VALEUR ALIMENTAIRE DES FOINS CONDENSÉS
II. — INFLUENCE DU BROYAGE ET DE LA MISE EN AGGLOMÉRÉS
SUR LA DIGESTION DU FOIN DE LUZERNE DANS LE RUMEN
M. JOURNET
C.DEMARQUILLY
Louise TOULLEC R. CHAVANNE Station de Recherches sur
l’Élevage
des Ruminants,Centre de Rerlzerches
zootechniques
et vétérinaires, 63 - l’heix, près Clermont-Ferrand Institut national de la Rechercheagronomique
SOMMAIRE
L’étude de la
digestion
dans le rumen de vaches fistufisées, de deux foins de luzerne sous forme normale et sous forme condensée(agglomérée après
avoir été finement broyée) a été effectuée pourinterpréter
les modifications desquantités
volontairementingérées
et de ladigestibilité
observéesantérieur2ment sur des moutons
(DE:!taxQuILLV
etJOURNET, 19 6 7 ).
La
digestibilité
du foin de luzerne diminue peulorsqu’il
est présenté sous forme condensée,malgré
uneaugmentation
importante du niveaud’ingestion
et de la vitesse de transitdigestif.
Celasemble dû à une vitesse de fermentation dans le rumen accrue, si on en
juge d’après
lesquantités
degaz
produites
par la fermentation in vitro des contenus de rumen etd’après
les concentrations enacides gras volatils et en
ammoniaque.
L’activité microbienne est peu modifiée : l’activité
cellulolytique
est, soitlégèrement plus
faible,soit
égale
ou même un peu accrue selon les essais et les méthodes de mesure in vivo ou in vitro. Les conditions de milieu, le pli, et lacomposition
en acides gras volatils du jus de rumen ont égalementpeu changé. En conséquence il semble que
l’augmentation
des vitesses de fermentation soit due à.une moindre résistance du foin à l’attaque microbienne du fait de sa division en fines
particules.
Les informations
digestives qui
limitentl’ingestion
dans le cas des foins condensés et des foins;longs
ne semblent pas avoir la mêmeorigine.
Enparticulier
des informations provenant des compali- timentsdigestifs postérieurs
au rumen doivent sesurimposer
à des informations provenant de celui-ci,.si on en juge par les différences dans les quantités de contenu
digestif
total et du contenu du rumen.entre les deux
régimes.
INTRODUCTION
Le
broyage
des foins suivi ou non de leur mise enagglomérés
a souvent eu pour effetd’augmenter
lesquantités ingérées
et de diminuer ladigestibilité (cf.
revue del:VSOrr,
19 6 2 ).
Dans unepremière
étude effectuée avec des moutons, il nous a sembléque
l’augmentation
desquantités ingérées
était due àl’appétibilité plus grande
dufoin
condensé,
d’où il résulte une accélération du transitdigestif (D!MnRQum!,y
etJO
URN
ET, 19 6 7 ).
Les niveauxd’ingestion
observés ont été très élevésquelles
que soient la nature du foin et la finesse debroyage ;
ils semblent avoir atteint une valeur limitepouvant
être difficilementdépassée.
La diminution de ladigestibilité
a variéselon les foins mais elle a été
systématiquement plus
faible pour les foins de luzerne.Dans une deuxième étude réalisée avec des vaches fistulisées du rumen et en
bilan
digestif
nous nous proposonsd’interpréter
les résultatsprécédents.
Ils’agit
d’une étude
préliminaire qui
sera suivie d’une troisième étudeplus complète
ayantpour
objet
de comparer l’influence dubroyage
des foins de luzerne et degraminées.
Les
particularités
ducomportement
alimentaire des bovinsingérant
du foincondensé ont
déjà
étérapportées
par ETRANGER etJ ARRI GE ( 19 6 2 ),
Rucx!;!uscH et’BIA RQ TJFT ( 19 6 3 ),
FRTERet CAMPLING( 19 65
et19 66).
