M. de REVIERS
INRA Station de Recherches Avicoles 37380
Nouzilly
Effets
du rationnement alimentaire
chez le coq de type chair
Interactions
avecla durée
quotidienne d’éclairement
La sélection
surla vitesse de croissance et la conformation des espèces
avicoles productrices de viande
en afait des animaux qui seraient incapables de bien
sereproduire, voire même de survivre à l’âge adulte,
s’ils
nefaisaient l’objet de restrictions alimentaires suffisamment sévères.
Le problème est alors de savoir quoi rationner, à quel taux, à partir de quel âge et pendant combien de temps, compte tenu des interactions possibles
entre le mode de rationnement et d’autres facteurs,
enparticulier
l’éclairement quotidien.
Les travaux sur l’alimentation des coqs
reproducteurs
sont peunombreux, comparés
à la très abondante littérature concernant lespoules productrices
d’oeufs de consommation.Une
opinion longtemps répandue
voulait quece
qui
était bon pour lespoules
le fût aussipour les coqs. Ces derniers étaient donc nourris ad libitum avec un aliment titrant environ 2 800 kcal
EM/kg
et 17 % de MAT etplus.
Iln’y
a pourtant pas de commune mesure entre les
exportations d’énergie
et deprotéines
suivantqu’il s’agit
deproduction
d’oeufs ou de sperme.Les besoins alimentaires du coq
reproduc-
teur sont donc mal connus. Ils sont à vrai dire
particulièrement
difficiles à déterminer s’il y areproduction naturelle,
modeprincipal
d’utili-sation des coqs
(97
% de l’effectifnational).
Dans ce cas, ils sont donc le
plus
souventpla-
cés par centaines
parmi
des milliers depoules.
Il n’est donc pas
possible
d’en connaître ni d’encontrôler la consommation alimentaire indivi- duelle ou les
performances
dereproduction.
Ladétermination des besoins alimentaires pour- rait alors être raisonnée à l’échelon des groupes
d’animaux,
s’il étaitpossible
d’alimenter les coqsséparément
despoules.
Ce n’est pas tou-jours
réalisable et on ne le fait quedepuis
peu dans lapratique (MacDaniel 1986)
La nécessité d’une alimentation
séparée
existe encore dans le cas où les coqs sont
pla-
cés en parquets individuels avec une dizaine de
poules.
Ce mode d’utilisation des coqs, retenuRésumé
_________________________La tendance des coqs
reproducteurs
detype
chair àprendre trop
depoids
àl’âge
adulte doit être
corrigée
par le rationnement de l’aliment pourqu’ils puissent exprimer
leurpotentiel
dereproduction
et le faire dans des conditions économi- ques.Appliqué pendant
la seulepériode adulte,
ce rationnement nepermet
que diffici- lement decorriger
les effets d’unrégime
trop libéralpendant
la croissance car il peut provoquer une diminutionrapide
etimportante
de laproduction
des sper- matozoïdes.Le rationnement utilisé
pendant
la seulepériode
de croissancepeut
induire untrès
important
retard de maturité sexuelle. Iln’empêche
pas larécupération rapide
d’une forteproduction
despermatozoïdes après
retour à une alimentation libérale. Mais celle-ci conduit les coqs à surconsommer et àrécupérer
unpoids
vif très élevé.Il faut donc les rationner leur vie
durant,
cequi
estpossible
même dans le cas dela
reproduction naturelle, grâce
à l’alimentationséparée
des mâles et des femelles. L’utilisation dejours
croissantspendant
lapériode
16-22 semainesd’âge
permet de limiter le retard de maturité sexuelle etsynchronise
le démar-rage de la
production spermatique.
Mais le maintien ultérieur des coqs enjours longs
induit un déclinrapide
etimportant
de cetteproduction.
Ce déclin ne se
produit
pas, ou a lieuplus lentement,
si les coqs rationnés sont maintenus toute leur vie enjours
courts. Leurproduction
despermatozoïdes
estalors
tardive,
mais se maintient à un niveau élevé s’ils sont rationnés dès le trèsjeune âge ;
elle estplus précoce,
mais reste à un niveau moinsimportant,
si lerationnement n’a lieu
qu’à partir
de 6 semainesd’âge.
