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je vois dans leurs yeux que ça pétille

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Academic year: 2022

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je vois dans leurs yeux que ça pétille

Entretien avec Véronique Burel Les Saules – Orly

Je suis née en 1967 et depuis j’habite Orly.

je crois que c’est la vie qui a fait que je suis restée à Orly, c’est une ville que j’aime, que j’ai vu changer au fil des années. J’y ai tous mes souve- nirs, ma famille, mes amis, ça fait partie de moi, c’est en moi.

… Déjà, c’est une ville qui bouge, ses habitants, ses associations. Il y a énormément de choses qui font qu’Orly vit, même très bien. Il y a des quartiers qui sont magnifiques. Le fait même qu’il y ait plein de béton, on a des endroits verts, des endroits où on peut se promener, où il y a un mélange qui fait que c’est toujours agréable de se promener dans Orly.

L’année dernière, on a fait un livre sur « Ma ville dans la Tour Mermoz » pour expliquer aux gens comment vit la Tour dont je m’occupe, par rapport aux préjugés, déjà sur Les Saules, on entend tout et n’importe quoi. Dans les Tours de 15 étages, on a l’impression que c’est un zoo.

Quand on parle avec certaines personnes, c’est un zoo. On a voulu montrer que c’était autre chose, le soir on fait des petits apéros, des samedis après-midi ici en bas de la Tour, et ça se passe très bien. C’est un projet qui a bien marché et j’espère, à l’avenir, pouvoir le refaire avec les autres bâtiments d’à-côté.

Je trouve que pour un quartier sensible, on a très peu de problèmes de voisinage. Il y en a, on ne va pas mentir, mais je trouve que ça vit bien.

Toutes les actions que je peux mener, compostage, jardinage, ateliers, c’est pour créer un peu plus, mélanger les âges ; on a beaucoup de personnes seules donc c’est bien que les voisins sachent qu’il y a des personnes seules. Et puis créer de la vie, un bâtiment, ce n’est pas juste bonjour, bonsoir, c’est un village. Dans tous les villages, il y a la place du village, là où les gens aiment se réunir. C’est ce que j’aime créer dans le quartier où je travaille.

Je trouve que le quartier des Saules est très bien, comparé à ce que je peux entendre parfois, que ce soit dans les médias ou des gens qui habitent un peu plus haut, qui habitent dans le vieil Orly. Image très négative parce qu’ils ne connaissent pas. Ce sont des gens qui, la plupart du temps, ne font pas la démarche de venir voir ce qui se passe. Avant,

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c’était dans le vieil Orly qu’il y avait les fêtes des écoles, ils ont du mal à descendre et c’est dommage parce qu’ils ont autant de choses à nous apporter qu’on peut leur apporter.

il y a toujours des gens qui perpétuent la légende, alors que quand on se promène dans ces quartiers, on voit des enfants qui jouent. Tout a changé, ce n’est plus du tout ce que j’ai connu adolescente. J’ai grandi à Orly, je sais de quoi je parle. J’ai connu Calmette avant que ce soit rasé, j’ai connu tout ça, je sais de quoi je parle. Dans les années 80, à certaines périodes…

Ça a été l’arrivée de l’héroïne et de la cocaïne, donc forcément, ça a été une jeunesse perdue pour la plupart. J’ai perdu beaucoup d’amis à cause de ça, donc je sais. Ca a évolué, on n’est pas resté dans les années 80, il y a des choses qui ont été faites.

ll y a deux villes, ça a toujours été et ce le sera toujours, malgré tous les efforts qui peuvent être faits. La mairie d’Orly fait beaucoup d’ani- mation, ils essaient de bouger. L’année dernière, la fête développement durable, c’était en haut, il n’y a pas eu trop de monde, donc cette année, ils l’ont fait à côté de la mairie pour que les deux quartiers, les deux villes puissent se rencontrer.

Les gens aiment leur ville, mais ils ont fait une ligne de démarcation, il n’y a rien à faire, ils ont fait une frontière.

