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EDITORIAL. écorné les prévisions de poursuite

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Academic year: 2022

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(1)

Revue Economique des et de la

DIRECTEUR

DE LA PUBLICATION A. Tranap

COMITE DE REDACTION : - en chef : J. Cazenave - Membres : A.Tranap, D.

G. Gautier - Assistante : R. Coradin - Fabrication

MONTAGE-IMPRESSION : Rapid'Offset - de Jarry ISSN

COMMISSION PARITAIRE 2082 A D ABONNEMENT

REVUE TRIMESTRIELLE : Prix au n° : 22 F

ABONNEMENT : 75 F Antilles-Guyane

F Autres destinations Paiement par à l'ordre du Régisseur des recettes de l'INSEE

DIFFUSION :

. :

Tour Secid 863 Cedex . Tél.

.

Avenue P. Lacavé 97102 Basse-Terre. Tél.

. S.R. MARTINIQUE :

Lot. Pointe de Schoelcher B.P. 605

97261 Fort-de-France. Tél.

. S.R GUYANE :

1 rue Maillard Dumesle B.P. 6017

EDITORIAL

«Touriste : se dit surtout des voyageurs anglais en France, en Suisse et en Ita- lie». Cette définition extraite du Littré a pour le moins bien vieilli. Depuis 1838 et les

«Mémoires d'un touriste» de Stendhal, qui imposent ce terme nouveau venu d'An- gleterre mais de lointaine origine française, le tourisme est sorti de ces cercles très fermés. En moins d'un demi- siècle, il a même fait une entrée en force sur la scène économique mondiale et le nombre de déplacements touristiques dépasse de nos jours les 300 millions pour la planète soit 25 fois plus qu'en 1948.

Dans les années 70, le tourisme est décrit comme un secteur-clé et comme devant apporter contribution vi- tale au développement du Tiers-Monde». De nombreux pays y ont vu une chance et le soleil est notamment devenu une ressource enviable. Mais les fols espoirs ont souvent été suivis de déceptions. Le secteur touristique s'est en effet révélé très exposé aux fluctuations économiques in- ternationales. La crise a

écorné les prévisions de pour- suite de l'envolée de la de- mande touristique. D'autant que la concurrence est rude avec la prolifération de nouvel- les destinations sur les catalo- gues des voyagistes. D'autant encore que la programmation s'avère délicate : investir pour accroître l'offre n'aboutit pas forcément face à une demande volatile très sensible à l'envi- ronnement économique et aux changements de goûts en matière de vacances.

Même si l'euphorie n'a plus cours, le tourisme s'est imposé dans la société comme dans l'espace mondial. La Caraïbe, troisième gisement mondial, présente bien la grande diver- sité des stratégies de dévelop- pement touristique déployées pour capter la mannne des va- canciers. Face aux Bahamas, aux Vierges ou à la Barbade, les Antilles françaises accusent pour certains un retard. Pour d'autres, ce déca- lage doit se transformer en atout dans la recherche d'un tourisme «intégré et original»

au carrefour de l'Amérique et de l'Europe.

J. CAZENAVE

(2)

RECENSEMENT :

COMPTE A REBOURS

G.GAUTIER

le monde compte». Le 32ème recensement de la popula- tion, qui se déroule en mars-avril 1990, se pare d'un slogan choc.

Opération d'envergure, le recen- sement est un révélateur irrem- plaçable de la connaissance de la population et de son évolution.

ombien sommes-nous ? Ce n'est pas d'aujourd'hui que les hom- mes se posent cette question.

Puisque Noël est encore proche, l'on peut se rappeler que Jésus-Christ na- quit sur la route de où ses parents allaient se faire recenser A l'époque, il fallait se rendre dans sa commune de naissance (Bethléem pour Joseph) pour y être dénombré.

Rassurons de suite nos lecteurs : de telles migrations leur seront épargnées en 1990. Le recensement s'appuie -et ce n'est pas nouveau- sur le critère de commune de résidence principale. Cela signifie en filigrane que personne ne choisit l'endroit où il sera recensé. Ce dernier résulte d'une situation de fait.

L'on est compté là où l'on passe la majeure partie de l'année, autrement dit là où l'on habite pendant au moins six mois.

UN CHIFFRE TRES ATTENDU Compter tout le monde, une fois et une seule, qui plus est, au bon endroit, est la proposition de base du recensement. La satisfaire conduit à mener à bien le dénombrement de la population, pre- mier but du recensement et réponse à notre question de départ. Cet objectif dépasse le seul cadre de l'arithmétique.

Pour les communes, leur nombre d'ha- bitants, qualifié officiellement de popu- lation légale, intervient sans cesse dans leur vie quotidienne et dans la gestion

des affaires communales.

Au delà de cet aspect administratif très concret, le résultat brut du recensement est attendu avec impatience. Il lèvera, en effet, bien des doutes sur l'évolution récente de la population des Antilles et de la Guyane. Certes, l'on ne part pas tout à fait dans l'inconnu. La photogra- phie de 1990 viendra compléter un al- bum déjà fourni. Mais, malgré les esti- mations démographiques faites pour la rafraîchir, la photographie de (date du précédent recensement) a un peu jauni.

En 1982, 715.000 personnes vivaient aux Antilles-Guyane. Près de neuf sur dix y étaient nées. Les autres étaient en parts presque égales ou étrangers ou nés en métropole. A ces résidents, de nationalité française ou non, s'ajoutaient 279.000 originaires des Antilles-Guyane (natifs et descendants) vivant dans l'Hexagone. Au total, environ un million de personnes avaient des attaches de résidence ou d'origine avec les Antilles- Guyane.

Une certitude : ce chiffre est dépassé. La jeunesse de la population s'accom- pagne toujours, malgré une moindre fécondité que par le passé, d'une nata- lité vigoureuse. Le solde naturel (les naissances moins les décès) encore très excédentaire, pèsera dans la ba- lance à l'heure des comptes de 1990.

Nouveau Testament, Saint-Luc (II,

(3)

LES POPULATIONS DES ANTILLES-GUYANE EN 1982 (en milliers) 1) Originaires des DOM, recensés en France métropolitaine Origine

GUADELOUPE

. MARTINIQUE GUYANE SOUS-TOTAL 1

2) Résidents dans les nés Résidence

GUADELOUPE MARTINIQUE GUYANE SOUS-TOTAL 2

Natifs du DOM

- -

193 VI suivant leur dans

le DOM

289 297 41 627

autre DOM

3

5 4 12

Leurs enfants

38

4 5 3 86 lieu de

France métropole

17 16 7 40 40

Ensemble

125 i 13

279 nce

Etranger

6

36

Total

323 322

70 , 715

LE MOUVEMENT NATUREL DE LA POPULATION

DE 1982 1988

source :

7000 i

&QOO • 5000

3000 • 2000;

Décès

1982 83 84 85 86 8000

7000 •

MARTINIQUE

3000 -

Décès 1000 .

1982 83 84 85 86

3000

Naissances

1500 - 1000 -

G U Y A N E

Décès 1982 83 84 85 86

(4)

LES POPULATIONS LEGALES 1982

350000

300000

275000 -

250000 -

225000

100000 •

50000 -

25000

0 1

i 7

1961 1967 1974 1982 source : I.N.S.E.E.

POUR QUE CHACUN COMPTE

Les municipalités sont très impliquées dans le recensement de la lation. Elles en ont la responsabilité administrative même si l'I.N.S.E.E.

assure la formation des intervenants et la coordination des opérations.

En clair, le Maire doit garantir la qualité du travail de collecte sur le territoire de sa commune.

Ce est naturel car les communes ont tout intérêt à veiller au bon dénombrement de leur population. Ce dernier conduira à la fixation de la nouvelle population légale, donnée clé du fonctionnement quotidien de chaque commune. Ce chiffre officiel intervient en particulier dans la fixation de la quote-part en octroi de mer, dans la rémunération du secrétaire de mairie, du maire et de ses adjoints, dans les dotations globales d'équipement et de fonctionnement. Au delà d'un certain seuil, l'Etat prend aussi en charge tout ou partie du coût des élec- torales.

Avant d'en arriver là, l'offensive générale sera déclenchée. Chaque loge- ment à l'intérieur, chaque individu seront recensés des enquêteurs formés pour l'occasion. Au total, ils seront 1.400 agents recenseurs (recrutés par les mairies et formés par les délégués de S E à passer les Antilles et la Guyane au crible entre le 15 mars et 12 avril 1990. Tâche ardue : ni oubli ni doubles-comptes !