Ces résultats sont
particulièrement
intéressants en vue de l’insémination artifi- cielle car ils peuventpermettre
de limiter à 1 % laproportion
des coqs d’un trou- peaureproducteur
et parconséquent
de n’utiliser que ceux lesplus
aptes à trans-mettre à leur descendance vitesse de croissance et bonne conformation.
pour la
sélection,
a l’inconvénient d’être coû- teux et lourd àgérer
et donne des taux de fécondationhétérogènes,
en moyenne infé- rieurs à ceux obtenus enreproduction
collec-tive. C’est
pourquoi
il n’est pas retenu au niveau de lamultiplication
ou des croisements terminaux.Aussi, la solution
adoptée
dans laplupart
desexpériences qui
suivent est de maintenir lescoqs en cages individuelles. Son avantage incontestable est de
pouvoir
contrôlerrigoureu-
sement les
quantités
d’aliment consommées et,en fonction de ces
quantités
ou du type d’ali- ment, de faciliter la détermination des varia- tions éventuelles du nombre et de laqualité
desspermatozoïdes
récoltés. Les collectes de sperme doivent être faites de manière à ce que le nombre et laqualité
desspermatozoïdes
récoltés
puissent
refléter lescaractéristiques
de laproduction
testiculaire. Ces collectes doivent être suffisammentfréquentes (une
fois parjour,
tableau1),
condition trop souvent mal respec-tée, surtout dans les
expériences
un peu anciennes.L’estimation de la fécondance des
spermato-
zoïdes récoltés estpossible
par insémination artificielle faite dans des conditions bien stan- dardisées(doses
despermatozoïdes, fréquence
et heure des inséminations, cf Brillard et de Reviers
1989)
à condition d’utiliser de nom-breuses
poules
pourchaque
échantillon de sperme. D’autres tests dequalité peuvent
être effectués in vitro(mobilité
massale ou indivi-duelle,
durée de survie desspermatozoïdes,
tests
enzymatiques
oumétaboliques)
mais ilsne sont pas suffisamment
pertinents
vis à vis des variations de la fécondance desspermato-
zoïdes.Par
ailleurs,
le confinement des coqs dans les cages individuelles diminue leursdépenses énergétiques
d’environ 10 %. Leprincipal
inconvénient de ce mode
d’élevage
estqu’il
nepermet pas d’évaluer
plusieurs
aspectsimpor-
tants de
l’aptitude
à lareproduction
tels que larépartition
descochages
dans le temps et dansl’espace (les
coqs sontplus
ou moinspoly-
games)
et l’efficacité de cescochages
en termesde nombres de
spermatozoïdes
mis enplace
dans les voies
génitales
femelles. Il y a doncquelques risques
àextrapoler
à des coqs sereproduisant
en liberté les résultatsacquis
encages individuelles. La claustration par elle- même n’est
peut-être
pas sans effet sur le déve-loppement
testiculaire et le maintien de cedéveloppement
àl’âge
adulte.Les résultats obtenus en cages individuelles ont
cependant
contribué dans unelarge
mesureà la
conception
desplans
de rationnement misen
place depuis
unevingtaine
d’années chez les coqsreproducteurs
de type chair. Cesplans
ont été faits pour tenter
d’enrayer
ladégrada-
tion du taux de fécondation des
oeufs,
observéedepuis
le début des années 70, et attribuée à la sélection sur la vitesse de croissance et la conformation des coqs. Des corrélationsnéga-
tives ont en effet été mises en évidence entre cette vitesse, le
poids
adulte ou l’étatd’engrais-
sement des coqs d’une
part,
et d’autrepart
leursperformances
dereproduction.
Ces der-nières se sont révélées de
plus
enplus
défi-cientes à mesure que les coqs
avançaient
enâge,
et parconséquent prenaient
dupoids, puisqu’ils
n’étaient pas rationnés ou pas suffi- samment.Différents moyens ont donc été utilisés pour tenter de limiter la consommation alimentaire : restriction de
l’abreuvement,
desjours
de dis- tribution del’aliment,
«skip-a-day
» enparti- culier,
ou dutemps
d’accès auxmangeoires.
Mais les coqs
apprennent
vite à consommerleur ration dans un temps record. C’est donc finalement la diminution des
quantités
d’ali-ment distribuées
quotidiennement,
de sateneur en
énergie,
enprotéines
ou en certainsacides aminés conditionnant
l’appétit (par exemple
lalysine) qui
est apparue laplus
effi-cace pour
endiguer
la boulimie des coqs Les essais lesplus
anciens se sont soldés parplusieurs
échecs vis à vis de la fertilité des coqs, faute d’avoirpris
en compte dans son ensemble la carrière desreproducteurs depuis
le
plus jeune âge.
