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Chapitre IX Le(s) temps de l histoire ( )

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Chapitre IX

Le(s) temps de l’histoire (1870-1970) Introduction :

Marc Bloch, 1944

Michel de Certeau : 1983

Introduction :

A. Les définitions de l’histoire mettent toutes en jeu la question du temps

C’est un constat, et une constante que l’on peut établir au moins pour les historiens du 20e siècle.

BLOCH,1944 : « la science des hommes dans le temps »

MARROU,1954 : « la connaissance scientifiquement élaborée du passé humain »

MARROU (1954) : « La conjonction établie, par l’initiative de l’historien, entre deux plans d’humanité, le passé vécu par les hommes d’autrefois, le présent où s’opère l’effort de récupération de ce passé. »

DE CERTEAU (1975, 11-12) : « Étrange procédure qui pose la mort, coupure partout répétée dans le discours, et qui dévie la perte, en affectant au présent le privilège de récapituler le passé dans un savoir. Travail de la mort et travail contre la mort. »

B. Ce n’est pourtant pas à cette question que les historiens de l’école méthodique attachent le plus d’attention dans leurs premiers propos méthodologiques

Ainsi Jean Leduc dans sa synthèse sur les Historiens et le temps ne leur accorde-t-il aucune attention, non plus qu’Antoine Prost dans les Douze leçons sur l’histoire, pourtant largement orientées vers une redécouverte et une réévaluation de l’appport de cette école à l’historiographie française.

Mais la « méthode » repose ici avant tout sur la question de l’analyse critiuqe du document (voir L3).

C. Cette question est cependant vitale dans la mesure où elle entraîne réflexion sur plusieurs aspects de la pratique historique :

1°. La coupure passé/présent comme fondement même de la conscience de l’histoire (dans sa différence notamment avec le mythe) ;

2°. Le temps organise de ce fait la pensée historique en construisant une forme de causalité spécifique ;

3°. Les pratiques de l’histoire sont elles-mêmes conditionnées par le temps et le rapport au temps (question des sources de l’historien).

D. On peut distinguer plusieurs étapes dans l’appréhension du temps par les historien, étapes qui guideront notre propos.

1. Au départ : le temps agit surtout comme outil de classification, dans une histoire qui se pense dans le cadre des sciences classificatrices du 19e siècle (voir biologie, géologie, chimie : inventaire du monde)

2. Puis vient une réflexion sur la nature même du temps historique (liée à la philosophie, à la sociologie, puis à l’anthropologie)

3. Enfin le temps devient objet d’histoire pour l’historien en même temps que la notion de sujet historique prolonge la réflexion sur le temps historique (perspectives d’histoire sociale puis culturelle).

1. Découper le temps : chronologie et périodes

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I. Les découpages du temps historique

Il peut paraître surprenant de rejeter en deuxième place la réflexion des historiens sur le temps pour amorcer le propos par des considérations sur les opérations historiennes sur le temps, c’est-à-dire les usages que les historiens font du temps dans leur travail. Mais il y a à cela deux raisons.

La première est que, si les historiens de l’école méthodique ont longuement développé leur réflexion sur la critique du document, qui fonde véritablement à leur yeux le caratère scientifique de l’histoire (voir Langlois et Seignobos), il ont peu parlé du temps historique proprement dit, en dehors d’une approche du fait historique susceptible de confondre celui-ci entièrement dans l’événement, l’un des reproches qui leur sera adressé par leurs concurrents sociologues ou par leurs successeurs (voir Simiand et Febvre). La question du temps se pose alors essentiellement (c’est-à-dire à la fois par principe et presqu’exclusivement) en termes d’ordonnancement des événements, donc relativement à l’une des opérations historienne sur le temps. C’est l’idole chronologique dénoncée par Simiand en 1903.

La seconde est que définir les opérations historiennes sur le temps est un moyen pratique d’entrer dans la question du temps historique et de poser d’emblée les grandes étapes de la réflexion des historiens sur ce point, réflexion qui passe progressivement d’une attention première aux questions techniques de la datation à une attention nouvelle, sous l’influence d’abord de réflexions extérieures au champ de la recherche historique (philosophie) puis à proximité de celui-ci (sociologie et anthropologie), portée à la consistance anthropologique et sociale, et à la complexité de ce temps « historique ». Bref, le passage d’un usage technique à un usage conceptuel de la temporalité.

1. Chronologie

C’est bien la première des opérations historiennes sur le temps. La chronologie est l’une des sciences auxiliaires de l’histoire, dont le développement est concomitant à celui de la diplomatique.

Significativement, encore en 1961, le volume de L’Encyclopédie de la Pléiade consacré à « l’Histoire et ses méthodes », dirigé par Charles Samaran1, après un chapitre introductif consacrée à la question générale « Qu’est-ce que l’histoire ? », s’ouvre par trois chapitres consacrés à la relation espace/temps (« Le temps et le lieu »), intitulés respectivement : « comput, chronologie, calendrier », « le temps historique », et « géohistoire ».

Entamer donc notre parcours par la chronologie est entrer précisément dans une logique qui a longtemps prévalue, et qui demeure en fait incontournable sur bien des points, dans la pensée historique.

