Distributions qualitative et quantitative
des éléments nutritifs
dans
unjeune peuplement de Pin maritime
(Pinus pinaster Ait)
B. LEMOINE, Avec la co
J. RANGER laboration techn
J. GELPE ue de : Louisette GELHAYE
J.-P. BO M GUEDON. B. L
Dominique RANGER
REAU, D. BOUCHAR
FON t Y. LEFEVRE
M. ADRIAN
*
G
LEFROU J.-P. BOIREAUON, B. LAFON t
D. BOUCHARD Y. LEFEVRE *,
et A SARTOL
M. GUEDON J.-P
B. LAFON H. ROSSET
Y. LEFEVRE et A. SARTC
G. LEFROU, )U
J.-PH. ROSSETTO RA, Laboratoire de S
A. SARTOLOU viculture et d’Ecol INRA, Laboratoire de
Sylviculture
etd’Ecologie
Centre de Recherches de Bordeaux, Pierroton, F 33610 Cestas
* INRA, Station de Recherches sur le Sol, la
Microbiologie
et la Nutrition des Arbres
forestiers,
Centre de Recherches de
Nancy, Champenoux
F 54280Seichamps
Résumé
Le travail
présenté
ici fait suite à un articlepublié
dans cette revue(L EMOINE
et al., 1986) et traitant de la distribution de la matière sèche dans unjeune peuplement
de Pin maritime situé dans la zone humide des Landes deGascogne.
Ces nouveaux résultats concernentl’analyse
de ladistribution des éléments nutritifs majeurs (N, P, K, Ca.
Mg)
dans le même peuplement.Les
principaux
résultats concernent :- la distribution
qualitative (concentration)
des éléments dans les différentscompartiments.
L’analyse statistique (A.F.D.)
permet d’étàblir pour la couronne et le tronc desprofils synthéti-
ques
biologiquement interprétables qui
rendent compte des variationsmajeures
des concentrations.Ces profils seront modélisés
mathématiquement
et ferontl’objet
d’uneinterprétation
fonction-nellc.
Outre les
caractéristiques
moyennes, les variations individuelles ont été étudiées. Les tests de similarité montrent que cet effet n’est pasidentique
pour la couronne et pour le tronc et, parconséquent,
n’est pas contrôlé par les mêmes facteurs pour les différentscompartiments.
L’évaluation de la minéralomasse du
peuplement
montre que le Pin maritimepossède
unrendement élevé des éléments
biogènes ;
lafrugalité
de cette espèce est laplus
nette pour le calcium et lephosphore.
Au
plan méthodologique, l’échantillonnage
utilisé conduit à une estimation fiable des minéra- lomasses(erreur
à craindre inférieure à 10 p.1(Xl).
Il ne semble paspossible
de le réduiresignificativement
si l’on conserve le doubleobjectif qualitatif
etquantitatif.
Les lois de variation des bioéléments mises en évidence dans ce
jeune peuplement
devrontêtre vérifiées dans d’autres
peuplements
et dans d’autres conditionsécologiques.
Mots clés : Pinus
pinaster
Ait., élément.snutritifs,
concentration de.s tissus, minéralomasse.1. Introduction
Le Pin maritime des Landes de
Gascogne
constitue unsystème écologique
artificield’origine
récente etd’amplitude géographique unique
en F’rance(environ
1 milliond’hectares).
Laligniculture permet
uneproduction
élevée(12 m3 ! ha-’ - an-’
enmoyenne)
sur des sols très pauvres avec certes un apport d’éléments parfertilisation,
au moins en lande humide(G ELPE
&L EFROU , 1986).
Le but des études que nous avons
entreprises
dans cetécosystème
est de caractéri-ser les
principaux paramètres
ducycle biogéochimique
defaçon
à connaître les besoinsexacts de
l’espèce
et de montrer les limitesécologiques
de cesystème
aux sollicitationsmultiples.
Eneffet,
le maintien de laproductivité
des sols soumis à la monoculturerisque
de se poser dans les mêmes termesqu’en
Australie parexemple
avec lamonoculture de Pinus radiata
(F ARREL
et al.,1986).
Lespremières
études ontporté
surla lande humide
(dans
le sens défini parS AINT -D IDIER , 1976).
Les résultatsexposés
iciconcernent :
-
l’analyse biométrique
de la distribution des bioéléments dans unjeune peuple-
ment de Pin
maritime,
- la
quantification
des minéralomassescompartimentées
des arbres et dupeuple-
ment.
