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6 Chapitre 1 :

LA LANGUE VIETNAMIENNE ET L’ENSEIGNEMENT DU VIETNAMIEN A L’ECOLE PRIMAIRE

1. Le vietnamien

La langue vietnamienne est tonale et isolante. Ce sont deux caractéristiques qui différencient le vietnamien d’autres langues, en particulier des langues occidentales.

Premièrement, le vietnamien est une langue tonale dans laquelle chaque syllabe est prononcée avec un ton lexical, comme le chinois ou le thaïlandais. Dans les langues tonales, les syllabes peuvent avoir les mêmes consonnes et les mêmes voyelles mais elles diffèrent par les tons. Autrement dit, le ton permet de percevoir la différence de signification entre les syllabes ayant une structure segmentale identique. Le vietnamien possède 6 tons qui peuvent former 6 significations différentes. Par exemple, bi11 (bille), bi2 (peau de porc), bi3 (infortuné, un mot rare), Bi4 (la Belgique), bi5 (courge, ou acculé) et bi6 (sac, ou utilisé dans une phrase passive, sens négatif). L’unité tonale est un trait phonologique, mais celui-ci n’est pas segmentable. Les phonèmes vocaliques aident à percevoir ces unités suprasegmentales.

Il ne faut pas confondre les tons d'une langue tonale avec l'intonation prosodique qui exprime l'humeur, l'état d'esprit du locuteur ou le type d'assertion (affirmation, interrogation, exclamation). La tonalité nous permet de discriminer des paires minimales qui ne se diffèrent que par un ton alors que l’intonation ne peut pas le faire. En principe, les tons d'une langue tonale n'excluent pas l'intonation prosodique qui s'applique davantage à chaque type de phrase.

Deuxièmement, le vietnamien est une langue isolante. Contrairement aux langues flexionnelles occidentales, on ne remarque aucun changement morphologique des mots dans la langue vietnamienne. Les mots sont invariables, il n'y a ni pluriel, ni genre, ni nombre, ni conjugaison. La fonction grammaticale d’un mot dépend essentiellement de

1 Le nombre après chaque syllabe représente le ton. Par exemple, dans la syllabe [bi1], 1 est le ton neutre.

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7 sa place dans la phrase. Si cet ordre change, sa fonction grammaticale changera aussi. Par exemple:

En vietnamien En français

1. Tôi đọc sách (Je lire livre). 1. Je lis un livre.

2. Chúng tôi đọc sách (Beaucoup je lire livre). 2. Nous lisons un livre.

3. Con mèo nhìn chúng tôi (Le chat regarder beaucoup je). 3. Le chat nous regarde.

4. Chúng tôi nhìn con mèo (Beaucoup je regarder le chat) 4. Nous regardons le chat.

En général, les mots ne sont composés que d’une syllabe dont les frontières sont très saillantes, il n’y a pas de liaison ni élision, il n’y a donc pas non plus changement du nombre de de syllabes selon le contexte. L’absence des marques morphosyntaxiques permet de calculer le nombre de syllabes qui existent en vietnamien. D’après Nguyễn Quang Hồng (1994), en théorie2, le vietnamien pourrait comporter environ 19520 syllabes. Aujourd’hui, il y a environ 5890 syllabes qui sont utilisées réellement. Cela confirme que le vietnamien est une langue monosyllabique riche. C’est la raison pour laquelle on doit avoir un riche lexique pour la communication orale et écrite.

Pour conclure, en vietnamien, une syllabe porte toujours un ton et elle est associée à un certain sens. Chaque syllabe ne peut plus être divisée en unités plus petite ayant une signification. Une syllabe est également un mot par sa caractéristique isolante.

Tous les mots donc sont invariables quelle que soit leur fonction syntaxique.

1.1. Structure de la syllabe

Bien que la syllabe soit une unité de base dans le langage oral, elle comprend des éléments constitutifs. La structure hiérarchique de la syllabe est décrite comme suit. Au premier niveau, la syllabe se décompose en trois composants : l’attaque, la rime et le ton. En vietnamien, l’attaque et le ton sont des unités uniques qu’on ne peut plus décomposer. Par contre, la rime peut se subdiviser à un deuxième niveau en une pré-

2 Le calcul de ce nombre est effectué en envisageant toutes les combinaisons possibles entre les 22 attaques, les 124 rimes et les 6 tons et avec ou sans pré-tonale. Ce chiffre peut être considéré comme le nombre maximum de syllabes qui existent en vietnamien.