1 Charles Samaran (1879-1982 : Gers) : archiviste paléographe (1901), professeur EPHE (paléographie, 1927), professeur bibliographie et archivistique École es Chartes (1933), directeur général des Archives de France (1941-1948 : nommé par Jérôme Carcopino dont il est l’ami), Acad. des Inscriptions et Belles lettres (1941), président du CTHS (1960-1982).

gendre de Paul Taffanel

La fiscalité pontificale en France au XIVe siècle (période d'Avignon et grand schisme d'Occident), Paris, A. Fontemoing, 1905 (Paris, E. Boccard, 1968)

La maison d'Armagnac au XVe siècle et les dernières luttes de la féodalité dans le Midi de la France, Paris, A. Picard et fils, 1907 (Genève, Slatkine-Megariotis Reprints, 1975)

D'Artagnan, Capitaine des mousquetaires du roi, histoire véridique d'un héros de roman, Paris, Calmann-Lévy, 1912. (Auch, impr. T. Bouquet, 1967)

Jacques Casanova, Vénitien, une vie d'aventurier au XVIIIe siècle, Paris, Calmann-Lévy, 1914.

Jean de Bilhères-Lagraulas, cardinal de Saint-Denis, un diplomate français sous Louis XI et Charles VIII, Paris, É.

Champion, 1921.

La chronique latine inédite de Jean Chartier (1422-1450), Paris, Champion, 1928.

Catalogue des manuscrits en écriture latine portant des indications de date, de lieu ou de copiste, Paris, CNRS, 1959.

L' Histoire et ses Méthodes, Paris, Gallimard, « Encyclopédie de la Pleïade », 1961.

Pierre Bersuire, prieur de Saint-Eloi de Paris, 1290?-1362, Paris, Imprimerie nationale, 1962.

Paysages littéraires du Valois, de Rousseau à Nerval, Paris, Klincksieck, 1964.

La Gascogne dans les registres du trésor des chartes, Paris, Bibliothèque nationale, 1966.

Recueil d'études de Charles Samaran... une longue vie d'érudit, Genève et Paris, Droz, Librairie Champion, « Hautes études médiévales et modernes », 1978.

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Mais qu’est-ce au juste que la chronologie ? C’est avant tout l’art de classer les dates (1750) certes, mais l’insistance sur cet art accompagne un premier effort de construction du temps historique.

A. L’art de classer les dates (1750)

à Pouvoir situer les événements les uns par rapports aux autres

• Classer les événements : c’est le principe de base qui rappelle qu’il ne saurait y avoir d’histoire sans dates, ce que concède bien volontiers Lévi-Strauss (1962). Mais ce classement induit immédiatement une autre opération, celle de catégorisation.

• Construire des catégories : où l’on retrouve la volonté d’un inventaire ordonné du monde qui marque l’émergence des disciplines scientifiques au 18e et 19e siècle (Linné ou Buffon en histoire naturelle, Mendeliev en Chimie). Une telle catégorisation implique la mise en place de cadres généraux dans lesquels les faits datés vont trouver leur place. Ces cadres généraux sont de deux ordres :

- Créer des catégories de faits selon leur nature : politique, religieuse, sociale, économique, culturelle, etc. (c’est « l’armoire normande » sur laquelle ironise L. Febvre).

- Créer des catégories de faits selon leur importance (ce qui rappelle la prédominance de l’événement) : ainsi toutes les batailles ne se valent-elles pas (ex. : batailles napoléoniennes). Ce principe est particulièrement marqué dans l’enseignement scolaire qui a fortement contribué à construire un répertoire de « grandes dates », comme elle a construit un répertoire de « grands hommes »). Ainsi en va-t-il encore des programmes du collège de 1995 (14 juillet et 10 août, au même titre que La Fayette, Robespierre et Napoléon).

• Construire ces catégories revient donc à hiérarchiser les événements. L’opération n’est donc pas purement technique mais engge d’emblée la question de l’interprétation historique, puisque cette hiérarchisation ne se donne pas d’elle-même.

• Éviter l’anachronisme ou la fausse relation

ex. : Valmy et la proclamation de la République (20-22 septembre 1792) à Pouvoir situer les documents les uns par rapport aux autres

• La date d’un document ne se donne pas toujours de manière évidente ex. : Pièces juridiques ou libelles ou journaux

• Or de cette date peut dépendre le sens du document

ex. : connaître la date de publication par rapport à la date de rédaction (Mémoires du cardinal de Retz : 1717, puis 1834)

ð Opération élémentaire (science auxiliaire de l’histoire) mais fondamentale.

Claude Lévi-Strauss: Il n'y a pas d'histoire sans dates

« Il n' y a pas d' histoire sans dates.. pour s'en convaincre, il suffit de considérer comment un élève parvient à apprendre l' histoire: il la réduit à un corps décharné dont les dates forment le squelette. Non sans raison, on a réagi contre cette méthode desséchante, mais en tombant souvent dans l'excès inverse. Si les dates ne sont pas toute l' histoire, ni le plus intéressant dans l' histoire, elles sont ce à défaut de quoi l' histoire elle-même s'évanouirait, puisque toute son originalité et sa spécificité sont dans l'appréhension du rapport de l'avant et de l'après, qui serait voué à se dissoudre si, au moins virtuellement, ses termes ne pouvaient être datés. »

Or, le codage chronologique dissimule une nature beaucoup plus complexe qu'on ne l'imagine, quand on conçoit les dates de l'histoire sous la forme d'une simple série linéaire. »

La Pensée sauvage, Plon, 1962, p. 342.

