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La biographie historique : une querelle des anciens et des modernes ?

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Academic year: 2022

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guillaume.payen@paris-sorbonne.fr

Une querelle des Anciens et des Modernes ? La biographie historique entre tradition et novation.

Colloque tenu à Paris-Sorbonne le vendredi 30 janvier 2009.

« La lecture de tous les bons livres est comme une conversation avec les plus honnêtes gens des siècles passés, qui en ont été les auteurs, et même une conversation étudiée, en laquelle ils ne nous découvrent que les meilleures de leurs pensées1. » Les ouvrages anciens, dont la valeur reconnue leur a conféré la qualité de classiques, sont comme l'écrit Descartes, autant de références incontournables qui, issues du passé, viennent enrichir le présent de la quintessence de la culture humaine

; les biographies historiques toutefois pourraient, quant à elles, faire exception, leur modèle traditionnel paraissant condamné par le profond renouvellement du genre : biographies thématiques, biographies décentrées, biographies collectives, biographies de gens du commun, biographies nourries d’autres disciplines semblent disqualifier celles qui, suivant l’ordre des temps en une narration continue, focalisent récit et descriptions autour d’un personnage central éminent. Or, le modèle classique de la biographie historique, loin d’être moribond, profite lui aussi du grand essor que connaît le genre depuis les années 1980. Y a-t-il alors une querelle sous-jacente entre Anciens et Modernes ? Un bilan s’impose donc, qui établisse un dialogue critique entre modèles classique et nouveaux, ouvrages anciens et récents, chercheurs chevronnés et débutants, de façon à clarifier la situation historiographique foisonnante d’un genre entre tradition et novation.

Certaines biographies anciennes, à la facture classique, tel le Frédéric II de Kantorowicz, restent références incontestées : doit-on en conclure que dans ses grandes lignes, le genre a trouvé son idéal, que la seule chose à souhaiter soit une répétition créatrice des chefs d'œuvre du passé ? Le modèle traditionnel de la biographie historique, centrée sur un individu important dont elle narre la vie de sa naissance à sa mort, repose en effet sur des fondements historiographiques marqués, qui peuvent être remis en question : les grands hommes tiennent un rôle-clef au sein de l'Histoire ; écrire complètement la vie d'un homme est possible ; la chronologie est un principe explicatif majeur pour l'individu comme pour les sociétés. Ces éléments d'une conception traditionnelle de l'histoire, pour être anciens, sont-ils pour autant périmés ? A l'inverse, dans quelle mesure et dans quelles circonstances peuvent-ils être complétés, voire dépassés ?

Au-delà de la question de la véracité d’une œuvre historiographique, il est patent que ce modèle classique s’apparente au roman réaliste ; suivant le cours d’une vie, il narre une histoire qui tend à placer le lecteur dans une relation d’identification au personnage, favorisant ainsi l’adhésion ou au contraire le rejet. Dans quelle

1 René Descartes, Discours de la méthode, Garnier­Flammarion, p. 26.

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mesure alors ce type de biographie, évidemment savant, peut-il être dit pleinement scientifique, c’est-à-dire producteur de science ? Le lecteur, notamment le grand- public, est-il de la sorte placé dans les meilleures conditions pour exercer son jugement critique ? La focalisation sur un grand personnage, quelles que soient la justesse et la mesure du discours de l’auteur, ne risque-t-elle pas d‘imposer l’évidence que les grands hommes sont l’Histoire ? Dans le même temps, cette claire dimension littéraire ne facilite-t-elle pas l’intuition du personnage et de l’époque qu'elle dépeint ?

Par ailleurs, si de nombreuses biographies consacrées par la postérité reprennent le modèle classique du genre, ce n’est pas le cas de toutes ; au-delà de la question de la validité du modèle classique, un dialogue critique avec la tradition biographique implique donc d'examiner également ce que ces grandes œuvres toutes singulières ont de pérenne, dans les résultats auxquels elles parviennent tout comme dans la démarche qu'elles adoptent pour y parvenir. Et de la sorte, il devient possible d'espérer faire son miel de la part d'éternité qu'elles portent en elles et tenter de rivaliser avec ces monuments, voire même, de les surpasser.

A l'opposé de ce petit nombre de classiques, se pressent les cohortes foisonnantes des biographies modernes, dont la critique reste perpétuellement à faire. Que peut-on apporter de nouveau dans le genre biographique ? La novation se fait pour partie en reprenant certains traits de grands classiques légués par le passé, tels Plutarque ou Suétone : le genre s’est-il renouvelé si profondément qu’il connaisse des res novae, c'est-à-dire une révolution ? Plus largement, la biographie historique, autrefois genre mineur, peut-elle, par ses développements récents, prétendre donner un cours nouveau à l’ensemble de la discipline ?

Ce bilan sur la biographie historique, genre entre tradition et novation, sera l’objet d’un colloque tenu en Sorbonne le vendredi 30 janvier 2009 ; ouvert sur toutes les périodes de l’Histoire, celui-ci organisera ses réflexions autour de quatre grands champs de problèmes : « les grandes biographies historiques, des classiques hors du temps ? », « suivre ou rompre l'ordre des temps », « la biographie entre histoire spécialisée, histoire totale et histoire transdisciplinaire », « des approches entre individu et collectivité ». Les propositions de contribution, qui ne dépasseront pas cinq cents mots, sont attendues jusqu’au premier mai 2008.

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