ou qui dirigent des élèves primo-arrivants de 6 à 12 ans. Nos interlocuteurs ont été : 5
HQVHLJQDQWVGX&8()XQHHQVHLJQDQWHFKDUJpHG¶DFFXHLOOLUXQSXEOLFWUqVKpWpURJqQHGHSULPR
-arrivants dans une école grenobloise, une enseignante de collège-l\FpHFKDUJpHG¶XQHFODVVH
FLE décloisonnée pour accueillir aussi les primo-arrivants (quel que soit leur âge, leur niveau
de langue et le niveau dans le cursus secondaire). Nous avons interrogé aussi 10 enseignants de
IUDQoDLVGDQVOHVHFRQGDLUHjO¶pWUDQJer venus suivre, au CUEF, des formations de formateurs
sur la gestion des groupes hétérogènes. Nous avons également questionné un professeur des
pFROHVFKDUJpHVG¶XQHFODVVHGHSULPDLUHjGRXEOHQLYHDXSRXUYRLUV¶LOVRXOHYDLWOHVPrPHV
questionnements que les enseignants de FLE.
Les publics aux niveaux hétérogènes rencontrés étaient donc variés : des cours spécifiques
(programmes américains A1- B2), des cours du soir au CUEF (rassemblant en général
seulement 2 niveaux : A1 deb ± A1 fin ; A1+/A2 ; B1-B2. Mais aussi un public de
primo-arrivants (6 à 10 heures par semaines de FLE pour des élèves de 5 à 1O ans ou de 11 à 15 ans
en plus de leur scolarité normale avec les élèves français).
4.2 Les difficultés des enseignants.
Nous avons comparé les réponses des enseignants afin de découvrir quels étaient les
pOpPHQWV SRVLWLIV HW QpJDWLIV TX¶LOV PHQWLRQQDLHQW HQ FH TXL FRQFHUQH
O¶HQVHLJQHPHQWDSSUHQWLVVDJH GX )/( GDQV XQH FODVVH PXOWL-niveaux. Tous évoquent
principalement des difficultés à gérer ce public.
Notre analyse est qualitative, parmi les notes prises lors de chaque entretien, nous avons
relevé les mots qui revenaient le plus souvent. Nous avons ensuite classé les remarques des
enseignants par thèmes. Ce sont souvent les mêmes difficultés et frustrations qui ont été
confiées par les enseignants interrogés
24. Nous avons pu recenser :
-le sentiment de désarroi et de frustration: tous mentionnent ces deux sentiments au début,
D\DQW O¶LPSUHVVLRQ TX¶LOV Q¶DUULYHURQW SDV j IDLUH SURJUHVVHU OHXUV pWXGLDQWV FRPPHdans un
FRXUVQRUPDO,OVRQWSXREVHUYHUDXVVLTXHOHVpWXGLDQWVQ¶pWDLHQWSDVWUqVFRQWHQWVDXGpSDUWGH
devoir composer avec tous les niveaux.
24 EŽƵƐĂǀŽŶƐĠŐĂůĞŵĞŶƚĠƉƌŽƵǀĠůĞƐŵġŵĞƐĚŝĨĨŝĐƵůƚĠƐĂƵĐŽƵƌƐĚĞŶŽƚƌĞĞdžƉĠƌŝĞŶĐĞĚ͛ĞŶƐĞŝŐŶĞŵĞŶƚĂƵƉƌğƐ
WĂƌƚŝĞ/͘ŚĂƉŝƚƌĞϭ͘>ĂĐůĂƐƐĞŚĠƚĠƌŽŐğŶĞĞŶ&>͕ƵŶĨƌĞŝŶăů͛ĂƉƉƌĞŶƚŝƐƐĂŐĞ ?