Ça reste une ville ouvrière. Ca l’a toujours été. Je me rappelle quand j’étais petite, le marché était dans la grande rue qui descendait de l’église, c’était formidable, j’ai des souvenirs du marché formidables, où les gens se retrouvaient, les mamans parlaient entre elles, mais une fois que les courses étaient terminées, c’était chacun son quartier, alors que les mamans se retrouvaient à la sortie de l’école.

Au-delà de mon métier de gardienne d’immeuble je suis engagé dans des actions et des associations, par plaisir et par passion. Il y a 31 ans, quand mes enfants étaient à l’école, au début c’était par nécessité. Les enfants grandissent, on a des vêtements, qu’est-ce qu’on va en faire ? On ne va pas les jeter, on ne va pas les vendre–à l’époque, il n’y avait pas de vide-greniers -. J’avais passé une annonce auprès des mamans dans la classe pour faire une chaine de vêtements : ma fille a 3 ans, ses vête- ments sont trop petits, je cherche des vêtements en 4/5 ans, en échange je peux donner… Et je me suis aperçue que ça marchait très bien, ça avait plu à beaucoup de mamans. On se réunissait chez l’une, on prenait le café, on échangeait les vêtements. C’est là que je me suis dit : en fait, il suffit juste de parler avec quelqu’un et on peut faire des échanges.

C’est là que j’ai pris plaisir. En parlant avec les autres mamans, elles disaient : « Je n’ai pas de vêtements à t’échanger, mais je peux t’ap- prendre à faire ça ». Je ne sais pas tricoter, c’est bien si elle peut m’ap- prendre à faire les premières mailles. Je ne sais pas faire le cassoulet, je ne sais pas faire le couscous, ok, je te donne ça si tu peux m’apprendre ça en échange. Au fur et à mesure, je me suis aperçue que je prenais plaisir.

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Ça apporte beaucoup. De par mon métier, je vois les gens qui sont seuls, qui ont besoin de parler, d’être entourés. Je vois aussi les difficultés, même si je ne dois pas le dire. Chacun sa dignité, on ne va pas étaler la vie des gens. Donc je les invite à venir avec nous. Quand, le soir, on fait des petits apéros entre nous, je les vois descendre avec un paquet de gâteaux, une bouteille d’eau.

C’est du lien, c’est super important, et on apprend énormément. La plupart des personnes ont une richesse en eux qu’elles n’exploitent pas, par timidité ou parce qu’elles ne la connaissent pas, elles ne savent pas qu’elles ont cette richesse. Je parle avec des gens, ils me parlent d’un livre, de choses, je suis étonnée parce que j’apprends et souvent, je vois dans leurs yeux que ça pétille, ils ont besoin de partager leur savoir. C’est de la reconnaissance. C’est une richesse qui se perd.

Mettre deux personnes qui n’ont rien en commun ensemble, et s’aper- cevoir qu’en fait, il y a une chose qui les relie, quand ils se rencontrent après, ils discutent, ils ont plaisir à se voir, ils s’arrêtent, ils discutent.

Je voudrais que nos jeunes prennent la relève. L’idéal serait que les poli- tiques les écoutent. La jeunesse de maintenant est beaucoup plus mûre.

A 16 ans, la problématique qu’on avait, c’était l’héroïne, la cocaïne, le sida, ça nous a fait murir. Après, il y a eu un grand flou, on avait l’impres- sion que tout allait bien, que la vie était belle. Les jeunes maintenant ont pris conscience parce que c’est leur problème, c’est un problème qui, s’il n’est pas traité maintenant, ils vont le vivre à l’âge adulte. Là-dessus, ils sont beaucoup plus mûrs. L’environnement, ça leur tient plus à cœur.

[Mercredi 7 août 2019]

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L’environnement, ça leur tient plus à cœur

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être audible avec le jargon de nos

partenaires sociaux

Entretien avec Omar Hammoutene Benauge – Bordeaux

J’habitais en Algérie, près de la ville d’Alger. J’avais une situation sociale tout à fait confortable. J’étais chirurgien-dentiste installé à mon compte.

Et puis les évènements politiques qui ont marqué l’Algérie à la fin des années 80, au début des années 90, ont provoqué mon départ rapide, et parce que j’avais, de par ma double nationalité, la possibilité de venir habiter en France.