: Pour faciliter ce travail de fourmi, un premier déblaiement du terrain à été réalisé en octobre-novembre 1989. Dans chaque commune (non forte-

sinistrée par Hugo en Guadeloupe) des agents de l'I.N.S.E.E. ont mis jour les plans de chaque portion de territoire et établi un circuit très précis des constructions à enquêter. Ainsi les guides des tournées des agents recenseurs sont déjà prêts. Ces derniers pourront concentrer tous leurs efforts sur les entretiens individuels.

MIEUX CERNER LES MIGRATIONS Si le total de population sera orienté à la hausse pour chacun des trois départements, reste à savoir de com- bien. Face au mouvement naturel bien connu, le flou du solde migratoire (les arrivées moins les départs) brouille bien des pistes. C'est l'un des intérêts du recensement : y voir plus clair dans le jeu des migrations. Intérêt essentiel telle- ment les mouvements migratoires ont façonné l'histoire récente des dépar- tements français d'Amérique.

Dans le flot des conjectures, quelques lueurs se dessinent pourtant. L'im- migration qu'a connu la Guyane (73.022 habitants en 1982) lui fera sans doute franchir la barre des habitants, que l'on compte ou non les 8.000 réfugiés surinamiens. Bien plus comme certains l'affirment ? Il est simplement acquis que les résidents de nationalité

étrangère (Haïtiens et Brésiliens pour la plupart) sont d'ores et déjà majoritaires.

Pour les Antilles (un peu moins pour la Guyane) la question de l'évolution de l'émigration vers la métropole se pose au premier plan. Pour fixer les idées, on comptait en natifs de Gua- deloupe résidant dans l'Hexagone de plus qu'en 33.000 pour la Martini- que et 3.200 pour la Guyane. Durant la même période, 9.000 retours avaient concerné la Guadeloupe et autant la Martinique.

Ces chiffres, à dates pré- cises, ne comptent pas les allers-retours internes à la période 1975-82. Ils illus- trent bien pourtant l'ampleur du phéno- mène d'émigration et la masse des flux annuels. De 4 à 5.000 Antillais ont quitté leur île chaque année pour la métropole alors que à effectuaient le trajet en sens inverse.

(5)

L

OBLIGATION ET GARANTIE

Le recensement suscite parfois des craintes incitant certaines personnes à essayer de s'y soustraire. Pourquoi ces questions ? Qu'en ferez-vous

recenseur devra savoir lever ces réticences.

Tout d'abord, le recensement de la population est une opération obligatoire (décret 89274 du 26 avril Mais, en contrepartie, tous les renseigne- ments collectés sont garantis la le secret statistique de L'agent recenseur est tenu au secret professionnel et l'INSEE exploitera les informa- tions collectées de manière anonyme. Conformément à la «loi sur l'informatique les libertés» (1978) aucune cession d'informations individuel- les ne peut être réalisée. L'individu -et c'est heureux- n'a donc rien à craindre.

En étant recensé, il apporte son concours à la meilleure connaissance de la population de son pays, de sa région, de sa commune.

UN PORTRAIT INDISPENSABLE Le contexte économique des dernières années plaidait pour supposer une at- ténuation de l'émigration. La métropole garde son attirance de société moderne et draine toujours une partie des élites.

Pour les mieux formés, elle offre de plus larges possibilités de formation et sou- vent l'opportunité d'une première expé- rience professionnelle valorisante. Mais pour les autres, au bagage scolaire plus léger, la montée du chômage en métro- pole a fait renoncer à bien des départs des tropiques. L'envolée du nombre de jeunes chômeurs dans les DOM accré- ditait l'hypothèse de la baisse de l'émi- gration (s'ils sont aussi nombreux ici, c'est qu'ils ne sont pas là-bas !).

Ce raisonnement sur des migrations de longue durée occulte sans doute une mutation de la réalité

d'aujourd'hui. Entre et le gros des retours a été alimenté par le réser- voir des migrants anciens : fonctionnai- res enfin mutés ou nouveaux retraités revenant au pays. Mais la banalisation des transports aériens et aussi une modification des aspirations des jeunes ont conduit à un développement de migrations dites circulaires c'est-à-dire de courte durée. En somme, des «va-et- vient» facilités par une présence fami- liale dans l'Hexagone et caractérisant l'éclatement du cadre de vie antillo- guyanais.

Le retournement de conjoncture de l'économie française -la croissance re- trouvée- conjugué à la situation locale de l'emploi toujours aussi défavorable, en- traîne peut-être déjà une nouvelle accélération des départs chez les moins

de trente ans. Le recensement, s'il éclai- rera les grands flux de population, n'est pas fait pour observer tous ces mouve- ments intermittants. Une enquête postérieure sur les migrations (1991) essayera de mieux cerner tous ces phénomènes.

En revanche, le recensement va bien au delà du dénombrement de la population et de ses mouvements. Il permettra de brosser un portrait très précis : répar- tition détaillée de la population par sexe et âge, niveau de profession ; confort du logement et équipement du foyer. Dans de multiples domaines, s'armer de ces données de base facilite- ra la conduite de projets et la prise de décisions. .,:

(6)

LE TOURISME

EN MARTINIQUE:

une nouvelle dynamique

J.GAILLARD

Après des années d'un parcours

heurté, le tourisme bouge de

nouveau en Martinique. L'offre d'hébergement connaît une expansion et la fréquentation bat des records.

Pour inscrire ce renouveau dans la durée, les initiatives pour élargir les produits offerts aux

visiteurs se multiplient.

LE RENOUVEAU DU TOURISME DE SEJOUR (nombre de clients dans

250

; 170

ers

//1

85 86 88 87 89 Source :

ea, sun,..., mais aussi (et peut- être plus encore) flore, forêt, culture, archéologie,

voire thalassothérapie : les arguments touristiques de la Martinique ne man- quent pas et sont à disposition de la clientèle toute l'année du fait de la position tropicale de l'île.

Bien que secteur économique essentiel et «vecteur de développement» selon le néologisme consacré, le tourisme n'a pas toujours été reconnu comme tel par les composantes de la société marti- niquaise. Mauvaise intégration locale, absence d'information des populations, relations sociales parfois tendues au sein des établissements, formation insuffisante des personnels, inadapta- tion des produits offerts, sont à l'origine de difficultés qui ont entravé la marche en avant de l'industrie touristique. Les mauvais résultats obtenus au milieu de la décennie des années 80 (creux de la vague des années 1983 et 1984, nouvelle chute en 1986) traduisent ce malaise.

UNE VOLONTE AFFICHEE

Mais la situation évolue. Les collectivités locales ont inscrit le développement du tourisme au premier rang de leurs actions. Des initiatives sont prises : convention entre l'ARDTM (1 ) et l'ODTM (2), prospection active des marchés nord-américain et européen, définition de produits nouveaux, création d'un

centre régional de formation haut niveau, organisation de circuits. Des opportunités sont saisies : libéralisation des transports aériens et baisse des tarifs, mesures de défiscalisation. Bref, un large consensus se dégage au plan local pour insuffler l'ensemble des activités touristiques.

La croissance récente du parc hôtelier (qui évolue vers la petite et moyenne hôtellerie), les résultats obtenus en au premier trimestre et en fin d'année

en matière de fréquentation mon- trent que les difficultés sont surmontées.

Un élan nouveau semble donné dont bénéficient aussi bien le tourisme de séjour que le tourisme de croisière.

Le tourisme de séjour (dont surtout le tourisme hôtelier) demeure la poutre maîtresse de l'offre martiniquaise. Après les constructions des années 70 (aménagement de l'ensemble de la Pointe du bout aux Trois création d'unités sur la côte sud), le parc hôtelier n'avait guère évolué. Il connaît depuis peu une vigoureuse poussée avec l'apparition de petites et moyennes unités un peu mieux réparties sur le territoire. Dans ce domaine, comme dans beaucoup d'autres, le nord- atlantique et le nord-caraïbe accusent Agence régionale de développement du Tourisme à la Martinique

(2) Office Départemental du Tourisme de la Martinique

(7)

LA CROISSANCE DU PARC HOTELIER DE LA MARTINIQUE

Grande hôtellerie

Petite et moyenne hôtellerie Villages de vacances TOTAL

au janvier 87 Hôtels

8 57

3 68

Chambres 1278

862 421 2561

au 1 er Hôtels

8 81 4 93

ptembre

1320 | 1340 I

512 3172

LE CHASSE-CROISE FRANCO-AMERICAIN (origine de la clientèle de l'hôtellerie)

un retard certain. Ils disposent pourtant d'atouts sous forme de sites très attractifs.

Les mesures de défiscalisation ont eu un effet incitatif incontestable : 26 hôtels ont été créés entre le janvier et le 1er septembre 1989. D'autres ouvertures intervenues en fin (dont celle d'une importante unité au Diamant) ou programmées pour le début de confirment cette tendance.

