NOUVELLES DONNÉES SUR LA PSYCHOPHYSIOLOGIE
DE L’ÉLEVAGE
DES REINES
CHEZ APIS MELLIFICA
(DEUXIÈME NOTE)
M. VULLLAUME
Laboratoire de
Zoologie (S.
P. C.N.),
Faculté des Sciences de Rennes et Station de Recherchesapicoles,
Bures-sur-Y!!ette.Dans une note
précédente
VumAUME( 1957 )
nous avons étudié l’action de différents facteurs sur lesélevages
de reines par les Abeilles.Nous avons mis en évidence les faits suivants :
1
° Les variations du
pourcentage d’acceptation
descupules royales
artificielles tiendraient à un
équilibre
entre deux substances incluses dans la cire: l’une inhibitrice del’acceptation:
l’autrefacilitatrice,
secrétéepeut-être
par les ouvrières etbeaucoup
moins stable que lapremière.
2
° Parmi les stimuli
qui poussent
les nourrices à accepter unejeune
larve
qui
leur estprésentée
dans unecupule
decire,
comptent : la forme dufond,
la forme desbords,
laposition
descupules,
leur écartement.Mais,
la matière dont est construite lacupule paraît
de peud’importance puisque
les ouvrièresacceptent
laparaffine,
toutes sortes de cires miné- rales ouvégétales
et même le verre ou certaines matièresplastiques.
3
° Pour que la
jeune
larve introduite dans unecupule
artificielle fassel’objet
d’unélevage royal,
elle doit être vivante etappartenir
augenre
Apis;
sonâge
doit être inférieur à 3jours;
le sexe n’est pas un fac-teur très
important
et des larves mâles peuvent êtreacceptées.
4° Les
jeunes
larvesétrangères
à la colonie éleveuse sontacceptées
sans
difficulté ;
laprésence
de la reine ne suffit pas à inhiberl’élevage
roval,
pourvu qu’il
ait débitté dans une colonieorpheline (ou
ruchetted’acceptation).
Dans une note
technique
surl’élevage
des reines VulLLAUMH( 1957 ),
nous traitions
particulièrement
du rôle du «paquet
» d’Abeilleschargé
dedémarrer
l’élevage royal.
Au cours d’un passage de 24heures dans cette co-lonie
orpheline
ou « starter «, la familiarisation des cellulesgarnies
de larvess’accentue et le
dépôt
degelée royale
est amorcé. Nous avons pu alorssuppri-
mer le passage dans le starter en « familiarisant « les
cupules
avant leuremploi
et en
déposant
les larves sur de lagelée royale
pure ou sur unmélange
concentré de
gelée royale (un volume)
et d’eau(un volume) :
I,a familia- risationproprement
dite se fait au cours d’un passagepréalable,
des cu-pules
neuves etvides, pendant
24heures,
dans une ruchequelconque.
I. - NOUVEAUX DÉTAILS SUR L’ACTION DE LA
GELÉE
ROYALE.Nous avons
précisé
le rôle de lagelée royale
dansl’amorçage, déjà
étudié dans notre mémoire de 1957. Les tableaux suivants
(I, II
etIII),
montrent les résultats obtenus au cours des essais
qui
outpermis
de sup-pritner
les starters. Dans toutes lesexpériences
les cellules sont mises dans la même ruche encompétition,
enposition
alterne sur lesbaguettes porte-cellules
defaçon
à éviter lefacteur
deposition qui peut jouer
unrôle
important.
Les chiffres de ce tableau montrent un
léger avantage
en faveur des cellules amorcées avec lemélange
eau +gelée royale.
Elles sont un peu mieuxacceptées
et il suffit de m,g cellulesgreffées
pour récolter i g degelée royale
alorsqu’il
en faut12 ,8
dans le cas des larvesdéposées
sur del’eau pure.
Sur le tableau suivant
figurent
les résultats obtenus avec les cellules amorcées à lagelée royale
pure.L’action de la G. R. au moment de l’introduction dans la ruche
joue
un rôle trèsimportant
sur laquantité
de G. R.dégorgée
par lesnourrices.
Comme nous l’avions
déjà signalé,
si lepourcentage
des cellulesacceptées
n’estguère modifié,
lepourcentage
des cellules terminées estsupérieur,
et les cellules terminées renfermentdavantage de G. R.,
que dans le cas de l’eau pure.Nous avons
comparé
ensuitel’amorçage
à lagelée royale
pure encompétition
avec unmélange
eau -E-gelée royale (Résultats
sur le tableausuivant).