Du coup, je suis venu avec ma femme et mes deux enfants en bas-âge pour trouver une deuxième chance, pour pouvoir à la fois rentrer dans le confort que je connaissais auparavant, et puis offrir ma contribution au développement de la France, d’une manière générale et puis au dévelop- pement de Bordeaux puisque j’avais un métier qui pouvait effectivement être d’utilité publique. Très vite, on m’a signalé que mon diplôme n’était pas valable, en tout cas ne me permettait pas d’accéder à la pratique de la dentisterie en France.

Il y a deux choses intéressantes. Ce que je retiens de 25 ans de vie : d’abord, je suis assez détendu dans mes relations avec le quartier parce que c’est un quartier à forte connotation magrébine. Je me sens un petit peu comme dans un quartier d’Algérie mais un quartier où il y a une forme de sécurité puis une forme de confort que de l’autre côté on n’avait pas. On a pu accéder à la culture, à l’éducation. J’ai pu accom- pagner quatre de mes enfants puisque deux sont nés ici depuis mon arrivée. Mes quatre enfants, ils ont tous réussi. Ils ont tous suivi un parcours universitaire.

En 2014, un salarié de la ville, lors d’une rencontre, m’a proposé de faire partie du groupe préfigurateur. J’avais répondu que je ne connaissais rien à la politique de la ville. C’était un salarié en charge l’information dans le quartier qui me disait qu’ils allaient créer un groupe Conseil citoyen dans le quartier, qu’il voyait que j’avais une forme d’aura dans le quar- tier puisque beaucoup me connaissent. Il me dit que l’on me rencon- trait souvent, que j’étais souvent à poser des questions, que l’on sentait

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que j’avais un intérêt certain pour le quartier et pour ce qui y évolue.

J’ai répondu oui. Il m’a demandé si je voulais faire partie du préfigura- teur qui allait travailler sur le cadre de référence des Conseils citoyens qui n’étaient pas encore posé à l’époque. Voilà.

Moi, oui. Je suis le parfait exemple de celui qui tombe et qui rebondit puisque, en 25 ans d’existence, j’ai dû changer trois fois de métier.

Par rapport aux canadiens, effectivement, ce n’est pas énorme. On nous a appris qu’il y a plusieurs vies dans une vie. Moi, j’ai une autre culture.

Le jour où j’ai eu mon diplôme de chirurgien-dentiste, pour moi, c’était parti pour la vie entière. Je devais cumuler 30 à 40 ans d’expérience dans ce machin. J’ai appris, et je trouve que c’est bien, que c’est une chance dans mon malheur, d’apprendre ce que c’est que la résilience, et comment on fait pour pouvoir rebondir dans le cadre d’un échec profes- sionnel ou après un arrêt tout simplement. Et tous mes arrêts ont été décidés parce que le poste a été supprimé, tout simplement. Je n’ai pas eu d’arrêt forcé. J’ai eu des arrêts contraints parce que mon poste dispa- raissait tout simplement. On me disait que c’était dommage, que je ne pouvais plus exercer ce métier-là, en tout cas mettre en place cette action-là,

J’écris, donc je participe à un journal gratuit, qui est édité par le Centre social. J’ai toujours une rubrique qui s’appelle « Vie de quartier » dans laquelle j’écris pour montrer ce qui se passe dans mon quartier, pour appeler les gens à découvrir des choses. J’ai un exemplaire ici sur le renouvellement urbain. J’ai parlé à la fois des temporalités mais aussi de tout ce qui touche à la transformation du quartier. Quelles sont les décon- structions ? Quelles sont les constructions ? Dans quelle temporalité elles se déclinent ? Et puis, qui est touché et qui n’est pas touché ? Et, enfin, le message du Conseil citoyen par rapport à une posture que tous les habitants doivent avoir pour une participation, une vraie démocratie On travaille sur les leviers du pacte de cohésion sociale et territoriale.

Ce pacte-là, sur les 5 leviers : l’accès aux soins, l’accès à l’éducation et à la culture, le traitement de la délinquance, en tout cas les préventions primaires à la délinquance. Et puis, le cadre de vie et le cinquième, c’est l’emploi et le développement économique. Nous avons des membres qui sont référents chacun sur une thématique. J’interviens souvent dans les thématiques liées au renouvellement urbain, et puis sur l’accès aux soins avec une petite expertise que j’avais. En tout cas, je comprends mieux et j’arrive à être audible avec le jargon de nos partenaires sociaux.

