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L’agir enseignant en classe de FLE multilingue et multi-niveaux
Catherine David
To cite this version:
Catherine David. L’agir enseignant en classe de FLE multilingue et multi-niveaux. Sciences de l’Homme et Société. Université de Nice Sophia Antipolis, 2013. Français. �tel-03265342�
UNI V E RSI T E D E NI C E SOPH I A-A N T IPO L IS
E C O L E D O C T O R A L E L E T T R ES, SC I E N C ES H U M A IN ES E T SO C I A L ES
Th èse d e doc torat e n Sc ie nces du langage
Cathe rine D A V ID-L O D O V I C I
Thèse dirigée par Monsieur le Professeur Jean-Pierre CUQ
L e 22 novembre 2013
M e mbres du Jury :
Nicole BIAGIOLI, Professeur des Universités, Université de Nice Sophia- Antipolis Jean-Pierre CUQ, Professeur des Universités, Université de Nice Sophia-Antipolis Fatima CHNANE-'$9,10DvWUHGH&RQIpUHQFHV8QLYHUVLWpG¶$L[-Marseille
Michèle VERDELHAN-BOURGADE, Professeur émérite des Universités, Université Paul Valéry, Montpellier 3
/¶DJLUHQVHLJQDQWHQFODVVHGH)/(
multilingue e t multi-nive aux e n milieu homoglotte
D é di ca ce
Je dédie cette thèse à mes parents qui RQWWRXMRXUVFUXHQPRLHWP¶RQWGRQQpFHWDPRXUGX travail et de la connaissance. Ils P¶RQWWRXMRXUVVRXWHQXHGDQVFHORQJFKHPLQG¶pWXGHV Je dédie aussi cet ouvrage à mes enfants, Laetitia et Alexandre qui ont su faire preuve, même WUqVMHXQHVG¶une grande patience.
J¶DGUHVVHenfin cette dédicace à Olivier, mon époux, car il P¶Dencouragée et accompagnée avec constance, confiance et tendresse dans ce parcours infini et passionnant qui est celui de la recherche.
A la mémoire de mes deux grands-mères et à celle de mon Parrain.
R em e r cie m ents
-HWLHQVWRXWG¶DERUGjUHPHUFLHU0RQVLHXUOHSURIHVVHXU-HDQ-Pierre CUQ pour avoir accepté GHSUHQGUHODGLUHFWLRQGHFHWWHWKqVHSRXUP¶DYRLUHQFRXUDJpHMXVTX¶DXERXWHWSRXUP¶DYRLU témoigné son DPLWLpGqVOHGpEXW&¶HVWDXVVLXQHJUDQGHMRLHSRXUPRL de me retrouver à Nice, ODYLOOHRM¶DLJUDQGLHWFRPPHQFpPHVpWXGHV
Je suis arrivée au CUEF de l¶Université Stendhal- Grenoble 3 au moment où Madame 'RPLQLTXH$EU\HQpWDLWODGLUHFWULFH'RPLQLTXHP¶Dincitée à faire ce travail de recherche et P¶DDFcompagnée sans relâches depuis plusieurs années. Les mots ne sont pas assez forts pour lui dire combien je lui suis reconnaissante et combien je la remercie pour son savoir et son enthousiasme pour le FLE, sa patience, sa motivation, ses précieuses relectures (même à la OXPLqUHG¶XQHERXJLH«VDJpQpURVLWpHWVDFRQILDQFHGDQVPRQWUDYDLO
&HWWHWKqVHQ¶DXUDLWSDVDERXWLVLMHQ¶DYDLVSDVUHQFRQWUpPRQDPLH-DFTXHOLQH7RODVDQFLHQQH GLUHFWULFHGHVFRXUVGX&8()TXLDWRXMRXUVFUXHQPRLHWP¶DIDLWFRQIiance dès que je suis arrivée à Grenoble. Merci pour ses conseils pédagogiques, son accompagnement précieux SHQGDQWFHWWHWKqVHHWVDJUDQGHJpQpURVLWp0DTXDOLWpG¶HQVHLJQDQWHDXMRXUG¶KXLMHODGRLVj Jacqueline et à Dominique.
Ma gratitude va aussi à Monsieur le professeur Jean-Pierre Chevrot (Lidilem) pour les longs PRPHQWVTX¶LOP¶DDFFRUGps DILQGHWUDLWHUPHVGRQQpHVjO¶DLGHGHVRXWLOVVWDWLVWLTXHV
Merci bien sûr à touVOHVMHXQHVDXSDLUTXLRQWDFFHSWpG¶rWUH ILOPpVHWRXG¶rWUHLQWHUURJpV(W merci aux collègues qui ont donné de leur temps pour répondre à mes questions.
Merci à Maeva qui a accepté de participer à certaines séances comme aide-tutrice et merci aussi jO¶pTXLSHWHFKQLTXHSRXUrWUHVLVRXYHQWYHnue filmer les classes.
Je remercie aussi certains collègues du laboratoire LIDILEM (Université Stendhal-Grenoble 3) et les doctorants pour nos conversations et discussions dans les couloirs du département des Sciences du langage. Merci à Elisabeth Brodin, notre directrice actuelle, pour ses conseils DYLVpV 0HUFL j 6DQGUD 7UHYLVL SRXU P¶DYRLU IDLW GpFRXYULU OD PpWKRGRORJLH GHV FKHUFKHXUV genevois.
Une chaleureuse pensée va aussi vers Véronique Bonhomme, notre documentaliste pour sa présence fidèle, ses encouragements et sa précieuse connaissance des ouvrages.
&¶HVWpJDOHPHQWO¶pTXLSHDGPLQLVWUDWive que je remercie sincèrement.
-HQ¶RXEOLHSDVbien sûr mes collègues et DPLHVGX&8()TXLRQWWRXMRXUVpWpOjSRXUP¶pFRXWHU P¶HQFRXUDJHUPHIDLUHULUHHWPH distraire quand il le fallait. Je ne les nomme pas car elles se reconnaîtront. 3DUPLFHVSHUVRQQHVXQFOLQG¶°LOj.ULNDHW&KULVWHOOHFDUFHODIDLWSOXVLHXUV années que nous essayons de concilier vie de chercheur, vie de professeur de FLE et vie de faPLOOH«HWQRXVQRXVVRPPHVEHDXFRXSVRXWHQXHVMerci à Sylvie Juliers pour ses conseils de lecture, à Anne Didelot pour sa collaboration.
0HVDPLHVSURFKHVRQWpWpG¶XQHDLGHSUpFLHXVHHQFHWWHILQGHWKqVHMHOHVUHPHUFLHSRXUOHXU
amitié.
Merci encore à toute ma famille (à mes cousines Sophie et Vanina en particulier) et plus encore à Laetitia et Alexandre qui ont accepté de passer un long été sans leur maman pour la laisser finir ; merci pour leur patience et leur joie de vivre depuis 4 ans.
La dernière pensée va à mes deux grands-mères et à mon parrain qui ont tous les trois rejoint
les cieux cette année maiVTXLP¶RQWDFFRPSDJQpHMXVTX¶ ici.
