Contribution à l’étude de la production
des taillis de Chêne vert
enforêt de la Gardiole de Rians
(Var)
Françoise
MIGLIORETTI niques de Saint-Jérôme, LaboratoiUniversité des Sciences et
Techniques
de Saint-Jérôme, Laboratoire deBotanique
etd’Ecologie,
Rue Henri-Poincaré, F 13397 Marseille Cedex 13
Résumé
Cet article traite de la
méthodologie
mise aupoint
pour l’étude de laproduction
en volume etbiomasse des taillis
sclérophylles
dans le massif forestier de la Gardiole de Rians(Var),
ainsi que de la croissance en diamètre et hauteur des brins de Chêne vert en vue dedégager
un certainnombre de classes de fertilité. La
prise
en compte de tous les brins d’unecépée
ycompris
ceux defaible diamètre, permet de mieux
exprimer
laproduction
du taillis auregard
de celle définie endendrométrie
classique
pour les futaies, et deparvenir
ainsi à une meilleurecompréhension
dufonctionnement des
cépées
de Chêne vertqui
émettent des brins à despériodicités
successives, etd’aborder les problèmes de concurrence
intraspécifique
pour l’utilisation des ressources du milieu.Cette étude rend compte aussi des modèles
mathématiques
retenus pour les diverses évaluations deproduction
ainsi que pour la croissance en diamètre et hauteur destiges
de chêne vert.Mots clés : Croissance,
production, phytomasse,
taillissclérophylle,
chêne vert.1. Introduction
La forêt domaniale de la Gardiole de Rians
(Nord-ouest
dudépartement
duVar)
afait
l’objet,
dans le cadre d’un contrat Piren t" « Forêtssclérophylles
» de nombreusesrecherches
interdisciplinaires
associant les chercheurs del’INRA,
du C.N.R.S. et de l’Université.Cette forêt
acquise
par l’Etat en 1937 al’avantage
deprésenter
unetopographie
contrastée conduisant à l’individualisation de milieux très différents dans un cadre
géographique
où dominent les calcairescompacts
diaclasés ou non ; les colluvions et lesgrèzes (C ALLOT ,
inM ARSTEAU , 1979).
Dupoint
de vueclimatique,
larégion
est soumiseau bioclimat subhumide
d’Emberger.
Les
peuplements
forestiers sont constitués de taillis purs à Chêne vert surcrêtes, plateaux
sommitauxexposés
au Mistral et surpentes
fortes enadret ;
de taillis à Chênepubescent
auxexpositions
Nord et sur colluvions dedépressions
ainsi que surpentes
douces. Les chênaies mixtes à Chêne vert et à Chênepubescent
sontégalement fréquentes.
(1) Programme environnement du C.N.R.S. (1981-1983) réalisé sous la responsabilité de MM. les Profes-
seurs BARBERO, QuEZer et DELABRAZE (Station de sylviculture méditerranéenne INRA, Avignon).
Sur le taillis de Chêne vert de cette forêt dont on connaît bien le
plan d’aménage-
ment, des travaux antérieurs
(M IGLIORETII .
1981 et1983 ;
BARBERO & MtGt,ioRE1n.t,1984)
ontdéjà permis
de comparer la structure horizontale ou densité despeuplements
de Chêne vert en relation avec leur
composition floristique
dans diverses situationsécologiques
où croît cette essence. Deux ensemblesphytoécologiques
ont étédistingués
selon la nomenclature
proposée
par BARBERO & LorSEL(1983)
pour la Provence : l’un réunit les chênaiessclérophylles
denses desQuercetalia ilicis,
l’autre regroupe les structures de chênaies à recouvrement faible ou moyen des Pistacio Rhamnetalia.Par ailleurs, des études
dendrométriques plus poussées
ont étéengagées (M IGLIO -
RETT
i,
1983)
afin de proposer pour les taillissclérophylles
dont on connaîtl’âge d’exploitation
uneméthodologie spécifique permettant d’appréhender
leur structurehorizontale,
leur croissance et leurproduction
enenvisageant
aussi le fonctionnement descépées.
