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l n’est plus nécessaire de prouver que les maladies cardiovasculaires sont une menace pour la santé publique. Les pathologies cardiovasculaires sont toujours la principale cause de mortalité de la population adulte dans les pays industrialisés, et notamment en Suisse. L’infarctus aigu du myocarde et l’accident cérébrovasculaire étant les principaux responsables de ces décès. Ce constat pessimiste est à relativiser puisque les récentes données épidémiologiques démontrent que cette mortalité cardiovasculaire est en constante diminution dans notre pays depuis ces dix dernières années. Cette diminution de mortalité est multifactorielle, mais très certainement à mettre en relation avec les progrès des techniques de chirurgie cardiovasculaire et d’angioplastie coronaire, ainsi que des nouveaux traitements pharmacologi
ques. Cette réduction de mortalité des maladies cardiovasculaires est malheu
reusement neutralisée par une augmentation de la morbidité liée aux patho
logies cardiovasculaires. De nombreux indices prédisent très clairement pour les prochaines années une augmenta
tion croissante des hospitalisations en relation avec l’insuffisance cardiaque et les troubles du rythme. Afin de pouvoir prendre en charge toujours plus de pa
tients, avec des technologies de plus en plus exigeantes, il est nécessaire et fondamental que la cardiologie mo
derne opère certains changements. Dans cette optique, il nous semble crucial de regrouper géographiquement les compétences en matière de maladies cardiovasculaires, ceci afin de renforcer toujours plus la collaboration entre chirurgiens cardiovasculaires, cardiologues et angiologues. Les spécialistes doivent être regroupés en fonction des patients qu’ils traitent et non plus se
lon des regroupements désuets qui n’ont plus de sens. A ce sujet, la récente création au CHUV et aux HUG de centres cardiovasculaires multidisciplinaires nous semble une très bonne initiative. Ceci a déjà permis un rapprochement de notre discipline avec les soins intensifs et la radiologie. Dans un futur proche, ceci permettra sans aucun doute une meilleure utilisation des res
sources et techniques modernes de diagnostics et de traitements, comme par exemple lors d’interventions hybrides pour des pathologies coronaires et/ou valvulaires, et donc une meilleure efficience dans la prise en charge des pa
tients souffrant de pathologies cardiovasculaires. A noter que nos collègues bernois et zurichois bénéficient déjà depuis plusieurs années de cette colla
boration multidisciplinaire. Le regroupement de spécialistes ne doit pas s’op
poser à une collaboration toujours plus étroite avec la médecine interne gé
nérale, comme par exemple pour les soins intermédiaires de cardiologie ainsi que la prise en charge de certains patients polymorbides.
Pour une discipline de pointe comme la cardiologie, il est fondamental que les services universitaires puissent collaborer ensemble. Nous sommes parti
culièrement heureux d’avoir pu mettre en place entre nos services de cardio
logie du CHUV et des HUG une très bonne collaboration en matière de prise en charge des patients souffrant d’insuffisance cardiaque sévère et nécessi
tant parfois une assistance circulatoire, voire une transplantation, ainsi qu’une consultation commune pour la prise en charge des patients souffrant de pa
thologies congénitales à l’âge adulte, pathologies en constante augmentation.
Pour terminer, nos services développent et participent à des programmes de recherche clinique en commun, comme par exemple le programme d’éduca
tion thérapeutique ELIPS (Educational therapeutic program to fight heart at
tacks and atherosclerosis), qui est depuis peu dispensé dans toute la Suisse, et ceci afin de mieux traiter les facteurs de risque cardiovasculaire qui sont malheureusement toujours de plus en plus prévalents, notamment la sur
charge pondérale et surtout la sédentarité.
Un regroupement des compétences et une collaboration plus étroite avec nos collègues chirurgiens, angiologues, radiologues et internistes permettront à la cardiologie moderne de relever le défi de prendre en charge de manière optimale toujours plus de patients.
La cardiologie en mouvement
éditorial
Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 1er juin 2011 1179
Editorial
F. Mach P. Vogt
François Mach
Médecin-chef du service de cardiologie HUG, Genève
Pierre Vogt
Médecin-chef du service de cardiologie CHUV, Lausanne
Articles publiés
sous la direction des professeurs
«… il est nécessaire que la cardiologie opère certains changements …»
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