R ENDICONTI
del
S EMINARIO M ATEMATICO
della
U NIVERSITÀ DI P ADOVA
B ERNARD L E S TUM
La structure de Hyodo-Kato pour les courbes
Rendiconti del Seminario Matematico della Università di Padova, tome 94 (1995), p. 279-301
<http://www.numdam.org/item?id=RSMUP_1995__94__279_0>
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BERNARD LE
STUM (*)
RÉSUMÉ - Dans cet article, nous décrivons la structure de
Hyodo-Kato
sur le pre- mier espace decohomologie
d’une courbeprojective
nonsingulière
surCp
enutilisant les notions
d’intégration
lelong
d’uncycle analytique
et de hauteurd’intersection de tels
cycles.
Commeconséquence,
nous obtenons unscindage
de la filtration par le
poids.
Introduction.
Soit v un anneau de valuation discrète
complet,
de corps de frac- tions K decaractéristique
zéro et de corps résiduelparfait
k de ca-ractéristique
p > 0. Si W est l’anneau des vecteurs de Witt de k et si Y est un schéma propre semi-stable sur v, il existe un W-module D muni d’unFrobenius cp
et d’unopérateur
de monodromie N tel que D C’est la structure deHyodo-Kato
sur(voir [H-K]).
Nous nous proposons dans cet article de décrire cette structure dans le cas d’une courbe en donnant une construction totale- ment différent de celle de 0.Hyodo
et K. Kato. Notredescription
de lamonodromie est construite à
partir
d’unaccouplement
dont l’idéeorigi-
nale semble due à A. Grothendieck et notre
interprétation
de l’action du Frobenius est dérivée de celle de R. Coleman(voir [C3]).
C’est la lettre de J.-M. Fontaine à U. Jannsen
[F] qui
est àl’origine
de ce travail. Dans cette
lettre,
J.-M. Fontaineconjecture
l’existence de la structure deHyodo-Kato
et démontre cetteconjecture
dans certainscas comme par
exemple
dans celui d’une courbe. Il pose alors la ques- tion del’interprétation géométrique
de cette structure(«on
voudrait(*) Indirizzo dell’A.: Université de Rennes I,
Campus
de Beaulieu, 35042Rennes Cedex, France.
bien
comprendre géométriquement
toutcela»)
et c’est cequi
nous in-téresse ici. Les résultats
qui
suivent on faitl’objet
d’unexposé
au Ma-thematisches
Forschungsinstitut
à Oberwolfach en février 1992.Cet article fait suite à
[LS] qui
était consacré àl’étude, lorsque
C estune courbe
projective
nonsingulière
surCp ,
de la filtration par lepoids
sur
H1dR(C).
Nous construisons un foncteurqui
à toute courbeprojecti-
ve X sur
Fp
associe un modulegradué D(X)
sur W:= muni d’unFrobenius et d’un
accouplement
de Poincaré.Lorsque
X est une réduc-tion à croisement normaux de
C,
nous construisons unisomorphisme d’espaces
vectoriels filtrésHdR ( C)
=D(X) ®W Cp compatible
à la duali- té de Poincaré. Enparticulier,
on obtient unscindage
de la filtration par lepoids
et on munitHdR (C)
d’un Frobenius. Nous donnerons aussiune construction de
l’opérateur
de monodromie. Toutes ces structures seront obtenues àpartir
d’unaccouplement d’intégration
entreH1 (X)
et et d’un
accouplement
d’intersection decycles
sur
(y, Y~)’-~Y. y’.
1. Module de
Hyodo-Kato
d’une courbe.On fixe un nombre
premier
p, on note W :=W( 1Fp )
l’anneau des vec-teurs de Witt de
lFp
et a le Frobenius de W. Nous allions construire le module deHyodo-Kato
associé à une courbe(schéma séparé
detypez
fi-ni de pure dimension
1) propre X
surF .
Ils’agit
d’un W-module dety-
pe fini
D(X)
munii)
d’unegraduation
à trois cransD(X)
=Gr°
0153Grl
0153Gr2
par dessous-W-modules,
ditegraduation par le poids,
ü)
d’unendomorphisme
a-linéaireappelé (en- domorphisme de) Frobenius,
üi)
d’unaccouplement antisymétrique parfait
appelé accouplement
de Poincaré.On demande que la
graduation
soit stable par Frobenius(c’est
à dire queç(Gr )
cGri
pour touti)
et autoduale pourl’accouplement
de Poincaré
(c’est
à direqu’elle
induise une dualitéparfaite
entreGri
etGr2 - pour
touti).