Ce sont des binômes. On a donc délégué des binômes pour chaque pilier. Nous faisons des réunions plénières mais aussi des réunions de binômes pour évoquer ce qui a été dit, ce qui a été retenu, pour faire la transmission à l’ensemble des Conseils citoyens. La communication est bonne mais ce qui est difficile en ce moment, c’est de pouvoir organi- ser des séances plénières parce que beaucoup de conseillers sont pris par des sollicitations professionnelles, beaucoup plus que par des sollici- tations familiales. On est deux groupes de collèges « Acteurs », entière- ment investis dans le quartier, mais très peu présents à des réunions. Et le collège « habitants », qui a effectivement plus de disponibilité, a moins

de maîtrise et moins d’expertise que le collège « Acteurs », qui connaît à la fois les tenants et les aboutissants, surtout dans leur spécialité respec- tive. On sent qu’il y a une difficulté à mettre en branle cette machine.

Et, quand elle avance, c’est par à-coups. C’est à ce titre que moi, je me propose comme étant un petit peu le coordinateur du groupe, pour pouvoir créer cette impulsion, et puis créer les rencontres. Quand on ne peut pas les faire au sein de la structure, moi je tourne dans le quartier et je vais vers les habitants parfois, et j’essaye de communiquer, j’essaye d’impliquer les uns et les autres.

Alors, une partie a connu les geôles de prison, une partie d’entre eux. Ils font des allers-retours d’ailleurs jusqu’à ce jour. Une autre partie a rejoint le monde du travail. Ils ont eu le déclic et ils ont été remplir… C’est un vivier de main d’œuvre que l’on a. Une autre partie a quitté le territoire parce qu’ils ont travaillé, parce qu’ils se sont mariés, parce que dans leur parcours résidentiel ils ont eu une offre de logement hors du territoire de la Benauge.

Le quartier et de nouveaux usages : soit du deal, soit des rodéos intem- pestifs, soit des cambriolages. On a vu arriver depuis deux ans des petits groupes de jeunes qui cambriolent les appartements en l’absence de leurs propriétaires.

Mais cette fois, on a une jeunesse violente. Et ils sont de plus en plus jeunes en tout cas. On a une frange de 12/15 ans qui fait le malheur du quartier, dans le quartier, qui sert « d’accessoires » aux dealers qui sont

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un peu plus âgés. Ils jouent le rôle du guetteur, etc. Ils ont effectivement la possibilité de vendre quelques petites barrettes par-ci par-là, et au vu de tout le monde.

Ils sont mineurs. Et ce laxisme, en tout cas ce manque de moyens, ce manque de mesures répressives de la police, il encourage ces mineurs à récidiver et à rentrer dans des stratégies beaucoup plus violentes, et beaucoup plus génératrices d’argent je dirais.

Je suis formateur agent de propreté et d’hygiène. Puis assistant de vie aux familles. J’ai donc dû à chaque fois me renouveler pour pouvoir répondre aux exigences de la fonction. Puis formateur accompagnateur.

J’ai fait aussi toute la méthodologie québécoise pour travailler à l’accom- pagnement des personnes. Toute ma vie, j’ai fait le choix de me former pour devenir formateur expert, être capable ce que mon expertise tech- nique était en mesure de me demander. Avec ça, je n’ai pas échappé à cette compression-là. Pourquoi n’y ai-je pas échappé ? C’est pour ça que j’arrive à la mesure discriminatoire.

Non, j’ai l’impression que le monde va plus mal. Il va plus mal pour toujours les mêmes catégories de personnes. Et qu’il y a des gens qui s’en sortent, que c’est tant mieux. Mais il faut du génie. En tout cas, pour ceux qui vivent ici, je suis moins complaisant. Je suis moins complaisant avec ceux qui vivent là et qui ont eu les mêmes chances que n’importe qui pour y arriver, même si, effectivement, il y a une forme de stigmatisa- tion, de par le nom, de par les origines, de par même les confessions.

