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Ethique et archéologie africaine : quelques pistes de réflexion
HUYSECOM, Eric
Abstract
Mener des recherches archéologiques sur le continent africain implique le respect d'une éthique particulière, et ceci à différents niveaux. Localement, le chercheur, perçu comme éduqué et nanti, se doit de respecter les us et coutumes, voire les interdits, des populations locales, et se devrait de prendre en compte, dans une certaine mesure tout au moins, leurs besoins et leurs aspirations légitimes au développement.
HUYSECOM, Eric. Ethique et archéologie africaine : quelques pistes de réflexion. In: Anne Mayor, Vincent Négri & Eric Huysecom. African Memory in Danger - Mémoire africaine en péril . Frankfurt : Africa Magna Verlag, 2015. p. 61-68
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:75228
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Abstract
Undertaking archaeological research in Africa involves the respect of a particular ethic, at different levels. Lo-
cally, the researcher, seen as educated and wealthy, should respect the customs, traditions, and taboos of local populations, and take into account, at least to some degree, their legitimate needs and aspirations for develop-
ment. At the regional level, the study of heritage and historical reconstruction, often the only resources of rural FRPPXQLWLHV UHTXLUHV FRQVWDQW HIIRUWV RI UHWURFHVVLRQ RI WKH UHVXOWV REWDLQHG )LQDOO\ ERWK LQ WKH ¿HOG DQG LQ Europe, promotion of African heritage occurs by understanding the risks that this can face to preserve that heri-
tage. The present article addresses some of these aspects, retraces the history of educating researchers regarding archaeological looting in Africa and proposes paths for an ‘ideal’ ethical behavior for Africanist archaeologist.
Résumé
Mener des recherches archéologiques sur le continent africain implique le respect d’une éthique particulière, et ceci à différents niveaux. Localement, le chercheur, perçu comme éduqué et nanti, se doit de respecter les us et coutumes, voire les interdits, des populations locales, et se devrait de prendre en compte, dans une certaine mesure tout au moins, leurs besoins et leurs aspirations légitimes au développement. Au niveau régional, l’étude du patrimoine et la reconstruction de l’histoire, souvent les seules richesses des communautés rurales, nécessitent GHVHIIRUWVFRQVWDQWVGHUpWURFHVVLRQGHVUpVXOWDWV(Q¿QWDQWVXUOHWHUUDLQTX¶HQ(XURSHODYDORULVDWLRQGXSDWUL-
moine africain passe par une prise de conscience des risques que celle-ci peut faire courir à la sauvegarde de ce même patrimoine. Le présent article vise à aborder certains de ces aspects, à retracer l’historique de la conscienti-
sation des chercheurs au pillage archéologique en Afrique, et à proposer des pistes pour un comportement éthique
« idéal » de l’archéologue africaniste.
Ethique et archéologie africaine : TXHOTXHVSLVWHVGHUpÀH[LRQ
par Eric Huysecom
6
,ඇඍඋඈൽඎർඍංඈඇ
&HUWDLQV DUFKpRORJXHV °XYUDQW HQ$IULTXH pYRTXHQW de plus en plus souvent le manque d’un code éthique qui tiendrait compte des particularités de ce continent.
Dans la présente contribution, nous commencerons par retracer l’historique de la prise de conscience des chercheurs au pillage du patrimoine archéologique en Afrique, ce qui nous paraît être un préambule in-
FRQWRXUQDEOHjWRXWHUpÀH[LRQGpRQWRORJLTXHGDQVOH domaine de la recherche archéologique en Afrique.
Dans la seconde partie de cet article nous proposerons GHV SLVWHV SRXU XQ FRPSRUWHPHQW pWKLTXH © LGpDO ª de l’archéologue africaniste, ceci dans la perspective
d’une création d’un groupe de travail qui se chargerait GHPHWWUHVXUSLHGXQWHOFRGH&HWHVVDLQ¶HVWFHSHQ-
GDQWSDVOHIUXLWG¶XQHpWXGHVFLHQWL¿TXHVWULFWHHWH[-
haustive des situations pouvant poser des problèmes pWKLTXHV j O¶DUFKpRORJXH DIULFDQLVWH /RLQ GH FHWWH DPELWLRQ LO YLVH PRGHVWHPHQW j SUpVHQWHU TXHOTXHV FRQVWDWVHWO¶pWDWG¶XQHUpÀH[LRQGpYHORSSpHVXLWHjGH QRPEUHXVHVH[SpULHQFHVSHUVRQQHOOHVYpFXHVDX¿OGH plus de 30 ans de recherches sur le terrain ouest-afri-
cain.