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8 tonale, un noyau vocalique et un son final. De manière plus détaillée, la syllabe en vietnamien se compose des éléments suivants:

- Une attaque qui est une consonne initiale (Ci);

- Une rime qui peut se composer :

o d’une pré-tonale (w) qui est assurée par la semi-voyelle //;

o d’un noyau vocalique (V) qui est assuré soit par une voyelle, soit par une diphtongue. C’est l’élément central de la rime et cet élément est indispensable pour la formation de la syllabe;

o d’un son final, ou coda (Cf), qui peut être une consonne ou une semi-voyelle.

- Et enfin, un ton, constitue avec le noyau vocalique, un élément indispensable dans la formation de la syllabe (voir le Tableau 1).

TON ATTAQUE

(Ci)

RIME Prétonale

(w)

Noyau vocalique (V)

Coda (Cf) Tableau 1. La structure de la syllabe (Đoàn Thiện Thuật, 1977)

Dans cette structure, il y a deux remarques à formuler:

- L’attaque, la rime et le ton sont trois éléments distinctifs. Le ton n’est pas uniquement lié à l’attaque ou à la rime, mais il se manifeste sur l’ensemble de la syllabe. L’indépendance du ton s’observe dans les contrepèteries en vietnamien:

hiên6 đai6 (moderne) hai6 điên6 (épuiser l’électricité), đâu5 tranh1 (lutter)  tranh5 đâu1 (fuir où), thôi1 đanh2 (enfin) thanh2 đôi1 (faire la paire), ky4 sư1 (ingénieur)  cư1 si4 (missionnaire).

- L’attaque, la pré-tonale et le son final sont des options qui peuvent exister ou non, tandis que le noyau vocalique et le ton sont indispensables dans la syllabe. Cela est illustré par les 8 types de structures syllabiques reprises dans le Tableau 2.

Structure Exemple Structure Exemple

VT a5, ê1, y1, ơ5, ô2… CiVT ba1, kê4, thi1, ha6, thu1

wVT oa1, uê5, uy1… CiwVT toa2, huê6, quy5, khuya1

VTCf ap5, ich5, ông1, anh1… CiVTCf tan5, tên1, thêm1, tươi1 wVTCf oan1, uyên1, oanh1… CiwVTCf toan5, quang1, truyên2 Tableau 2. Les 8 types de structures syllabiques en vietnamien (Vương Hữu Lễ & Hoàng Dũng, 1993)

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9 1.2. Système syllabo-phonologique du vietnamien

En vietnamien, l’unité phonologique de base est la syllabe (comme en Chinois) ; c’est la raison pour laquelle le système phonologique du vietnamien constitue un

« système syllabo-phonologique » (Nguyễn Quang Hồng, 1994). Le système phonologique comprend donc les éléments suivants : le son initial, la pré-tonale, le noyau vocalique, le son final, et enfin, le ton (Đoàn Thiện Thuật, 1977 ; Vương Hữu Lễ & Hoàng Dũng, 1993).

Le son initial

En vietnamien, comme le son initial (ou l’attaque) est constitué par une seule consonne, le son initial est également la consonne initiale. Le vietnamien a 21 consonnes initiales pour lesquelles le Tableau 3 nous donne les caractéristiques phonétiques.

Lieu d’articulation

Mode d’articulation

Bilabiale Labio-dentale

Apicale

Palatale Dorsale Glottale

Dentale Rétroflexe

Occlusive

Aspirée 

Non- aspirée

Sourdes t ʈ c k

Sonores b d

Nasales m n  

Fricative

Sourde f s ş χ h

Sonore v z ʐ ɣ

Latéral l

Tableau 3. Les 21 consonnes initiales du vietnamien (Vương Hữu Lễ & Hoàng Dũng, 1993)

Les consonnes initiales mentionnées ci-dessus sont celles de la langue vietnamienne standard. Dans certaines régions du Việt Nam, il y a quelques consonnes initiales qui sont prononcées différemment des autres. En particulier:

Le dialecte du Nord n’a pas de consonnes rétroflexes. La consonne /-/ se prononce comme /c-/, /-/ comme /z-/ et /-/ comme /s-/. De plus, la paire de consonnes /l-, n-/ présente certaines particularités: /l-/ se prononce comme /n-/, par

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10 exemple, lang2 (village) = nang2 (mademoiselle, elle, lui, un mot rare) et inversement, /n- / se prononce comme /l-/, par exemple, lo1 (inquiète) = no1 (rassasié).

Le dialecte du Sud n’a pas de /v-/ qui est remplacé par /j-/. En outre, /z-/ est prononcé par /j-/ et /-/ est prononcé /ɣ/.