- la difficulté à JpUHUO¶DOWHUQDQFHHQWUHOHVGLIIpUHQWHVDFWLYLWpVSURSRVpHVWRXVGLVHQWTX¶LO
faut difféUHQFLHU OHV H[HUFLFHVDFWLYLWpV PDLV TX¶LO HVW GLIILFLOH GH JpUHU OH WUDYDLO GLULJp OHV
exercices en autonomie, toutes les corrections. Ils sont confrontés à la peur de vexer certains en
OHXUDWWULEXDQWGHVH[HUFLFHVGHQLYHDXIDLEOHG¶DOOHUWURSYLWHSRXUG¶DXWUHV&HUWDLQVRQWPrPH
eu leurs élèves dans des salles de classe différentes mais ont reconnu avoir du mal à maintenir
O¶DPELDQFHGHFODVVHXQLTXH(WLOHVWGLIILFLOHG¶rWUHGDQVOHVGHX[VDOOHVHQPrPHWHPSV
- la quantité de travail préparatoire à fournir ainsi que les corrections : pour réussir à
WURXYHUXQpTXLOLEUHHQWUHWRXVFHVQLYHDX[WRXVUHFRQQDLVVHQWTX¶LOIDXWEHDXFRXSGHWHPSVGH
préparation. Il faut non seulement réfléchir aux niveaux de la classe séparément puis voir
comment le groupe classe peut être maintenu. De même ils estiment devoir anticiper la présence
GH O¶HQVHLJQDQW DYHF FKDTXH JURXSH GRQF TX¶LO IDXW WURXYHU GHV H[HUFLFHV FRPSDWLEOHV (W
comme ils ne pouvaient pas corriger en classe toutes les activités faites en autonomie, ils se sont
SODLQWVG¶DYRLUHXEHDXFRXSGHFRUUHFWLRQVjIDLUHFKH]HX[
- O¶pYDOXDWLRQ HW O¶HVWLPDWLRQ GH OD SURJUHVVLRQ GHV pWXGLDQWV : tous les enseignants
V¶DFFRUGHQW SRXU GLUH TX¶LO HVW GLIILFLOH GH MXJHU OD SURJUHVVLRQ GH OHXUV DSSUHQDQWV FDU OHV
QLYHDX[VRQWVLGLIIpUHQWVTX¶LOIDXGUDLWSRXYRLUYpULILHUXQHPXOWLSOLFLWpG¶REMHFWLIVjDWWHLQGUH
Une enseignante pense que les étudiants
25A2 motivés ont plus progressé que dans un cours
intensif. Mais elle juge les progrès des étudiants B2 inférieurs à FHTX¶LOVDXUDLHQWSXDSSUHQGUH
en CI. En ce qui concerne les B2 OHVHQVHLJQDQWVHVWLPHQWTX¶LOVRQWDSSULVPRLQVGHOH[LTXH
HWGHJUDPPDLUHTXHV¶LOVDYDLHQWpWpGDQVXQFRXUVLQWHQVLIGHOHXUQLYHDX3DUFRQWUHLOVRQW
fait plus de révisions et de « bétonnage grammatical », ils ont progressé aussi en fluidité orale
grâce aux reformulations systématiques qui leur étaient demandées pour « pouvoir se faire
comprendre des plus faibles ».
- une gestion du temps problématique.Pour la préparation du cours,WRXVV¶DFFRUGHQWjGLUH
que le travail préparatoire est colossal pour arriver à diriger une classe à niveaux multiples. En
effet, au lieu de chercher un exercice dans une méthode, il faut essayer de voir comment le
même thème peut être abordé à des niveaux différents. Ou bien, au lieu de créer une dizaine de
questions sur un texte en compréhension écrite, il faut créer 2 ou 3 jeux de questions à différents
25 Nous utilisons parfois le terme « apprenant ͩƋƵĂŶĚŶŽƚƌĞƌĠĨůĞdžŝŽŶƐ͛ĠůĂďŽƌĞĂƵƚŽƵƌĚĞĐŽŶĐĞƉƚƐĚŝĚĂĐƚŝƋƵĞƐ͕
le terme « étudiant » est utilisé souvent aussi quand nous nous référons à notre corpus puisque nous avons
ƚƌĂǀĂŝůůĠ ĂƵ ĐĞŶƚƌĞ ƵŶŝǀĞƌƐŝƚĂŝƌĞ Ě͛ĠƚƵĚĞƐ ĨƌĂŶĕĂŝƐĞ ĚĞ 'ƌĞŶŽďůĞ ƋƵŝ ĂĐĐƵĞŝůůĞ ĚĞƐ ĠƚƵĚŝĂŶƚƐ ĚĞ &>͘ >Ğ ŵŽƚ
« apprenant » est plus général, « il permet de désigner tous les publics quel que soit leur âge » (Robert, 2002 : 3).
WĂƌƚŝĞ/͘ŚĂƉŝƚƌĞϭ͘>ĂĐůĂƐƐĞŚĠƚĠƌŽŐğŶĞĞŶ&>͕ƵŶĨƌĞŝŶăů͛ĂƉƉƌĞŶƚŝƐƐĂŐĞ ?