On demande aussi quel’accouplement
de Poincaré soit
compatible
avec le Frobenius(c’est
à dire queNous allons traiter d’abord le cas où X est lisse
puis
celui où X est rationnelle avant de voir le casgénéral.
Si X est une courbe propre et lisse surFp ,
alors pourtout i, (X/W )
est un W-module detype
finimuni d’un Frobenius a-linéaire cp. On
dispose
d’unaccouplement
dePoincaré, qui
est une dualitéparfaite,
etqui
estcomposé
du cupproduit
et du
morphisme
traceRemarquons
aussi que cesapplications
sontcompatibles
avec les Fro-benius dans le sens où on a
toujours
A =(p(co A q)
etOn pose alors tout
simplement .
Comme ce W-module est muni d’un Frobenius et d’un
accouplement
dePoincaré,
il suffit depréciser
lagraduation
par lepoids
et onprend
toutsimplement Grl := (X/W).
Si A un groupe
abélien,
nous noteronsH 1 (Xet , A )
lepremier
groupe decohomologie
du faisceau constant A sur letopos
étale de X. Il résultede ([LS], 2.3.7)
queHl (Xet, Z)
est un groupe abélien libre de rang fini et on a unaccouplement parfait.
où
Hl (X)
est un groupe abélien libre de rang fini dont nousrappellons
la définition
plus
tard. Le Frobenius absolu de X induit l’identité surH 1 (Xet , Z)
et on définit le Frobenius surHl (X)
comme étant la multi-plication
par p.Puisque H 1 (Xet , Z) ©z
Alorsque
A est sanstorsion,
on
peut
munirH 1 (Xet , W)
du Frobenius induit par semi-linéarité à par- tir de l’identité surH 1 (Xet , Z).
Onpeut
aussiprolonger
par linéaritél’accouplement
ci dessus en unaccouplement
et on a alors
1
pour
ye77i(Z)
etSi X est une courbe
rationnelle,
on poseD(X) = Hl (X) Q§z
W ?(Xet , W).
C’est bien un W-module detype
fini que l’on munit de lagraduation Gr° :=
etGr~ := H 1 (Xet , W).
On définit le Fro- beniuscomposante
parcomposante.
On définit ensuitel’accouplement
de Poincaré en demandant que
Hl (X) Oz W
etH W )
soient ortho- gonaux à eux même et enposant
à
En
général,
il fautpanacher
ces deux constructions. On note X la normalisée de X et on poseC’est bien un W-module de
type fini,
que l’on munit de lagradua-
tion
et d’un Frobenius défini
composante
parcomposante.
Celui ci est doncdonné par
On définit ensuite
l’accouplement
de Poincaré surD(X)
enprenant
l’ac-couplement
de Poincaré sur etl’accouplement canonique
entre et
Het (X, W).
Celui ci est donc donné parOn vérifie aisément que toutes les
propriétés
sont bien satisfaites.Pour
conclure,
remarquons quel’accouplement
de Poincaré induitun
accouplement
que l’on
peut
voir comme unaccouplement d’intégration
lelong
d’un cy- cle. Pour tout et on aDans la
suite,
nous aurons souvent l’occasion de considérer un mo-dule
gradué
comme module filtré enposant Fili
= E9 ....Pour
tout i, Fili
est alors de manière naturelle un modulegradué.
2. Module de
Hyodo-Ka,to
etcohomologie rigide.
On
garde
leshypothèses
et notations duparagraphe précédent
et onnote
Cp
lecomplété
de la clôturealgébrique
deQ.
Nous allons décrirelorsque
X est une courbe propre, une filtration stable par Frobenius surNous verrons que le
gradué
associéGr HJg(XjCp)
est ca-noniquement isomorphe
àFil1 D(X) Ow ep
comme espace vectoriel gra-dué et que cet
isomorphisme
estcompatible
aux Frobenius.Si X est une courbe propre sur
F p’
onpeut
considérer pourtout i,
leCp-espace
vectorielHàg (Xjep) qui
estde
dimension finie. Si on munitCp
d’un relèvement a du Frobenius deFp ,
alorsH’Ag(Xjep)
est munid’un Frobenius a-linéaire cp. Si X est
lisse,
ondispose
comme en cohomo-logie
cristalline d’unaccouplement
de Poincaréparfait (voir
par exem-ple [LS], 5.3), composé
du cupproduit
et de
l’application
traceCes
applications
sontcompatibles
avec les Frobenius dans le sens où on atoujours
1On
peut
construire uneapplication injective
comme suit. On sait que
H 1 (Xet , ep)
=H Op) @ap Cp
et siKo
dési-gne le corps de fraction de
W,
on a aussi =H~ (X/Ko ) ®x Cp
(voir
parexemple ([LS], 4.3)).