2. Matériel et méthodes 2. l. Le site :
peuplement
et solL’étude porte sur un
peuplement
artificiel de Pin maritime(Pinus pinaster Ait.)
de16 ans
qui
a subi un traitementsylvicole classique
de lapratique
landaise. Ils’agit
enfait d’un
peuplement composite,
résultant de la réunion de deuxrépétitions
d’untraitement d’une
expérience
de fertilisation installée au lieu ditBerganton,
sur lacommune de Saint-Jean-d’Illac en 1962, dans le faciès humide des Landes de
Gascogne (C
OMPS
etal., 1979).
Uneanalyse statistique
encomposantes principales portant
sur sixcaractères
dendrométriques
mesurés sur 30 arbres danschaque placeau (circonférences
et hauteur du tronc,
longueur
etlargeur
de lacime)
a montré lagrande
ressemblance des deuxplaceaux.
Ceci nous apermis
derépartir l’échantillonnage
destructif defaçon
à ne pas
compromettre
l’avenir del’expérience.
Les
caractéristiques
dupeuplement (moyenne
des deuxplaceaux)
sont les sui-vantes :
- âge ...
16 ans- hauteur dominante ...
13,30
m- hauteur moyenne ... 12,30 m
- densité ... 817
tiges - ha-’
- surface terrière ...
23,2 M 2 - ha-’
- circonférence de l’arbre de surface terrière moyenne ...
59,7
cm Cepeuplement appartient
à la classe 1 de la table deproduction
établie pour lespeuplements
des Landes deGascogne (D FCOU xT-LEmolrre, 1969).
Le climat
général
est detype atlantique
avec unepluviométrie
moyenne annuelle de 950 mm et unetempérature
moyenne annuelle de12,8 °C.
Lesol, développé
sur lesdépôts détritiques
sableux duMiopliocène
décrits par LE GIGAN(1979),
est unpodzol humique hydromorphe présentant
leplus généralement
un alios(B spodique induré)
vers 60 cm de
profondeur.
Cet horizon constitue une limitephysique (induration)
et/ouchimique (toxicité aluminique)
à l’enracinement. Pendant lapériode hivernale,
le niveausupérieur
de la nappephréatique
atteintfréquemment
l’horizonsuperficiel (Ap).
Lamatière
organique
est peu évoluée(acidité
ethydromorphie
en sont lacause),
l’humusest un mor au C/N de l’ordre de 25
(R IGHI , 1979).
LepH
dusol,
voisin de 4 enAp AI,
est un peuplus
élevé enprofondeur (5).
La
capacité d’échange cationique
nedépasse
pas 5meq/100 g dans
les horizonsorganiques,
elle n’est que de 1 meq dans lapartie
minérale duprofil
avec un taux desaturation inférieur à 10 p. 100
provenant
du calcium et dumagnésium.
Les réserves enéléments nutritifs sont très
faibles,
même en tenantcompte
desapports
par fertilisa- tion : 140 unités dephosphore (P 2 Û S )
en 1963 et 90 unités en 1974 ont étéapportées
sous forme de scories de
déphosphoration puis
dephosphates
naturelsbroyés. L’apport
indirect de chaux est élevé
(400 kg - ha-!).
La
végétation
concurrente dupeuplement
forestier est essentiellementcomposée
deMolinie
(Molinia
coeruleaMoench.),
d’avoine de Thore(Pseudoarrhenaterum longifo-
lium
Thor.),
de brande(Erica scoparia L.), d’ajoncs (Ulex
nanusSm.,
Ulex europaeu.rL.),
de Bourdaine(Rhamnus frangula L.).
Cette
végétation
estrégulièrement
détruite par scarification sur la moitié de la surface cadastrale despeuplements (interbande).
Saproduction
annuelle est de0,31
tonne de matière sèche par hectare dans ce site.
2.2.
Echantillonnage
L’échantillonnage
concernant les biomasses aporté
sur 20 arbres distribués dans les deuxplaceaux.
Il est detype
stratifié(S ATOO , 1982)
sur la circonférence à1,30
m(C !3o )
des individus. Il a eu lieu en mars 1979.
