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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Intériorité

Rapport d’activité (mai 2017 – avril 2018)

Yoann Moreau, anthropologue, et Zofia Klyta-Lacombe, chercheuse en art (ci-après désignés par les lettres Y et Z) se sont retrouvés sur une question commune : qu’est-ce qu’une intériorité ? Pour y répondre, ils ont élaboré une méthodologie spécifique, sur la base d’un échange épistolaire.

En mai 2017, à l’origine du projet, ils ont l’intuition initiale qu’une correspondance par voie postale peut permettre de problématiser la question de l’intériorité. Cette intuition repose sur l’idée qu’une correspondance par lettre prête progressivement une consistance à une relation. L’échange de matière et d’information entre deux sujets distants, le papier, l’enveloppe, les mots et les signes font émerger un lien physique et affectif, génèrent une mémoire commune et suscitent un horizon d’attente. Ce faisant, un entre-deux s’organise progressivement, entre-deux qui n’est plus un non-lieu ou un non être, mais une correspondance. Le va-et-vient des trajectoires épistolaires élabore progressivement un tissu d’existence, une « étoffe » dirait Merleau-Ponty. Y&Z prennent le parti – fictionnel du point de vue de la rationalité moderne - qu’à l’intérieur de chaque lettre, il y a de l’être. Cet « être postal » change d’enveloppe corporelle à chaque expédition, sa chaire de papier mute également en termes de textures, d’opacités, de masses et de couleurs, mais ils ont aussi le sentiment que quelque chose subsiste au travers de ces métamorphoses. Y&Z appellent ce quelque chose l’âme des lettres, leur intériorité.

L’échange épistolaire est organisé sur le principe d’une narration « plissée », à la manière d’un OuLiPo : une liste de mots, de phrases ou d’expressions a été préalablement choisie, et chaque lettre est rédigée en les prenant successivement comme base de « sensation».

Quelques « vraies » rencontres entre Y&Z, et une ouverture du projet à la participation d’autres chercheurs complète ce dispositif. Y&Z se sont ainsi retrouvés les 9, 10 et 11 septembre 2017 pour ajuster leurs intuitions initiales, puis les 16 et 17 janvier pour confronter leurs découvertes à un « jury » composé de 3 artistes et 3 chercheurs du monde académique, sous la forme d’un séminaire séminal.

Suite à cette expérience collective, Y&Z ont poursuivit leurs échanges par voies postales jusqu’à la clôture du projet au sein de la HES-SO en mai 2018.

Première rencontre entre Y et Z – septembre 2017 1- Visite du muséum d’histoire naturelle de Genève

Distribué sur quatre étages, le Museum de Genève présente deux aspects de mondes « morts vivants ». L’un d’eux est représenté par la préservation des corps sans vie (empaillés ou baignant dans du formol) ; le maintient des formes du vivant dénué de mouvement a permis d’appréhender et de penser la question de l’intériorité depuis une autre perspective, celle de l’animation imaginaire. L’autre est celui des pierres précieuses et semi-précieuses, dont une pièce est dédiée aux pierres exprimant différentes couleurs ou aspects selon les longueurs d’ondes des lumières qui les éclairent. L’idée que les pierres s’expriment différemment selon leur milieu de lumière a ouvert une réflexion sur la possibilité d’une intériorité chtonienne de type labyrinthe, cabane, « imaginaire de la terre » (au sens de Bachelard) ou d’une « matière vibrante » (au sens de Bennett). D’une manière plus générale, cet étage a permis d'ouvrir un discours autour de la thématique de « l'opacité ». L’opacité, la notion était apparue dans quelques lettres, questionne, selon Y&Z, la perspective d'un intérieur à l'intérieur et, au-delà, l’horizon de l’existence d’un « étagement » ontologique distribué selon de multiples niveaux d’intériorité.

Ce thème était déjà apparu dans les échanges épistolaires, en amont de cette première rencontre.

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Néanmoins la confrontation directe aux objets opaques (les pierres précieuses, les cristaux) a permis de penser la thématique de « l'opacité » différemment, et concrètement.