Il suffit donc de définir une flècheinjective H 1 (Xet , Op) 4HÀg(X/Ko).
Si on note comme d’habitudeon a des
applications canoniques
etet il résulte
de ([LS],
2.3.7 &2.3.8)
que celles ci sontinjectives.
D’autrepart,
J.-Y. Etesse et moi même avonsconstruit
dans ([E-LS2],
7.2 et7.3)
uneapplication injective
Il suffit alors de composer les deux flèches
Dans la
suite,
nous identifierons avec sonimage
dansHJg(Xjep).
Ceci nouspermet
de munir d’unefùtration,
di-te
filtration par le poids, compatible
avec l’action de FrobeniusOn
dispose
d’unhomomorphisme canonique Hrig (X/K) ~
-
(X/W) ®z
Q et c’est unisomorphisme compatible
avec la dualitéde Poincaré
lorsque X
est lisse. D’autrepart,
il résulte de[LS],
5.4.3 &2.3.7)
que la suiteest exacte. Nous avons donc un
isomorphisme canonique
qui
estcompatible
aux Frobenius et auxgraduations.
3.
Intégration
des formes différentiellesrigides.
Nous allons voir que
l’isomorphisme
que nous venons de construiresur les
gradués
se relève de manièreunique
en unisomorphisme
d’es-paces vectoriels filtrés
compatible
avec les Frobenius. La méthode s’i-nspire
duprincipe
de Dwork utilisé par R. Coleman pourprolonger analytiquement
à l’aide du Frobenius. On obtient d’ailleurs une métho- de pourintégrer
une différentiellerigide,
c’est à dire un élément deHJg (x/ep)
lelong
d’uncycle topologique,
c’est à dire un élément deHl (X).
PROPOSITION 1. Si X est une courbe propre s2cr suite exacte
possède
ununique scindage compatible
avec l’action de Frobenius.On
peut
bien sûr supposerque X
est réduite. Soient K un sous-corps fermé deCp
de corps résiduel et X une courbe propre sur 1~. Onpeut
construire une
application canonique H 1 (Xet ,
exacte-ment comme dans le cas où K =
Cp
mais celle ci n’estplus injective
engénéral.
Nous allons montrer que si X estgéométriquement
réduite etsi la suite
où X est la normalisée
de X,
estexacte,
alors celle cipossède
ununique scindage compatible
avec l’action de Frobenius. Laproposition
seraalors démontrée.
-
On
peut
écrire notre courbeX, qui
est detype
fini sur k cFp,
sous laforme où
Xo
est une courbe sur1Fq
et CommeH (Xet, Z)
est libre de rangfini,
onpeut
supposer,quitte
à faire uneextension finie de
F ,
queH 1 (Xoet , Z)
=H 1 (Xet , Z).
SiKo désigne
lecorps de Fractions de
W(F ),
la suiteest alors exacte car la
cohomologie rigide
des courbes commute aux ex-tensions
isométriques
de la base(voir
parexemple [LS], 4.3))
et la nor-malisation aussi car
Xo
estgéométriquement
réduit. Nous pouvons donc supposer que k =Fq
etque K
=Ko .
On note alors F la
puissance
s-ième du Frobeniuset X
lepolynôme caractéristique
de F * surHJg(XjK).
Comme F * est l’identité surH 1 (Xet , K),
on a unmorphisme
de suites exactes courtesGrâce à
l’interprétation rigide
de la fonctionzêta ([E-LS1], 6.3),
ilrésulte des
conjectures
de Weil pour les courbes([W]),
etplus précisé-
ment de
l’analogue
del’hypothèse
deRiemann,
que 1 n’est pas une va-leur propre de F * sur
HJg(X/K).
On a doncx( 1 ) ~ 0,
cequi implique qu’il
y a ununique scindage compatible
avecx(F * ). Puisque
F* =cps
etque cp est
a-linéaire,
lepolynôme X
est à coefficients dansQ .
Il suit que99 commute avec
v(F*)
et notrescindage
est donccompatible
avec l’ac-tion de ç.
Réciproquement,
toutscindage compatible
avec l’action de cp est bien sûr aussicompatible
avecX(F*). a
COROLLAIRE.
L’isomorphisme
relève de manière
unique
en unisomorphisme Fil1 D(X)
(strictement compatible
auxfiltrations
et aux Frobe-nius.
COROLLAIRE. Il existe un
2cniq2ce accouplement
qui prolonge l’accouplement canonique
entreHl (X)
etZ)
etqui
est
compatible
à l’action de Frobenius~i.e.
tel que4. Module de
Hyodo-Kato
etcohomologie
de de Rham.Lorsque
C est une courbeprojective
nonsingulière
sur on dis-pose
par [LS]
de la filtration par lepoids
surHdR (C)
etl’accouplement
de Poincaré passe au
gradué.