Les mesures de défiscalisation ont eu aussi pour effet de favoriser le renfor- cement de la para-hôtellerie. De très nombreux meublés de tourisme ont été édifiés en particulier sur les côtes sud de l'île. Les professionnels de l'hôtellerie ne voient pas toujours ce phénomène d'un très bon oeil, pour deux raisons : - certains gestionnaires de meublés entretiennent une «confusion» entre les notions d'hôtels et de meublés (favo- risée parfois par des classements hasardeux),

- ce secteur ponctionnerait une part importante de la clientèle jusque là attirée vers la petite et moyenne hôtellerie.

LES AMERICAINS BOUDENT, LES FRANÇAIS S'ENTICHENT

Si les structures s'étoffent, la fréquen- tation commence à répondre aux efforts déployés. Plus de 230.000 touristes ont été hébergés en 1988 dans les hôtels martiniquais (3). Record absolu, obtenu malgré la désaffection de la clientèle en provenance des Etats-Unis et du Canada.

Les variations du dollar ont sans doute influencé l'attitude des Nord-Améri- cains. Ce relatif désintérêt pour la destination Martinique a été accentué par la fermeture des liaisons aériennes 2) Environ 270 000, voir chiffres publiés fin février 1990

Source : A.R.D.T.M.

directes assurées par les compagnies U.S. Il faut maintenant au moins dix heures et plusieurs escales pour joindre à Fort-de-France. La mau- vaise adaptation du produit touristique lui-même est peut-être aussi en cause.

Résultat 34.000 Américains et Cana- diens ont séjourné dans l'île en 1988 au lieu de près de 62.000 en Leur part dans la clientèle a chuté de 30 à 14,8%. Et ce reflux a surtout affecté le secteur de la grande hôtellerie.

Le souci majeur des responsables du tourisme martiniquais est donc de reconquérir ce public : visites promo- tionnelles dans différentes villes rique-du-Nord, établissement d'une liaison hebdomadaire directe Fort-de- avec un avion affrété par les collectivités locales auprès de la compagnie Minerve, sont les actions les plus marquantes relevées à la fin de l'année 1989.

L'autre côté de l'Atlantique offre un constat plus souriant : avec 82.000 visiteurs en et 139.000 en la clientèle métropolitaine représente maintenant 60% des visiteurs accueillis dans l'hôtellerie. L'ouverture des liai- sons aériennes vers les Antilles à de nouvelles compagnies, la baisse des tarifs et la mise en place de nouveaux points de départ (Mulhouse, Lyon et Bordeaux, puis Marseille et Toulouse et depuis peu Nantes et facilitent désormais largement l'accès à la Martinique. Des campagnes de promo- tion actives ont permis de profiter de ces aubaines. Ce nouvel engouement profite d'abord à la petite et moyenne hôtellerie, aux gîtes et à la para- hôtellerie.

Selon une enquête récente de cette clientèle (tous modes d'hébergements confondus) provient pour l'essentiel de quatre régions : Ile- de-France (43,5%), Rhône-Alpes

EUROPE CANADA

USA 22,9%

AUTRES 1985

FRANCE

21,1%

EUROPE CANADA USA

DOM 15,6%

AUTRES

FRANCE 60,3 %

Source :

(8)

)URISME

LES CROISIERISTES DEBARQUES

m

300 250

! 200

I

I 150 100

1

80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 Source :

(7,6%) Provence-Côte d'azur (7,6%) Aquitaine (5,9%). Ce sont les régions où les populations d'origine martini- quaise sont le plus fortement im- plantées. La promotion commence par les contacts directs ; les Martiniquais seraient-ils les meilleurs ambassadeurs de leur île ?

DE L'EAU ET DES PIERRES Les responsables de l'industrie touris- tique se soucient de diversifier les produits offerts à la clientèle. Avec le slogan «La mer... la passion d'une île», les professionnels témoignent de l'intérêt récent qu'ils portent au tourisme nautique. Les rencontres organisées par l'ARDTM sur ce sujet en février les 5èmes journées martiniquai- ses du Tourisme organisées sur le thème de la mer, des manifestations telles que le Tour de Martinique des Yoles rondes, la Mini-transat

foi d'une ef- fervescence autour du nautisme. Béné- des mesures de défiscalisation,

les entreprises de location de bateaux se sont multipliées. De leur côté, les autorités locales se préoccupent de l'aménagement de nouveaux sites pour accueillir les bateaux de plaisance. Selon l'ARDTM, 25.200 plaisanciers auraient touché la Martinique en 1988.

Autre pôle de promotion : la ville de Saint- Pierre. Capitale culturelle des Antilles aux XVIIIème et XIXème siècles, victime de l'éruption du volcan de la Montagne Pelée en mai 1902, elle constitue un lieu touristique jusque là peu mis en valeur. Une bonne partie des ruines, vestiges de la vie quotidienne de la fin du XIXème siècle, se trouve encore enfouie sous les cendres ou a été occupée de manière sauvage.

L'inscription récente de Saint-Pierre au

«Patrimoine de l'humanité», accom- pagnée d'un programme actif de recherches archéologiques, de restaura- tion des sites, d'équipement et d'anima- tion, pourrait nord-caraïbe, jusque là défavorisé, un flux nouveau axé sur un tourisme original. •

(9)

LA VALSE

DES PRENOMS

Réunion de famille en Guade- loupe: les grands parents Joseph et Marie reçoivent leurs enfants Jean, Patrick et Monique et leurs petits enfants Johan, Sabrina et Vanessa.

Les générations passent, les pré- noms changent. Ils se renouvel- lent même de plus en plus sous l'effet des modes

depuis une dizaine d'années un goût très prononcé pour les vocables américains.

e choix d'un prénom est un acte I I important avant la venue d'un en- I En principe, il s'exerce en toute liberté dans le vaste éventail des prénoms désuets, classiques ou à la mode, des prénoms à consonnances bien françaises ou plus récemment anglo-saxonnes.

En fait, ce choix s'opère dans une gam- me assez restreinte. La concentration des prénoms, à une époque donnée, apparaît même très forte. En les dix prénoms les plus attribués concer- LA PART DES 10 ET DES 100 PRENOMS LES PLUS REPANDUS (en % des naissances de Guadeloupe)

80

! 30 20

(1) L'exploitation informatique nécessaire à cete étude a été réalisée an Centre National Informatique de l'INSEE de Nantes où est géré le répertoire national d'identification des personnes physiques

4

les 100 les plus répandus

les 10 les plus répandus garçons

filles 0 . . . .

1900 20 30 40 50 60 70 80 86

naient des naissances de garçons, chez les filles. Avec cent prénoms, 61 % des garçons étaient identifiés ; 50%

pour les filles. Sur l'ensemble de la population, la concentration est moindre car la palette des prénoms les plus uti- lisés évolue, lentement autrefois, beau- coup plus vite de nos jours (1).

REVUE DE PREMIERS ROLES Dans la première moitié du siècle, l'attribution du prénom reste empreinte de tradition avec la transmission au sein de la famille (des ascendants aux des- cendants) ou avec l'utilisation du Saint du jour de naissance.

Jusqu'en Joseph a la vedette chez les garçons en Guadeloupe. Déjà troi- sième en puis second en 1920, Jean va lui succéder dans les années 30 jusqu'à la fin des années 50. Pour les filles, Marie connaît un long règne jusqu'en 1960. En 1900, une nouveau- née sur huit est prénommée ainsi, en- core une sur vingt en 1950. Jusqu'en Jeanne est dauphine puis Moni- que dans les années 40 et 50.

Le fonds des prénoms va se renouveler dans les années 40 et surtout 50 avec l'arrivée des Guy, Claude, Christian, Alain, Michel, Gérard, Jacques dans le cercle des dix premiers comme des Jacqueline, Christiane, Maryse, Nicole, Josiane pour les filles.

En Marie garde son sceptre mais devant Patricia et Nicole. Les années

(10)

LE PRENOM VEDETTE DE 1900 à 1986 (en Guadeloupe) 1900 à 1920

1930 à 1950 1960

1970 1971

1972 & 1973 1974

1975 & 1976 1977

1978 & 1979 1980

1981 & 1983 1984

1985 & 1986

Joseph Jean

Patrick Thierry ; : Pascal

Olivier Fabrice Olivier

Olivier Fabrice

;

;

Cédric : Mickaël

Johan

FILLES 1900 à

1970

1971 & 1972 1973 à 1978 à 1981 1982 1983 à '

Si!

Marie Patricia Carole Sandra \ i Sabrina :

i Sabrina : Vanessa

:

::.