L’échantillonnage
concernant les minéralo-masses a
porté
sur 11 des 20 arbres.Sur
chaque arbre,
les mesures suivantes ont été effectuées :- circonférence à la souche
(Cs),
à 1,30 m(C, 3 (»,
à mi-hauteur et à la base de lapremière
branchevivante ;
- hauteur totale de
l’arbre,
hauteur de lapremière
branche vivante, hauteur dechaque
verticilleprincipal
et secondaire(arbres polycycliques) ;
-,- diamètre à 10 cm de l’insertion
(D jjj )
et orientation dechaque branche ; - poids
humide du tronc total.Le
prélèvement
d’échantillons pour la détermination de la matière sèche et de lacomposition chimique
est effectué comme suit :-
échantillonnage
d’un tiers des branches de tousâges (376
autotal),
mesure deleur
longueur, séparation
desaiguilles
et du bois par pousseannuelle ;
-
prélèvement
d’une rondelle de tronc par mètre linéaire.Au
laboratoire, chaque
échantillon est séché à 65 °C afin de déterminer son tauxd’humidité ;
pour
11 des 20arbres,
les échantillonsreprésentant
une branche dechaque
âge (125)
et les rondelles des troncs sont réduites enpoudre
en vue del’analyse chimique
des élémentsmajeurs.
2.3.
Analyse chimique
des échantillons Les méthodesanalytiques
utilisées sont les suivantes :- azote
(N) :
méthode KJELDHALL modifiée- minéralisation
sulfurique
enprésence
decatalyseur
au sélénium et sulfatede K ;
-
dosage colorimétrique
àl’autoanalyseur TECHNICON ;
-
P, K, Ca, Mg,
Mn et Na : minéralisation en voie humide en milieuH202
+HC10 4 ;
-,- P :
dosage colorimétrique
surautoanalyseur
TECHNICON ducomplexe phos- phovanadomolybdique
pour les teneurs élevées oudosage colorimétrique
manuel ducomplexe phosphosulfomolybdique
pour les faibles teneurs ;-
K, Ca, Mg,
Mn et Na :dosage
parspectrométrie d’absorption atomique.
2.4. Méthodes
statistiques
Deux types de méthodes sont
employées
en utilisantprincipalement
lelogiciel
misau
point
par BARADAT(1980) :
2.41.
L’analyse
derégression simple
oumultiple
Elle est utilisée pour la construction de deux
types
de tarifspermettant
de passer, pour lespremiers,
de la minéralomasse d’un échantillon de branches à celle de la couronne de l’arbre et, pour lesseconds,
de la minéralomasse d’uncompartiment
del’arbre à celle du
peuplement
entier. Dans lepremier
cas on utilisel’analyse
decovariance
qui permet
de caractériser l’effet arbre(moyennes ajustées).
La
régression simple
permet de caractériser la relation minéralomasse-biomasse parcompartiments ;
le modèleallométrique
est alors utilisé.L’utilisation des
régressions
avec transformationlogarithmique
de la variableexpli- quée
fournit une estimation biaisée desminéralomasses,
que l’oncorrige
par la méthode de BnsxERmL!E(1972).
2.42.
L’analyse factorielle
discriminanteElle vise à caractériser
globalement
les variations des concentrations sous l’effet de deux facteurs :- le facteur
position
ducompartiment
dansl’arbre ;
ils’agit
de laposition
duverticille pour les branches
(en
fait de leurâge)
et le niveau au-dessus du sol pour le tronc ;- le facteur arbre : dans ce cas, le critère de similarité et la
technique
dudendrogramme permettent
de constituerplusieurs
groupes d’arbres au seindesquels
l’ensemble des concentrations
peut
être considéré commeidentique.
3. Résultats - discussion
Deux démarches ont été menées : la
première répondant
àl’objectif principal
del’étude
qui
est dequantifier
les minéralomasses des arbres et dupeuplement,
ladeuxième
qui
vise àinterpréter
les variations des concentrations entre lesdifférents
organes des arbres mais aussi entre les arbres.
3.1. Les minéralomasses 3.11. Résultats intermédiaires : le.s branches
A
partir
de l’échantillon debranches,
on a construit des tarifs destinés à estimer les minéralomasses des couronnes des onze arbres. Troiscompartiments
sont étudiés :le bois
(BR) - regroupant
la matièreligneuse,
le liber et l’écorce - lesbourgeons (T)
et les
aiguilles (F),
et six éléments sontconcernés, N, P, K, Ca, Mg,
Na. On utilise le même modèle que pour les biomasses(L EMOINE
etal., 1986)
avec, pour variablesexplicatives,
le diamètre de la branche(D IO )
et sonâge (A),
soit parexemple
pour l’azote dans lesaiguilles :
log
minéralomasse N desaiguilles
= a!, + ailogd, o
+a 2 A
+a i A ?
2Les résultats de
l’analyse
de covariance montrentqu’aux
effets dominants du diamètreD IO
et del’âge
A de labranche,
se superpose un effet arbre pour lamajorité
des combinaisons
élément-compartiment.