Deplus,
si X est une réduction de C à sin-gularités ordinaires,
on aisomorphisme canonique
entreHJg (x/ep)
etFil1 HdR (C).
Nous allons voir quel’isomorphisme qui
est induit sur lesgradués
seprolonge
de manièreunique
en unisomorphisme
de modulesgradués compatible
avec lesaccouplements
de Poincaré.
Si C est une courbe
projective
nonsingulière
surCp
et siCrig
estla variété
analytique rigide associée,
alorsl’application canonique
est un
isomorphisme
et nous identifierons ces deux espaces dans la suite. Il résultede ([LS], 6.1.3)
quel’application
cano-nique
estinjective
et nous considéreronsZ)
comme contenu dansHdR (C).
Soit maintenant ~C un modèle formelplat
etgéométriquement
réduit deCrig
sur l’anneau v des en-tiers de Si X
désigne
la fibrespéciale
de ~C, laproposition
6.3.1de [LS]
nous fournit uneinjection canonique HJg (XICP)
4HdR (C),
ditespécialisation, qui
nouspermet
d’identifierHJg
avec un sous-es-pace de
Hd’R (C).
Deplus,
nous vu dans laproposition
6.1.3 de[LS],
queZ) (Crig, Z)
avecégalité
si et seulement si X n’a que dessingularités
ordinaires(à
croisementsnormaux). Enfin,
il résulte du théorème 6.4 de[LS]
que, sous cettehypothèse, Hlig (XICP)
est lapartie
orthogonale
àep)
pour la dualité de Poincaré surHdR ( C).
En
particulier,
ce sous-espace nedépends
pas de ~C mais seulement de C.Nous avons défini en 6.3.5 dans
[LS],
lafiltration par le poids
surHdR ( C)
paroù X est une réduction à
singularités
ordinaires. Il résulte du théorème 6.4de [LS]
que la dualité de Poincaré induit unaccouplement
par- faitPlus
précisément,
la dualité de Poincaré induit desaccouplements
par- faits entre et pour tout i. D’autrepart,
HJg (Xjep) (avec
sa filtration par lepoids)
s’identifie à un sous-espace filtré strict de et on a donc uneinjection canonique
Gr Hlig (Xjep) 4Gr H!R (C)
de modulesgradués.
Enparticulier,
on a unisomorphisme
PROPOSITION 2.
L’injection canonique
se
prolonge
de manièreunique
en unisomorphisme D(X ) ®W Ow Cp
=compatible
avec la dualité de Poincaré.L’isomorphisme GrO D(X) (Dw Cp
=Gr° HjR (C) provient
nécessaire- ment par dualité del’isomorphisme Gr~D(X)
et ilreste à vérifier la
compatibilité
avec la dualité de Poincaré. Par cons-truction,
c’est clair sur_ lesGr’
etGr2 .
Nous devons donc vérifier quel’isomorphisme
estcompatible
auxdualités de Poincaré et on
peut
bien sûr substituerHÀg(Xlep)
à(X)
On choisit alors un ouvert lisse dense U de X et on utili-se la
proposition
6.5.2 de[LS] qui
nous dit queFil1 HdR ( C)
estl’image
del’homomorphisme
despécialisation
Il résulte de laproposition
4.3de [LS]
que lesapplications
despécialisation
et de
cospécialisation
sont
compatibles
avec la dualité de Poincaré. D’autrepart,
les ap-plications canoniques
etsont elles aussi
compatibles
à la dualité de Poincaré.Enfin,
il résultede ([LS], 4.2)
que lediagramme
est commutatif. La conclusion est alors immédiate.
En
particulier,
on voit quel’espace Gr HdR (C)
est naturellement muni d’unendomorphisme
de Frobenius.5. Courbe
contractile,
ouvertsimplement
connexe.Nous allons
rappeler
la notion de variétésimplement
connexeen
géométrie rigide
et étudier le cas d’un ouvertanalytique
d’unecourbe. Afin de voir le lien avec la réduction de la
courbe,
nousétudions d’abord la notion de courbe contractile.
Dans ([LS], 2.1.2),
nous avons montré comment associer à toute courbe X sur un corpsalgébriquement
clos unobjet semi-simplicial L1(X):
pourchaque point
multibranche x deX,
on considère lesimplexe
standard
d x
dont les sommetscorrespondent
auxpoints
y au dessus dex dans X. On obtient
L1(X)
en identifiant lesommet y
ded x
et le som-met
y’ chaque
fois que yet y’
sont sur la mêmecomposante
de X.Si les seules
singularités
de X sont despoints doubles,
on retrouve legraphe
de X.Lorsque
X est connexe, nous dironsque X
est contractilesi 4(X)
est contractile. Engénéral,
nous dirons par commodité que X est contractile si toutes sescomposantes
connexes le sont.Par
définition, Hl (X)
est lepremier
grouped’homologie
ded (X )
etnous avons décrit en 2.1.3 dans
[LS],
uncomplexe C(X) qui
calcule cettehomologie.