R ésumé
Dans ce travail de recherche, nous nous interrogeons sur les modalités G¶HQVHLJQHPHQWDSSUHQWLVVDJHGX)/(GDQVXQH FODVVHPXOWLOLQJXHHW PXOWL-niveaux en FLE (A1-B2+). Notre terrain XQ SXEOLF G¶XQH YLQJWDLQH G¶DSSUHQDQWV DX SDLU YHQXV pWXGLHU HQ France SRXU XQ DQ HW GLVSRVDQW G¶XQH MRXUQpH SDU VHPDLQH SRXU YHQLU DVVLVWHU DX FRXUV GH français, dans un contexte multi-niveaux. Notre recherche se fonde sur trois corpus. Le corpus UDVVHPEOHOHVpYDOXDWLRQVGLDJQRVWLTXHVHWILQDOHVGHFHVDSSUHQDQWV/¶DQDO\se quantitative du corpus 1 révèle une progression dans toutes les capacités langagières, quasi comparable aux VWDWLVWLTXHVGHSURJUHVVLRQGX&(&5/HFRUSXVHVWFRPSRVpG¶XQHWUHQWDLQHGHTXHVWLRQQDLUHV G¶HQTXrWH GDQV OHVTXHOV OHV DSSUHQDQWV DX SDLU pYDluent leurs progrès ainsi que les aspects SRVLWLIVHWQpJDWLIVGHFHFRQWH[WHG¶DSSUHQWLVVDJH1RXVDYRQVFRGpOHXUVUpSRQVHVHQSOXVLHXUV catégories : 67 % des catégories recensées ont une valeur positive (Révisions, stimulation, tutorat, exercices adaptés au niveau) et 33% évoquent des aspects négatifs (progression parfois OHQWH IUXVWUDWLRQ GLVSRQLELOLWp GH O¶HQVHLJQDQW LQVXIILVDQWH 1RXV PRQWURQV FRPPHQW OHV concepts issus des approches communicatives et actionnelles peuvent justifier de la pertinence G¶XQH FODVVH PXOWL-QLYHDX[ HQ PLOLHX KRPRJORWWH 1RWUH K\SRWKqVH HVW GH GLUH TXH O¶DJLU HQVHLJQDQW HVFRUWH OH SURFHVVXV G¶DSSUHQWLVVDJH GDQV FH FRQWH[WH HW YLHQW FRPSOpWHU OH EDLQ linguistique. Quels sont alors les gestes professionnels récurrents spécifiques à ce contexte didactique "'DQVOHFRUSXVQRXVDYRQVILOPpKHXUHVGHFODVVHHWQRXVDQDO\VRQVjO¶DLGH G¶XQV\QRSVLVODVWUXFWXUHGHVVpDQFHVDLQVLTXHOHVJHVWHVGLGDFWLTXHVGLVSRVLWLIVUpJXODWLRQV et mémoire didactique). Des transcriptionVG¶LQWHUDFWLRQVYLHQQHQWLOOXVWUHUQRVDQDO\VHV,OVH dégage une « JUDPPDLUH GH O¶DFWLRQ GLGDFWLTXH » dont la logique combine 5 modalités de regroupements possibles avec 3 manières différentes de didactiser les supports.
Mots clés : agir enseignant, didactique du FLE, dynamique de groupe, hétérogénéité,
interactions, milieu homoglotte, niveaux, progression, régulations, tutorat.
Abstract
We wonder about the ways of teaching/learning the FLE (French as a foreign language) in a multilingual and multi-level (A1 - B2 +) class. This research concern au pair learners in France for a year and attending French class once a week, in a multi-level context. Our research is based on three corpus. Corpus 1 compare the diagnostic and final results of these learners. The quantitative analysis reveals that they improve in all language skills, which is almost comparable to the CECR progression statistics. Corpus 2 is composed of thirty survey questionnaires in which learners evaluate their progress as well as the positive and negative aspects of this learning context. We have coded their responses in several categories: 67% of the identified categories have a positive value (Revisions, stimulation, tutoring and exercises tailored to the level) and 33% evoke negative aspects (sometimes slow progress, frustration, insufficient teacher availability). We show how the concepts from the communicative and task- based approaches can justify the relevance of a multi-level homoglotte class. Our hypothesis is that the actions of the teacher escort the learning process in this context and complement the full-immersion. In this educational context-specific, what are the recurring professional actions? In the corpus 3, we have filmed 15 hours of class and using a synopsis, we analyze the structure of the sessions as well as the educational actions (devices, regulations and teaching memory). The transcriptions of interactions illustrate our analysis. This leads us to propose a
"grammar of the didactic action" whose logic combines 5 way of grouping the students as well as three different ways of apprehending didactically the documents for the class.
K ey words: act of teaching, didactic of French as a foreign language, dynamic of groups, heterogeneity, interactions, programs, regulations, peers working.
Sommair e
Introduction ... 9
Partie I La classe multi-‐‑niveaux en FLE : ǯ ? CHAPITRE 1 ±±° ǡǯ ? .. 19
1
Notre terrain de recherche ǣǯ±des françaises (CUEF) ǯ±-‐‑Grenoble 3 ... 20
1.1 ǯ±-‐‑Grenoble 3 ... 20
1.1.1
>͛hŶŝǀĞƌƐŝƚĠ^ƚĞŶĚŚĂů-‐Grenoble 3 ... 20
1.1.2
Le CUEF ... 21
1.2 Notre terrain : la classe des jeunes au pair du CUEF ... 22
1.2.1
La classe des jeunes au pair ... 22
1.2.2
Notre expérience au CUEF et auprès du public au pair ... 22
1.2.3
Notre terrain de recherche ... 23
2
Le concept de CLASSE (plus spécifiquement de classe de FLE) est-‐‑il compatible ǯ±±±±± ? ... 24
2.1 La classe : un « classement ǽǯǯ ǯ ±± ... 24
2.2 La classe comme compression du temps ... 26
2.3 La classe de langue comme compression des contenus linguistiques à connaître.28 3
La classe multi-‐‑niveaux, la notion de progression et de niveaux en langue ... 29
3.1
La progression comme mouvement constant et régulier (définition 1) ... 29
3.2
ǯnseignement sont élaborées par rapport à un niveau ... 31
3.3
Le CECR ... 32
4
Le point de vue de certains enseignants sur la classe hétérogène en FLE ... 34
4.1
ǯ ... 34
4.2
Les difficultés des enseignants. ... 36
5
Le point de vue de certains apprenants arrivés avec un niveau débutant dans
la classe multi-‐‑niveaux. ... 39
CHAPITRE 2 ±±° ǡǯ ? .. 43
1
Analyse de la progression des étudiants de la classe des filles au pair ... 44
1.1
ǯ± ... 44
1.2
ǯ± ... 45
1.3
Comparaison des évaluations diagnostiques et finales des étudiants au pair (2009 et 2010) après 100 heures. ... 49
1.3.1
Hypothèses ... 49
1.3.2
Analyse de la progression des moyennes de classe ... 49
2
ǯ± ... 55
2.1
ǯ² ... 55
2.2.
ǯ² ... 56
2.2.1. Question 7 : relation entre la progression et les différents niveaux dans la classe. ... 56
2.2.2. Questions 13 et 14 : les aspects positifs et négatifs de la classe hétérogène. ... 56
2.2.3. Questions 15 et 16 : les suggestions pour ce genre de classe. ... 63
3
Les raisons qui expliquent cette progression : bain linguistique et/ou apprentissage en classe de langue ? ... 65
3.1
ǯ °ǯ ±°Ǥ ... 65
3.2
