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Anthropologie de la population de Genève

SAUTER, Marc-Rodolphe

SAUTER, Marc-Rodolphe. Anthropologie de la population de Genève. Le Globe , 1958, vol. 97, p. 141-170

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:95776

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Mémoires de la Société de Géographie de Genève, Athénée, Genève.

ANTHROPOLOGIE DE LA POPULATION DE GENÈVE

PAR

Marc-R. SAUTER

Professeur à l'Université de Genève, directeur de l'Institut d'Anthropologie.

Le particularisme genevois, conditionné par la géographie et par les circonstances hist riques, p ut justifiel' une étude sur l'aspect phy ique et les aractéristiques biol giques de la popu- lation de ce petit coin de terre.1 Il ne saurait être question de retracer une histoire anthropologique de Genève, qui exigerait une analyse criLique, fa Lidieuse dans ce volume, des do uments que des trQ.- vaux: partiels ont fait connaître. Nous lais rons pour cette rai on les périodes antérieures au bas moyen âg pour

01nm

ncer notre description avec les habitants de la Genève médiévale, dont les restes squelettiques en assez grand nombre nous sont parvenus.

1 En tête de cette étude, qui n'est pas destinée aux seuls anthropologistes, on accueillera peut-être avec faveur une définition sommaire des principaux Lerm es spéciaux que nous utiliserons:

I ndicc: rapport (en

%)

de deux_ dimensions.

In,licc cormique: rapport du buste (taille assis) à la taille.

Catégories: brachycormie {busL court) -50.9; métrio ormie; macrocormie (buste long), 53.-.

Indice céphalique: rapport du diamètre transverse maximum de la tête (ou du crâne) à son d.iamètre antéro-post•rieur maximum.

Catégories: doli ho éphalie (tête allongée), - 75.9 (crâne, - 7fi 9); méso- céphalie; brachycéphalie (tête lar e), 81.-(80.-).

Indice facial (total): rapporl de la hau l ur de la ra e (du bas du menton au haut du nez) à sa largeur maximum.

Catégories: euryprosopie {fac large et basse), - 83.9; mésoprosopie;

leptoprosopie (face haule et étroile), 88.-.

Indice facial supérieur (sur le ràne): rapport de la hauteur supérieure de la face {du bord alvéolaire au hauL du nez)

a

sa larg·eur ma.-imurn.

Catégories: euryénie, -49.9; mésénie; lepténie, 55.-.

lndiee nasal: rapport de la largeur du nez (crâne: de l'ouverture nasale) à sa hauteur.

Catégories: leptorhinie, - 69. 9 (crâne, 46. 9); mésorhinie; chamaerhinie, 8:i.- (51.-).

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Il convient de mentionner dès J aboed un élément à ne pas perdre de vue lorsqu'on con id'. r l'antbr pologie de Genève: le fait urbain. La population de la cité puis du canton de Genève n'a cessé d'être formée surtout de citadins, ce qui signifie d'une part une plus grande hétérogénéité démographique et génétique, donc aus i ra ial , une plus grande instabilité, et d autr part une action sec ndafr mais sensible du milieu urbain . ur l'aspect phy-

ique des habitants.

LE MOYEN AGE

L'Institut d'Anthropologie de l'Université de Genève possède d'importantes séries d'ossements provenant des anciens cimetières paroissiaux de la cité épiscopale. La Madeleine, Notre-Dame-la- Neuve (devenue !'Auditoire après la Réforme) sur la rive gauche, Saint-Gervais sur la rive droite, ont eu jusqu'à la Réforme des cimetières. Celui de Saint-Gervais a été partiellement utilisé jusqu'au xvme siècle, sans qu'il soit possible d'établir de distinc- tion chronologique.

De ces nombreux documents, nous retiendrons surtout ce qui concerne les caractères cranio-faciaux, sur lesquels a paru un travail relativement récent (Voss, 1950). Cependant nous vou- drions tenter de donner une idée de la taille des Genevois d'avant la Réforme (du xive au début du xv1e siècle). L'entreprise n'est pas facile, vu la difficulté où l'on se trouve de classer par sexe les os longs à partir desquels les diverses formules de reconstitution de la stature ont été élaborées. Nous prenons un moyen critiquable, dont nous n'attendrons qu'un ordre de grandeur: c'est, connaissant la longueur moyenne d'os longs (ici seulement les fémurs et les tibias) des deux sexes réunis, de calculer deux tailles, comme si toute la série était, d'abord masculine, puis féminine. En partant des moyennes fournies par LAGOTALA (1920) pour les fémurs et par BAEHNI (1929) pour les tibias, on obtient, comme moyenne de taille des deux sexes réunis, le chiffre d'environ 1 m. 62 (tant par la méthode de Manouvrier que par celle de Pearson). Une telle taille est qualifiée de sus-moyenne, et correspondrait à des moyennes d'environ 1 m. 67 pour les hommes et 1 m. 56 pour les femmes.

Répétons que ces chifîres sont à prendre avec réserve.

Les fouilles pratiquées en 1956 dans l'ancienne église de Notre- Dame-la-Neuve (}'Auditoire) ont fait retrouver, avec de nombreux restes squelettiques, quelques débris de chevelures de couleur

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brune et rousse. Nous nous contenterons de cette constatation fragmentaire relative à la pigmentation.

On est en terrain plus solide avec les caractères observables sur le crâne et la face osseux. Le Dr A. Voss a examiné 379 crânes (ou fragments craniens) adultes des cimetières de Saint-Gervais et de la Madeleine, dont 202 sont qualifiés de masculins, et 177 de féminins.

Le calcul de la capacité cranienne et les dimensions absolues révèlent une tête plutôt grande, fortement capace.

L'indice céphalique (hommes 79.2, femmes 80.3) est moyen (mésocéphale, faiblement brachycéphale chez les crânes féminins).