:

5;

H !

M

1 il M

1 1:

source: I.N.S.E.E.

Note de lecture: Les orthographes voisines ont été regroupées (pour Cédric, Mickaël, Johan). Pour une période donnée, le prénom signalé a été le attribué chaque année de la période en question.

60 sont l'époque de la grande vogue

; | des prénoms composés avec Marie

(Marie-Line, Simple ou

associé, Marie concerne une naissance

; féminine sur dix. En 1960, chez les

• garçons, Patrick détrône Jean mais celui-ci appuyé ses (Jean-

: Claude, reste choisi dans

: : 7% des cas.

Dans les années 70, le classicisme va

| i être bousculé avec l'arrivée en force de

| prénoms très peu diffusés auparavant.

Thierry premier en 1970 et Pascal en

! | 1971 vont être très en vue dans la i. ii ! première moitié de la décennie 70. Mais dès ils devront s'effacer devant Olivier qui disputera à Fabrice le premier jusqu'en 1980. Cédric prendra le relais de 1981 à 1983 puis Mickaël et Johan.

Chez les filles, Patricia en haut de l'affiche en 1970 est supplantée par Carole les deux années suivantes avant les cinq ans de règne de Sandra. Mais déjà grandit l'étoile de Sabrina, reine de 1978 à 1982 et dont la gloire est contestée en 1981 par Christelle, sa dauphine de ces années là, alors que Vanessa prépare son entrée en scène pour briller au sommet de à DES PRENOMS ET DES MODES Ce kaléidoscope des prénoms vedettes met en lumière des règnes de plus en plus éphémères. Faisant fi des traditions et habitudes du passé, les années 70 et encore plus 80 ont consacré le prénom LE RENOUVELLEMENT DES

PRENOMS

Nombre de prénoms classés dans les 15 premiers une année et absents des 15 premiers dix ans plus tôt en Guadeloupe.

1910 1930 1940 1960 1970 1986

Naissances garçons

m 3

1

5 11 10 10

;

filles 7 8 5 10

8 6 12 12 11 Source : I.N.S.E.E.

comme un bien symbolique de consom- mation. Foin des valeurs sûres ! Le

est même rapide.

Parmi les dix prénoms les plus attribués en aucun n'était présent aussi bien placé sur la période pour les garçons, un seul pour les filles (Christelle). Encore plus explicite : parmi les cent premiers prénoms de 44 se retrouvent dans la centaine de tête en 1970 pour les garçons, à peine 27 pour les filles.

Un retournage de «Vincent, François, Paul et les autres» version devrait par exemple s'intituler Cédric, Yannick et compagnie» pour attirer les foules. Si l'on remonte plus loin dans le temps parmi nos cent prénoms primés en seulement 29 pour les garçons et pour les filles étaient présents dans les cent premiers de à peine 16 et 12 en 1930.

A côté d'une permanence de quelques classiques (Jean, Pierre, François, Ro- Marie, Hélène, Catherine, Agnès), certains prénoms anciens ont effectué un retour en grâce depuis dix ans (Emmanuel, Laurent, Julien, Nicolas, Aurélie, Mélanie, Virginie, Elodie,..). D'autres se sont perpétués sous une forme modernisée : les Franck ont chassé les Francis ou les François, les Mickaël les Michel, les Johan ou Yohan ont remplacé les Jean, les Christelle ont marginalisé les Christine.

Mais surtout, sont apparus des prénoms nouveaux qui deviennent d'autant plus à la mode qu'ils ont un modèle, chanteur ou acteur, héros ou héroïne de (télé) film ou prénom vedette d'une chanson.

Le phénomène n'est pas nouveau : Brigitte, Alain, Jean-Paul, Nathalie...

n'auraient pas connu un tel succès en métropole sans leurs supports média- tisés.

Plus récemment, les prénoms améri- cains véhiculés par les feuilletons télé- visés, sont arrivés en force. Ils connais- sent même un fort engouement en Gua- deloupe depuis le début des années 80. En 1986, plus du cinquième des cent premiers prénoms féminins choisis fleurent la Californie (Vanessa, Audrey, Jessica, Cindy, Johanna, Cynthia, Sabrina, Les garçons un peu moins contaminés (un sur dix) ne sont malgré tout pas en reste (Grégory, Jonathan, Kevin, Jimmy, Steeve, Teddy, Mike, Gary, Christopher,...).

11

(11)

LES PRENOMS A LA MODE

(Fréquence pour 1.000 naissances enregistrées en Guadeloupe)

m P

2 3 4 5 6 7 8

;;9

GARÇONS 1985-86

Johan ou Yohan 31

Mickaël 22

Cédric ;; ! Ludovic : Jonathan Grégory Loïc Dimitri Sébastien

Lionel s

& 21

; 17 16 15 15

1975-79

Fabrice ; Didier David Patrice Thierry Xavier Pascal

; 38 37

• 25 25 23

14

15 14

FILLES 1985-86

Jessica Christelle:

Melissa ; Elodie Laura Cindy Aurélie

•24

1975-79 Sabrina 26 Sandra

Nathalie Béatrice Sylvie Gladys

Sandrine 14 Fabienne 14 source:

note de lecture: Les orthographes voisines ont été regroupées : (surtout) mais aussi

ou Cédric et quelques Cédrick, Johanna (dans 2 cas sur 3) ou Johana, Karine (3 cas sur 5) ou Canne... Presque équitablement répartis, les (mais aussi Johann, Joan) et les

(ou Yoan, Yoann) ont été associés.

L'IMPORTANCE DU SON

La mode vient, puis elle s'essouffle et elle passe, chassée par une nouvelle vague. La durée de vie de Cédric au sommet a été plus courte que celle d'Olivier ou de Fabrice, celle de Sabrina plus éphémère que celle de Sandra. Il y a parfois des poussées de fièvre : alors que le prénom plus diffusé capte de 2,5% à 4,5% des naissances selon l'année, Sabrina a connu deux années fastes en 1978-79 autour de 5,5%.

Mais le déclin est d'autant plus rapide que l'envolée a été forte : un prénom perd vite à être trop connu. D'autres prénoms, tapis dans les seconds rôles, comme Christelle, ont duré davantage dans les goûts des parents. Il y a aussi les vocations manquées : partie de pres- que rien en 1980, Pamela est bom- bardée troisième en 1982 (55 Pamela derrière 69 Christelle et 67 Vanessa cette année là) puis s'évapore en Elle aura duré l'espace de quelques épisodes d'un feuilleton à succès. Il y a enfin les vocations en herbe : avant d'arriver au sommet un prénom doit faire ses preuves plus ou moins longtemps.

Un vocable qui sera très aidé dans son ascension s'il a un modèle dans le monde du spectacle.

Si le choix est influencé par des visages connus, il a aussi ses sonorités favorites Autant que fixés sur une image réfé-

rence, les parents sont sensibles aux terminaisons. Là encore, le mimétisme intervient. En 1986, sur les cent pre- miers prénoms féminins, 41 se termi- nent par «a», 23 par (ie ou y), 12 par Dans les années 40 les suffixes à la mode se conjuguaient en «elle», dans les années 60 en «ine», «ise» (ou yse), «iane».

Pour les garçons, il y a moins de convergence dans les finales, mais davantage dans les années récentes.

En 1986, les terminaisons en «ic»

(Ludovic, Loïc, «y» (ou i) comme Grégory, Dimitri... en «an»

(Johan, Jonathan) mais aussi en (Mickaël, Lionel, prédominent.

MODES ET FANTAISIES

La mode a ses coquetteries et les pré- noms n'y échappent pas. En dehors des variantes reconnues de longue date (Henry ou Henri, Michèle ou Michelle) les variations orthographiques fleuris- sent depuis l'arrivée fréquente de prénoms en vogue, inconnus il y a peu.

Mauvaise connaissance des paroles sur des airs connus ? Recherche de la parti- cularité distinctive tout en étant sensible à la mode ? Un peu des deux peut- être, sous couvert de la mansuétude prudente des officiers d'état civil. Entre les Corinne et les Corine, les Carine ou les Karine sans parler des maquis

(12)

récents des Mickaël, Johan ou

certains prénoms ne se dévoilent vraiment qu'à l'écrit.

Des modes jusqu'aux subtiles, le choix du prénom relève ainsi d'un phénomène social avec ses carac- téristiques moyennes et ses originalités.

Pendant longtemps, nombre de pré- noms féminins n'étaient que la fémini- sation de prénoms masculins (Jean,

Jeanne, Michel, Depuis

quinze ans, ils ont pris leur indépen- dance. En il n'y a que Johan et Johana comme frère et soeur dans les prénoms les plus en vue et les prénoms féminins se renouvellent plus vite que ceux du sexe opposé.