Si les
quantités
de cellulesacceptées
et terminées sont sensiblement les mêmesquand
on amorce à lagelée royale
pure ou à l’aide d’unmélange
dilué
(eau
-E- G.R.),
il fautcependant
moins de cellulesgreffées
pour récol- ter i g de G. R. pure et les cellules terminées renferment dans ce même cas,davantage
de G. R.La
quantité
de G. R.déposée
dans lescupules
au moment de leuramorçage
joue
un rôleimportant
dans lepourcentage
des cellules termi-nées
(g
p. 100 avec peu degelée royale
pure au lieu de 2q p. 100avecplus
de
gelée).
En introduisant directement dans le
finisseur,
sans passage au star- ter, des cellules renfermant unejeune
larvedéposée
sur de la G. R. ou surEau + G. R. nous retrouvons des résultats confirmant les
précédents.
Avec des cellules neuves, de
cire,
nonfamiliarisées,
nouscomptons 1
8,
7
p. 100de cellules terminées dans le cas de la G. R. pure et o p. 100 dans le cas dumélange
dilué : eau + G. R. Avec des cellules familiariséesnous avons obtenu les résultats suivants :
5
6
p. 100 de cellules terminées parrapport
aux cellulesgreffées
pour les larvesdéposées
sur de lagelée royale
pure, contre6, 2
p. 100 avec lemélange
Eau + G. R.Pour 80 cellules
récupérées (donc familiarisées)
testées encompétition (G. R. pure contre mélange
eau + G. R.)
nous avons récolté 17,4 g de
G. R. dans le premier
cas pour 7,2 g dans le second.
Ceci nous montre
l’importance
del’amorçage
à La G. R. concentrée surles rendements des
élevages
voyanx.Remarque.
Cet effet
important
de la G. R. se conservelongtemps
comme lemontre le tableau VI. Nous avons, pour étudier cette
conservation,
utilisé de la G. R. fraîche(le jour
de sarécolte)
et de lagelée royale
con-servée au
frigidaire
à0 - 4 ° pendant
un an. Si lagelée royale
« vieillit J&dquo;tout au moins en dehors de la ruche
(CHAUVIN
etG OILL OT)
comme lemontre l’étude des variations de ses
propriétés physiques
etphysiolo- giques,
elle demeuremalgré
tout fortlongtemps
un aliment convenable pour lesjeunes
larves(noter
ici qued’après
BVEAVER, lesélevages in
vitvopour donner des Reines
parfaites,
nécessitent par contre de la G. R. ultra-fraîche).
Nous ne voulonsparler
ici que del’élevage
dans sespremiers
moments, et
n’envisageons
pas ledegré
final dedéveloppement
des or-ganes. Mais dans ces
premières phases,
les substances de la G. R.qui
favo-risent la réussite
paraissent stables,
s’il n’en est pas de même pour les substances de la G. R.qui
induisent ledéveloppement parfait
etcomplet
des ovaires de la Reine.
Substitutions
répétées
de larves enélevage
et
quantité
de G. R.dégorgée
l,e rôle de la G. R. est mis en évidence
également
dansl’expérience
suivante :
Si dans les cellules
déjà
trèsavancées,
nous substituons à des larvesroyales âgées
de 3jours
desjeunes
larves en laissant toute la G. R. à l’inté- yieuv des cellules et en introduisazzt à nouveau les cellules
royales
diyectementdans lme ruche
finisseuse,
lespourcentages
des larves élevées sont trèsimportants :
Au cours de la
première opération,
72 p. 100 desjeunes
larves sontélevées tandis que la réserve de G. R. mise à la
disposition
des larves aug- mente. Une seconde substitution des larves dans les mêmes cellules au cours du 3ejour
de vie larvaire réussit encore et7 8
p. 100 des cellules sontacceptées :
laquantité
de G. R. continue àaugmenter.
A la suite d’une 3e
substitution,
77p. 100 des larves sont encoreélevées,
mais sansapport
nouveau de G. R. La réserve de G. R. se dessèche et
change
totalementd’aspect.
Garde-t-elle sespropriétés?
C’est unpoint
que nous n’avons pasélucidé,
etqui
nousparaît
peuprobable.
Au cours de ces substitutions nous sectionnions les cellules
royales
un peu au-dessus du niveau de la G. R.
qu’elles contenaient,
ceci afind’extirper plus
facilement les larves. Il ne nous a pas semblé que cettepratique perturbe
sérieusementl’élevage.
WEAVER( 1957 )
remarque pour- tant que la section du «chapeau
« de cirequand
lagelée royale
atteintle bord d’une
cupule
de verre amènel’expulsion
de la larve et l’abandonde
l’élevage.