Leséquations globales (dites régressions
intra-communes)
nousrenseignent
sur lescaractéristiques
moyennes des modèles mais nepeuvent
être utilisées sansrisquer
un biais pour les minéralomasses de certainsarbres ;
on passe des tarifs moyens aux tarifs d’un
arbre,
en calculant les constantes aoqui
luisont propres
(méthode
des moyennesajustées).
3.12. Résultats
globaux
On a travaillé à deux
niveaux,
celui dupeuplement
et celui des arbres.3.121. Niveau
peuplement
Six
compartiments
ont été individualisés : lesaiguilles,
lesbourgeons,
le bois desbranches vivantes, le bois et l’écorce du tronc, la biomasse racinaire extraite. Ces six
compartiments
de l’arbre fontl’objet
pourchaque
élément d’une estimation de leurs minéralomasses par l’intermédiaire d’un tarif à une entrée :Minéralomasse d’un
compartiment
= a + b - g(pour
un élémentdonné)
où g est la surface terrière de l’arbre en mètres carrés.
L’application
de ces tarifs àl’inventaire des circonférences
permet
de passer aux minéralomasses des deuxplaceaux
et par extension à celles de l’hectare boisé. Les résultats font
l’objet
du tableau 1.Le tableau 2 situe le
peuplement
de’Pin maritimeparmi quelques peuplements
deconifères
d’âge comparable.
La
production (à l’hectare)
de biomasse dupeuplement
de Pin maritime étudiée icise situe
parmi
lesplus
faibles valeurs observées pour les essencesclassiques
de zonetempérée.
Laligniculture
en estprincipalement
la cause dans la mesure où la moitié de la surface cadastrale estinoccupée (semis
enbandes). L’objectif
n’étant pas la courterotation,
il est évident que les écarts vont diminuer avecl’âge,
commepeut
le montrerun calcul
approximatif
réalisé àpartir
des tables deproduction (D ECOURT , 1973).
La minéralomasse montre que cette essence est
cependant parmi
lesplus
« fru-gales
». Si l’on compare les immobilisations par tonne de biomasseligneuse produite,
lePin maritime
présente
les valeurs lesplus
basses pour lephosphore
et lecalcium,
cequi
n’estpeut-être
pasindépendant
du facteur sol. Le même calcul effectué pour lesaiguilles
confirme lafrugalité
de cette essence avec les teneurs lesplus
basses pourN, P,
K.L’espèce
laplus proche
serait Pinus taeda L.3.122. Niveau arbre
Il
s’agit
de savoir pourchaque compartiment
si unevigueur
accrue decelui-ci,
c’est-à-dire de celle de l’arbreauquel
ilappartient, s’accompagne
d’une modification de l’efficience de certains éléments minéraux. Pour cela on examine la relation entre la minéralomassed’un compartiment
et sa biomasse(pour chaque élément).
On utilise le modèle d’allométrie afin de tester laproportionnalité
entre ces deux caractères. La valeur du coefficient b de larégression :
log
Minéralomasse =loga
+ blog
biomasseest testée par
rapport
à l’unité.Le tableau 3 montre que
parmi
les 30 relations obtenues on n’en trouve quecinq
dont le coefficient b diffère
significativement
de l’unité et seulement trois si on exclut lesodium,
élémentphysiologiquement
peuimportant. Pratiquement,
onpeut
considérerqu’une vigueur
croissantes’accompagne :
- d’une concentration croissante du calcium dans les
aiguilles ;
- d’une concentration décroissante du
magnésium
et duphosphore
dans lesbranches ;
- d’une concentration constante dans tous les autres cas.
TABLEAU 3
Le cas du
phosphore
estparticulièrement
intéressant à considérerpuisque
cetélément fait
l’objet
dans la zone étudiée d’unapport systématique
en fertilisation à l’installation dupeuplement.
Lafigure
1présente
les deux relations valables pour lephosphore
dans lesaiguilles
et dans les branches. Dans lepremier
cas « l’efficience » nedépend
pas de lavigueur,
dans ledeuxième,
elle s’améliore avec elle. Cette remarquecorrespond
auclassique
effet de dilution des éléments nutritifs dans les arbresayant
laplus
forte croissance( VAN
DENDxiESSCHE, 1974).
ouncounor r
3.2. Les concentrations
D’une manière
générale
pour un élément donné et pour uncompartiment quelcon-
que, une minéralomasse est la résultante de deux
composantes multiplicatives :
unebiomasse et une concentration. La variabilité de la
première
a été étudiéeprécédem-
ment
(L EMO tNE et al., 1986).