Autre incidence sociale : toutes les caté- gories sociales n'épousent pas autant les modes. Les catégories dites supé- rieures sont sans doute moins sensi- bles aux charmes des consonnances américaines et davantage aux valeurs classiques ou désuètes ; elles lancent des modes mais s'en détachent quand celles-ci s'enflent trop.

Enfin, les prénoms les plus utilisés en Guadeloupe de tous temps (cela est vrai pour la Martinique aussi) ont été puisés dans le fonds français jusqu'à la tendance récente à l'américanisation.

Les prénoms «créolisés» et les inver- sions de sexe n'apparaissent que pour une minorité. Le florilège de contractions ou de créations locales demanderait une étude à lui seul.

Et signalons que Marie était en 1900 numéro trois comme prénom chez les garçons. •

ET DECLIN DE QUELQUES VEDETTES

source :

13

(13)

POUR UNE PLACE AU SOLEIL DES CARAÏBES

II est loin le temps des poignées d'aventuriers et de riches voya- geurs. Avec la banalisation, en moins d'un demi-siècle, du tou- risme, près de 10 millions de visiteurs se rendent dans les îles des Caraïbes chaque année.

Le tourisme est ainsi devenu une composante importante des éco- nomies caraïbéennes même s'il a un peu perdu son côté

miracle au développement» de naguère.

hénomène encore récent, occupe aujourd'hui une

• place de plus en plus importante dans l'économie mondiale: près de 6%

de la valeur des exportations. Surtout, la progression de ce secteur aura été très rapide. En cinquante ans, le nombre des déplacements internationaux a en effet été multiplié par 24. Parallèlement, la progression des transports, tant en nombre que du point de vue des performances, a donné des ailes aux touristes potentiels: si l'on voyage de plus en plus, on part aussi de plus en plus loin.

Profitant de cette double évolu-

tion, la zone a su

tirer assez vite avantage de ses charmes naturels : sable fin, cocotiers et soleil toute l'année ou presque. De fait, historique- ment, cette zone s'est déve- loppée en second, après le bassin méditerranéen, même si, chiffres à l'appui, elle est désormais reléguée en troisième position, derrière zone asiatique et paci- fique. En effet, elle accueille en- viron millions de touristes par an. Cet afflux est à comparer aux 80 millions du bassin méditer- ranéen et aux 40 millions de la zone allant du Japon à la Nouvelle-Zélande.

(1) Américains ne désignera dans cet article que les citoyens des USA.

EN FORCE Proximité géographique aidant, il a fallu se tourner à l'évidence vers le géant nord-américain. Aujourd'hui encore, les Etats-Unis représentent les deux tiers de la clientèle touristique et la Caraïbe parvient à capter près d'un tiers de tous

ricains(1) qui quittent leur continent.

Mais la progression des liaisons aéri- ennes a permis aux îles caraïbéennes se diversifier en direction du marché européen qui assurait en 1987 un peu PRES DE 10 MILLIONS DE TOURISTES

DANS LA CARAÏBE

(évolution du nombre de touristes* de 1977 à 1987)

croisières ! source : C.T.O. (Caribbean Tourism Organisation)

(14)

LA CARAÏBE, RIVIERA AMERICAINE (répartition des touristes dans la Caraïbe selon leur origine en 1987)

CANADA (6,3

EUROPE

;:

non déclarée (7,8 % )

source : C.T.O. (Caribbean Organisation) LES DESTINATIONS FAVORITES DE LA CARAÏBE (répartition des touristes dans la Caraïbe en 1987)

en milliers ANTILLES FR (527)

(335l

plus de du total des entrées. C'est peu si l'on considère que les pays euro- péens sont les plus dépensiers en ma- tière touristique. L'Allemagne Fédérale représente à elle seule 20% des dépen- ses mondiales, le Royaume Uni 7,6%

et la France 5,6%, contre 15,3% pour les Etats-Unis. Mais il est vrai que l'éloi- gnement, et donc le surcoût que cela entraîne, demeure un frein important.

Le reste de la clientèle est assuré par le Canada (6.3%) et par le tourisme (7.6% des touristes visitant la Caraïbe sont originaires d'une île de la zone).

VERS QUELS RIVAGES?

Le choix des touristes, quand à leur destination, est assez dépendant de leur origine. Les Américains se rendent pour 32% d'entre eux dans les terri- toires américains : Porto Rico et les Iles Vierges américaines. Si l'on ajoute

16

les Bahamas, les des et la Jamaïque, soit cinq destinations, on ob- tient 70% de tous les tou- ristes voyageant dans la Caraïbe en provenance des USA.

Par ailleurs, nombreuses sont les résul-

tats touristiques dépendent étroitement des USA. En dehors des destinations déjà citées, plusieurs autres comptent plus de 60% de leur clientèle parmi les Américains: ce sont les Iles Caïmans, Aruba, les Iles Vierges Britan- niques, Bonaire, Haïti, Saint-Martin ainsi que Turks et

Les Canadiens sont, de la même façon, concentrés sur quelques destinations.

Leurs plages favorites se dans l'ordre, en Jamaïque, en République Dominicaine, aux Bahamas et à la Bar- bade. Ces quatre pays accueillent 60%

BAHAMAS (1480)

(739)

y

(1872)

source : C.T.O. (Caribbean Tourism Organisation)

(15)

LES ESCALES DE CROISIERES DANS LA CARAÏBE

ST (389)

AUTRES (1376)

(584)

Note de lecture: le graphique ci- dessus donne un total de 5,6 millions de croisiéristes. Mais en fait, un même passager peut être compté plusieurs fois s'il effectue différentes escales dans la Ca- raïbe. Le nombre de passagers sans doubles comptes est estimé à en dont 1 million ne se rendant qu'aux Bahamas.

d'entre eux. Toutefois, les Canadiens ont eu tendance ces dernières années à délaisser la destination Caraïbe au profit de l'Europe, de l'Amérique du Sud ou des îles

Au contraire, la prove- nance Europe est orien- tée à la hausse: +30%

entre 1986 et 1987 et +50% entre et et la plupart des îles bénéficient de ce regain d'engouement, en parti- culier la Guadeloupe et la Martinique. Pour elles deux, la clientèle euro- péenne occupe une place privilégiée, atypi-

que le cadre

de la zone

Elles y puisent en effet respectivement 78% et 64% de leurs visiteurs (des Français métropolitains en grande partie). Sans que le phéno- mène ne soit aussi important, Cuba et Sainte-Lucie dépendent elles aussi fortement de l'Europe.

VIERGES US (956)

JAMAÏQUE (292)

source : C.T.O. (Caribbean Tourism Organisation)

LA CARAÏBE EST DIVERSITE Quelques îles, dont le tourisme n'est pas encore très développé au niveau international, comptent avant tout sur les déplacements au sein même de la Caraïbe. C'est le cas de Curaçao, la Dominique et Saint-Vincent. A un degré moindre, Grenade, Montserrat et Trinité et Tobago sont également concernés.

Mais les destinations préférées des Ca- restent la République Domi- nicaine, suivie de la Barbade,

et Tobago, Saint-Martin et Curaçao.

La place de Porto-Rico est sans doute du fait que les chiffres officiels ne prennent en compte que les séjours à l'hôtel. D'une façon générale, le tourisme inter-îles est assez mal cerné, tous les pays ne retenant pas la même définition de la zone géogra- phique. Une chose cependant est sûre:

estimé à 730.000 en 1987, le marché interne est important, qu'il s'agisse d'un tourisme d'affaires, de vi- sites à la famille ou dans le but de «shop- ping».

Mais les parts de marché ou la réparti- tion de la clientèle suivant l'origine ne sauraient suffire à rendre compte de l'extraordinaire diversité de la Caraïbe.

17

(16)

Si toutes les îles peuvent offrir du soleil à leurs visiteurs, les ressources natu- relles ou les orientations économiques prises ont fait la différence. Quoi de commun entre et ses millions d'habitants et Saba qui - ne compte qu'un petit millier de personnes?

Dans le but de comparer ce qui est a priori comparable, le critère de taille de la population permet de séparer les différentes îles en trois grands grou- pes: celles dont la population dépasse le million d'habitants; à l'opposé, les populations inférieures à per- sonnes; entre les deux, on retrouve les îles de population moyenne.