Nos observations et suggestions se limiteront au patrimoine archéologique et non au patrimoine ethno-
graphique. En effet, ce dernier peut susciter un débat WUqVGLIIpUHQWTXDQWjODOpJLWLPLWpGHODSURSULpWpGHV
Introduction E. Huysecom
œuvres, puisqu’il est dans ce cas possible de défendre XQ © GURLW j YHQGUH ª GX SURSULpWDLUH WRXW VSpFLDOH-
ment lorsqu’il s’agit d’une personne privée ou d’une communauté, contrairement au cas du patrimoine ar-
chéologique issu du sol africain. En effet, de par les textes de lois aujourd’hui en vigueur dans la grande majorité des pays concernés, le sol, le sous-sol, et ce qui en est issu, est propriété légale des états concernés, ou du moins devrait l’être. Un héritage positif des lois FRORQLDOHVTXLYLVDLHQWDORUVjJDUDQWLUDX[SXLVVDQFHV occidentales le contrôle de l’exploitation des richesses minières du continent africain …
3ංඅඅൺൾൺඋർඁඣඈඅඈංඊඎൾൾඍඣඍඁංඊඎൾ ඎඇൽඣൻൺඍ©උඣർൾඇඍªඉൺඋආංඅൾඌ
ൺඋർඁඣඈඅඈඎൾඌൺൿඋංർൺඇංඌඍൾඌ
Le débat sur le pillage du patrimoine archéologique de l’Afrique sub-saharienne est relativement récent, ELHQSRVWpULHXUjODGpFRORQLVDWLRQ,OUHPRQWHHQHIIHW DX[ DQQpHV VXLWH j OD © UXpH ª GHV FROOHFWLRQ-
neurs et des marchands d’art vers les sculptures en WHUUH FXLWH RXHVWDIULFDLQHV DLQVL TX¶j OD VSpFXODWLRQ commerciale et aux pillages effrénés qui s’ensuivirent.
Les principaux objets concernés provenaient alors du Mali, un pays qui n’avait auparavant jamais fait l’ob-
jet de pillages particuliers.
L’histoire de cet engouement soudain pour les ob-
MHWVDUFKpRORJLTXHVDIULFDLQVUHPRQWHjODGpFRXYHUWH lors des fouilles légales et autorisées sur le tell malien de Djenné-Jeno, d’une sculpture en terre cuite repré-
VHQWDQW XQ SHUVRQQDJH FRXFKp &HW REMHW SXEOLp HQ 1979 dans la revue African Arts (0ർ,ඇඍඈඌඁ0ർ,ඇ-
ඍඈඌඁ1979) et aujourd’hui conservé au Musée national GX0DOLDXUDLWGXQLTXHPHQWVHUYLUjUpYpOHUDXJUDQG public le prestigieux patrimoine archéologique de ce pays, et le geste des chercheurs est en ce sens louable.
0DOKHXUHXVHPHQW OHV VSpFXODWHXUV HQ © DUWV SULPL-
WLIVªV¶HPSDUqUHQWLPPpGLDWHPHQWGHFHWWHGpFRXYHUWH VFLHQWL¿TXH'qVO¶DQQpHVXLYDQWHHQ%HUQDUGGH
*UXQQHUpGLJHHWSXEOLHjO¶8QLYHUVLWpGH/RXYDLQOD 1HXYHXQPpPRLUHGHOLFHQFHFRQVDFUpjODFROOHFWLRQ TXHVRQSqUHOH&RPWH%DXGRXLQGH*UXQQHYLHQWGH rassembler, inspiré par la découverte archéologique ci-
tée ci-dessus (ൽൾ*උඎඇඇൾ 1980). En quelques années, un nouveau marché s’est créé40 : en 1982, le prix des sculptures en terre cuite maliennes, jusqu’alors quasi inexistantes dans le commerce de l’art, a augmenté DYHFXQFRHI¿FLHQWVRXYHQWVXSpULHXUj
40 ,QWHUYLHZGX&RPWH%DXGRLQGH*UXQQHHQGDQVOH¿OP
$IULFDQ.LQJ¶©,O\DXQHSHWLWHTXLQ]DLQHG¶DQQpH:LOO\
0HVWGDJKHVWOHSUHPLHUPDUFKDQGFROOHFWLRQQHXUjUDVVHPEOHU XQHFROOHFWLRQGH'MHQQpVǻ
Les premières prises de position publique des chercheurs africanistes se sont fait entendre dès 1980, mais tant le puissant milieu du marché de l’art qu’une FHUWDLQH©RPHUWDªGXPLOLHXDFDGpPLTXHOHPpPRLUH de Bernard de Grunne avait été soutenu dans un cadre WRXWjIDLWRI¿FLHOHXUHQWSRXUFRQVpTXHQFHGHPXVHOHU nombre de chercheurs. Il fallut attendre 1991, avec la UpDOLVDWLRQGX¿OPAfrican King par l’ethnologue néer-
landais Walter van Beek, en collaboration avec le réali-
sateur Nigel Evans, et le soutien de nombreux journa-
listes, pour que le commerce illicite des antiquités afri-
caines et le pillage des buttes d’habitats du Delta inté-
ULHXUGX1LJHUVRLHQWHQ¿QRXYHUWHPHQWGpQRQFpVඏൺඇ
%ൾൾ(ඏൺඇඌ6XLWHjFH¿OPOHV&RQVHLOVGHV différentes associations internationales (Union Interna-
tionale des Sciences Préhistoriques et Protohistorique (UISPP), Society of Africanist Archaeologists (SAFA) ou Pan-African Association for Prehistory and Related Studies (PANAF)) prennent des résolutions pour sen-
sibiliser les archéologues africanistes au pillage des VLWHVDUFKpRORJLTXHV&HVDVVRFLDWLRQVHWOHXUVFRPLWpV dirigeants, font également pression sur le laboratoire de datation par thermoluminescence de l’Université d’Oxford qui, en datant les objets archéologiques en terre cuite pour le marché de l’art, contribue alors direc-
WHPHQWjO¶LQÀDWLRQGHODYDOHXUPDUFKDQGHGHVSLqFHV en validant leur authenticité et, par conséquent, indirec-
tement, au pillage des sites archéologiques. En 1993, l’exposition Vallées du NigerWHQXHj3DULVj/H\GH puis dans plusieurs capitales ouest-africaines (Vallées du Niger 1993), révèle l’ampleur de la destruction des sites archéologiques maliens par les pilleurs. On estime DORUVTXHGDQVOH'HOWDLQWpULHXUGX1LJHUj des sites archéologiques sont touchés par ces dépréda-
tions ('ൾආൻൾඅൾet al.PLVVLRQVSHUVRQQHOOHVVXU OH WHUUDLQ GH j KWWSLFRPPXVHXPUHG-
list/afrique/french/page04.htm) (Fig. 6.1). A la même époque, au Nigéria central, certaines régions d’où pro-
viennent les terres cuites de la culture Nok (Fig. 6.2) sont complètement déforestées lors d’activités de pil-
lage, particulièrement lucratives. La situation est telle TXHGqVOD¿QGHVDQQpHVOD©FRWHªGHVSLqFHV Nok s’effondre sur le marché de l’art occidental, saturé par le nombre de pièces authentiques mises en vente.