On définitCo (X )
comme le groupe libre sur l’ensemble descomposantes
irréductibles de X et pour i >0, Ci (X)
comme lequotient
du groupe libre sur les
[ yo ,
... , avec yo , ..., Yi E X distincts au des-sus du même
point x
deX,
par les relations[y,(O), ...,
=- ( -1 )a [ yo , ... , yi J.
On poseRemarquons
que si X n’a que despoints doubles,
alorsCi (X)
= 0 pour i > 1 et on a donc toutsimplement H1 (X)
=ZI (X) := Kerd1
cCl (X).
PROPOSITION 4. Une courbe X sur k est contractile si et seulement
si H1(X) = 0.
On
peut
bien sûrsupposer X
connexe. La condition est clairement nécessaire et pour montrerqu’elle
estruffisante,
onprocède
par récur-rence sur le nombre de
composantes
irréducibles. Pourcela,
nous allons d’abord montrer que si X n’est pasirréducible,
il existe au moins unecomposante
irréductible Yqui
rencontre l’union X’ des autres compo- santes en un seulpoint. Supposons
le contraire. Comme l’ensemble descomposantes
irréductibles est fini et que X est connexe, onpeut
trou-ver une suite finie
Yi , Y2 ,
... ,Yn
avec n > 1 decomposantes
irréducti-bles distinctes de X et des
points
... , xn distincts de X tels que + eYi n Yi
+ 1 mod n Il est alors clair que si on choisit despoints y2 et zi
deYi
au dessusde xi
modn,respectivement,
alors 1 définit unélément non nul de
Hl (X).
On
peut
donc écrire X = X’ U Y avec Yirréductible,
et donccontrac-
tile par
récurrence,
L’inclusiond (X’ ) 4.ad (X)
est alors clairement uneéquivalence d’homotopie
et X’ est connexe. Par récur-rence, on
peut
donc supposer X irréductible. Montrons alors que X est unibranche:sinon,
onpourrait
trouver deuxpoints distincts y
et z deX
au dessus d’un même
point x
de X et la classe de[y, z]
dansH1 (X)
se- rait non nulle. Il est alors clair que est contractile.Soit K un corps
ultramétrique complet algébriquement
clos de corps résiduel k. Si V est une variétéanalytique rigide
connexe surK,
P. Ul-rich définit dans
[U]
le groupefondamental (V)
de V et sonpremier
groupe
d’homologie Hl (V).
Il considère pourchaque
recouvrement ad-missible C:= {Vi}
deV,
lecomplexe
d’intersection desVi
et pose( V) := lim :TC 1
etHl (V) :=
limHl (J c)
si bien queHl (V)
est l’abé- liànisé On dit que Vest simplement
connexe si = 0.Lorsque
V n’est pas connexe, nous dirons par commodité que V est sim-plement
connexe si sescomposantes
connexes le sont.Remarquons
que l’onpeut
aussi étendre la définition de par additivité au cas non connexe. Si A est un groupe abélien etH* (V, A ) désigne
comme d’ha-bitude la
cohomologie
du faisceau constantA,
on atoujours Hl (V, A) =
= Hom (H1(V), A).
Nous dirons
qu’une
variétéanalytique rigide (quasi-compacte
etquasi-séparée)
a bonne rèduction si ellepossède
un modèle formel lis-se. La seconde
partie
de laproposition
suivantegénéralise l’exemple
3.1de [vdP].
PROPOSITION 5. Soit C une courbe
projective
nonsingulière
sur Ket V un ouvert admissible de
C’9.
Pour que V soitsimplement
connexe,il
faut
etsuffit
queZ)
= 0 et c’est le cas siCrig
a bonneréduction.
La condition est clairement nécessaire. Montrons
qu’elle
est suffi-sante et
qu’elle
est satisfaite siCrig
a bonne réduction. Onpeut
supposer V connexe et comme Vpossède
un recouvrement admissible croissant par des ouvertsquasi-compacts,
onpeut
aussi supposer Vquasi-com- pact.