B. Une conception linéaire et continue du temps de l’histoire

La chronologie introduit cependant bien à une perception linéaire, continue et orientée du temps (la frise chronologique des manuels scolaires)

à L’histoire comme chronique : forme élémentaire de l’histoire ? Annales romaines, Grandes chroniques de France

Mais il n’y a encore ici que juxtaposition d’événements, forme d’appréhension de l’histoire qui relève davantage du journal intime (voir Barbier au 18e siècle). Une forme de lecture de l’histoire qui demure vivace en dehors de la comunauté des historiens, dans le journalisme notamment (ex. : Les cinquante ans du Monde), et qui constitue également une partie de la production historique (outils de travail, plus

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ou moins professionnels, voire production historique : Alfred Grosser sur l’avènement d’Hitler au travers de la presse).

à C’est en passant de la juxtaposition à la continuité que l’on entre plus avant dans le temps historique

L'idée que l'histoire - si elle veut se distinguer de la simple chronique - « fabrique» de la continuité est largement admise.

Pour Georges Poulet, c'est en cela même que consiste l'histoire: « L'histoire a pour objet spécifique de mettre une continuité entre les différents moments du temps, de faire apparaître quelque principe en raison duquel ils procèdent les uns des autres.

» Études sur le temps humain, Plon, 1964, p. 12

ð C’est réalités sont particulièrement sensibles dans l’enseignement de l’histoire une fois de plus. En effet, celle-ci repose sur des principes qui sont fortement liés aux trois traits soulignés ici : linéarité, continuité et orientation. Deux exemples en rendent bien compte : les programmes (qui ont longtemps pris la forme d’une quasi-chronique) et la frise chronologique (ligne +flèche).

ex. : programmes de 1947 et 1962 [rompt avec cette logique seulement en terminale]

C. Linéarité et évolutionnisme

à La notion Progrès contribue à renforcer cette perception des temps historiques en assignant un but à l’humanité. La philosophie de l’histoire, sous certains aspects, y contribue (Kant, Hegel, Comte, Marx).

Ex. : Turgot (1750), Condorcet (1794)

à Cette notion porte en elle, à partir du moment où se découvre également le monde dans sa diversité géographique, deux conséquences :

- Dans la logique d’une philosophie de l’histoire, elle assigne une fin, un but, à l’histoire de l’humanité, orientant celle-ci vers un accomplissement : finalisme historique et téléologie.

- Par le fait qu’elle s’applique à l’échelle de l’humanité, elle induit une « échelle des civilisations ». Ainsi, la catégorisation combinée à l’évolutionnisme invite à comparer des aires de civilisation (ce que le travail de chronologie permet d’opérer en assurant la concordance calendaire des événements survenus dans ces différentes aires, avec un report du regard européen

à À nouveau, la chronologie intervient selon un modèle de classement qui s’applique largement, et est fondé sur une lecture européenne de l’histoire des peuples, qui pense l’évolution humaine en termes de complexification et d’unification. Deux exemples de ce phénomène :

- L’idée d’une complexification croissante des sociétés humaines, sur le modèle de la complexification croissante des organismes au fur et à mesure de leur développement fonde, en termes de pédagogie, la justification de l’ordre chronologique pour le cours d’histoire en concordance avec la psychologie de l’enfant [ Piaget avant l’heure en quelques sorte] (Lavisse, 1885 et 1890).

- L’idée d’unification est un report du modèle français, et plus largement européen, de formation de l’État-nation d’une part, de l’État centralisé d’autre part : voir les périodisations ternaires pour l’Égypte ou l’Assyrie.

ð Mais l’évolutionnisme ouvre ainsi la voie, par le biais du comparatisme, à l’idée que la synchronie ne signifie pas l’appartenance au même temps historique, préparant par là même la remise en cause du principe de linéarité. Le comparatisme induit à terme, par l’effort de classification et par la perception d’une échelle des civilisations, la compréhension de la complexité du temps historiquee (voir plus bas).

2. Périodisation

J’ai utilisé le terme de « périodisation » dans mon dernier exemple. C’est qu’en effet, la chronologie, par le travail de classement qu’elle opère, conduit à la période.

A. Origines lointaines de la périodisation : christianisme et Renaissance

à Avec le 16e siècle s’esquisse une périodisation ternaire (Antiquité, Moyen-âge et Temps modernes) à La RF et le 19e siècle parachèvent le processus, en y adjoignant l’histoire contemporaine.

B. La période comme réalité historique intrinsèque (enseignement)

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L’enseignement offre un bon exemple de « réification des périodes » (voir Daniel Milo pour le siècle) à Nicole Lautier (Enseigner l’histoire au lycée) :

Grandes bornes traditionnelles, changements de régime, guerres

NB : les programmes peuvent sembler déplacer les bornes (ex. : classe de 5e et 4e), en fait les périodes canoniques résistent

à Mais aussi l’enseignement supérieur :

Commissions du CNU, profilage des postes, modules d’enseignement selon les 4 périodes canoniques (parcourues sur les deux premières années de licence en général, avec groupement : Ancienne +médiévale, et Moderne +contemporaine).

à NB : Les concours (agrégation d’histoire, concours ENS) sont à la charnière avec une autre pratique, une autre réalité, celle de la recherche :

4 questions de programme correspondant aux 4 périodes canoniques, mais des libellés qui s’affranchissent des bornages traditionnels au sein des périodes :

Ex. : La France 1934-1958, ou histoire culturelle de l’Europe 1919-1959, ou Révoltes et révolutions (1773-1802)

C. La période comme élément de la recherche en histoire

àBorner un phénomène historique constitue une part importante du travail de recherche. Trouver les bornes « justes », justifier la chronologie et la périodisation retenues sont un aspect fondamental de la validation d’un travail de recherche.