Ces cellules
royales
danslesquelles plusieurs
larves sont élevées suc-cessivement
atteignent, quand
elles sontterminées,
et cecidéjà après
lapremière
substitution delarve,
une taille biensupérieure
à celle des cellulesroyales
normales. Il est àpeine
besoin desouligner l’application
pra-tique possible
de cesexpériences
pour l’obtention de reinesplus
grosses et sans doute à féconditéplus grande.
WEAVER remarque que les reines issues de ce doublegreffage, qui
ont donc reçu abondance de G. R.ont seulement la
spermathèque plus développée,
mais pasplus
d’ova-rioles. Mais ses
expériences
sonttrop
peu nombreuses pour conclure. Le doublegreffage
est connudepuis longtemps
des éleveursaméricains,
mais il ne semble pas avoir faitl’objet
d’études suffisamment appro- fondies.Signalons
que si lagelée royale semble,
en mêmetemps
que lalarve,
déterminerl’élongation
des cellulesgéantes,
un autre facteur intervientpeut-être
en mêmetemps :
c’est celui de la substanced’acceptation qui
doit être de
plus
enplus
abondante au fur et à mesure quel’élevage royal
se
prolonge.
Influence
de la Lao°!!e.Si la larve est
indispensable
à l’édihcation duchapeau
de la celluleroyale,
elle n’est pas toutefois un facteursuffisant,
de mêmequ’elle
nesemble
jouer
aucun rôle dans l’édification de l’ébauclae de la celluleroyale (D
ARCHEN
et VuiM<AUME).Dans
le cas de tous lesélevages
naturels eneffet,
les ébauches de cellulesroyales
sont construitesd’abord,
et la reine ne vient ypondre qu’ensuite.
Tant que la larve n’est pasnée,
l’ébauche de la celluleroyale
reste à ce stade. Ce n’estqu’à
la naissance de la larve que ledépôt
degelée royale
commence en mêmetemps
que s’édifie la celluleroyale typique.
Ces deuxphénomènes : dépôt
de G. I2. dans lescellules et
allongement
de l’ébaucheroyale
vonttoujours
depair.
I,’un nes’effectue
jamais
sans l’autre. Il semble que DELEURANCE observe le mêmephénomène
chez les Polistes : la construction dupédicelle
d’unepart,
celle de la base des cellules d’autrepart,
celle des cellulesenfin(allon- gement
àpartir
del’ébauche) dépendent de facteurs divers;
mais l’élon-
gation
de la cellule ne se fait chez les Polistesqu’en présence
de larvessaines;
les oeufs ou le couvain abortif ne déclenchent pas cecomportement spécial.
Chez les
Abeilles,
la fourniture descupules
parl’expérimentateur correspond peut-être
à untélescopage
des «façons pédicellaires
» et des«
façons
CC »(base
des cellules)observées
par DELEURANCE. I,’édifica- tion duchapeau correspondrait
aux «façons
CI »(élongation
des cellulesgarnies
d’une larvesaine).
I,edépôt
de G. R. à l’intérieur d’une cellule où se trouve unejeune
larve ou unepré-reine
constituerait alors un autrephénomène,
propre aux Abeilles.II. - QUE NOUS APPREND LA
PRÉSENTATION D’ÉBAUCHES
DE FORMES
TRÈS
ANORMALES PPoursuivant nos
expériences
sur lescupules
de formesdiverses,
nous avons
déposé
dejeunes
larves sur descupules
de forme trèsparti-
culière :
1
0 Dans des
cupules
de forme semblable auxnormales,
mais de2 centimètres de diamètre au lieu de 8
millimètres,
sans cloisons au centre ; J nous yplacions
1, 2, 3 ou 4 larves sur unegoutte
de G. R. pure. Mais cesexpériences,
que lescupules
soient neuves oufamiliarisées,
n’ont donnéaucun résultat.
Jamais
autour des larves nous n’avons trouvé de construc- tions cirièresamorçant
la construction d’une celluleroyale.
I,es Abeillesconstruisaient autour, en se servant de la
cupule
comme d’unpoint
dedépart,
descylindres
de cirealvéolée;
leur intérieur et leur extérieur étaient constitués par des cellules d’ouvrièresnormales,
avec toutefois les variations de formequ’impose
la courbure de l’ébauche de cire. DARCHEX a obtenudes constructions
analogues
enprésentant
aux abeilles un manchon de ciregaufrée (photos 6,
7,8).
Quel
est le facteurqui
contrarie icil’élevage royal? Simplement
sansdoute la
forme de la partie
basale de la celluleroyale,
dont la constructiondépend
d’autres facteurs que le reste de lacellule,
commeje
l’aidéjà
montré. Cette
partie
basalecorrespond
aux «façons CI
» des Polistes de DELEURANCE
; et de même que les Polistes
engagés
dans les« façons pédi-
cellaires
Cpd
» nepeuvent
« dévier » du côté des «façons
CC ouCi
», demême «
façons
basales » et «façons
duchapeau
» ne sont pas interchan-geables
chez les Abeilles. L’ouvrièrepeut
continuer une cellule dont la base(forme interne)
luiconvient,
mais elle nepeut rectifier
cette base sielle ne lazi co/noient
pas.