Dans cet article sont
exposés
les résultats relatifs à :- la
production
desyeuseraies
dans unsystème
de taillis,- la croissance des
tiges
de Chêne vert, en diamètre et en hauteur, afin dedéterminer les
potentialités
par la caractérisation d’un certain nombre de classes de fertilité.Sept
stations avaient été retenues pour l’érude de la structure. L’inventairedescrip-
tif du
bouquet
detaillis, qui correspond
augroupement végétal pris
au sein de laformation étudiée en tenant
compte
des effets de marge, s’est fait pour les différentes stations sur desplacettes
dont la forme estpolygonale
car elle est la mieuxadaptée
auxstructures rencontrées. La
superficie
desplacette,
varie de 70 M2 à 112m z ,
et a été induite par la surface dubouquet
de taillis iui-même ainsi que par la stabilisation des données collectées parplaceaux
successifs. Les classesd’âge
desplacettes
serépartissent
de 10 à 65 ans ; seule la
plus âgée
est située enexposition Nord,
les autres en situationSud. Les altitudes s’échelonnent de 450 m à 570 m.
2. Matériel et méthodes
Une étude
préalable
basée sur la réalisation de relevésphytoécologiques
selon destransects
parallèles
à lapente
et en courbes de niveau apermis
une connaissanceécofloristique
despeuplements
enprésence.
Puis au sein du taillis de Chêne vert,l’échantillonnage
s’est fait defaçon
stratifiée sur les bases de lacomposition floristique
et en fonction du critère
âge appréhendé
par des documents O.N.F. concernant larépartition
des essences et les passagesprésumés
d’interventionsylvicole.
2.1.
Dispositif
d’étude de la biomasseL’approche méthodologique
relative à l’évaluation de laphytomasse
du taillissclérophylle
apris appui
sur la méthode del’analyse
dimensionnelle etallométrique
diteencore mixte
(P ARD É, 1980).
La
phase
destructive de l’étude r.’aporté
que sur deux stations de chênaies vertes situées en versant Sudprès
de lapartie
sommitale du « massif forestier » etplacées
dans la même classe
d’âge
sur leplan parcellaire.
Cetâge
n’a pu être vérifié aveccertitude
qu’ultérieurement.
La
phytomasse
a été déterminée par coupe etpesée
d’individusappartenant
à une mêmecépée
moyenne celle-ci étant définie àpartir
des données moyennes,regroupées
par
cépées,
des données de l’inventaire établies pourchaque
station. Lacépée
retenueest celle
qui
serapprochait
leplus
des différentes valeurs moyennes(Surface
terrière de lacépée,
hauteur de lacépée,
nombre de brins parcépée,
nombre de brinssupérieurs
à 8 cm de circonférence à
1,30
m dehauteur,
circonférence à1,30
m et hauteur de cesderniers)
en tenant compte des intervalles de confiance afin de s’assurer de la bonnereprésentation
de lacépée
choisie auregard
dupeuplement.
Cette méthode de la« cépée
moyenne peut êtrerapprochée
de celle de l’arbre de surface terrière moyenne. Les brins abattus(5
pour la station1,
9 pour la station 2 soit au total14)
ont été débités en billons de 50 cm
depuis
leur basejusqu’à
ladécoupe
2,5 cm dediamètre, pesés
surplace
pour établir leurspoids
frais et àchaque
niveau dedécoupe
une rondelle a été
prélevée
pour en déterminer lepoids
sec. Tous les rameauxinférieurs à cette
découpe
ont étéregroupés
dans lehouppier puis
effeuillés. Unepesée
fraîche
séparée
des rameaux et des feuilles a étéeffectuée, puis
un sous-échantillon aété
prélevé
pour lepoids
fraispuis
sec. Lespoids
secs ont été obtenusaprès étuvage
à105 &dquo;C
jusqu’à poids
constant.2.2.