2- Restaurant et jeu de plateau

Après la pause déjeunée dans un restaurant, Y propose à Z de jouer à Quoridor, un jeu de plateau consistant à élaborer progressivement un labyrinthe. Le labyrinthe, qui a été pensé dès les prémisses du projet comme une forme concrète dessinant « un intérieur à l’intérieur », a ainsi été mis en pratique et pensé au travers d’une forme ludique. Le recours à ce jeu est ressenti comme ayant un fort potentiel pour cette recherche. Y&Z inventent une variante du jeu, mettant en scène l’intériorité sous la forme d’une zone inaccessible dans un premier temps, au centre du plateau. Jouer à Quoridor permet de découvrir de nouvelles manières de fragmenter les horizons, de faire surgir des liaisons inédites entre le dedans et le dehors, d’arpenter des chemins discontinus difficiles à penser sans matérialisation et interaction. Le jeu Quoridor permet de faire l’expérience d’une intériorité non-séparée, contenue de manière poreuse par des segments fragmentés aux allures de fractales, ou de rhizomes.

3- Règles de l'échange épistolaire : Une méthodologie de travail clarifiée

Lors de cette première rencontre, Y&Z ont également clarifié les « règles du jeu » de leur échange épistolaire (leur méthodologie d'échange et de travail), sans perdre de vue les questions initiales qu’ils avaient émises dans le projet proposé au département recherche de La Manufacture.

Un principe général s’est rapidement dégagé, qui a orienté les choix des deux intervenants. Ce principe, c’est le respect de l’autonomie des lettres. Y&Z étaient d’accord pour penser que les lettres sont potentiellement des êtres. Cette perspective est aujourd’hui pleinement assumée. Ils souhaitent même prendre en considération la possibilité d’un « repeuplement » beaucoup plus vaste des mondes inanimés, des intérieurs abandonnés et supposés vides. Ils aspirent à réinvestir les mondes délaissés, voir si les « épaves du présent » sont tout à fait inhabitées et inhabitables ou si le temps peut encore les traverser. Cette méthodologie tend donc à leur permettre d’aller dans le sens d’un renforcement des conditions de possibilité d’existence des non-humains. Ceci, non seulement pour que les lettres puissent pleinement accéder au statut d’existence, mais aussi pour que leur recherche sur les intériorités n’écarte pas – pour des raisons de protocoles – des êtres dont les intériorités auraient été jetées « Dehors », mise au banc de la Modernité. Son paradigme dominant, le naturalisme, qui universalise la matière mais particularise les lieux de la conscience, forclos les possibilités d’existence

« flottante » (sans ancrage matériel). Cette dimension d’existence « flottante » fait également partie d’une attention dirigée de la part des deux intervenants, par exemple lorsqu’une intériorité est sans corps : spectre, esprits, rêves ou divinités désincarnées.

Y&Z ont produit une sorte d’adage résumant ce positionnement : « Les lettres ne sont pas des messages, ce sont des messagers ». Elles ne sont pas seulement des supports, elles agissent, interprètent et « performent » le message qui leur a été confié. Dès lors que les lettres sont considérées comme des êtres, comme des enveloppes recouvrant une chaire de papier, un principe éthique se forme : Y&Z doivent impérativement tout faire pour se refuser à toute pratique tendant à aliéner leur existence, ou à les maintenir au statut de choses.

Selon cet adage, Y&Z adopte comme ligne de conduite directrice les points suivants :

_ L’enveloppe et le papier changeant à chaque envoi, forment une nouvelle incarnation d’un être qui subit des métamorphoses très concrètes, notamment au travers du choix de ces deux supports se modifiant d’un courrier à un autre. Par exemple, un papier industriel peut déjà avoir été « tatoué » (quadrillé, numéroté, imprimé d’un entête, etc.), et ainsi marquer le corps du messager, de la lettre.

L’enveloppe, elle, peut se faire « tatouer » durant son voyage (tampons, scannage, marques faites par le réseau postal).

_ Le réseau postal est considéré par Y&Z comme un labyrinthe de l’inconnu. Ils partent du point de vue que lorsque les lettres entrent dans le circuit postal, elles sont introduites dans un lieu tentaculaire où

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tout est réuni, un rhizome planétaire reliant chaque maison, chaque rue, chaque lieu, en constante circulation, mais qui reste entièrement ignoré par les deux intervenants. Ceci étant posé, Y&Z imaginent le réseau postal comme « les veines d’un monde », un labyrinthe le cartographiant et l’irriguant quotidiennement. Ainsi, ils soulèvent l’hypothèse que les lettres qui circulent dans ce labyrinthe formeraient peut-être une société nomade ? Que pourrait-être une telle société de lettres ? Une société d’intériorités en perpétuelles métamorphoses ? Une société de messagers ?

