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Géographie Économie Société: Article pp.459-467 of Vol.6 n°4 (2004)

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Texte intégral

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Comptes rendus

BENKO Georges, STROHMAYER Ulf, éds., 2004, Horizons géographiques, Paris, Bréal, 350 p.

Une innovation éditoriale, un coup de génie de Benko-Strohmayer ! Voici un ouvrage col- lectif hors normes, probablement un des plus importants au début de ce siècle. Georges Benko nous a livré avec Alain Lipietz le livre le plus cité en géographie économique depuis plus de dix ans, « Les régions qui gagnent », et avec ce nouveau livre la géographie qui gagne !

Cet ouvrage retrace le cheminement de la pensée géographique. Au début du XXIe siècle ce parcours académique aide à comprendre la place de la géographie au sein des sciences sociales, expliquant les préoccupations des différentes branches et présentant les grandes interrogations de la géographie humaine. Les chapitres sont rédigés par les meilleurs spécialistes mondiaux, dans un style accessible à tous, entre l’essai et le travail académique. La conception de l’ouvrage est innovante, en proposant la collaboration pour chaque chapitre entre universitaires de différentes aires scientifiques, et ainsi offre une vision la plus diversifiée possible en éliminant l’ancrage national de la recherche et de la réflexion.

Les six grandes champs de l’observation géographique — économique, social, politi- que, culturel, historique, et méthodologique et philosophique — sont traités avec une ima- gination et une interprétation originales par ces grands auteurs contemporains. Le choix des « interprètes » n’est pas surprenant, même si on pouvait imaginer d’autres configura- tions à niveau équivalent, mais difficilement meilleur. De plus on y trouve le dernier texte de l’un des plus grands géographes du XXe siècle Peter Gould. Rien de moins que trois prix Vautrin Lud figurent parmi les auteurs.

Un cadrage simple et « sympathique » est donné par l’introduction et la conclusion de l’ouvrage. Les annexes des chapitres sont de véritables outils de travail et guides pour étu- diants mais aussi pour chercheurs plus chevronnés, on y trouve les principaux périodiques des différents champs et les principales références sur un siècle. Un utile moyen de se repé- rer, c’est l’histoire de la géographie condensée. Chaque chapitre est un cours magistral, dépassant largement des « études universitaires standards », une vision personnelle de la géographie et au-delà la géographie des sciences sociales. Je me permets de citer les auteurs : Mark Bassin, Georges Benko, Vincent Berdoulay, Paul Claval, Nicolas Entrikin, Peter Gould, Chris Philo, Allen Scott, Ola Söderström, Ulf Strohmayer, Peter Taylor, Her- man van der Wusten. Les deux chefs d’orchestre ont été vraiment dans le rôle du maestro dans la réalisation de ce livre exceptionnel. Ils nous offrent un véritable bijou.

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La traduction brésilienne est annoncée aux éditions Hucitec pour 2005, l’ouvrage est déjà attendu. Il est rare de voir en géographie la publication quasi simultanée d’un livre (en plus collectif) ; et en plus de l’anglais, français et portugais, nous souhaitons encore d’autres traductions.

Une synthèse difficile à surpasser et parfaitement à jour. Il s’agit sans doute d’un des meilleurs ouvrages en géographie depuis une dizaine d’années.

Ce livre intéressera outre la géographie l’ensemble des sciences sociales, et les étudiants de différents cycles.

Adriana Verdi Université de São Paulo

© 2004 Lavoisier SAS

GENEAU DE LAMARLIERE Isabelle, éd., 2004, « Économie et culture : Nouveaux enjeux géographiques ? » Géographie et Cultures, n° 49, 144 pages (Paris, L’Harmattan)

La géographie économique est très « dynamique » dans les pays anglo-saxons, et ce renouveau arrive par deux chemins différents. Le premier « popularisé » par Paul Krug- man, sous l’étiquette de « nouvelle économie géographique », consiste finalement en une

« nouvelle science régionale », parmi les représentants les plus significatifs on trouve Jac- ques-François Thisse, Masahisa Fujita, Gilles Duranton ou encore Anthony Venables.