Malgré cela, le gain des paysans locaux reste élevé et le pillage ne ralentit pas sur le terrain (communication personnelle P. Breunig et N. Rupp, responsables du pro-
JUDPPHGHUHFKHUFKHVDUFKpRORJLTXHVj1RNHWPLV-
sion personnelle sur le terrain en 2009).
(QO¶DVVRFLDWLRQGX3$1$)DGRSWHj+DUDUH lors de la session plénière de son 10e congrès quadrien-
nal, certaines recommendations éthique pour les cher-
cheurs, tandis qu’en 1996 Peter Schmidt et Roderick McIntosh publient le premier ouvrage de référence sur le sujet (6ർඁආංൽඍ0ർ,ඇඍඈඌඁ 1996). Peu après, QRWUHpTXLSHSUpVHQWHHQ6XLVVHSOXVLHXUVUpÀH[LRQVVXU
le sujet, notamment lors du symposium Internationale Zusammenarbeit zum Schutz archäologischen Erbes, RUJDQLVp j 5VFKOLNRQ HQ 6XLVVH SDU OD )RQGDWLRQ SRXUOHVUHFKHUFKHVDUFKpRORJLTXHVVXLVVHVjO¶pWUDQJHU (SLSA) (0ൺඒඈඋ et al.*ൺඅඅൺඒ et al. 2000). Les VFLHQWL¿TXHVDIULFDLQVQHVRQWSDVHQUHVWHHWFHUWDLQV d’entre eux, tels Samuel Sidibé, directeur du Musée Na-
tional de Bamako, ou Kléna Sanogo, directeur de l’Ins-
titut des Sciences humaines du Mali, publient égale-
ment des contributions importantes sur le sujet (6ංൽංൻඣ 6ൺඇඈඈ$LQVLGqVOD¿QGHVDQQpHV le débat sur le pillage du patrimoine archéologique afri-
cain se généralise au sein de la communauté des cher-
FKHXUVHWXQHUpÀH[LRQHVWODQFpHVXUODQpFHVVLWpSRXU l’archéologue travaillant en terre africaine, d’observer XQHFRQGXLWHpWKLTXHIDFHjFHSKpQRPqQHDXPRLQV sur le terrain. Les discussions portent alors encore peu VXUO¶DWWLWXGHjDGRSWHUIDFHDX[REMHWVLVVXVGXSLOODJH
qui se retrouvent sur le marché de l’art occidental ou dans les institutions muséales. Toutefois, tandis que les discussions et les dénonciations se multiplient, le phé-
nomène du pillage ne faiblit pas pour autant sur le ter-
rain, bien au contraire. Quotidiennement, ce continent, essentiellement constitué de pays émergents comptant parmi les plus pauvres de la planète, est dépossédé de son patrimoine culturel, de grande valeur marchande, et tout un pan des archives de l’histoire africaine est perdu pour les générations futures.
Au terme de ce bref aperçu historique, force est de constater que le débat sur le patrimoine africain est relativement récent, et qu’il est plus tourné vers la problématique du pillage que sur l’éthique du cher-
cheur sur le terrain. Toutefois, depuis les années 1990, aucun chercheur, archéologue de terrain ou homme de musée, ne peut feindre d’ignorer la question.
)LJXUH Sculpture du site de Natamatao - Thial (Delta intérieur du Niger, Mali). Récupérée par les autorités maliennes auprès des pilleurs, elle fut ensuite volée lors de son transfert vers la capitale et exportée illicitement. Acquise sur le marché de l’art européen, elle fut offerte au Président français -DFTXHV&KLUDFjO¶RFFDVLRQGHVRQDQQLYHUVDLUH par plusieurs de ses amis. Après négociations, elle IXWUHQGXHDX0DOLVRXVIRUPHG¶XQ©GRQª(OOH est actuellement exposée au Musée National de Bamako (photo : Musée National de Bamako).
Sculpture from the site of Natamatao - Thial (In-
land Niger Delta, Mali). Recovered by the Mali authorities from looters, it was then stolen during its transfer to the capital and illegally exported. Ac-
quired on the European art market, it was offered to the French president, Jacques Chirac, for his birth-
day by several of his friends. After negotiations, it was returned to Mali as a ‘gift’. It is currently ex-
hibited at the National Museum of Bamako (photo:
National Museum of Bamako).