On se donne alors un recouvrementadmissible C:= {Vi}
de V.Quitte
à raffiner cerecouvrement,
onpeut
supposer que lesVi
sont ennombre
fini, quasi-compacts
et connexes. Onpeut
alors trouver un mo-dèle formel de C et des ouverts a,
aj
de X’ tels que a =U aj
etVi
==
(voir
parexemple [LS, 3.1]). Quitte
à modifier ~C, onpeut
supposer que la fibrespéciale X
de ~C est réduite avec pour seulessingularités
des
points
doubles ordinaires(voir
parexemple [L.S., 3.3.7]). Alors,
sil’on
désigne
par U(resp. Ui )
la fibrespéciale
deaj ,
onpeut, quitte
àraffiner le
recouvrement,
supposer que lecomplexe
d’intersection de{
est ungraphe
et il en va donc de même de4 e .
On sait alors queHl (L1 e)
est libre de rang fini et que siH1 (L1 e)
=0,
alors4 e
estsimple-
ment connexe. On voit donc que V est
simplement
connexe siH1 (V, Z)
= 0.Lorsque Crig
a bonneréduction,
onpeut
supposer que x est obtenu en modifiant un modèle formel lisse deCris
et il résulte donc de laproposition
3.3.6 de[LS]
et de laproposition
4 que X est contracti-le. Il en va donc de même de U et il est alors clair que
4 e
estsimple-
ment connexe. Il suit que V aussi est
simplement
connexe.Le même genre
d’argument permet
de retrouver le fait[U],
Exem-ple 2.12)
que ,~1(et
donc aussiH1
est un groupe libre. D’au- trepart,
on déduit despropositions
3 et 4 etde ([L.S.], 6.1.3),
le résultat suivant.COROLLAIRE. modéle
formel géométriquement
réduitd’une courbe
projective
nonsingulière
C et X safibre spéciale.
Siest
simplement
connexe alors X est contractiLe et Laréciproque
estvraie si les
singularités
de X sont ordinaires. Enfait,
sous cette der-nière
hypothèse,
on atoujours Hl (X)
=Hl (Cr’g). a
6.
Description
del’intégration
sur les formesrigides.
Nous allons décrire
l’accouplement d’intégration
entre et(X/Cp) (second
corollaire de laproposition 1) lorsque X
est une ré-duction à
singularités
ordinaires d’une courbeprojective
nonsingulière
C sur
Cp.
Soit donc C une courbe
projective
nonsingulière
surCep.
On ditqu’un
ouvert W deC’g
est sans bord ou béant si soncomplémentaire
estun ouvert
quasi-compact
deC"9.
On choisit maintenant un modèle for- melplat
etgéométriquement
réduit X de C dont on note X la fibrespé-
ciale. On
rappelle
que si Z est un fermé deX,
alors]Z[ désigne
le tubeouvert de rayon 1 de Z dans
C"’9. Localement,
si Z =Vi, fi (X-)
=0},
alors
IZ[ = f x, Vi, 1 1}.
Il est clair que]Z[
est un ouvert sansbord de
Crig
et que celui-ci estquasi-Stein lorsque
Z est affine. De mê- me, pour E1,
ondésignera
par[Z],
le tube fermé de rayon e de Z dansCrig qui
est localement défini par[Z], = lx, Vi, E) 1. Rappe-
lons enfin
qu’un point
fermé x de X est unpoint singulier
ordinaire(resp.
unpoint
doubleordinaire,
resp. unpoint
nonsingulier)
de X si etseulement si
]x[
estisomorphe
à un ouvert deP1rigCp (resp.
une couronne,resp. un
disque).
Il résulte donc de laproposition
5 que si Z est un ensemble fini depoints
ordinaires deX,
alors]Z[
estsimplement
connexe.
Précisons un peu la situation dans le cas d’un
point
nonsingulier x
de X. Il existe un
voisinage
ouvert a de x dans ~C et unmorphisme
étalePl qui
envoie x surl’origine
dans Cetteapplication
induit unisomorphisme
entre]x[
etD( o, 1- )
que nous utiliserons pourplonger ]x[
dansP’ "9.
CP Nous noteronsDx :=
C.- et p si bienque
]x[
et forment un recouvrement(admissible)
deplcrig
par des ouverts sans bord et leur intersectionRx
est une couronne sansbord.
_
En
général,
onpeut toujours
trouver un relèvement5C
de X et unecourbe
projective
nonsingulière e
surCp
tels que5C
soit un modèlepour On choisit alors un ouvert affine lisse U dense dans X de com-
plémentaire
Z et on note V’ lecomplémentaire
de[Z],
dansCrig.
C’estun ouvert sans bord
quasi-Stein
deCrig.