La prétonale

Le vietnamien a seulement une prétonale qui est assurée par la semi-voyelle /-- /. Selon Đoàn Thiện Thuật (1977), la prétonale ne suit pas les consonnes initiales /b, m, f, v, n, ʐ/ sauf lorsqu’il s’agit de mots empruntés à la langue française comme par exemple les mots suivants : buyt5 (bus), phuy1 (fût), voan1 (voile)…

L’absence de la prétonale se trouve souvent dans le dialecte du Sud. Par exemple, chuyên (se spécialiser) = chiên1 (frire); thuê1 (loyer) = thê1 (femme, un mot rare).

Le noyau vocalique

Le noyau vocalique de la syllabe est constitué soit par une voyelle, soit par une diphtongue. Le vietnamien possède un nombre de voyelles important : 11 voyelles et 3 diphtongues. Leurs caractéristiques phonétiques sont décrites dans le Tableau 4.

Voyelle Diphtongue

Position de la langue Ouverture

de la bouche

Antérieure Médiane Postérieure Antérieure Médiane Postérieure

Fermée i  u

i  u

Mi-ouverte e ,  o

Ouverte  a, ă 

Tableau 4. 14 noyaux vocaliques du vietnamien (Vương Hữu Lễ & Hoàng Dũng, 1993)

Dans le dialecte du Nord, on distingue clairement 11 voyelles et 3 diphtongues.

Cependant, dans le dialecte du Sud, la discrimination de ces voyelles est assez complexe : - Il n’y a pas de discrimination entre /o/ et // quand ces voyelles précèdent les finales

/-p, -, -k/, le phonème /o/ se prononce alors comme //, par exemple, hop6 (réunion) = hôp6 (boîte); ông1 (grand-père) = ong1 (abeille); môc5 (borne) = moc5 (accrocher).

- Les diphtongues assemblées à des consonnes finales deviennent des voyelles dans

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11 certains cas : Les phonèmes /i, / combinés avec /-p, -m, -w, -j/ deviennent respectivement /i, /, par exemple, kiêp1 (sort)  kip5 (détonateur), hươu1 (cerf)

hưu1 (retraite), tiêm2 (cuire)  tim2 (chercher), tươi1 (frais) tưi1 (pseudo-mot).

Le son final

La langue vietnamienne a 8 sons finaux dont 6 sont des consonnes finales /-p, -m, -t, -n, -k, -/ et 2 sont des semi-voyelles /-, - / (voit le Tableau 5).

Lieu d’articulation

Mode d’articulation

Bilabiales Apicales

Dentales Vélaires

-p -t -k

Sonores Nasales -m -n -ɳ

Non-nasales - -

Tableau 5. Les 8 sons finaux du vietnamien (Vương Hữu Lễ & Hoàng Dũng, 1993).

Dans le dialecte du Nord, ces 8 sons finaux sont utilisés mais dans le dialecte du Sud, il n’y a pas de /-n, -t/, en effet, /-n/ se prononce comme /-/ et /-t/ se prononce comme /-k/. Ainsi, xin1 (demander) et xinh1 (joli) ; cat5 (sable) et cac5 (pluriel), ou encore mit5 (un fruit s’appelle jaque) et mich5 (fâché) deviennent des paires homophones.

Le ton

Le ton est conçu comme le changement du registre ou de la mélodie dans une syllabe. Grâce à cela, les Vietnamiens peuvent distinguer des mots différents. Si les consonnes et les voyelles sont considérées comme des phonèmes à un niveau

«segmental», les tons sont des propriétés suprasegmentales ayant pour fonction de distinguer des significations.

Il y a 3 critères considérés comme traits distinctifs pour les tons du vietnamien. Ce sont le contour, le registre et la qualité de voix. En ce qui concerne le contour, nous avons le contour simple (ton plat ou descendant ou montant) et le contour complexe

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12 (ton descendant-montant). Pour le registre, nous avons les tons hauts ou bas. Pour la qualité de voix, nous avons les tons modaux ou glottalisés (voir le Tableau 6).

En ce qui concerne la répartition des tons dans le vietnamien, on constate que toutes les syllabes admettent les six tons sauf celles qui se terminent par les finales sourdes /-p, -t, -k/. Ces syllabes ne peuvent porter que le ton 5 ou le ton 6 (par exemple, on a ta1, ta2, ta3, ta4, ta5, ta6 mais on n’a que tat5, tat6 ou tach5, tach6 ou tap5, tap6).