Dans la poursuite de ce postulat que « les lettres ne sont pas des messages, ce sont des messagers, et donc des être(s) », quelques règles s’ensuivent :

Règle 1 : La suppression des « off »

Ce que Y&Z nomment « les off », ce sont les métadiscours qu’ils ont parfois rédigés à l’attention du lecteur, pour orienter sa lecture. Pour favoriser l'autonomie des lettres, il a été décidé d'abandonner les

« off » joints aux courriers, tels que des annexes adressées au lecteur, une instruction potentielle de lecture ou de gestuelle, etc.

Ainsi, pensent-ils, la lettre ne sera pas « infantilisée ». Elle doit pourvoir « parler d'elle même », c'est-à- dire être lue comme si elle-même s’adressait au lecteur. Son contenu doit donc pouvoir être lu de manière autonome, sans nécessité d’un lien direct avec son auteur(e). Réciproquement, avec cette mise à jour de la règle de rédaction des courriers, Y&Z souhaitent ne pas rendre le lettre dépendante de l'existence de son auteur(e), ni l’auteur(e) dépendant de la lettre. Ainsi, l’utilisation du « je » dans leur texte est considéré comme étant aussi celui de la lettre.

Dans ces conditions, dans le cas de figure où Y ou Z ne comprendrait pas une forme ou une information, ils gardent la possibilité de notifier cette incompréhension par la lettre suivante (mais, bien sûr, en respectant la règle du « pas de off »).

Une correspondance par mail entre Y&Z est accordée uniquement pour qu’ils s’informent de la date d’envoi d’une lettre (pour éviter l’attente d’un courrier égaré), ou pour se communiquer un éventuel changement d’adresse postale.

Règle 2 : L'adresse

La notion d’adresse semble aussi intéressante de continuer à développer. Son triple sens – à la fois 1- l’adresse postale (où va le courrier), 2-l’adresse entre locuteurs (par exemple lors d’une conversation ou dans l’écriture d’une carte postale) et 3-l’adresse sans interlocution (comme dans l’adresse du comédien au public, ou dans la prière) – semble pouvoir intriquer intimement les règnes de la matière sans parole / de la chair avec verbes et gestes / des intériorités sans consistance physique.

La problématique de « l'adresse » a été renouvelée en considérant les enveloppes des premiers courriers de Y&Z. En effet, un échange épistolaire repose nécessairement sur l’apposition d’une

« adresse » (c’est bien entendu grâce à cette indication de l’adresse qu’une lettre parvient à son destinataire) mais un ensemble d’autres marques sont ajoutées à l’enveloppe externe (timbres, coups de tampons, marques liées au voyage postal).

Ce questionnement a révélé une problématique que Y&Z souhaitent approfondir durant la suite de leurs échanges. Ils envisagent notamment de répondre aux questions suivantes :

- Qu’est-ce que l’adresse ? Qu’est-ce que l’adresse dans une prière ? dans le geste consistant à déposer des fleurs sur une tombe ? dans la performance d’un comédien ? Quelles sont les intériorités (ou quels sont les niveaux d’intériorités) qui sont engagés dans chacun de ces exemples ? Et dans d’autres situations ?

- à qui s'adresse-t-on quand on écrit ? S’adresse t-on à celui-celle qui lira le courrier (= la lettre comme message), ou s’adresse t’on au papier, à la matière (= la lettre comme messager) ?

- A qui s’adresse t-on quand on parle à un messager ?

- Utilise-t-on la bonne adresse, entendu cette fois comme « la bonne manière de s'adresser à l'autre » ? Être entendu et compris n’est pas une question de clarté de l’information, mais aussi une affaire

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d’intonation, de transmission d’un état d’être. Cette question renvoie directement à l’usage que Y&Z ont décidé des envois numériques (sous forme de clé usb, voir détails plus bas) : les envois dématérialisés n’ont pas de vocation informationnelle, ils servent à parler et à évoquer des états d’êtres, des

« humeurs », des émotions internes.