Ex. : Braudel, 1963

à La recherche déborde de plus en plus souvent les limites traditionnelles, y compris entre les périodes :

Ex. : Braudel à nouveau (le premier livre), mais également Claude Nicolet (L’idée républicaine en France 1789-1924) ou Annie Crépin (L’armée française de Rossbach à Verdun)

L’enseignement de la Révolution française (programmes de 1995 et 2001)

à C’est que la périodisation s’impose ici, au même titre que la chronologie, comme un élément constitutif de l’interprétation historique :

Ex. : fixer les limites de la Révolution française

Aulard (1789-1804 : la République) ; Lefebvre puis Soboul (1789-1799, en y ajoutant la pré- révolution 1787-1789) ; Furet-Richet (1774-1799) encore très proche de la périodisation classique ; puis Furet 1978 ; enfin Furet 1988 (La Révolution de Turgot à Jules Ferry, 1770-1880).

à De nouvelles coupures peuvent ainsi apparaître et créer des sous-périodes (ce qui démontre à rebours le caractère très résistant des périodes canoniques)

Ex. : l’histoire contemporaine elle-même dans le cours du 19e siècle ; l’histoire du temps présent à la fin des années 1970 (IHTP 1978 ; Soulet à Toulouse ; Revue 20e siècle et CHEVS), 1984)

ð Débouche sur la question de la temporalité et ramène à la question de la manière dont les historiens conçoivent le temps. Cette question comporte plusieurs aspects complémentaires

2. Les temps de l’histoire : les temporalités

II. La réflexion des historiens sur le temps

Nous l’avons vu, les opérations élémentaires de découpage du temps historique impliquent de fait une compréhension de ce temps historique. Cette compréhension repose en premier lieu sur le rapport passé/présent, et débouche sur une perception nouvelle de la complexité (voir évolutionnisme déjà).

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1. Le temps [comme fondement de l’opération] historique A. Une coupure fondatrice…

à Fustel de Coulanges (1864)

Nécessité intégrée par Langlois et Seignobos (1898, p. 181-184) : d’où le rôle de l’analyse critique du document (voir cours L3)

à Opposition histoire mémoire : Halbwachs (1877-1945 : 1904 à Göttingen [Leibniz], 1909 à Berlin, correspondant L’Huma, 1919 Strasbourg, 1935 Sorbonne, 1944 CF ; élève de Durheim et de Bergson, gendre de Victor Basch [1863-1944 : LDH 1898 avec L. Herr et L. Trarieux] : Cadres sociaux de la mémoire, Alcan, 1925)

« On dit quelquefois que l'histoire ne s'intéresse qu'au passé et non au présent. Mais ce qui est vraiment le passé, pour elle, c'est ce qui n'est plus compris dans le domaine où s'étend la pensée des groupes actuels. Il semble qu'il lui faille attendre que les groupes anciens aient disparu, que leur pensée et leur mémoire se soient évanouies, pour qu'elle se préoccupe de fixer l'image et l'ordre de succession de faits qu'elle seule est maintenant capable de conserver [...] tant il est vrai [que l'historien]

ne peut faire son ceuvre qu'à condition de se placer délibérément hors du temps vécu par les groupes qui ont assisté aux événements, qui en ont eu le contact plus ou moins direct, et qui peuvent se les rappeler . » Mémoire collective (1950)

« L’histoire ne naît pour une époque que quand elle est morte tout entière. Le domaine de l’histoire, c’est donc le passé. Le présent revient à la politique et l’avenir appartient à Dieu. »

Thiénot (Rapports sur les études historiques, par MM. Geffroy, Seller, Thiénot, ministère IP, Paris, 1867) Pierre Nora (1984) préface aux lieux de Mémoire :

« La mémoire est un phénomène toujours actuel, un lien vévu au présent éternel : l’histoire une représentation du passé. »

à Opposition mythe-histoire

Claude Lévi-Strauss [1908-2009 : Structure élémentaires de la parenté, 1949 [Brésil 1935 et 1939], Tristes tropiques, 1955, Anthropologie structurale, 1958 ; CF 1959-1982, AF 1973]: La Pensée sauvage, Plon, 1962

Claude Lévi-Strauss en juge de même, opposant la pensée historienne à la pensée sauvage:

« Le propre de la pensée sauvage est d'être intemporelle; elle veut saisir le monde à la fois comme totalité synchronique et diachronique, et la connaissance qu'elle en prend ressemble à celle qu'offrent, d'une chambre, des miroirs fixés à des murs opposés et qui se reflètent l'un l'autre (ainsi que les objets placés dans l'espace qui les sépare), mais sans être rigoureusement parallèles [... ] Elle construit des édifices mentaux qui lui facilitent l'intelligence du monde pour autant qu'ils lui ressemblent.

En ce sens on a pu la définir comme pensée analogique.

Mais, en ce sens aussi, elle se distingue de la pensée domestiquée, dont la connaissance historique constitue un aspect. Le souci de continuité qui inspire cette dernière apparaît en effet comme une manifestation, dans l'ordre temporel, d'une connaissance, non plus discontinue et analogique mais interstitielle et unissante . » p. 348-349

à De Certeau (1975) : coupure fondatrice

ð Cette coupure introduit un lien de continuité et de consécution (contribue à la linéarité et pousse à l’évolutionnisme) ; elle est en même temps nécessaire pour pouvoir penser l’objet de l’histoire comme réalité distincte du sujet qui l’observe (l’historien).