Les résultats médiocres obtenusprécédemment
avec des
cupules cubiques (VulLLAUME 1957 )
dont le fond n’est lui nonplus jamais modifié,
nous confirment la dissociation des deux processus, construction de la base et construction duchapeau.
2
0 Nous avons alors
essayé
de faciliter la construction enplaçant
des ébauches de cloisons de cire entre les larves avant le
dépôt
de celles-cidans les
grandes cupules précédemment employées;
comme dans le casprécédent,
l’ensemblepassait
dans une ruche avant sonemploi,
pour la familiarisation. Mais dans ce cas encore nous n’obtenonsjamais d’élevage royal. Pourquoi
les Abeilles abandonnent-elles les larves côte à côte ouséparées
par des cloisons?Pourquoi
ne les élèvent-elles pas tout au moinsen ouvrières? C’est une
question
que nous nous sommesdéjà posé
maintesfois. Nous sommes loin ici du
comportement
desBonibits, hyménoptères également sociaux,
maisplus primitifs :
ici toutes les larvesreposent
côte à côte, sans cloisons entre
elles,
sur la bouillienutritive,
dans degrands
sacs de cire de formeirrégulière.
3
° Devant cet
échec,
nous nous sommes souvenus que nous avions obtenuprécédemment
des résultats satisfaisants enplaçant
descupules
normales côte à côte sur une
réglette; parfois plusieurs
cellulesroyales (jusqu’à 6), parfaitement normales,
étaient collées les unes aux autres.Nous avons alors construit des sortes de
barquettes
de cire de 8 mm delarge
et 10 cm delong, profondes
de 10 mm. Des larvesplacées
sur de laG. R. à l’intérieur de ces
cupules spéciales,
sans cloisons entreelles,
sontégalement
toutes abandonnées. Là encore, la zonecritique
oupartie
basale resterait à modifier et ne
peut
l’être. D’ailleurs enplaçant,
ici encore,entre les larves des cloisons de
cire,
les résultats restent tout aussi mau-vais. I’ourtant les cellules artificielles
comprises
entre les cloisons dans lesbarquettes
étaient assez semblables cette fois aux cellulescubiques
àfond arrondi utilisées dans un travail
précédent (V UILLAUME 1057 );
etsi ces cellules étaient abandonnées dans une
grande proportion,
les Abeilles y élevaient néanmoinsquelques
larves. Deplus,
la structure des cellules abandonnées n’était pasmodifiée,
alors que nous ne retrouvons rien icide la structure initiale des
barquettes. Après
2q.heures,
lesloges
initialessont divisées en 2 par les Abeilles et
chaque
cellule finale est arrondie(photos
n° 3, 4,j ). Rappelons
icil’hypothèse
que nous formions ailleursau
sujet
de la forme descellules,
ensupposant
que laforme
arrondie était laplus primitive,
verslaquelle
les abeilles tendent à revenir dans de nombreux cas; toutes les cellules dereine, qui
sonttoujours plus
ou moinsisolées,
affectent
précisément
cetteforme;
il en est de même des cellules de mâlesisolées,
dans certains cas(mâles
élevés dans des cellules dereine) ; enfin, quand
les Abeilles transforment la structure d’un rayon(passage
de cel-lules de mâles à cellules d’ouvrières par
exemple)
elles arrondissentégale-
ment toutes les ouvertures
(D ARCHEN
etV UILLAUME ). Ici,
les cellules construites àpartir
desbarquettes
ou deslarges cupules
cloisonnées sontégalement
toutes rondes(photo 4 ).
Les Abeilles construisentégalement
des cellules
rondes, quand
on n’a pasplacé
lescloisons,
mais dans unordre
quelconque
et leurs dimensions sont alors assez variables.D’après
I)F , I ,EU RA -.
’
,-CE,
quand
une femelle fondatrice de Poliste édifie unepremière
cellule
isolée,
sa base esttoujours cylindrique;
elle ne devientprismatique
que
lorsque
d’autres cellules sont construites à son contact; mais chez nosAbeilles,
la forme arrondie se maintient dans certains cas, mêmelorsque
les cellules sont en contact étroit. Nous avons
signalé
aussi que dans lescupules cubiques acceptées,
lechapeau
esttoujours cylindrique,
bien que la base non remaniée restecubique.