Le rationnement alimentairea en effet été tenté d’abord
pendant
la seulepériode
adulte chez des coqspréalablement
nourris ad
libitum, puis pendant
la seulepériode
de croissance avec retour à une alimen- tation trop libérale àl’âge adulte,
et cela sanstenir suffisamment compte des interactions
possibles
entre le niveau nutritionnel et la durée d’éclairement.Après
unesynthèse bibliographique,
nousprésenterons
les résul-tats de nos propres essais pour élaborer un
plan intégré
de conduite des coqsreproducteurs.
1 / Rationnement alimentaire
pendant la seule période adulte
La
limitation,
même peu sévère(72
% del’ad
libitum),
de laquantité
d’alimentingérée
par des coqs adultes
préalablement
nourris àvolonté aboutit à une diminution
rapide (quel-
ques
semaines)
etimportante (50 %)
du nom-bre des
spermatozoïdes
récoltés(Coqs
RhodeIsland Red : Parker et Mac
Spadden, 1943).
Cette
diminution, plus
ou moinsmarquée
sui-vant les
individus,
survient bien avant celle dupoids corporel.
Si les restrictions alimentaires sont maintenues, il peut y avoir arrêtcomplet
de la
spermatogenèse
en 2 à 3 mois chez descoqs
n’ayant perdu qu’un
peuplus
de 15 % deleur
poids corporel
initial.L’effet des restrictions alimentaires s’exerce donc
prioritairement
sur laproduction
desperme alors que celle-ci ne
représente qu’une
très faible
exportation d’énergie
et de matièreazotées. Elles
agissent peut-être
sur le taux desynthèse
ou sur ladécharge
des hormonesgonadotropes,
comme cela a étéproposé
pour d’autresespèces.
S’il en est ainsi chez le coq, l’effetdépresseur
du rationnement alimentaire devraitpouvoir
êtrecompensé
par stimulation lumineuse. Cettehypothèse
est à la base de nostravaux les
plus
récents(cf expérience 3).
Au
plan nutritionnel,
l’effet défavorable du rationnement alimentaireglobal
sur laproduc-
tion de
spermatozoïdes provient beaucoup
dela restriction des
quantité d’énergie ingérée
que de celle desprotéines.
Ainsi Parker et Arscott(1964)
ont obtenu des résultats tout à fait com-parables
à ceuxqui
viennent d’êtrerapportés
en distribuant
pendant
3 mois à des coqs adultes WhiteLeghorn (de
typeléger),
nourrisad
libitum,
des aliments à teneurénergétique
réduite
(1 584
ou 2 068 kcalEM/kg
d’alimentau lieu de 2 553 chez les
témoins) :
au boutd’un mois, les coqs les
plus
sévèrement ration- nés(62
% del’énergie ingérée
par lestémoins)
avaient eux aussi,
perdu
16 % de leurpoids
vifmais 50 % de leur
production
de sperme ; cette dernière acomplètement
cessé au bout de 3mois, pour une perte de
poids corporel
de 30 %seulement.
A
l’opposé,
une restrictionprotéique,
mêmesévère
(aliment
à 6,9 % de MAT distribué adlibitum)
n’a passignificativement
diminué levolume des
éjaculats après
33 semaines chez des coqs de mêmeorigine génétique (Arscott
etParker
1963)
et a mêmeplutôt
amélioré le pou-voir fécondant du sperme mesuré par insémi- nation artificielle
(taux
de fécondntinn !!1) &dquo;aau lieu de 75 chez les témoins recevant un ali- ment à 17 % de
MAT).
Les coqs ainsi restreints ont consommé un peu moins d’aliment surl’ensemble de la
période expérimentale,
tout engardant
le mêmepoids corporel.
Il suffit donc
probablement
de couvrir lesbesoins d’entretien
protéique
eténergétique
pour maintenir à
l’optimum
la fertilité des coqs adultes. S’il en est bien ainsi, c’est en réduisant la croissance des coqsqu’il pourrait
êtrepossi-
ble d’en limiter la ration alimentaire àl’âge
adulte sans inconvénient pour leur fertilité.