Ton

Critère 1 2 3 4 5 6

Contour Plat Descendant Descendant- montant

Descendant -montant

Montant Descendant

Registre Haut Bas Haut Bas Haut Bas

Qualité de voix

Modale Modale Glottalisé Glottalisé Modale Glottalisé

Tableau 6. Classification des tons vietnamiens (adapté de Đoàn Thiện Thuật, 1977; Vương Hữu Lễ & Hoàng Dũng, 1993 ; Brunelle, 2009)

Le dialecte du Nord utilise les 6 tons mais le dialecte du Sud n’utilise que 5 tons car le ton 3 n’existe jamais dans le langage parlé, il est perçu comme le ton 4. Selon une étude de Brunelle (2009), le dialecte du Nord possède les indices suivants : au niveau du contour et du registre, il y a les contours complexes, montant ou descendant et la finale basse ou haute ; au niveau de la qualité de voix, il y a le coup de glotte ou une voix modale. Le dialecte du Sud, quant à lui, est plus sensible au registre que le dialecte du Nord; la qualité de voix n’est pas un indice important pour identifier les tons. La Figure 1 présente le contour fréquentiel des tons vietnamiens dans les dialectes du Nord (Hà nội) et du Sud (Hồ Chí Minh) de Hoàng Cao Cương (1986, 1989) modifiés par Kirby (2010).

En résumé, la structure syllabique de la langue vietnamienne, avec ses trois composants au premier niveau (attaque, rime et ton), est assez complexe par rapport aux autres langues sans tons. La syllabe est l’unité phonologique de base, le système phonologique comprend cinq éléments constitutifs de la syllabe. Celui-ci a un grand nombre de phonèmes : 21 sons initiaux, 14 voyelles, 6 tons, 1 prétonale et 8 sons finaux.

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13 Figure 1.Contour F0 des tons vietnamiens dans les dialectes du Nord et du Sud Việt Nam

1.3. Système orthographique vietnamien 1.3.1. Alphabet

Le vietnamien est une langue dont la transcription phonétique est alphabétique.

Cette transcription est née au 17ème siècle grâce à l’invention des missionnaires occidentaux (en particulier, grâce au Père Alexandre de Rhodes, un Français d’origine portugaise) et à la collaboration de plusieurs vietnamiens inconnus. Après maintes modifications, cette écriture appelée « chữ quốc ngữ » (l’écriture nationale) ou « tiếng Việt » (le vietnamien) est devenue l’écriture officielle des Vietnamiens.

L’alphabet vietnamien comprend 22 lettres latines. Dans cet alphabet, les lettres

« f » (remplacée par le graphème « ph » équivalant au son [f]), « z » (remplacé par le graphème « gi » ou « d » équivalant au son [z]), « j » et « w » sont absentes. De plus, les lettres peuvent porter des signes diacritiques différents (ă, â, , ô, ơ, ư et đ) et 5 marques de tons ( , , , et ).

1.3.2. Correspondances phonèmes-graphèmes

Si le phonème est la plus petite unité discrète ou distinctive que l'on puisse isoler par segmentation dans la chaîne parlée, le graphème est l’unité de l'écrit correspondant à l'unité orale qui est le phonème. Dans le système alphabétique, le graphème correspond à une ou plusieurs lettres. Le graphème peut donc être distingué en deux

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14 sous-types : le graphème simple composé d’une seule lettre (par exemple, « n ») et le graphème complexe composé de plus d’une lettre (par exemple, « ng », « ngh »). Au niveau des correspondances phonèmes-graphèmes, il existe deux types de correspondances qui sont soumises à des règles de correspondances systématiques. Il s’agit d’une part, des règles de correspondances phonèmes-graphèmes indépendantes du contexte et d’autre part, des règles de correspondances dépendantes du contexte.

Quand un phonème est toujours traduit par le même graphème, quel que soit le contexte, on parlera de graphies consistantes acontextuelles. D’autres règles de correspondances phonèmes-graphèmes sont systématiques selon le contexte dans lequel elles s’écrivent, il s’agit de graphies consistantes contextuelles. Il y a également d’autres correspondances phonèmes-graphèmes qui elles ne sont pas systématiques, il s’agit des graphies inconsistantes contextuelles. Malgré une règle dominante pour les graphies inconsistantes contextuelles, il existe aussi une règle minoritaire.

La graphie pour le phonème initial

Le Tableau 7 présente les correspondances phonèmes-graphèmes au niveau du phonème initial dans lesquelles il y a 17 cas consistants acontextuels, 3 cas consistants contextuels et 1 cas inconsistant contextuel.

Les trois cas de correspondances consistantes contextuelles sont :

- Le phonème /k-/ s’écrit «k» quand il est suivi par les voyelles /i, , e, i/, par exemple, ky5 (signer), kem1 (glace), kia2 (là). Il s’écrit «c» quand il se combine avec les autres voyelles /a, o, u…/ [ex. ca5 (poisson), co4 (herbe), cua1 (crabe)].