L’autre axe est porté par le courant culturel de la géographie, et par la nouvelle sociologie économique, si bien résumé dans l’ouvrage de Benoit Lévesque et ses collaborateurs La nouvelle sociologie économique.

Isabelle Géneau de Lamarlière, brillante représentante – et une des très rares – de la géo- graphie économique francophone, avait l’idée de regrouper quelques articles dans un numéro spécial de la revue Géographie et Cultures, pour illustrer le rôle de l’espace et du lieu dans la géographie économique culturelle. L’introduction, longue et détaillée, d’Isa- belle Géneau est une véritable leçon sur l’histoire contemporaine de la géographie écono- mique. Son travail ne balaye pas uniquement les références géographiques, mais plutôt elle repositionne l’espace dans les travaux diversifiés des collègues économistes et sociolo- gues. Elle a construit une boîte à outils très utile, dans laquelle on retrouve les éléments classés dans une logique bien pensée.

Après cette introduction de qualité on peut lire les articles de trois géographes anglo- saxons, publications plus ou moins originales par rapport aux travaux bien connus de ces auteurs « catégorie vedette ». Nigel Thrift d’Oxford propose un papier de synthèse en mon- trant comment le culturel et l’économique se sont engagés dans un processus d’interpréta- tion dans la géographie anglo-saxonne, ou encore plus généralement dans les sciences sociales. Trevor Barnes de Vancouver évoque le changement de style dans le raisonnement scientifique, et de vocabulaire depuis les années 1960. Doreen Massey de Milton Keynes réfléchit essentiellement sur le changement de conceptualisation de la géographie écono- mique et termine son article par un questionnement sur le développement régional inégal.

Une collègue canadienne, nous amène au Nord du Canada, et examine comment l’exploi-

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tation économique des ressources du territoire par la société industrielle sert à matérialiser un rapport culturel au lieu.

Deux Français ont participé également. Bien entendu les travaux de Bernard Pecqueur sont bien connus depuis un quart de siècle par les spécialistes du champ, cet article plaide pour une géographie économique culturelle, même en avançant que la « géographie éco- nomique est d’abord culturelle ». Bernard Pecqueur a réussi sans cesse à renouveler la géo- graphie économique française, venant de l’économie « pure » vers la géographie, et réalise ici une synthèse de sa pensée des dernières années. André Mertal, parle de culture entre- preneuriale au travers du comportement des entrepreneurs de la région de Tunis.

Il s’agit d’un véritable « tournant territorial » de l’économie globale dans ce numéro spé- cial, un numéro de référence pour les géographes, mais également pour les économistes.

Georges Benko CEMI-EHESS

© 2004 Lavoisier SAS

JOUVE Bernard, BOOTH Philip, éds., 2004, Démocraties métropolitaines, Sainte- Foy, Presses de l’Université du Québec, 335 pages

Les interrogations essentielles de ce nouveau livre dirigé par Bernard Jouve sont autour de questions comme : qui gouverne les villes ? Quel est le degré d’autonomie des villes ? Comment la globalisation et la recomposition des rapports sociaux dans les métropoles affectent-elles l’exercice de la démocratie et redéfinissent-elles la citoyenneté ?

Les auteurs de cet ouvrage, une équipe internationale (France, Canada, Grande-Breta- gne), cherchent avec les études théoriques et empiriques à découvrir la portée réelle du renouveau de la démocratie participative et les dynamiques communes aux métropoles bri- tanniques, françaises et canadiennes.

La qualité des chapitres a un niveau élevé, provoquant le débat pour les recherches à venir. On remarque les conclusions de Bernard Jouve « Démocraties métropolitaines : de la grande transformation à la grande illusion ? » Un livre utile pour les chercheurs en scien- ces politiques et en urbanisme.