Dispositif
d’étude de laproduction ligneuse
Ce sont 26 brins
qui
ont été abattus : deux brins dominants parstation, plus
ceuxprovenant
sur deux stations del’abattage
total de lacépée
moyenne, un des brins dominants leurappartenant.
Ces brins ont servi pour l’étude de laproduction
envolume et celle de la croissance en hauteur.
Les courbes de croissance en diamètre ont été
effectuées,
àpartir
del’épaisseur
moyenne des 20 derniers cernes, pour les brins dominants soit au total 14
tiges,
sur larondelle
prélevée
à1,50 m tige
abattue. Cette rondelle est peu différente de celle à1,30
m définie surpied,
ledébittage
nepouvant
commençer réellement au sol.L’épaisseur
moyenne a été calculée àpartir
de la mesure selon trois directions(DE M
A R TI
N, 1971 ; MUNAUT, 1979).
3. Résultats
L’analyse
des résultats est basée sur leregroupement
en donnéessimples,
par la méthodestatistique classique,
des différentes mesures effectuées lors del’inventaire,
afin d’en déduire desparamètres caractéristiques
despopulations
étudiées mais aussi sur l’étude de relations existant entre cesparamètres.
3.1. Poids secs.
Tarifs phytomasse.
Production de matière sècheLa teneur en eau
augmente depuis
le tronc vers les rameaux et lesfeuilles,
ainsique le
long
du brin où la liaison est linéaire entre le niveau deprélèvement
de larondelle et son taux d’humidité.
La variabilité du
pourcentage
en eau lelong
du brin laisse supposer que la détermination dupoids
sec nécessite leprélèvement
de --ondelles àplusieurs
niveaux(A
UCLAIR
&METAYER, 1980). Cependant,
lepoids
secpourrait
être estimé àpartir
d’une seule rondelle. A cette
fin,
onpeut
déterminer les écarts atteints selon la méthodeutilisée,
par lerapport :
PS —PS r
PS
PS :
poids
sec estimé àpartir
de toutes les rondellesprises
sur le brinPS! : poids
sec estimé àpartir
d’une seule rondelle.La rondelle choisie pour les calculs est celle située à 1 m car
parmi
les brinscoupés,
certainsn’atteignent
pas1,50
m et il y aurait eu uneperte
d’information. Les résultats montrent que leprélèvement
d’une seule rondelle entraîne pour la station située dans une zone à faible bilanhydrique
une sous-estimation(— 4,6
p.100)
et pour la station située dans unemicrodépression
une sur-estimation(+ 3,6
p.100).
Le choixde la méthode est donc fonction de la
précision
voulue.L’ensemble des données
obtenues,
tout en restantinsuffisant,
apermis
d’établirune
approche
évaluative de laphytomasse.
Auparavant,
il a étéenvisagé
un test decomparaison
sur les moyennes et uneanalyse
devariance,
sur lespoids
secs de deux stations où ont étécoupées
lescépées,
pour tester si leur différence était
uniquement
due auhasard,
ou alors s’ils’agissait
dedeux
populations
différentes(L AMOTTE , 1971).
Les valeurs de t et F étant nettement inférieures à celles lues dans les tablescorrespondantes,
onpeut
conclure que les différences observées ne sont pasimputables
à autre chose que lehasard ;
pour cetteraison,
les données des deux stations ont étéreg;roupées.
Différentes corrélations ont alors été testées afin de déterminerl’équation
derégression
linéaire la mieuxcorrélée, qui
pourra alors être retenue pour l’estimation de la biomasse des taillissclérophylles.