DE CUBA A

Le premier groupe comprend six pays:

Cuba, la République Dominicaine, Haïti, la Jamaïque, et Trinité-et- Tobago. A eux seuls, ils représentent plus de 30 millions d'habitants, soit 93%

de la population des îles

Pour tous, l'intensité touristique -que l'on peut cerner par le rapport entre le nombre de touristes accueillis et la population résidente- est assez faible pour la zone Caraïbe (dans cette der- nière, il n'est pas rare de trouver des taux supérieurs à L'intensité la plus forte se trouve à Porto-Rico (0.4) Jamaïque (0.3). A l'opposé, Cuba (0.03) et Haïti (0.02) sont largement en retard.

Un autre indicateur, qui tient plus compte de l'aspect économique, vient compléter le premier. Il s'agit du rapport entre les dépenses effectuées par les touristes et le Produit National Brut (PNB). Il permet de mettre en évidence l'importance du secteur touristique pour la Jamaïque (26%) ainsi qu'à un degré moindre, pour la République Domini- caine (9%). De son côté, Cuba ne tente de vraiment développer son tourisme que depuis quelques années (triplement de la fréquentation en 7 avec son instabilité politique, n'attire guère les touristes. Porto-Rico occupe une po- sition un peu particulière. Elle est la première des destinations caraïbéen- nes et elle accueille, à elle seule, plus de 20% des touristes. Certes, ceux-ci demeurent sur place moins longtemps en moyenne que dans les autres îles (3 jours alors qu'ailleurs la durée est en général supérieure à 6 jours). Mais cela leur laisse quand même le temps

18

LES MESURES DU TOURISME

AUTRES DU (2)

ANTILLES NEERLANDAISES (3) ANTILLES FRANÇAISES (4) TERRITOIRES U.S (5) AUTRES PAYS (6) ENSEMBLE .

Intensité de fréquentation (1987) (nbre

population)

de dépenser environ 900 millions de dollars US par an.

Toutefois, Porto-Rico possédant une in- dustrie puissante, le secteur manufac- turier réalise 40% du PNB. Largement aidé par les Etats-Unis, Porto-Rico a de loin, parmi les six grandes îles de notre premier groupe, le PNB le plus élevé. Ainsi, si le tourisme y est très développé, son poids total dans l'éco- nomie n'est pas écrasant.

DES BAHAMAS AUX ILES VIERGES Au contraire, beaucoup d'économies du deuxième groupe sont très dépen- dantes du tourisme. Les Bahamas en sont l'exemple extrême. Avec une popu- lation de 234.000 habitants, million de touristes y ont été accueillis en 1987. Cela donne une intensité touris- tique de 6.3, bien supérieure à celle

6,3 7,6 0,9 0,5 3,6 0,8 0,6 0,1 0,3

Intensité

(dépenses des touristes / PNB, en %)

67,0 34,5 30,6 35,2 10,7 7,2 3,4 10,3

Source : CTO et Atlaseco (pour le PNB) (1) : Organisation of Eastern

States : Antigua et Dominique,

Grenade, et Nevis,

Sainte-Lucie, Saint-Vincent.

(2) : Anguilla, Barbade, Iles Vierges Britanniques, Iles Caïmans, Jamaïque,

Turks et

(3) :Aruba, Bonaire, Curaçao, Saba, Saint- Eustache, Saint-Martin (partie Néerlandaise).

(4) Martinique.

(5) Rico, Iles Vierges Américaines.

(6) :Cuba, République Dominicaine, Haïti.

REMARQUE : Les passagers de croisières ne sont pas comptés dans le nombre de touristes. En revanche, une estimation de leurs dépenses est comprise dans les dépenses des touristes.

(17)

VAGUE DE MARS, CREUX DE SEPTEMBRE (Les arrivées de touristes* dans la Caraïbe

par mois en 1986-87)

1000 • 800

700

600 • 500 -

de touristes

,A 1987

1986

-

Jan Fev Jui Jui Aou Sep

* hors croisières source : C.T.O. (Caribbean - •

Oct Nov Tourism Organisation) de Porto-Rico. En nombre de clients, les Bahamas occupent la seconde place et drainent 16% des touristes environ. Comme en moyenne, les touristes restent beaucoup plus qu'à Porto Rico jours), cette destination est même la pre- mière en termes de somme dépen- sée par les visiteurs : 1150 millions de dollars en 1987. En 1986, ces dépenses représentaient 67% du PNB. Le tourisme occupe les deux tiers de la population de ce pays qui a su profiter de la proximité des Etats-Unis et s'orienter vers un touris- me de luxe: 68% des cham- bres se trouvent dans des hôtels de plus de 100 places.

Les Iles Vierges américaines, à deux heures d'avion seulement de Miami, ont à leur tour joué à plein la carte du tourisme, seule ressource ou presque avec le raffinage de pétrole (comme les Bahamas). L'intensité touristique y est de plus de cinq touristes accueillis par habitant. Les dépenses touristiques représentent près de 50% du PNB et les grands hôtels captent 53% des chambres.

Ce pourcentage est ramené à 30%

à la Barbade, qui a su concilier tourisme de masse et tourisme de luxe. C'est le troisième pays de ce groupe en intensité touristique (1.6) et les touristes y dépensent l'équi- valent de 25% du PNB.

DES ANTILLES FRANÇAISES AUX PETITES ILES

Les six autres îles de notre deuxième groupe ont en commun une intensité touristique inférieure à plus faible à Grenade et Saint-Vincent qu'en Guade- loupe (0.8), en Martinique (0.7), Curaçao (0.8) et Sainte-Lucie Guadeloupe et la Martinique se distinguent : les dépenses touristiques n'y représentent qu'autour du dixième du PNB (2) (entre 25 et 40% pour les autres, le chiffre de Curaçao n'étant pas disponible).

Cela ne veut pas dire pour autant que les touristes sont moins dépensiers dans les îles françaises. " Mais les transferts importants en provenance de leur métro- pole augmentent fortement le et font, par là même, chuter la part du tourisme.

A l'exception de Saint-Vincent qui ne possède pas de grands hôtels et Grenade guère mieux lotie, la moitié environ des chambres dans les quatre autres îles se situent dans des grands établissements.

A côté des unités importantes de la Caraïbe, les petites îles (notre troisième groupe) sont les plus nombreuses mais d'un faible poids en population: 14 pays qui ne représentent que 1.3% de la population... mais plus de 20% des touristes de la Caraïbe. Quatre îles ont développé le tourisme de façon specta- culaire et obtiennent les intensités tou- ristiques les plus importantes: Saint-Martin zone hollandaise (22.5), les Iles Vierges Britanniques (14.1), les Iles Caïmans (9.9) et les Bermudes (7.6). Anguilla, qui profite de la proximité de Saint-Martin,

qui réoriente son économie depuis la fin de l'activité pétrolière, projettent de s'immiscer dans ce cercle dynamique.

Les autres îles tentent de mettre en avant une particularité pour grignoter une petite part du marché touristique: Bonaire, répu- tée pour ses fonds sous-marins ou la Dominique qui veut donner l'image d'une île près de la nature.

Le tourisme demeure dans la Caraïbe un secteur en forte expansion puisque le nombre de visiteurs a progressé de 40%

depuis 1980. Et nombreuses sont les îles qui entendent bien profiter de cette crois- sance. une part de risques. L'activité touristique est très exposée aux fluctua- tions économiques internationales. •

(2) II s'agit en fait ici du (Produit Intérieur Brut).

(18)

PAYS INSULAIRES

A.TRANAP

Sur les 40 pays de moins d'un million d'habitants, 24 sont des îles. A ce niveau, on ne peut parler de petits pays mais de micro-pays. Leur petitesse, conjuguée pour la plupart d'entre eux à l'insularité, est uneource supplémentaire d'obstacles sur le chemin du développement.

(1) Anciennes Iles Ellice

(2) Anciennes Nouvelles Hébrides

est une image qui stimule l'imagination et le cours. «Utopie» est le nom de la société idéale que Thomas More, écrivain anglais de la Renaissance, place sur une île, société doublement enfermée dans l'insularité et dans son modèle.

ISOLEMENT ET DEVELOPPEMENT Mais l'île est aussi l'objet idéal des discours et des théories économiques qui analysent en premier lieu le fonc- tionnement des sociétés «fermées»

avant de s'intéresser aux échanges internationaux et à leur répercussion sur les économies nationales.

Une île peut rester une petite société vivant en auto-subsistance, auquel cas elle peut probablement disposer de nourriture en quantité adé- quate (mais pas forcément en qualité) mais elle n'aura accès à aucun bien de consommation, médicaments et autres commodités qui accompagnent le développement économique. Ou bien elle peut avoir accès à ces biens en s'intégrant à l'économie mondiale et en adoptant un mode de développement qui permet des échanges plus nom- breux et plus avantageux. En fait, la première possibilité n'en est pas une.