Le rôle de la classe. ... 67
3.2.1
>ŝŵŝƚĞĚĞů͛ŽƉƉŽƐŝƚŝŽŶĞŶƚƌĞĂƉƉƌĞŶƚŝƐƐĂŐĞĞƚĂĐƋƵŝƐŝƚŝŽŶ... 67
3.2.2
>ĂĐůĂƐƐĞĚĞůĂŶŐƵĞĞƐĐŽƌƚĞůĞƉƌŽĐĞƐƐƵƐĚ͛ĂƉƉƌŽƉƌŝĂƚŝŽŶ ... 68
CHAPITRE 3 ±ǯ±±±±± général et en langues ... 71
1
Historique de la différenciation scolaire ... 72
1.1
Des méthodes éducatives à réformer ... 72
1.2
Les méthodes actives (fin XIXème -‐‑première moitié du XXème siècle) : ǯ±° ation ... 73
1.3
ǯ ǯ±± ±ȋͳͻͲ-‐‑1980) ... 75
1.3.1
1959 : La loi Berthouin ... 75
1.3.2
1960-‐1970 : Apparition du terme « pédagogie différenciée » et des groupes niveaux-‐matière 75
1.3.3
1975 : La loi Haby : l͛ŝŶƐƚĂƵƌĂƚŝŽŶĚƵĐŽůůğŐĞƵŶŝƋƵĞƌĂƐƐĞŵďůĞĚĞƐƉƵďůŝĐƐƚƌğƐĚŝĨĨĠƌĞŶƚƐĞƚ nécessite la mise en place du soutien scolaire ... 76
2
± ǯ± ±± ± en général ... 77
2.1
Groupe de niveaux / Groupe de besoins ... 77
2.2
Le travail en groupes ... 78
2.3
ǯ± ... 79
2.4
La notion de transfert ... 79
2.5
ǯ ... 79
2.6
La professionnalisation des enseignants ... 81
2.7
ǯ ... 81
3
De la pédagogie différenciée à la gestion des niveaux hétérogènes en FLE : un sujet peu traité par la recherche en didactique des langues ... 82
3.1
Le PCE Lingua (2001) : former les enseignants de langues à la pédagogie différenciée ... 82
3.2
Les concepts de variation et de différenciation ... 83
3.3
La ±ǯǯ classe hétérogène ... 85
3.4
« Gestion des groupes hétérogènes » ou « pédagogie différenciée » ? ... 87
3.4.1
Notre objet de recherche ne prend en compte tous les paramètres de la « pédagogie différenciée » ... 87
3.4.2
EŽƚƌĞŽďũĞƚĚĞƌĞĐŚĞƌĐŚĞŶ͛ĞƐƚƉĂƐĞŶůŝĞŶĂǀĞĐůĞƐŽƵĐŝĚĞůƵƚƚĞƌĐŽŶƚƌĞů͛ĠĐŚĞĐƐĐŽůĂŝƌĞ ... 88
3.4.3
EŽƚƌĞŽďũĞƚĚĞƌĞĐŚĞƌĐŚĞŶĞƐ͛ŝŶƐĐƌŝƚƉĂƐĂƵĚĠƉĂƌƚĂƵƐĞŝŶĚĞů͛ĚƵĐĂƚŝŽŶŶĂƚŝŽŶĂůĞ ... 88
PARTIE II La classe hétérogène : ±ǯ CHAPITRE 4 ǯ±±±±± didactiques mobilisés par les approches communicatives et actionnelles ... 95
1
ǯ ... 96
1.1
Une nouvelle conception du langage : du langage comme système de signes à ǯ ... 96
1.2
La valorisation de la communication pendant les cours ... 98
1.2.1
>͛ŝŶƚĞŶƚŝŽŶĚĞĐŽŵŵƵŶŝĐĂƚŝŽŶ ... 98
1.2.2
Les documents authentiques ... 98
1.3
Une nouvelle définition de la progression ... 99
1.3.1
Evolution de la notion de progression qui concerne la matière à enseigner ... 99
1.3.2
>͛ĂƉƉƌŽĐŚĞĐŽŵŵƵŶŝĐĂƚŝǀĞĞƚůĂƉƌŽŐƌĞƐƐŝŽŶƐƉŝƌĂůĂŝƌĞ ... 100
1.4
La centratǯ ...103
2
ǯ ... 104
2.1
La construction du savoir par les tâches ...104
2.2
ǯ ± ...105
2.2.1
Une définition complexe de la compétence ... 105
2.2.2
>͛ŝŶƚĞƌĂĐƚŝŽŶĞƚůĂŵĠĚŝĂƚŝŽŶ ... 106
3
Øǯ ... 108
3.1
Le travail en groupe favorise les interactions entre les apprenants, et par là même ǯʹ ...108
3.2
Le travail en groupe est encouragé par les approches communicatives et actionnelles ...110
3.3
ǯ ...113
3.3.1
>͛ŝŶƚĞƌĂĐƚŝŽŶĂƵƐĞƌǀŝĐĞĚĞůĂĐŽŐŶŝƚŝŽŶ ... 113
3.3.2
Le socio-‐constructivisme peut-‐ŝůġƚƌĞĂƉƉůŝƋƵĠăů͛ĂƉƉƌĞŶƚŝƐƐĂŐĞĚ͛ƵŶĞůĂŶŐƵĞĠƚƌĂŶŐğƌĞ ? ... 114
4
ǯǯ ... 116
4.1
ǯ ± ...117
4.2
ǯ ±auto-‐‑apprentissage ...117
4.3
« Apprendre à apprendre »...117
4.4
Le portfolio pour les langues ...118
CHAPITRE 5 Ethnographie de la classe de langue multilingue et multi-‐‑niveaux : ±ǯ ... 123
1
Le recueil des données : une ethnographie de la classe de langue. ... 123
1.1
ǯ ...123
1.1.1
Définition ... 123
1.1.2
>͛ŽďũĞĐƚŝĨ ... 124
1.2
Le staǯȀ± ...125
1.2.1
La position du chercheur « ethnographe » ͗ů͛ŽďƐĞƌǀĂƚŝŽŶƉĂƌƚŝĐŝƉĂŶƚĞ ... 125
1.2.2
Praticien et chercheur ... 126
1.3
Le recueil des données : les enregistrements vidéo de nos cours ...129
2
ǯǯvidéos : le synopsis ... 130
2.1
Définition et réalisation du synopsis. ...130
2.1.1
Définition ... 130
2.1.2
Les étapes de la réalisation du ƐLJŶŽƉƐŝƐ͗ƵŶĞĠůĠŵĞŶƚĂƌŝƐĂƚŝŽŶĚĞů͛ĂŐŝƌĞŶƐĞŝŐŶĂŶƚ ... 131
2.1.3
WƌĠƐĞŶƚĂƚŝŽŶĚ͛ƵŶƐLJŶŽƉƐŝƐƐĞůŽŶůĂĚĠŵĂƌĐŚĞĚĞ͘^ĐŚŶĞƵǁůLJ͘ ... 133
2.2
ǯ ±±° Ǥ ...134
2.3
ǯ ...139
2.3.1
« Focus large » (étape 1) ... 139
2.3.2
Analyse des « gestes didactiques » (étape 2) ... 139
2.3.3
Synthèses de toutes les séances et interprétations des résultats (étape 3) ... 142
3
Micro-‐‑focus : la transcription des interactions (étape 4) ... 142
CHAPITRE 6 ǯ
multi-‐‑niveaux de FLE ... 147
1
Le programme du cours en amont ... 148
1.1
Les objectifs du cours ...149
1.2
Le plan de cours ...150
2
Le déroulement de la séance du 4.12.09 (focus large) ... 152
2.1
La macrostructure du cours (les différents niveaux hiérarchiques)...152
2.2
Comparaison avec la macrostructure du cours élaboré en amont ...154
2.3
Le synopsis 1 (S1) ...158
3
Description des gestes didactiques ... 177
3.1
Quelques remarques sur la rédaction ...177
3.2
Le Niveau hiérarchique 2 : La CO de Un Gars, une fille ...178
3.3
Le Niveau hiérarchique 3 : une CE pour B1/B2+ et de la grammaire pour A1 ...182
3.4/5/6. Les Niveaux hiérarchiques 4, 5, 6 : approfondissement en laboratoire...185
3.7
Le Niveau hiérarchique 7 : La correction du laboratoire. ...189
3.8
Le Niveau hiérarchique 8 : exercices de grammaire...192
3.9
Le Niveau hiérarchique 9 : interculturel sur la fête des Lumières ...195
4
Synthèse des gestes didactiques de la séance du 4.12.09 ... 197
4.1
La synthèse des dispositifs (S1) ...198
4.1.1
La répartition des exercices/activités par capacités langagières et objectifs langagiers ... 198
4.1.2
La dynamique de groupes ... 201
4.2
Synthèse des régulations dans la séance du 4.12.09 ...205
4.2.1
Synthèse des régulations internes ... 205
4.2.2
Synthèse des régulations locales ... 207
5
Macrostructures des séances S2 et S3 ... 211
5.1
La séance 2 (S2) ...211
5.2
La séance 3 (S3) ...214
Partie III ±± ǯ pour un public multi-‐‑niveau en FLE CHAPITRE 7 Synthèse des dispositifs ... 219
1
Le recensement des activités/exercices/tâches ... 219
1.1
Définitions ...219
1.2
Les exercices/activités/ tâches présents dans les séances observées ...220
1.3
Premier bilan...225
2
Les regroupements ... 227
2.1
La classe entière ...228
2.1.1
Exercices/activités strictement circonscrits au grand groupe. ... 228
2.1.2 Exercices/activités mis en commun en classe entière après avoir été travaillés en ous-‐groupe ou individuellement ... 231
2.2
Le travail en sous-‐‑groupes de niveaux ...234
2.3
Le travail individuel ...238
2.4
La gestion du temps ...239
3
Les activités de réception ... 240
3.1
