N°28 - 20 octobre au 26 octobre 2017
L’AFFAIRE
WEINSTEIN
QU’A FAIT HARVEY WEINSTEIN ?
QUE FAIRE EN CAS D’AGRESSION ? QU’EST-CE QUE LE HARCÈLEMENT, L’AGRESSION ?
Et aussi un
QUIZ
N°35 - 8 au 14 décembre 2017
LES JEUX
DE SOCIÉTÉ
D’OÙ VIENNENT LES JEUX
DE SOCIÉTÉ ?
POURQUOI LES AIME-T-ON TANT ? COMMENT LES
FABRIQUE-T-ON ?
Concept Cécile Bourgneuf, Emilie Coquard et Elsa Maudet Rédaction Floriane Gerenthon et Elsa Maudet
Illustrations Priscillia Rungiah et Emilie Coquard Iconographie Isabelle Grattard et Laure Troussière Edition Noémie Destelle
A l’approche de Noël, c’est toujours pareil : à la télé, dans les magasins, on voit des jeux de société partout. Les Français adorent ça et en
achètent beaucoup, surtout en fin d’année. Que sait-on de leur histoire ? Comment sont-ils fabriqués ? Et pourquoi aime-t-on autant y jouer ? Suis-moi dans les coulisses de ces jeux pour tout savoir.
LES JEUX DE SOCIÉTÉ
N°35 - 8 au 14 décembre 2017
DENIS, 13 ANS, EST FAN DE JEUX DE SOCIÉTÉ
Denis a une passion : les jeux de société. Rien que chez lui, il y en a 300 différents ! L’adoles- cent de 13 ans joue parfois le soir ou pendant les vacances avec son petit frère de 10 ans et sa grande sœur de 16 ans. Mais il préfère affronter ses copains
«parce qu’avec la famille, c’est
trop facile. Ils connaissent déjà ma stratégie !» reconnaît le collégien.
Son jeu préféré, c’est Gobb’it.
Un jeu de cartes dont le but est d’attraper en premier les animaux de ses adversaires.
Denis aime les jeux de société parce que c’est une occasion de jouer avec les autres et de mettre au point des tactiques.
«Comme ça, à chaque partie, je joue différemment», précise le garçon, qui habite à Mons- en-Barœul, près de Lille, dans le nord de la France.
Depuis six ans, il fait partie de L’Etoile du jeu, une associa- tion située dans sa ville, où les adhérents se réunissent pour
partager leur passion. Il y va chaque dernier vendredi du mois, le jour où c’est réservé aux enfants.
Tous les ans, l’association organise à Lille un festival de jeux de société : Ludinord. Denis participe à sa préparation : quelques semaines avant, il joue aux jeux qui seront présentés et en apprend les règles par cœur. Pendant le festival, il les explique aux visiteurs et à ses copains, qui viennent le voir.
L’adolescent aime bien partager sa passion, mais il n’aimerait pas qu’il y ait un club au collège, car cela voudrait dire qu’un pro- fesseur serait là pour surveiller.
Ce serait moins drôle !
MONS-EN-BARŒUL, LA VILLE OÙ HABITE DENIS
Stratégie
Façon de jouer qui doit permettre de gagner.
Tactiques
Façons de jouer qui doivent permettre de gagner, comme les stratégies.
LES JEUX DE SOCIÉTÉ, STARS DE NOËL ?
Noël, c’est bientôt. Et au pied de nombreux sapins, c’est sûr, on trouvera des jeux de société. Normal : les Françaises et les Français en sont les plus gros consommateurs en Europe.
L’année dernière, 25 millions de boîtes ont été vendues, soit presque une par seconde !
Dans les rayons, le choix est large. Jeux de cartes, avec un plateau, casse-tête… En tout, en France, on compte 10 000 jeux de société différents.