Cette idée est à la base de nos
premiers
travaux(expérience 1).
Chez les coqs de type
chair,
une alimentation riche enprotéines (17
% deMAT)
n’améliore ni laquantité
ni laqualité
desspermatozoïdes
récoltés dans les
éjaculats,
et aplutôt
tendanceà les diminuer par
rapport
aux valeurs obser- vées chez des coqs nourris avec des alimentsisoénergétiques
àplus
faible teneurprotéique (11,
13 ou 15 % deMAT) (Saeid
et de Reviers1982 ).
La conclusion
qui
sedégage
est donc enfaveur de taux
protéique
alimentaires modérés(13-15
% deMAT)
ou restreints(7-11 %),
endépit
des résultats contradictoires de Gleichauf(1970).
Selonlui,
eneffet,
la diminution des tauxprotéiques
alimentaires conduiraitrapide-
ment à une
dégradation
de laproduction
desperme chez les coqs de type chair.
L’origine
decette discordance n’est malheureusement pas clairement établie.
Quoi qu’il
en soit, le rationnement alimen- tairependant
la seulepériode
adulten’apporte
pas les moyens de
corriger
les effets d’unrégime
trop libéralpendant
la croissance,puis- qu’il
neparaît
paspossible
de faireperdre
suffi-samment de
poids
à des coqs adultes sans faire diminuer en mêmetemps
leurproduction
despermatozoïdes.
2 / Rationnement alimentaire
pendant la seule période
de croissance
Alors que la consommation alimentaire des coqs adultes n’est que peu modifiée par le taux
protéique
de la ration(Parker
et Arscott1963),
celle du
jeune
en croissance est diminuée lors- que l’aliment est pauvre en matières azotées, certains acides aminésindispensables,
enparti-
culier lalysine,
étant limitants del’appétit.
Il y a donc là à la fois une facilité pour l’éle- vage des coqs,
puisque
la diminution du tauxprotéique
de la ration les conduit à s’autora- tionnerpendant
lespremières
semainesqui
suivent
l’éclosion,
et une difficultéexpérimen-
tale s’il
sagit
de dissocier l’effet propre des res-trictions
protéiques
de celui du rationnement alimentaireglobal.
Ce
type
de rationnement,quand
il retarde suffisamment la croissancecorporelle,
peut dif-Un rationnement t
énergétique
sévèrependant la seule période adulte
entraîne une
diminution du poids
des
coqs mais aussi de leurproduction
de sperme. Pour une
perte
depoids
de30
%,
laproduction peut
cessercomplètement.
t.Le rationnement t des coqs doit être
poursuivi au-delà
de la
période
de
croissance,
leretour à une
alimentation libérale
entraînant unesurconsommation et
une
reprise
depoids
très
importantes.
férer d’autant le
développement
testiculaire(Breneman 1940).
Cela a d’abord été considérécomme de mauvais augure pour la fertilité des coqs adultes restreints
pendant
lejeune âge.
Aussi n’est-ce que 25 ans
plus
tardqu’il
a étéétabli par Wilson et al
(1965)
que, mêmeaprès
une limitation extrêmement sévère de leur croissance
(poids
vif maintenu entre 800 et 850 g de 9 à 23 semainesd’âge
par réduction à 4,5 ou5 % de la teneur de l’aliment en
MAT),
descoqs White
Leghorn
peuvent non seulement survivre mais encorerécupérer
en moins de 6semaines une
production
de sperme apparem- ment normale s’ils sont ensuite nourris ad libi- tum avec un aliment à 17 % de MAT àpartir
de23 semaines
d’âge.
Cette
récupération,
et celle dupoids
testicu-laire
(Jones
et al1967)
sont doncplus rapides (quelques semaines)
que celle dupoids
corpo- rel(plusieurs mois).
Celapeut
être dû à descinétiques
dedéveloppement différentes,
maissans doute faut-il voir encore ici des effets
spé- cifiques
de laréplétion
alimentaireaprès
rationnement sur le taux de
synthèse
ou dedécharge
des hormonesgonadotropes.
Cepoint
serait d’autant
plus
intéressant à élucider auplan
des « mécanismes» physiologiques
queles coqs restreints,
puis
nourris à volonté avaient, à 40 semainesd’âge,
unpoids
testicu-laire moyen très
supérieur (11,8 -
16,5g)
àcelui des témoins de même
âge (5,8 g)
nourristoute leur vie ad
libitum,
contrairement à cequi
était observé àl’âge
de 30 semaines(Jones
et al
1967).