Laplupart
des auteurs ont observé que les fermentations dans le rumen sontmodifiées ;
laproportion
d’acidepropionique
ou d’acidebutyrique
dans lemélange
d’acides gras volatils croît auxdépens
de l’acideacétique (R HOD E S
etWooDS, ig6i ;
BERANGERetJ ARRI GE, 19 6 2 ; JO
R GE N
SEX
etScxu!,Tk, rg6 3 ;
WRIGHT etal., rg6 3 ).
En revanche la vitesse et l’in- tensité des fermentations et enparticulier
celle descomposés
membranaires ont été peu étudiées(M EY E R
etal.,
1959 ; WRIGHT etal., ig63).
MATÉRIEL
ETMÉTHODE
Nous avons
comparé
deux foins de luzerne sous forme condensée(agglomérée après broyage)
auxmêmes foins sous forme normale. Les foins, sous l’une ou l’autre forme, ont été
distribues
volonté(6
heures et 18 heures) et laissés en permanence à ladispositions
des animaux. Lesquantités
defoin offertes ont été calculées
chaque jour
pour obtenir environ r5p. ioo de refus. Les vaches ont reçu de l’eau à volonté dans des abreuvoirsautomatiques.
Elles n’avaient pas de litière depaille.
Dans l’essai i, une vache a reçu successivement le foin normal et le foin condensé au cours de deux
périodes expérimentales
decinq
semaines chacune. Dans l’essai i r, deux vaches ont reçu au cours de lapremière période,
l’une le foin normal et l’autre le foinaggloméré ;
ensuite lesrégimes
ont étéintervertis. Les
périodes expérimentales
ont duré 7 semaines.Les 2foins récoltés étaient au stade bouton ; ils ont été broyés à travers une
grille
à mailles de3mm et
pressés
enagglomérés,
de i cm de diamètre. Larépartition
par taille desparticules
du foincondensé dans l’essai m a été donnée dans la
première
étude(foin ,, 500 ) (DEM ARQ U I LLY
etJOUR-
N ET,
1967).
Le tableau i
donne
lacomposition chimique
et ladigestibilité
du foin normal de l’essai i et celles du foin normal et du foin condensé de l’essai i i.Comj!ortement
alimentaireLes
quantités
de matière sècheingérées
ont été mesurées à chacune des deux distributions parpesée des
quantités
offertes et refusées, par mesure de la teneur en matière sèche du foin deux fois par semaine. Lesquantités
d’eau bues ont été mesuréeschaque jour.
L’emploi
du temps de l’animal a été mesuré parl’enregistrement graphique
des mouvements de la mâchoirependant
4jours
consécutifs au cours de chacune despériodes expérimentales
selon laméthode de RUCKEBUSCH
( 19 6 3 ) ;
il a été divisé enpériodes
de consommation, de rumination et de repos(durée
pendantlaquelle
l’animal ne consomme ni ne rumine).Digestibilité et
transitdigestif
Dans l’essai 11,
la digestibilité
du foin a été mesurée sur chaque vache au cours d’unepériode
de i ojours
située vers la fin de lapériode expérimentale,
environ 4semainesaprès
la mise enrégime.
Lesfèces ont été recueillies dans des bacs et l’urine a été collectée par une sonde urétrale. A
partir
deséchantillons de fèces
prélevés chaque jour
et séchés à l’étuve à 80°, on a constitué des échantillons moyens pour lapériode.
Le transit
digestif
a été mesuré par la méthode desparticules
de foin colorées(BnLCn, r 95 o) pré-
cédemment exposée.
Quantités de contenu
digestif
Le
poids
du contenudigestif
du rumen + réseau a été mesuré 3 heuresaprès
le début du repas du matin. Cette mesure a été effectuée deux fois à troisjours
d’intervalle à la fin dechaque période expérimentale
en vidant manuellement le contenu du rumen par la fistule. La teneur en matière sèchea été mesurée sur un échantillon moyen du contenu.
Fermentations dans le rumen
Activité feymentaire.
Nous avons caractérisé l’activité fermentaire par deux méthodes : 1
° In vitro, nous avons mis le
jus
de rumen( I5 ml)
dilué de salive artificielle(z 5 ml)
enprésence
d’un substrat de foin (i
g).
