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Les juifs florentins dans l'espace politique républicain (1494-1496)

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LES JUIFS FLORENTINS DANS L’ESPACE POLITIQUE REPUBLICAIN (1494-1496)

Jean-Marc Rivière

Centre Aixois d’Etudes Romanes / UMR Triangle (ENS-LSH)

Si les premiers témoignages de l’implantation des Juifs à Florence remontent au début du XIV

e

siècle,

1

les traces écrites de leur présence, au moins jusqu’au premier quart du XVI

e

siècle, demeurent ténues. Cette faible place dans l’historiographie s’explique, en premier lieu, par l’implantation tardive

2

et le développement limité de la communauté juive de Florence (Salvadori 1995, 119-124 et Luzzati 1985, 269-270).

3

La position sociale marginale des Juifs à Florence durant le XV

e

siècle trouve sa pleine confirmation sur le plan politique. L’analyse des vicissitudes auxquelles ils sont soumis tout au long du siècle jusqu’au tournant républicain de novembre 1494 montre en effet à quel point leur place dans la cité est dépendante des paramètres sociopolitiques sur lesquels ils ont peu le loisir de peser, en tout cas autrement que par leur simple rôle d’opérateur économique. S’il n’entre pas dans notre propos de revenir sur les relations entre les Juifs et l’Etat florentin durant la période médicéenne

4

, on peut toutefois rappeler la protection constante accordée par Laurent le Magnifique aux prêteurs juifs, notamment en 1477-1478

5

et 1488,

6

lorsque leur présence dans la cité est violemment remise en cause par le franciscain Bernardino da Feltre. Roberto Fubini a ainsi montré comment Laurent considère les banques de prêt juives comme un instrument susceptible de lui permettre de contrôler les flux de liquidités à l’intérieur de la cité, et donc, comme un outil indirect de mainmise politique.

7

. Dans ces conditions, écrit Fubini, “il prestito ebraico tende così a divenire parte strutturale del regime, e cioè del progetto di Stato che questo veniva gradualmente attuando” (Fubini 1996, 180).

8

Ainsi, l’opposition constante de Laurent à la création d’un Mont de Piété à Florence s’explique par sa volonté de ne pas fragiliser sa relation privilégiée avec les prêteurs juifs (Muzzarelli 2001, 29-37).

Si les Juifs sont ainsi intégrés au complexe réseau d’intérêts mis en place par les

Médicis pour développer leur influence politique, la chute de Pierre de Médicis, en

novembre 1494, les plonge brutalement dans une phase moins favorable de l’histoire

de leur présence à Florence. Les prémices de ce changement sont perceptibles dès le 9

mars 1493, lorsque les Otto di guardia e Balìa décident l’expulsion des Juifs étrangers

(Cassuto 1965, 378). L’atmosphère se tend encore avec le retour à Florence de

Bernardino da Feltre, le 19 mai (Rusconi 1994, 1-15). Ses sermons, du 21 juin au 25

juillet, sont nourris de la double idée de la nécessaire création d’un Mont de Piété et

de l’expulsion concomitante des Juifs.

9

Le régime oligarchique, au sein duquel le poids

(2)

2 de Pierre de Médicis demeure important, se montre ferme, puisque Bernardino da Feltre est expulsé, tandis que son projet de Mont de Piété est ajourné. Piero Parenti peut ainsi écrire qu’en avril 1493 “grandissimo favore […] avevano li Ebrei” (Parenti 1994, 46) au sein des principales familles de l’oligarchie. Intéressant est l’argument que Parenti cite dans le même passage en faveur de la présence des prêteurs juifs dans la cité, car nous le retrouverons par la suite, sous une forme sensiblement identique: il en va du bien public, ou du moins de celui des catégories sociales les plus faibles, que ce type de prêt permet de subsister.

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C’est d’ailleurs un argument similaire que l’on retrouve dans les capitoli stipulés le 15 décembre 1491, dans lesquels les Ufficiali del Monte déclarent les accorder “non voluntate, non pubblica utilitate reipublicae, sed hac populi commoditate qualiscumque ipsa sit moti” (Ciardini 1907, 82-83). L’hostilité anti-judaïque ne cesse pourtant de croître durant les mois qui précèdent la chute de Pierre de Médicis. En témoigne, en août 1493, le terrible assassinat du jeune juif Bartolomeo de Cases: condamné à avoir la main tranchée et à être énucléé pour avoir blessé un autre jeune homme lors d’une rixe, il est arraché par la foule du charriot qui le mène au supplice, puis lapidé, avant que son cadavre soit bastonné et traîné dans la ville, puis abandonné (Salvadori 2000, 24-25).

L’image des Juifs se dégrade un peu plus en mai 1494, à l’occasion de la réimpression et de la diffusion de la Tavola della salute. Au chapitre X de cet opuscule, Marco di Montegallo développe en effet une démonstration selon laquelle cent ducats, prêtés au taux courant pour l’époque de 30%, se transforment entre les mains de l’usurier, en l’espace d’un demi-siècle, en la somme pharaonique de cinquante millions de ducats (Ciardini 1907,

XCIV

-

C

-

C

; Mazzone 1978, 135-136; Veronese 1998, 202-203).

Bien sûr erroné, ce calcul produit un effet dévastateur dans l’opinion publique, puisqu’il met en exergue l’image des Juifs accumulateurs de richesses.

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Au moment des mutations politico-institutionnelles de novembre-décembre 1494, l’atmosphère anti-judaïque qui règne dans la cité est donc tout à fait perceptible.

La naissance du nouveau régime s’accompagne toutefois de difficultés qui relèguent provisoirement au second plan la question de la présence juive. Comme le résume fort bien Piero Parenti, “trovavasi la città di Firenze in tale stato: vacua e munta di danari”

(Parenti 1994, c.188v, 282). C’est bien l’existence même du régime qui se trouve ainsi menacée car, au-delà du péril extérieur, le processus de décomposition du dominio florentin, initié par les rébellions de Pise et de Montepulciano, achève de vider les caisses publiques par les dépenses militaires qu’il implique. Dès les premières semaines de janvier 1495, passée l’exaltation du changement politique, on assiste donc dans les principales instances de gouvernement, et notamment au sein des pratiche,

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à d’intenses réflexions sur les moyens d’obtenir de telles sommes, rendues plus lourdes encore par les exigences financières de la France, qui monnaie chèrement son soutien diplomatique et militaire.

La gestion des finances publiques apparaît très vite comme un véritable

cristallisateur de l’affrontement politique, car les moyens de remplir les caisses de

l’Etat sont limités. Accroître les taxes existantes ou créer de nouvelles levées d’impôts

(3)

3 se révèle délicat dans un contexte social aussi troublé.

13

La seconde solution traditionnellement usitée est celle du recours au prêt public, mais elle aussi pose de graves difficultés, car les citoyens les plus fortunés rechignent à prêter de l’argent à un Etat au sein duquel ils perdent chaque jour un peu plus leur influence politique.