Pour les niveaux A1 ...240
3.1.1
Activités de réception effectuées par les A1 seulement. ... 240
3.1.2
Activités de réception choisies pour les A1 mais corrigées ou travaillées avec tous... 241
3.2
Pour les niveaux B1/B2 ...243
3.2.1
Les activités de compréhension choisies pour les étudiants B1/B2+ uniquement ... 243
3.2.2
Les activités de compréhension choisies pour les étudiants B1/B2 mais qui sont travaillées en classe entière. ... 246
4
Les activités de production ... 249
4.1
Pour les niveaux A1 ...249
4.1.1
Activités de productions effectuées par les apprenants A1 en sous-‐groupes seulement. ... 249
4.1.2
Activités de productions effectuées par les apprenants A1 en sous-‐groupes mais présentées en classe entière ... 249
4.2
Pour les B1/B2 ...250
4.2.1
Activités de productions effectuées par les apprenants B1/B2 en sous-‐groupes seulement. . 250
4.2.2
Activités de productions effectuées par les apprenants B1/B2 en sous-‐groupes puis proposées à la classe entière ... 251
4.3
Pour tous les étudiants (A1 et B1/B2) ...252
5
Les TICE. ... 253
CHAPITRE 8 Les régulations de la classe multilingue et multi-‐‑niveaux en FLE 259
1
La synthèse des régulations internes ... 260
2
La synthèse des régulations locales (S1, S2, S3) ... 265
2.1
Les régulations locales pour tous. ...266
2.2
Les régulations locales avec les étudiants A1 ...272
2.3
Les régulations locales avec les étudiants intermédiaires et avancés (A2+/B2+-‐‑
C1) 278
3
La gestion du programme et du temps de cours (S1, S2, S3) ... 286
CHAPITRE 9 Vers une « ǯ » dans une classe multi-‐‑niveaux en FLE ... 301
1
Focus « regroupements » : 5 manières de regrouper les apprenants... 302
1.1
Le regroupement en classe entière. ...303
1.2
Le travail individuel ...305
1.3
Les sous-‐‑groupes de niveaux proches ...307
1.4
Les regroupements en dyades ou triades de niveaux proches ou éloignés. ...310
1.5
Travail en sous-‐‑groupes hétérogènes avec un étudiant de chaque niveau (nous le nommons « le regroupement hétérogène ») ...312
2
Focus « supports » : trois manières de choisir et didactiser les supports de cours. ... 314
2.1
Supports différents / même objectifs fonctionnels/linguistiques. ...314
2.2
. Supports différents / objectifs langagiers, capacités langagières différents. ...315
2.3
ǯ² ...316
3
Focus « objectifs fonctionnels et linguistiques » : quels types ǯ Ȁ ± ±° ? ... 319
3.1
La compétence de compréhension ...319
3.1.1
>ĞƐĚŝĨĨĠƌĞŶƚƐƚLJƉĞƐĚ͛ĞdžĞƌĐŝĐĞƐͬĂĐƚŝǀŝƚĠƐƉŽƵƌƚŽƵƚƚLJƉĞĚĞĐůĂƐƐĞ ... 319
3.1.2
>ĂĐŽŵƉƌĠŚĞŶƐŝŽŶĚĞů͛ĠĐƌŝƚ ... 320
3.1.3
ŽŵƉƌĠŚĞŶƐŝŽŶĚĞů͛ŽƌĂů͘ ... 322
3.2
La compétence de production ...322
3.2.1
La production orale ... 322
3.2.2
La phonétique ... 324
3.2.3
La production écrite ... 325
3.3
Objectif grammatical, lexical et culturel ...326
3.3.1
>͛ŽďũĞĐƚŝĨŐƌĂŵŵĂƚŝĐĂů ... 326
3.3.2
>͛ŽďũĞĐƚŝĨůĞdžŝĐĂů ... 328
3.3.3
>͛ŝŶƚĞƌĐƵůƚƵƌĞů͘... 329
CHAPITRE 10 ǯ ... 335
1
Utilisation de supports différents pour des niveaux différents ... 335
1.1
Supports différents/ même capacité langagière ...335
1.2
Supports différents/ objectif langagier différent ...340
2
Utilisation du même support ou de la même tâche pour plusieurs niveaux. . 344
2.1
ǯ² : une démarche innovante. ...344
2.1.1
WŽƵƌƋƵŽŝǀĂůŽƌŝƐĞƌůĂĚŝĚĂĐƚŝƐĂƚŝŽŶĚ͛ƵŶŵġŵĞƐƵƉƉŽƌƚ ? ... 344
2.1.2
La didactisation de supports de niveau A1 pour des étudiants A2, B1, B2 (processus de ĐŽŵƉůĞdžŝĨŝĐĂƚŝŽŶĚĞů͛ĞdžƉůŽŝƚĂƚŝŽŶͿ ... 349
2.1.3
La didactisation de supports de niveau B1/B2 pour des étudiants A1, A2, B1 ((simplification de ů͛ĞdžƉůŽŝƚĂƚŝŽŶͿ͘ ... 356
2.1.4
La didactisation de documents non linguistiques pour plusieurs niveaux. ... 360
2.2
La tâche multi-‐‑niveaux ǣǯ Ǥ ...361
2.2.1
YƵ͛ĞƐƚ-‐ĐĞƋƵ͛ƵŶĞƚąĐŚĞŵƵůƚŝ-‐ŶŝǀĞĂƵdžƉĞƵƚĂƉƉŽƌƚĞƌăů͛ĂƉƉƌĞŶĂŶƚ ? ... 361
2.2.2
>ĞƐĐŽŶĚŝƚŝŽŶƐĚĞƐĂŵŝƐĞĞŶƈƵǀƌĞĞƚƋƵĞůƋƵĞƐĞdžĞŵƉůĞƐ ... 362
Conclusion ... 365
Introdu c tion
3DUHIILFDFLWpGHO¶HQVHLJQHPHQW M¶HQWHQGVODFDSDFLWpGH>O¶HQVHLJQDQW@jIDLUH construire un savoir (en t ant que système de capacité) par les élèves »
« 3DUpTXLWpG¶HQVHLJQHPHQWM¶HQWHQGVODFDSDFLWpGHFHOXL-FLjFHTX¶DXFXQpOqYHQH soit exclu de son processus » (Sensevy, 2011 : 690)
Aux origines du projet de r eche rche
Quoi de plus déstabilisant que de se retrouver dans un pays étranger sans pouvoir communiquer avec ses habitants dans leur langue ? La classe de langue, en milieu homoglotte, HVWDORUVOHUHIXJHGDQVOHTXHOO¶pWXGLDQW
1peut se sentir en sécurité pour découvrir ou approfondir OHVEDVHVGHODFRPPXQLFDWLRQH[ROLQJXHDYDQWG¶HVVD\HUGHOHVPHWWUHHQSUDWLTXHGDQVODUXH Mais comment appréhender cet apprentissage si la classe est, elle aussi, déstabilisante parce TX¶HOOHHVWXQHFODVVHPXOWL-QLYHDX[F¶HVW-à-dire TX¶HOOH rassemble des étudiants qui maîtrisent WRXV GLIIpUHPPHQW OD ODQJXH GX GpEXWDQW FRPSOHW j O¶XWLOLVDWHXU FRQILUPp ? Les difficultés ressenties dans la rue ne risquent-elles pas de se transformer en de véritables frustrations en classe ? « A t the beginning, I thought I was in the wrong class », « It was not the prope r class »,
« I was k ind f rustrated and jealous », « I was just listening and waiting », disent certains étudiants débutants interrogés sur leurs premières impressions.
7HO HVW O¶REMHW GH QRWUH UHFKHUFKH O¶DQDO\VH G¶XQH VLWXDWLRQ G¶HQVHLJQHPHQWDSSUHQWLVVDJH GX )UDQoDLV ODQJXH pWUDQJqUH )/( GDQV XQH FODVVH PXOWL- lingue et multi-niveaux (de A1 à C1 du Cadre européen de référence), en milieu homoglotte.
Pendant 6 années, nous avons enseigné le FLE à des jeunes filles et jeunes gens au pair, en France pour un an, rassemblés dans la même classe, quel que soit leur niveau en français.
Cette situation particulière et fort préoccupante au départ, de plus en plus fréquente DXMRXUG¶KXi
2, a suscité un grand nombre de questions : quelle progression choisir, quels outils mettre en place pour aider chacun selon ses besoins dans la langue, comment gérer les regroupements entre les étudiants, comment les évaluer, comment gérer le temps de cours si
1 Nous emploierons les termes étudiants ou apprenants, étant donné que le public analysé dans notre ƌĞĐŚĞƌĐŚĞƐŽŶƚĚĞƐĂƉƉƌĞŶĂŶƚƐĚĞůĂŶŐƵĞĂĚƵůƚĞƐƋƵŝƐŽŶƚǀĞŶƵƐĠƚƵĚŝĞƌĞŶ&ƌĂŶĐĞ͕ĂƵh&ĚĞů͛hŶŝǀĞƌƐŝƚĠ Stendhal-‐Grenoble 3.