Règle 3 : Les « sensations »

Le terme « sensation » avait été choisi pour désigner la série d’extrait (phrases courtes ou mots) qui avait été prélevée par Y (selon sa sensibilité) dans le mémoire de master de Z. Dans le cadre de notre dispositif, ces « sensations » servent à organiser la succession des thématiques abordées dans les échanges épistolaires. Chaque « sensation » est successivement prise pour base pour écrire, et la

« sensation » suivante est prise comme horizon pour finir la lettre.

Y&Z se sont accordés sur le principe que les « sensations » doivent explicitement figurer dans le courrier lui même, de préférence plutôt au début du texte. Afin de tendre le relais à l'autre, chaque courrier doit tendre vers la « sensation » suivante, mais sans l'énoncer.

Ils appellent « notre ligne de vie » la série constituée par cette succession de sensations. « Notre » désigne ici trois lettres, Y, Z et L, qui font références à trois êtres nommés Yoann, Zofia et Lettre.

Règle 4 : Le numérique – la clef USB (Humeur et tempérament)

Y&Z avaient établi la possibilité de se transmettre des documents numériques associés à leur envoi postal. Ils maintiennent cet usage. Il a toutefois été précisé que le document numérique joint à l'envoi devra traduire l'état intérieur de la lettre. Il s'agira de lire la lettre en prenant en considération l'humeur / le tempérament ressenti à la lecture/visualisation/audition de la part immatérielle contenue dans le support numérique.

Cet aspect devra, dans la mesure du possible, entrer en résonnance avec chaque « sensation » (clarifiée ci-dessous) assumée par Y&Z. Le long de la « ligne de vie » des sensations la nature des narrateurs se modifie, se transforme. Entre chaque « sensation » il y a aussi une métamorphose affective. Les documents numériques contenus sur la clef USB doivent aider à traduire ces métamorphoses affectives, changement d’état d’être, d'humeur, de tempérament, d’ambiance sensible, d’émotions.

Remarques diverses :

- Y&Z doivent bien veiller à maintenir la polarité de leurs champs de recherche respectifs, sans tomber dans un entre deux mi scientifique mi artistique.

- Les artistes et scientifiques invités en tant que « jury » au séminaire séminal de janvier 2018 ne devront pas être maintenus dans une posture d’expertise, mais être invités à participer à la recherche et à intégrer le travail en cours.

- La notion de « labyrinthe » a été explorée à travers un jeu de société appelé Quoridor. Il pourra encore être utilisé par la suite pour éclairer cette notion de manière concrète.

- Deux notions présentes dans le projet initial, mais absente des échanges réalisés à ce jour devront faire l’objet d’une attention plus volontaire. Ainsi, la notion de « cabane » sera développée par Y dans un futur courrier (Habitat, habitus, ...) et la notion de « cave », de « grenier », de « terrier » sera développée par Z dans un futur courrier.

Les qualités spécifiques de L : l’être postal - C'est un être.

- Ce ne sont pas des êtres, mais bien un être.

- Son nom est Lettre (que l’on désignera ensuite par L).

- Le papier est son corps.

- Ce corps suit des métamorphoses, il change d’enveloppe.

- Il change aussi de chair, le papier n’étant jamais le même.

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- Nous ne savons pas encore la différence, s’il y a lieu, entre le corps-papier et le corps-enveloppe.

- Le texte est l’expression de L (sans oublier pour autant que L est un messager, et qu’il ne tend pas à raconter sa vie, mais à faire part d’un message qui lui a été confié).

- Le contenu numérique de la clé USB, part immatérielle du courrier, traduit le tempérament de L, son humeur, son état d’être.

- Le timbre est le paiement de sa métamorphose. Comme dans l’Égypte ancienne, c’est le prix à payer pour lui permettre de traverser le royaume des morts.

- Y&Z doivent pouvoir affirmer, sans mentir, « C'est L qui parle ». Le papier est un agent, une forme d’existence qui leur permet de penser l’intériorité (leur problématique) à nouveaux frais.