Cependant, «q» se prononce aussi /k/, mais «q» ne reste jamais seul comme «k»

ou «c». Les vietnamiens la combinent avec /--/ et cette combinaison donne le son /k-/, par exemple, qua4 (fruit), quen1 (s’habituer).

- Le phonème /-/ précédant /i, e, / s’écrit «gh», par exemple, ghê5 (chair), ghi1 (noter); mais il s’écrit «g» dans les autres cas /a, o, u…/, par exemple, ga2 (poulet), go3 (frapper).

- Le phonème /-/ précédant /i, ie, e, / s’écrit «ngh», par exemple, nghi3 (penser), nghe1 (entendre)]; mais il s’écrit «ng» dans les autres cas /a, o, u…/, par exemple, ngay2 (jour), ngu4 (dormir).

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15 Le seul cas de correspondance inconsistante contextuelle correspond à la transcription du phonème /z-/ : /z-/  «d» (transcription dominante), /z-/  «gi» et /z- / → «g» devant «i»3 (transcription minoritaire). Pour les écrire correctement, on doit se baser sur le contexte ou utiliser sa mémoire, par exemple, gia6 (une mesure équivalente à 40 litres) et da6 (oui), do2 (sonder) et gio2 (jambon).

Phonème Grapheme Phonème Grapheme Phonème Grapheme

// b // t // h

// k, q, c // tr // l

// g, gh /h/ th // n

// kh /s/ x // nh

// m // ch // r

// ng, ngh // d, gi, g // s

// ph // đ // v

Tableau 7. Correspondances phonèmes-graphèmes au niveau du phonème initial.

La graphie pour la prétonale

La prétonale /--/ se manifeste par «o» ou «u» dans l’orthographe. Ce sont des correspondances consistantes contextuelles : /--/ s’écrit «o» quand il précède les voyelles /a, ă, ε/: hoa1 (fleur), hoăc6 (ou), nhoe2 (bavocher) ; il s’écrit «u» quand il est combiné avec d’autres voyelles ou quand il suit «q»: qua1 (traverser), que1 (bâtonnet).

La graphie pour le noyau vocalique

Le Tableau 8 présente les correspondances phonèmes-graphèmes au niveau des voyelles pour lesquelles il y a 8 cas consistants acontextuels et 6 cas consistants contextuels.

Phonème Caractère Phonème Caractère

/--/ y, i /--/ ê

/--/ ia, ya, iê, yê /--/ a, e

/--/ ư /--/ u

/--/ ơ /--/ â

/--/ ưa, ươ /--/ ô

/--/ ua, uô /--/ o

/--/ a /--/ ă, a

Tableau 8. Correspondances phonèmes-graphèmes au niveau des voyelles

3 Les mots gi2 (quoi), ou gi4 (rouille) ne s’écrivent pas gii2 ou gii4.

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16 Les six correspondances consistantes contextuelles sont :

- Le phonème /i/ s’écrit «y» quand il se place après une semi-voyelle //, par exemple, tuy1 (malgré), luy4 (rempart)] ou quand il est tout seul, par exemple, y5 (idée), y1 (il, lui).

- Le phonème // s’écrit «a» quand la syllabe contient la consonne finale /k/ ou // [ex. sach5 (livre), nhanh1 (rapide)] et s’écrit «e» dans les autres cas.

- Le phonème /ă/ s’écrit «a» dans les syllabes qui ont les rimes «au» ou «ay», par exemple, mau1 (vide), cay1 (piquant) et s’écrit «ă» dans les autres cas.

- Les phonèmes /i, , u/ s’écrivent respectivement «ia, ưa, ua» quand la syllabe n’a pas de consonne finale, par exemple, chia1 (diviser), chưa1 (pas encore), chua1 (acide) et ils s’écrivent respectivement «i , ươ, uô» quand la syllabe a une consonne finale, par exemple, chiên1 (frire), chương1 (chapitre), chuông1 (cloche).

- Le phonème /i/ s’écrit «ya» quand la syllabe a une prétonale et pas de consonne finale [ex. khuya1 (tard dans la nuit) ; il s’écrit «y » si la syllabe a un son final.

Cette syllabe a peut-être une attaque avec prétonale, par exemple, khuyên1 (conseiller), ou encore elle n’a ni attaque ni prétonale, par exemple, yêu1 (aimer), yên5 (salangane).