Il y a donc eurécupération
durable dupoids
testiculaire chez lespremiers
etrégression
testiculaire chez les seconds.Les coqs de type chair ont apparemment les mêmes
possibilités
derécupération
dans des conditions de rationnementcomparables (Wil-
son et al
1971) :
nourris avec un aliment à 5 %de MAT de 7 à 22 semaines
d’âge, puis
avec unautre aliment à 17
%,
ces coqs ont étécapables
de
produire
autant de sperme dans leurséjacu-
lats que les témoins dès la 26! semaine
d’âge,
donc un mois seulement
après
arrêt du ration-nement. La
récupération
a été encoreplus rapide (15 j) après
un rationnement moins sévère(8,9
% MATpendant
la mêmepériode d’âge).
Ce rationnement avait été étudié pour retar- der la maturité sexuelle de coqs de
remplace-
ment destinés à être utilisés comme
reproduc-
teurs à
partir
de la 45’ semained’âge.
Wilson etal
(1971)
ne semblent pas avoir eu l’idée d’en faire une méthoded’élevage
de routine pour coqs utilisés àpartir
del’âge
habituel du début dereproduction (22 -
26semaines).
Il restait d’ailleurs un doute sur
l’âge
àpartir duquel
des coqs ainsi rationnéspouvaient
êtreeffectivement utilisés intensivement pour la
reproduction
car leur sperme n’avait été col- lectéqu’une
fois par mois, cequi
nepermet
pasune estimation correcte de la
production
sper-matique.
En effet des coqs neproduisant
que peu despermatozoïdes peuvent
néanmoins en donner unequantité importante
dans leurséja-
culats s’ils sont peu souventrécoltés, grâce
à la fonction de mise en réserve des canaux défé- rents(de
Reviers1972).
3 / Rationnement alimentaire maintenu depuis le jeune âge jusqu’à fin de la période
d’utilisation des reproducteurs
Le retour à une alimentation libérale à
partir
du 5&dquo; moisd’âge
aprovoqué,
dansl’expé-
rience de Wilson et al
(1971),
uneprise
depoids
trèsimportante pouvant dépasser
2,5kg pendant
les 8 mois suivants.D’après
nos pro- presobservations,
cetteprise
depoids
est bienplus rapide
chez des coqs dont la restriction de consommation est nonplus spontanée (faible
taux
protéique
de laration),
maisimposée
parl’expérimentateur :
l’arrêt du rationnement est alors suivi d’uneincroyable
boulimie des coqs,qui
peuvent consommer à 6 moisd’âge plus
dudouble de la
quantité
d’alimentingérée
par des témoins non rationnés.L’alourdissement des coqs
s’accompagne
par ailleurs souvent de déformations desaplombs
et de
problèmes
articulairesmajeurs,
surtout s’il y aélevage
en cages. Avant même que ces anomaliesn’apparaissent,
ilpeut
y avoir dimi- nution d’activité sexuelle enreproduction
natu-relle,
et des difficultés de récolte de sperme liées à l’étatd’engraissement
des coqs lesplus
lourds.
Ces faits sont autant
d’arguments
en faveur dumaintien d’un rationnement alimentaire pen- dant la
période
adulte. Les déboires antérieursde Parker et
MacSpadden (1943)
et de Arscottet Parker
(1963)
en ont sans doute retardél’ap- plication puisque, d’après
leursrésultats,
lerationnement
énergétique
entraîne une dimi-nution de la
production
de sperme, et le seul rationnementprotéique n’empêche
pas laprise
depoids.
Pendant la croissance, il y a deplus
retard de maturité sexuelle des coqs s’ils sont
trop sévèrement rationnés.
Les différentes
expériences
réaliséesdepuis
1973 à la Station INRA de Recherches Avicoles
ont contribué à franchir ces différents obsta- cles. Dans ce
qui
suit, ils’agit uniquement
decoqs lourds de
type
chair élevés collectivementau sol
jusqu’à
16 semainesd’âge, puis placés
en cages individuelles avec contrôle de la durée d’éclairement.
4 / Résultats expérimentaux
4.