Nous traitons ici des variations de laseconde,
et ceci à deuxniveaux,
celui ducompartiment
- examen desprofils
verticaux de concentrations- et celui de l’arbre - variations selon les individus.
3.21.
Profils
verticaux moyens 3.211. La couronne vivanteOn
étudie,
selon laposition
du verticille parrapport
au sommet del’arbre,
lavariation de concentration d’un élément dans un
compartiment (partie
debranche)
d’âge
A.Les
principaux
résultats fontl’objet
de lafigure
2. Onpeut
déterminerplusieurs types
deprofils
selon l’élément et lecompartiment.
A titred’exemple,
du haut vers lebas de l’arbre les
concentrations peuvent :
- diminuer comme c’est le cas pour le
phosphore
des rameaux de un an, l’azotedes feuilles de un an...
- rester constantes, pour l’azote des feuilles de deux ans, le
phosphore
desbourgeons...
-
augmenter
pour lepotassium
des rameaux de deux ans, l’azote desbourgeons.
Ainsi que l’ont montré
plusieurs
auteurs, citons WELLS & METZ(1963)
pour Pinus taedaL.,
MAGDWICK(1964)
pour Pinus resinosa(Ait.),
MoRRisoN(1972)
pour Pinus banksiana Lamb. et Ibid(1984)
pour Acer saccharum Marsh. et Betulaaleghaniensis
L.et ceci
uniquement
pour lesfeuilles,
il est courant d’observer descomportements opposés
dans la distribution des bioéléments dans la couronne des arbres.De nombreux
paramètres
sont àprendre
encompte
telsl’âge
de labranche,
ladurée de vie des
aiguilles,
l’activitéphotosynthétique
diminuant fortement vers le bas de la cime enpeuplement
fermé. Ce dernierparamètre
provoque soit une diminution des concentrations desaiguilles (effet
de dilution pour N etP),
soit au contraire uneaugmentation (effet
de concentration pour K etNa)
ou encore aucun effet(Ca
etMg).
L’influence de la
position
de la branche sur lacomposition
du « bois» (bois
+ écorce+
liber)
des rameaux estgénéralement
semblable à celle observée pour lesaiguilles
surles rameaux de 1 an, mais par contre
correspond systématiquement
à uneaugmentation
des concentrations
quand
onpénètre
dans la couronne pour les rameaux de2, 3,
4 anset
plus ;
cette influence s’atténue avecl’âge.
Afin de clarifier l’effet de la
position
du verticille sur les variations de concentra-tions,
onprocède
à une étudeglobale
de ces variations en retenant :i)
25 variablesobtenues en combinant les éléments
N, P, K,
Ca etMg
avec lescompartiments
feuillesde un an ou de deux ans,
bourgeons,
bois d’unou
de deux.ans ; ii) 7
niveaux du facteurverticille ; iii)
8 arbresparmi
les 11analysés
defaçon
àdisposer
d’un nombresuffisant de niveaux du facteur verticille
(7 niveaux).
On utilise
l’analyse
discriminante. On obtient deux axescanoniques significatifs
auxpourcentages
de discriminationrespectifs
de72,5
et14,4.
Lafigure
3présente
leprofil
multivariate à deux
composantes
des verticilles ainsi que la liaisonvariables-compo-
santes.
La
première composante
s’identifie essentiellement àplusieurs
variablesauxquelles
elle est corrélée soit
positivement,
tels l’azote et lephosphore
des feuilles de un an, lemagnésium
des rameaux de un an, soitnégativement,
tels le calcium et lepotassium
des rameaux de deux ans et le calcium et l’azote des
bourgeons.
La deuxième
composante
s’identifie essentiellement aupotassium
des feuilles de un an. Les autres variables ne montrent pas de liaisonprivilégiée
avec cescomposantes.
La
première composante
fait état d’unprofil
de variations monotones des concen-trations le
long
de lacime ;
la deuxièmecomposante complète
ces variations enintroduisant un minimum pour le verticille de 4 ans.
On
peut
donc formuler les remarques suivantes :Le
premier phénomène
traduit l’ensemble des variationscontinues,
lelong
de la cime, des combinaisonsélément-compartiments (nature
etâge) :
parexemple :
augmen-tation,
du haut vers le bas de tous les éléments dans le bois de deux ans de la branche et diminution de certains éléments dans certainscompartiments (azote, phosphore
etmagnésium
dans lesaiguilles
d’unan...).