- Alors il y a beaucoup de gens qui se radicalisent mais on est toujours dans l’ambiguïté. Ils se radicalisent mais ils vendent de la drogue à côté.

Ça, je n’arrive pas à comprendre. C’est à dire que les usages ne changent pas. Ils vont à la mosquée le vendredi habillés de djellabas, etc.

Ceux qui se radicalisent aujourd’hui ne sont pas le fruit d’une éducation interne, mais le fruit d’un courant religieux. Je connais le cas de parents qui ne sont pas pratiquants mais dont les enfants sont hyper prati-

quants. Ou encore, ils sont hyper pratiquants un moment pour certains

et moins pour d’autres. J’en ai connu deux dans mes voisins. Ils ont été hyper pratiquants et puis ils se sont fait arrêter contre toute attente par la police. Ils ont porté pendant un an des bracelets électroniques. Ils ont arrêté d’aller à la mosquée. Donc tous les parcours sont possibles. C’est vrai que ceux qui ont la chance de grandir ici, je parle des deuxième et troisième générations d’immigrés, ces gens-là, je n’ai pas de compré- hension particulière par rapport à leur parcours. Je ne comprends pas qu’ils ne puissent pas réussir. Sinon, il y a un lègue, et je le dis parfois : il y a un lègue parental aussi. Il peut être positif en fonction de la posture et de l’implication des parents. Ils peuvent être hyper négatifs quand les parents ne sont pas conscients qu’ils ont effectivement un rôle. Celui d’accompagner leurs enfants et pas seulement de les éduquer.

C’est un monde où les écarts entre les personnes s’estompent pour laisser place à la valeur, celle qui naît de par la culture, de par les valeurs et de par le partage surtout. Je crois à toutes ces valeurs-là et je crois à un monde fondé sur l’égalité, l’égalité des chances.

Et ceux qui ont eu une histoire commune avec la France, qui est faite de sang, qui est faite d’horreurs, il existe un temps où le pardon doit être de mise. La France appartient à ceux qui partagent sa culture et à ceux qui partagent ses valeurs, et à ceux qui croient en ce que la France croit, tout simplement : la liberté. Liberté de faire, liberté d’agir, liberté de penser.

Égalité. Égalité entre les sexes mais aussi égalité entre les races. En sa fraternité beaucoup plus étendue, avec les peuples qui font aujourd’hui ce qu’est le peuple de France. Ce sont des peuples qui sont venus et qui ont connu des histoires différentes, et qui ont décidé de partager un avenir commun, sur des valeurs communes et partagées.

[Samedi 12 octobre 2019]

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un monde fondé sur l’égalité, l’égalité des chances

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me retirer du

quartier pour avoir une vie personnelle

Entretien avec Anne-Sophie Meur Saint-Brieuc – Quartier Europe Balzac

J’ai habité le quartier de Bastard. C’est un micro-quartier qui fait partie de tout le quartier Est, avec Balzac – Europe – Ginglin et Ville Bastard. J’y ai habité 3 ans et suite à mes missions à la régie de quartier, j’ai préféré quitter le QPV (Quartier Prioritaire de la politique de la Ville) et me retirer vers un quartier plus calme et plus loin que celui où j’ai mes missions.

j’avais créé des liens avec les habitants et on m’a repéré sur le quar- tier. par exemple on m’appelait à n’importe quelle heure, j’ai préféré me retirer du quartier pour avoir une vie personnelle

La régie de quartier est une structure à réinsertion professionnelle.

on embauche principalement des gens du quartier étant au chômage depuis longtemps. nettoyage de cages d’escalier du bailleur Terre et Baie Habitat, sur ce quartier-. On fait des « déménagements sociaux », à 25 euros de l’heure, les nettoyage d’appartements. dans des cas de tutelle ou de curatelle dans des logements très peu de personnes en CDI, trois ou quatre sur 36.contrats aidés, en général entre six mois et deux ans. Et après elles prennent leur envol. Elles viennent se former en interne à la régie.