Georges Benko CEMI-EHESS

© 2004 Lavoisier SAS

LAZAR Judith, 2004, 100 mots pour introduire aux théories de la communication, Paris, Les Empêcheurs de Penser en Rond/Seuil, 264 pages

Après avoir exploré et défini les concepts de sociologie de la communication de masse et ceux des sciences de la communication dans deux ouvrages de référence, Judith Lazar introduit ici aux théories de cette discipline qui se situe au carrefour des sciences sociales et humaines.

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On connaît une floraison de livres et articles dans le champ de la communication, mais il est bien regrettable que de cette production vaste et éclectique peu arrivent à atteindre le niveau « scientifique », et restent souvent au niveau de réflexions « journalistiques », et encore (!) avec un niveau souvent regrettable. Ce n’est pas le cas de l’œuvre de Judith Lazar, qui en premier a réussi dans le monde francophone à positionner cette « science nouvelle », en décrivant et analysant toutes ses facettes, des masses médias à l’opinion publique, sans cesse suivant et renouvelant l’évolution théorique et son intégration dans les sciences sociales. Suite à ces travaux les étudiants possèdent des guides précis et utiles, de qualité égale aux meilleurs livres du monde anglo-saxon. Hélas ces ouvrages sont majori- tairement épuisés et introuvables sur le marché actuellement.

Ce petit livre (par son format, mais pas par son contenu) est un véritable « résumé » des grandes théories des sciences sociales en relation avec la communication. On y trouve le développement des idées comme « cultivation », « falsification préférentielle », « opinion »,

« persuasion », ou « spirale du silence », au total 101 termes théoriques définis, souvent com- plétés avec des références bibliographiques qui permettent d’approfondir la question. Cette collection « 100 mots » possède déjà d’autres ouvrages dans le domaine de la philosophie, de la psychologie, de l’art et des sciences, tous les volumes sont de grande qualité. Le directeur de la collection Philippe Pignarre montre ses talents reconnus non seulement comme auteur mais aussi comme éditeur. On attend peut-être un jour un volume concernant l’économie ou la géographie dans la même collection.

Judith Lazar a souhaité une lecture à la fois utile et agréable aux professionnels et aussi à tous ceux qui ne sont pas encore initiés.

Maria Laura Silveira USP – São Paulo

© 2004 Lavoisier SAS

MATTEACCIOLI Andrée, 2004, Philippe Aydalot, pionnier de l’économie territoriale, Paris, L’Harmattan, 413 pages

Ce livre qui est une réflexion sur l’itinéraire intellectuel de Philippe Aydalot, met en valeur l’originalité et l’actualité de sa pensée. En jetant les fondements de l’économie ter- ritoriale, il a ouvert la voie à voie à des modes d’organisation territoriaux susceptibles de faire émerger au sein de simples systèmes locaux de production de véritables « milieux innovateurs ». Ce livre s’attache également à montrer la portée de l’œuvre d’Aydalot sur la pensée territoriale contemporaine, notamment sur celle du GREMI (Groupe de Recher- che Européen sur les Milieux Innovateurs) qu’il a fondé et qui n’a cessé, depuis sa dispa- rition en 1987, de travailler sur les capacités créatrices des territoires. Des commentaires de spécialistes éminents et des « morceaux choisis » de l’auteur complètent cet ouvrage.

Dès le milieu des années 1960, alors que l’économie spatiale académique est dominée par une vision statique et mécanique de l’espace, Philippe Aydalot se situe d’emblée dans une pro- blématique dynamique de structuration des espaces. « L’espace » n’est plus appréhendé comme un coût, ni comme un réceptacle d’établissements d’entreprises exogènes, mais comme « un ensemble socioéconomique de relations qui évoluent dans le temps ». Le choix d’une probléma-