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Le nouveau régime semble par ailleurs si fragile que nul ne peut être certain qu’il survivra à ses premiers mois ou qu’il sera un jour en mesure de rembourser les sommes empruntées.

15

De leur côté, les uomini di mezzo considèrent ce type de prêt comme une forme dissimulée d’usure menée par l’oligarchie à l’encontre de la communauté dans son ensemble.

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Le choix de l’une ou l’autre solution devient ainsi très vite un enjeu politique important.

17

Un tournant de l’histoire du nouveau régime se joue donc autour de la question financière.

Dès 1495, une nouvelle hypothèse est soulevée. Il s’agit d’aller prendre l’argent partout où il se trouve, ce qui suppose, comme le déclare en octobre le très influent Bernardo Rucellai, “che’ Giudei, arte et beni di ribegli si vendessino, et di tutto si trahessi danari” (Fachard 2002, 45). Cela est d’autant plus tentant que, comme le rappelle Niccolò Carducci le 16 avril 1496, “ci sono Hebrei richi; et che si accattassi da lloro qualche miglaia di fiorini, ché n’ànno et continuamente mettono in puncto di cavargli della cictà” (Fachard 2002, 187). L’urgence des besoins vient donc se greffer sur l’atmosphère anti-judaïque qui s’est développée durant les dernières années du régime médicéen. Il faut cependant également prendre ici la juste mesure de l’irruption de Savonarole sur la scène politique florentine.

Dans le projet savonarolien de renouvellement politique et social, Florence est perçue comme une nouvelle Jérusalem, au sein de laquelle la concorde et la justice sont destinées à régner dans le respect de la loi divine. Nouveau peuple élu, le peuple florentin sera placé sous la protection de la grâce divine, à condition que les institutions reviennent à la “vita dello spirito” et aux règles de la religion chrétienne. Dans ses sermons, Savonarole initie une vaste entreprise de contrôle et de moralisation de la vie politique et sociale destinée à une rénovation de la foi, mais aussi de toute la société.

C’est dans ce cadre qu’il désigne dès le 3 novembre 1494 l’un des principaux ennemis de sa refondation: “Tu, usurario, lascia le usure” (Savonarola 1965, 59). Cette admonestation est développée et explicitée le 10 décembre dans un nouveau sermon, durant lequel on lit ce passage:

Prestate ad altri senza sperarne premio o guadagno alcuno, se non vita eterna; questo è precetto.

Prestare la pecunia e l’altre cose che si mutuano al prossimo ne’ suoi bisogni e necessità, alcuni dicano che questo è di consiglio, e io ti dico che così è questo de precetto, come è da precetto la elemosina […]. Firenze, io vorrei che tu rimovessi da te queste usure, e Dio multiplicherà le vostre ricchezze, se farete quello che io vi dico. (Savonarola 1965, 162-163)18

La dénonciation savonarolienne de l’activité usuraire se rattache à son projet de

rénovation sociale, puisqu’il lui associe deux autres idées: la volonté de mettre enfin

en place à Florence un Mont de piété (Mazzone 1978, 140-141), d’une part, et

l’expulsion de Juifs de la cité, d’autre part. Ce second souhait s’explique en partie par

(4)

4 le souci du Dominicain de complaire aux catégories sociales médianes, socle de son influence politique, pour lesquels les Juifs sont protégés par l’oligarchie.

La logique qui sous-tend le discours savonarolien se clarifie à mesure qu’il prononce ses sermons: l’usure appauvrit le peuple florentin en même temps qu’elle enrichit les Juifs. La solution pour résoudre cette question est donc d’éliminer la source du problème (les Juifs) et de les remplacer dans leur activité économique par un système plus favorable et plus en accord avec l’idéal de paix civile promu par Savonarole (le Mont de Piété),

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par ailleurs en plein essor dans les autres régions de

la péninsule (Montanari 1999 et Prodi 1994).

Le débat économique se déporte donc sur la question de la création d’un Mont de Piété. C’est ainsi que, le 20 décembre 1495, il est demandé pour la première fois aux participants de la pratica “an constituendus sit Mons Pietatis et quomodo”.

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Le compte-rendu de cette réunion rend très bien l’argumentation qui se développe dans la cité autour de cette proposition savonarolienne, aussi nous semble-t-il intéressant de suivre pas à pas les éléments de réflexion amenés par les différents intervenants.

Premier à s’exprimer sur le sujet, Piero Machiavelli insiste sur le manque d’à propos de cette proposition et sur le fait qu’il s’agit là d’une solution à envisager en dernier recours, car “havendo a fare el Monte di quello del Comune, che al presente non è tempo; sendoci chi servissi del danaio, sarebbe cosa sancta et giusta all’ordinarlo” (Fachard 2002, 77). Francesco degli Albizzi revient quant à lui sur le faible taux d’intérêt auquel l’argent devra être prêté (Fachard 2002, 78), tandis que Francesco Franceschi met l’accent sur la nécessité de trouver des fonds suffisants au fonctionnement d’une telle institution.

21

Domenico Bonsi se déclare pour sa part être un fervent partisan du Mont de Piété, car celui-ci permet d’éviter un enrichissement indu des prêteurs juifs. Lui aussi insiste sur la question du financement d’une telle institution en ces temps de crise:

super Monte Pietatis etc., commendano grandissimamente el richordo, et molto più l’effecto quando harà la conclusione sua, perché gl’’Ebrei se ne portano col tempo uno danaio infinito;

et è bene provedere pel futuro, perché col tempo se ne portano assai danari. Circa el modo perché non si può fare se non con numero assai di danari, et conoscendo e’’ tempi presenti penuriosi di danari, veghono difficultà assai a poterlo conducere

.

(Fachard 2002, 77)

En raison du contexte financier délicat, Lorenzo Lenzi propose alors de surseoir à cette création pour, à l’occasion d’une conjoncture plus favorable, se servir de la taxe annuelle que paient les prêteurs juifs en vertu des capitoli qui les lient à la cité

22

afin de dégager les fonds nécessaires à cette institution.

23

Le lien entre la création d’un Mont de Piété et l’anti-judaïsme latent qui sévit dans la cité est clairement exprimé par les citoyens au nom desquels s’exprime Filippo Corsini qui, “circa el Monte, dicono l’opera esser laudabile et arecherebbe assai utile alla cictà, perché e’ tarli degli Hebrei se ne portano el sangue del popolo fiorentino” (Fachard 2002, 79).