Les conseillers citoyens sont des personnes habitant le quartier qui se réunissent une fois par mois pour parler de la vie du quartier avec les structures locales, la MJC, le centre social, l’association ATD... On se réunit tous les premiers jeudis du mois, on parle de la vie du quartier, de ce qui va, de ce qui ne va pas, et on essaie de trouver des solutions pour ce qui ne va pas.

Ça marche bien. Ça a mis du temps à décoller. porté par la régie quartier financièrement, le but c’est qu’ils soient autonomes, se mettent en asso- ciation,ils ne sont pas encore prêts.

Il y en a d’autres. Là il y a le conseil citoyen du quartier Est, il y a le conseil citoyen du quartier Ouest, et celui du quartier Sud à la Croix Saint-Lambert.

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rencontre départementale à la préfecture. On échange sur ce que chacun fait au sein du conseil citoyen ça donne des idées. Il y a aussi un pique- nique par an, avec tous les membres des conseils citoyens de chaque département qui se réunissent.

Du côté de Ville Bastard il y a deux écoles, une maison de quartier, à Europe – Ginglin, il y a une école, et sur le quartier Balzac, on a une école, la MJC, le centre social, ATD, Les Petits Débrouillards et UnVsti concentré sur ce micro-quartier,la priorité, de tourner entre les quartiers..

Donc on investit les autres quartiers aussi.

j’étais très impliquée dans la vie de mon quartier et le directeur de la régie de quartier m’a repéré et m’a demandé si un contrat à la régie m’in- téressait, trois ans renouvelable une fois. Là, je suis à mes trois ans en mars 2020, donc je suis renouvelée trois ans jusqu’à mars 2023. Il faut rentrer dans des critères pour avoir ce dispositif-là, il faut habiter le quar- tier, avoir moins de trente ans et faut être éligible aux contrats IAE. Oui, ça me plaît. J’aime beaucoup ce que je fais. Et puis j’ai pu me former, puisque le but d’un contrat adulte-relais, c’est de se former sur les trois ou six ans du contrat. Du coup, j’ai fait une formation de médiation sur six mois, que j’ai obtenu. Je suis ravi.

Je pense qu’on ne montre que le mauvais côté de ces quartiers-là, on ne montre pas forcément ce qui se passe de bien. Par exemple, les conseils citoyens, ils font plein de choses, ils mettent en place plein d’anima- tions, ils améliorent le quotidien des habitants. Je pense qu’on parle que du mauvais. Ici, à Balzac, il y a eu des gros soucis. Il y a eu des tirs à la Kalachnikov, c’était compliqué. À ce moment-là, on a montré que ça, alors qu’autour y’avait toute une mobilisation des habitants pour essayer d’apaiser le quartier, et de mettre des choses en place pour qu’il y ait un mieux vivre ensemble. Ici, tout le monde se connaît. Il y en a, ça fait 35 ans qu’ils sont là. Ce sont des gens qui aiment leur quartier, qui veulent qu’il y ait une bonne image de leur quartier.

Là aujourd’hui, il y a 275 logements environs pour plus de 600 familles.

Ils vont reconstruire 25 logements sociaux sur Balzac.Donc là il y a 180 logements à peu près dans ces deux tours. Il reste une trentaine de personnes à reloger aujourd’hui.

il y avait une ancienne piscine. Dans le cadre du renouvellement urbain, il pourrait y avoir une nouvelle mosquée à la place. Pendant le ramadan, chaque soir, en bas des tours, il y a énormément de monde qui vient boire un thé. Il y a des regroupements qui se font, plutôt entre hommes.

Les femmes, lors du ramadan, elles ne sortent pas. Après, ça fait partie de leur culture et on le respecte. Puis, il y a de la mixité sociale. Il y a des Français, il y a des musulmans, il y a des Africains, il y a des Chinois, il y a vraiment de tout. Il doit y avoir une trentaine de nationalité sur le quartier.

C’est surtout que les gens disent, c’est qu’ils veulent ouvrir l’acces- sion à la propriété, et ils se demandent si les gens vont acheter une maison avec une mosquée à côté. C’est plutôt dans ce sens-là. Après,

ce sont des questions que les habitants se posent, moi je ne peux pas y répondre, il n’y a pas eu de concertation. On sait juste que ça a été validé par le conseil municipal.