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tique socioorganisationnelle et dynamique de l’espace l’amène à lier les phénomènes de locali- sation et de développement. Il en résulte des théories novatrices qui procèdent d’un mouvement de « destruction créatrice » : une nouvelle théorie de la localisation, des disparités régionales et de la croissance urbaine, une théorie de la division spatiale du travail, une théorie du renverse- ment des dynamismes spatiaux, une théorie du cycle spatial. Cette dernière réconcilie deux types de processus : la polarisation dans les périodes de démarrage d’un nouveau cycle technologique et la division spatiale du travail dans les périodes de maturité, expliquant ainsi la succession dans le temps de phénomènes de concentration-dispersion. Au début des années 1980, en pleine crise économique, il introduit, avec le concept de « milieu innovateur », dont « les capacités de déve- loppement dépendent moins d’une dotation en facteurs, que du passé du territoire, de ses com- portements, de ses capacités d’initiative, des processus de prise de décision locaux, bref de son organisation socio-économique », une théorie des « milieux innovateurs », impliquant l’analyse du territoire comme un système à la fois « contexte » et « auteur » de son développement.

Dans l’ensemble des théories qui constituent le corpus de l’économie territoriale, le GREMI propose une nouvelle théorie du développement territorial qui se fonde sur trois élé- ments indissociablement liés : organisationnel, cognitif et territorial. L’organisation réticu- laire est la forme de coordination la plus efficiente puisqu’elle rend possible les coopérations au cours desquelles un processus cumulatif d’apprentissages individuels et collectifs se développe, contribuant, dans une problématique de création, à la réalisation de « rendements croissants de learning » ; à travers la territorialisation, il se produit une auto-identification collective qui pousse les partenaires à partager un même défi, à persévérer dans la collabo- ration, à faire converger leurs énergies vers un objectif commun et à dépasser les éventuels conflits d’intérêts individuels et conjoncturels. En se développant d’une manière innovante, les territoires peuvent préserver leur compétitivité. Actuellement, après des années passées à étudier la capacité des milieux à susciter l’innovation technologique, les chercheurs du GREMI élargissent la notion de « milieu innovateur » à tous les territoires capables d’adop- ter des comportements organisationnels novateurs et invitent les hommes à découvrir au sein de leur territoire des richesses patrimoniales délaissées ou latentes et à les mettre en valeur en termes de « milieu innovateur ». Il y faut de l’imagination, de l’esprit d’entreprise et une certaine capacité de création collective organisationnelle autant qu’institutionnelle.

Un ouvrage innovant dans sa conception éditoriale, une référence incontournable pour les spécialistes de l’économie régionale. Un livre d’auteur sur un grand auteur.

L’auteur de l’ouvrage, Andrée Matteaccioli a été professeur à l’université de Paris I- Panthéon Sorbonne et y a dirigé pendant dix ans le DESS « Économie de l’aménagement et du développement local » après la disparition prématurée de Philippe Aydalot. Elle reste actuellement chercheur au GREMI (association de chercheurs européens et nord-améri- cains engagée dans l’étude des processus et des politiques d’innovation technologique au niveau régional et local avec une démarche par les territoires) et chercheur-associée au MATISSE (laboratoire de Paris I, rattaché au CNRS). Si le concept de « territoire » est apparu de plus en plus pertinent dans la littérature spatiale, cet ouvrage vient rappeler que Philippe Aydalot en a été le pionnier.

Adriana Verdi USP – São Paulo

© 2004 Lavoisier SAS

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PIROTTE Alain, 2004, L’économétrie. Des origines aux développements récents, Paris, CNRS Éditions, 241 pages

L’économétrie est au centre des débats dans les sciences économiques : il y a les « pour » et les « contre ». Dans un ouvrage très didactique et agréablement écrit, Alain Pirotte pré- sente sur environ 200 pages une histoire brève mais intéressante de ses origines à nos jours.

L’évolution des méthodes d’analyse et une conception des sciences économiques sont revi- sitées. Cette branche, ou plutôt une « technique » qui s’impose à partir des années 1930 dans la réflexion des économistes, et permet de préciser la théorie économique positive.