Peu de sociétés, peut-être aucune, ayant eu accès à ce type de commodités ont pu ensuite les rejeter et retourner paisiblement à la vie traditionnelle.

Ayant opté pour l'économie internatio- nale, il reste donc à préserver le meilleur des valeurs traditionnelles et à développer l'économie pour qu'elle s'appuie plus sur le commerce et moins sur l'assistance « - Gouvernement des Samoa occidentales).

Aucune stratégie de développement n'est donc envisageable sans ouverture vers l'extérieur et commerce avec l'étranger. Mais pour les pays insulaires comme pour les micro-pays, cela signifie le plus souvent de s'exposer à un échan- ge inégal.

LA PETITESSE ET SES INCONVE- NIENTS

L'exercice de la souveraineté et la conduite d'une politique de dévelop- pement économique coûtent en effet très cher. Le gouvernement de Tuvalu (1) qui exploitait deux navires thoniers de l'assistance japonaise s'est aperçu que si les moteurs devaient être remplacés, l'ensemble des ressources monétaires y passaient ; il a finalement demandé aux Japonais de reprendre les navires. Le seul projet d'extension

du quai de Mahé était

estimé à 8% du PNB seychellois et l'ensemble du projet d'aménagement du port à environ 30%. La participation aux enceintes internationales pose des problèmes financiers insolubles : les îles Salomon, le Vanuatu (2), les Samoa occidentales et les Maldives utilisent le

21

(19)

ECONOMIE

même bureau à subventionné par l'Australie pour y loger leurs missions auprès de l'O.N.U.

Ainsi, pour les îles-pays comme pour les petits pays qui ont accédé avec elles à l'indépendance ces dernières décen- nies, faut-il ajouter aux obstacles au

développement celui de

la faiblesse de leurs dimensions.

LE CLUB DES MICRO-PAYS Quand commence-t-on à être petit ? Y a-t-il un critère de viabilité des Etats et des économies ? Sans répondre à cette deuxième question, impossible tant les situations sont diverses, les experts oscillent entre une population inférieure à 500.000 habitants (parfois jusqu'à 1 million) et une superficie inférieure à un seuil variant de 700 à 4.000 km2 pour caractériser les micro- pays. Seuils de population souvent évoqués dans l'étude de l'histoire des civilisations et des grandes épidémies : la population de l'antique aurait été d'un demi million de personnes. Mais aussi seuils en deçà desquels il est difficile d'établir de façon autonome l'ensemble des services que réclame la civilisation moderne.

Aucun pays en développement appar- tenant à un continent ne répond aux deux critères de population et de super- ficie des experts. Seuls six pays conti-

nentaux développés peuvent y répon- dre : Andorre, Liechtenstein, Luxem- bourg, Monaco, Saint-Marin et le Vatican. Hors ces enclaves territoriales (des îles dans les tous les autres micro-pays sont des pays insulaires.

Si l'on ne garde que le critère de population, apparaissent au club des moins de 500.000 habitants, les riches Brunéi et Qatar, la pauvre Guinée équatoriale comme le Surinam, le Bélize (3), l'Islande et les îles Bahamas et Salomon.

(3) Ancien Honduras Britannique

LES ETATS INSULAIRES ET CONTINENTAUX DE MOINS DE 500.000 HABITANTS

AFRIQUE Insulaires

Cap-Vert Comores

Sao-Tomé & Principe Seychelles ; St Kitts-Nevis

Djibouti : :

:

« j

AMERIQUE

Antigua Bahamas Barbade Grenade

Tu 1

St-Vincent

Bélize

PACIFIQUE

Kiribati : Nauru Samoa Occ.

Tonga Vanuatu

".

.

ASIE

Bahrein Maldives

il

EUROPE

Chypre Malte : II;

; m

11

Andorre ; Liechtenstein Luxembourg Monaco

St-Marin ; St-Siège(Vatican) \

22

(20)

PART D'IMPORT SUR LE PNB

| (1984) j

} - Pays entre 1 et 3 millions

! d'habitants.

Jamaïque Maurice Singapour

Trinidad et Tobago

46,2 42,9 25,2 - Pays de moins de 1 million

Antigua et Barbuda 62,7

Bahamas 426,7

Bahrein 82,9

Barbade 59,9

Cap-Vert 84,0

30,9

Chypre 57,1

Dominique 60.0

Fidji Grenade

Maldives 69,7

Saint-Kitts - Nevis 73,3

Sainte-Lucie 78,7

Malte

Saint-Vincent - Grenadines 61,0

Samoa 51,0

Sao-Tomé et 40,0

Seychelles 54,4

Iles Salomon 70,4

Vanuatu

Polynésie Française Guadeloupe

Martinique Guyane Réunion

Source : C. N. U. C. E. D. (Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement).

58,5 54,9 98,3 33,8 40,6

(4) Associé à la Nouvelle-Zélande iU

Ainsi, cet ensemble de micro-pays et de petites îles est très disparate, des très démunies Maldives à l'opulent émirat du Bahrein dont la croissance démographique spectaculaire (+ 233%

en vingt ans) vient de l'embauche tous horizons de main-d'oeuvre et qui à cette vitesse, va bientôt quitter le club des moins de 500.000.

Mais de l'analyse des situations démo- graphiques et économiques se déga- gent rapidement trois groupes remar- quables :

- les micro-pays continentaux europé- ens qui tirent profit de leur enclavement dans l'Europe grâce à des statuts politiques et économiques particuliers.

Ces Etats sont souvent aussi riches sinon plus que leurs puissants voisins et la comparaison de leur situation à celles de pays enclavés dans des régions plus démunies est frappante : en moyenne, les pays enclavés pauvres sont plus pauvres que les pays côtiers les entourant...

- les îles-états de la Polynésie et de la Mélanésie, très éloignées des pôles de développement, sont en règle géné- rale très mal loties. Le PNB par habitant est quelque dix fois inférieur à celui du groupe précédent. L'émigration de main-d'oeuvre y connaît une ampleur sortant de l'ordinaire et on cite souvent le cas de la petite île polynésienne de Niué (4) dont plus de 60% des ressor-

tissants vivent en Nouvelle Zélande ; - enfin, les îles de la Caraïbe avec un revenu par habitant se situant entre 900 et 2.000 $ en 1985, si l'on excepte les Bahamas et la Barbade.

LE RENONCEMENT AU MODELE UNIQUE

Les traits communs qui rassemblent ces micro-pays viennent de la faible taille de leurs dimensions : probabilité réduite de disposer de ressources naturelles, absence d'économie d'échelle pour leurs investissements, vulnérabilité de- vant les catastrophes naturelles. Pour le groupe des petites îles, l'éloignement s'ajoute aux handicaps, car il les em- pêche de bénéficier des avantages d'une ouverture sur l'extérieur ou de l'intégration dans l'économie mondiale.

Devant ces obstacles, la réponse des micro-pays aux problèmes du déve- loppement à été extrêmement diversi- fiée : du morcellement ou du repliement sur soi à une ouverture vers l'extérieur tous azimuts. Dans toutes ces expé- riences, les dimensions réduites des états ont représenté des contraintes fortes. Même si elles peuvent parfois être retournées en avantage, en deve- nant un garant de souplesse et d'adap- tabilité à l'évolution des relations interna- tionales.

23

(21)

L'ENDETTEMENT AU QUOTIDIEN

D;

Le paie ses dettes s'enrichit»

de jadis a fait place au «qui ne s'endette pas, n'est plus de son temps». Dans l'économie ac- tuelle, l'endettement a aban- donné -en dehors de ses excès- ses aspects suspects du passé et tous les agents économiques l'utilisent.

(1 ) Voir "Vivre à crédit" Antiane Eco n° 9

recours au crédit est devenu un comportement économique cou- rant qui va de pair avec le déve- loppement du système bancaire. Plus personne ne remet en question ce type de démarche ; tout au plus en dénonce- t-on ici ou là les abus.

Cette dénonciation concerne en général les ménages que l'on accuse de beau- coup consommer et de peu épargner.

Or l'appel à «l'épargne des autres» est également le fait des entreprises et des administrations, et le monde des en- dettés se transforme.

A CHACUN SES DETTES

L'analyse des crédits à l'économie est révélatrice de ces nouvelles tendances dans la répartition des rôles entre agents économiques. La construction de logements est ainsi devenue l'une des données importantes du fonction- nement de nos économies qui stimule l'appel aux crédits à plus de deux ans.

Le secteur productif a une attitude plutôt frileuse où le court terme joue un rôle important.

Le commerce quant à lui prend date : en dépit de la politique restrictive affirmée, ce secteur mobilise presqu'autant de crédits que le secteur productif en Gua- deloupe (29% de l'ensemble des entre- prises), un peu plus en Martinique, soit respectivement et milliards de francs.