La graphie pour le son final

Il y a 4 cas consistants acontextuels : /-p, -m, -t, -n/. Ils s’écrivent respectivement

«-p, -m, -t, -n ». Il y a aussi 4 cas consistants contextuels /-k, -ɳ, -ṷ, /:

- /-k/ et /-ɳ/ s’écrivent «-ch» et «-nh» quand ils suivent /i, e/ [ex. lich6 (calendrier), bênh6 (maladie); ils s’écrivent «-c» et «-ng» dans les autres cas, par exemple, moc6 (planter), thương1 (aimer).

- /-ṷ/ s’écrit «-o» quand il se combine avec /a/ ou /ε/, par exemple, phao5 (pétard), keo5 (tirer); il s’écrit «-u» dans les autres cas (ex. kêu1 (crier), rươu6 (alcool).

- /- / s’écrit «-y» quand il est associé avec les deux voyelles courtes /--/ et /-ă-/

[ex. mây5 (combien), nay1 (actuellement) ; il s’écrit «-i» dans les autres cas, par exemple, nui5 (montagne), goi6 (appeler).

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17 La graphie pour le ton

Dans l’écriture, les 6 tons sont notés en utilisant 5 signes diacritiques au-dessus ou au-dessous des voyelles. Ce sont des correspondances consistantes acontextuelles (le Tableau 9).

Numéro Nom Diacritique Exemple Numéro Nom Diacritique Exemple

Ton 1 ngang nul bi Ton 4 hỏi « ’ » bỉ

Ton 2 huyền « » bì Ton 5 sắc « » bí

Ton 3 ngã « » bĩ Ton 6 nặng « » bị

Tableau 9. Graphies des six tons vietnamiens

En résumé, l’orthographe vietnamienne présente 68 graphèmes pour 50 phonèmes. Les voyelles possèdent les correspondances phonèmes-graphèmes les plus complexes car il y a 22 graphèmes pour 14 phonèmes, alors que pour le son initial, il y a 27 graphèmes pour 21 phonèmes ; pour la prétonale, 2 graphèmes pour 1 phonème ; et pour le son final, 12 graphèmes pour 8 phonèmes. Il y a en outre 5 signes diacritiques pour les 6 tons. Selon une revue de littérature (Sprenger-Charolles & Colé, 2003), l’anglais qui possède plus de 1000 graphèmes pour transcrire 40 phonèmes (Coulmas, 1996), l’allemand 85 graphèmes pour 40 phonèmes (Valtin, 1989), l’espagnol 45 graphèmes pour 29-32 phonèmes. Ou encore en français, il y a 130 graphèmes pour 37 phonèmes4. En comparaison avec ces langues, on peut considérer le vietnamien comme un système orthographique transparent. Les correspondances entre graphèmes et phonèmes sont très consistantes, il y a de 49 cas de graphies consistantes pour 50 phonèmes. Le système phonologique est cependant assez complexe. De plus, l’existence des 6 tons augmente le nombre d’éléments dans la structure syllabique en vietnamien par rapport aux langues sans tons.

2. L’enseignement du vietnamien à l’école primaire au Việt Nam

L’école primaire au Việt Nam comprend 5 niveaux de classes : de la 1ère à la 5ème primaire. Tous les enfants de 6 ans, qu’ils aient suivi ou non l’école maternelle, ont le droit d’aller à l’école primaire où ils commenceront à apprendre officiellement la lecture,

4 D'après http://phonetique.free.fr.

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18 l’écriture et le calcul. Au Việt Nam, il n’y a pas de cours préparatoire officiel pour les enfants avant de rentrer en 1ère année primaire.

Le temps consacré à l’apprentissage de la lecture et de l’écriture occupe plus d’un tiers de la durée des études primaires, par rapport à celui du calcul et des autres activités (Nguyễn Trí, 2009). Dans cette section, nous décrirons d’abord les composantes impliquées dans l’enseignement de la lecture et de l’écriture, puis la manière dont elles sont traitées et enfin, l’évaluation de la performance des enfants. Nous nous concentrerons principalement sur les programmes d’enseignement en 1ère et 2ème année primaire.

2.1. Composantes de l’enseignement de la langue écrite

L’enseignement du vietnamien à l’école primaire a deux objectifs. Le premier objectif est l’acquisition et le développement des compétences linguistiques pour que les enfants puissent étudier et communiquer dans leur milieu. Le deuxième objectif est de fournir aux enfants des connaissances linguistiques de base de la langue vietnamienne et de les aider à élargir leurs connaissances générales dans d’autres domaines : sciences naturelles, sciences sociales et science humaines.