Les gaz formés ont été recueillis dans deséprouvettes
graduées sur unesolution de CACI, acidifiée. Le
jus
de rumen a étéprélevé
3 heures après le début du repas par suc-cion dans la
partie
ventrale du rumen et filtré sur 5épaisseurs
de gaze. Le substrat utilisé a été le foin de luzerneexpérimental broyé
à lagrille
de r,5mm dans l’essai i, et dans l’essai II, le foinexpérimen-
tal
broyé
à deux finesses différentes 1,5mm et 5mm.2
° In vivo, nous avons estimé l’activité
cellulolytique
des jus de rumen par la méthode des fils de coton dans l’essai i(B ALCH
etJ OHNSON , 1950 )
et par la méthode des sachets denylon
dans l’essai 11.Dans cet essai, nous avons suivi
l’attaque
microbienne de ceux substratscellulosiques (papier-filtre
etfoin)
dans des sachets denylon déposés
au fond du sac ventral du rumen. Ceux-ci étaient constitués par un tissu denylon
à mailles très fines (40!t),
fermés par soudureélectrique
sur les 4 côtés et atta- chés à un anneau deplomb gainé
deplastique
et d’unpoids
suffisant(i kg)
pour les maintenir au fond du sac ventral du rumen. Les substrats utilisés ont été dupapier-filtre
finement haché( 5
g par saçhet)et le foin de luzerne
expérimental
(iog) broyé
à lagrille
de 1,5mm. Les sachets ont été retirés 24, 48 et 72 heures après leur introduction dans le rumen à raison de 4à
chaque
fois. Les mesures ont étérépétées
deux fois surchaque
vache au cours d’unepériode expérimentale.
Nous avons déterminéles pertes de matière sèche de
papier-filtre
et les pertes de matière sèche et delignocellulose
(JnRarGE,r
9
6z)
du foinbroyé.
Pour éviter que lesparticules
lesplus
fines du foin ne passent à travers les mailles denylon
des sachets, les échantillons de foinbroyé
ontpréalablement
été tamisés(mailles
de 100!.).
La fraction ainsi éliminée représente environ 2p. 100. De ce fait les échantillons de foin mis dans les sachets ne sont pas
parfaitement représentatifs
du foin utilisé.Permentation de contenus de rumen.
Nous avons estimé la vitesse des fermentations dans le rumen par la mesure de la
quantité
degaz
produite
au cours de l’incubation de grossesquantités
de contenudigestif prélevé
par la fistule selon la méthode de Cnxor.r, et IIUNGATE(i954). Trois heuresaprès
le début du repas, nousprélevons (en
ayant soin de ne paspresser)
10à izpoignées
de contenudigestif
dans le sac ventral du rumen(
20
cm environ en dessous de l’orifice de lafistule).
Le contenu (800g)
est dilué avec le mêmepoids
de
jus
de rumenprélevé
par succion et filtré sur 5épaisseurs
de gaze et par un volume double de salive artificiellequi
a été ramenée à pH 6,8 parbarbotage
avec du CO,. Lemélange
estréparti
dans 3erlen- meyers et misrapidement
en milieu anaérobie parbarbotage
d’azote. L’incubation a lieu à 39° dansun bain-marie à
agitation.