Dans un tel contexte, il n’est guère surprenant que la provvisione du 28 décembre

1495, qui sanctionne la création du Mont de Piété, s’ouvre par cette formule très dure:

(5)

5

Considerato la pestifera voragine et pessimo verme dell’usura già sopportata nella vostra ciptà et dominio circa d’anni sexanta da quella perfida et di dio inimica secta ebraicha et certo essere pecchato inremissibile non tanto a chi la exercita ma etiam a qualunche a quella porgie presidio et favore... (Ciardini 1907, C-CII)

Ce texte prévoit des clauses très contraignantes pour les prêteurs juifs. Ils ont ainsi un an pour récupérer les sommes prêtées auprès de leurs créditeurs et pour quitter la cité,

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dans laquelle ils ne pourront ensuite conserver de biens immobiliers en pleine propriété.

25

Toutefois, malgré la fermeté affichée du ton, on peut lire, dans la pensée savonarolienne, cette volonté d’expulser les Juifs plutôt comme une conséquence inévitable de la création du Mont de Piété que comme un présupposé idéologique. Elle n’apparaît d’ailleurs pas inéluctable aux yeux des principaux intéressés puisque, parmi les premiers contributeurs privés au Mont de Piété, on trouve deux banquiers juifs, Abramo da San Miniato et Manuelo da Camerino (Ciardini 1907, 100). S’ils espèrent par leur contribution éviter une expulsion, c’est donc qu’ils perçoivent celle-ci comme évitable. Cela semble confirmer l’hypothèse de Michele Luzzati, selon laquelle, si l’expulsion des Juifs est, dans le discours savonarolien, consubstantielle à la création du Mont de Piété, elle perd sa nécessité une fois celui-ci mis en place:

Tutti questi elementi evidenziano come ‘motore’ della provvisione del 1495 fosse la necessità di avere a Firenze un Monte di Pietà, di eliminare definitivamente l’usura e, in second’ordine, di cacciare gli ebrei. Quest’ultimo punto è concepito, nel pensiero savonaroliano, come una diretta conseguenza della creazione del Monte e della chiusura dei banchi di prestito ed è per questo motivo che il decreto insiste tanto sulla figura dell’ebreo prestatore. La provvisione si muove principalmente contro i banchieri ebrei e contro la professione da essi esercitata: infatti, l’espulsione sembra riferirsi principalmente a loro, perché ritenuti i maggiori responsabili della

‘pestifera voragine e pessimo verme dell’usura’.(Luzzati & Galasso 1996, 37)

Savonarole n’a d’ailleurs pas toujours eu à l’égard des Juifs une position aussi rigide. Dans une lettre datée du 18 mai 1493 et adressée à la Seigneurie de Lucca, qui l’avait consulté pour savoir si elle devait ou non accepter des prêteurs juifs dans la ville, il avait ainsi répondu que les Juifs pouvaient y résider, mais qu’on ne pouvait pas les y appeler pour qu’ils exerçassent une activité de prêt (Luzzati & Galasso 1996, 36). En revanche, poursuivait-il, “si, par la suite, ils veulent pratiquer l’usure, les maîtres de la cité peuvent le permettre. De même qu’on ne peut épouser une courtisane dans le but de se livrer à la débauche, mais qu’on peut épouser une femme si on veut par la suite se livrer à la débauche, on peut permettre cela comme un moindre mal”

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(Savonarola 1984, 41). Bien qu’elle fût mauvaise “de par sa nature même”, Savonarole considérait donc l’usure juive, deux ans seulement avant la provvisione de décembre 1495, comme une activité licite.

La radicalisation du discours savonarolien doit beaucoup aux difficultés que

rencontre le Dominicain pour imposer ses idéaux politiques dans la cité. Malgré les

(6)

6 bouleversements politico-institutionnels de novembre-décembre 1494, dont la création du Consiglio Maggiore est le plus important du point de vue symbolique, la rupture profonde avec le régime médicéen qu’il espérait ne se vérifie pas, car la composition du groupe majoritaire au sein des différents conseils de gouvernement demeure peu modifiée, si bien que les grandes familles de l’oligarchie, celles du stato vecchio, conservent une place prépondérante dans la cité (Rubinstein 1979; Pesman Cooper 1987, 239-255; Rivière 2005, 72-82). Dans ce contexte tendu, de nouvelles lignes de fracture viennent se superposer à celles sur lesquelles se basaient jusqu’alors les antagonismes politiques.

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Or, même si Savonarole peut compter sur un large soutien populaire, ses partisans demeurent très nettement minoritaires au sein du Consiglio maggiore, dont ils représentent moins de 15% des membres (Bertelli 1982; Pampaloni 1972, 338; Guidi 1984, 34-35).

Pour faire d’un groupe numériquement minoritaire une force capable d’orienter les choix politiques de la cité, le Dominicain donne alors à son mouvement des caractéristiques qui en font, selon l’analyse de Sergio Bertelli, un “embrione di partito politico” (Bertelli 1982, 18

)

,

28

à savoir la présence simultanée d’un chef charismatique et d’objectifs collectifs soutenus par une organisation interne, une stratégie et des instruments de propagande. C’est dans cette perspective qu’il convient de lire la radicalisation du discours contre l’usure, et donc contre les Juifs, qu’il développe à partir du mois de mars 1496. Dans son sermon du 6 mars, il place ainsi l’usure en tête de la liste des principaux péchés,

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avant de développer, dans les sermons suivants, un lien explicite entre Mont de Piété et départ des Juifs.

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Deux jours plus tard, le 8 mars, Savonarole déclare ainsi:

Firenze, secondo che tu farai più o manco bene, così saranno le tue tribulazioni piccole o grandi.

I’ te l’ho detto altre volte. Ma sappi che tu debbi scacciar via quelli tre peccati che più volte t’ho detti. La sodomia, prima, che voi la spegnate; secondario, l’usura. Tu sai che tu hai fatti uficiali che faccino un Monte di Pietà, per levar via e’ Giudei della tua terra. (Savonarola 1971, 106)

L’expulsion des Juifs n’est plus seulement une conséquence de la création du Mont de Piété: elle en devient l’objectif déclaré. Au-delà de l’affrontement politique exogène, ce glissement trouve également sa source dans les tensions internes qui, à cet instant, mettent en péril l’unité du groupe savonarolien. Ne pouvant permettre un éclatement de son mouvement, le Dominicain veut ainsi offrir des gages à la frange la plus rigide sur le plan doctrinal. Le but de cette manœuvre est de rétablir, autour d’une position forte, une cohésion provisoire (Luzzati & Galasso 1996, 36). La position de Savonarole tient donc sans doute davantage d’un pragmatisme conjoncturel que d’une posture idéologique assumée.

Le paroxysme de la propagande savonarolienne est atteint lors de la célèbre

procession du dimanche des Rameaux de mars 1496, grâce à laquelle le Dominicain,

pour donner corps à une institution officiellement née en décembre de l’année

précédente, mais dépourvue des fonds nécessaires à son activité, recueille des dons

destinés au Mont de Piété. Cette procession marque les esprits, puisqu’on en retrouve

(7)

7 de larges échos dans les chroniques contemporaines (Parenti 1994, 326-328 et Landucci 1985, 128), mais aussi dans les comptes-rendus des pratiche. Ainsi, le 16 avril 1496, plusieurs orateurs expriment la volonté d’expulser les Juifs, maintenant que le Mont de Piété est capable de fonctionner.