4
0 Dans le cas de
cupules
en matièreplastique trop larges
où l’ongreffe
unelarve,
nous avons vu les Abeilles réduire le diamètre des moules(VUILLAUlB1E, 1957 )
etconstruire,
en utilisant seulement unepartie
desparois
deplastique,
une celluleroyale
de cirecomprise
entièrement à l’inté- rieur de lacupule. Pourquoi alors,
dans le cas de noscupules
de ciretrop larges,
ne construisent-elles pas aussi à leurintérieur,
des cellulesroyales complètes
etappuyées
contre lesparois?
C’est que,malgré
lagrande
lar-geur des
cupules plastiques, leur base est de dimensions semi-nonnales
(
9
mm contre 8 mm de diamètre pour lesnormales).
Les Abeilles n’ont donc pas à reconstruire la zonecritique
etpeuvent
ramener le reste à des dimensions habituelles.Influence de la proximité des
cellules ;
le rôle du bord libre.Nous avions
étudié,
dans une noteprécédente, l’espacement optimum qu’il
convient de donner auxcupules
pour obtenir le maximum de réus-sites ;
nous avions vuqu’il
estpossible
deplacer
descupules
normaleset familiarisées côte à côte, et l’on obtient encore 17p. 100 de cellules ter-
minées : mais la zone
apicale
esttoujours libre, et son bord n’est soudé en
aucun
point
aux cellules voisines(photos
1,2 ).
Voilà sans doute la raison de l’insuccès desbarquettes
de cire : latrop grande proximité
des casesà cloisons
mitoyennes
rendimpossible
laséparation
des bords. Si bien que nous devonsajouter
à la liste des facteursimportants
et non modi-fiables de la cellule
royale,
enplus
de la forme dufond,
les caractères du bord.Mais ce
comportement
pose d’autresproblèmes. D’abord, qu’est-ce qui
pousse les Abeilles àexpulser
les larves avant de transformer les bar-quettes
de cire en cellules d’ouvrières?Remarquons
alors que dans tous les cas où des cellules d’ouvrières sont transformées en cellules de mâle etvice-versa,
et dans ceux où un fond est remis à des cellules dont onl’avait enlevé
(D ARCHEN )
nioeufs
ni larves ne se trouvent dans les cellulesà remanier. En ce
qui
concerne les cellulesroyales,
les «façons
de base »pour continuer à
employer
unlangage
voisin de celui de DELEURANCE,ne s’effectuent
qu’en
l’absence de larves. Et dans le casd’orphelinage brusque, lorsque
les ouvrières transforment en cellulesroyales
une celluled’ouvrière où se trouve
déjà
unelarve,
sa base n’estjamais
remaniée. D’où il suit que laprésence de jeune
couvain estincompatible
avec le remanie-ment de la zone de la cellule sur
laquelle
il repose; que lespulsions
deremaniement
l’emportent
sur cellesd’élevage
etprovoquent
lerejet
deslarves.
Mais comment
expliquer l’importance
du bord librequi n’apparaît qu’ici
et non pas dans les cellulesd’ouvrières, puisque
les nourrices n’élè- vent les larves d’ouvrières et les larves de mâles que dans des cellules à cloisonsmitoyennes?
Et d’autre part,pourquoi
les ouvrièresexpulsent-
elles ou abandonnent-elles certaines larves même
greffées
dans des cellulesd’ouvrières,
en vue d’unélevage royal,
au lieu de les élever tout aumoins en ouvrières? Ce n’est
point
ici laposition
verticale avec ouverturedirigée
vers le bas,qui
peut les déterminer à secomporter
de la sortepuisqu’on peut placer
dans laposition
horizontale tous les rayons verti-caux d’une ruche sans troubler le moins du monde
l’élevage
oul’entrepôt
des
provisions,
même au bout deplusieurs
mois(CHAUVIN,
observationnon
publiée).
Peut-être alors faut-il un certaindegré
d’accoutumance à laposition
verticale des cellules pour que les Abeillesacceptent d’y
éleverà la fois larves d’ouvrières et larves de reines
(elles
le font dans la ruche à rayonshorizontaux).
III. - LES CELLULES A DEUX LARVES
Si la larve constitue un stimulus
important,
nous devonspouvoir
enaccroître l’intensité : en
plaçant
nonplus
une, mais deux larvesjeunes
dans la moitié de nos
cupules,
et en lescomparant
à descupules
muniesd’une seule larve dans l’autre
moitié,
nous devrions réduire les abandons dans le cas des cellules à deux larves. Mais pour les cellules à unelarve,
()
3
p. 100 des cellules ont ététerminées,
avec uneproduction
de G. R.de
10 ,8
g pour 100 larvesgreffées ( 37
p. 100 de larvesabandonnées).
