Ma vie chez les Témoins de Jéhovah : correctif
J'ai grandi dans l'organisation des Témoins de Jéhovah. Avec tout ce que cela implique pour une enfant. Etre différente, être moins que tout, je ne participais ni à la vie scolaire, aux anniversaires, à Noël, Halloween, la fête des mères... Ma lecture était principalement issue de cette "société", et mes fréquentations se limitaient au cercle des témoins de Jéhovah, les relations avec les personnes du "monde" extérieur étant vivement déconseillées car elles pouvaient influencer notre saine façon de vivre et nos principes.
(…)Je n'ai pas continué mes études, pour diverses raisons, mais à l'époque, l'organisation conseillait des études moins longues afin de consacrer sa vie à servir Dieu, par la suite, constatant une baisse au niveau intellectuel et professionnel de ses ouailles (il faut avoir un bon job pour lui apporter de jolis dons financiers...), elle encouragea un cursus scolaire plus important. Les membres de cette organisation se côtoient régulièrement, il s'y installe un climat de confiance, ils se sentent en sécurité, entre eux ils s'appellent "frères et sœurs".
Je me suis mariée à 18 ans, avec un témoin de Jéhovah car telle est la règle. Pour mes 19 ans, j'eus la plus jolie des petites filles...
Les premiers doutes sur l'organisation des Témoins de Jéhovah
Et puis, s'installe le train-train quotidien : travailler toute la journée, le soir enfiler une jupe (longue jusqu'aux mollets et pas trop moulante : c'est fortement conseillé...), faire la popote et manger si possible avant de partir pour les deux heures de réunion, tenter de rentrer avant 22 heures pour ne pas coucher notre fille trop tard.
Dans ce milieu confiné, à force de voir nos semblables, de manière répétitive, on ne finit par voir que leurs défauts, donc les mauvaises langues vont bon train. (…)
Je commence donc à me poser certaines questions sur la sincérité de l'amour des "frères et sœurs", tout est si pré- pensé, conditionné. Et puis, pourquoi une pensée unique, consumériste qui s'avère infantilisante et culpabilisante ? D'un autre côté, je me dis aussi, que ces frères et sœurs sont ma famille, c'est dans cette bulle que j'ai grandie, je m'y sens bien, en sécurité. Et dans le "monde", on voit tant d'atrocités...
Ce qui a tout fait basculer...
(…) Avec émotion, elle raconte à ma mère, que son fils âgé de 20 ans, vient de lui avouer qu'il avait, avec d'autres jeunes garçons (entre 6 et 10 ans environ à l'époque), subit des attouchements de la part d'un autre témoin de Jéhovah. Cette amie, sourde et muette, me demande donc de contacter un "ancien", afin qu'ils puissent avoir ensemble une discussion sérieuse. Quelques jours plus tard, un "ancien" me téléphone pour me dire que cette délicate situation est prise en main par leur comité des "anciens" et qu'il compte sur notre discrétion.
(…)Ils nous répondent que l'agresseur s'étant repenti sincèrement de son acte, il appartient à la victime de décider si elle veut ou non engager des poursuites judiciaires, mais ils estiment de pas à avoir dénoncer qui que ce soit.
Chacun sait que la pédophilie est un comportement plus que pathologique, elle est sévèrement punie par la Loi, cet agresseur a toute l'impunité de recommencer son acte. La victime, elle, est laissée seule avec sa conscience, peut-elle réellement se reconstruire ? Là tout bascule.
(…)Mais comment traitent-ils les "frères" qui battent leurs femmes, maltraitent leurs enfants, les violeurs, les escrocs, les pédophiles...? Le comité de ces "anciens" punit les "petites infractions" des uns, mais laissent les cas graves des autres qui les dépassent complètement, qu'ils règlent à leur manière, se substituant à la Justice, de façon à ne pas ternir la réputation de l'organisation.
Mon retrait de l'organisation des Témoins de Jéhovah(…)
Il faut rappeler que j'ai grandi avec ces personnes-là, que ces relations m'étaient très proches et uniques.
Lorsqu'on se retrouve seule, sans relation, c'est dur à vivre, c'est une mise à mort sociale. L'organisation compte sur cet éloignement, cette privation de fréquentations, pour que la "brebis" perdue revienne vers le troupeau.
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