)LJXUH L’une des rares sculptures en terre cuite ouest-africaine découverte en con-
WH[WHDUFKpRORJLTXHj.XVKHUpJLRQGH1RN Nigéria), par l’équipe du professeur Peter Breunig et du Dr. Nicole Rupp, de l’Université de Francfort (photo : N. Rupp 2010).
One of the rare West African terracotta sculp-
tures discoverd in archaeological context at Kushe (Nok region, Nigeria) by the team of Professor Peter Breunig and Dr. Nicole Rupp, University of Frankfurt (photo: N. Rupp 2010).
Introduction E. Huysecom
/ඣංඌඅൺඍංඈඇඌൾඍർඈൽൾඌൽൾർඈඇൽඎංඍൾ ඉൾඎൽൾർඈඇඍඋൺංඇඍൾඌඌൺඎൿආඈඋൺඅൾඌ
3RXUHQGLJXHUOHÀpDXGXSLOODJHDUFKpRORJLTXHHWGH l’exportation illicite du patrimoine, la plupart des pays africains a, bien avant le début des saccages, édicté des lois qui, dans plusieurs cas, reprenaient en les pré-
cisant les textes d’anciennes lois coloniales établies après la Première Guerre mondiale.
En ce qui concerne les pays les plus touchés par le pillage archéologique, nous pouvons citer le Mali et le Nigéria, qui prirent tous deux des mesures légales pour contrer ce phénomène. Le Mali publia ainsi, le 26 MXLOOHWVDORLQ$1©UHODWLYHjODSURWHF-
WLRQHWjODSURPRWLRQGX3DWULPRLQHFXOWXUHOQDWLRQDOª SURKLEDQWWRXWHIRXLOOHjFDUDFWqUHQRQVFLHQWL¿TXHTXL ne serait pas cautionnée par une institution de recherche malienne. Le texte de cette loi est particulièrement clair, puisqu’il interdit strictement toute exportation d’objets archéologiques, sauf autorisation spéciale d’exporta-
WLRQWHPSRUDLUHSRXUpWXGH&HWWHORLQ¶pWDLWSDVXQHSUH-
PLqUHHOOHIDLVDLWVXLWHjXQHRUGRQQDQFH&0/1 GX DRW © SRUWDQW DSSUREDWLRQ FRQFHUQDQW OD protection du patrimoine mondial, culturel et naturel ª remplaçant elle-même le plus récent des décrets colo-
QLDX[GXMDQYLHUjVDYRLUOH© GpFUHWUHODWLI DX FODVVHPHQW GHV REMHWV G¶LQWpUrWV KLVWRULTXH HW j OD réglementation des fouilles ª&HGpFUHWFRORQLDOpWDLW également très précis dans son contenu, réglementant notamment les fouilles archéologiques, mais fut rare-
ment respecté par les colons avides d’objets archéolo-
giques exhumés lors de pseudo fouilles archéologiques, lesquelles constituaient alors l’un de leurs passe-temps récréatifs. De son côté, le Nigeria fut encore plus SURPSW SXLVTX¶HQ GpMj SDUDLVVDLW OHNational Commission for Museums and Monuments Decree nr 77, interdisant, lui aussi, toute recherche archéologique non autorisée. Dans ce pays également, ce décret fai-
VDLW VXLWH j SOXVLHXUV GpFUHWV FRORQLDX[ GRQW FHOXL GX 28 juillet 1943, le Nigerian Antiquities Service Decree, régissant les recherches archéologiques dans ce pays, ainsi que l’exportation des objets issus de ces travaux.
Nous voyons dès lors que les deux principaux pays africains concernés par le pillage mirent très tôt j MRXU OHV DQFLHQV GpFUHWV FRORQLDX[ HQ OHV DFWXDOL-
sant. Parallèlement, dès les années 1980, des brigades spéciales de douane et de gendarmerie, des bureaux chargés de la gestion et de la protection du patrimoine culturel, des musées tant nationaux que régionaux, ainsi que des programmes de recherche archéologique nationaux et internationaux, furent mis sur pied, ceci malgré des enjeux humanitaires souvent prioritaires.
Deux points doivent cependant être soulignés. Le premier est que, sur le terrain, il est particulièrement
GLI¿FLOHG¶HPSrFKHUXQFXOWLYDWHXUGHFUHXVHUXQWURX SRXUWURXYHUXQREMHWTX¶LOSHXWYHQGUHMXVTX¶j&+) VRLW GHX[ DQV GH VRQ VDODLUH j XQ LQWHUPp-
GLDLUH DIULFDLQ TXL OH FpGHUD TXDQW j OXL SRXU &+) jXQDQWLTXDLUHHXURSpHQTXLOHFpGHUDDORUV jXQFROOHFWLRQQHXUSRXUSOXVGH&+)$X bout de la chaîne, ce dernier pourra revendre cet objet, une fois valorisé par des expositions et des publica-
tions luxueuses, notamment dans les départements Tribal art de maisons de ventes prestigieuses, et ceci pour des centaines de milliers de francs suisses. Les sommes en jeu autorisent toutes les stratégies de cor-
ruption ou de substitution d’œuvres. La démarche est bien connue : sortie illégale de l’objet du pays, établissement d’un pedigree (pseudo-autorisation G¶H[SRUWDWLRQ LQYHQWDLUH GH VXFFHVVLRQ FHUWL¿FDW GH vente, etc.), et blanchiment dans un pays laxiste, par une exposition et un catalogue, si possible cautionné par un professionnel académique, avant la mise en vente. Le deuxième point est d’aspect juridique. Si les pays concernés ont tous mis sur pied des textes de lois performants, souvent plus précis que ceux en vigueur dans les pays occidentaux, ceux-ci ne sont plus appli-
cables une fois que les objets sont sortis du pays d’ori-
gine. Le marchand ou le collectionneur ayant acquis un objet issu du pillage archéologique est en effet sou-
mis uniquement aux lois de son propre pays.