Avec deux
larves,
nouspensions
obtenir( 37 : 2 )
18 p. 100 d’abandon enmoins,
soit8r, 5
p. 100 de cellulesacceptées.
Mais en fait seulement 70 p.100des cellules ont été
acceptées,
cequi
prouve que laprésence
de la larvene détermine
pas,
à elleseule,
les variations dupourcentage d’acceptation.
Dans les cellules à deux
larves,
nous avons récolté II,25 g de G. R.au lieu de
io,8 ; apparemment,
laquantité
de G. R. n’est doncpas modi-
fiée : il est
logique
toutefois de penser que la sécrétion a été en faitplus importante
dans les cellules à 2larves ;
car les larves se sont nourriespendant
troisjours
et ont consommé deux foisplus
de G. R. que dans lecas de larves isolées. Nous trouvons en effet
0 , 1 6 1
g de (1. R. par cellule à 2 larves contre 0,173 par cellule à ilarve,
et nous ne pouvons admettre que les larves n’ontmangé
que 0,012 g en troisjours, puisque leurs poids
sont tout à fait normaux. Donc, elles se sont nourries comme d’habitude
et
forcément,
les nourrices ont dû leur fournir deux foisplus
de G. R. par cellule.Il est à noter par ailleurs que les larves abandonnées au finisseur sont
toujours
cellesqui,
à la sortie du starter, sont le moins bien pourvuesen G. R. Nous avons vérifié ce fait en introduisant directement dans les finisseurs des larves
déposées
dans descupules déjà
familiarisées et conte- nantplzts
ou moins degelée ;
et il est bien vrai que cellesqui
en renferntentdavantage
sont élevées dans de meilleures conditions.Parmi les 70 p. 100 de cellules à 2 larves
terminées,
y contenaientencore 2
larves,
alorsqu’une
des deux larves avait été retirée dans5 6
cel-lules par les abeilles. On
peut
se demanderpourquoi
les nourrices évacuent telle larveplutôt
que telle autre. Mais nous nedisposons
pas encored’expé-
riences là-dessus.
Groupement de larves
d’âge
différent.Au lieu d’introduire directement dans
chaque
cellule deux larvesau
départ,
nous avonsajouté
unejeune
larve d’unjour
dans m cellulesroyales
dont les larves initiales étaientâgées
de troisjours. Fxception- nellement,
les Abeilles ont été laissées libresd’opercttler
cette série.Toutes l’ont été effectivement mais une seule
semblait, d’après
son oper- cule à double tête(photo
n°10 ),
contenir deux larves. Mais à la dissec- tion de lacellule, l’espace
intérieur était divisé en deuxloges
par lecocon
qu’avait
tissé la larve laplus âgée, qui
se trouvait dans unepartie
de la cellule arrondie et de forme normale. La
logette voisine,
déterminéepar
l’expansion
latérale de la celluleroyale,
étaitvide,
et toute trace de lajeune
larve en était absente. I,esabeilles,
en construisant le« chapeau
»de forme
anormale,
n’ottt pas édifié de cloison entre les deux larves pasplus qu’elles
n’ont étécapables
de lesséparer
à la base dans la zone cri-tique (voir
discussionplus haut).
Mais nous ne savons si laplus jeune
larve a été retirée tardivement par les abeilles ou
mangée
par laplus
grosse.
I,a même
expérience
a été refaite enajoutant
dans les cellules des larvesroyales
detrois jours,
des larvesroyales
du mêmeâge.
7 cellules suri ont été
operculées ;
l’une d’elle renfermait encore deux larves. Ainsidonc,
legroupement pe 1 d-être conservé au moins !usqu’à l’ operculation,
mais c’est
fort
rare.IV. - L’AGE DES LARVES
GREFFÉES.
NOUVELLESDONNÉES
S Si les Abeilles élèventspontanément
des reines àpartir
de larves de«
pré-reines
» très grosses(V UILLAUME , 1957 ),
et si elles construisent des cellulesroyales
autour de ceslarves,
elles ne le fontjamais spontané-
naeiat autour de grosses larves d’ouvrières. Il est toutefois
possible,
bien que
difficile,
d’obtenir des cellulesroyales
artificielles avec des larves d’ouvrières deplus
de troisjours ;
onpeut
même allerjusqu’à
6jours :
les vieilles larves se transforment alors nonplus
en reinestypiques,
mais en intermédiaires entre ouvrières et reines
(Z AND E R
etBEC K E R ).
En essayant nous même de faire
accepter
des larves de différentsâges,
nous avons obtenu les résultats suivants :
Nous obtenons
donc,
assezparadoxalement
de meilleurs résultatsavec des larves
plus âgées.