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Ces interventions reflètent le courant de pensée dominant au sein des différents conseils de gouvernement de la cité puisque, trois jours plus tard, le 19 avril, les statuts du Mont de Piété sont adoptés par le Conseil des Quatre-Vingts par 77 voix contre 17. C’est ensuite au tour du Consiglio maggiore de les sanctionner définitivement le 21 avril, par 522 voix contre 145. Le 28 avril, huit citoyens, élus au sein du Consiglio maggiore, reçoivent la charge de diriger cette institution (Guidi 1992, II, 862). Maintenant que le Mont de Piété dispose de statuts et d’une trésorerie propre, les banques de prêt n’ont plus de raison d’être, puisque leur fonction économique peut être exercée par l’institution nouvellement créée (Pullan, 2001, 54-55

)

.

32

Rien n’empêche donc plus l’expulsion des Juifs selon les modalités prévues par la provvisione du 28 décembre 1495.

Or, à l’été 1496, la crise financière s’accentue. Le projet d’une levée d’impôts extraordinaire qui aurait permis de récolter 50 000 florins, envisagé à l’automne 1495 et sanctionné par la provvisione du 8 décembre 1495, n’a pu être mené à bien face à l’obstruction des catégories populaires majoritaires au sein du Consiglio maggiore. Il en va de même pour la tentative d’avril 1496 d’imposer lourdement les biens du Clergé, qui débouche sur de longues et stériles tractations avec l’Eglise (Mazzone 1978, 59-76).

Les mois de juillet et d’août 1496 ne sont qu’une longue succession de projets fiscaux, qui suscitent l’irritation des catégories médianes, ces uomini di mezzo qui forment l’essentiel du Consiglio maggiore et peuvent donc faire obstruction aux textes qui leur semblent contraires à leurs intérêts, bloquant ainsi toutes les tentatives entreprises par les Signorie successives pour remplir les caisses de l’Etat (Guidi 1992, 993-1004). Or, le Mont de Piété n’a pas vocation à résoudre les difficultés financières structurelles de la cité et n’en a d’ailleurs pas les moyens. A cela s’ajoute le délai de latence inhérent à la mise en place d’une telle institution, qui ouvre ses portes seulement le 2 août.

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Entre-temps, face au besoin pressant de liquidités et à l’absence d’une solution

unanimement acceptée, des voix s’élèvent pour réclamer qu’on utilise les fonds

détenus par les Juifs pour soulager les finances publiques moribondes.

34

Ainsi, le 18

juin 1496, les membres de la pratica sont explicitement interrogés sur l’opportunité de

lever l’interdiction faite aux Juifs de pratiquer l’usure.

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Les arguments développés au

sein de la pratica sont significatifs du pragmatisme qui gagne alors la cité en matière

financière. Si les Juifs doivent à nouveau avoir la possibilité d’exercer leur activité de

prêt, disent en substance Francesco Cavalcanti et Neri Del Nero au nom des

Gonfaloniers de Compagnie en ouverture de la séance, c’est parce que, comme le Mont

de Piété ne fonctionne pas encore, les plus démunis n’ont personne d’autre vers qui se

tourner:

(8)

8

che atteso la indigentia grande del popolo vostro et maxime de’ poveri, che non potendo per anchora aprirsi el Monte della Piatà, che sia necessario ad ogni modo di fare prestare agl’Ebrei, perché è cosa importantissima a questo popolo. Et per questo richordavano fusse bene che la Signoria, con quegli dextri modi occorre a quella, facessi di sicurare decti Hebrei dello exilio et dare loro speranza, acciò si possino inducere più facilmente a prestare. (Fachard 2002, 217)

Sans écouter ceux qui, comme Enea della Stufa,

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recommandent la prudence, Piero Capponi va plus loin encore dans le raisonnement, puisqu’il montre tout l’intérêt que pourront retirer les finances publiques d’emprunteurs redevenus ainsi solvables et, donc, susceptibles de répondre à de nouvelles levées d’impôt:

Circa la consulta proposta degli Hebrei, dice che ogni volta sarà nella cictà chi presti a cictadini vostri potrà el Comune meglio valersi degli accatti et altre graveze. Et lui lo dice per experienza per esser degl’Uficiali delle vendite, che essendoci chi prestasse molti di quegli che hanno richiesti a pagare, dicono harebbono pagato trovando da potergli accattare. Et per questo conclude che per insino ad tanto non s’apre el Monte della Piatà si truovi modo accommodato che ci sia chi presti. (Fachard 2002, 218)

Un dernier pas est franchi par Bernardo Capponi qui, justifiant sa proposition par les contingences du moment, propose que l’Etat florentin négocie un prêt auprès des Juifs:

Examinato la proposta degli Hebrei, convengono in questa sententia: che sia mancho male, per la necessità de presenti tempi, che si consentissi di potere prestare per gli Hebrei, tractando con epso loro qualche buon pacto o pel Comune o pe’ privati, per la voglia che harebbono e’ Giudei di prestare. Et parrebbe loro molto al proposito di indurre gl’Hebrei a muovere loro, che movere questo la comunità nostra; et quello dice degli Hebrei pel nostro popolo. (Fachard 2002, 218)

Ce revirement marque un pas en arrière très net par rapport au texte du 28 décembre 1495. La touche finale en est donnée par Gino Ginori, qui recommande qu’on fasse appel aux « iurisconsulti, et similmente relligiosi » afin de trouver un moyen

“commodo et apto”, mais surtout “sanza scrupolo di conscientia”, de recourir au prêt juif (Fachard 2002, 218).

Face à cette dialectique, les arguments du pourtant très influent Pietro Carnesecchi, soucieux de la cohérence de la politique de la cité et désireux de ne pas nuire au bon fonctionnement du Mont de Piété, ne pèsent guère.

37

Le 25 juin 1496, Francesco Rinuccini énonce enfin la solution qui sera retenue quelques mois plus tard, qui consiste à “assicurare gl’Ebrei di non havere a partire dalla cictà (non dico prestare), et che per questo acatteresti da loro qualche migliaio di fiorini” (Fachard 2002, 223).