L’ouvrage est divisé en sept chapitres. Le premier précise les prémices de l’économé- trie, et le deuxième est consacré à la naissance de l’économétrie en tant que discipline. Les chapitres trois et quatre abordent l’âge d’or de la discipline et son développement notam- ment à LSE (London School of Economics). La deuxième partie composée des chapitres cinq à sept, montre d’abord les effets des chocs pétroliers et les difficultés des prévisions économiques, puis présentes les séries temporelles, pour terminer avec les recherches les plus récentes à partir des années 1980. Dans les annexes on trouve des informations utiles concernant l’évolution administrative et scientifique de la discipline.

Un livre très utile, doté d’une large bibliographie, d’un glossaire et de définitions, et d’un index. C’est l’ensemble des sciences sociales qui pourra être intéressé par cet ouvrage.

Georges Benko CEMI-EHESS

© 2004 Lavoisier SAS

RIVIÈRE Dominique, 2004, L’Italie, des régions à l’Europe, Paris, A. Colin, 252 pages

Comme l’indique elle-même l’auteure, l’ouvrage de Dominique Rivière est un

« plaidoyer pour un retour à la question régionale ». Cette question traverse tout le livre qui commence, logiquement, par une ample et informée relecture de la bibliographie française et italienne. Approche géographique, analyses de sociologues et d’économistes points de vue géopolitiques, perceptionnistes ou systémiques : se sont les œuvres de E. Dalmasso ou J. Labasse, de A. Bagnasco ou de C. Trigilia, de Y. Lacoste, de F. Frémont ou A. Reynaud qui sont utilisés pour mettre dans une perspective européenne actuelle la situation italienne.

Après avoir rappelé l’opposition bien connue Nord/Sud, puis l’émergence de la troisième Italie, l’auteure présente de nouveaux clivages internes et la seconde partie du livre se veut un éclairage sur l’origine et/ou le maintien de tels clivages. L’ouvrage restitue en effet le difficile dialogue conduit entre État, régions riches et régions pauvres d’Italie, avec, notamment, de longues analyses sur les effets de poussées politiques (ligue du Nord) et sur les interrogations que posent les modifications apportées, en 2001, à la constitution ita- lienne (renforcement de quelques compétences régaliennes du pouvoir central et fortes ini- tiatives législatives laissées aux Régions). L’auteure, qui se demande à juste raison si l’Ita- lie « pratique le gattopardisme » ou si « elle est en train de se fédéraliser étape après étape comme l’a fait l’État belge », finit l’ouvrage en laissant entendre que l’Europe peut être appréhendée comme la « solution de la question régionale ». C’est donc à la fin du livre

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que sont présentées les diverses mesures structurelles et les initiatives d’État ainsi que leurs superpositions, leurs effets locaux. C’est encore dans les derniers chapitres qu’est examiné en quoi le rôle d’entrepreneur et de régulateur de l’État est amendé par les interventions de l’UE dans la péninsule comme en France, en Espagne etc.

Précise, documentée cette présentation de l’Italie porte un regard vif et concret que l’on attendait à propos du lien entre le local et le global. Elle s’appuie sur un argumentaire con- vaincant dans les cas particulièrement complexes de l’Italie et de l’Europe ce qui débou- che, bien que D. rivière s’efforce d’être toujours explicite, sur quelques pages où objectifs, NUTS (niveau d’unité territoriale statistique), DG IV ou XVI (Direction de la concurrence ou du développement régional), PAT (primes d’aménagement du territoire) et autre SDEC (schéma de développement de l’espace européen) donnent un tour assez technocratique au raisonnement. Parue dans une collection de manuels universitaires cette approche appor- tera des connaissances essentielles au public étudiant et elle ne manquera pas d’interroger leurs professeurs sur le nécessaire renouvellement d’une géographie régionale un peu oubliée depuis quelques temps.