1 / Suppression
de la surconsommation alimentaire à l’arrêt du rationnement
Le
premier plan
de rationnement(de
Revierset al
1973)
doitbeaucoup
aux résultats deLeclercq
et al(1970),
obtenus sur despoules reproductrices
detype
chair.L’objectif
de cerationnement était de limiter le
plus possible
lataille adulte des coqs, et par
conséquent
leurs besoinsd’entretien,
par des restrictions trèspré-
coces
(dès
2 semainesd’âge
au lieu de 7 ou 9dans le cas des auteurs
précédents)
et trèssévères
(50
% de la consommation des témoins adlibitum).
Elles ont été maintenuesjusqu’à l’âge
habituel dudémarrage
de laphase rapide
du
développement
testiculaire(16
semaines, deReviers
1973), puis
levées trèsprogressivement
de manière à éviter un tropgrand
retard dematurité sexuelle
(figure 1).
La surconsomma-tion
post-rationnement
a étésupprimée
en dis-tribuant les mêmes
quantités
d’aliment que celles consommées par les témoins contempo- rains nourris ad libitum.Les coqs de cette
expérience
ont été mainte-nus toute leur vie sous une durée
quotidienne
d’éclairement de 12 heures. La
figure
2 montrepar ailleurs que ces derniers ont
récupéré
à 40semaines
d’âge
le mêmepoids
vif que les témoins. Il ne suffit donc pas desupprimer
lasurconsommation
post-rationnement
de coqs restreintspendant
la croissance pour en dimi-nuer le
poids
adulte. Parrapport
à l’alimenta- tion àvolonté,
le rationnement a limité le déve-loppement
testiculaire dans uneproportion comparable
à celle observée pour lepoids
cor-porel jusqu’à l’âge
de 24 semaines. Il y a euensuite diminution du
poids
testiculaire chez les témoins(-30
% en 16semaines)
mais pas chez les restreints, tout au moinsjusqu’à l’âge
de 40 semaines.
Cette
réponse
peut être laconséquence
d’uneinteraction entre le programme d’éclairement
adopté (12
h d’éclairementquotidien
toute lavie)
et le niveau nutritionnel : chez les témoins nourris adlibitum,
laphotopériode
chdisie apeut-être
trop fortement stimulé ledéveloppe-
ment testiculaire alors
qu’elle
a sans doutecompensé
enpartie
les effets du rationnement chez les coqs restreints.En
reproduction naturelle,
des coqsd’origine génétique comparable
et rationnés de la mêmemanière
pendant
la croissance ont donné des résultats de fécondationplus
élevés etplus
lll lldl)
[&dquo;&dquo; ym li;; tumoms nourris à volonté
(figure 3).
Comme lesperformances
de repro- duction des coqs restreints ont été en fait amé-liorées dès leur mise en
présence
despoules,
ce type de rationnement s’estlargement répandu
dans la
pratique,
aupoint
defigurer,
àquel-
ques variantes
près,
dans lesguides d’élevage
fournis par la
plupart
des sélectionneurs.D’après
cequi précède,
ce résultat peut être relié à une meilleurepersistance
de laproduc-
tion de
spermatozoïdes
chez les coqs restreints.Compte
tenu de leurs meilleuresperformances
dès le début de la
période
dereproduction,
onpouvait
penserqu’ils
avaient aussi une activité sexuelleplus importante.
Cettehypothèse
vientd’être confirmée par Blockhuis et Van der Haar
(1988) qui
ontobservé,
chez des coqsâgés
de55 à 58 semaines, une
fréquence
decochage
presque double
(0,54
ou 0,92 par test de 12minutes)
suivant que ces coqs avaient étéplus
ou moins rationnés les mois
précédents.
4.z / Rationnement sévère maintenu
pendant l’âge adulte
Dans cette
expérience
conduite avec Brillarden 1982 sur coqs ISA 177, il n’était
plus possi-
ble de maintenir,parallèlement
aux coqs res-treints, des témoins nourris ad libitum : leur alourdissement
rapide
les aurait en effet rendusincapables
de survivre en cages dans de bonnesconditions et en aurait fait de faux témoins.