Cette volonté de surseoir à l’expulsion des Juifs est confortée par la provvisione concernant la “hebreorum facultas habitandi in civitate comitatu et districtu flor”

votée le 17 septembre par le Conseil des Quatre-Vingts (Mazzone 1978, 132). Le projet

d’une tractation avec les prêteurs juifs, qui permettrait à ceux-ci d’éviter l’expulsion

en échange d’un prêt gratuit à l’Etat florentin, prend progressivement ses contours

définitifs, attirant à lui de larges faveurs, comme le montre le consensus qui se dégage

(9)

9 sur cette question lors de la pratica du 21 septembre. Tous les orateurs qui s’y expriment (Fachard 2002, 286-289

)38

soulignent la nécessité de passer outre toute considération – canonique ou de principe – face à l’urgence de la situation. Avec un cynisme parfaitement assumé, Gianpaolo Lotti, alors que le texte n’a pas encore été approuvé par le Consiglio maggiore, va jusqu’à proposer d’emprunter aux Juifs, “con dare loro speranza che la provisione si vincerà a ogni modo” (Fachard 2002, 288). Lotti a raison d’envisager un échec car, de fait, le lendemain, la proposition de “Hebreorum facultas permanendi in iurisdictione” est repoussée (Mazzone 1978, 133).

L’incapacité de confirmer au sein du Consiglio maggiore un souhait pourtant largement partagé nous montre combien la question du recours aux prêteurs juifs et donc, plus largement, celle de la place des Juifs dans la cité, vient se greffer sur les dissensions sociopolitiques qui caractérisent les premières années du régime républicain. Car, si les savonaroliens sont loin d’être majoritaires au sein du Consiglio maggiore, ils le sont en revanche régulièrement, à partir du second semestre 1495, dans les principaux conseils de gouvernement, au sein desquels ils sont surreprésentés par rapport à leur poids politique numérique.

39

On peut donc avancer l’hypothèse que, si rien ne prouve qu’ils soient à l’origine de ce revirement à l’égard des Juifs, les savonaroliens – et Savonarole lui-même au premier chef – l’ont tout du moins accompagné et soutenu. Sans leur approbation, jamais une telle réflexion n’aurait pu se développer, pas davantage au sein des pratiche, où la présence savonarolienne est très importante durant toute l’année 1496, qu’au sein des principaux conseils de gouvernement, qui ont amené le vote de la proposition au sein des Quatre-Vingts.

Malgré le blocage du projet de la part du Consiglio maggiore et l’ouverture effective du Mont de Piété, le 2 août 1496, la discussion portant sur l’opportunité de recourir aux prêteurs juifs pour soulager les finances publiques n’est pas close. Si la proposition revient ponctuellement dans la discussion au sein des pratiche en octobre,

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il faut cependant attendre la réunion du 5 novembre pour entendre Agnolo Niccolini réclamer fermement la transaction de ses vœux, insistant sur le fait qu’elle devait se conclure “secondo e’ sacri canoni” et “sanza che ci possino prestare a usura” (Fachard 2002, 329).

Désormais, le projet de tractation avec les Juifs semble même dépasser les clivages sociopolitiques, puisque les pourtant farouchement anti-savonaroliens Pierfilippo Pandolfini et Piero Popoleschi s’y déclarent à leur tour favorables.

Popoleschi intervient ainsi le 5 novembre pour désamorcer par avance, en s’appuyant

sur le double argument de l’urgence et du pragmatisme, les réserves de principe

susceptibles d’entraver une approbation du projet au sein du Consiglio maggiore

(Fachard 2002, 330). Le 10 novembre, cette proposition est à nouveau soumise à

l’approbation des Quatre-Vingts, dans le cadre d’une provvisione désignée dans les

Libri fabarum sous le titre “hebreorum facultas habitandi in territorio flor. ut mutuarent

6 mila flor.” (Mazzone 1978, 133). Le jour-même, c’est la peur d’un blocage au sein du

Consiglio maggiore qui domine les interventions de la pratica consacrées à ce sujet.

41

Luca

Corsini, en particulier, hausse le ton:

(10)

10

Perché el tempo richiede facti et non parole, dirò la sententia di quegli miei padri. [...] Et questo non si può fare sanza danari di presente; et benché e’ si siano vinte le provisioni et del danaio et degli Hebrei nel Consiglio degli 80, pure non hanno anchora havuto el Consiglio Grande, et per questo sono anchora incerte

.

(Fachard 2002, 342)

Le 13 novembre, le Consiglio maggiore lève enfin ses réserves, par 807 voix contre 383, et promulgue le texte législatif qui autorise les Juifs, en échange d’un prêt sans intérêts de 9 000 florins au total, à résider librement à Florence, mais aussi dans le contado et le distretto, pendant trois ans, le temps que cette somme leur soit remboursée (Ciardini 1907,

CVII

-

CVIII

). S’ils peuvent rester, ils ne peuvent toutefois pratiquer l’activité usuraire et doivent arborer la rouelle jaune. Il est intéressant d’observer que la décision de ne pas chasser les juifs est présentée comme parfaitement légitime et cohérente, le texte reprenant le traditionnel argument augustinien qui fonde la tolérance à l’égard des prêteurs juifs sur la volonté finale sous-jacente de les convertir (Ciardini 1907,

CVII

).

42

On peut à ce point s’interroger sur les raisons qui ont poussé les savonaroliens à accepter un tel revirement par rapport aux positions de l’automne précédent, sanctionnées par le texte du 28 décembre 1495. Sans doute apparaissait-il suffisant pour une majorité d’entre eux, une fois leur principal objectif (la création du Mont de Piété) atteint, d’ôter aux Juifs leur fonction économique en leur ôtant la possibilité de prêter. Supprimer leur seule source de (maigre) influence, si possible en en faisant profiter les finances publiques, rendait alors la question de l’expulsion secondaire, en tout cas plus du tout incompatible avec l’existence du Mont de Piété. Cela nous conforte dans l’idée que la pensée savonarolienne sur la question des Juifs est plus portée par le pragmatisme que par une idéologie rigide. Davantage soumise aux contingences de la vie politique qu’à des considérations strictement doctrinales, elle fluctue ainsi au gré des considérations économiques et des modifications de l’équilibre politique au sein de la cité. Ainsi sommes-nous d’accord avec Cristina Galasso lorsqu’elle écrit que

il parere savonaroliano non è solo interessante per le argomentazioni portate, ma soprattutto perché mette bene in luce che l’atteggiamento nei confronti del prestito ebraico è essenzialmente una questione politica e di governo, che lo stesso Savonarola ha ben presente e con cui si trova presto a fare i conti. Egli non cambia, quindi, bruscamente opinione quando emana il decreto del 1495, a cambiare è in realtà il contesto politico in cui si trova ad operare in prima persona. Ma anche questa linea è suscettibile di mutamenti, nel momento in cui intervengono nuove esigenze politiche ed economiche, come dimostra la successiva decisione di servirsi del denaro ebraico. (Galasso 1999, 163)

La complexité de la situation apparaît toutefois même après le vote du Consiglio

maggiore en faveur de la permanence provisoire des Juifs dans la cité, car cet aval

législatif n’empêche nullement certaines voix de s’élever contre cette tolérance, au sein

même, d’ailleurs, du mouvement savonarolien. Ainsi Domenico Cecchi insère-t-il dans