Le deuxièmephénomène
traduit essentielle- ment lecomportement spécifique
des verticilles du milieu de lacime,
dû presque exclusivement aupotassium
dans lesaiguilles
d’un an : la concentration minima à ceniveau coïncidant avec la biomasse foliaire maxima
(L EMOINE et al. , 1986)
fait penser àun
phénomène
de dilution.3.212. Le tronc
On
étudie,
selon le niveau h au-dessus dusol,
la variation de concentration d’un élément dans le bois et l’écorce(écorce
+liber).
On ne considère que le
profil
moyen de 7 arbres sur les 11analysés,
afin dedisposer
de 6niveaux,
les valeursprises
par h sont0, 2, 4, 6,
8 et 10 m. Lesprofils
font
l’objet
de lafigure
4. On endistingue
deuxtypes
selon lecompartiment
étudié :- le bois : les concentrations diminuent du haut
jusqu’au quart
inférieur etréaugmentent
dans le bas del’arbre ;
- l’écorce
(écorce
+liber) :
cesphénomènes
sontplus accentués ;
deplus
lacourbe
présente
unpoint
d’inflexion vers le milieu de la cime.Ces observations concordent pour le bois avec celles de Mn!x!rrEN
(1974)
faitessur Pin
sylvestre,
par contre, elles sontopposées
pour l’écorce.L’analyse
factorielle discriminante a été utilisée pour obtenir unereprésentation synthétique
de la variation des concentrations lelong
du tronc. Cetteanalyse
estréalisée à
partir : i)
des 10 variables obtenues en combinant les élémentsmajeurs
N,P,
K,
Ca etMg
et lescompartiments
bois etécorce, ii)
des 6 valeurs du facteur niveau dans le tronc(h)
variant de 0 à 10 m.On obtient deux axes
canoniques significatifs
auxpourcentages
de discriminationrespectifs
de83,2
et13,5.
Lafigure
5présente
leprofil
de variation multivariate à deuxcomposantes
du facteur niveau.Les résultats montrent que :
- la
première
composante est commune à tous les éléments du bois et de l’écorce.Ses variations
expriment
que du haut vers le bas du tronc toutes les concentrations suivent la même loi de distribution : décroissance forte du hautjusqu’à
2 mpuis
remontée faible mais
systématique
vers le bas du tronc ;- la deuxième
composante exprime
les modalitésspécifiques
au bois parrapport
à la loigénérale.
Elles ont trait àl’augmentation
brutale des concentrations deN, P,
K, àpartir
de 8 mjusqu’au
sommet du tronc ;- le
profil
multivariate des données est ainsi curvilinéaire.Les
profils
de distribution propres àchaque
élément dechaque compartiment
ainsi que leprofil synthétique
issu del’analyse des
données montrent clairement à la fois la forteinterdépendance
des élémentsminéraux,
mais aussi descompartiments
du tronc -bois et écorce.
Concernant les
éléments,
on retrouve dans cetteanalyse
des donnéesquantitatives
la notion
d’équilibre
entre les éléments(H EI ,I. ER , 1974).
3.22. La variabilité individuelle
L’étude des
profils
moyens de distribution des différents éléments minéraux dans l’arbre ne rend certainement pascompte
de la totalité de la variabilité observée. Eneffet,
les biomasses et les modalités de croissance(L EMOINE
etal., 1986)
d’unepart,
et les minéralomasses(cf. § 3.122.)
d’autrepart
varient defaçon importante
en fonctiondes individus au sein du
peuplement.
3.221. La couronne vivante
La variation des concentrations en bioéléments dans les
sous-compartiments
decouronne de
chaque
arbre échantillonné a été étudiée. Lessous-compartiments
retenuscorrespondent
aux accroissements annuels dechaque
verticille vivant.L’analyse statistique porte
sur les 25 variables retenues pour l’étude duprofil
de lacime et ceci pour les verticilles
âgés
de 2 à 6 ans afin depouvoir
traiter les onze arbresdisponibles.
On utilise d’abord
l’analyse
de variance à un facteurqui
rendpossible l’analyse
discriminante
(on
nedispose
que d’une branche par combinaisonarbre-verticille).
Les tests F univariates montrent que ces
arbres,
oupopulations
de branches(6
branches pararbre),
diffèrent les uns des autres pour presque toutes les variables àl’exception
duphosphore
desaiguilles
de 1 et 2 ans, du calcium dans les sections de branches de 2 ans et dumagnésium
desbourgeons.