Ce caractère de mésocéphalie est assez constant chez les habitants de Genève depuis l'âge du fer en tous cas. La comparaison avec les régions limitrophes est intéressante, car elle montre que Genève occupe une position particulière: qu'il s'agisse du Pays de Vaud, où une série composite de 188 crânes (groupés dans SAUTER 1941) donne une moyenne de 83.1 (sexes réunis), nettement brachycéphale, ou de la Savoie, où 151 crânes (un peu plus récents;

PITTARD, 1937) revêtent une brachycéphalie analogue (82.9, sexes réunis), on voit que les voisins de Genève offrent une autre image morphologique. Remarquons que nous sommes, avec ces séries, à l'époque (moyen âge et époque moderne) où l'on admet que s'est éteint le processus de << brachycéphalisation >> observé un peu par- tout en Europe (SAUTER, 1952, p. 127); ce phénomène est un peu visible à Genève, à voir l'indice céphalique passer de 77 .1 ( << Bur- gondes>>, SAUTER, 1941) à 79.7 pour notre série médiévale (sexes réunis). Il est cependant curieux de constater qu'il n'a pas réelle- ment brachycéphalisé la population genevoise, et que celle-ci a gardé un statut morphologique original, qu'elle a partiellement conservé.

Les proportions faciales des crânes genevois médiévaux ne peuvent être étudiées que sur la face proprement dite, en l'absence des mandibules. L'indice facial supérieur est de 53.- pour les 53 crânes masculins, de 53.9 pour les 59 femmes qui ont conservé leur face. Cela traduit des proportions moyennes (mésénie), mais dans le sens d'une face plutôt étroite et haute. C'est le cas aussi des séries vaudoise et savoyarde. L'indice nasal (46.9 pour 186 crânes des deux sexes) met en évidence l'allongement relatif du nez, la leptorhinie. Les Vaudois avaient un nez un peu plus étiré en hauteur (44.-), tandis que les Savoyards sont plus proches des Genevois (47.7).

Taille plutôt grande, tête mésocéphale à légèrement brachy- céphale, face moyenne à allongée, nez haut: à quelle race correspond

(5)

ce portrait du Genevois moyen ? On est tenté de parler de race nordique. Mais précisément il ne faut pas oublier qu'il s'agit de données moyennes. Le

or

Voss a essayé de calculer les proportions raciales de la série de 101 crânes assez entiers pour permettre des corrélations multiples de caractères. Il arrive à 22% d'Alpins et de Dinariques, 10% de Nordiques, 4% de Méditerranéens, le reste (64%) pouvant être qualifié de métis; il est bien entendu que ces chiffres constituent une simple approximation. Comme tels on peut les admettre provisoirement; tout au plus pourrait-on penser que les Dinariques sont pratiquement absents, et que les Méditerranéens devaient être proportionnellement plus nombreux, si l'on tient compte des Atlanta-méditerranéens de grande taille.

*

*

*

Du xve au XIXe siècles, nous sommes privés de renseignements sur l'aspect physique des habitants de Genève. Cette lacune est d'autant plus regrettable qu'il serait intéressant de savoir si - et dans quel sens - les divers Refuges huguenots ont modifié la structure raciale de la population.

Pour le XIXe siècle, nous aurons à mentionner plus bas des données relatives à la taille.

LE xxe SIÈCLE

Pour le demi-siècle passé (ou mieux pour la dernière trentaine d'années), on dispose de documents plus nombreux, et surtout plus sûrs, puisqu'il s'agit de données obtenues par des anthropolo- gistes au cours d'enquêtes plus ou moins larges, et dont la valeur statistique est satisfaisante.

La première de ces séries est le fruit - partiel - de la grande enquête qu'organisa, grâce aux crédits de la Fondation Julius Klaus pour la recherche génétique, l'anthropologie sociale et l'hygiène raciale à Zurich, le professeur Otto ScHLAGINHAUFEN, directeur de l'Institut d'Anthropologie de l'Université de Zurich, avec une équipe de collaborateurs, sur plus de 35.000 jeunes gens astreints au recrutement militaire (<< Stellungspflichtigen >>), de toute la Suisse, entre 1927 et 1932. Cette enquête, faite avec beaucoup de soins, permet de se faire des caractéristiques anthropologiques de notre pays une très bonne idée, à condition de tenir compte du fait qu'il s'agit de jeunes gens de 19 ans (moyenne d'âge de 35.511

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sujets: 19 ans 3 mois 9 jours; pour l'enquête dans la première division, où la grande majorité des sujets genevois ont été examinés, l'âge moyen a été de 18 ans 11 mois 24 jours), donc de sujets n'ayant pas encore, pour la plupart, terminé leur pleine croissance.

Relevons d'autre part que le professeur ScHLAGINHAUFEN, qui a publié la première partie de ce monumental travail (1946), consacrée aux résultats globaux et aux variations cantonales, a classé ses sujets par canton d'origine (<< Heimatkanton >>). En ce qui concerne les 401 Genevois qui figurent dans ses résultats, il convient donc de se rappeler qu'il ne s'agit pas d'habitants de Genève, mais de jeunes gens originaires du canton de Genève. Ce mode de faire est parfaitement légitime. Il présente cependant à nos yeux des incon- vénients, en ce sens qu'il ne donne pas une idée tout à fait réelle de l'état anthropologique - non plus que démographique - de la population des cantons; c'est particulièrement vrai pour Genève, dont on sait que sa population n'est composée qu'en partie seulement de Genevois d'origine (32.1

%

en 1930). Si intéressant qu'il puisse être de connaître les caractères physiques de ces Genevois << vrais >>, habitant Genève ou ailleurs en Suisse, il nous semble que la réalité

TABLEAU l.

Résultats principaux de l'enquête de ScHLAGINHAUFEN pour Genève, Vaud et l'ensemble de la Suisse (1927-32). Moyennes et pourcentages.

1 Genève 1 Vaud 1

Suisse

Nombre de sujets (N) maximum

1 401

1

2.088

1

35.511

Taille 171.7 169.6 168.6

Indice cormique 52.3 52.5 52.3

Indice céphalique 79.7 79.8 81.3

Indice facial total 88.7 90.1 89.5

Indice nasal . 63.3 62.1 62.9

Couleur des cheveux (%):

brun noir 36.7 30.7 25.2

bruns . 40.4 45.- 38.1

blonds 20.7 22.3 30.6

roux 1.5 1.1 2.8

Couleur des yeux (%):

foncés 33.6 28.3 27.3

mêlés 46.- 48.7 47.2

clairs 19.6 22.7 25.1

deux couleurs 0.8 0.3 0.3

10

(7)

serait tout aussi digne d'étude: l'aspect physique - et ses varia- tions - de la population de Genève, genevoise et confédérée, puisque c'est du continuel mélange de ces deux composantes qne se forme, génération après génération, le peuple de Genève (la troisième composante, étrangère, intéressante aussi dans cette perspective, ne pouvant évidemment pas être appréhendée dans une enquête en terrain militaire).