B. …Mais contestée [Pb rapport passé/présent 1]

à Benedetto Croce (1866-1952 : ministre IP 1920-1921, fondateur du parti libéral en 1945) : « Toute histoire digne de ce nom est histoire contemporaine » (Théorie et histoire de l’historiographie, Teoria e storia della storiografica, 1920).

à De Michelet (1869) à Collingwood (1889-1943 : Le concept d’histoire, The Idea of history) Résurrection de la vie intégrale ; ré-actualisation

à Marc Bloch et le problème du rapport au présent (1940 et 1944) à Marrou (1954) : « mixte indissociable de sujet et d’objet)

« La solution du problème de la vérité historique doit être formulée à la lumière de tout ce que nous a fait découvrir notre analyse critique: ni objectivisme pur, ni subjectivisme radical; l'histoire est à la fois saisie de l'objet et aventure spirituelle du sujet connaissant; elle est ce rapport H = P :p établi entre deux plans de la réalité humaine; celle du passé, bien entendu, mais celle aussi du présent de l'historien, agissant et pensant dans sa perspective existentielle avec son orientation, ses antennes,

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ses aptitudes et ses limites, ses exclusives (il y a des aspects du passé que, parce que je suis moi et non tel autre, je ne suis pas capable de concevoir ni de comprendre). Que, dans cette connaissance, il y ait nécessairement du subjectif, quelque chose de relatif à ma situation d'être dans le monde, n'empêche pas qu'elle puisse être en même temps une saisie authentique du passé.

En fait, lorsque l'histoire est vraie, sa vérité est double, étant faite à la fois de vérité sur le passé et de témoignage sur l'historien. »

Repris par Ricoeur

« On ne l’a peut-être pas assez remarqué, l’histoire est l’un des rares modes de connaissance où le sujet et l’objet appartiennent au même champ pratique, mais aussi au même champ temporel » ; Histoire et rhétorique, in Diogène, n° 168, 1994, p. 24-25.

ð De Certeau, 1983

PENSER LE TEMPS

« Par là se trouve modifiée l'épistémologie qui différenciait du sujet un objet et qui, par voie de conséquence, réduisait le temps à la fonction de classifier les objets. En historiographie, les deux causes, celle de l'objet et celle du temps, sont en effet liées, et sans doute l'objectivation du passé, depuis trois siècles, a-t-elle fait du temps l'impensé d'une discipline qui ne cesse de l'utiliser comme un instrument taxinomique. Dans l'épistémologie née avec les lumières, la différence entre le sujet du savoir et son objet fonde celle qui sépare du présent le passé. A l'intérieur d'une actualité sociale stratifiée, l'historiographie définissait comme « passé » (comme un ensemble d'altérités et de « résistances » à comprendre ou à rejeter) ce qui n'appartenait pas au pouvoir (politique, social, scientifique) de produire un présent. Autrement dit, est « passé » l'objet dont un appareil de production se distingue pour le transformer.

Peut-être qu'à restaurer l'ambiguïté qui saisit le rapport objet-sujet ou passé-présent, l'historiographie reviendrait à sa tâche ancienne, philosophique autant que technique, de dire le temps comme l'ambivalence même qui affecte le lieu où elle est, et donc de penser l'équivocité du lieu comme le travail du temps à l'intérieur même de la place du savoir. Ainsi « l'histoire immédiate » n'autorise plus à se distancer de son « objet » qui, en fait, la domine, l'enveloppe et la replace dans le réseau de toutes les autres « histoires ». De même, « l'histoire orale », quand elle ne se contente pas de transcrire et d'exorciser ces voix dont jadis la disparition était la condition de l'historiographie : s'il se met à entendre, sans s'arrêter à ce qu'il peut voir ou lire, le professionnel découvre en face de lui des interlocuteurs qui, bien que non spécialistes, sont eux aussi des sujets producteurs d'histoires et des partenaires du discours. Du rapport sujet-objet, on passe à une pluralité d'auteurs et de contractants. Elle substitue à la hiérarchie des savoirs une différenciation mutuelle des sujets. » L’histoire, science et fiction, Le Genre humain, Éditions Complexe, n° 7-8, été 1983, p. 147-169

2. Temporalité : les temps de l’histoire A. Temporalités différentielles à L’extension des champs d’investigation

à Les trois temps de l’histoire (Braudel 1946) : voir cours ms p. 23 B. Renversement d’une perspective : la longue durée à Contre l’histoire de l’événement (Braudel 1950 et 1958) Une réponse au structuralisme ?

à Les effets de la longue durée (Vovelle, 1978) De la cave au grenier (expression reprise en 1983) Les phénomènes à évolution lente

C. Entrelacement des temporalités à Limites du schéma braudélien ? (Prost 1996)

« Si l'on veut conserver à la démarche braudélienne sa fécondité, il faut en retenir l'intention et la démarche plus que l'aboutissement. L'important est de tenir compte de la temporalité propre à chaque série de phénomènes dans la recherche de leur articulation. Les diverses séries de phénomènes n' évoluent pas au même pas. Chacune a son allure propre, son rythme spécifique qui la caractérise en lien avec d'autres traits caractéristiques. Il est essentiel, pour comprendre leur combinaison, de hiérarchiser ces temporalités inégales. » p. 122

Ce propos de Prost fait écho à un propos antérieur aux réflexions de Braudel, tenu par Marc Bloch (1946)

Tant qu'on s'en tient à étudier, dans le temps, des chaînes de phénomènes apparentés, le problème, en somme, est simple.