Les administrations locales éprouvent,

de leur côté, d'importants besoins de financement. Les communes ont beau puiser dans le très octroi de mer, il n'est pas pensable qu'elles puis- sent se passer de la Caisse des Dépôts et du Crédit local de France pour finan- cer leurs gros travaux.

Les collectivités publiques s'endettent donc au nom de leurs administrés, un peu à moyen terme (363 millions en Guadeloupe en seulement 2 mil- lions en mais surtout à long terme (plus de 7 ans) : elles utilisent environ 40% des crédits à long terme consentis dans chacun des départements. Ce sont, on l'aura compris, surtout des établissements financiers extérieurs (établis dans l'Hexagone avec des relais locaux) qui interviennent dans ce cas.

On notera que le recours des adminis- trations est un peu plus élevé en Guade- loupe (49% en 1987, 40% en 1988) qu'en Martinique (respectivement 37 et 38%).

EMPRUNTER POUR UN TOIT Si le surendettement de certaines col- lectivités locales revient souvent à la une de l'actualité, le surendettement des ménages est un fait assez nouveau. Il n'est que le revers du recours de plus en plus fréquent et pas toujours réfléchi des ménages au crédit

Ces derniers se tournent plus naturelle- ment que naguère vers les établisse- ments financiers pour faire face à leurs

(22)

PLACE DE L'HABITAT DANS LES CREDITS A MOYEN-LONG TERME AU SECTEUR PRIVE

A 1988

besoins de consommation cou- rante mais aussi aux aléas de l'existence. Pourtant, les crédits consentis à moins de deux ans sont assortis d'intérêts élevés (toujours plus de parfois plus de 20%). Mais que pèse la cherté du court terme quand il s'agit de satisfaire au plus vite une consom- mation -et peut être un vieux rêve- de salon, de voyage, voire de voi- ture (2) ?..

Néanmoins, les ménages antillo- guyanais ne sont pas uniquement préoccupés de consommation courante. Ils sont aussi très impli- qués dans la construction de loge- ments, participation non négli- geable à l'activité productive : dans cette optique, ils s'endettent à moyen terme (2 à 7 ans), pour près de la moitié de l'ensemble de leurs crédits. En réalité, si l'on tient compte de l'habitat (plus de 90%

des crédits-habitat sont des crédits accordés aux ménages) l'endet- tement à plus de deux ans repré- sente alors plus de 80% de l'endet- . tement total des ménages.

En l'habitat consomme à lui seul près de 5 milliards de francs en Guade- loupe et Martinique, et 1,3 milliard en Guyane (soit 29% de l'ensemble des crédits distribués en Guadeloupe, 34%

en Martinique et en Guyane). La place de ce secteur n'a cessé de croître dans la masse des crédits longs accordés au secteur privé.

REPARTITION DES CREDITS ACCORDES EN SUIVANT LEUR TERME (2) Les achats de véhicules sont en fait,

souvent financés par du moyen terme

M GUADELOUPE

• MARTINIQUE GUYANE

court terme moyen terme long terme

Ce phénomène s'est même accentué avec la mise en oeuvre de la loi de défiscalisation : en 55 à 60% des crédits à moyen et long terme, hors col- lectivités publiques, ont financé l'habitat aux Antilles-Guyane. Il s'agit de plus en plus d'habitat collectif. Dans la décennie 70, les familles vivaient davantage dans des logements individuels, si modestes étaient-ils : en 1974, l'habitat collectif ne représentait que 5 à 6% du parc des résidences principales contre environ 10% actuellement.

L'ENDETTEMENT NATUREL DE L'ENTREPRISE

Pour les entreprises, s'endetter répond depuis longtemps à la logique de leur existence même. Leur fonction princi- pale n'est-elle pas de produire donc in- vestir et non d'épargner ? Hors habitat, et tous types de crédits confondus, les entreprises sont les premiers deman- deurs de financement. Cependant, si l'on tient compte de l'habitat, elles sont alors supplantées par les ménages.

Globalement, les entreprises font davan- tage appel au moyen et long terme (52 à 60% de leur endettement), avec une nette préférence pour le plus de sept ans en Guyane. Il s'agit là d'un comporte- ment récent ; il y a ans le crédit à court terme intervenait encore pour plus de 60% dans le financement extérieur des entreprises. Une meilleure gestion finan- cière de fait -la baisse du taux d'inflation rendant moins attrayant le recours au découvert et à l'escompte- et aussi la politique plus restrictive des banques vis à vis de leurs clients amateurs de court terme expliquent ce changement de cap.

Mais le court terme garde une place de choix dans le monde des entreprises. En Martinique, le commerce en est sans conteste le plus gros utilisateur. Il ab- sorbe plus de 40% de l'ensemble des encours distribués aux entreprises (35%

environ en Guadeloupe et Guyane en et moins de 30% en De plus, l'endettement du commerce martini- quais est surtout à moins de deux ans du recours total au crédit, contre un peu plus de 50% en Guyane et en Gua- deloupe).

Les comportements dans le commerce ont néanmoins évolué différemment dans les deux départements antillais : en en effet, ce secteur d'activité était endetté presqu'à court terme (plus de 27

(23)

LA MESURE DE L'ENDETTEMENT

Les concours à l'économie sont étudiés à partir des crédits bancaires accordés ; il s'agit de crédit en fin d'année. Ces données sont élaborées par l'IEDOM à partir des situations comptables des établissements de crédits locaux et des éléments fournis par les établissements non installés.

Par commodité, les créances douteuses, devenues une composante non négligeable des relations banques-clients (3% aux Antilles, 5% en Guyane), ont été exclues. Les crédits accordés par les deux types d'établissements ont été regroupés.

Les entreprises bénéficiaires ont été classées de la façon suivante :

- Secteur productif = agriculture + élevage + pêche + industrie et artisanat, bâtiment et travaux publics ; - Commerce = commerce ;

- Services = hôtellerie + transports + opérations de crédit-bail ;

- Autres = autres entreprises + achats et ventes de matériels d'équipement.

GUADELOUPE MARTINIQUE GUYANE

0 ENTREPRISES (hors HABITAT) dont -Secteur Productif

-Commerces

-Services (yc Crédit-Bail) -Autres

O HABITAT

O MENAGES (hors HABITAT) O ADMINISTRATIONS

ENSEMBLE

Millions F 5756 1995 1358 705 1698 4650 1439 3956

% 36,4

8,6 4,5 10,7

29,4 9,1 25,0

Millions F 5001 1928 1690 410 973 4709 1160 3236

: 13,7 12,0 2,9 6,9 33,4

8,2 22,9

Millions F 1418

666 308 104 340 1349 345 837 3949

%

16,9 7,8 2,6 8,6 34,2

8,7 21,2

source :

80%). La part de cet endettement n'a fait que diminuer depuis, mais de manière plus importante en Guadeloupe qu'en Martinique. D'importants investisse- ments ont été réalisés dans ce domaine (créations, extensions).

Tout ceci milite pour un développement du moyen-long terme même si l'activité commerciale se prête bien à l'utilisation d'un court terme (c'est-à- dire à renouvellement quasi automati- que) du fait d'une rotation rapide des stocks, entre autres.

UN PARADOXE EN GUADELOUPE Les entreprises industrielles (avec une nuance pour le ont, en revanche, tout lieu d'utiliser d'abord des crédits longs. Dès l'instant qu'elles peuvent, bien sûr, gagner la confiance des prêteurs à plus de deux ans. Un autofi- nancement (3) correct souvent syno- nyme de saine gestion constitue en la matière un gage de succès.

Mais le paradoxe est qu'en Guadeloupe le secteur productif (agriculture, indus- trie y compris BTP) arrive en tête au hit- parade des utilisateurs de court terme (37% en 1987, 32% en 1988) suivi d'assez près par le commerce. De plus, sur la masse de crédits dont il bénéficie, ce secteur recourt «au moins de deux ans» à raison de 40 à 50%. Restriction tout de même, le recours au court terme par les entreprises de production a dimi- nué au cours des dernières années tant en Guadeloupe qu'en Martinique du fait de la perte de vitesse de l'économie cannière très utilisatrice de crédits de campagne.

Les services (transports et hôtellerie essentiellement) occupent une place assez maigre dans la masse des crédits accordés aux entreprises : l'essentiel de cet endettement est constitué de crédit long avec une nette prédominance du plus de 7 ans (60 à 75% aux Antilles, plus variable en Guyane). •

(3) Financement d'une entreprise par l'affec- tation aux investissements d'une fraction de ses profits, par un prélèvement sur le fonds de roulement ou par un apport de fonds propres

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