Les 1ère et 2ème années sont consacrées à l’acquisition des compétences linguistiques. Les quatre composantes impliquées dans l'enseignement de la lecture, indissociable de l'écriture, sont : la compréhension écrite, la production écrite, la compréhension orale et la production orale. Le Tableau 10 présente les contenus théoriques du programme d’enseignement du Vietnamien en 1ère et 2ème année primaire.

1ère année

(10 séances/semaine x 35 semaines)

2ème année (9 séances/semaine x 35

semaines) Connaissances

Phonétique et écriture

Grapho-phonétique, lettres et tons Règles d’orthographe: c/k, g/gh, ng/ngh

Table de l’alphabet.

Règles d’orthographe: lettre majuscule pour le nom propre et pour le mot commençant la phrase.

Vocabulaire L’école, la famille et le pays L’école, la famille, le pays, le monde naturel et social.

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19 Grammaire Signes de ponctuation : point et

point d’interrogation

- Nature des mots

- Phrase affirmative et phrase interrogative.

- Signes de ponctuation : point, point d’interrogation, point d’exclamation et virgule.

Compétences Compréhension écrite

Identification des mots, compréhension de phrases

Indentification des mots, compréhension de phrases, compréhension de textes Production

écrite

Lettre, mot, phrase et texte court en regardant ou en écoutant

Dictée d’un texte Compréhension

orale

À travers la production écrite et la production orale Production

orale

Salutations, présentation, réponse aux questions, et narration simple

Salutations, présentation, réponse aux questions, narration simple, communication

Tableau 10. Programme d’enseignement de la discipline Vietnamien en 1ère et 2ème année primaire (une séance = 40 - 45 minutes).

En réalité, pour que les enfants puissent apprendre facilement à lire, la plupart des instituteurs consacrent l’essentiel de leur temps d’enseignement davantage à l’apprentissage des correspondances phonèmes-graphèmes qu’à celui des noms des lettres. Il semble que la dénomination des lettres ne soit pas considérée comme importante au début du primaire. Selon l’étude de Trần Quốc Duy et collaborateurs (2007), les erreurs de lecture restent plus importantes pour les lettres (25%) que pour les graphèmes (10%) en 3ème année primaire.

2.2. Méthode d’enseignement

En se basant sur les manuels scolaires utilisés en 1ère année primaire5, l’enseignement de la lecture est consacré essentiellement aux correspondances grapho- phonologiques et à la manière de combiner ces codes dans un mot. Cet exercice s’appelle

« học vần » (épellation) et consiste à enseigner ces correspondances de façon systématique. On se met d’accord sur l’application de la structure syllabique du vietnamien (p.7) dans le fait d’apprendre à épeler. On apprend aux enfants à lire un mot

5 Ministère de l’Education et de la Formation, Đặng Thị Lanh et al. (2008), Le vietnamien 1, HàNội : NXB Giáo dục.

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20 en combinant les éléments de la rime (pré-tonale, noyau vocalique, son final), puis la consonne initiale et enfin le ton. Cet ordre de combinaison est repris dans le Tableau 11.

Structure syllabique Ordre de combinaison Exemple

VT V + T a « » ả (elle)

wVT w + V + T u a « » ủa (ah bon)

VTCf V + Cf + T ô ng « » ống (un tube) wVTCf w + V + Cf +T u ô ng « » uống (boire)

CiVT Ci + V + T b a ba « » bà (mami)

CiwVT w + V ; Ci + wV + T o + a = oa ; h + oa = hoa (une fleur) CiVTCf V + Cf ; Ci + VCf + T a ng ang; ch ang « » chàng (il)

CiwVTCf w + V + Cf; Ci + wVCf + T o a n oan ; t oan « » to n (les mathématiques)

Tableau 11. La façon de lire d’un mot.

L’enseignement de l’écriture est réalisé parallèlement à celui de la lecture, à partir d’une lettre, d’un mot et puis d’une phrase. Voici le processus d’une leçon :

- Présenter la correspondance grapho-phonologique d’une lettre, puis un mot qui contient cette nouvelle lettre et une lettre connue

- Identifier le sens du mot par une image - Présenter l’écriture du mot

- Faire lire d’autres mots contenant la nouvelle lettre présentée - Faire écrire les lettres, les mots de la leçon

- Faire lire la phrase construite de mots appris et en extraire le sens avec l’aide d’images illustrées

- Faire faire des exercices oraux en se basant sur une image.

Ainsi, les codes grapho-phonologiques des consonnes, des voyelles et des tons sont présentés petit à petit au cours de la première année. Dès les premières leçons, après avoir appris à reconnaître certains mots très fréquents, les enfants sont capables de décoder d’autres mots et de lire des phrases courtes.