C'est à ces phénomènes mêmes qu'il convient de demander leurs propres périodes. Une histoire religieuse du règne de Philippe Auguste? Une histoire économique du règne de Louis XV? Pourquoi pas: « Journal de ce qui s'est passé dans mon laboratoire sous la deuxième présidence de Grévy», par Louis Pasteur? Ou, inversement, « Histoire diplomatique de l'Europe, depuis Newton jusqu'à Einstein» ?

Sans doute, on voit bien par où des divisions tirées très uniformément de la suite des empires, des rois ou des régimes politiques ont pu séduire. Elles n'avaient pas seulement pour elles le prestige qu'une longue tradition attache à l'exercice du

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pouvoir [...]. Un avènement, une révolution ont leur place fixée, dans la durée, à une année, voire à un jour près. Or l'érudit aime, comme on dit, à « dater finement ». [...] Gardons-nous, pourtant, de sacrifier à l'idole de la fausse exactitude. La coupure la plus exacte n'est pas forcément celle qui fait appel à l'unité de temps la plus petite [...], c'est la mieux adaptée à la nature des choses. Or chaque type de phénomènes a son épaisseur de mesure particulière et, pour ainsi dire, sa décimale spécifique.

Apologie pour l'histoire, p. 93-94

à La longue durée ne fait pas tout (Vovelle, 1978)

Double origine de la longue durée : Braudel certes, mais aussi Labrousse. or l’histoire économique, par le biais des cycles fait intervenir un autre élément que la seule longue durée braudélienne, celui d a conjoncture.

Ainsi se forme le couple structure et conjoncture (cf événement et durée) à Vovelle 1978, (en référence à Althusser)

Force est bien de constater que les voies de la découverte historique aujourd'hui ne passent pas uniquement par les voies du temps long, il s'en faut. Parallèlement, émerge avec insistance une interrogation sur le changement sous ses formes brutales ou graduées: si l'on tente, sur ce plan aussi, de sérier lesétapes, il sera commode de partir du rôle nouveau qui se voit, en plus d’un lieu, attribué à l’événement. » p. 96-97

ð On le voit, la question de la temporalité historique touche de prêt à celle de l’interprétation en ce qu’elle introduit à la question de la causalité en histoire.

3. Le temps comme forme de causalité A. Retour sur l’idole des origines à Déterminisme historique et causalité linéaire

Toute mise en ordre chronologique, toute «mise en intrigue» linéaire risque de produire un effet d'enchaînement et donc de suggérer un rapport de causalité. François Furet souligne cette « logique implicite » du récit:

L'explication historique traditionnelle obéit à la logique du récit: l'avant explique l'après. Puisque, dans cette acception, 1'histoire a un sens pour ainsi dire préalable à l'ensemble des phénomènes qu'elle enveloppe, il suffit d'organiser les faits historiques sur l'échelle du temps pour qu'ils en reçoivent, par là même, leur signification à l'intérieur d'une évolution connue d'avance. La sélection elle-même de ces faits obéit à cette logique implicite, qui privilégie la période par rapport à l'objet et choisit les événements par rapport à leur place dans une narration, définie par un début et une fin. C'est pourquoi il importe peu que les événements soient uniques, non comparables ou même peu homogènes entre eux: ils reçoivent leur sens de l'extérieur. » L’Atelier de l’histoire, Flammarion,p. 14

Paul Veyne, en revanche, prend son parti du post hoc, ergo propter hoc. Parlant de 1'« explication historique », il dit:

« Elle n'est que la clarté qui émane d'un récit suffisamment documenté; elle s'offre d'elle-même à l'historien dans la narration et n'est pas une opération distincte de celle-ci, pas plus qu'elle ne l'est pour un romancier. Tout ce qu'on raconte est compréhensible, puisqu'on peut le raconter [...] Quand nous demandons qu'on nous explique la Révolution française, nous n'appelons pas de nos voeux une théorie de la révolution en général d'où se déduirait 1789, ni une élucidation du concept de révolution, mais une analyse des antécédents qui sont responsables de l'éclatement de cette révolution: l'explication n'est pas autre chose que le récit de ces antécédents, qui montre à la suite de quels événements l'événement de 1789 est arrivé, et le mot de cause désigne ces mêmes événements: les causes sont les divers épisodes de l'intrigue. » Comment on écrit l’histoire, p. 69-70

à Le poids dans l’enseignement de l’histoire, epuis la IIIe République

ex. : le roman national (Suzanne Citron ; Le Mythe national, l’histoire française revisitée, 1987).

B. Le faisceaux de causalité : vers une causalité complexe à Marc Bloch 1946 (voir cours manuscrit p. 19 et 20

à François Furet 1970 : de l’histoire récit à l’histoire problème (voir Febvre, 1953)

Heureusement, constate-t-il, «L'histoire a cessé d'être contenue tout entière dans une pensée généalogique selon laquelle l'avant explique l'après . »Et il développe l'analyse de cette transformation de la démarche historienne dans l'article « De 1'histoire-récit à 1'histoire problème ».