Les gaz sont recueillis dans unspiromètre
sur une solution acidifiée deCaCl
2à 30 p. 100et les
quantités produites
sont mesurées à lapression
et à latempérature
ambianteet notées à des intervalles de deux heures
jusqu’à
8 heures, dans les essais i et i i, et à 24heures dans l’essai i. Ces mesures ont étérépétées
3jours
de suite surchaque
vache.Comj!osition
ditjxis de
rumen.Dans l’essai i i, des échantillons de
jus
ont étéprélevés
dans le sac ventral. Lesprélèvements
ontété effectués avant le repas du matin et 2, 4, ro heures
après
le début du repas une fois àchaque
pé-riode
expérimentale
et surchaque
vache. Lesjus
obtenus par succion ont été neutralisés et conservés à 4°après
addition de i p. 100de solution de nitrated’argent
à i p. 100. Nous avons mesuré l’acidité totale et lacomposition
dumélange
d’acides gras volatils parchromatographie
enphase
gazeuse(JAMES
et MARTIN, 1952).GAUSSER E
S
(i 9 66)
a mesuré la teneur en N ammoniacal par distillation àl’appareil
de PARNAS-W AGNER
de ces mêmes échantillons ainsi que d’un échantillon moyen du
jus
de rumenprélevé
aumoment du
vidage
des contenus par la fistule.Certaines mesures n’ont pas été faites dans l’essai i :
l’emploi
du temps des animaux, ladiges-
tibilité et la vitesse de transit
digestif,
lacomposition
des jus de rumen.RESULTATS
Comj!ortement
alimentaiyeLa
quantité
de matière sèche de foin condenséingérée
estsupérieure
à celle dufoin normal
correspondant :
1 , 5 contrer,r8 kg
p. 100kg
depoids
vif dans l’essai i,soit une
augmentation
de 32 p. zoo ;2 ,56
contre r,ç2kg
p. 100depoids
vif dans l’es-sai
II,
soit uneaugmentation
de 88 p. 100. Laquantité
d’eau bue estégalement plus
élevée
quand
les vachesreçoivent
les foins condensés.Cependant,
ellen’augmente
pas dans les mêmes
proportions
que laquantité
de matière sècheingérée
et elle estinférieure de i litre environ par
kg
de matière sècheingérée
avec les foins condensés : 5,2 et 5,3 litres contre 4,5 et 4,3 litres pour les 2vaches.L’emploi
dutemps
del’animal,
mesuré dans l’essai m, est modifié(tabl. i) :
le
temps
diurnepassé
à consommer et à ruminer diminuequand
les animauxreçoivent
les foins
condensés ;
mais letemps
nocturne de rumination et surtout de consomma-tion est moins modifié.
La vitesse
d’ingestion
estbeaucoup plus rapide.
Les animaux mettent en gros moitié moins detemps
àingérer
ikg
de matière sèche de foin condensé. Letemps
derumination
rapporté
aukg
de matière sècheingéré
estégalement
inférieur de moitié.Le nombre des
périodes passées
àingérer
ou à ruminer est peumodifié,
sauf le nombre depériodes
de rumination de la vache 535(on
acompté
unepériode lorsqu’elle
étaitséparée
de laprécédente
par un arrêt de 5minutes).
Lecomportement
alimentaire des deux vaches est très semblablequand
ellesreçoivent
le foinnormal,
mais il est assez différentquand
ellesreçoivent
le foin condensé.Digestibilité
La
digestibilité
de la matièreorganique
du foincondensé,
mesurée sur les mou-tons dans l’essai zz, a été inférieure
d’environ 4 points
à celle du foinnormal,
celle dela cellulose brute de
plus
de 8points,
et celle des matières azotées de z,7point
seule-ment. Les résultats obtenus sur les deux vaches concordent avec ceux des moutons.
Cependant
ladigestibilité
de la matièreorganique
et de la cellulose brute diminuebeaucoup plus
pour une vache que pourl’autre,
bien que lesquantités ingérées
aug- mentent dans la mêmeproportion
pour les 2vaches,
enpassant
du foin normal au foincondensé ;
elles doublent. Cet accroissement estlégèrement supérieur
à celuiobservé avec les moutons. En outre, la
digestibilité
de la cellulose brute estsupérieure
à celle mesurée sur les moutons
quelle
que soit la forme deprésentation (tabl. z).
Transit
digestif
Le foin de luzerne condensé
séjourne
moinslongtemps
dans le tubedigestif
que le foin normal. Dans l’essai zz, letemps
deséjour
moyen dans le tubedigestif
estégal
pour l’une et l’autre vache à 57p. 100et
5 8
p. 100 de celui du foin normal. Letemps
rumen
(8 0
p. 100-5 p.100 )
estégal
à65
p. 100et 74p. 100, et letemps
intestin(5
p.100 )
est inférieur de moitié environ
(tabl. z).
Ces résultats obtenus selon la méthode de CasTZ,E
( 195 6)
concordent avec ceuxobtenus par la méthode de MAKELA
( 195 6) ;
letemps
moyen deséjour
de la matière sèche dans le rumen(poids
sec du contenu du rumen/poids
de matière sèchejourna-
lière
ingérée)
estégal
à 57 et 50 p. 100de celui du foin normal(tabl. 2 ).