Si Z est lecomplémentaire
deU dans X et V~ le
complémentaire
de dans on sait(voir
parexemple [LS], 3.4.6)
quel’isomorphisme
U = U seprolonge
en un iso-morphisme
V~ V’ pour E suffisammentproche
de 1. Enparticulier,
ilrésulte de la
proposition
5 que V’ estsimplement
connexe.Remarquons
enfin que l’intersection Re de
]Z[
et ve estisomorphe
à l’uniondisjointe
des couronnes
R’
pour y E Z.Soit A un groupe abélien. Comme
V’, IZ[
et Re = vefl ]Z[
sont sim-plement
connexes, onpeut toujours
calculerH1(Crig, A )
à laCech
enutilisant le Autrement
dit, Hl (Crig, A)
est lepremier
groupe decohomologie
ducomplexe
D’autre
part,
nous avons,lorsque
lessingularités
de X sont ordi-naires,
unaccouplement parfait
entre etZ).
Celui ciadmet la
description
suivante(voir [LS], 6.2):
siA),
on écrit. On pose alors et on défi- nit ensuite additivement
application
pour tout y E
Ci (X).
On obtient ainsi unequi
induit notreaccouplement
encohomologie lorsque
A = Z. Remar-quons en
particulier
que si ae r( ]Z[, A)
our(V , A)
et si y eZI (X),
alors
Avant de
poursuivre,
il est nécessaire derappeler quelques
cons-tructions en
cohomologie rigide.
Pardéfinition,
estl’hyper- cohomologie
ducomplexe où j parcourt
les inclusionsve’
4 VE pour ~’ > E. Enfait,
commeCrig
estquasi-compact,
on acar Comme V’ est
quasi-Stein,
on voit donc que est lacohomologie
ducomplexe
Venons en maintenant à Par
définition,
c’estl’hypercoho- mologie
ducomplexe
associé aubicomplexe QZe
où i: RE 4 VEdésigne
l’inclusioncanonique.
Comme VE et R E sontquasi-Stein,
on voitque est la
cohomologie
ducomplexe
Remarquons
aussi que comme V’ et]Z[
sontquasi-Stein, H3R ( C)
est lacohomologie
ducomplexe
On a donc une
interprétation
évidente des flèches decospécialisa-
tion et de
spécialisation HdR (C)
-~(UICP)
en termes de
cocycles.
Enparticulier,
comme onpeut
identifieravec
l’image
de lacospécialisation,
on obtient unedescrip-
tion à la Cech de cet espace. En
fait,
onpeut
voir que le noyau de la flè- che(surjective)
decospécialisation (X/Cp )
est en-gendré
par lescocycles
de la forme(0,
oùaer(]Z[, Cp ).
Comme X est de
type
fini surl~p
etque Z
estfini,
onpeut toujours
trouver q = p8 et Xo
surlF9
tels que lespoints
de Z soientFq-rationnels
et que X =
Xo ~q lFp .
On note F lapuissance
s-ième du Frobenius surXo
et on
désigne
par la même lettre son extension à X. On sait(voir
parexemple [LS], 3.4.6), qu’il
existepour
suffisammentproche
de1,
unmorphisme
F:V
~ V~ dont la restriction à] U[
relève le Frobenius de U. Onpeut
aussi supposer que c R £(voir [C2], 2.2, théorème, (i)).
En
fait,
on demandera non seulement que F soit défini surVE’
mais que tous ses itérésjusqu’a
un certain rang(la
dimension dele soient. Dans ce
qui suit,
onnotera X
lepolynôme caractéristique
de F * sur Grâce à
l’interpretation rigide
de la fonctionzêta ([E-LS1], 6.3),
il résulte del’hypothèse
de Riemann pour lescour-
bes ([W]),
que 1 n’est pas une valeur propre de F * sur et on a doncx( 1 ) ~
0.Avec la
description
ci dessus de on voit que si W E Er(VI, Q c 1 ),
onpeut
écrirex(F* )(cc~) = dg
avec g EF(VE’ , (9).
Si onse donne en
plus
tel que alorsdg IRE’
==
X(F* )(W)IRE
= et on a doncx(F* )( f )
+ a avec a Eep).
On pose alors pourSi on
remplace g
parg + b,
avec alors onajoute
Or
puisque
y EZI (X)
et b E on saitque bIR£’
= 0. On voit doncque (w, f )
nedépend
pas du choixde g
ety y
on a donc une
application
bien définie. On obtient donc un
accouplement
lPar
construction,
celui cirespecte
l’action de Frobenius suret
prolonge l’accouplement canonique
entre etZ).
Onretrouve donc bien
l’accouplement
du second corollaire de laproposi-
tion 1.
7.
L’isomorphisme
deHyodo-Kato.