C’est
l’équation
liant lepoids
sec du brin à sa circonférence à1,30 m qui
a étéappliquée
sur les deux stations à l’ensemble destiges
de lastation, regroupées
par classes de circonférence.P=aC,.&dquo;,!,+b
b=
aC,,,! ,, +
bEn
effet,
l’élévation au carré de la circonférence ou l’introduction d’un autreparamètre
tel que la hauteurn’ayant
pas amélioré le tarif defaçon notable,
nous avonsprivilégié
le tarif leplus simple.
Par
extrapolation,
ont pu être déterminées :- la
phytomasse totale, puis
celle des tronc’, rameaux etfeuilles,
- la
production
moyenne en tonnes de matière sèche par hectare et par an.Cette
production
ne tient pascompte
despetits
brinspuisqu’ils
ont un diamètreinférieur à celui fixé comme limite de mesure et souvent
n’atteignent
pas1,30
m, ni despertes
parmortalité,
ni du renouvellement des feuilles.A
partir
deséquations
derégression
établies pour le Chêne vert, aégalement
étécalculée la
phytomasse
des autresespèces ligneuses présentes
sur ces stations.Il est évident que la
généralisation,
à d’autres essences, des tarifs concernant le Chêne vert peut créer un biais. C’estpourquoi
ces résultats ne sont donnésqu’à
titrepurement
indicatif.Ce même tarif a aussi été
appliqué
à deux autres stations situées en même versantet de même classe
d’âge,
et ce enprenant
aussiappui
sur les résultats des courbes de croissancequi
situent ces stations dans la même classe de fertilité.On notera la
part importante jouée
par les essences autre que le Chêne vert dans laphytomasse
des différentes stations. L’ensemble de ces résultats estporté
dans letableau 1. La
production
moyenne annuelle en matièresèche,
toutes essences et stations confondues, varie entre 3 t/ha/an et3,6
t/ha/an pour despeuplements
de 25-30 ans.
3.2. Volume
Le calcul du volume a été réalisé par la méthode des billons successifs
auxquels
estappliquée
une formule decubage (P ARD É, 1961 ; BOUCHON, 1974).
TABLEAU 1
Le volume a été calculé pour les 26
tiges abattues,
àpartir
de la formule de SMALIAN
. Celle-ci est d’un
emploi
aisé et saprécision
a étéaugmentée
enprenant
des billons de 50 cm. Le calcul du volumetige, pris
ici dans le sens« objet physique
»représenté
par latige,
a été réalisé à ladécoupe 2,5
cm de diamètrequi
est le diamètrelimite que nous avons retenu afin d’effectuer l’inventaire
dendrométrique
des brinscompte
tenu de lagrande représentativité
des brins de faible diamètre.Pour ce
site,
c’estl’équation
liant le volume au carré de sa circonférence à1,30
mqui
a été retenue comme tarif(r
=0,977). L’équation
est alorsappliquée
à la valeurcentrale de
chaque
classe del’histogramme
defréquence
des circonférencespréalable-
ment établi lors de l’inventaire
dendrométrique. Ainsi,
parextrapolation
à l’effectif des classesconsidérées,
onpeut
en déduire le volume destiges
de laplacette
étenduesensuite à l’hectare
(tabl. 2).