Le débit de matière
organique indigestible
dans le tubedigestif (quantité
excrétéepar
jour)
est en moyenne deux foisplus
élevé avec le foin condensé.Quantités
de contenudigestif
Dans les 2
essais,
la teneur en matière sèche du contenu du rumen estsignifica-
tivement
(P
<0 , 05 ) plus
élevée avec le foin condenséqu’avec
le foin normal. Lesquantités
de contenu frais sont semblables( 2
fois sur3 ) ;
celles du contenu sec sontlégèrement supérieures ( 2
fois sur3 ) (tabl. 2 ). Cependant
lesquantités
de contenusec de l’ensemble du tube
digestif
sont, avec le foincondensé,
trèssupérieures
de q et5
8
p. 100pour l’une et l’autre vache dans l’essai zz. Nous les avons estimées en faisant la somme dupoids
de matière sèchedigestible
et dupoids
de matière sècheindiges-
tible. Le
poids
de matière sècheindigestible
estégal
aupoids
de matière sècheindiges-
tible
ingérée
parjour
Xtemps
deséjour
moyen dans le tubedigestif
enjours.
Lepoids
de matière sèchedigestible
contenue dans le réticulo-rumen a été obtenu àpartir
des
quantités
de matières sèchesingérées
etd’après
lacinétique
de ladégradation
dufoin dans le rumen mesurée par la méthode des sachets de
nylon (voir ci-après).
Nousn’avons pas tenu
compte
de laquantité
de matière sèchedigestible
contenue dansle reste du tube
digestif
maisqui représente
une faible fraction.Feymet 2
tations dans le rumen
Activité
jermentaire
dujus
de rumen.Dans l’essai i nous n’observons pas de différences in
vitro,
entre les 2régimes,
dans les
quantités
de gazdégagées
au cours des 6 ou7 premières
heures de fermen-tation,
mais unequantité plus
élevée avec lerégime
condensé au bout de 24 heures.Il faut noter une influence de la finesse du foin utilisé comme substrat : avec un
broyage
très fin( 1 , 5 mm)
ledégagement
gazeux estlégèrement plus grand qu’avec
un
broyage grossier ( 5 mm) (fig. i).
Iravivo,
laperte
depoids
sec des fils de coton estlégèrement plus
élevée avec lerégime condensé, l’augmentation
estsignificative après
24heures de
séjour
dans le rumen(fig. 2 ).
Dans l’essai i r, in
vitro,
lesquantités
de gazdégagées
ne sont pas différentes avecles 2
régimes (fig. r).
In vivo lespertes
de matière sèche et delignocellulose
du foinde
luzerne,
utilisé comme substrat dans les sachets denylon
et lespertes
depoids
decellulose du
papier-filtre,
sontplus
élevéeslorsque
les animaux consomment le foin normal.Après q.8
heures deséjour
dans le rumen, elles sontsupérieures respective-
ment de 10,
6 7
et 125p. 100. Les différences entre les deuxrégimes
sontcependant
demoins en moins
importantes
au fur et à mesure que letemps
deséjour
dans le rumens’accroît. C’est ainsi que la
perte
delignocellulose
au bout de 24,d 8,
72 heures estsupérieure respectivement
de 112,6 7
et 31 p. 100.l,a
digestion
du foin dans le rumen mesurée par la méthode des sachets estrapide quel
que soit d’ailleurs lerégime
desanimaux,
foin normal ou foin condensé. 74 et 79p. 100 de la matière sèche
digérée
le sont dans les 2,! heuresrespectivement
avecles deux
régimes.
F eY1’nentations de contenu de rumen.
La vitesse de fermentation mesurée par la
quantité
de gaz estplus
élevée avecle foin condensé. Elle diminue peu au cours des 4
premières
heures(fig. 3 ).