Ces remarques faites, voyons ce qui ressort d'essentiel des données très nombreuses contenues dans le bel ouvrage de ScHLAG- INHAUFEN. Précisons que c'est en 1932 qu'ont été examinés les sujets convoqués dans le cadre de la première division d'armée, donc la très grande majorité des 401 Genevois; quelques autres, domi- ciliés dans des cantons relevant d'autres divisions, ont été examinés entre 1927 et 1931. Nous avons réuni les chiffres de moyennes des principaux caractères métriques, ainsi que les pourcentages de fréquence des catégories pigmentaires, dans le tableau I; nous y avons inscrit en regard les chiffres correspondants pour le canton voisin de Vaud et pour l'ensemble des quelque 35.000 sujets de toute la Suisse.

Les Genevois se caractérisaient donc en moyenne par une grande taille, une tête à proportions mésocéphales, une face allongée (leptoprosope), un nez allongé (leptorhinien). Ces caractères métriques se retrouvent presque identiques dans le canton de Vaud, sauf en ce qui concerne la taille, plus élevée à Genève, et l'indice facial, qui traduit à Genève une face relativement plus basse.

La série genevoise diffère plus de l'ensemble des Suisses mesurés, qui sont en moyenne moins grands (taille sus-moyenne) et brachy- céphales. Ajoutons que les Genevois avaient un profil occipital bien marqué, un nez surtout droit, les cheveux plutôt droits.

Quant à la pigmentation, elle est assez variée, à voir les chiffres de pourcentage que nous avons portés à notre tableau I. Les cheveux foncés dominent fortement (77% de bruns et brun noir), plus encore que dans le canton de Vaud (75.7%) et largement plus que dans l'ensemble de la Suisse (63.3%), Les yeux sont surtout de type mêlé, mais les teintes foncées sont beaucoup mieux représen- tées que les claires; le contraste est plus sensible que dans la série vaudoise et dans l'ensemble du pays.

Combinant certains caractères deux par deux, !'anthropolo- giste zurichois a donné les variations cantonales des combinaisons les plus fréquemment observées en Suisse. On y constate - pour ne considérer que certaines d'entre elles - que chez les Genevois la catégorie grande taille-mésocéphalie se trouve dans 22. 7%

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(Suisse, 16.1 %), la combinaison mésocéphalie-leptoprosopie dans 20.8% (15.2% ), la conjonction mésocéphalie-leptorhinie dans 30. 7%

(27.8%), la catégorie mésocéphalie - cheveux bruns dans 20.2%

(15.9%), enfin la combinaison mésocéphalie - yeux mêlés dans 26.2% des cas (19.2%). Nous y reviendrons.

Au printemps de 1940 (c'est-à-dire pendant la période critique de mobilisation générale), l'Institut d'Anthropologie de l'Univer- sité de Genève (dont le directeur était alors le professeur Eugène P1TTARD), désireux de profiter du grand nombre de personnes qui répondaient à l'appel lancé par la Croix-Rouge suisse pour que s'offrent des donneurs de sang, a pu mesurer et examiner (en un temps très limité par sujet) quelque 2800 habitants de Genève. La grande majorité en était féminine, vu les circonstances. Si la ville était naturellement la mieux représentée, la campagne nous a pour- tant fourni une proportion convenable de sujets, ce qui fait que la série définitive obtenue peut être considérée comme représentative de la population genevoise. Après éliminations diverses - sujets trop jeunes et âgés, étrangers trop << exotiques >>, cas douteux, erreurs de mesure, etc.-, on arrive à 462 hommes et 1986 femmes, âgés de 20 à 59 ans (PITTARD, 1945. Voir bibliographie sous KAuF- MANN et SAUTER).

Les données anthropométriques recueillies sur cette double série sont résumées dans le tableau II.

On y voit qu'à considérer les moyennes et les fréquences majo- ritaires, la diagnose anthropologique de la population de Genève est la suivante: grande taille, proportion buste/taille métriocorme, tête méso- à brachycéphale, face leptoprosope (les femmes, en moyenne mésoprosopes, offrent en réalité une grande diversité de proportions faciales), nez leptorhinien; pigmentation des yeux variée, celle des cheveux étant surtout foncée.

Si nous reprenons les combinaisons de couples de caractères morphologiques prédominant en Suisse, telles qu'elles ont été calculées sur les conscrits, nous trouvons les chiffres indiqués au tableau III. Ils ont été obtenus sur les 389 sujets masculins pour lesquels nous avons (SAUTER et ADDE, 1957) établi ces corrélations de six caractères; nous redonnons les chiffres des Genevois et des Suisses, et y ajoutons les pourcentages des Vaudois, aussi d'après SCHLAGINHAUFEN.

Ces proportions ne nous renseignent guère sur les composantes raciales de la population genevoise. En attendant le second tome du grand ouvrage du professeur ScHLAGINHAUFEN, consacré aux variations régionales, il n'est guère possible de calculer ces compo-

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TABLEAU II.

Résultats principaux de l'enquête de l'Institut d'Anthropologie de l'Uniçersité de Genè'1e sur la population adulte de Genèçe (1940).

Moyennes et fréquences.

462 hommes de 20 à 59 ans* 1986 femmes de 20 à 59 ans

M 1 Min.-, max. Catégories

1

% M 1 Mlnmax. .- 1 %

Taille 168.9 145.8 petite 7.7 159.3 142.0 4.3 185.9 moyenne 45.6 180.5 40.5

grande 46.5 55.1

Indice cormique 52.3 46 brachycorme 17.5 58 métriocorme 52.5 rnacrocorme 29.9

Indice céphalique. 80.8 65 dolichocéph. 9.1 81.6 67 6.5 96 mésocéphale 45.4 99 38.9

brachycéph. 45.4 54.5

Indice facial total 88.2 71 euryprosope 21.5 86.2 68 35.2 105 rnésoprosope 27 .8 107 28.7

leptoprosope 50.8 36.-

Indice nasal . 62.9 46 charnaerhin. 0.2 62.4 38 0.3 86 mésorhinien 14.8 97 13.2

leptorhinien 85.- 86.5

Couleur des

cheveux noirs 25.1 25.3

bruns 61.8 58.5

blonds 13.1 15.2

roux 0 1.-

Couleur des yeux . foncés 33.7 38.8

mêlés 29.6 35.3

clairs 36.8 25.9

Pour la couleur des cheveux et des yeux, 389 hommes de 20 à 49 ans pour lesquels on dispose des six caractères (ind. cormique exclu).