2 Pour des raisons économiques, les centres de langues sont amenés à ouvrir des classes très hétérogènes
nous avons trois programmes de cours à gérer en même temps ? Cherchant des réponses à nos questions, nous avons rencontré une littérature riche consacrée à la « pédagogie différenciée », très en vogue dans les années 60-70 en France, mais très peu de références sur cette pédagogie SRXUO¶DSSUHQWLVVDJHGHVODQJXHVpWUDQJqUHVGDQVXQFRQWH[WHKpWpURJqQH&¶HVWSRXUTXRLQRXV DYRQVYRXOXHQIDLUHQRWUHREMHWGHUHFKHUFKHGpVLUHXVHG¶LQFOXUHQRVTXHVWLRQVSpGDJRJLTXHV dans de véritables interrogations diGDFWLTXHVDILQG¶HVVD\HUGHPLHX[FRPSUHQGUHFHW\SHGH situation didactique.
D éfinitions
Pédagogie différenciée ou pédagogie des groupes hété rogènes ?
Notre questionnement rejoint donc au départ celui de la pédagogie différenciée qui
« désigne O¶HQVHPEOHGHVGLVSRVLWLRQVPLVHVHQ°XYUHSDUO¶HQVHLJQDQWTX¶LOV¶DJLVVHGHOa mise HQIRUPHGXVDYRLUGHVDFWLYLWpVSURSRVpHVSRXUTXHOHVpOqYHV\DFFqGHQWGHO¶RUJDQLVDWLRQ WHPSRUHOOHHWVSDWLDOHGHODFODVVHGHVUHJURXSHPHQWVG¶pOqYHVGHVUqJOHV instituées dans la classe et de la manière de les faire respecter, des formes d¶évaluations, etc » (Kahn, 2010 : 9).
La pédagogie différenciée prend en compte un large éventail de différences, non seulement des différences en termes de niveaux de progression dans la discipline, mais aussi en termes de VWUDWpJLHV G¶DSSUHQWLVVDJH GH GLIIpUHQFHV VRFLR-culturelles, de différences psychologiques.
'DQVODSHUVSHFWLYHGHO¶HQVHLJQHPHQWDSSUHQWLVVDJHGHVODQJXHVpWUDQJqUHVles langues mater- nelles ainsi que les PDQLqUHVG¶DSSUHQGUHdifférentes dans les systèmes éducatifs des différents pays (Robert, 2011SHXYHQWV¶DMRXWHUjODOLVWH&HSHQGDQWQRWUHREMHWGHUHFKHUFKHVHIRFDOLVH DYDQWWRXWVXUODTXHVWLRQGHO¶KpWpURJpQpLWpGHVQLYHDX[GHODQJXHDXVHLQG¶XQH même classe.
&¶HVW SRXUTXRL QRXV SUpIpURQV SDUOHU GH pédagogie des classes mult i-niveaux en langue ét rangère plutôt que de pédagogie différenciée
3.
Vers une approche didactique de la gestion des c lasses hétérogènes en FLE.
1RWUHUHFKHUFKHV¶LQVFULWGDQV une réflexion didactique plus large. La frontière entre
« pédagogie » et « didactique » est problématique et confuse
4puisque ces deux termes
3 Le terme de « pédagogie différenciée ͩĞƐƚĞŶŽƵƚƌĞĂƐƐŽĐŝĠăĚĞƐŽďũĞĐƚŝĨƐĚĞů͛ĠĚƵĐĂƚŝŽŶŶĂƚŝŽŶĂůĞƋƵŝŶĞ concernent pas les classes de langues dans les départements de langues ou les centres de langues. Nous y reviendrons dans la partie I, chapitre 3.
4 Les dictionnaires consultés ne donnent pas tous la même définition (Galisson et Coste, 1976 ; Cuq (dir.), 2003 ; Robert, 2002 ; Reuter (ed.), Cohen-‐Azra & Al., 2007) tantôt assimilant la pédagogie à la didactique, tantôt en les différenciant comme on différencie la théorie et la pratique.
FRQFHUQHQWOHVUDSSRUWVGXPDvWUHjO¶pOqYHGDQVOHSURFHVVXVG¶LQVWUXFWLRQ
5. Nous retiendrons la pédagogie comme « une action pratique, un ensemble de conduites GHO¶HQVHLJQDQWHWGH O¶HQVHLJQpGDQVODFODVVH » qui détermine « OHFKRL[HWODPLVHHQ°XYUHG¶XQHPpWKRGHGH SURFpGpV HW GH WHFKQLTXHV HQ IRQFWLRQ GH OD VLWXDWLRQ GH O¶HQVHLJQHPHQW » (Galisson, Coste, 1976 : 405). La pédagogie des classes multi-niveaux en FLE interroge donc les méthodes, les SURFpGpVOHVWHFKQLTXHVEUHIVOHVGLVSRVLWLIVPLVHQSODFHSDUO¶HQVHLJQDQWSRXUIDLUHSURJUHVVHU tous les apprenants de langue étrangère à la mesure de leurs capacLWpV&HVPLVHVHQ°XYUH GRLYHQWrWUHDSSURIRQGLHVSDUXQHUpIOH[LRQSURSUHPHQWGLGDFWLTXHF¶HVW-à-dire une réflexion TXL UHJURXSH © O¶HQVHPEOH GHV DSSURFKHV VFLHQWLILTXHV GH O¶HQVHLJQHPHQW GHV ODQJXHV HW constituant un lieu de synthèse entre les apports différents de la linguistique, de la psychologie, de la sociologie, de la pédagogie » (Cuq et Gruca, 2005 : 151). Ainsi la pédagogie des classes multi-niveaux en FLE est une partie de la didactique des langues et des cultures (DDLC). La didactique aspire à ODVFLHQWLILFLWpHOOHQ¶HVWSDVMXVWHXQHPpWKRGRORJLHTXLIRXUQLWGHV© trucs, des ficelles » pour gérer ma classe (Jonnaert, 1988 : 10) : elle vise à produire un ensemble de GLVFRXUV UDLVRQQpV VXU O¶HQVHLJQHPHQW GHV ODQJXHV (OOH SHUPHW GH © rendre intelligibles les G\QDPLTXHV SURSUHV DX FRQWH[WH G¶DFWLRQ HW DX[ ORJLTXHV G¶DFWHXUV TXL OHV WUDYHUVHQW HW OHV configurent » (Baudoin et Friedrich, 2001 : 14).
Problématique de la reche rche
Notre question de départ est la suivante : la classe de langue multi-lingue et multi- niveaux en milieu homoglotte est-HOOHXQIUHLQRXXQWUHPSOLQSRXUO¶DSSUHQWLVVDJHGHOD L E ? En suivant une démarche empirico-inductive, dont la source réside dans notre longue IUpTXHQWDWLRQGHFHW\SHGHSXEOLFQRXVIRUPXORQVO¶K\SRWKqVe que ce type de classe est un moteur pour cet apprentissage. Plusieurs raisons au départ nous incitent à formuler cette hypothèse VL RQ IDLW XQH GLIIpUHQFH HQWUH O¶DSSUHQWLVVDJH HQ PLOLHX QRQ QDWXUHO HW O¶DFTXLVLWLRQ HQ PLOLHX QDWXUHO .UDVKHQ Uepris par Cuq, 2005 et Robert, 2009) pourquoi certains étudiants faibles ne pourraient-ils pas intégrer certains aspects de la langue quand ils
5
Cette complexité de la notion est mise en valeur par J-‐P Cuq (dir.), dans son dictionnaire de didactique du français, Clé, 2003. Pédagogie ƐŝŐŶŝĨŝĞĚ͛ĂďŽƌĚůĞĨĂŝƚĚĞĚŝƌŝŐĞƌƵŶĠůğǀĞĂƵƐĞŶƐĠĚƵĐĂƚŝĨĚƵƚĞƌŵĞ͘ƵŶĚĞƵdžŝğŵĞ niveau, il veut dire les « ŵĂŶŝğƌĞƐ Ě͛ĞŶƐĞŝŐŶĞƌ͕ ƋƵŝ ŝŶĐůƵĞŶƚ ĂƵƐƐŝ ďŝĞŶ ůĂ ŵĠƚŚŽĚĞ ƋƵĞ ůĞƐ ƚĞĐŚŶŝƋƵĞƐ Ě͛ĞŶƐĞŝŐŶĞŵĞŶƚ » (ex ͗ƉĠĚĂŐŽŐŝĞĚĞů͛ŽƌĂůͿ͘De notre côté, nous associons ce niveau à un sens, « plus général », dans lequel « pédagogie ĞŶŐůŽďĞƚŽƵƚĐĞƋƵŝĂƚƌĂŝƚăů͛ĂĐƚŝŽŶ
éducative ĂƵƉƌğƐĚĞů͛ĞŶĨĂŶƚŽƵĚĞů͛ĂĚƵůƚĞ ». On note comme exemples la pédagogie « expérimentale », « de soutien », « différenciée » (Cuq, dir., 2003: 188
).