Dansles 2
essais,
la différence est moinsgrande
si onrapporte
lesquantités
de gaz aupoids
de matière sèche de contenu mis à incuber au lieu du
poids
frais. Celles-ci ont étésupé-
rienres de
56
et 32 p. 100au lieu de 8i et 55 p. 100,respectivement
dans les 2essais.Composition
cduj u s
de rumen.Le
pH
est inférieur en moyenne de 0,2point
avec le foin condensé et la concen-t.ration en acides gras volatils du
jus
de rumen estsupérieure
en moyenne d’environ 30p. ioo. Cette dernière croît
davantage après
le début du repas de2 ,6
au lieu de 1,
4
g/l
et elle atteintplus
tard une valeur maximum( 4
heures au lieu de 2heures)
(fig. 4 ).
Nous observons les mêmes différences pour la concentration en azote ammoniacal.
Elle est
supérieure
avec le foin condensé d’environ 30 p. 100, et elleaugmente plus après
le repas( 24 ,6
au lieu de z4,5 g d’N par 100ml)
et le maximum est atteintplus
tard.
La
composition
dumélange
d’acides gras volatils n’a pas étésignificativement
différente. Les
rapports
molaires de l’acideacétique
sur l’acidepropionique
ont étérespectivement
de 3,10 et3 , 2 8
avec les deuxrégimes,
foin condensé et foinlong.
Laproportion
molaire d’acideacétique
a été minimum 2 ou q. heuresaprès
le début du repas(tabl. 3).
DISCUSSION
L’étude de la
digestion
dans le rumen sur les vaches fistuliséespermet d’expliquer
assez bien les modifications du
comportement
alimentaire et de ladigestibilité
desfoins de
luzerne,
observées dans lapremière
étude(D!:nnRQum!,y
et] OURN ET, 19 6 7 ) lorsque
ces foins étaient offerts à des moutons sous forme condensée au lieu de la forme normale.Digestibilité et digestion
dans le rumenAvec les vaches fistulisées comme avec les moutons, la
présentation
du foin deluzerne sous forme condensée s’est
accompagnée
d’un accroissementimportant
desquantités ingérées. Parallèlement,
ladigestibilité
de la matièreorganique
et,plus
en-core, celle de la cellulose brute a
diminué,
cequi
est dûprincipalement
à l’accélération du transitdigestif
et pour une certainepart,
au niveaud’ingestion beaucoup plus
élevé.Cependant
cette diminution de ladigestibilité
du foin de luzerne est faible compara- tivement à celle que nous avons observée antérieurement sur moutons avec les foins degraminées.
Ces résultats concordent par ailleurs avec ceux sur l’utilisation du foin de luzerne condensé par les vaches laitières dans les rations mixtes(JouRrrE ’ r
etJ A R-
RIGE
,
r 9 6 7 ),
selonlesquels
les valeursénergétiques
du foinlong
et du foincondensé
sont peu différentes.
D’après
lesphénomènes digestifs
observés dans laprésente
étude il semble que cette diminution assez faible de ladigestibilité
du foincondensé,
bienqu’il
soit soumis moinslongtemps
à l’action de lapopulation
microbienne du rumen que le foinnormal,
soit due à une fermentationplus rapide.
Eneffet,
laquantité
de gazproduite
par la fermentation in vitro de contenus de rumen estsupérieure.
Les concentrations enacides gras et en
ammoniaque
dujus
de rumen sontplus
élevées avec le foin condensé et ellesaugmentent plus après
le repas, bien que celapuisse
être dûégalement
au ni-veau
d’ingestion plus
élevé.Ces résultats sont en accord avec ceux obtenus par un certain nombre d’auteurs
qui
ont observé des concentrations en acides grasvolatils,
ou des accroissements de concentrationsupérieurs après
le repas avec des foins de luzerne condensée(B A r, CH
etRow!,nNn, z957 ; LEFFEL,
I9 6o ;
WRIGHT et al.rg6 3 ).
Des vitesses de fermentations de rumenplus élevées,
mesurées dans unappareil
deWarburg
ont été observées par MEYERet al.(ig5g),
avec du foin de luzerne condensé de très bonnequalité;
cesderniers ont montré
également
que ladigestion
despolysaccharides
membranaires(holocellulose)
dans le rumen, mesurée invivo,
par la méthode durapport
à lalignine,
était
plus rapide.