Ce qui marche bien cette année, ce sont «les jeux rigolos, faciles à comprendre, avec des règles simples, auxquels on peut jouer avec les parents et les grands-parents», explique Frédérique Tutt, qui analyse les ventes de jouets dans le monde pour l’entreprise NPD Group. C’est par exemple le cas de Tête de crotte, un jeu de cartes avec des cacas en plastique et un coussin péteur, dans lequel il faut se débarrasser de ses cartes en respectant un ordre précis (on commence par aller aux toilettes, on finit en se lavant les mains).
«Chez les 5-9 ans, la mode est aux escape games», poursuit Frédérique Tutt. A l’origine, il s’agit de jeux d’évasion : des per- sonnes sont enfermées dans une pièce et doivent en sortir en résolvant des énigmes. Désormais, il existe des versions jeux de société. Par exemple, le fait de résoudre une énigme donne un code, qui permet d’ouvrir une boîte.
Enfin, des jeux qui existent depuis longtemps continuent à beaucoup plaire. C’est par exemple le cas du Monopoly, du Uno ou de Jungle Speed. «Il y a une part de nostalgie. Les parents connaissent ces jeux et se rappellent les bons moments passés.
En plus, ils connaissent les règles», remarque Frédérique Tutt.
Tête de crotte fera partie des jeux stars de Noël. Photo Dujardin
Dans le jeu Escape Game, il faut résoudre une énigme en trouvant les bons indices, grâce à des outils
de détective. Photo Dujardin
Depuis des dizaines d’années des joueurs achètent et revendent
des maisons avec le Monopoly.
Photo Hasbro
Nostalgie
Envie de retrouver des choses vécues dans le passé.
D’OÙ VIENNENT LES JEUX DE SOCIÉTÉ ?
Le premier jeu de société, le senet, date d’il y a 5 000 ans environ. Il a été retrouvé en Egypte. C’est l’ancêtre du jeu de l’oie. Le but ? Etre le premier à atteindre la dernière case du parcours, qui représente le ciel. Pour y arriver, il fallait lancer des petits bâtonnets marqués d’un signe (les ancêtres des dés) et avancer ses pions.
Un jeu de senet de l’Egypte ancienne datant du XIIIe (13e) siècle avant Jésus-Christ. Photo Werner Forman. UIG. Leemage
Aujourd’hui, de nombreuses personnes aiment les échecs, ce jeu où il faut déplacer des pions sur un plateau rempli de cases de deux couleurs. Les historiens pensent qu’il a fait son appari- tion vers l’an 600, en Perse (c’est l’Iran aujourd’hui), en Inde ou en Chine. Ils ont du mal à donner un lieu précis car ils n’ont pas trouvé toutes les preuves. Les échecs sont arrivés en Europe bien plus tard, vers l’an 1000.
Un jeu d’échecs datant du XIIe (12e) siècle.
Photo AKG-Images. WHA. World History Archive
Au Moyen-Age, dans les années 1370, en Italie, l’invention de l’imprimerie a permis la fabrication de jeux de cartes. Ensuite, les jeux de société ont continué à se développer. Au début du XIXe (19e) siècle, ils étaient encore réservés aux adultes les plus riches. En Allemagne, vers 1850, on a commencé à les utiliser pour l’éducation des enfants.
Un jeu de cartes français datant du XVIIIe (18e) siècle.
Photo AKG-Images
A partir de 1900, les jeux de société sont devenus plus populaires.
Ils n’étaient plus réservés aux personnes riches et éduquées, toute la famille s’est mise à y jouer. Les premières parties de Monopoly ont eu lieu en 1935, le Scrabble a été créé vers 1948, après la Seconde Guerre mondiale, et le Puissance 4 est né en 1974.
Le Mille bornes a fait son apparition en 1954. Photo Dujardin
Populaires
Aimés et utilisés par le peuple.
COMMENT
FABRIQUE-T-ON
UN JEU DE SOCIÉTÉ ?
