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accélération des connaissances médicales ne permet plus d’exi- ger d’un gynécologue-obstétricien de maîtriser l’ensemble des connaissances de sa spécialité. En effet, comment acquérir et conserver des compétences dans des domaines aussi variés que le diag- nostic prénatal, la chirurgie mammaire, l’échographie gynécologique, l’en- docrinologie gynécologique, la fécondation in vitro ou encore la chirurgie robotique ?Nous avons dû d’abord définir la création de sous-spécialités ; c’est-à- dire former des gynécologues-obstétriciens «généralistes» et des gynéco- logues «sous-spécialistes». Il fallait réussir à «fragmenter» notre spécia- lité tout en conservant son unité. Trois sous-spécialités ont été créées avec la médecine fœto-maternelle, la mé- decine de la reproduction et l’oncologie gynécologique. Cette réforme a été bien acceptée et a permis de mieux faire connaître notre spécialité non seulement auprès des autres disciplines médicales, mais également auprès du grand public.
La chirurgie gynécologique devait également s’adapter aux changements de ces dernières années. Nous avons été tout d’abord confrontés à la ré- duction des périodes de garde et des heures de travail. Dans la mesure où de nombreuses publications avaient démontré que la privation de sommeil pouvait accroître les risques pour le patient, ces ajustements devenaient logiques et également parce qu’ils répondaient aux attentes d’un style de vie différent de la nouvelle génération. Cela eut pour conséquence une réduction des périodes d’apprentissage et d’exposition aux interventions chirurgicales et pour les hôpitaux publics la nécessité d’augmenter le nombre d’internes et chefs de clinique afin d’assurer les prestations durant la nuit et le week-end. Puis, le nombre d’interventions pour la «formation des internes» a diminué. Les grossesses extra-utérines, les interruptions de grossesse ou encore les pelvipéritonites ne sont désormais plus systé- matiquement traitées chirurgicalement mais médicalement. Finalement, cer- taines affections complexes telles que les troubles de la statique pelvienne ou l’endométriose sont devenues des interventions réservées à des opé- rateurs «experts» du domaine. La conjugaison de ces éléments fait que le jeune chirurgien gynécologue en formation a moins d’exposition chirurgi- cale que les «anciens» et vit le risque d’une formation plus aléatoire et moins large. Dès lors, nous nous devions de créer une nouvelle filière avec une sous-spécialisation en gynécologie-obstétrique opératoire.
Prochainement, les futurs médecins suivront une formation de base en gynécologie-obstétrique de cinq ans, incluant la réalisation d’un catalogue minimum d’interventions pour obtenir un diplôme FMH de spécialité. Le jeune spécialiste aura ensuite la possibilité de suivre une formation chi- rurgicale spécifique de trois ans, reconnue par un diplôme FMH de «for- mation approfondie en gynécologie-obstétrique opératoire».
Ce nouveau programme soulève toutefois la question suivante : ne de- vrait-on pas supprimer l’obligation du catalogue de base durant les cinq
Quelle formation proposer
en chirurgie gynécologique ?
«… réussir à «fragmenter»
notre spécialité tout en conservant son unité …»
éditorial
Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 24 octobre 2012 1995
Editorial
P. Petignat J. Seydoux
Patrick Petignat
Service de gynécologie HUG, Genève
Jean-François Delaloye
Médecin-chef
Département de gynécologie- obstétrique
CHUV, Lausanne Articles publiés
sous la direction des professeurs Dr Jacques Seydoux
Hôpital du Jura
Service de gynécologie obstétrique Delémont
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premières années pour tous les internes ? En effet, de nombreux médecins assistants en formation ne se destinent pas à la pratique de la chirurgie, mais préfèrent s’orienter vers une pratique exclusive de l’obstétrique, de la gynécologie médicale ou encore de la procréation médicalement assis- tée. Alors pourquoi leur imposer une formation qu’ils ne mettront pas en pratique et priver les futurs chirurgiens de ces interventions ? Il convien- dra également de déterminer le nombre de gynécologues généralistes et
spécialistes qu’il sera nécessaire de former en Suisse pour répondre aux besoins de la population.
La mise en application de cette nouvelle formation «opératoire» sera un défi pour les centres universitaires et les hôpitaux périphériques. Il faudra réussir à trouver l’équilibre délicat entre les besoins des hôpitaux et les possibili- tés de formation de ces futurs chirurgiens. Il s’agira de regrouper dans un enseignement les bases de la chirurgie gynécologique et de développer ses aspects spécifiques tels que la chirurgie endoscopique, ouverte et va- ginale. L’apprentissage devra passer par un enseignement au bloc opéra- toire et en salle d’accouchement donné par un chirurgien expérimenté et par une exposition chirurgicale large.
Les choses évoluent et l’exercice de la chirurgie doit s’adapter à ces changements. Notre spécialité ne pourra réussir cet aménagement pour la nouvelle génération qu’en créant une véritable filière chirurgicale et des formations comparables quel que soit le service formateur.
1996 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 24 octobre 2012
«… pourquoi leur imposer une formation qu’ils ne mettront pas en pratique ? …»
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