Ce tableau
comporte
les résultats de sixplacettes
seulement car pour laplacette
n° 7
âgée
de 5-10 ans lesparamètres dendrométriques
-circonférence,
hauteur - ontété
pris
à0,10
m car à1,30
m le diamètre limite retenu à savoir2,5
cm était rarementatteint. De ce fait les calculs ne
pouvaient
être réalisés àpartir
du tarif retenu.Les valeurs trouvées
correspondent
à des données maximalescompte
tenu dudispositif expérimental qui n’intègre
pas les trouées.3.3. Production moyenne annuelle
r / ,1,<,
1 n/lr 1, r,..-: F 1l - n r2 , A
La
production
a été calculée en se référant àl’âge
du brin dominant. Cetteproduction
moyenne annuelle sur l’ensemble des stations varie entre 1,9 m’/ha/an et4,3
m’/ha/an avec une moyenne de 3m‘/ha/an,
pour le Chêne vert dans les aires échantillonnées.Le même tarif a été
appliqué
aux autres essences. De ce fait, toutes essencesconfondues,
laproduction
moyenne s’élève en moyenne à3,4 m’/ha/an,
les extrêmes étant2,1
ml/ha/an et 4,3 m’/ha/an dans ces mêmes stations.La
production
moyenne annuelle des différentesplacettes
estportée
au tableau 2.Ce tableau met en évidence dans la
production :
-
l’importance
des brins de faible circonférence(inférieure
à 8 cm à1,30 m)
dénombrés mais non mesurés effectivement
puisqu’ils
n’avaient donc pas le diamètre limite que nous avions fixé. De ce fait, par la suite il a été considéré que ces brins avaient en moyenne 4 cm decirconférence,
valeurqui correspond
au centre de classedans
laquelle
ils ont étéregroupés ;
- la
participation
des brins autres que le chêne vert.On constate que la station 2, située en
talweg
et surpente,
réalise laplus
forteproduction
annuelle moyenne et ce,uniquement
avec le Chêne vert ; deplus,
cetteproduction
est constituée engrande partie
par des brins de circonférencesupérieure
à8 cm. Cette station semble être celle où
l’adéquation
conditions de milieu-croissance Chêne vert est la mieux réalisée.3.4. Courhes de croissance en hauteur et classes cle
fertilité
Les classes de fertilité ont été établies à
partir
des deux brins dominantsprélevés
par station. L’indice de
productivité
a été défini par la base de la hauteur atteinte àl’âge
de 25 ans. Pour cela, on a cherché àajuster
les courbes de croissance tracées, àun modèle
mathématique.
Le modèle retenu est la forme : H = b x Amr = 0.826
Y !_’! !
!&dquo;’r = O.82Ó
La hauteur dominante moyenne atteinte à 25 ans calculée à
partir
del’équation
estégale
à .f,65 m.Les stations étudiées en Gardiole de Rians se
répartissent
en 4 classes de fertilité à25 ans (fig. 1 ).
Par la
suite,
on areporté
sur legraphe,
les courbes de croissance en hauteur des brinsprélevés
sur lescépées
afin de voir àque!
niveau de fertilité ils se situaient. Il semblerait que les brins d’une mêmecépée
se situent dans la même classe de croissance que le brin dominant. Une réserve est à apporter à cette conclusion enparticulier
dansles taillis se
développant
dans de mauvaises conditions stationnelles où les brins dominés, engénéral
lesplus jeunes, n’appartiennent
pas à la même classe de crois-sance. Dans ce dernier cas, la sélection naturelle des brins
s’opère plus
lentement et ladisparité d’âge
observéeimplique
que certains brins dominés sont situés dans une classe de fertilité inférieure ; lors du vieillissement dutaillis,
ces brins serontprobablement
éliminés
(fig.
2 et3).
On
peut
toutefoiss’interroger
sur la meilleurefaçon
d’établir les classes de fertilité :- celles basées sur les courbes de croissance
supposent
un nombre restreint de brinsprélevés
et des donnéesponctuelles. Cependant
la connaissance de la croissance rendcompte
dudynamisme
d’unpeuplement.
Ellepermet
ainsi de visualiser 1 ·s éventuelschangements
de classe de fertilité au cours dutemps.
L’évolution dupeuple-
ment, traduite par des modifications au sein des
cépées, peut s’exprimer
au niveau dela croissance des
brins,
- elles
peuvent
être aussi établies àpartir
del’âge
et de la hauteur du brin dominant. L’inventairepeut
alors être trèsélargi
mais limite lesrenseignements
surl’adéquation
conditions du milieu-évolution dupeuplement.
Il y aurait donc occultation d’informations en ce sens que l’onpeut
se demander si ce brin atoujours
étédominant.