Préalablement à cette
expérience
nous avions d’abord recherché laquantité
d’alimentjourna-
lière
permettant
de maintenir constant lepoids
moyen des coqs rationnés
pendant
lespremières
semaines de leur vie adulte. Cette
quantité
a ététrouvée
égale
à 110g/coq/j
pour un aliment à2 800 kcal EM par
kg
et 15 % de MAT. Cela cor-respond
à la ration distribuée à 18 semainesd’âge
dans leplan
de rationnementproposé
par de Reviers et al(1973) ;
les coqs utilisés dans laprésente expérience
ont donc été astreints à nepas consommer
plus
de 110g/j
àpartir
de cetâge.
Dans ces
conditions,
il y avait unrisque important
de retarder la maturité sexuelle des coqs. C’estpourquoi
le programme d’éclaire-ment
adopté
a consisté en desjours
courts(8 h)
suivis de
jours
croissants(connus
par ailleurspour leur effet favorable sur la
précocité
dudéveloppement testiculaire ;
de Reviers1975) appliqués
entre 16 et 20 semainesd’âge (+
2 hpar
quinzaine)
et aboutissant à 14 h d’éclaire- mentquotidien
chez les adultes.Pour éviter
l’abattage
des coqs, leprincipal
critère de
reproduction
retenu ici était le nom-bre des
spermatozoïdes
récoltés dans des conditions tellesqu’il puisse
réfléter laproduc-
tion testiculaire de
spermatozoïdes.
Cesrécoltes ont donc été faites à une
fréquence
éle-vée
(une
parjour pendant
5jours
desuite)
àchaque âge
examiné,après
avoirpréalablement
soumis les coqs à 2
puis
3 récoltes hebdoma- daires.Dans ces
conditions,
le nombre despermato-
zoïdes récoltés estpassé
par un maximum auxenvirons de 26 semaines
d’âge (19
milliards par semaine et par coq,figure 4) puis
a diminuéensuite assez
rapidement (10 milliards/
/semaine/coq
à 55 semainesd’âge).
Le pro-gramme d’éclairement
adopté
a doncpermis
une
précocité
sexuelleacceptable,
mais auprix
d’unepersistance
deproduction
de spermato- zoïdes encore insuffisante.L’efficacité de la stimulation lumineuse induite par les
jours
croissants sur laprécocité
sexuelle est attestée par le fait que des coqs res-
treints et maintenus en
jours
courts(8 h)
ontleur
développement
testiculaire retardé et n’ar- rivent à maturité sexuelle que vers 32 semainesd’âge (de
Reviers 1978, nonpublié).
Il estpossi-
ble en revanche que cesjours
courts aient par la suite une influence favorable sur lapersis-
tance de la
production
despermatozoïdes puis- qu’ils
évitent larégression
testiculaire chez des coqs nourris ad libitum(de
Reviers1973)
alorsque celle-ci survient habituellement en
jours longs (précédés
ou non dejours croissants).
L’expérience qui
a suivi(paragraphe 4.3)
adonc eu notamment pour but de comparer deux programmes d’éclairement différents chez des coqs restreints.
La
figure
5, résultant d’uneanalyse
en com- posantesprincipales,
montre par ailleurs que chez les coqs de laprésente expérience,
le nombre desspermatozoïdes
récoltés en débutde
production,
d’abordpartiellement
corréléavec le
poids
vif des coqs restreintspendant
leur croissance, l’est de moins en moins à
mesure
qu’ils
avancent enâge puis
cesse de l’êtrependant
lapériode
adulte. Celapermet
depenser
qu’il
estpossible
de moduler dans une certaine mesure laprécocité
sexuelle des coqsen faisant varier leur vitesse de croissance par
un rationnement
plus
ou moinsprécoce,
touten
gardant
une marge de manoeuvreimportante
vis-à-vis de leur niveau de
production
de sper- matozoïdes àl’âge
adulte.4.