Colette Vallat Université de Nanterre

© 2004 Lavoisier SAS

SWYNGEDOUW Erik, 2004, Social Power and the Urbanization of Water, Oxford, Oxford University Press, 209 pages

Erik Swyngedouw présente un ouvrage qui est le fruit de 20 ans de réflexions sur l’eau et la ville. La première partie met en place le fondement théorique de la question : nature, pouvoir et ville. Dans cette partie l’auteur parle de l’urbanisation de la nature, son système de référence est basé sur les réflexions de David Harvey, Henri Lefebvre, Raymond Williams, Bruno Latour ou encore de Guy Debord, très à la mode dans la géographie anglo-saxonne. De longs passages font référence à la position de Marx sur les relations de l’homme à la nature. La littérature post-marxiste et post-moderne est condensée avec inté- rêt dans la section consacrée à la critique culturelle. La deuxième partie a un titre attractif,

« La ville dans un verre d’eau : circulation de l’eau, circulation de pouvoir », et comme on pouvait s’y attendre les thèmes sont autour de la circulation, le pouvoir, la régulation, la gouvernance, donc l’importance et les enjeux sociaux et économiques de la production de la circulation et de la consommation de ce « produit » de première importance. La troi- sième partie est plus empirique, et concerne l’Amérique latine, d’abord d’une manière générale, puis plus particulièrement le cas de Guayaquil en Équateur. L’auteur parle juste- ment du problème appelé par lui « la géographie de l’exclusion de l’eau ». Les derniers chapitres de l’ouvrage sont plus politiques et fournissent un nombre de données importan- tes et intéressantes. La lutte sociale pour « l’eau potable » est primordiale dans une partie du monde, l’ouvrage souligne les spéculations, allant même en qualifiant de « terrorisme de l’eau » l’attitude des acteurs détenant le pouvoir de production et de distribution. À par- tir du traitement de la question de l’eau on peut dire « telle eau, telle ville », en caractérisant les attitudes des élus et des entreprises spécialisées.

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Swyngedouw représentant éminent du courant critique de la géographie anglo-saxonne.

Ce travail mérite d’être lu par tous les géographes, même par ceux qui ne seront pas entiè- rement d’accord avec l’esprit des interprétations. Un ouvrage bien documenté et attractif à lire, les lecteurs peu familiers de la question apprendront beaucoup de vérités. Un livre de grande qualité intellectuelle, une référence.

Georges Benko CEMI-EHESS

© 2004 Lavoisier SAS

THURIOT Fabrice, 2004, L’offre artistique et patrimoniale en région : proximité et rayonnement culturels, Paris, L’Harmattan, 257 pages

La vie économique des régions, on le sait, ne dépend pas uniquement des activités tra- ditionnelles et pas davantage uniquement de celles reliées aux nouvelles technologies. Les activités associées aux biens culturels ne comptent pas pour quantités négligeables et méri- tent l’attention des décideurs et autres acteurs locaux. C’est ce qui a incité Fabrice Thuriot, docteur en droit public et chercheur-enseignant à la faculté de Droit et de Science Politique de l’Université de Reims Champagne-Ardenne et membre du Centre de recherche sur la décentralisation territoriale, à consacrer ses énergies à la compilation minutieuse d’une gamme très variée d’informations. Pour ce faire, il a tiré profit d’un financement du minis- tère de la Culture et de la Communication dans le cadre de l’appel à propositions sur la géo- graphie de l’offre culturelle. Les travaux furent réalisés durant la période allant de 1999 à 2001.

Trois pistes de réflexion permirent l’intégration de la dimension spatiale de manière dif- férenciée selon le type d’action considéré. Il s’agit en premier lieu de l’étude de l’influence des procédures contractuelles (chartes culturelles, conventions de développement culturel, contrats de plan) dans la répartition des structures culturelles mise en parallèle avec l’ini- tiative locale. Vient ensuite l’analyse de l’environnement (caractéristiques des collectivités et des populations, voies de communications) dans ses relations avec l’offre culturelle.