Qu’en est-il alors de l’éthique et des codes déon-
tologiques ? Si l’archéologue et ses recherches sont souvent au cœur du débat, que ce soit par la décou-
verte ou la publication de matériel archéologique potentiellement commercialisable — de la pointe de ÀqFKH QpROLWKLTXH VDKDULHQQH j OD VWDWXHWWH HQ WHUUH cuite protohistorique —, ou lors d’expertises directes ou indirectes pour le marché de l’art, il n’existe que peu de codes éthiques, et aucun n’est propre aux recherches en Afrique. En effet, les rares codes existants sont très JpQpUDX[ HW HQYLVDJHQW UDUHPHQW OD FRQGXLWH j WHQLU WDQWVXUOHWHUUDLQTX¶HQ2FFLGHQWIDFHjODGpFRXYHUWH d’objets de valeur ou de pillage archéologique. Selon Vincent 1ඣඋංSDUPLOHVSOXVDQFLHQV¿JXUHQWOH code de la Society of Professional Archaeology (USA, 1971) ou de l’Institute of Field Archaeology (GB, 3OXVUpFHPPHQWHQXQ©&RGHHXURSpHQ GHERQQHFRQGXLWHUHODWLIjO¶DUFKpRORJLH ªHVWSURSRVp SDUOH&RQVHLOGHO¶(XURSHPDLVUHVWHPDOGLIIXVpFDU très général. En 2011, un code déontologique publié par l’Association canadienne d’archéologie est particuliè-
rement intéressant parce qu’il donne des consignes tant dans le domaine des objets découverts, que dans la fa-
çon de conduire des fouilles ou rédiger des publications, tout en prenant en considération les préoccupations des SHXSOHVDXWRFKWRQHV4XDQWDX©&RGHGHGpRQWRORJLH pour la plongée sur les sites archéologiques submergés ª (81(6&2LOWHQWHGHGp¿QLUXQHpWKLTXHGDQV le cadre de la jungle de l’archéologie subaquatique, en
freinant notamment les chasseurs de trésors profes-
sionnels travaillant en eaux internationales, mais ce dernier est de peu d’utilité pour l’archéologue travail-
lant sur la terre ferme.
)RUFHHVWGHFRQVWDWHUMXVTX¶jSUpVHQWO¶DEVHQFH de code éthique formalisé en ce qui concerne l’ar-
chéologue africaniste ou les chercheurs étudiant le patrimoine archéologique africain. La conception de l’éthique face au patrimoine archéologique africain peut, aujourd’hui encore, notablement varier selon OHV FKHUFKHXUV FHUWDLQV G¶HQWUH HX[ Q¶KpVLWDQW SDV j SXEOLHUMXVTX¶jUpFHPPHQWGHWUqVYDVWHVFROOHFWLRQV issues du pillage archéologique (0ඈඋංඇ :ൺඌඍංൺඎ +ඎඒඌൾർඈආ 2011).
4ඎൾඅඊඎൾඌඉංඌඍൾඌඉඈඎඋඣඍൺൻඅංඋඎඇർඈൽൾ ඣඍඁංඊඎൾൽൾඅ¶ൺඋർඁඣඈඅඈඎൾൺൿඋංർൺඇංඌඍൾ
/D SUHPLqUH pWDSH VHUDLW GH Gp¿QLU XQ FRGH pWKLTXH propre aux archéologues africanistes, compte-tenu des particularités du continent. Deux volets devraient être envisagés : le premier régissant le comportement des archéologues sur le terrain, le deuxième s’attachant au FRPSRUWHPHQWGHVFKHUFKHXUVFRQIURQWpVjGHVREMHWV archéologiques issus de l’Afrique.
/H SUHPLHU YROHW OLp j OD SURIHVVLRQ HW j VHV VDYRLUIDLUH GRLW rWUH HQ JUDQGH SDUWLH FRPPXQ j l’ensemble des archéologues. Il peut reprendre, pour O¶HVVHQWLHOGHVpOpPHQWVGpMjSUpVHQWVGDQVOHVFRGHV GpRQWRORJLTXHV SURSRVpV SRXU OD SURIHVVLRQ &HFL FRQFHUQHDXWDQWOHVDVSHFWVOLpVjODPLVHDXMRXUGHV vestiges, que celui du traitement des données, ou
GHVDVSHFWVOLpVjO¶REOLJDWLRQGHGLIIXVLRQGHVUpVXO-
WDWV8QHGLPHQVLRQSURSUHjO¶$IULTXHRXDX[SD\V pPHUJHDQWV j IDLEOH UHYHQXV PR\HQV DFWXHOOHPHQW absente des codes déontologiques proposés, doit ce-
pendant être prise en compte : le comportement de l’archéologue face aux autorités locales et aux popu-
lations autochtones, tenant compte des particularités de ce continent (croyances des populations, sous-
équipement des chercheurs locaux, etc.). Plusieurs REOLJDWLRQVGXFKHUFKHXUVXUOHWHUUDLQGRLYHQW\¿-
gurer, telles que le respect des croyances religieuses locales, qui touchent souvent les sites archéolo-
JLTXHV DLQVL TXH SOXVLHXUV © H[KRUWDWLRQV ª WHOOHV le fait d’être attentif aux attentes des populations, notamment dans le domaine du développement, sou-
YHQW ELHQ ORLQ GHV SUpRFFXSDWLRQV GHV VFLHQWL¿TXHV (Fig. 6.3 (Q¿Q FH YROHW GHYUDLW DXVVL HQFRXUDJHU O¶DUFKpRORJXHjUpWURFpGHUORFDOHPHQWOHVUpVXOWDWVGH ses recherches sous une forme vulgarisée accessible aux communautés et aux autorités locales (Figs. 6.4 et 6.5&HSRLQWHVWSDUIRLVUpFODPpSDUOHVEDLOOHXUV de fonds occidentaux, mais rarement mis en applica-
WLRQ(Q¿QOHVFKHUFKHXUVGHYUDLHQWpJDOHPHQWV¶LP-
pliquer dans la formation d’une relève locale, soit au travers d’enseignements formels dans les écoles ou les universités, soit par des apprentissages pratiques sur le terrain (Fig. 6.6).