P
édagogie peut aussi avoir « ůĞƐĞŶƐĚĞƌĠĨůĞdžŝŽŶƐƵƌů͛ĂĐƚŝŽŶĠĚƵĐĂƚŝǀĞ ».
VHWURXYHQWPpODQJpVjG¶DXWUHVDSSUHQDQWV qui maîtrisent mieux la langue ? Ils se retrouveraient comme confrontés à des situations semblables à celles de la vie quotidienne ; 2) les recherches VXU O¶LQWHUFRPSUpKHQVLRQ PRQWUHQW TX¶RQ SHXW DUULYHU j VDLVLU FHUWDLQV DVSHFWV GH OD ODQJXH étrangère en compréhension écrite même quand on ne maîtrise pas toutes les règles ni le lexique de la LE
6. Dans une classe très hétérogène, certains apprenants ne pourraient-ils pas tirer profit de leur capacité en compréhension GH O¶pFULW GXIDLW TX¶LOV SRVVqGHQW XQH ODQJXH PDWHUQHOOH proche du français ? 3) Les réflexions sur les intelligences multiples (Gardner, 2000), sur les VWUDWpJLHVG¶DSSUHQWLVVDJH&\UHWOHWUDYDLODXWRQRPH%DUERWMXVWLILHQWTX¶LO\
aurait peut-rWUH GHV DSSUHQDQWV FDSDEOHV GH V¶DGDSWHU HW GH WURXYHU OHXU U\WKPH SURSUH G¶DSSUHQWLVVDJH GDQs une classe mutlti-niveaux ; 4) enfin, si on se place dans la mouvance actuelle des recherches en didactique des langues, à savoir la perspective actionnelle, ne serait- ce pas XQHWkFKHSRXUO¶pWXGLDQWG¶DUULYHUjWURXYHUVDSODFHDXVHLQGXJURXSH multi-niveaux ? '¶arriver à agir au sein de la classe comme il aurait à agir en milieu naturel sachant que « O¶XVDJH GHODODQJXHQ¶HVWSDVGLVVRFLpGHVDFWLRQVDFFRPSOLHVSDUFHOXLTXLHVWjODIRLVORFXWHXUHW acteur social » (Robert, 2009) ? 5) Enfin O¶DSSURche par compétences (Beacco, 2001) ne privilégie-t- HOOHSDVXQHDSSURFKHGLIIpUHQFLpHGHO¶DSSUHQWLVVDJHGHVODQJXHV ?
Ainsi nous formulons notre hypothèse : si des appr enants multi-lingues et multi- QLYHDX[SURJUHVVHQWGDQVODPDvWULVHGHOD/(F¶HVWTX¶il y a des gestes didactiques qui ont accompagné cet apprentissage (Coste, 2002 &LFXUHOHWGRQFTXHODFODVVHQ¶HQ constitue pas un frein
7. Toute une série de questions découlent de cette hypothèse : les apprenants progressent-ils ? Comment évaluer leurs progrès " (W G¶DLOOHXUV FRPPHQW FHW apprentissage est-il vécu par les apprenants eux-mêmes ? Si un progrès est constaté, quelles en sont les raisons "6DFKDQWTXHOHVSHUVRQQHVDXSDLUYLYHQWFKH]GHV)UDQoDLVTX¶HVW-ce qui contribue à leur progreVVLRQO¶DJLUHQVHLJQDQWHWRXOHPLOLHXKRPRJORWWHGDQVOHTXHOLOVYLYHQW ? (QILQVLRQSHXWLPSXWHUXQHUHVSRQVDELOLWpSRVLWLYHjO¶DJLUHQVHLJQDQWGDQVFHSKpQRPqQHGH progression, y aurait-il des techniques, des outils, des procédés didactiques repérables encourageant cette progression "(WVLF¶HVWOHFDVSHXW-RQDOOHUMXVTX¶jREVHUYHUXQHFHUWDLQH UpJXODULWpGHO¶DJLUHQVHLJQDQWTXDQWDX[GLVSRVLWLIVHWUpJXODWLRQV6FKQHXZO\HW'RO]
6 Pour le français, cela concerne les étudiants qui parlent une langue romane.
7
Nous savons ƋƵ͛ŝůĞƐƚĚŝĨĨŝĐŝůĞĐŽŵƉƚĞƚĞŶƵĚĞŶŽŵďƌĞƵdžƉĂƌĂŵğƚƌĞƐ͕ĚĞͨ dégager des liens de causalité entre ƚĞůĂƐƉĞĐƚĚƵƉƌŽĐĞƐƐƵƐŝŶƐƚƌƵĐƚŝŽŶŶĞůĞƚůĞƉƌŽĐĞƐƐƵƐĚ͛ĂƉƉƌĞŶƚŝƐƐĂŐĞ » car « nombreux et complexes sont les facteurs entrant en ligne de compte dans une ƐŝƚƵĂƚŝŽŶĚ͛ĂƉƉƌĞŶƚŝƐƐĂŐĞĞŶĐůĂƐƐĞ » mais on ne peut pas nier que la classe peut accompagner et escorter ĐĞƉƌŽĐĞƐƐƵƐŵġŵĞƐŝĞůůĞŶ͛ĞƐƚƉĂƐůĂƐĞƵůĞƌĞƐƉŽŶƐĂďůĞĚĞƐƉƌŽŐƌğƐĚĂŶƐ la LE (Cicurel, 2002 : 16).
2006, 2009) mis en place devant ce public ? Peut-on aller juVTX¶j GLUH TX¶LO \ DXUDLW GHV
« stratégies gagnantes » (Sensevy, 2001) ? M éthodes
Notre méthodologie croise trois corpus.
Le premier corpus suit une démarche quantitative LOV¶DJLWG¶DQDO\VHUODSURJUHVVLRQ G¶XQH WUHQWDLQH G¶pWXGLDQWV DX SDLU HQ FRPSDrant leurs notes dans les différentes capacités langagières (CO, CE, PO, PE
8). Si la comparaison des évaluations diagnostiques et finales des apprenants révèle une progression dans les différentes capacités langagières et objectifs linguistiques, alors on SRXUUD YDOLGHU OD SUHPLqUH SDUWLH GH O¶hypothèse : la classe de FLE composée G¶pWXGLDQWV DX[ QLYHDX[ WUqV KpWpURJqQHV $-C1) peut être un moteur pour O¶DSSUHQWLVVDJH
/HGHX[LqPHFRUSXVHVWFRPSRVpSDUXQHWUHQWDLQHGHTXHVWLRQQDLUHVG¶HQTXrWHVGDQV lesquels les étudiants au pair donnent leur point de vue sur leur apprentissage et sur leur vécu de la classe multi-niveaux.
Le troisième corpus est composé de trois vidéos de classe dans lesquelles sont filmés WURLVFRXUVGHYDQWFHSXEOLFG¶pWXGLDQWVDXSDLU. Ce corpus donnera lieu à une analyse qualitative TXLVXLWXQHGpPDUFKHHWKQRJUDSKLTXHG¶REVHUYDWLRQVGHFODVVH (Cambra Giné, 2003), afin de GpFULUH OHV GLIIpUHQWV DVSHFWV GH O¶DJLU HQVHLJQDQW OHV GLVSRVLWLIV le choix des supports, les documents et consignes, la didactisation de ces supports, les modalités de regroupements des apprenants) et les régulations mis en place avant et pendant le cours pour gérer la multiplicité des niveaux (Schneuwly et Dolz, 2005).
