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Quelques généralités sur le volcanisme
BRUN, Albert
BRUN, Albert. Quelques généralités sur le volcanisme. Le Globe, 1916, vol. 55, no. 1, p. 55-56
DOI : 10.3406/globe.1916.5372
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:150057
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SÉAîsCES 55 Du lac de Mattmark, une dernière ascension conduit au lac de Màrjelen, célèbre dans le monde entier par ses débâcles et le pitto¬
resque de ses rives qui rappellent les paysages du Spitzberg et du Groenland. Les eaux du petit vallon latéral de Màrjelen ont été barrées par le grand glacier de l'Aletsch. Le lac ainsi formé peut se vider de trois manières : -1° par débordement par-dessus le glacier; 2° au travers d'une crevasse à l'intérieur du glacier; ou 3°
par une crevasse de fond. Les deux derniers modes d'écoulement peuvent donner lieu à des débâcles, les crevasses une fois formées s'agrandissant très rapidement. Ainsi, pendant la nuit du 30 au 31 juillet 4 913, le lac s'est subitement vidé, laissant à nu une paroi
de glace de 70 m. de hauteur. 3 000 000 de m3 se sont écoulés en 18 heures par la Massa, émissaire du glacier d'Aletsch, dans le Rhône. Le niveau de ce dernier cours d'eau était heureusement à ce moment assez bas, et l'on n'a pas eu à déplorer des inondations qui ont été d'autres fois très fortes. Les débâcles du lac de Màrjelen influent de plus sur le charriage des matières en suspension de la Massa. Ainsi, au mois de juillet 1913, ce cours d'eau charria 120115 tonnes de troubles dont 86 000 tonnes représentent à elles seules l'effet de la débâcle.
Le président, en remerciant le conférencier, constate qu'on a toujours bien travaillé au Service des Eaux, et encore mieux depuis quatre ans que M. Collet en a pris la direction. Celui-ci nous a enseigné une foule de choses intéressantes, et son auditoire lui est reconnaissant d'avoir montré des lacs suisses dans leur état actuel, avant qu'ils ne soient transformés pour les besoins de l'in¬
dustrie.
SÉANCE DU VENDREDI 10 MARS 1916 Présidence de M. Raoul Gautier, président
Élection d'un membre correspondant, M. le Dr Léon-W. Collet, directeur du Service suisse des Eaux du Département de l'Intérieur, à Berne.
Communication de M. Albert Brun, Dr es sciences, M. E. : Quelques généralités sur le Yolcanisme
(avec projections) (Résumé)
Les vues originales que M. Albert Brun, notre distingué spécia¬
liste en vulcanologie, a exposées à la Société dans sa communica-
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tion, seront prochainement appuyées par un travail qui est en préparation. La rédaction du Globe ne peut donc donner ici qu'un pâle reflet de cet intéressant exposé.
M. Brun a, d'abord, indiqué la répartition géographique des volcans dans les cinq parties du monde, en faisant remarquer que tous ces volcans anciens, récents ou actuellement en activité, se trouvent proches ou en bordure des effondrements terrestres. Mais ce n'est là qu'une règle apparente, le volcan fait lui-même partie de l'effon¬
drement. Et si l'on pouvait constater la présence de volcans dans les fonds océaniques, on en trouverait probablement un grand nombre.
En présence de la complexité des phénomènes volcaniques ter¬
restres et des difficultés que présente leur explication, on est for¬
cément appelé à chercher des termes de comparaison dans d'autres astres. M. Brun communique ses vues personnelles, très originales, sur les analogies que présentent les régions des volcans terrestres avec certains cirques lunaires, puis sur quelques faits communs que l'on peut constater dans les phénomènes vol caniques et dans certains phénomènes offerts par les taches solaires, effondrements, elles aussi : production d'orages magnétiques sur la terre, émission de vapeurs de composés métalliques, effet zeemann, etc...
M. Brun fait ensuite défiler devant l'auditoire, dans une belle série de projections, des vues de volcans visités par lui dans toutes les régions de la terre. On a spécialement admiré les vues prises au pic de Teyde, dans l'île de Ténériffe, et à Java.
Le président, en remerciant le conférencier, constate que M. Brun est certainement un des Genevois vivants qui ont le plus circulé sur notre planète dans un bat d'études scientifiques. Certaines pho¬
tographies, prises par lui à proximité d'une éruption en cours, témoi¬
gnent de son intrépidité et de son mépris du danger. Le président a été très frappé de la façon judicieuse dont M. Brun a relevé les analogies entre certains côtés de la topographie lunaire et les phé¬
nomènes volcaniques terrestres.
M. Émile Chaix demande si la perforation de l'écorce terrestre, produite par un volcan, est due à une puissance explosive ou à une pénétration thermique. M. Brun répond qu'il n'y a pas d'explication satisfaisante, aucun phénomène terrestre n'est analogue à la perfo¬
ration volcanique. Les bords des orifices sont parfaitement francs et non inclinés; il y a là quelque chose que nous ne connaissons pas.