/HGHX[LqPHYROHWGHYUDLWVHUDSSRUWHUjODGpRQ-
WRORJLHjDGRSWHUIDFHDX[REMHWVDUFKpRORJLTXHVLVVXV du continent africain, notamment ceux issus du pil-
lage. En effet, outre les archéologues, de nombreux collègues d’autres disciplines sont indirectement concernés, comme les ethnologues, historiens de l’art, VFLHQWL¿TXHV FKDUJpV GHV GDWDWLRQV DQWKUDFRORJXHV )LJXUH Discussions préalables avec le chef du village de Farabana (Mali occidental), en vue de se renseigner sur les interdits régionaux et les possibilités de fouiller les ruines du fort précolonial français (photo : APA – N. Spuhler 2012).
Preliminary discussion with the chief of Fara-
bana village (Western Mali) to inquire about regional prohibitions and the possibility of excavating a French precolonial fort (photo:
APA – N. Spuhler 2012).
Introduction E. Huysecom
paléoanthropologues, etc.&HYROHWQ¶HVWDFWXHOOHPHQW pYRTXp SDU DXFXQ FRGH VSpFL¿TXH VL FH Q¶HVW LQGL-
UHFWHPHQWSDUOHFRGHGpRQWRORJLTXHGHO¶,&20TXL V¶DGUHVVHVSpFL¿TXHPHQWDX[PXVpHVHWjOHXUVFROOD-
borateurs, et qui n’est souvent pas respecté (+ඎඒඌൾ-
ർඈආ 2009). Les recommandations devraient prendre en compte, non seulement des considérations telles que la conservation et la publication ou la valorisation GHVREMHWVPDLVDXVVLOHVUHODWLRQVjHQJDJHUDYHFOHV DXWRULWpVDIULFDLQHVHWODSROLWLTXHjWHQLUORUVGHUHVWL-
tutions éventuelles.
(Q¿Q LO HVW DXVVL WHPSV GH UHVSHFWHU HW IDLUH respecter les conventions et codes internationaux, et WRXWSDUWLFXOLqUHPHQWOD&RQYHQWLRQGHO¶81(6&2GH
FRQFHUQDQWOHVPHVXUHVjSUHQGUHSRXULQWHUGLUH et empêcher l’importation, l’exportation et le transfert GHSURSULpWpLOOLFLWHVGHELHQVFXOWXUHOVUDWL¿pHSDUOD
&RQIpGpUDWLRQVXLVVHOHRFWREUH
L’Afrique n’a de loin pas l’exclusivité du pillage archéologique. Mais ici, comme en Amérique du Sud ou en Asie du Sud-Est, celui-ci est une conséquence des rapports inégaux entre les pays occidentaux et les SD\V pPHUJHQWV &H FRPSRUWHPHQW SRVWFRORQLDO YD j contre-courant des préceptes diplomatiques actuels, TXLYLVHQWjHQFRXUDJHUOHSDUWHQDULDWQRUGVXG,OHVW temps que les pays occidentaux adoptent et appliquent une législation sanctionnant l’importation d’objets ar-
chéologiques illégaux provenant d’Afrique et d’autres )LJXUH Rétrocession des résultats des fouilles ar-
chéologiques de Sadia (Mali) j OD SRSXODWLRQ VRXV IRUPH GH
© MRXUQpHV SRUWHV RXYHUWHV ª (photo : K. Remane 2010).
Handover of the results of ar-
chaeological excavations at Sadia (Mali) to the population through ‘open-door days’ (pho-
to: K. Remane 2010).
)LJXUH Rétrocession des résultats des fouilles archéologiques du site d’Ounjougou (Mali) aux au-
WRULWpV ORFDOHV HW QDWLRQDOHV j l’occasion de la venue du prési-
GHQWGHOD&RQIpGpUDWLRQVXLVVH (photo : APA – A. Mayor 2005).
Handover of the results of ar-
chaeological excavations at the site of Ounjougou (Mali) to the local and national authorities during the visit of the Presi-
dent of the Swiss Confederation (photo: APA – A. Mayor 2005).