On conserve les
hypothèses
et notations duparagraphe précédent
et on va montrer que
l’isomorphisme
duparagraphe
5 se relève en unisomorphisme d’espace
vectoriels filtrésD(X)
=compatible
avec la dualité de Poincaré etqui prolonge
l’inclusionHlig (XICP) 4 HJR (C).
Pourcela,
on va co-nstruire un
accouplement
entre etqui
étend l’ac-couplement d’intégration
entreHl (X)
etHJg (x/ep).
On fixe unebranche du
logarithme p-adique
que l’on noteLog.
Onpeut prendre
par
exemple log ( p)
= 0.Lorsque
X a pour seulessingularités
despoints
doubles ordinaireset que U est le lieu non
singulier de X,
la situation estplus simple.
Dansce cas,
]Z[
est alors une uniondisjointe
de couronnes. Si W EQu),
on
peut toujours
écrireX(F*)(w) = dg
avec g(~).
D’autrepart,
si q E
T ( ]Z[, S~ C ),
onpeut écrire q
= dh avec h =hl
+ oùhl
ee r(]Z[, 0), h2 E r(]Z[, n" )
et k ET(]Z[, Cp ).
Si on se donne enplus f E
E
o)
tel que IRE Il Re +d f,
on a doncgrâce
au lemme 2.4 de[Cl],
avec
Cp )
et on pose pour y EE
Zl (X),
Il faut vérifier que cette définition ne
dépend
pas du choixde g (resp.
h).
Cela revient àremplacer g
par g + b avec bCp )
ou,toujours grâce
au lemme 2.4 de[Cl],
h par h + c avec c er(]Z[,
On conclutalors comme dans le cas de
Hrig (X/Cp )
et on obtient donc bien uneapplication
qui
nous donne unaccouplement
prolongeant l’accouplement d’intégration
entre etSi l’on veut décrire cet
accouplement lorsque
lessingularités
de Xsont des
points multiples
ordinaires mais pas nécessairement despoints doubles,
il faut utiliserl’intégration
à la Coleman surplcrig.
Celui ci amontré dans la fin du
paragraphe
5 de[Cl]
que si S est un ouvert sansbord de p on
peut
construire un module à connexion( ns , d)
sur Squi
contient«9s, d)
et satisfait lespropriété
suivante:i)
si ú) E il existef E (~ )
telle que etü)
est telle qued f = 0,
alorsOn
peut
donctoujours trouver,
un h E1(IZ[, éF >
tel que 1 = dh et étendre ainsi la construction ci dessus au cas où lessingularités
de X ne sont pas nécessairement despoints
doubles.
En
fait,
lestechniques d’integration plus générales
de R. Colemanpermettent
de décrire notrel’accouplement directement,
sans utiliserle Frobenius
(en fait,
il est caché dans sesconstructions).
Soit W un ou-vert
simplement
connexe sans bord de et le faisceau des fon- ctions localementanalytiques
sur W.Alors,
Coleman aannoncé,
et qua- siment démontrédans [C2], qu’il
existe uneunique application
linéairefonctorielle en telle que
i)
si W Er(W, =/modr(W,
alors etü) dt/t
=log t mod Cp
surOn
peut
alors décrire notreaccouplement
de manièreparticulière-
ment
élégante:
soienttels que (J) IRE = R +
d f.
Comme V~ et]Z[
sont des ouverts sans bordsimplement
connexes, onpeut
écriremodr(]Z[,
On a doncpour tout y E
ZI (X).
Le reste suit comme d’habi- tude.Remarquons
que c’est en utilisant la même méthode que R. Cole-man décrit l’action de Frobenius sur
HdR (C)
dans[C3].
Voici enfin comment on relève
l’isomorphisme
== Gr HdR ( C)
en unisomorphisme
Comme onveut que celui ci soit
compatible
avec la dualité de Poincaré et les filtra- tions etqu’il prolonge
l’inclusion4 HJR (C),
il revient aumême de décrire un
scindage canonique
de la suite exacteet celui ci est
induit,
en utilisant la dualité dePoincaré,
par notre accou-plement d’integration
entre et Enparticulier,
on voitque
HdR (C)
est muni partransport
de structure d’une action deFrobenius.
8. La monodromie.
Nous
gardons
leshypothèses précédentes
et nous allons définir l’o-pérateur
de monodromie N sur associé à un modèle àsingulari-
tés ordinaires ~C. Celui ci sera induit par un
produit
scalaire surHl (X)
àvaleurs
dans !
, c’est à dire unaccouplement symétrique Hl (X)
xx
1
tel quey . y 1
siy ~ 0.
Ici encore,
lorsque
lessingularités
de X sont despoints
doubles or-dinaires et que U est le lieu non
singulier
deX,
la situation estparticu-
lièrement