D’autrepart,
en introduisant directement dans lessur
unegrande quantité
de G. R. des larves trèsjeunes
en
compétition
avec des larves deplus
detrois jours,
les nourrices élèvent indifiéremment les unes et les autres.Rappelons
que nous ne nous intéres-sons
toujours
iciqu’au
stade initial del’élevage,
et non au stade final.Nous avons vu aussi que les abeilles des finisseurs élèvent les larves
qui
sontpassées
au starter aussi bien que cellesqui n’y sont pas passées (à condition d’augmenter
la quantité
initiale de G. R. déposée
dans la
cellule) . Mais, lorsqu’on remplace
la moitié des larves des cupules acceptées
dans les starters par des larves « neuves » les
pourcentages d’acceptation
sont
pourtant légèrement
différents enfaveur
des larves lesPlus
grosses( 50
,6
p. 100 contre 42 p.100 ).
Par contre, des larvesacceptées
au starter,donc
âgées
de i à 2jours, déplacées
et mises dans des cellulesrefusées (ne
contenant par
conséquent
ni larves ni G.R.)
sont abandonnées.Nous avons aussi laissé dans un starter une série de 12 grosses larves d’ouvrières que nous avions
greffées
dans descellules royales juste
avantleur
operculation.
Troisjours après,
une seule larvesubsistait,
dans une celluleroyale operculée.
I,es larves pourvues d’uneplus grande
abondancede réserves internes
peuvent
vivreplus longtemps
sans soin et attendrepeut-être
que laquantité
de substanced’acceptation atteigne
le seuilfavorable à
l’élevage royal.
Cettehypothèse
peut se vérifier à notre sensen
greffant
des grosses larvesroyales ( 3 jours)
sur de la G. R. pure ou surun
mélange
diluéd’eau +
G. R. Sur G. R. pure dans le starter, 25 p. 100 des larves sont élevées tandis que toutes cellesplacées
encompétition
dans la même ruche sur eau + G. R. sont abandonnées. I,e finisseur ter- mine 62 p. ioo de ces cellules
acceptées.
En faisant la même
expérience
avec introduction directe des cellules dans un Jinisseur les mêmesproportions
de cellules sont terminées.Larves de mâles.
Rappelons
que des larves de mâleslogées
dans des ébauches de cel- lulesroyales
sont effectivement élevées(Vrm A U M E 1957 ).
Placées encompétition
dans une ruche, enprésence
dejeunes
larves d’ouvrières de mêmeâge,
elles donnent les résultats suivants :Nous avons
déjà signalé
que les cellulesroyales
où l’on a fait élever des mâles affectent au moment de lanymphose
une structurepatrticu-
lière
(V UILLA1J :B&dquo;IE 1957 ).T,a ymphe
de mâle se trouve alorslogée
dansune
loge nymphale cylindrique ajoutée
à la celluleroyale
normale. Il existe entre les deuxparties
unétranglement,
seulsigne
que les Abeilles reconnaissent la larve demâle,
mais seulementaprès
troisjours
de vielarvaire. Alors pour
corriger
la structure de la celluleroyale
où se trouveun mâle elles ne démolissent
rien,
maisajoutent
uneloge
de mâleronde à la cellule
royale normale,
cequi
double presque lalongueur
decelle-ci.
Nous n’avons pas encore étudiée le
comportement
des Abeilles devant des ébauches de cellulesqui
contiennent des oeufs.Réagissent-elles
de lamême manière
qu’en présence
des larves? Nous ne pouvons l’affirmerencore.
V. - L’INFLUENCE DE LA REINE
Nous avons
signalé
par ailleursqu’une acceptation
descupules
étaitpossible
dans une ruche pourvue d’une reine enpleine liberté,
même endehors de la
période d’essaimage (V UILLAUMF ,, i 957 ). Rappelons
à cesujet
que, suivant la théorie hormonale de Bu2r,!R, l’ectohormone de la
reine,
léchée par les abeilles inhibel’élevage royal
dans tout le corps social. Les Abeilles n’élèvent naturellement des reines que dans des conditions bien définies :- reine devenue
trop âgée (bourdonneuse)
àlaquelle
est alors subs-tituée une
jeune reine,
- colonie devenue
trop populeuse
etpréparant
unessaimage,
- ruche
orphelinée
accidentellement et brutalement,Au cours de ces
périodes critiques la source d’ectohormone se trouve
tarie complètement
ou partiellement ;
un déséquilibre
hormonal s’ensuit
à l’intérieur de la ruche,
et les abeilles édifient alors des ébauches de cellules
royales.