Trois intériorités (l'intériorité de l'intériorité)

- Y&Z ont établi qu'il existe trois intériorités distinctes dans leur travail de recherche.

- Le dispositif « Des lettres pour penser l’être » fait en effet intervenir l'intériorité de Y, l'intériorité de Z et l'intériorité de L (Lettre).

- Sur cette base, ils forment une hypothèse de recherche : l'intériorité de Z, l'intériorité de Y et l'intériorité de L ont un seul et même « intérieur de l'intérieur ».

- Ils ne savent pas encore ce que cela signifie vraiment.

- Peut-être que toutes ces intériorités indépendantes ont eu un ancêtre commun ?

- Peut-être qu’elles se sont croisées dans une existence intérieure, sous d’autres formes d’existence ? - Peut-être qu’ils possèdent une seule et même « âme de l'âme » ? Une « intériorité de l’intériorité » qui

leur serait soit commune à eux trois, ou bien qui serait extensible à l’ensemble des entités existantes, relevant donc d’un principe universel (une forme d’animisme-totémisme).

- Le postulat selon lequel Z, Y et L ont une même « intériorité de l'intériorité » reste à vérifier et à éprouver dans la suite des échanges épistolaires. Pour le moment, le seul indice en ce sens tient au

« lecteur des astres » consulté par Z pour l'élaboration de la lettre-sensation « Réunion des temps morts et des temps vides ». Avec cette Lettre, Z émet l’hypothèse que Y&Z se seraient connus

« avant » (dans une autre vie, sous une autre forme, dans un autre état, qu'ils viennent d'un même germe généalogique,...), et qu'il y aurait donc « quelque chose » qui traverse la mort et se poursuit au long d’une succession de métamorphoses.

2 participants

+ 1 message (devenu messager) ---

= 3 participants

- S'ils ont tous une seule et même intériorité, de quelle manière est-elle commune ? - Peut-être parce qu'ils se rejoignent sur un même projet, une même quête ?

Session du « séminaire séminal » - janvier 2018

Les 16 et 17 janvier 2018, dans les locaux de la Manufacture, Y, Z et L ont présenté leur recherche à des chercheurs-artistes extérieurs sous une forme tenant à la fois de la démonstration et de la soutenance.

Qu’est-ce qu’une démonstration ? C’est par exemple ce que réalise un vendeur de tapis ou d’aspirateur, présentant les données et caractéristiques concrètes d’une part, mythologiques et intersubjectives d’autre part, bref des dimensions à la fois rationnelles et scientifiques mêlées à des fictions et à une dramaturgie qui « font envie ». Une démonstration vise à convaincre, à emporter l’adhésion. Y&Z ont donc pris l’option de démontrer l’existence de L, contre la rationalité moderne, qui n’accorde pas la qualité de sujet à des choses.

Durant cette démonstration, Y&Z ont détaillé avec le plus de précision possible les cheminements de leur recherche, leur choix, leur découvertes (par exemple comment ils en sont venus à préciser le statut d’existence de la lettre et l’avènement de son existence propre sous le nom de L), leurs errances, leurs sentiments et sensations.

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Cette démonstration a constitué une étape de leur aventure commune avec les chercheurs invités. Elle aura été un premier carrefour de leur « labyrinthe ontologique ». Suite à cette démonstration, les chercheurs invités ont eu accès à tous les matériaux que Y&Z avaient utilisés et produits (lettres, documents numériques, etc.) afin de répondre et prendre position sur la recherche en cours. Les chercheurs ont remis en question, et ont chercher à éprouver la consistance de leur hypothèse (le fait que L a une existence). Selon leur avis extérieur, L ne saurait exister sans Y&Z. Ils ont donc tenté de démontrer, chacun à leur façon, puis tous ensemble (à l’occasion d’une performance), le caractère de dépendance de L à l’égard d’Y&Z. Autrement dit, le fait que sans Y&Z, L n’existe pas, ne peut exister.

Selon eux, L serait uniquement une relation, sans existence autonome.

Mesdames Barbara Glowczewski (DR CNRS / Collège de France) et Francesca Cozzolino (ENSAD), Matéo Luthy (artiste sonore) et Joël Hefti (comédien) ont remis des « rapport de jury » que nous pouvons transmettre aux personnes intéressées.

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