Ainsi notre démarche repose sur la complémeQWDULWp G¶XQH DSSURFKH TXDQWLWDWLYH et qualitative (Crahay, 2006). Nous croisons un raisonnement empirico-inductif à partir de notre H[SpULHQFH G¶HQVHLJQDQWH HW XQH ORJLTXH K\SRWKpWLFR-déductive qui cherche à infirmer ou YDOLGHUO¶K\SRWKqVHGHGpSDUWjSDUWLUG¶XQHDQDO\VHGHFRQFHSWV
Un projet de r echer che-action
Notre thèse est une recherche-DFWLRQIRQGpHVXUO¶DQDO\VHGHVSUDWLTXHVDILQGHUpSRQGUH DXVVLjXQEHVRLQGHIRUPDWLRQSRXUOHVHQVHLJQDQWVFRQIURQWpVjFHSXEOLFG¶DSSUHQDQWVAinsi notre projet de recherche V¶LQVFULWG¶DERUGGDQVOHFKDPSGHVVFLHQFHVGXODQJDJHSXLVTX¶LOVH
8 CO =compréhension orale, CE = compréhension écrite, PO = production orale, PE = production écrite
fonde sur des concepts empruntés à la didactique des langues
9(concepts hérités des approches FRPPXQLFDWLYHVHWDFWLRQQHOOHVHWjODSV\FKROLQJXLVWLTXHWKpRULHVGHO¶DFTXLVLWLRQG¶XQHSDUW U{OHGHO¶pWD\DJHG¶DXWUHSDUW0DLVLOV¶LQVFULWDXVVLGDQVOHFKDPSGHVVFLHQFHVGHO¶pGXFDWLRQ SXLVTX¶LO FKHUFKH j GpFULUe les GLIIpUHQWV DVSHFWV GH O¶DJLU HQVHLJQDQW HW j analyser les interactions entre les trois pôles du triangle didactique O¶HQVHLJQDQWO¶DSSUHQDQWHWOHVDYRLU Notre étude traite donc des trois niveaux dont parle J-P Bronckart (2001 : 138) :
Le premier est centré sur
OHV REMHWV HW OHV PpWKRGRORJLHV G¶HQVHLJQHPHQW (quoi enseigner etFRPPHQW HW LO UHTXLHUW OHV GpPDUFKHV G¶HPSUXQW HW G¶DGDSWDWLRQ ±transposition de données issues de sciences traitant, soit des contenus ou objets, soit des processus psychosociaux G¶DSSUHQWLVVDJH«/HVHFRQGHVWFHQWUpVXU
OHVSURFHVVXVG¶HQVHLJQHPHQWDSSUHQWLVVDJHWHOV TX¶LOVVHGpSORLHQWUpHOOHPHQWVXUOHVWHUUDLQVGHIRUPDWLRQ : comment les formateurs agissent-ils pour former "4XHOVVRQWOHVSUREOqPHVTX¶LOVUHQFRQWUHQW dans la gestion de leur activité, en fonction de leur propre représentation de la situation et eu égard aux programmes et aux PDQXHOVDX[UpDFWLRQVGHVDSSUHQDQWV« "4X¶HVW-ce que les formés apprennent réellement et comment le font-ils ? Et comment reQGUHSOXVDGDSWpVHWHIILFDFHO¶HQVHPEOHGHFHVSURFHVVXV ? Le troisième niveau est celui de la formation des formateurs de terrain . Quels types de savoirs doivent leur être proposés, et comment les introduire pour les rendre aptes à gérer leur activité?
Plan
La thèse comporte trois parties.
La premièr e partie pose la question principale, celle de savoir si la classe de F L E multilingue et multiniveaux (en milieu homoglotte) est un fr ein ou un tremplin pour O¶DSSUHQWLVVDJHGHOD/(1RXVSDUWLURQVGHO¶RSLQLRQFRPPXQH(chapitre 1) qui dit que des apprenants de LE ne peuvent pas progresser dans ce type de de classe. Nous essaierons de comprendre ce qui fonde cette méfiance et donnerons certains exemples de témoignages. Nous mettrons HQVXLWH j O¶pSUHXYH FHWWH RSLQLRQ (chapitre 2) avec le corpus 1 composé par les pYDOXDWLRQV GLDJQRVWLTXHV HW ILQDOHV G¶XQH WUHQWDLQH G¶DSSUHQDQWV DX SDLU. Ce chapitre 2 reprendra notre hypothèse de recherche : si les apprenants progressent dans ce contexte multi- QLYHDX[F¶HVW TX¶LO \ D GHVJHVWHVGLGDFWLTXHVTXL RQW FRQWULEXp jFHW DSSUHQWLVVDJH &RVWH 2002 ; Cicurel, 2002 ; Cuq, 2005). Le corpus 2 contenant les réponses à un questionnaire G¶HQTXrWH, montrera comment ces mêmes apprenants ont vécu leur apprentissage du français dans la classe multi-niveaux. Enfin, même si notre objet de recherche ne concerne que O¶KpWpURJpQpLWpGHVQLYHDX[QRXVHIIHFWXHURQVXQUHWRXUVXUOD© pédagogie différenciée »
10en général (c hapitre 3) qui a fourni des concepts clés pour aborder cette situation didactique. La
9 « WĂƌĐĞƋƵ͛ĞůůĞƐĞƉƌŽƉŽƐĞĚ͛ĠƚƵĚŝĞƌůĞƐůĂŶŐƵĞƐ͕ŵġŵĞƐŝĐ͛ĞƐƚƐŽƵƐů͛ĂŶŐůĞƉĂƌƚŝĐƵůŝĞƌĚĞůĞƵƌĂƉƉƌĞŶƚŝƐƐĂŐĞĞƚ de leur enseignement, la DDL appartient a priori aux sciences du langage » (Cuq et Gruca, 2005 : 65).
10 DŽŶƚů͛ŽďũĞƚĞƐƚƉůƵƐůĂƌŐĞƉƵŝƐƋƵĞƋƵ͛ĞůůĞƐ͛ŝŶƚĠƌĞƐƐĞăƚŽƵƐůĞƐƉĂƌĂŵğƚƌĞƐĚĞĚŝĨĨĠƌĞŶĐŝĂƚŝŽŶĞŶƚƌĞůĞƐĠůğǀĞƐ scolarisés dans le primaire ou le secondaire.
SDUWLH,V¶LQWpUHVVHUDGRQFjODSUHPLqUHSDUWLHGHO¶K\SRWKqVH© si les apprenants progressent F¶HVWTX¶LO\DGHVJHVWHVGLGDFWLTXHVTXLRQWFRQWULEXpjOHXUSURJUHVVLRQ »).
La deuxième partie poursuivra le raisonnement en se focalisant sur la deuxième partie GHO¶K\SRWKqVH© si les apprenants progressent F¶HVWTX¶LO\DGHVJHVWHVGLGDFWLTXHVTXLRQW contribué à leur progression »1RXVQRXVGHPDQGHURQVG¶DERUGTXHOVFRQFHSWVLVVXVGHOD didDFWLTXH GHV ODQJXHV SHUPHWWHQW GH VRXWHQLU O¶HQVHLJQHPHQWDSSUHQWLVVDJH SRXU XQ SXEOLF multi-lingue et multi-niveaux en FLE (chapitre 4)3XLVQRXVQRXVOLYUHURQVjO¶DQDOyse de notre troisième corpus (OHVREVHUYDWLRQVGHFODVVHSRXUGpFULUHO¶DJLUHQVHLgnant en situation GHWUDYDLO$SUqVDYRLUGpYHORSSpQRWUHPpWKRGRORJLHGHO¶REVHUYDWLRQGHFODVVHLQVSLUpHGH théoriciens comme Schneuwly et Dolz (2005, 2006, 2009) (chapitre 5), nous entrerons dans la description proprement dite des gestes professionnels (ou « gestes didactiques) observables dans les vidéos de classe (chapitre 6).