La construction de ces ébauches et de ces ébauchesseules, qui
ne contiennent pas forcément d’oeuf ou de larve au
départ,
est arrêtéenormalement par l’ectohormone. Ce n’est
qu’au
moment de l’éclosion de l’oeuf que commence ledégorgement
degelée royale et que la cellule
s’ allon ge.
Cir, dans une ruche finisseuse dont la veine est
simplement éloignée
descellules
royales
àélever,
par unegrille
àreine,
l’ectohormonepeut
diffuser à travers lagrille; effectivement,
nous ne trouvonsjamais
de cellulesroyales
naturelles dans lapartie orpheline.
Mais les abeilles continuentpourtant
à édifier des «chapeaux
» sur lescupules, garnies
delarves,
quenous leur
présentons. Car,
nous l’avonsdéjà dit,
seul le début et non lafin
de la construction des cellules
royales
est vraiment sensible à l’ectohor-moue.
Mais les Abeilles continuent aussi
l’élevage
descupules
dans une rucheordinaire où la reine se trouve
emprisonnée
dans unecagette
d’introduc- tion recouverte de toilemétallique.
Ici nonplus
la reine n’inhibe pas la construction duchapeau
ni ledégorgement
de la G. R. Et lepourcentage
de cellules terminées estimportant.
Il est vrai que BUTLER est lepremier
à
signaler
que toute restrictionapportée
à la liberté d’accès des abeillesvers la reine restreint l’action de l’ectohormone.
I,’ectohormone existe aussi dans les starters pourvus de
jeunes
reines
fécondées;
et aussi dans le cas des cellules introduites directe- ment dans le uid à couvain d’une ruche normale.Toutefois,
dans ce derniercas, si les
pourcentages d’acceptation
sont très élevés lors de lapremière
introduction,
ils diminuentrapidement
et de 80 p. 100environ,
ilspassent
à 10 p. 100 au cours de la secondeopération,
pour tomber aux environsde o la troisième fois. Assistons-nous à un rétablissement
d’équilibre,
àune
régulation
interne par une sécrétionplus
intense de l’ectohortnoneroyale? Ou, plus simplement
laprovision disponible
degelée
des ouvrières est-elle réduite à cause del’élevage
normaldéjà à entrepris
par ailleurs? Onpeut
se demander alors cequi
arriverait siaprès
la seconde introduction onenlevait tout le couvain non
operculé.
Il est vrai que dans un finisseur les Abeillesdégorgent
de lagelée
dans les cellulesroyales
tout en élevantun couvain assez
important,
mais lapopulation
d’un finisseur est habi- tuellementbeaucoup plus
forte que celle d’une ruche normale et laprovi-
sion
globale
degelée
doit donc êtreplus
considérable. De toutefaçon,
le fi-nisseur nous montre, comme nous l’avons vu, que la seule
présence
de lareine ne suffit pas à inhiber les
acceptations.
Quant
à lajeune
reinequi peut
sedévelopper
dans les starters, sou- vent à l’insu del’expérimentateur,
elle doit êtreincapable
au début desécréter assez
d’ectohormone,
car nous avons pu faire démarrer des éle- vages royaux en saprésence
avec desacceptations
deplus
de 50p. 100sans diminution de ce
pourcentage pendant
15jours
consécutifs aussi bien en aoûtqu’en septembre,
donc pas forcément enpériode d’essaimage.
La finition de la cellule royale
est-elle tout à fait insensible à l’ectohormone ?
Nous avons dit
plus
haut que seule ou à peuprès
laphase
initialede la construction des cellules
royales
était inhibée par l’ectohormone.Toutefois,
si onlaisse, jusqu’à
la finition des cellulesdéjà acceptées
à l’in-térieur du starter
(dépourvu
dereine, rappelons-le)
lespourcentages
de cellules terminées sont nettementsupérieurs
à ceux obtenusaprès
trans-fert dans le finisseur
(66
p. 100des cellules sontacceptées
dans le starteret 50,1 p. 100 terminées contre 2g,g p. 100 terminées dans le finisseur
pendant
la mêmepériode).
La reine doit donc exercer tout de même unecertaine inhibition dans le
finisseur;
mais cela n’est pas encore tout à faitsûr,
car lasimple influence du transfert
dans une autre colonie pourrait
provoquer
peut-être
uneperturbation
du mêmeordre ;
et des transferts de starter à starter seraient nécessaires avantd’accepter
l’une ou l’autrehypothèse.
Notons aussi que si nous avons pu faire
accepter
des cellulesroyales
dans des starters pourvus de
jeunes
reines fécondées nous n’avonsjamais
laissé ces cellules dans les starters
jusqu’à l’éclosion ;
et nousi»gîzoroiis par conséquent si les abeilles les auvaient tolb les jusqu’à la fin.
I,a