santes avec la méthode habituelle des corrélations multiples. Nous ne sommes pourtant pas entièrement dépourvus, car !'anthropo- logiste polonais Jan CzEKANOWSKI, de l'Université de Poznan, a tenté récemment (1954) de déceler, à partir des moyennes de

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quelques indices et de quelques pourcentages, pour chaque canton (pris dans la publication zurichoise), et en y appliquant la méthode mathématique très compliquée qu'il a patiemment mise au point, les proportions rAniales génotypiques dans la population des diverse régions de notre pays. Il ne nous est pas possible de décrire ici cette méthode du savant polonais, ni de discuter de la légiti- mité des postulats qui en sont la base. Nous nous contenterons de résumer l'essentiel du point de départ et des conclusions aux- quelles est arrivé le professeur CzEKANOWSKI.

TABLEAU III.

Fréquence des couples de caractères chez les populations masculines des cantons de Ge nèpe et de Vaud, ainsi que de la Suisse ( en %) .

Genève

l

Vaud

I

Suisse

Catégories

Notre 1 Séries série SCHLAGINHAUFEN

N (approximatif pour SCIILAGINIIAUFEN): 389 1

401 1

2.088 135.282

Grande taille-mésocéphalie 21.5 22.7 20.- 16.1

Mésocéphalie-leptoprosopie 14.9 20.8 18.5 15.2

Mésocéphalie-leptorhinie 36.5 39.5 36.5 29.9

Leptoprosopie-leptorhinie 24.9 30.7 27.7 27 .8

Mésocéphalie-cheveux bruns 30.3* 20.2 21.7 15.9 Mésocéphalie-yeux mêlés 12.3* 26.2 24.5 19.2

• Ces chifîres, obtenus en l'absence de toute échelle calorimétrique, sont difficilement comparables à ceux des séries de ScHLAGINHAUFEN.

Il part de l'existence supposée de quatre races de base com- munes à l'Europe. Ce sont: 1

°

la race laponoïde ( équivalant en gros à la race alpine des anthropologistes occidentaux); 2° la race méditerranéenne; 3° la race arménoïde (englobant la race qualifiée généralement de dinarique); 4° la race nordique.

Il arrive alors à distinguer en Suisse (sur la base des données de ScHLAGINHAUFEN) quatre provinces, dont il tente d'expliquer les proportions raciales par des considérations historiques et ethniques. Ce sont:

1° La prO()ince alémane, où domine la race nordique (48 à 63%), et qui comprend les cantons de Berne (sans le Jura), Soleure, Bâle-Campagne, Argovie, Zurich, Schaffhouse, Lucerne et Schwytz.

(11)

2° La pro rince helrétique, groupant Bâle-Ville, le Jura bernois, Neuchâtel, Fribourg, Vaud et Genève, ainsi que Zoug et GlariR.

Là prédominerait l'élément méditerranéen (24 à 37%). Il R'agirait de la zone de persistance de l'Helvétie romaine.

3° La prorince rhétique (Valais, Tessin, Grisons, Appenzell Rh.-I.), où les composantes raciales sont peu différentes mais où l'élé- ment arménoïde joue un rôle important (19 à 28%), avec la race alpine (19 à 26%).

4° La prorince nord-orientale, territoire de persistance ( << Relikt- gebiet >>), qui comprend les cantons de Thurgovie, Saint-Gall, Appenzell Rh.-E. et Uri. Territoire intermédiaire, l'influence

<<helvétique>> s'y ferait sentir plus fortement que l'influence

<< alémane >>.

Le canton de Genève s'encadre donc, dans ce tableau général, dans la province helvétique; les pourcentages raciaux (génotypiques, répétons-le) qu'y décèle l'anthropologiste polonais figurent au tableau IV, en même temps que ceux de la Suisse tout entière.

TABLEAU IV.

Fréquence des génotypes raciaux selon CzEKANOWSKI, à Genèra et en Suisse.

Races

1

Genève 1

Suisse

Nordique. 33.6% 47.5%

Méditerranéenne 36.8 21.5

Arménoïde 14.2 14.5

Laponoïde 15.4 16.5

La haute fréquence des Méditerranéens constatée à Genève n'est dépassée qu'à Bâle-Ville. Nous pensons que ces proportions sont intéressantes surtout par les variations qu'elles présentent d'une région à l'autre. Nous avouons toutefois que les prémisses anthropologiques (les diagnoses raciales de base) ne nous satisfont pas entièrement. Ce n'est pas le lieu d'entrer ici dans des considé- rations détaillées. Il nous a paru intéressant de montrer cette tentative d'analyse raciale de la population genevoise.

Plus récemment, le

or

P.-A. GLOoR (1957) a tenté d'appliquer la méthode de CzEKANOWSKI à une série de 175 recrues de la

(12)

TABLEAU V.

Fréquence des génotypes raciaux, d'après la méthode de CzEKANOSWKI,

dans une série de 175 recrues de la Suisse occidentale (GLOOR, 1957).

Suisse Suisse

Races occidentale (province

helvétique) •

Nordique. 3t..9% t.1.-%

Méditerranéenne t.1.6 28.9

Arménoïde 10.7 H.t.

Laponoïde 12.8 15.7

• Chilîres calculés « à partir des données de CZEKANOWSKI, pour une série de sui ets (le la zone « helvétique,, dans laquelle la proportion des originaires des divers cantons intéressés serait la même que dans notre série» (GLOOR, 1957, p. 50).

Suisse occidentale (Vaud, 40; Fribourg, 60; Neuchâtel, 33; Genève, 2;

Bâle-Ville, 1). Encore que le résultat ne concerne guère Genève, nous le reproduisons ici (tableau V), avec les chiffres de compa- raison tirés de CzEKANOWSKI (et recalculés). Nous ne voulons pas entrer dans un commentaire sur les différences entre les proportions des deux colonnes, qui concernent une région identique.

Nous avons de notre côté (SAUTER et ADDE, 1957), sur la série des hommes adultes mesurés en 1940, et avec une méthode plus classique et plus simple, essayé de mettre en évidence les proportions raciales constatables phénotypiquement. Après avoir

TABLEAU VI.