Pour faire un jeu de société, il faut deux choses : trouver la bonne idée et fabriquer le jeu. Ce ne sont pas forcément les mêmes personnes qui font les deux.
1. TROUVER LA BONNE IDÉE
Antoine Bauza invente des jeux de société depuis vingt ans.
La première étape est la plus importante : il faut avoir une idée originale, pas vue ailleurs. Une fois qu’il l’a trouvée, Antoine construit le tout premier exemplaire du jeu, une sorte de brouillon, qu’on appelle un prototype. Il le fabrique avec du carton, il découpe lui-même les cartes et les jetons. Il écrit aussi les règles du jeu.
Voilà un dessin qu’Antoine Bauza a fait pour Oceanos, un jeu d’aventure sous-marine sorti en 2016. Au début, il l’avait appelé Abyss.
Photo Antoine Bauza
Ensuite, Antoine teste son invention auprès de sa famille et de ses copains. Il se sert de toutes leurs remarques pour améliorer ce qui ne va pas. Puis, avec un ordinateur, il crée les illustra- tions pour le plateau, les cartes et les pions.
Quand il pense que son jeu est prêt à être fabriqué, Antoine contacte un éditeur, c’est-à-dire un fabricant.
2. FABRIQUER LE JEU
L’entreprise Matagot est éditrice de jeux. Elle nous a ouvert ses portes pour nous montrer comment elle crée Meeple Circus.
Dans ce jeu, les joueurs sont à la tête d’une équipe d’acrobates et doivent obtenir le plus d’applaudissements possible du public.
DANS LES COULISSES DE FABRICATION DE MEEPLE CIRCUS
Ce reportage photo a été réalisé par Laurent Troude.
Ce jeu a été inventé par Cédric Millet. Quand il a rencontré les éditions Matagot, il est venu avec des pions en bois qu’il avait achetés lui-même. Matagot les a ensuite améliorés, en changeant leur forme.
Pour que tout le monde puisse comprendre le jeu, les chiffres et les couleurs qu’il y a sur les cartes doivent être bien lisibles. Ça prend des mois d’améliorer les dessins sur ordinateur.
Après plusieurs changements, voici le pro- totype le plus proche de la version finale de Meeple Circus.
Il n’y a pas de plateau dans Meeple Circus, les cartes se posent directement sur la table.
Moins il y a d’éléments, moins il faut de carton pour fabriquer le jeu, donc moins il coûte cher.
Chaque boîte de Meeple Circus est vendue 40 euros mais ne coûte que 7 euros à fabriquer C’est parce que l’entreprise a aussi d’autres dépenses, comme les salaires de ses em- ployés ou le transport pour envoyer les boîtes dans les magasins, par exemple. L’inventeur du jeu gagne 1,50 euro par boîte vendue.
Le jeu est fabriqué en Allemagne et en Chine, parce que ça coûte moins cher qu’en France.
Avant de faire des milliers de boîtes, l’impri- meur envoie un exemplaire à Matagot pour vérifier que tout est bien comme prévu. En tout, il aura fallu deux ans et demi de travail pour créer Meeple Circus.
POURQUOI AIME-T-ON TANT LES JEUX
DE SOCIÉTÉ ?
Les jeux de société, «ça permet d’être ensemble, d’être en même temps au même endroit avec les mêmes règles du jeu», constate Brigitte Jobbé-Duval, une ludologue, autrement dit une spécialiste des jeux. Comme respirer ou bouger, «c’est naturel pour tout le monde de jouer», précise-t-elle.
Sans s’en rendre compte, on apprend beaucoup avec les jeux de société. D’abord parce qu’on comprend qu’il faut respecter des règles et on améliore ses relations avec les autres. Et puis on développe son imagination et sa capacité à réfléchir à une stratégie.
«On est beaucoup plus libres que quand on est dans la réalité.