)LJXUH Formation sur le ter-
rain, dans la vallée de la Falémé, des étudiants de l’Université de Dakar et Abidjan par le professeur HQ DUFKpR]RRORJLH /RXLV &KDL[
SKRWR $3$ & -HDQERXUTXLQ 2012).
Field training in the Falémé Val-
ley for students from the Univer-
sities of Dakar and Abidjan by zooarchaeology professor Louis Chaix (photo: APA - C. Jean-
bourquin 2012).
UpJLRQVGpIDYRULVpHVjO¶LPDJHGHFHTXLHVWPLVHQ œuvre pour les pays méditerranéens.
(QFHWWHSpULRGHRODSODFH¿QDQFLqUHVXLVVHHVW la cible de nombreuses attaques, le respect de règles internationales strictes en matière d’éthique, dans ce domaine, est plus nécessaire que jamais. Mais peut-
rWUH HVWLO WHPSV DXVVL TXH OHV LQVWDQFHV GH O¶,&20 LPSRVHQWSOXVVWULFWHPHQWjOHXUVPHPEUHVOHUHVSHFW de leurs propres réglementations et prescriptions.
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SRVLXP5VFKOLNRQ6/6$=ULFKSS±
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QDWLRQDO&RRSHUDWLRQ,Q,OOLFLW7UDI¿FRI&XOWXUDO3URSHUW\
in Africa,&203DULV
Vallées du Niger. Catalogue d’exposition. 1993. Réunion des Musées Nationaux, Paris.
cette escalade des prix : les chercheurs, dont nous faisons par-
tie, constatent sur le terrain, non sans consternation, l’accéléra-
tion des fouilles clandestines sur les sites archéologiques. Les réactions des archéologues deviennent alors plus concertées et, de résolution en résolution (cf. +ඎඒඌൾർඈආ ce volume), l’Uni-
versité d’Oxford renonce en 1992 aux datations TL des objets issus du marché de l’art, et ce malgré l’apport lucratif de ces dernières. Il ne fallut cependant attendre que très peu d’années pour qu’apparaissent les premiers laboratoires de datation pri-
vés, ceux-ci principalement au service des marchands et des collectionneurs. Force est de constater aujourd’hui que le seul DFTXLVREWHQXSDUODFRPPXQDXWpVFLHQWL¿TXHHVWOHUHWUDLWGX caractère académique du label des datations TL utilisées par les marchands et collectionneurs.
-XVTX¶jUpFHPPHQWVHXOHODWHFKQLTXHGHGDWDWLRQSDU la TL était utilisée dans le commerce de l’art, les datations sur matière organique (bois, os, ivoire) par la méthode du FDUERQH pWDQW WURS GHVWUXFWLYH SRXU OHV REMHWV GHVWLQpV j la vente pour des sommes importantes. Le développement de la technique de datation au carbone 14 par spectrométrie de PDVVHjO¶DFFpOpUDWHXU$06TXLQHQpFHVVLWHDFWXHOOHPHQW que quelques milligrammes de matière, change complètement la donne. Désormais, des pièces en bois archéologiques et eth-
QRJUDSKLTXHVVRQWGDWpHVSRXUrWUHDXWKHQWL¿pHVpWXGLpHVHW valorisées dans les catalogues de vente aux enchères, mais aussi dans certaines expositions de musées publics, comme par exemple l’exposition Dogon présentée en 2011 au Musée du Quai Branly sous le commissariat de l’antiquaire Hélène Leloup, où de nombreux objets étaient présentés avec le sceau GXODERUDWRLUHGHGDWDWLRQUDGLRFDUERQHGHO¶(7+j=ULFK
6XLWHjFHFRQVWDWODUpVROXWLRQ¿JXUDQWHQWrWHGHFHWHQ-
FDGUpSURSRVpHSDUO¶DXWHXUDpWpYRWpHjO¶XQDQLPLWpj7RURQWR le 23 juin 2012 par plus de 200 archéologues participant au 13e
&RQJUqVGHOD6RFLpWpGHVDUFKpRORJXHVDIULFDQLVWHVHWHQVXLWH ODUJHPHQWGLIIXVpHDXSUqVGHVODERUDWRLUHV©DFDGpPLTXHVª
Les responsables du laboratoire de l’Ecole Polytechnique )pGpUDOHGH=ULFK(7+FRQWDFWpVjFHVXMHWVRXOHYqUHQWXQ problème de taille : de nombreuses datations portant le label ETH sont bien issues de leur laboratoire, mais elles ont été effectuées sur des échantillons prélevés par des laboratoire tiers n’étant pas équipés pour les datations AMS et ne fournissant qu’un numéro d’inventaire avec l’échantillon. Si l’équipe de l’ETH est désormais consciente et soucieuse des problèmes pWKLTXHV UHODWLIV j OD YDORULVDWLRQ SDU OHV GDWDWLRQV GX SDWUL-
moine archéologique et ethnographique africain pillé, et est SUrWHjLQWURGXLUHGHVPHVXUHVSRXUOHVpFKDQWLOORQVTXLOXLVRQW directement transmis, elle avoue n’avoir aucun contrôle sur les pFKDQWLOORQVTXLOXLSDUYLHQQHQWG¶DXWUHVODERUDWRLUHVGpMjVRXV forme de gaz. Or la sous-traitance des datations AMS pour les autres laboratoires de datation constitue l’une des ressources
¿QDQFLqUHVGHO¶(7+OXLSHUPHWWDQWG¶rWUHjODSRLQWHDXQLYHDX technologique.