Caractères utilisés pour définir des groupes raciaux*.

Races

1

Taille 1 cèph. Ind. 1 Ind. fac.

1

Ind. nas.

1

Cheveux

1

Yeux

Atlantoméditerranéenne Grande D+M HL+L+M HL+L+M Foncés** B Méditerranéenne Petite D+M HL+L+M L+M Foncés** B Alpine Moyenne B L+M+E L+M Bruns B+M+C

Nordique Grande D+M HL+L+M HL+L+M Blonds M+C

Dinarique Grande HB HL+L HL+L Foncés** B

Estbaltique Grande B M+E M+C Blonds C

• Abréviations: Indices: H, llyper-; M, méso-. - Indice céphalique: D, dolicho-; B, brachycéphale.

- Indice facial: L, Jepto-; E, euryprosope. - Indice nasal: L, lepto-; C, chamaerhinien. - Yeux:

B, bruns; M, rnèlt's; C, clairs.

•• Foncé = noir + brun.

(13)

établi la fréquence des catégories à six caractères ( ceux désignés au tableau II, moins l'indice cormique), comme ScHLAGINHAUFEN l'a fait pour sa série de jeunes Suisses (la << sechser Kombination >>

de son tableau 496, page 617 et suivantes), nous avons groupé les catégories qui nous semblaient pouvoir caractériser des races reconnues en Europe (nordique, méditerranéenne, atlantomédi- terranéenne, alpine, dinarique et estbaltique). Les groupements que nous avons adoptés (tableau VI) ne correspondent guère à ceux qu'avait choisis le professeur de Zurich, en se basant surtout sur les diagnoses raciales de DENIKER (1926). La place nous manque pour justifier notre choix, qui nous paraît correspondre mieux aux définitions classiques modernes de l'anthropologie.

Les résultats auxquels nous sommes arrivés doivent être bien compris: le total des chiffres de pourcentages des six races consi- dérées est faible. Il faut le considérer comme le total des sujets de race << pure >>, conventionnellement parlant; chaque pourcen- tage représente non pas la proportion réelle de telle race, mais la part qu'occupe tel << noyau racial>> caractéristique. Le chiffre compris entre le total de ces << noyaux raciaux >> et cent est donc

TABLEAU VII.

Fréquence des groupes raciaux à Genèpe et en Suisse ( en %) .

A 1 B C

Selon SAUTER Selon ScHI,AG-

INHAUFEN

Races Pourcentages

11 Noyaux par rapport a Noyaux raciaux n des au , noyaux total raciaux»

raciaux»

Gcn,)v 1 Suisse

I

Gem)vcl Suisse Gcnèvel Suisse

Atlantoméditerranéenne 1

7.2 4.6 38.3 28.9 3.1 2.5

Méditerranéenne 1.5 0.5 8.- 3.1 0.8 0.6

Alpine 5.7 (5.2] 30.3 32.7 1.8 1.4

Nordique 3.6 4.9 19.2 30.8 1.3 1.6

Dinarique 0.8 0.5 4.2 3.1 3.6 2.3

Estbaltique .

-

0.2

-

1.3

-

0.3

- - - - - - - - - -

Total 18.8 (15.9] 100.- 99.9 10.6 8.7

Total sans Alpins . 13.1 10.7 8.8 7.3

1

(14)

celui des << métis >>, des cas intermédiaires, mal classables. Il faut donc bien tenir compte du caractère conventionnel, un peu dog- matique, de cet essai, qui nous semble quand même propre à donner une idée assez bonne du spectre racial, de la mosaïque des complexes phénotypiques reconnus comme anthropologiquement typiques.

Atlanto- Méditerranéens

Atlanto- Méditerranéens

Méditerranéens Alpins

FIG. 1.

Alpins

Dinariques Est baltiques Dinariques

Nordiques

Proportion des << noyaux raciaux>> par rapport au total de ceux-ci, dans les populations masculines de Genève (adultes) et de la Suisse (conscrits). (Voir

tableau VII B).

Nous avons porté au tableau VIIA les pourcentages obtenus, en les comparant à ceux que nous a donnés le même travail de groupement pour la série des 35.000 Suisses (ScHLAGINHAUFEN,

1946). Le pourcentage du groupe alpin n'est pas certain, car nous ne considérons dans notre diagnose que les cheveux bruns, tandis que !'anthropologiste zurichois groupe, sans les distinguer, les bruns et les noirs; nous avons essayé, grâce à son tableau 260 ( où l'on peut calculer que les cheveux bruns

=

60% des cheveux bruns et noirs, soit foncés) de rendre ses données comparables.

On constate (fig. 1) que les représentants des variétés de la race méditerranéenne sont plus nombreux à Genève, tandis que le

(15)

type racial nordique y est moins fréquent. Il n'y a guère de difié- rence pour le noyau alpin, ainsi que pour les Dinariques, très peu représentés. Les Estbaltiques sont absents à Genève. Il est vrai qu'ils sont aussi presque inexistants en Suisse; ils seraient plus nombreux si nous avions englobé les sujets de taille moyenne.

Le tableau VII B met en évidence l'importance des << noyaux raciaux >> considérés; il est évident que ces chiffres doivent être regardés comme des ordres de grandeur très approximatifs; ils traduisent ce que serait la réalité si les catégories << métisses >>

étaient proportionnelles à la grandeur relative des noyaux, ce qui, du fait du jeu des dominances génétiques (si mal connu chez l'homme), n'est pas le cas. Nous pensons que, telles qu'elles appa- raissent ainsi, ces proportions peuvent être admises; rappelons qu'elles ne peuvent pas être comparées à celles de CzEKANOWSKI et de GLOoR, qui sont des proportions génotypiques.

D'un autre côté, les pourcentages que nous avons trouvés ne peuvent pas être comparés à ceux qu'a publiés le professeur ScHLAG- INHAUFEN (1946) pour l'ensemble de ses jeunes Suisses, car nos diagnoses raciales diffèrent trop des siennes, jusqu'à n'avoir rien de commun avec elles, par exemple pour les races méditerra- néenne, atlantoméditerranéenne et estbaltique. Pour permettre de comparer les deux méthodes et leurs résultats, nous avons aussi calculé, pour notre série genevoise adulte, les pourcentages raciaux selon ScHLAGINHAUFEN. On en trouvera les résultats au tableau VIIC, confrontés avec les chiffres publiés par le savant zurichois pour l'ensemble de la Suisse. On y retrouve l'élévation de la proportion des Méditerranéens lato sensu à Genève, la très faible augmentation des Alpins et la diminution, très faible aussi, des Nordiques; l'écart de la fréquence des Dinariques est plus flagrant.