à même propos chez Michel Vovelle en 1978, mais ajoutant une remarque analogue relativement au schéma braudélien (ce qui nous ramène à notre propos précédent) :

« Sur l'enchaînement pauvre des événements historiques avec leurs causalités linéaires, l'histoire économique a eu l'immense mérite de superposer cette modulation à trois niveaux - temps court de la crise, moyen de l'intercyc\e, long du mouvement de longue durée. Elle est opératoire dans son domaine; mais la question que suggérait Braudel voici vingt ans: peut-on espérer

(9)

transposer ce modèle d'emboîtement des temps aux autres domaines historiques - à commencer par l'histoire sociale... -, n'a point reçu de réponse nette. Ou plutôt si ; au moins de fait: il semble bien, que pour les praticiens des histoires lentes, ce schéma, trop mécanique, soit de peu d'utilité ». p. 92

C. Renverser la perspective ? [Pb rapport passé/présent 2]

à Ce n’est plus le passé mais le présent qui devient le point fixe à partir duquel se déploie le regard de l’historien.

Benjamin (1892-1940 :

Sa philosophie de l'histoire est la plus tardive et l'écrit majeur, resté pourtant inachevé et toujours remis en chantier, « Sur le concept d'histoire » (rédigé en mars 1940, la dernière année de la vie tragique de walter benjamin) résume ses conceptions historiques. L'analyse se portera essentiellement sur ses thèses sur l'histoire de 1940 mais également de différents travaux qui sont des préparatifs de cette philosophie ou des compléments intéressants à sa philosophie de l'histoire. Dans cette optique différents textes sont incontournables pour comprendre la philosophie de l'histoire de benjamin : « Sur le concept d'histoire » bien sûr, « Eduard Fuchs : collectionneur et historien », « Pour une critique de la violence », « La vie des étudiants » et enfin le « Fragment théologico-politique ». Nous nous baserons aussi sur les commentaires indispensables de ses amis, ceux de Theodor Adorno, d'Hannah Arendt, de Gerhard Scholem ainsi que de l'analyse très intéressante de la philosophie messianique de benjamin dans « Témoins du futur : philosophie et messianisme », ouvrage écrit par Pierre Bouretz. En complément, il apparaît indispensable, pour comprendre totalement sa philosophie de l'histoire, d'avoir recours à différents éléments de l'existence de benjamin ainsi que les événements du monde dans lequel il vivait, monde auquel, selon Hannah Arendt, benjamin n'a jamais su s'adapter, d'où sa « difficulté d'être ».

Nous reprendrons, pour analyser la conception historique de benjamin, les quatre angles d'attaque définis par Rainer Rochlitz dans l'introduction de « walter benjamin, Ouvres I » (les trois premiers étant déjà exposés dans le texte sur Eduard Fuchs et le dernier n'est abordé que dans le « Fragment théologico-politique » et bien sûr dans les thèses « sur le concept d'histoire ») : - le caractère fulgurant de l'image historique contre l'image intemporelle de la vérité historique pour l'historicisme

- la confusion entre progrès technique et progrès de l'Humanité

- Opposition entre un temps linéaire, homogène et vide et une vision discontinuiste de l'histoire dans laquelle le présent est visé par le passé, devenu intégralement citable

- Le recours au messianisme et à la rédemption comme « concepts authentiques de l'histoire universelle »,

à Une question qui traverse la réflexion historique de la deuxième moitié du 20e siècle.

Bloch (histoire régressive),

Marrou (question dans le présent de l’historien), Veyne (rétrodiction).

3. Le temps comme objet d’histoire : le temps des sociétés

III. Le temps comme objet pour l’historien

L’histoire, contrairement à la mémoire ou au mythe, est ce qui introduit de la continuité dans la perception du temps. Elle implique donc, en lien avec la notion d’événement qui la fonde (oupure passé/présent), celle de durée. Une durée dans laquelle s’ordonnent les événements qui la rythment et permettent de la sorte de la découper en séquences, qui de chronologiques, deviennent par glissement logiques (c’est-à-dire forment des unités de sens).

1. Le temps comme durée

La question se pose donc de l’appréciation de l’épaisseur du temps historique, donc de sa consistance et de ce qui fait d’une durée un temps historique.

A. Les mesures du temps

à Les données scientifiques : elles construisent un temps régulier, en ce qu’elles relèvent du principe de l’échelle graduée.

Le temps astronomique, le temps métrique

àLe temps calendaire relève a priori de la même logique : un découpage « objectif » du temps, un donné qui s’impose à l’historien (année, décennie, siècle, millénaire)

(10)

ð Or cette perception soulève deux objections relativement à la pensée historique du temps : Bloch : contre temps métrique ou Milo contre le siècle

B. Le temps comme réalité historique, donc sociale à Le temps calendaire comme temps social : ères, générations, règnes

« On entend par période chronologique des séries composées d’un certain nombre d’années, nombre indéterminé dans le cas des ères, qui ont servi à la supputation des temps » (Pléiade, 1961)

- Ex. : Olympiades (776 avant JC) premier exemple de l’usage de compter le temps d’après une époque fixe détermine par un grand événement à partir duquel on compte les années. Puis ère de l’Incarnation

- Ex. : années de règnes (Babylonie, Egypte) ou encore année consulaire (Rome), archonte éponyme (Athènes)

à L’ère de l’incarnation, combinée à l’expansion européenne, à l’évolutionnisme et au développement d’une mesure rationnalisée du temps débouche sur une autre forme de l’usage calendaire, fortement présent dans la pensée historique française et européenne : le siècle. Lequel conserve cepednant ses ambiguïtés : Siècle de Périclès, de Justinien, de Louis XIV…