(11)

11 sa Riforma sancta et pretiosa, publiée le 24 février 1497, une ‘Nota de’ giudei’ dans laquelle il file, en des termes très vifs, la métaphore topique des Juifs qui, par leur activité usuraire, pompent le sang des Chrétiens. Intéressant est également le second argument que développe Cecchi en lien avec celui-ci: par leur seule présence, les Juifs inciteraient les Florentins à les imiter et à pratiquer l’usure “sotto el mantello”,

43

ce que Mazzone explicite comme la diffusion “dell’uso da parte dei cristiani di investire i loro denari prestando agli ebrei e sovvenzionando i banchi, eludendo così nella pratica la norma che vieta ai cristiani l’esercizio del prestito usurario” (Mazzone 1978, 141). La seule solution pour éviter ce danger inhérent à la présence même des Juifs consiste donc à empêcher tout contact entre eux et la population chrétienne, et donc à les expulser, mais non sans en avoir au préalable tiré tout l’argent possible.

44

Le vote favorable du Consiglio maggiore de novembre 1496 sanctionne donc un processus qui voit les Juifs intégrer l’espace politique, du moins à la marge, dans la mesure où ils se retrouvent, presque malgré eux, à l’intersection des trois principales lignes de tension qui traversent la cité à ce moment particulier de son histoire. Celle qui, d’une part, oppose l’oligarchie autrefois dominantes aux catégories médianes avides d’intervenir plus largement dans la vie publique. Celle qui, en second lieu, oppose partisans et ennemis de Savonarole et qui, si elle recoupe la précédente, ne se superpose pas complètement à elle. Celle qui, enfin, à l’intérieur même du mouvement savonarolien, oppose la frange ‘pragmatique’ du courant aux éléments attachés à une interprétation doctrinale plus rigide.

Une dernière question reste en suspens: qu’ont fait les prêteurs juifs de cette

opportunité qui leur était offerte de rester à Florence? La plupart des commentateurs,

de Cassuto à Mazzone, évacuent la question du revers de bras, tant il leur apparaît

évident que les Juifs ont profité de cette conjoncture exceptionnelle pour éviter

l’expulsion. Or, à notre connaissance, aucune source n’indique qu’ils ont effectivement

payé les neuf mille florins réclamés par la provvisione de novembre 1496. En revanche,

il ne fait aucun doute qu’une telle somme, malgré son importance, était loin d’être

impossible à réunir, au vu des fonds propre des banques juives (Fubini 1996, 176). La

meilleure preuve que les Juifs ont accepté cette transaction réside en définitive dans

les rares témoignages de leur présence à Florence durant les années successives. Le 24

avril 1498, le Conseil des Quatre-Vingts repousse ainsi le projet de “Hebreorum

licentia mutuandi” qui lui est soumis et renouvelle son refus le 27, pour finalement

donner son assentiment le 9 mai, par 58 voix contre 27 (Mazzone 1978, 139-140),

comme le confirme Luca Landucci.

45

Ce projet est toutefois repoussé à deux reprises

par le Consiglio maggiore, le 18 mai, puis le 13 juin. Le même processus aboutit à un

résultat similaire en novembre.

46

A partir de cet instant, les traces de la présence juive

à Florence se font plus ténues. Tout juste Umberto Mazzone cite-t-il une missive de

certains “Giorgio Piaccio cremonese” et “Michele di Scipione piacentino”, qui

soumettent en juillet 1499 un projet destiné à “sostenere e sottilmente provare che gli

ebrei dello Stato fiorentino commettono continuamente errore e colpe tali da rende

possibile d’impor loro, a titolo di composizione di tutte le pene in cui fossero incorsi,

(12)

12

il pagamento di 200.000 ducati” (Mazzone 1978, 381-382

)

.

47

Dès lors, les Juifs florentins

retombent dans le silence. Pas plus que les chroniqueurs contemporains, les

participants aux pratiche ne reviennent par la suite sur le sujet jusqu’au retour des

Médicis

48

et la réouverture, en 1514, des banques de prêt.

(13)

13 Notes

1 Sur la présence des Juifs à Florence au début du XIVe siècle, voir Cassuto 1965, 9-14, ainsi que Salvadori 2000, 8-11 et Cassandro 1996, 133-147.

2 Florence est le dernier grand centre urbain toscan à se doter de banques de prêt juives, près d’un siècle après Sienne et San Giminiano. Voir à ce sujet Galasso 1999, Tab.2: Apertura dei banchi ebraici in Toscana (secoli XIV-XVII), 179-180.

3 Pour la période qui nous intéresse, on peut estimer la population juive à une centaine d’individus, compte tenu du fait que les capitoli du 15 décembre 1491 font mention de quatre banques de prêt, au sein de chacune desquelles travaillent une douzaine de banquiers. Ce texte est retranscrit in Cassuto 1965, Appendice, 404-406. Voir également Ciardini 1907, 83.

4 Les textes législatifs concernant les Juifs promulgués durant la période médicéenne sont reproduits in Cassuto 1965, 366-370, 372-377, 404-406 et 417. Sur ce sujet, voir Fubini 1996, 160-165.

5 Sur l’intervention de Laurent de Médicis pour accorder un moratoire après la décision, prise le 21 janvier 1477, d’expulser tous les Juifs non prêteurs, voir Cassuto 1965, 376-377 et 417, ainsi que Luzzati 1985, 67. Sur la protection accordée par les Médicis aux prêteurs juifs, voir Cassandro 1996, 141.

6 On peut lire le récit des sermons de Bernardino da Feltre à partir de mars 1487 dans l’église de Santa Maria del Fiore et celui du soulèvement populaire qu’entraînent ces sermons, notamment à l’encontre de Manuele da Camerino, qui manque de peu d’y perdre la vie, in Landucci 1985, 53-54.

7 “La condotta del prestatore ebreo era dunque parte essenziale di un disegno che, se da un lato era volto ad immettere sul mercato liquidità, contribuendo così a garantire solvibilità fiscale, dall’altro, su di un più ampio piano, era inteso a trasferire il controllo del mercato del denaro dall’Arte di Cambio ai poteri pubblici: a farne, in una parola, una funzione di Stato” (Fubini 1996, 179).

8 L’importance des prêteurs juifs dans la stratégie politique de Laurent de Médicis trouve sa confirmation dans le caractère exceptionnel des capitoli de 1491, qui règlent les modalités de leur activité.

En remplaçant la traditionnelle licence décennale par une autorisation valable vingt-cinq ans, ces capitoli inscrivent le prêt juif dans la durée et non plus dans l’exception et le provisoire, comme c’était le cas jusque là.