3.5. Courbes de croissance sur le rayon
Pour
chaque rondelle,
la courbe de croissance annuelle pour les 20 dernières années a ététracée,
maisl’origine
dechaque
courbe tientcompte
de la croissance durant les annéesprécédentes (fig. 4).
Par la
suite,
les différentesportions
de courbe ont étéajustées
à un modèlemathématique.
Pour les stations étudiées en Gardiole deRians,
la courbe de croissance suit un modèlepuissance, d’équation :
R = b x A !1--l n,
1 r=0,918Il faut
cependant
formulerquelques
remarques :- dès la 26e année nous ne
possédons
que deux valeurs moyennes, cequi
introduit sans doute un biais à
partir
de ces années,- de
plus,
àpartir
de la 37e année, les valeurs ont été établies sur la base dedonnées lues sur des brins situés dans une mauvaise classe de fertilité entraînant un
amortissement trop
précoce
de lacourbe ; toutefois,
onpeut
penserqu’il
y a effective-ment un ralentissement de la croissance en
épaisseur
destiges
au cours dutemps.
4. Conclusion
L’étude
dendrométrique
des taillis de Chêne vert(M IGLIORETII , 1983),
peu étudiéeici,
apermis
de tester sur despeuplements sclérophylles
lesméthodologies proposées
par PARDÉ et
utilisées,
il est vrai, dans lamajeure partie
des cas en futaie.Dans toutes les stations
échantillonnées,
on atoujours
pu observer un nombreimportant
de brins de faible diamètre. Eneffet,
lors de l’inventairedendrométrique
ontété
compté
d’unepart
le nombre de brins et d’autrepart
le nombre de brins mesurésen hauteur et
circonférence,
cette mesure n’étant effectuée que pour les brinsayant
un diamètresupérieur
à2,5
cm à1,30
m de hauteur Le taux de brins non mesurés parrapport au nombre de brins total varie de 10 p. 100 à 60 p. 100 selon les
placettes
étudiées. Ces valeurs auraient donc été encore
plus
élevées si nous avionspris
commeréférence le niveau de
découpe
retenu couramment en foresterieclassique
c’est-à-dire ladécoupe
bois-fort(7
cm de diamètre à 1,30 m dehaut).
Les brins de faible diamètre ont donc en fait unepart importante
dans laproduction totale ;
laproduction
envolume bois-fort ou en biomasse ne
représente
alors dans ces structuressclérophylles qu’un
faiblepourcentage
de laproduction
totale.En outre, il a été démontré que dans le taillis
sclérophylle
lepoids
sec des brinsétait corrélé linéairement avec leur circonférence à 1 m 30. De
même,
l’estimation de la teneur moyenne en eau du brinpourrait
se faire en neprélevant qu’une
seulerondelle,
mais il conviendrait alors de tester dans
chaque placette,
au moins sur un faible nombre dereprésentants,
l’erreur commise dans le calcul de laphytomasse.
Par contre, la variation du taux d’humidité dans lesparties
constitutives du brinimplique
la collecte d’échantillonsséparés : tige,
rameaux, feuilles.Pour l’évaluation du volume
plusieurs
remarquespeuvent
être formulées :- son
approche
par l’utilisation d’un tarif établi àpartir
de deux brinsdominants,
fait que l’on tend à surestimer les stations les moins fertiles et à sous-estimer les meilleures.
Cependant
cette méthodeprésente l’avantage
d’être facilementgénérali- sable ;
- son estimation par l’intermédiaire du volume d’une
cépée
moyenne est sans douteplus représentative
de lastation,
mais elle est d’unemploi plus
lourd.On
pourrait
aussienvisager
unéchantillonnage
stratifié mais laprécision
dutarif,
compte tenu de la faible valeur commerciale de cespeuplements,
ne semble pasjustifier
un investissement aussiimportant.