Le long travail de combinaison des six caractères n'a pas encore pu être effectué pour la grande série féminine examinée à Genève en 1940. Toutefois, on peut tirer parti de combinaisons à trois caractères (taille, pigmentation des cheveux et des yeux) dont nous avons publié une partie (SAUTER, 1948), en les complé- tant et en les calculant aussi pour la série masculine. Le tableau VIII réunit un certain nombre de données; elles concernent la relation de deux catégories de taille (la petite taille n'étant que très peu représentée) avec les catégories de combinaisons pigmentaires les plus fréquentes (au-dessus de 4%) ordonnées selon la fréquence des groupes masculins (Grande = grande et très grande taille).

L'examen du tableau montre des différences assez sensibles entre les deux sexes, pour ce qui est de la fréquence relative de

(16)

TABLEAU VIII.

Fréquence des principaux groupes de trois caractères à Genè()e ( adultes des deux sexes).

389 hommes

1 1869 femmes

Taille Cheveux Yeux

N

1 0/

1 %

1

N

/0

Grande bruns clairs 51 13.1 8.3 156

Moyenne bruns foncés 38 9.8 8.6 160

Moyenne bruns clairs 37 9.5 6.4 119

Moyenne bruns mêlés 36 9.2 9.9 186

Grande bruns foncés 33 8.5 12.4 232

Grande bruns mêlés 28 7.2 11.2 210

Moyenne noirs foncés 24 6.2 6.- 112

Grande blonds clairs 20 5.1 5.- 94

Grande noirs foncés 19 4.9 7.5 140

Grande noirs mêlés 17 4.4 4.1 76

- -

Total représenté 303 77.8 70.8 1485

certaines catégories. Les plus fortes de ces différences concernent les catégories grande taille-cheveux bruns-yeux clairs (fréquence masculine supérieure de 4.8%), grande taille-cheveux bruns-yeux mêlés ( catégorie plus fréquente de 4

%

chez les femmes) et grande taille-cheveux bruns-yeux foncés (idem, 3.9%). Il est délicat de chercher à interpréter ces combinaisons limitées en termes de races;

contentons-nous d'avoir montré ces quelques variations sexuelles dans la composition anthropologique de la population genevoise.

Comparaisons arec la France

L'examen des séries craniennes médiévales et modernes de Genève d'une part, du Pays de Vaud et de la Savoie, d'autre part, nous ont fait voir que la population genevoise avait un statut anthropologique un peu à part, où le phénomène de brachycépha- lisation ne s'était manifesté que de manière atténuée. Qu'en est-il pour l'époque contemporaine ? A cette question, on doit répondre qu'on est très ignorant de ce qui se passe dans les régions françaises limitrophes de Genève. Les enquêtes françaises les plus récentes dans ces régions datent du siècle passé, et il est délicat d'utiliser leurs résultats pour les comparer avec ceux des enquêtes de 1927- 1932 et de 1940 pour Genève. En effet, on sait que depuis un

(17)

certain nombre d'années se produit un phénomène de << débrachy- céphalisation >>, partiellement concomitant à l'augmentation de la taille. Il est par conséquent difficile de comparer les 86.2 d'indice céphalique de la Haute-Savoie, tels qu'on les trouve dans COLLI- GNON (1890) et les 79.7 des jeunes hommes de Genève en 1932 (ScHLAGINHAUFEN, 1946). L'anthropologiste zurichois, dans son Anthropologia helretica, a constaté, en comparant ses moyennes cantonales d'indice céphalique avec des chiffres provenant d'en- quêtes régionales plus anciennes, qu'on obtenait en moyenne une diminution annuelle de cet indice de 0.044; ce chiffre est à peu de chose près celui qu'on trouve, pour le Valais, entre l'indice cépha- lique de conscrits mesurés avant 1895 par BEDOT (1895) et ceux de ScHLAGINHAUFEN. Si l'on applique ce coefficient à la série de la Haute-Savoie de COLLIGNON pour la comparer aux jeunes Genevois de 1932, on obtient, pour les premiers, l'indice céphalique moyen de 84.1, qui reste donc largement plus brachycéphale que l'indice de Genève (79.7). Nous n'insistons pas plus sur ces compa- raisons, qui exigent des corrections pour lesquelles la connaissance du coefficient à employer est trop incertaine. Il semble pourtant que la mésocéphalie genevoise continue à trancher sur la brachy- céphalie savoyarde.

Nous savons qu'une étude est en cours sur l'anthropologie ancienne (craniologique) et actuelle de la Haute-Savoie et de la Savoie. Nous sommes impatients d'en connaître les résultats, qui permettront de mieux répondre à la question que nous avons posée au début de ce paragraphe.

Les rariations de la taille à Genère

Il est un problème qui a déjà fait couler beaucoup d'encre dans la littérature anthropologique: c'est celui de l'augmentation de la taille au cours des cent à cent cinquante dernières années.

Ce phénomène a été mis en évidence non seulement en Europe mais ailleurs, en Asie (Japon) et en Amérique. Pour notre continent, mentionnons à titre d'exemple le grandissement de la stature des Suédois qui, d'après LuNDMAN (1940), ont passé (pour les hommes adultes) de 167.5 cm. en 1855 à 174.5 en 1939, ce qui fait une différence de 70 mm. (coefficient d'accroissement diachronique:

0.8). On voit que l'affaire est d'importance, puisqu'il s'agit de la modification diachronique d'un caractère considéré comme d'intérêt racial.

(18)

Pour la Suisse, le professeur ScHLAGINHAUFEN (1946) a discuté de cette question. Il suit le processus d'accroissement sur les jeunes gens astreints au recrutement, depuis la. période 1884-91 jm,qu'en 1927-32 (son enquête), en passant par 1908-10, reprenant les chiffres déjà publiés et commentés par P1TTARD et DELLENBACH (1931). Les moyennes sont reproduites dans le tableau IX, pour l'ensemble de la Suisse, ainsi que pour Genève et pour les cantons où l'accroissement a été maximum et minimum.