9 Voici le récit qu’en fait Piero Parenti: “Venuta la Settimana Santa e riscaldando molto e’ predicatori che e’ Giudei via levare si dovessino, come illecitamente né con bolla del Pontefice ragionevolmente potersi tenere, dispiacendo questo a’ governatori dello stato, con buone parole terminorono quietare detti predicatori finché la Pasqua venissi, poi pure perseverare nel loro proposito voleano” (Parenti 1994, 45-46).

10 “Il che di mala cagione piutosto che altrimenti procedeva, avvenga molti modi si trovassino, e di Monti di Pietà e d’altri provedimenti, per i quali e’ bisognosi sovvenire e sanza e’ Giudei e sanza danaro publico si potessino” (Parenti 1994, 46).

11 Observons que, comme chez Bernardino da Siena, l’offensive anti-judaïque se double chez Montegallo d’un discours de propagande en faveur de l’instauration d’un Mont de Piété, puisque le chapitre XI de la Tavola della salute est intitulé ‘Dei beni e dell’utile di fare il Monte sacro della Pietà’.

12 Le conseil des Consulte et pratiche della Repubblica fiorentina est une assemblée consultative, réunit à l’initiative de la Signoria ou des Dieci dans le but d’interroger les citoyens les plus influents et les membres des principaux conseils de gouvernement, sur les questions les plus délicates touchant à la vie politique, économique, diplomatique et militaire de la cité. Sur l’histoire, le rôle et le fonctionnement des pratiche, voir Rivière 2000, 185-210 et 2005, 146-267.

(14)

14

13 Le texte législatif du 23 décembre 1494, qui définit les critères de citoyenneté et de participation à l’organe central du nouvel ordonnancement institutionnel, le Consiglio maggiore, prévoit notamment d’exclure de celui-ci les débiteurs de l’Etat, même s’ils sont citoyens de plein droit. La question du « specchio » et donc, par ricochet, celle du poids fiscal pesant en particulier sur les catégories médianes, prend de ce fait des contours politiques dans le contexte délicat de la stabilisation des nouvelles institutions. Ainsi, lors de la pratica du 24 novembre 1496, Ubertino Risaliti recense 3347 citoyens “abili al Consiglio”, dont seulement 1500 sont “netti di specchio” (Fachard 2002, 360). Voir par ailleurs Rubinstein 1954, 161-167 et 184-187, ainsi que Mazzone 1978, 53-78.

14 Les principaux créditeurs de l’État sont en majorité, fort logiquement, des représentants de l’oligarchie. On relève entre autres parmi eux les noms de Francesco Pepi et de Piero Soderini. Voir à ce sujet Bertelli 1971, 341 et Marks 1954, 40-72.

15 Guido Mannnelli synthétise ainsi cette tradition lors de la pratica du 31 mars 1501: “Et ricordandosi de’ modi con i quali e’ nostri antenati si sono difesi, cioè colle buone borse le quali a tempo di guerra hanno isborsato, et le piccole nella pace rimborsatole, et visto che si è cercho di offendere chi ha servito et è stato forzato servire, confortò ad fare il rovescio” (Fachard 1993, 597-598).

16 Voir le sermon du 13 mars 1496, in Savonarola 1971, 230, ainsi que Vaglienti 1982, 51-75. L’importance que Vaglienti accorde à ce sujet est telle qu’il y consacre un passage important de sa “Nota d’una apologia mandata per me Piero Vaglienti alla magnifica nostra Signoria di Firenze per l’utile e bene de la città e del popolo d’essa, e prima”, in Vaglienti 1982, 257.

17 On pourra lire un commentaire sur les enjeux politiques du vote des projets financiers au sein du Consiglio maggiore in Guicciardini 2000, 16-17.

18 Ainsi Piero Parenti résume-t-il le discours savonarolien développé dans les sermons du mois de décembre 1494: “Dunque bisognava che la Signoria facessi provedimenti in forma che giuochi, lascivie, sodomie, usure e altri difetti si purgassino, l’opere virtuose si seguissino” (Parenti 1994, 157).

19 Sur les précédents projets de création d’un Mont de Piété à Florence, notamment le projet de “Monte di sovvenzione e di carità” promu en 1473 par les Franciscains Fortunato Coppoli di Perugia et Iacopo da Cagli, très proche d’aboutir, voir Muzzarelli 2001, 31-32 et Cassandro 1996, 140-141. Sur la création et la diffusion des Monts de Piété en Toscane durant le XVe siècle, notamment celui de Pistoia, voir Fubini 1996, 182-191.

20 Sur cette pratica, voir Mazzone 1978, 137-138.

21 “circa al Monte della Pietà, commendano la cosa come cosa piatosa et laudabile; ma perché questo non si può fare sanza danari, stima che la Signoria vostra habbi ben pensato donde habbino a uscire”

(Fachard 2002, 80).

22 Les capitoli de 1491 établissent que les prêteurs juifs devaient verser une taxe annuelle totale de mille deux cents florins à l’Etat florentin. Voir à ce propos Ciardini 1907, 83.

23 “Circa el Monte etc., parebbe loro cosa laudabile quando ci fusse el danaio; ma quando s’avessino atrarre hora dal Comune, è molto meglio sovenire la libertà di quelli, et soprasedere alquanto per hora tanto che la cictà tornassi in miglore essere, et dipoi volgervi la mente al farlo, et studiare questo mezo e’ Giudei che prestassino come hanno la taxa” (Fachard 2002, 78).

24 “dal dì sara ottenuto tali capitoli et disegni del decto monte della carita habbino di poi tenpo un anno decti ebrei da cominciarsi decto di apotere et rendere buon conto de pegni si trovassino nelle mani etiam sadisfare dogni altro debito o incharico co’ cristiani et cosi loro essere sodisfacti et pagati da chi legiptimamente havessino avere” (Ciardini 1907, CII). Voir à ce sujet Parenti 1994, 298.

25 La provvisione décrète que soit “annullato ogni loro privilegio leggie statuti benefitij et conventione et ogni altra cosa che dire o pensare in loro agumentatione o beneficio si potessi et al tucto essere privati

(15)

15

di non potere habitare in decta ciptà o dominio familiarmente o in quella acquistare o tenere beni inmobili o alcuno exercitio exercitare et in tucto essere exosii et alieni da ogni consortio et religione cristiana nel dominio fiorentino ma solamente possino passare per transito et per decto transito noni potere stare piu che per ensino addij XX dallentrare a uscire di decto dominio...” (Ciardini 1907, CII).

26 “Si postea volunt funerari, possunt domini civitatis hoc permittere. Sicut non potest quis conducere meretricem ut luxurietur, sed potest mulierem conducere que, si postea vult luxurari, potest propter minus malum permittere“ (Savonarola 1984, 41).

27 Sur la composition du mouvement savonarolien, voir Polizzotto 1994, 12 et 446-460, Pampaloni 1972, 339 et Brown 1997, 70-72.

