Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 28 novembre 2012 2305 Les accords bilatéraux entre les Etats signa
taires ont prévu la libre circulation des per
sonnes et une récipro cité de la reconnaissance des diplômes, entre autres des médecins.
Ainsi, tout médecin en possession d’un pas
seport européen (ou con joint d’une personne européenne), peut, sans autre enquête sur sa formation, recevoir une reconnaissance de son titre étranger, équivalant à un diplôme de médecin spécialiste suisse. Si certains sont bien formés, d’autres le sont beaucoup moins que la majorité des médecins suisses dont la formation est devenue très exigeante. Tout le monde savait que cela attirerait de nom
breux médecins étrangers dans notre pays, au vu de la bonne organisation du système de santé et des revenus supérieurs à ceux de nos voisins. C’est ainsi qu’un moratoire a été introduit sur l’ouverture de nouveaux cabi
nets, pénalisant du même coup les jeu nes médecins formés en Suisse qui ne pouvaient donc plus s’installer, situation totalement absurde, si l’on pense aux coûts de forma
tion de ces médecins. Le moratoire a ainsi
été prolongé deux fois pour trouver une so
lution… qui n’a finalement pas été acceptée, alors qu’elle existait, reposant sur deux élé
ments simples, faciles à mettre sur pied et compatibles avec les accords bilatéraux : 1) les cantons peu vent gérer le nombre de nou
velles installations dans des commissions formées de représentants des médecins et des autorités sanitaires et 2) obliger tous les médecins à passer deux ou trois ans dans des hôpitaux suisses avant de s’installer (me sure proposée par la FMH et la Conférence des Directeurs sanitaires can tonaux). Au lieu de cela, les autorités ont préféré ouvrir les van
nes d’un coup, sans aucune mesure d’ac
compagnement. Le scé nario annoncé s’est donc déroulé comme prévu : les médecins étrangers sont arrivés en nombre. Bonne af
faire, puisque la Suisse manque de méde
cins et que du coup il ne fallait pas payer pour les former. Seulement voilà : sans plan directeur, ces nouveaux arrivants ne sont pas allés dans les campagnes où ils auraient été les bienvenus. Ils sont venus dans les
grands centres où il y a déjà pléthore dans plusieurs spécialités, comme à Genève. Et la facture va être salée pour la population genevoise qui n’a qu’à subir, après le vol scandaleux des réserves des assurancesma
ladie (accepté sans autre par nos autorités de Berne !), une nouvelle raison pour des aug
mentations de primes ! Et le conseiller fédé
ral Alain Berset continue à faire la sourde oreille aux propositions déjà faites depuis longtemps et songe à un nouveau moratoire dont on a pu me surer les effets pervers pour les jeunes médecins… De grâce, que nos conseillers fédéraux, nationaux et aux Etats arrêtent de faire n’importe quoi avec notre système de santé : il ne va pas tarder à ex
ploser !
Dr Jean-Pierre Grillet Past-Président de la Société suisse de dermatologie et vénéréologie Dermatologie et allergologie FMH 12, ch. de Beau-Soleil, 1206 Genève jeanpierre.grillet@hin.ch
Un nouveau moratoire : NON
Moratoire
cordat latin sur la formation médicale, en tenant compte des besoins de santé de la popula
tion au niveau régional.
Une «péréquation» médicale intelligente ne peut se faire qu’avec une régulation can
tonale de l’offre médicale et une collabora
tion entre les autorités cantonales, les facultés de médecine et les associations profession
nelles de toute la Suisse romande.
Dr Patrick Saudan Député PLR au Grand Conseil de Genève Service de néphrologie HUG, 1211 Genève 14 patrick.saudan@hcuge.ch
tribunes
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