QLYHDX[HWHQYLVDJHUFRPPHQWO¶DFWLYLWpYDrWUHFRQGXLWHSRXUTXHFKDFXQ\DLWVDSODFH8Q
professeur avoue même parfois avoir juste un fil conducteur pour son cours et improviser
souvent pour continuer à prendre plaisir à préparer et aller dans ce type de classe. En outre, le
travail de correction est « immense ªSXLVTX¶LO\DWRXMRXUVGHVSURGXFWLRQVjYpULILHUG¶XQH
VpDQFHVXUO¶DXWUH(QIDLWFHUWDLQVHQVHLJQDQWVHVWLPHQWTX¶XQHVpDQFHGHKGHPDQGH-7 h de
travail annexe. En classe, la majorité des enseignants gardent tous les étudiants dans une seule
salle et ils séparent les groupes en sous-groupHVG¶DXWUHVSUpIqUHQWOHVPHWWUHGDQVGHX[OLHX[
GLIIpUHQWV 4XRL TX¶LO HQ VRLW OD GXUpH GH OD VpDQFH FRUUHVSRQGDQW YUDLPHQW DX QLYHDX GH
O¶pWXGLDQWHVWVRXYHQWDPSXWpHG¶XQHKHXUHYRLUHGHGHX[KHXUHVSDUUDSSRUWjXQHFODVVHGLWH
homogène. Un enseignant dit « mélanger » les activités, tantôt ensemble, tantôt séparément
pendant toute sa séquence car cela ne fait « pas de mal ª DX[ SOXV IDLEOHV G¶pFRXWHU GHV
FRQYHUVDWLRQVRXOHVFRUUHFWLRQVSOXVGLIILFLOHVFDULODSSUHQGjV¶pYDOXHUHWj© faire le tri », à
JpUHUVRQDSSUHQWLVVDJH/DFRQVpTXHQFHDXQLYHDXGHODJHVWLRQGXWHPSVHVWTX¶ « il faut sans
DUUrWSDVVHUG¶XQJURXSHjO¶DXWUH » et que « O¶HQVHLJQDQWVHIDWLJXH » plus vite que dans une
FODVVHFODVVLTXHFDULOGRLWGpSHQVHUEHDXFRXSG¶pQHUJLHj© jongler » entre plusieurs niveaux.
-Enfin, en ce qui concerne les étudiants débutantsSUHVTXHWRXVOHVHQVHLJQDQWVVRQWG¶DYLV
TX¶LOHVWWUqVGLIILFLOHGHOHVLQWpJUHUjFHW\SHGHFODVVHpWDQWGRQQpTXHFHVDSSUHQDQWVRQW
besoin de la présence constante du SURIHVVHXU HW G¶XQ WHPSV FRQVpTXHQW SRXU LQWpJUHU
progressivement les bases de la langue.
&HV REVWDFOHV PHQWLRQQpV SDU O¶HQVHLJQDQW IRQW pFKR DX[ pOpPHQWV WKpRULTXHV pQRQFpV
précédemment à savoir O¶LQFRPSDWLELOLWp GH OD QRWLRQ GH FODVVH DYHF FHWWH QpFHssité de
regrouper des étudiants ayant des capacités et des objectifs différents ; la difficile gestion du
temps avant, pendant et après la situation didactique HW O¶DSSURFKH SUREOpPDWLTXH GH OD
SURJUHVVLRQGHFRXUVHWGHFHOOHGHO¶DSSUHQWLVVDJH&HTXi a conduit de nombreux enseignants
à parler de « frustration », « G¶ adaptation constante », « G¶pFDUWqOHPHQW » et « G¶LPSURYLVDWLRQ ».
Pourtant et malgré les difficultés reconnues par tous, certains enseignants que nous avons
interrogés ont manifesté un réel intérêt pour ce type de classe. Ils ont trouvé O¶H[SpULHQFHWUqV
LQYHQWLYHDSSUpFLDQWOHXUU{OHGHFKHIG¶RUFKHVWUHHQWUHSOXVLHXUVJURXSHV,OVRQWWURXYpTXH
cette expérience était enrichissante car elle incitait les étudiants eux-PrPHVjV¶DXWR-évaluer et
jV¶LQYHVWLUGDQVOHXUDSSUHQWLVVDJH0rPHVLFHUWDLQVpWXGLDQWVpWDLHQWXQSHX© largués », cela
OHXUSHUPHWWDLWGHSUHQGUHGXUHFXOHWGHGpYHORSSHUGHVVWUDWpJLHVWRXWHQEpQpILFLDQWGHO¶DLGH
des autres étudiants plus avancés.
WĂƌƚŝĞ/͘ŚĂƉŝƚƌĞϭ͘>ĂĐůĂƐƐĞŚĠƚĠƌŽŐğŶĞĞŶ&>͕ƵŶĨƌĞŝŶăů͛ĂƉƉƌĞŶƚŝƐƐĂŐĞ ?
Pour compléter le point de vue des enseignants interrogés, nous avons interrogé quelques
Dans le document
L'agir enseignant en classe de FLE multilingue et multi-niveaux
(Page 45-48)