Enfin, l’auteur s’est appliqué à étudier les coopérations entre les acteurs culturels. Il s’agis- sait ici de prendre en compte les liens privilégiés existant entre l’offre culturelle publique et les réseaux territoriaux des collectivités. Deux régions ont servi de support à la recher- che. La première, Champagne-Ardenne s’explique, on l’aura deviné, par un effet de proxi- mité susceptible de limiter les coûts tout en facilitant les collaborations de nature à fournir les informations recherchées. Quant au choix de la région Rhône-Alpes, il se justifie par l’existence d’une offre culturelle particulièrement importante. Les deux régions choisies seraient de nature à servir de support et d’illustration à l’analyse nationale afin de mieux percevoir l’influence du territoire sur les mutations en cours. Elles présentent toutes deux des caractéristiques tantôt similaires, tantôt différentes ce qui les rend complémentaires sur le plan de l’analyse tout en offrant des condensés de certaines caractéristiques nationales.

L’étude de la situation de ces deux régions s’appuie sur l’hypothèse que le territoire n’occupe pas la même place dans l’analyse selon que l’on parle de localisation, de rayon- nement, ou de circulation de l’offre culturelle. Il s’agira de vérifier cette dernière à partir

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de l’analyse des données disponibles au niveau national d’une part (ministère de la Culture, INSEE, DATAR) et sur des enquêtes de terrain d’autre part.

L’ouvrage comprend quatre parties dont la première offre des données de cadrages démographiques, géographiques et socio-économiques en plus de présenter des données de recensement de l’offre culturelle et des propositions d’analyse des données générales et culturelles par région et par rapport aux données de cadrage. On y trouve un très grand nombre de tableaux qui, par exemple, permettent de voir que dans le département de l’Aube on trouve 4 écoles municipales de musique (et de danse) contrôlées alors que celui de l’Ain se distingue par la présence de 13 musées classés et également contrôlés. La deuxième partie propose des seuils de population selon les types d’offre culturelle. On y trouve l’interrogation sur le rapport multiplicateur ou exponentiel de l’offre : si une com- mune de 100 habitants dispose d’un élément culturel, une commune de 1 000 habitants doit-elle en disposer de dix ? L’étude permet de répondre que la diversification de l’offre culturelle s’opère au-delà d’un certain seuil de population identifié à partir de 10 000 habitants. L’auteur signale que ce seuil offre un début d’une croissance exponen- tielle de l’offre, et ce dans l’ensemble des départements étudiés. La troisième partie pour- suit la réflexion par l’étude du rayonnement et de la circulation de l’offre culturelle.

L’enquête rigoureuse des structures culturelles, des établissements ou des festivals a con- duit au traitement différencié suivant les secteurs concernés. Elle permet de dégager des conclusions semblables pour les deux régions étudiées. La fréquentation des événements reflète assez bien à la fois l’ancrage territorial et l’ambition nationale ou internationale des structures prises en compte. Enfin, la quatrième partie se veut un essai de typologies de l’offre culturelle. On aura remarqué le pluriel, car il se dégage un certain nombre de typo- logies. Notons celle se rapportant aux modes de circulation de l’offre culturelle. On y trouve les bibliothèques, le spectacle vivant, l’itinérance (le plus ancien mode de circula- tion, on pense aux trouvères et autres troubadours du moyen-âge) et les réseaux territoriaux qui, curieusement, recouvrent les activités des trois premiers. On se demande alors pour- quoi en faire un élément de la typologie.

En conclusion, l’auteur observe que le développement des politiques culturelles depuis les années 1970-80 a permis une mise à niveau et une homogénéisation de l’offre culturelle dans les villes grandes et moyennes, les faisant toutes, sauf exception, disposer d’une offre culturelle de base complète et même élargie par l’activité associative et parfois des struc- tures spécifiques. Fabrice Thuriot prouve par cet ouvrage qu’il aurait fait un bon bénédictin s’il avait vécu à une autre époque, car il a la patience de compiler les données statistiques les plus détaillées et minutieuses. Évidemment, tous les lecteurs, beaucoup s’en faut, ne sont pas avides d’une telle littérature. Ici, ce sont avant tout les agents de développement, certains élus locaux, et surtout les acteurs impliqués dans l’industrie culturelle et soucieux de ses retombées à l’échelon des territoires qui pourront tirer profit de cet ouvrage.

André Joyal Université du Québec à Trois-Rivières

© 2004 Lavoisier SAS

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