diagnostic à envisager chez les personnes ayant des déficiences de la communication sociale. Ce trouble associe d’autres manifestations au premier rang desquels des comportements répétitifs, des centres d’intérêts restreints.

Le niveau de sévérité peut-être suffisamment modeste pour rester compatible avec une vie sociale acceptable (niveau 1) : certes les relations sociales ne sont pas aisées, certes la rigidité du comportement ne facilite pas l’autonomie et l’intégration sociale. À l’autre extrémité les formes sévères dites de niveau 3 enferment le sujet en lui-même en proie à une détresse importante avec un langage peu compréhensible.

Le trouble autistique se révèle typiquement au cours de la deuxième année de la vie notamment par le manque d’intérêt pour les sollicitations de l’entourage. Ceci va de pair avec un retard d’acquisition du langage qui doit faire éliminer une surdité.

L’émergence de comportements bizarres et répétitifs oriente peu à peu vers le diagnostic.

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Le trouble autistique n’est pas un trouble dégénératif : les apprentissages restent possibles tout au long de la vie ce qui rend si important un diagnostic aussi précoce que possible pour la mise en place d’actions éducatives et rééducatives. Devenus adultes ces sujets savent souvent user de stratégies de compensations pour maintenir un fonctionnement social acceptable.

Le trouble autistique peut en effet être associé à des compétences intellectuelles supérieures : c’est ce que l’on appelle l’autisme de haut niveau en raison de compé- tences non ordinaires en un domaine tel que calcul mathématique ou connaissances historiques. Hélas plus fréquente est in fine l’association à une déficience intellec- tuelle ou à une épilepsie ou encore à un autre trouble psychiatrique tel que trouble de l’attention, trouble anxieux, trouble dépressif ou trouble schizophrénique : 70 % des individus ayant un trouble du spectre autistique ont un trouble mental comorbide.

C’est dans les contextes culturels moins favorisés que le diagnostic est le plus retardé : il importe que les évaluations médicales de la petite enfance sachent repérer ces pathologies puisqu’elles justifient des réponses à la fois médicales et péda- gogiques.

On estime actuellement la fréquence du trouble autistique à 1 % de la population, 10 fois plus qu’il y a un siècle. Plusieurs explications peuvent être avancées : un diagnostic mieux connu, un contexte social plus complexe nécessitant donc des compétences supérieures pour les interactions, une conception plus large du trouble.

Divers facteurs de risque sont connus telle une exposition fœtale à des facteurs environnementaux notamment médicamenteux (valproate, antidépresseurs). Le facteur génétique est important : l’héritabilité du trouble varie entre 40 % et 90 % dans les études de concordance chez les jumeaux et actuellement 15 % de ces troubles sont associés à une mutation génétique connue.

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