On peut avoir d’autres comportements», remarque Brigitte Jobbé- Duval. Par exemple, quand on s’amuse à prendre l’argent des autres au Monopoly, on sait que ce n’est pas vrai. On joue un rôle et ce personnage disparaît une fois que la partie est terminée.
Stratégie
Façon de jouer qui doit permettre de gagner.
Les jeux vidéo aussi permettent de se réunir avec des amis et de s’amuser, mais c’est un peu différent. «Avec les jeux vidéo, vous vous plongez complètement dans un univers graphique très prenant. Dans les jeux de société, c’est le fait d’être avec les autres qui rend le jeu sympa», affirme la ludologue.
Bien sûr, tout le monde n’aime pas les jeux de société. Certains ont des difficultés à accepter un règlement, n’aiment pas perdre ou ont peur de paraître ridicules aux yeux des autres. «Ils n’ar- rivent pas à décoller de la réalité», constate Brigitte Jobbé-Duval.
Quoi qu’il en soit, pour faire travailler son imagination et sa créativité, il n’y a rien de mieux que d’inventer ses propres jeux.
Graphique
Qui est lié au dessin.
Créativité
Capacité à créer et inventer de nouvelles choses.
FABRIQUE
TON MEMORY
MON COIN LECTURE
Le Tour du monde des jeux et des jouets Sophie de Mullenheim
et Marie Ligier de Laprade (Rue des enfants, 13€).
A partir de 7 ans.
Sais-tu que la poupée est le jouet le plus ancien qu’on ait retrouvé ? Avec ce livre, tu apprendras de nombreuses informations marrantes sur les jeux et les jouets. Tu pourras aussi découvrir à quoi jouent les enfants sur les autres continents de la Terre.
Tu veux en savoir plus sur les jeux ?
Voici des livres qui nous ont plu. En bonus, découvre un jeu de cartes tiré d’un livre.
Tu bluffes Chien pourri ! D’après l’univers de Colas Gutman et Marc Boutavant (L’Ecole des loisirs, 11,90€).
A partir de 7 ans.
Chien pourri est le nom d’une série de livres pour enfants.
Désormais, ça existe aussi en jeu de cartes. Choisis d’abord qui tu veux être (Chien pourri, Chaplapla, le Bulldog…), puis aboie du mieux que tu peux :
le meilleur imitateur démarre la partie et pose une carte face contre la table en annonçant un chiffre. Les autres joueurs doivent ensuite poser des cartes dont le chiffre est égal ou supérieur. Mais rien ne prouve qu’ils disent vrai…
Le but de ce jeu : mentir à tes adversaires et démasquer les menteurs !
POUR JOUER À PARTIR D’UN LIVRE
Maudit Troll ! de Sally Grindley et Peter Utton
(L’Ecole des loisirs, 14€).
A partir de 5 ans.
Un méchant troll se cache dans une rivière. Une rivière que trois petits boucs aime-
raient tranquillement traver- ser, sans se faire croquer. Tu devras regarder très attentive- ment les images et soulever des cachettes pour faire sortir le monstre vert de sa tanière.
Les boucs te donneront des indications pour t’aider. Un vrai jeu de piste dans un livre !
No pasarán, le jeu de Christian Lehmann (L’Ecole des loisirs, 6,80€).
A partir de 12 ans.
Andreas, Thierry et Eric sont dans le même lycée. Lors d’un voyage scolaire en An- gleterre, les trois amis, fans de jeux vidéo, s’échappent du groupe pour aller dans un magasin qui vend des jeux anciens. Pour quelques
pièces, le curieux vendeur du magasin leur propose un jeu très rare. Une fois rentré, Thierry installe ce jeu sur l’or- dinateur de son frère… C’est le début d’une nouvelle aven- ture quand une voix demande de «choisir un mode de jeu».
Embarque dans un roman où les héros vont devenir, sans le vouloir, les personnages d’un jeu.