Par contre, avec des foins degraminées,
les vitesses de fermentations dans le rumen ont été soientégales (G RI E V E et al., 19 6 3 )
soient plus
faibles (C AM -
PLIN
G et
al., zg6 3
et19 66)
avec le foin condenséqu’avec
le foinlong.
La vitesse
plus grande
des fermentations du foin de luzerne condensépeut
être attribuée soit à une résistance moindre du foin àl’attaque
microbienne du fait de sadivision,
soit à une activitéplus grande
de lapopulation
microbienne du rumen, soitaux deux à la fois. Dans nos
essais,
l’activitémicrobienne, cellulolytique
notamment,n’a pas paru très différente bien que les résultats soient variables selon les méthodes
utilisées ;
il semble donc que l’accroissement des fermentations soit duedavantage
à la division du foin
qui augmente
la surfaced’attaque
bactérienne et rendplus
acces-sibles les
parties
nonlignifiées
de laplante.
C’est en effet lalignification qui
sembleêtre la cause de la diminution de
digestibilité
de la cellulose et des hémicelluloseslorsque
laplante
vieillit(JaxRiG!
et Mirrsox,i 9 6 4 ).
Le rôle dubroyage,
mais d’unbroyage
très fin(broyeur
àbilles),
a été montré par DEHopiTyet JoHNSOrr ( 1 06 0 ),
les-quels
observent in vitro un accroissement considérable de ladigestibilité
de la cellulosedue au
broyage,
surtout avec uneplante âgée
et trèslignifiée.
En outre, cette
attaque plus rapide
des constituants membranaires du foin a sans doute étépossible
parce que la florecellulolytique
du rumen a trouvé suffisam- ment de substances solublesayant
diffusérapidement
ouqui
ont étéproduites
aucours de la
fermentation ;
enparticulier
avec ces foins deluzerne,
la teneur en azoteammoniacal a été élevée.
Enfin,
onpeut
penser quel’importance
de ladigestion
dans le reste du tubediges-
tif a été
plus importante
avec le foin condenséqu’avec
le foinnormal,
cequi pourrait expliquer également
que ladigestibilité
diminue peu,malgré
letemps
deséjour très
court du foin dans le rumen.
Fait
important
et contraire à laplupart
des observationsgénéralement
effectuées(cf. Introduction)
lacomposition
en acides gras volatils dujus
de rumen n’a été quelégèrement
modifiée. Ce doit être dû aubroyage
assezgrossier
dufoin,
bienqu’on
nepuisse
pas le comparer à celui utilisé par les autres auteurs,lorsque
larépartition
par taille desparticules
de foinbroyé
n’est pas donnée.Régulation
del’ingestion
Les résultats d’ensemble obtenus dans la
première
étude(D EMARQUIL L y
etJ
OURNE
T, 19 6 7 )
et dans celle-ci sur lecomportement
alimentaire des moutons et desvaches,
le transitdigestif
et lesquantités
de contenusdigestifs
conduisent àl’hypo-
thèse suivante sur la
régulation
del’ingestion
avec les rations de foin condensé.Les raisons pour
lesquelles
les animauxingèrent beaucoup
de foin condensé sem-blent être dues à
l’appétence qu’ils
ont pour cette formed’aliment,
ou à la facilité depréhension
du foincondensé,
dont ilsingèrent
unegrande quantité
en peu detemps (
2
foisplus
que de foinlong).
Les raisons pour
lesquelles
ils nedépassent
pas un certain niveaud’inges- tion, lequel
est très élevé etindépendant
de laqualité
et de la finesse debroyage,
semblent être dues à des informations sur l’état de distension des
compartiments digestifs (Br,axT!x
etal, 195 6 ;
CAMPI,ING etBar,cH, ig6i),
non seulement durumen mais aussi des
compartiments postérieurs.