L’étude de la croissance a montré que les brins d’une même
station,
maisd’âge différent,
semblaient suivre la même loi de croissance que les brinsdominants,
du moins dans les stationsécologiquement
favorables. Dans ces stations eneffet,
la sélection naturelle intervientplus rapidement
dans letemps
et lacompétition
pour la lumière est moinsmarquée.
Cette recherche a
permis
de rendre compte au niveau desplacettes
d’échantillon- nage et dans toutes les situationsobservées,
desphénomènes
decompétition
dont lescauses sont
multiples :
- concurrence entre brins d’une même
cépée,
comme lesoulignent
lesparamètres dendrométriques (circonférence, hauteur).
Les variationsmarquées
entre ces caractéris-tiques dendrométriques
pour des brinsappartenant
à une mêmecépée
traduisent des différences d’affranchissement mais aussi un fonctionnementparticulier
de lacépée sciérophylle qui
émet des brins à despériodicités successives,
unecépée pouvant porter
des brinsd’âge
différent comme nous l’avons observé lors del’analyse
detige ;
- concurrence entre
cépées
en fonction de leur distributionspatiale,
le double-ment de la surface d’inventaire ne doublant pas le nombre de
cépées.
On retrouve làune des
caractéristiques majeure
des milieux méditerranéens :l’hétérogénéité ;
-
compétition interspécifique
liée à laprésence
du Chêne blanc ou à d’autresessences caducifoliées.
L’augmentation
de la hauteur moyenne des brins dominants des taillis de mêmeâge
et de mêmeexposition
mais situés dans des conditions stationnelles différentes illustre lespotentialités
des stations.Sur une même
cépée,
l’observation de brinsd’âges
différents montre que dans le taillis de Chêne vert ledépressage
naturels’opère jusqu’à
unâge
moyen assez élevé.Cependant,
la sélection naturelle des brins intervient d’autantplus
tôt, pour des taillis de mêmeâge,
que les conditionsgéopédologiques
de la station sont meilleures.Compte
tenu de toutes cesparticularités
laquestion qui
se pose est de savoir comment etquand
faire une interventionaylvicole (dépressage, exploitation...),
etquelles
en seraient lesconséquences.
Y aurait-il transfert de croissance, notamment en diamètre sur les brins dominants laissés ?
L’apparition
de nouveauxrejets
sur lacépée
ne conduirait-elle pas à unépuisement plus rapide
de la souche ’?Dans le cas où il y aurait transfert, il conviendrait de
prendre
encompte, l’âge
dutaillis,
la sélection naturelle des brins et la situation éco-stationnelle, afin d’intervenir à despériodes plus
favorables pour obtenir le meilleur report sur les brins laissés.On
comprend
dès lors toutes les difficultés àgérer
un telécosystème
à scléro-phylle.
Deplus,
le coût de tellesopérations
serait-il rentabilisé par uneproduction
accrue en
qualité
et enquantité
1?Reçu
le 14 octobre l985.Accepté
le 70 octobre 1986.Summary
Contribution to the
study of schlerophyllous coppice production
in the Gardiole
of
Riansforest (Var)
This article deals with a method of
study
forschlerophyllous coppice
volume and biomassproduction
in the Gardiole de Rians (Var, France) forest, as well asheight
and diametergrowth
in
Hohy
Oak (Quercus ilex) shoots in order to detcrmirc a certain number offertility
classes. Byconsidering
all the shoots on a stump,coppice production
level can he betterexpressed
and thefonction of
periodic
stemproduction
onHony
()ak stumps better understood. Problems ofinterspecific competition
for field ressourcc use can also he dealt with. Thisstudy
also considcrssome mathematical models useful in the
analysis
:!f variousproduction
levels andheight
anddiameter
growth
inHolly
Oak stems.Key
words : C!’!/i.prodllction. phyroma.s.s..schlc·ro h liyllon.s coppice,
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