L’analyse
discriminante fait ressortirquatre
axessignificatifs
auxpourcentages
de discriminationrespectifs
de 46,6 -18,5 - 13,6 - 7,8.
On identifierespectivement
chacundes axes aux éléments azote,
calcium, potassium
etmagnésium,
et cecigénéralement
pour les
cinq compartiments.
L’effet arbre est donc
composite
carchaque
élément minéral donne lieu à untype
de variation. Cet effetcomposite
estsynthétisé
par des tests de similarité donnant lieu à l’établissement d’undendrogramme (fig. 6).
Pour un seuil de similaritédonné,
certains arbres se trouvent rassemblés dans des groupes, d’autres pas. Parexemple,
auseuil de similarité de
0,87
onpeut
constituer trois groupes différents d’arbresidentiques (n° 11,
15 et 4 - n° 18 et 6 - n° 20 et7)
etquatre
groupes monoarbres différents.Au seuil de similarité de
0,716
onpeut
admettre que tous les arbresqui
constituent alors un seul groupe, ont des concentrations similaires.N! arbre
3.222. Le tronc
Parmi les 10 combinaisons
possibles
entre lescinq éléments, N, P, K,
Ca etMg
etles deux
compartiments
bois etécorce,
on n’en retient que 8 car lephosphore
et lemagnésium
du bois ne varientapparemment
pas d’un arbre à l’autre(le
seuil dedétection des méthodes
analytiques
utilisées est encause).
Afin de
pouvoir
traiter les 11arbres,
on ne retient que les 5 niveauxétagés
de 0 à8 m au-dessus du sol. Là encore, on n’utilise que
l’analyse
de variance à un facteur car on nedispose
que d’une détermination par combinaison arbre-niveau.L’analyse
discri-minante devient ainsi
possible.
Les tests F univariates sont ainsi
(ddl
= 10 et44)
N P K Ca
Mg
Bois
3,01 **
-3,86 ** 1,00
NS -Ecorce
0,77
NS0,45
NS1,09
NS1,17 NS 1,32
NS Les seuls effets arbresignificatifs
mis en évidence parl’analyse
de variance ont trait à l’azote et aupotassium
dans le bois.L’analyse
discriminante fait ressortir trois axescanoniques significatifs
aux pourcen-tages
de discriminationrespectifs
de37,12 -
26,8 et18,1.
On identifie aisément lepremier
axe aux effets arbre relatifs aupotassium,
le second axe à l’azote et le troisième axe à une combinaison de variablesopposant
lepotassium
du bois aumagnésium
de l’écorce.Ces effets arbre sont
synthétisés
par ledendrogramme
de lafigure
7. Au seuil desimilarité de
0,82
on nepeut
constituerqu’un
seul groupe d’arbresidentiques (n°
4 et6)
et 9 groupes monoarbres différents. Il faut descendrejusqu’au
seuil de similarité de0,352
pour ne constituerqu’un
seul groupe d’arbres.N-’ arbre
3.223. Relations avec la croissance
Nous
rappelons
certains résultatsacquis précédemment (L EMO iNe
etal. , 1986) :
-
l’analyse
de la croissance en section dans le bas du tronc - surface des cernessuccessifs - révèle que les accroissements finaux du stade 12-16 ans ne sont presque pas corrélés avec les accroissements initiaux du stade 3-7 ans ;
- les biomasses foliaire et
ligneuse
de la couronne sont corrélées non seulementavec les accroissements du stade final mais aussi avec ceux du stade
initial ;
- il s’ensuit donc que l’on ne peut caractériser que très
imparfaitement
lacroissance au niveau individuel en retenant pour seul critère la dimension
acquise,
soitla surface terrière à 16 ans
(ou g16).
On utilisera ici commecaractéristique
de lacroissance les accroissements à 16 et 7 ans, soit
Igl6
etIg7.
On a vu ci-dessus que les 11 arbres étudiés différaient
significativement
les uns desautres par bon nombre de concentrations
ayant
trait à certains éléments minéraux etcompartiments
de biomasse. Ces variations inter-arbrespeuvent
êtrereprésentées globa-
lement par les
composantes
des deuxanalyses
discriminantes faites pour la cime et le tronc. On a calculé les corrélations entre lescomposantes
et les accroissements ensection
Ig7
etlgl6.
La relation entre lapremière composante
du tronc(liée
aupotassium)
et l’accroissement à 16 ans est laplus
nette(tabl. 4).
La variabilité individuelle au sein du
peuplement
est donccomplexe.