Les discussions sont en cours pour savoir comment gérer FHWWHVLWXDWLRQGLI¿FLOHPDLVG¶RUHVHWGpMjOHVSULQFLSDX[OD-
boratoires académiques ont réagi en introduisant des mesures concernant les datations radiocarbone AMS des objets archéo-
logiques, prenant exemple sur celui de l’Université d’Oxford (http://c14.arch.ox.ac.uk/embed.php?File=antiquities.php).
&HFLHVWXQSUHPLHUSDVPDLVLOIDXWrWUHFRQVFLHQWTXHEHDX-
/DYDORULVDWLRQGXSDWULPRLQHDIULFDLQSDUOHVGDWDWLRQVVFLHQWL¿TXHV par Eric Huysecom
©(QYXHGHOLPLWHUOHSLOODJHHWGHSUpVHUYHUOHSDWULPRLQH culturel africain, la SAfA demande instamment aux ODERUDWRLUHV GH GDWDWLRQ SDU OD PpWKRGH & GH QH SOXV pratiquer de datations, pour des raisons éthiques, sur des objets (ou échantillons provenant d’objets) archéologiques, ou ethnographiques d’importance historique, pour le compte de marchands, de salles de ventes ou de SDUWLFXOLHUVª
©:LWKDYLHZWROLPLWLQJWKHORRWLQJDQGLQRUGHU to conserve the African cultural heritage, the SAfA urge UHTXHVWVIRUHWKLFDOUHDVRQVWKDW&GDWLQJODERUDWRULHV no longer run dates for dealers, auctioneers or individuals, on archaeological materials or on ethnographic items RI KLVWRULFDO VLJQL¿FDQFH RU RQ VDPSOH WDNHQ RQ VXFK PDWHULDOVª
5pVROXWLRQ YRWpH j O¶8QLYHUVLWp GH 7RURQWR OH MXLQ 2012, au 13ème congrès international de la Société des Archéologues Africanistes — Society for Africanist Archaeologists (SAfA).
L’intensité du pillage des objets africains, autant archéolo-
JLTXHVTX¶HWKQRJUDSKLTXHVHVWGLUHFWHPHQWOLpHjODYDORULVD-
tion commerciale de ceux-ci par le milieu des marchands d’art HWGHVFROOHFWLRQQHXUV&HUWDLQHV°XYUHVDIULFDLQHVVHQpJRFLHQW HQHIIHWjGHVSUL[DVWURQRPLTXHVWHOOHXQHVWDWXHWWH)DQJGH la collection J. & A. Kerchache qui vient d’être adjugée le 18 juin 2014 chez Sotheby’s pour la somme de 4.353.000 € (http://
www.sothebys.com/en/auctions/ecatalogue/2014/arts-afrique-
oceanie-pf1408/lot.36.html). Or, avant d’engager des montants
¿QDQFLHUVLPSRUWDQWVO¶DFKHWHXUVRXKDLWHGDQVODPDMRULWpGHV cas obtenir des garanties sur l’authenticité de la pièce convoi-
WpH(QHIIHWVXUOHPDUFKpGH©O¶$UWSUHPLHUªOHVIDX[RX copies récentes n’ont pas, ou très peu, de valeur commerciale.
Dans certains cas, le pedigree de la pièce convoitée peut IDLUHDSSHOjXQHFROOHFWLRQFRQVWLWXpHDQWpULHXUHPHQWDXGpYH-
loppement de l’engouement pour les pièces d’art africaines et, SDUFRQVpTXHQWDX[IDOVL¿FDWLRQVUpFHQWHVFRPPHF¶HVWOHFDV GHODSLqFH)DQJFLWpHFLGHVVXVTXL¿JXUDLWGpMjHQGDQV l’exposition du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles L’Art nègre.
&HSHQGDQWGDQVODJUDQGHPDMRULWpGHVFDVVHXOHVGHVGDWDWLRQV
©VFLHQWL¿TXHVªGHO¶REMHWVRQWjPrPHGHUDVVXUHUO¶DFTXpUHXU
&¶HVWDLQVLTXHGHQRPEUHXVHVVWDWXHWWHVHQWHUUHFXLWHIXUHQW dès 1980, datées par le laboratoire de l’Université d’Oxford en charge des datations par la méthode de la thermoluminescence (TL). Dès 1982, les datations TL effectuées par ce laboratoire
© DFDGpPLTXH ª IXUHQW V\VWpPDWLTXHPHQW XWLOLVpHV SDU OHV grandes maisons de vente aux enchères et les marchands ayant pignon sur rue pour favoriser la surenchère sur les pièces ar-
FKpRORJLTXHV&HUWDLQHVWHUUHVFXLWHVDWWHLJQHQWUDSLGHPHQWGHV UHFRUGVWHOO¶DQLPDOIDQWDVWLTXH¿JXUDQWHQFRXYHUWXUHGXFDWD-
logue de la vente Tribal Art du 20 novembre 1991 de Sotheby’s, DGMXJpHj1HZ<RUNSRXU41&RQVpTXHQFHGLUHFWHGH
41 ,OHVWjQRWHUTXHVXLWHjGHVHQTXrWHVGHWHUUDLQDXSUqVGHVIDXV-
saires, cette pièce a été dénoncée en 2001 par Michel Brent comme pWDQWXQIDX[IDEULTXpjSDUWLUGHPRUFHDX[GHVWDWXHWWHVDQFLHQQHV