J’en quatre enfants. Bon, après, c’est une famille recomposée, mais au final on en a quatre quand même. Ils ont 12, 11, 10, trois ans et demi.

Et je les emmène sur les animations de quartier, pour leur apporter des valeurs. Quand je vois ma fille de 10 ans, quand elle va sur une anima- tion, elle veut toujours aider. Rien que ça, ça lui offre la notion de ce qu’est être bénévole. Elle a toujours été dans le bénévolat et l’engage- ment personnel. Les emmener sur des animations, c’est top. adminis- tratif.j’accompagne les habitants dans leurs démarches dossier Banque de France,demande Pole Emploi. réoriente vers une autre structure qui est apte à répondre à leurs questions. Je suis aussi sur toutes les anima- tions de quartier, fête de Noël, fête de quartier, Babel Danse, enfin un tas d’animations. Je fais aussi partie de la commission FPH, le Fond de Participation des Habitants.

Un habitant peut avoir un projet, par exemple, ça peut être faire une fête de son quartier pour rassembler les habitants. Il peut faire une demande de subvention à hauteur de 500 euros pour pouvoir mettre son action en place

. Ce sont plutôt des associations, parents d’élèves, des kermesses, ... Des habitants, Soit parce qu’ils ne connaissent pas forcément le dispositif, soit c’est parce qu’ils sont tous seuls et parce que ce n’est pas facile de monter un projet tout seul.

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c’est important d’avoir, pour les habitants, quelqu’un qu’ils repèrent sur le quartier, en cas

mon contrat se termine en mars 2023, mais j’aimerais bien une pérenni- sation de mon poste. faut trouver des finances,

Couper le lien. Quand je suis chez moi, je suis chez moi. J’enlève ma casquette. Mais parfois, on ne peut pas oublier des choses comme ça.

Il y a eu des moments où c’est difficile, des moments où j’ai eu besoin d’aller voir des psychologues car c’était dur. J’étais une éponge. Et puis ma formation m’a aussi appris à mettre la carapace, à dire stop. On ne peut pas aider tout le monde.

Par le biais des actions, On voit des familles que l’on n’avait jamais vues, qui sont là depuis 10 ans et qu’on n’a jamais vu à une fête de quartier. Je n’oublie pas les micro-quartiers. Ça, pour moi, c’est important. Le quar- tier de la Ville Bastard a été très oublié pendant plusieurs années et les habitant en ont forcément souffert. On a fait la fête de Noël et la fête de quartier là-bas. Et là, cette année, on la fait ici, avant la démolition.

c’est le centre social, avec de nombreux partenaires. ADALEA, les MJC, UnVsti Les bénévoles qui sont dans les association

Il y beaucoup d’animation pour les enfants. Il y a des structures

gonflables, il y a de quoi se restaurer. Avant y’avait une scène ouverte, mais là elle n’y est plus. Malheureusement, il n’y avait pas grand monde le soir. C’était un budget important, du coup on a préféré le mettre dans autre chose, dans d’autres animations. Mais ça, c’était top. L’après-midi, ça fonctionnait bien. Là, toutes les associations de quartier, elles venaient faire des démonstrations. Ici, on a des danses portugaises, on a des danses bretonnes, du hip-hop et du slam à la MJC, il y a du flamenco, … C’était vraiment, vraiment top. Et les habitants ils s’appropriaient cette scène. Maintenant, c’est plutôt des animations, du jeu, …

À la maison du projet. Ici, il y a une maison de projet qui s’est montée.

Dans cet endroit-là, on parle de renouvellement urbain, de projets urbains, donc de la démolition des quatre tours et le renouvellement de la place de cité aussi. Voilà. C’est un lieu ouvert à tout le monde. Tous les lundis, on a des réunions techniques avec tous les acteurs qui sont concernés par le renouvellement urbain. Les habitants aussi peuvent venir dire ce qu’ils ont à dire, leur mécontentement ou leur joie. Puis il y a aussi le bureau de l’animateur du conseil citoyen, il y a le mien, il y a un atelier autour de la peinture et de l’onglerie. Il se passe plein de belles choses.

il doit y avoir une

trentaine de nationalité sur le quartier

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