3 / Effets combinés du rationnement alimentaire et de la durée
quotidienne d’éclairement
L’essai le
plus récent,
conduit en 1988 chez des coqs ISA 199 avec FSeigneurin,
a donc misen oeuvre deux programmes
d’éclairement,
fai-sant
appel
l’un à desjours
croissant de 8 à 16 heures entre 14 et 22 semainesd’âge (+
2 h parquinzaine),
l’autre à desjours
courts(8 heures)
toute la vie . Ces programmes ont été combinés factoriellement avec deux
âges
de début de rationnement(2
ou 6semaines)
et deux tauxprotéiques
alimentaires àpartir
de la 6ème semained’âge (11
ou 15 % de MAT, 2 800 kcalEM par
kg d’aliment)
de manière à faire varierlargement
la croissancecorporelle
des coqs. Laquantité
d’aliments distribuée a été limitée à 110g/j
àpartir
de 18 semainesd’âge
etréajus-
tée par la suite à ± 5 g
près
de matière àcontrôler la
prise
depoids
des coqs.La
figure
6indique
dansquelle
mesure lesobjectifs
depoids
ont été atteints : commeattendu,
le facteurprimaire
de variation de la croissance a étél’âge
de début de rationne- ment, le tauxprotéique
de la ration n’interve- nant que secondairement. Leréajustement
à5 g
près
desquantités
d’aliments distribuées aeffectivement
permis
de contenir lepoids
moyen des coqs
adultes,
ycompris
chez ceuxrationnés à
partir
del’âge
leplus tardif,
maisnon sans de fortes variations individuelles.
Figure
5.Analyse
encomposantes principales (n
= 167coqs)
des vecteursreprésentant
lespoids
vifs mesurés de 7 à 40 semainesd’âge (P7
à
P40)
ou les nombres despermatozoïdes
récol-tés de 22 à 55 semaines
d’âge. (N
22 à N55).
Sur un tel diagramme (plan défini par les deux premiers
axes factoriels totalisant 66 % de l’inertie du nuage de points), des vecteurs ayant une longueur suffisamment voi- sine de l’unité et même direction représentent des variables
non corrélées: s’ils sont orthogonaux, ils représentent au contraire des variables non corrélées.
Le nombre de spermatozoides récoltés chez les coqs considérés dépend d’autant moins de leur poids vif pendant
la croissance (axe 2) que ces coqs avancent en âge (axe 1). ).
Aucun effet apparent de la durée
quoti-
dienne d’éclairement ne s’est manifesté sur lepoids
vif des coqs alors que cette durée a aucontraire eu une influence considérable sur la
production
despermatozoïdes.
Les coqs sou- mis auxjours
croissantspuis longs
ont en effetété les
plus précoces (figure 7) quel
que soit le critère considéré(premier éjaculat
oupic
deproduction
despermatozoïdes).
L’un et l’autreont
cependant
été obtenus à desâges
différant de 5 à 6 semaines suivant que le rationnement avait démarré tardivement(pic
à 22-23 3semaines)
ou au contraireprécocement (pic
à28
semaines).
Dans les deux cas il y a eu ensuite effondrement du nombre despermato-
zoïdesrécoltés,
traduisant la mauvaisepersis-
tance de leur
production
chez les coqsexposés
à des
jours longs.
Cette diminution a été unpeu moins
marquée
chez les coqs rationnés àpartir
del’âge
leplus
tardif.Chez les coqs maintenus en
jours
cuurts, le début de laproduction
despermatozoïdes
a étéplus
tardif en moyenne(figure 7b)
et s’est pro- duit à desâges beaucoup plus variables,
comme si les
jours
croissants, enplus
de leurrôle sur la
précocité sexuelle, permettaient
desynchroniser
les coqs, de même que chez lespoules
à l’entrée en ponte. Enjours
courts, laproduction
despermatozoïdes
n’a atteint son maximum que vers 28 ou 32 semainesd’âge,
suivant que le début du rationnement était res-
pectivement
tardif ouprécoce.
Cetteproduc-
tion à été surtout caractérisée par une excel- lente
persistance jamais
observée auparavant,puisque
laproduction
despermatozoïdes
a étémaintenue à un niveau
plus
élevéjusqu’à
82semaines
d’âge.
Elle l’a étécependant
à desniveaux très différents suivant
l’âge
de début de rationnement : environ 10 milliards de sperma- tozoïdes par coq et par semaine dans le cas du rationnementtardif,
au lieu de 15après
ration-nement
précoce.
Il y a donc eu en fait antago- nisme entre laprécocité
de laproduction
despermatozoïdes
et le niveau adulte de cette pro- dl1Cl 1 1< >iJ cl;111<&dquo;; 111 ( 1<.; 1 , ’e.; i ¡ B11]’<&dquo;; < (B1] 1’1.... ,En
revanche,
le tauxprotéique
de la rationn’a eu que peu d’influence sur la
précocité
sexuelle des coqs et encore moins sur les nom-
bres moyens de
spermatozoïdes
récoltés àl’âge
adulte.
Le retard
de maturité sexuelle