28 Voir nos commentaires in Rivière 2005, 82-98.

29 “Or tieni a mente questo fondamento e di’ così: - L’usura è bene o male? Male. La lussuria è bene o male? Male. La bestemmia è bene o male? Male. Le donne andare vestite disonestamente è bene o male?

Male. E’ giuochi sono bene o male? Male” (Savonarola 1971, 40-41).

30 Sur la relation de principe entre création d’un Mont de Piété et expulsion des Juifs, voir le chapitre intitulé ‘Ebrei e Monti di Pietà: una relazione necessaria?’, in Muzzarelli 2001, 250-255. Sur la simultanéité, dans la plupart des villes de Toscane, entre ces deux événements, voir Galasso 1999, Tab.1:

La fondazione dei Monti di Pietà e la chiusura dei banchi ebraici in Toscana (secoli XV-XVII), 178.

31 À la suite de Niccolò Carducci, qui rappelait “che ci sono Hebrei richi; et che si accattassi da lloro qualche miglaia di fiorini, ché n’ànno et continuamente mettono in puncto di cavargli della cictà per havere per la leggie facta del Monte della Piatà d’aversene andare”, Francesco degli Albizzi renchérit ainsi: “Havemo etiam e’ Giudei inanzi et credavamo cavarne uno 3000 fiorini; et bastò la vista a uno cictadino venire a difendergli che noi non lo possavamo da lloro riscuotere” (Fachard 2002, 187-188).

32 Les banques juives ont d’ailleurs fini par disparaître partout là où ont été créés des Monts de Piété, comme le montre l’exemple de Lucca, où le Mont de Piété a coexisté de 1489 à 1493 avec la banque de prêt gérée par Davide et Dattilo da Tivoli, jusqu’à ce que ces derniers soient accusés de fraude et que les Juifs soient expulsés de la ville. Ce cas a été étudié in Luzzati 1985, 180-181.

33 Sur le processus de création du Mont de Piété et son fonctionnement, voir Guidi 1992, 860-865. On lira également les témoignages contemporains in Landucci 1985, 135, Parenti 2005, 35.

34 Cette éventualité a déjà été proposée, sans succès, le 16 mai 1495 par Giovacchino Guasconi, qui réclame, au nom des Dodici Buoniuomini, “che da’ preti et Giudei si accatti et pigli tanto che facci el bisogno” (Fachard 2002, 25). Cette pratique n’est pas inédite puisque, en avril-mai 1489 déjà, les Otto di guardia ont contraint les Juifs à des prêts forcés. Voir à ce sujet Cassuto 1965, 419-420.

35 “Stante provisione facta per oportuna consilia quod Hebrei non possint mutuare ad usuram in civitate Florentie, quid agendum sit pro subveniendo populo florentino in indigentiis suis si velint pecuniam”

(Fachard 2002, 217).

36 “Quegli miei honorandi padri non si sono in questo caso resoluti a cosa alcuna, perché dove la conscientia rimane aggravata pare loro da examinar bene la cosa et di andarvi adagio. Et per questo non pareva loro da revocare gli Hebrei per cagione della usura” (Fachard 2002, 217).

37 “Tucti loro s’achordano che la cictà vostra habbi bisogno di sovenimento, et così e’ grandi come ‘ mediocri et infimi. Èvi chi dice che essendosi una volta prohibito agl’Ebrei el prestare, sia poco honore del publico a revocargli, et se si fusse le cose aconcie bene nel creare e’ capitoli del Monte della Pietà, non bisognava dire di mandare gl’Ebrei perché la medicina faceva da sé” (Fachard 2002, 218).

38 Aucune voix discordante ne s’élève au sein de la pratica, ce qui est assez rare pour être souligné.

(16)

16

39 Les partisans du Dominicains occupent ainsi par exemple presque sans interruption la charge majeure de Gonfalonier de Justice de janvier 1496 à février 1497. Sur l’étude précise de la composante savonarolienne au sein des différents conseils de gouvernement, voir Rivière 2005, 82-98.

40 Le 5 octobre, dans la bouche de Neri Rinuccini, puis le 10 octobre, dans celle de Domenico Bartoli (Fachard 2002, 297 et 330).

41 La somme de 6 000 florins y est confirmée par Francesco Scarsi: “Et a quegli miei padri non pare loro più commodo per hora che vincere questa provisione degli Ebrei et aiutarla, donde caveresti uno 6 mila fiorini” (Fachard 2002, 340).

42 Sur la doctrine canonique liée à la question du prêt usuraire, voir Fubini 1996, 165-173 et ainsi que Nelson 1967, 19-54 et Spicciani 1990, 17-48.

43 “Anchora è necessario a volerci unire con Giesù Cristo che si mandino via e giudei a ogni modo in però e’ sono e’ nimici di Cristo e di noi christiani e sempre ci maladiscano e disiderano la distruzione de’ cristiani. Mandategli nella patria loro, chome ha fatto molte altre città, a lavorare che non stieno qui a popare el sangue de’ cristiani e sarebbono chausa col tempo di fare prestare a usura de’ nostri cittadini sotto el mantello e sarebbono chausa di molti altri mali che sarebbe lungho dire et cetera”, in Cecchi, Domenico. ‘Nota de’ Giudei’ Riforma sancta et pretiosa, c.16rv (Mazzone 1978, 194).

44 “Fategli pagarrhe et mandategli via che lo stare loro tra cristiani si disdicie ed è uno grande male. Et se Dio chi dà delle traverse e ne son chausa loro, tanti sono e’ pechati chommessi mediante e’ loro stare tra cristiani e ci sarebbe che dire assai, io so che voi intenderete el bisogno megli di me. E mandategli via che non manchi” (Mazzone 1978, 194).

45 “E a dì 9 maggio 1498, si vinse negli Ottanta che gli Ebrei potessero prestare. Se fu lecito lo sa el Signore, e nel Consiglio maggiore non si vinse che prestassino” (Landucci 1985, 175).

46 Les Quatre-Vingts commencent par repousser le projet d’autorisation les 22 et 27 août, puis le 23 octobre, pour finir par l’accepter le 8 novembre. Comme en mai-juin, le Consiglio maggiore refuse de l’entériner à deux reprises, les 9 et 15 novembre. Voir à ce propos Mazzone 1978, 140.

47 Cette missive est conservée in ASF, Signoria, Lettere risponsive, Originali, filza 12, c.57.

48 Pas plus que le paiement des neuf mille florins réclamés par la provvisione de novembre 1496, le remboursement de cette somme par l’Etat florentin au terme des trois années prévues par le texte législatif n’est pas avéré. Cassuto estime ainsi sans en apporter de preuve, que la restitution n’avait toujours pas eu lieu en mai 1508, in Cassuto 1965, 76. Salvadori écrit pour sa part que “più di un ebreo, con le più diverse motivazioni, rimase in città per tutta la durata del periodo repubblicano” (Salvadori 2000, 37).

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