Dans la troisiè me partie, nous nous demande rons V¶LOHVWSRVVLEOHGHGpJDJHUGHV
parcours spécifiqu es à cette situation didactique en termes de temps, de contenus, et
G¶RUJDQLVDWLRQGXJURXSH-classe et des sous-groupes (Robert, 2001 ; Gannac, 2001). Nous irons
MXVTX¶jTXHVWLRQQHUODSRVVLELOLWpGH GpJDJHUGHVSDWURQVFRPPXQVGHVpTXHQFHVG¶DFWLYLWpVHW
voir si une « sédimentation des pratiques » est envisageable pour la gestion de certaines
compétences ou activités (Schneuwly, 2005). Nous y élaborerons la synthèse des dispositifs
(chapitre 7) et des régulations (chapitre 8) observés dans le corpus 3. Nous essaierons ensuite
GHSURSRVHUXQHPRGpOLVDWLRQGHO¶DJLUHQVHLJQDQWDILQGHUHQGUHFRPSWHGHVDORJLTXHGDQVXQ
contexte multi-niveaux (chapitre 9) afin de fournir quelques pistes pédagogiques. Enfin, le
dernier chapitre (chapitre 10) IRXUQLUDGHVH[HPSOHVG¶H[SORLWDWLRQV
Parti e I
La c lasse multi-niv eaux en F L E : un fr ein ou un tr emplin pour
O¶DSSUHQWLVVDJH ?
WĂƌƚŝĞ/͘ŚĂƉŝƚƌĞϭ͘>ĂĐůĂƐƐĞŚĠƚĠƌŽŐğŶĞĞŶ&>͕ƵŶĨƌĞŝŶăů͛ĂƉƉƌĞŶƚŝƐƐĂŐĞ ?
Chapitr e 1
La c lasse hé t é rogè n e e n F L E , un fr e in à O¶DSSUHQWLVVDJHGX)/( ?
'DQV OHV FROOqJHV HW OHV O\FpHV LO Q¶\ D SDV WRXMRXUV HX GHV UHJURXSHPHQWV G¶pOqYHV HQ fonction de leurs niveaux en langue étrangères comme on a pu le voir dans certains lycées IUDQoDLVjO¶pWUDQJHUH[HPSOHGXO\FpHIUDQoDLV&KDUOHVGH*DXOOHj/RQGUHVGDQVOHTXHOQRXV avons enseigné et qui décloisonnait les élqYHVG¶XQHPrPHFODVVHSHQGDQWOHVFRXUVGHODQJXH Au contraire, bien souvent ils assistent tous au cours de langue quel que soit leur niveau de maîtrise de cette langue. Ils sont « bons », « moyens » ou « mauvais » en anglais par exemple comme ils le sont en mathématiques ou en histoire. Chaque classe a un programme à suivre dans la langue étrangère étudiée. Le Cadre européen de référence pour les langues (CECRL, 2001) propose une grille de progression en fonction des étapes du collège et du lycée : il faut atteindre le niveau A2 à la fin du collège et le niveau B2 au Baccalauréat
11. Dans les centres de langue XQLYHUVLWDLUHVRXSULYpV ODORJLTXHQ¶HVW SDV H[DFWHPHQW ODPrPHFDUOHVpWXGLDQWV VRQWGHV adultes qui payent leurs cours pour apprendre la langue étrangère dans les meilleures conditions SRVVLEOHV$ORUVTXHOHVpOqYHVDFFHSWHQWO¶KpWpURJpQpLWpFRQVWLWXWLYHGHVFODVVHVGXVHFRQGDLUH pouvons-nous en dire autant de ces étudiants adultes dans des centres de langues qui veulent apprendre le français « vite et bien »
12"/¶KpWpURJpQpLWpGHVQLYHDX[QHIUHLQHUDLW-elle pas alors OH SURFHVVXV G¶DSSUHQWLVVDJH GH OD / pWDQW GRQQp OD GLYHUVLWp GHV REMHFWLIV ODQJDJLHUV TXL doivent être proposés à chacun en fonction de son niveau de départ ?
Le premier chapLWUHGH QRWUHSURMHW GHUHFKHUFKHSRLQWHFHWWHPpILDQFH jO¶pJDUGGH O¶KpWpURJpQpLWp GHV QLYHDX[ DX VHLQ G¶XQH PrPH FODVVH HQ )/( Après avoir présenté notre terrain de recherche, nous montrerons que ODQRWLRQG¶KpWpURJpQpLWpet la notion de classe ne font pas, à première vue, bon ménage
13. Nous nous demanderons également si O¶KpWpURJpQpLWp
11 EŽƵƐƌĞǀŝĞŶĚƌŽŶƐƐƵƌů͛ĂƉƉĞůůĂƚŝŽŶĚĞƐŶŝǀĞĂƵdžƵůƚĠƌŝĞƵƌĞŵĞŶƚ͘
12 En référencĞĂƵƚŝƚƌĞĚ͛ƵŶĞDĠƚŚŽĚĞĚĞ&> : Miquel C. (2010) Vite et Bien, Clé international.
13 Notre analyse se placera au niveau conceptuel ici. Nous avons bien conscience par ailleurs que ů͛ŚĠƚĠƌŽŐĠŶĠŝƚĠĞƐƚƐŽƵǀĞŶƚƉƌĠƐĞŶƚĞĚĂŶƐůĞƐĐůĂƐƐĞƐ͕ĐĞƋƵŝĂĚŽŶŶĠůŝĞu à la réflexion sur la pédagogie diférenciée.
WĂƌƚŝĞ/͘ŚĂƉŝƚƌĞϭ͘>ĂĐůĂƐƐĞŚĠƚĠƌŽŐğŶĞĞŶ&>͕ƵŶĨƌĞŝŶăů͛ĂƉƉƌĞŶƚŝƐƐĂŐĞ ?
des apprenants ne remet pas en cause une certaine idée de la progression, entendue comme une pYROXWLRQSURJUHVVLYHGDQVO¶pFKHOOHGHVQLYHDX[HQ/((QILQQRXVDQDO\Verons succinctement, en guise de preuve tangible, les impressions de certains collègues enseignants ainsi que celles G¶pWXGLDQWVGpEXWDQWVWRXVD\DQWpWpFRQIURQWpVjFHFRQWH[WHGHFODVVH
1 Notr e t errain de r ec her che OH&HQWUHXQLYHUVLWDLUHG¶pWXGHV IUDQoDLVHV&8()O¶8QLYHUVLWp6WHQGKDO -G r enoble 3
1.1 L e C U E F
14DXVHLQGHO¶8QLYHUVLWp6WHQGKDO-G r enobl e 3
/H&HQWUHXQLYHUVLWDLUHG¶(WXGHVIUDQoDLVHVIDLWSDUWLHGHO¶8QLYHUVLWp6WHQGKDO-Grenoble 3.
1.1.1 /¶8QLYHUVLWp6WHQGKDO-G renoble 3
/¶8QLYHUVLWpGH6WHQGKDO-Grenoble 3 est née officiellement en 1970 sur le campus de Saint- Martin-G¶+qUHVVXLWHjODORL(GJDU)DXUHPDLVVHVRULJLQHVUHPRQWHQWDX0R\HQ-Age (1339 fondée par le Dauphin Humbert II). Elle est ouverte aux domaines des lettres et arts, science de la communication, études anglophones, sciences du langage, langues étrangères appliquées, langues-littératures-civilisations étrangères.
/¶8QLYHUVLWp 6WHQGKDO-Grenoble 3 compte environ 12000 étudiants chaque année, toute filière confondue ±tant en formation initiale que continue- et elle comptait 5 UFR qui viennent de fusionner. Les nouvelles composantes issues de ce regroupement sont O¶8)5GHODQJXHV étrangères (LLCE-/($ HW O¶8)5 ODQJDJH OHWWUHV HW DUWV GX VSHFWDFOH, information et communication (LLASIC).
Elle appartient au pôle Université de Grenoble qui compte 50 000 étudiants, plus de 200 spécialités de master, 12 écoles doctorales et 93 laboratoires de recherche.
Parallèlement aux filières diplôPDQWHVO¶XQLYHUVLWp6WHQGKDO DGpYHORSSp SDUOHELDLVGX
&HQWUHXQLYHUVLWDLUHG¶pWXGHVIUDQoDLVHV&8()XQVHFWHXUG¶HQVHLJQHPHQWGXIUDQoDLVODQJXH étrangère.
14 Nous nous inspirons de la présentation du CUEF dans sa brochure en ligne destinée aux étudiants
(www.cuef.u-‐grenoble3.frͿĂŝŶƐŝƋƵĞĚĞůĂƉƌĠƐĞŶƚĂƚŝŽŶĚĞů͛ƵŶŝversité Stendhal en ligne (www.u-‐grenoble 3.fr)