Suisse Schaffhouse Obwald Genève

TABLEAU IX.

Accroissement de la taille des << conscrits >>

(d'après ScHLAGINHAUFEN, 1946).

1884-91 * 1908-10 1927-32 ••

163.5 165.7 168.6

163.9 167.2 171.1

165.3 167.4 167.9

166.4 168.2 171.7

• Chitîres officiels. •• Chi!Tres de l'enquête SCHLAGINHAUFEN.

1 entre 1881-91 DitTercnc et 1027-32

5.1 7.2 2.6 5.3

Nous ne pouvons pas reprendre ici toutes les explications qu'on a proposées de ce phénomène. Les raisons en sont multiples, certainement, et nous devons nous contenter d'en rappeler les principales. L'intensification de l'urbanisation (elle-même consé- quence de l'industrialisation) a joué un grand rôle: on sait qu'en général, à conditions socio-économiques à peu près égales, les citadins sont en moyenne plus grands que les ruraux de la même population. Cette cause n'est elle-même que le corollaire de l'action du milieu social, c'est à dire des conditions et du rythme du travail, tant au cours de la journée qu'au cours de l'année et de la vie; qu'on pense à la lente suppression du travail infantile, permettant à un nombre toujours plus grand de sujets en cours de croissance d'acquérir leur taille potentielle. L'amélioration des conditions d'hygiène, dans l'alimentation, l'habillement, l'habitation, le travail, les loisirs, fait aussi sentir ses effets, surtout en ce qui concerne le régime alimentaire. On doit de plus se demander, pour chaque cas, s'il ne peut pas y avoir eu une augmentation relative (dont il faudrait alors expliquer les raisons) d'éléments raciaux de pluR grande taille (Nordiques ou Atlantoméditerranéens).

(19)

Il nous paraît intéressant de chercher à voir de plus près dans quelle mesure le phénomène évoqué ici s'est manifesté à Genève.

Nous avons la chance de pou voir remonter assez haut en arrière dans le x1xe siècle, grâce au bon travail qu'Edouard MALLET a publié en 1835 sur la taille des jeunes gens de Genève << appelés à faire le service dans la milice pendant les années 1826 à 1835 >>,

qui, âgés de 20 à 21 ans (sauf quelques exceptions), étaient au nombre de 3029. Il leur a trouvé une taille moyenne de 167.7 cm.

Comme la taille moyenne des 857 jeunes gens mesurés (à 19 ans) au recrutement de 1952 était de 173.1 cm., cela fait en quelque 120 ans (117 à 126) un accroissement de 54 mm., c'est-à-dire une élévation annuelle de 0.4 à 0.5 mm.

En réalité ce coefficient annuel d'accroissement diachronique ne traduit pas exactement la réalité. Si l'on reprend les données relatives à la taille des conscrits de Genève (canton et ville), en utilisant, outre la moyenne calculée par MALLET, celle qu'a publiée

DuNANT (1867) puis, à partir de 1884, en faisant un choix parmi les chiffres officiels publiés par le Bureau fédéral de statistique (moyennes annuelles dont nous avons recalculé quelques-unes à partir de chiffres moyens de plusieurs années réunies), en englobant enfin le chiffre de ScHLAGINHAUFEN, on obtient le tableau X et la figure 2.

TABLEAU X.

Variations de la taille des conscrits à Genè<,ie.

Série Age Date Publication N Taille

1 21 1826-35 MALLET, 1835 3029 167.7

2 20 1860-65 DUNANT, 1867 2005 167 .4

3 19 1884

l

, '1.aLi Liqu de la 560 166.5

t, 19 1889

t

, uissa, ·L884 à 18':l'l 535 165.3*

5 19 1891 J Be.l'ne, 1885 'l 1.89t, 557 166.9*

6 19 1908 1

Id. (11908 à 1~·10) 642 167 .9

7 19 1910

J

674 168.4*

8 19 1927-32 Clll,ACINIIA FR, , J9/l(i 401 171.7 9 18 1944 Ann. stat. ., 'l r,5 864 172.4 10 19 1947 Ann. tal. , ·., 'l t,8 (992) 172.7 11 '19 1952 nn. stal. ·., '1!>5- 857 173.1

• ChlfTres calculés par nous.

Ainsi donc le processus d'élévation de la taille n'a commencé qu'assez tard dans le xrxe siècle, puisque les moyennes antérieures

(20)

à 1889 (partiellement publiées ici) indiquent que la taille s'est, sinon abaissée, en tout cas maintenue. Il faut en effet tenir compte du fait que les conscrits de 1826-35 et de 1860-65 ont été mesurés à 21 et 20 ans, tandis que ceux de 1884 et des années suivantes l'ont été à 19 ans. Il n'en reste pas moins que de 1884 à 1889 (année de la moyenne la plus basse: 165.3) la taille a baissé; le fait que ce creux se retrouve, la même année, pour l'ensemble de la Suisse, prouve qu'il s'agit d'un phénomène général, dont il est difficile de trouver les causes. Si l'on peut remarquer que les sujets en 1889 sont nés en 1870, cela ne suffit pas à fournir une explication.

cm

174 173 172 171 170 169 168 167 166 165 164 163

.,. J.

A/

- · - . .. ~-

I

î---...

r \

-1

1 f Î ÎIÎ n i rr î

1820 1830 1840 1850 1860 1870 1880 1690 1900 19!0 1920 1930 l;J~Q 1;)50 1960

FIG. 2.

Courbe d'augmentation de la moyenne de taille à Genève (conscrits), de 1826-35 à 1952. Voir le tableau X.

Dès après 1889, l'accroissement se fait sentir. La différence de 1889 à 1952 se monte à 78 mm., ce qui donne un coefficient annuel de 1.2, conforme en gros à ce qu'on obtient en Suisse.

(Nous reprendrons ailleurs l'analyse plus détaillée de ce phénomène.

SAUTER et KAUFMANN, 1957).