A partir de la 2ème année primaire, l’épellation n’est plus pratiquée ; on apprend aux enfants les compétences linguistiques à travers les méthodes suivantes:

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21 - Pour l’entraînement de la compréhension écrite, on se base sur des exercices de lecture à haute voix, de lecture silencieuse, de lecture expressive et de compréhension de textes.

- Pour l’entraînement de la production écrite, on se base sur des exercices de dictées préparées et non préparées, de complétion de mots manquants, et de rédaction d’un texte court.

- Pour l’entraînement de la compréhension orale, les enfants acquièrent essentiellement cette compétence à travers les leçons de production écrite.

Contrairement à la production écrite, on ne consacre pas beaucoup de temps à la compréhension orale.

- Pour l’entraînement de la production orale, on utilise essentiellement la forme de communication. Les enfants pratiquent les actes de parole à travers des situations de leur vie quotidienne. De plus, l’apprentissage d’un texte par cœur ainsi que la narration, l’exposé ou le débat sont des exigences qui permettent d’améliorer cette compétence.

2.3. Evaluation de la performance des enfants

Des examens et des évaluations sont réalisés régulièrement et périodiquement sur base des critères de classification des écoliers primaires suivant la décision No 30 du Ministre de l’Education et de la Formation le 30/9/2005.

L’examen régulier a pour but d’assurer le suivi et l’encouragement des élèves dans leurs études ainsi que de modifier la méthode d’apprentissage. Il comprend un examen oral et écrit et l’observation des comportements des élèves.

L’examen périodique a pour but d’évaluer les résultats des élèves. Ces examens sont organisés 4 fois par an : au milieu et à la fin des 1er et 2ème semestres. Chaque examen comprend 2 épreuves : d’une part l’épreuve de compréhension d’écrits et d’autre part, l’épreuve de production écrite. La durée de chaque épreuve est de 45 minutes.

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22 Selon le programme d’enseignement du vietnamien, en 1ère et 2ème année, les élèves doivent être capables de lire aisément un texte court et de le comprendre de façon précise. Ils doivent également être capables de réaliser une dictée avec une bonne orthographe. Enfin, ils doivent posséder les connaissances lexicales et syntaxiques de base.

L’épreuve de compréhension écrite comprend 2 parties : une lecture à haute voix et une lecture silencieuse d’un texte qui sont suivies de questions de compréhension.

L’épreuve de production écrite comprend également 2 parties : une dictée et une rédaction (excepté pour la 1ère année). La vitesse de lecture et d’écriture que les élèves doivent acquérir est présentée dans le Tableau 12.

1ère année 2ème année Vitesse de lecture (mots/minute)

Milieu 1er semestre 15 35

Fin 1er semestre 20 40

Milieu 2ème semestre 25 45

Fin 2ème semestre 30 50

Vitesse d’écriture (mots/15minutes)

Milieu 1er semestre 15 35

Fin 1er semestre 20 40

Milieu 2ème semestre 25 45

Fin 2ème semestre 30 50

Tableau 12. Normes d’évaluation de la vitesse de lecture et d’écriture (Le programme de l’enseignement général au niveau de primaire, édicté par la Ministère de l’Education et de la Formation, 2006).

3. Conclusions

Le vietnamien est une langue tonale, dotée d’un alphabet latin. Il a une structure syllabique composée de trois éléments (attaque, rime et ton) et une structure phonologique assez complexe avec un grand nombre de phonèmes (50), mais possède une orthographe transparente avec 68 graphèmes pour transcrire ces 50 phonèmes dans lesquels il y a 49 cas de graphies consistantes. Au niveau de la langue parlée, le vietnamien est similaire au chinois par la caractéristique isolante de la syllabe. La syllabe est également un mot qui a un certain sens et ne peut plus être divisé en unités plus petite ayant une signification. Le vietnamien est simple du point de vue

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23 morphosyntaxique mais possède un grand nombre de syllabes (plus de 5000). Ceci exige un lexique riche dans la communication.

Dans l’enseignement du vietnamien à l’école au début du primaire, la méthode phonique est utilisée pour apprendre aux enfants à lire et à écrire. Elle part des correspondances graphèmes-phonèmes qui sont systématiquement enseignées, pour aller vers la syllabe, ou aussi le mot, puis vers la phrase. En ce qui concerne les compétences de langage, on attache plus d’importance à la compréhension écrite et à la production écrite qu’à la compréhension orale et à la production orale. De plus, les correspondances graphèmes-phonèmes sont enseignées systématiquement mais l’alphabet ne l’est pas.

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