Uneffet,
lesquantités
de contenudigestif,
telles que nous les avonscalculées, augmentent
d’environ 50p. 100 ; les quan- tités mesurées du contenu du rumen + réseauaugmentent
peu et enconséquence
celles des contenus des
compartiments postérieurs augmentent
considérablement. Il semble doncqu’avec
le foin condensé levidage
du rumen soit accéléré pour les raisons suivantes :l’ingestion rapide augmente
lapression
à l’intérieur du rumen, et le foin réduit en finesparticules
par lebroyage, peut
traverser facilement lesphincter
réseau-feuillet. Contrairement à ce
qui
se passe avec lesrégimes
de foinnormal,
cevidage
accéléré du rumen a pour effet
d’augmenter
lesquantités
de contenudigestif
dans lescompartiments digestifs suivants, malgré
la vitesse de transitrapide
à travers ceux-ci. La
pression
interneaugmente
et le débit des contenus en provenance du rumen seralentit;
il en résulteprogressivement
un étatd’équilibre
des débits et desquantités
decontenus
digestifs,
dans les différentscompartiments digestifs, qui correspond
à l’étatde rassasiement. Ce mécanisme de
régulation
del’ingestion
des foins condensés fonc- tionne en admettant comme Kay( 19 6 5 )
que le débit au niveau d’unsphincter
estfonction des
pressions qui
s’exercent dans lescompartiments digestifs
situés en aval eten amont. On
comprend
que ce mécanismejoue beaucoup
moins pour les foinslongs
au niveau du
sphincter
réseau-feuillet car ils doivent être réduits en finesparticules
dans le rumen avant de
quitter celui-ci ;
enconséquence
lescompartiments digestifs postérieurs, feuillet, caillette, intestin,
sont faiblementremplis.
Le rôleparticulier joué
par cescompartiments digestifs
dans le cas desrégimes
condensés aégalement
été
pressenti
par PIXOT etJ ARRIGE y6! qui
observent un accroissement de leurpoids (vide)
avec cesrégimes.
L’origine
des informations sur l’état de distension des organesdigestifs qui
com-mandent l’arrêt de
l’ingestion peut provenir,
soit descompartiments postérieurs
aurumen,
qui
se sontdistendus,
soit du rumen comme dans le cas des foinslongs,
maisà la différence
près qu’avec
les foins condensés cette distension du rumen est enpartie
consécutive à
l’engorgement
descompartiments postérieurs.
Reçu pour
pu h limtio ll
ell 1l07’embre i9C;.SUMMARY
FEEDING VALUE OF PELLETED HAVS. 2. - INFLUE1BCE 01! GRINDING :1VD OF PELLETING UN DIGESTION OF LUCERNE HAY IN THE RUMEN
In two trials (in t963and 1964) with cows with fistulae we studicd
digestion,
in the rumen, of2 lucerne hays offered long or pelleted. The
studv
was to eYplain the changes in feeding behaviourand
digestibility
seenpreviously
insheep eating the
samehays
(!)E)tARQUlLLY andJ OURNET ,
106!).The measurements made were :
i)
feeding behaviour of the animals (amount eaten, time spenteating, ruminating
andresting ;
2)digestibility
of the ration ; 3) rate of passagethrough
thediges-
tive tract
by
the method of CASTLE (ig,!6) 4) amount of digestive tract contents and 5)fermentationin the rumen. The last was classified by : !z) pH, concentration and composition of the mixture of volatile fatty acids ; b)
cellulolvtic
activity of rumen fluid measuredby
different methods, in vitroby
the mount of gas released
by
fermentation of i g substrate ofhay
in the presence of rumen fluid and ill
vivo with cotton thread and
nylon
bags (13ALCHand. 10 11-B SON , ig 5 o)
and I) rate of fermentation measuredby
the amount of gas releasedby
rumen fluid fermented ira vitroby
the method of 1IUN-GATE
(t 954 ).
Digestibility
of lucernehav
decreased little whengiven
inpelleted
formdespite large
increasesof intake and rate of passage
through
the digestive tract (table i). This seems to be due totheincreased rate of fermentation in the rumen, as judgedby
the rate of gasproduction
during fermentation ofrumen iluid ill vitro and the concentrations of volatile
fatty
acids and ammonia(fig.
3 and4 ).
The microbial
activity
was little affected ;cellulolytic activity
wasslightly
less,unchanged
or slightlymore according to the trial and the methods of estimation ill vivo or in vitro
(fig.
i and2 ).
Condi-tion of the medium, pH and volatile