Ajoutons un détail supplémentaire qui montre, pour Genève, le rôle des sélections sociales. Nous avons eu l'occasion de mesurer, de 1950 à 1956, la taille des élèves des classes de troisième (latine, moderne et scientifique) du Collège de Genève, c'est-à-dire les

(21)

élèves âgés de 16 et 17 ans surtout. Nous leur avons trouvé des moyennes oscillant très peu autour de 174 cm., donc de près d'un centimètre supérieures aux jeunes gens de 19 ans (<<conscrits>>) de 1952. Le chiffre pour 1956 est plus bas, sans qu'on puisse, vu le petit nombre, savoir s'il s'agit d'un hasard statistique ou du début d'un phénomène de baisse de la taille (tableau XI).

Année

1

1950 1951 1952 1953 1954 1955 1956

TABLEAU XI.

Taille des élèr,es de Je du Collège de Genèr,e (16-17 ans) de 1950 à 1956.

N 1

!If 1 Années 1 N 1

M 1 Années

1

N

70 174.2

1 1 95055

80 173.4 76 174.4

484 174.2

69 173.6 1950-56 533

106 174.4 83 174.4 49 172.9

1

M

174.-

La constatation n'est pas nouvelle, de la taille plus élevée des adolescents écoliers et étudiants par rapport aux << manuels >>, mais nous pensons qu'i.l y avait intérêt à la faire chez nous aussi.

* * *

Les groupes sanguins

Nous tenons à ajouter à cette description des caractères anthro- pologiques de la population de Genève quelques documents et considérations concernant les groupes sanguins. De plus en plus, l'anthropologie utilise les facteurs sérologiques, qu'il s'agisse des systèmes ABO ou Rhésus, ou d'autres encore, venus s'ajouter presque année après année. Nous ne parlerons ici - sommaire- ment - que du système ABO, et encore plus sommairement du système Rhésus. Nous tirons nos renseignements de deux travaux récents, l'un - vue d'ensemble - de Mlle H. KAUFllfANN (1952), l'autre - très riche en documentation - du professeur S. RosIN (1956) sur les groupes sanguins en Suisse. Il ne nous est malheureu- sement pas possible de faire état de notre série genevoise de 1940,

(22)

car, du fait des circonstances, nous avons été amenés à examiner, vers la fin de notre enquête, surtout des sujets appartenant au groupe 0, ce qui a évidemment déséquilibré les proportions séro- logiques de la série.

Système ABO. - Les chiffres publiés par le professeur RosrN proviennent des analyses effectuées par les services sanitaires de l'Armée suisse en 1945 et des relevés faits dans les services de protection aérienne pendant la dernière guerre (relevés dont les résultats avaient été publiés, de manière très discutable, par R. SCHÜTZ, 1946). Notons que les listes ont été établies, non d'après le lieu de domicile, mais, comme pour l'enquête anthropologique de ScHLAGINHAUFEN, d'après le lieu d'origine (<< Heimatort >> =

<< Bürgerort »). Ce système a l'avantage de distribuer les sujets de

façon beaucoup plus régulière dans les communes, en allégeant les séries citadines; nous réitérons toutefois la réserve que suscite dans notre esprit cette manière de faire, qui considère une popu- lation en quelque sorte idéale, théorique.

Le tableau XII réunit les pourcentages des quatre groupes sanguins des quatre régions du canton, telles que M. Rosrn les a

1

1 2 3 4

TABLEAU XII.

Fréquence des groupes sanguins du système ABO à Genève (secteurs selon ROSIN) (en %).

N° ROSJN 1 Désignation 1 N 1

A 1

B 1

AB

127 Genève 3316 48.1 8.5 2.8

126 Chancy 298 46.6 13.1 4.7

128 Vernier 280 43.2 5.7 2.1

129 ( +Céligny) Versoix 139 43.9 15.8 9.3

---

- - - - - - - Canton de Genève . 4033 47.5 8.9 3.1

1 0

40.5 35.6 48.9 30.9

- - -

40.4

1 (127) comprend, outre Genève- Ville: Anières, Carouge, Chêne-Bougeries, Chêne-Bourg·, Choulex, Collonge-Bellerive, Colog·ny, Corsier, Gy, Hermance, Jussy, Lancy, Meinier, Presinge, Puplinge, Thônex, Vandœuvres, Veyrier.

2 (126) comprend: Avully, Avusy, Bardonnex, Cartigny, Chancy, Conftg·non, Laconnex, Onex, Perly-Certoux, Plan-les-Ouates, Soral, Troinex.

3 (128) comprend: Aire-la-Ville, Bernex, Dardagny, Grand-Saconnex, Meyrin, Russin, Satigny, Vernier.

4 (129) comprend: Bellevue, Collex-Bossy, Genthod, Pregny, Versoix; nous y ajoutons Céligny.

11

(23)

TABLE Au XIII.

Fréquence des groupes sanguins du système ABO à Genè()e ( distrir.t.s) (en%).

1 N 1 A 1 B

1 AB

1

0

Genève-Ville 2596 48.9 8.4 2.? 40.-

Rive droite 355 43.1 10.1 4.8 42.-

Rive gauche 1082 45.4 9.? 3.6 40.9

Canton sans la ville 143? 45.1 9.8 3.9 41.2 Canton de Genève . 4033 4?.5 8.9 3.1 40.4

considérées (sauf pour le n° 4, remanié de façon à y adjoindre la commune de Céligny, englobée par l'auteur dans un groupe n° 125 avec quatre communes vaudoises).

Les différences qu'on voit apparaître donnent envie de mettre celles-ci mieux en rapport avec les subdivisions naturelles et plus classiques du canton; comme Rosrn fournit par commune les chiffres de détail, c'est là une possibilité vite réalisée. On a d'abord la répartition selon les deux districts Rive gauche et Rive droite;

nous avons jugé nécessaire de mettre à part l'agglomération urbaine (commune de Genève-Ville). Le tableau XIII réunit les données ainsi obtenues.

Il est curieux de constater que l'agglomération urbaine de Genève offre une proportion de sujets du groupe A plus forte que

-

TABLEAU XIV.

Fréquence des groupes sanguins du système ABO à Genè()e (agglomération urbaine, districts et Carouge) (en %).

N 1

A 1

B 1

AB

Agglomération urbaine * 29?9 48.8 8.5 2.8

Reste du canton 1054 43.9 10.1 4.2

Rive droite 355 43.1 10.1 4.8

Rive gauche 699 44.3 9.9 3.6

Carouge . 218 51.4 8.? 3.?

* Genève-Ville, Lancy, Chêne-Bougeries, Chêne-Bourg et Carouge.

1 0

39.9 41.?

42.- 42.1 36.2

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