Elle concernela
vigueur,
l’allure de la croissance et la concentration en certains éléments nutritifs.Elle mérite donc une
interprétation
fonctionnellequi
seraprésentée
dans un autrearticle.
4. Conclusion
Les recherches
entreprises
dans unjeune peuplement
de Pin maritime de lande humide conduisent aux conclusions suivantes :1)
L’étude de la distribution des éléments minéraux et le passage à la minéralo-masse d’un
peuplement
forestier nécessitent un investissementimportant qu’il
estnécessaire
d’optimiser.
Les onzearbres, répartis
dans unéchantillonnage stratifié,
utilisés dans cette étude conduisent à une erreur tout à fait
acceptable
sur la détermina- tion des minéralomasses. Eneffet,
les erreurs à craindre sont engénéral
inférieures à 10 p. 100 pour lescompartiments
lesplus importants et
pour les élémentsmajeurs
considérés. Cet
échantillonnage permet
deplus
de déceler une variabilité individuelle.Au
total,
il semble difficile de réduirel’échantillonnage
defaçon significative
si l’onconserve les deux
objectifs
sus-cités. Onrejoint
les conclusions de MILLIER etal.,
1985en notant dans cette étude une variabilité inférieure à celle observée dans les taillis
simples.
2)
La réalité de l’erreur ainsi déterminée n’a de sens que dans le contexte d’uneméthodologie particulière.
Dans le cas decompartiments
très pauvres en certainséléments,
tel le bois de tronc, la méthode utilisée donne des résultatsproches
de lalimite de détection pour le
phosphore
et lemagnésium.
Il ressort que pourl’objectif principal (estimation
de laminéralomasse)
la méthode est bienadaptée,
par contre pourapprécier
la variabilité individuelle au niveau des troncs il faudrait utiliser des méthodesplus performantes.
3)
La variation des concentrations des bioéléments dans les différentscomparti-
ments étudiée par
l’analyse
factorielle discriminante(AFD) permet
de donner pour lacouronne et le tronc des
profils synthétiques interprétables
sur leplan biologique.
Dansle tronc, les variations des différents éléments sont
parallèles
et corréléespositivement.
On
peut
émettrel’hypothèse qu’elles
sont le reflet de mécanismes où un élément n’a pas une influence par lui-même mais en référence à tous les autres éléments. Dans cecompartiment,
la distribution serait liée d’unepart
àl’âge
moyen des accroissements àun niveau donné et d’autre
part
à laproximité
des zones deprélèvement (racines)
oude redistribution
(nappe foliaire).
Dans lescimes,
les variations sontplus complexes
avec des corrélations
positives
ounégatives
entre les éléments d’un même ou des différentssous-compartiments.
Dans lesaiguilles,
la liaison avec la distribution verticale de la masse foliaire est évidente.Une modélisation de la distribution des
éléments,
ainsiqu’une
étude des corréla- tions avec les accroissements du tronc devraitpermettre d’étayer
uneinterprétation
fonctionnelle des
répartitions.
Cetteapproche
feral’objet
d’unrapport séparé.
4) L’analyse
de la variabilité montre que l’effet arbre n’est pasnégligeable.
Il varieen intensité avec le
compartiment :
il estplus
fort pour le tronc que pour la couronne.On a relevé des variations individuelles des concentrations très
importantes
pour le tronc, sensibles pour la cime. Quelle est la cause de ces variations ? On constatedéjà
que certaines
peuvent
être mises en relation avec ladynamique
de croissance.Deux
hypothèses,
nonexclusives, peuvent
être formulées :- des variations
pédologiques importantes
ont été relevées dans le site même d’étude(CouRcoux,
1982 etB ROSSARD , 1986) ;
ellespourraient
créer des différences entre les microstationsexplorées
par les diversarbres ;
- une variabilité
génétique intra-provenance
peut êtreenvisagée ;
une étude a étéentreprise
dans ce sens. Elle vise dans unpremier temps
à comparer les concentrations degénotypes
très différents(pins
maritime de races corse et landaiseplantés
dans lamême
parcelle).
5)
L’évaluation de la minéralomasse dupeuplement
montre que le Pin maritimepossède
un rendement élevé des élémentsbiogènes (biomasse produite/éléments
cons-ommés).
Lafrugalité
de cetteespèce
est laplus
nette pour lephosphore
et le calcium.Il sera intéressant de vérifier si les lois observées dans cet
exemple
se maintiennent ou non dans despeuplements d’âge
différent et/ou situés dans d’autres conditionsécologi-
ques.