2. Temps historique et temps des sociétés

A. Temps La mémoire comme objet d’histoire à Le Goff : Mémoire et histoire

B. La construction du temps historique à Le temps comme objet d’histoire sociale Le Goff : temps de l’église et temps du marchand Vidal-Naquet et Clisthène

à Natalie Petiteau, 2008 : regard sur la construction historique d’un rapport au temps d’une histoire donnée, celle de l’Empire : voir la nostalgie d’un enfant du siècle (Musset)

Résumé :

Il existe différentes perceptions du temps de l’Empire. Les mémorialistes civils ont le sentiment d’un retour à un temps d’apaisement et de restauration d’un cours habituel de l’existence, tandis que les militaires disent combien les temps de l’Empire sont avant tout caractérisés par la densité des événements guerriers et constituent des temps d’exception. Avec les historiens, dès les lendemains de 1815, les années 1800-1815 sont érigées en temps mémorables. Pour l’heure cependant, on ne connaît guère que le temps des élites.

Extrait :

« Finalement, comprendre les rapports que les Français ont à l’Empire, c’est analyser les lectures successives de ce temps qui signifie pour beaucoup de contemporains et d’historiens du XIXe siècle densité des événements, mais aussi ouverture d’une ère nouvelle, alors même que nombre de mémorialistes témoignent de la perception d’un temps individuel souvent, mais pas forcément, marqué par un retour à un cours apaisé de l’existence.

Manifestement, il existe différents « temps de l’Empire », selon les sources auxquelles on se réfère. »

3. Temps historique et conscience historique [Pb rapport passé/présent 3]

ðLa définition du sujet historique

A. Les dimensions de la conscience historique à Raymond Aron

« Chaque collectivité a une conscience historique, je veux dire une idée de ce que signifient pour elle humanité, civilisation, nation, le passé et l'avenir, les changements auxquels sont soumises à travers le temps les oeuvres et les cités. En ce sens large et vague, Grecs, Chinois, Indiens, qui ne croyaient pas au progrès et ne se souciaient pas d'élaborer une connaissance

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scientifique du passé, avaient une certaine conscience de l'histoire, mais celle ci différait radicalement de la conscience historique des Européens du XIX° et du XX° siècles. La conscience historique au sens étroit et fort de l'expression, comporte, me semble-t-il, trois éléments spécifiques: la conscience d'une dialectique entre tradition et liberté, l'effort pour saisir la réalité ou la vérité du passé, le sentiment que la suite des organisations sociales et des créations humaines à travers le temps n'est pas quelconque ou indifférente, qu'elle concerne l'homme en ce qu'il a d'essentiel. Le premier élément est ce que les philosophes appellent volontiers historicité de l'homme. Il est proche de ce que d'autres ont appelé le caractère prométhéen de la réalité historique: les hommes ne se soumettent pas passivement au destin, ils ne se contentent pas de recevoir les traditions que l'éducation a déposées en eux, ils sont capables de les comprendre, donc de les accepter ou de les rejeter. Cette compréhension ne se confond pas avec connaissance historique à prétention scientifique, elle ne l'implique même pas logiquement. »

à Le temps comme donnée de la conscience Bergson, Bachelard (psychologie)

à Ce qui est ici de l’ordre de la réflexion philosophique, donc du constat scientifique, peut déboucher en matière d’enseignement sur une démarche volontariste (sur laquelle je reviendrai avec la question du rôle social de l’historien en L3)

C’est le cas de la démarche affirmée par JL Nembrini (IG) à propos du manuel franco-allemand

« Ce manuel a pour but de poser les bases d’une conscience historique commune chez les élèves allemands et français. Il est un signe et un symbole du rapprochement de nos 2 nations et du renforcement de l’identité européenne ; il exprime la volonté de contribuer à la construction de la citoyenneté européenne. De la même manière qu’en France, l’enseignement de l’histoire nationale a contribué à l’installation de la République. Ce manuel commun ne peut qu’aider à renforcer le sentiment d’une unité européenne. Par ailleurs, ce manuel participe de l’utile travail d’approfondissement des relations entre nos 2 pays, au moment où l’Europe doit résoudre les problèmes de son organisation politique, de son élargissement et de ses limites. Il permettra également d’enrichir la réflexion historique sur de nombreux sujets : les élèves bénéficieront du croisement des points de vue sur certaines questions et d’une documentation jusque-là absente des manuels d’Histoire. Ce manuel représente une révolution dans l’enseignement de l’Histoire dans les lycées, car l’enseignement de l’Histoire, comme d’ailleurs l’enseignement de la Littérature, est essentiellement de tradition nationale. C’est aussi une grande première pour le ministère de l’Éducation nationale qui ne s’était jamais aventuré auparavant sur un terrain de cette nature. »

ð L’historicité, autre forme d’expression de cette conscience historique :

Désignant généralement « le caractère de ce qui est historique » (Robert), l’historicité comporte deux sens bien distincts, mais qui intéressent tous deux les sciences humaines. En un premier sens, plus technique ou historiographique, « ce qui est historique » s’oppose à ce qui n’est que mythe ou légende. L’historicité caractérise alors ce qui peut être attesté de manière factuelle, par la « critique des sources » que pratiquent toutes les sciences humaines. Ainsi, un historien peut s’interroger sur l’historicité de la Guerre de Troie, un théologien sur celle de la résurrection du Christ ou un philologue sur l’authenticité d’un document. En un second sens, plus philosophique, l’historicité (parfois appelée « historialité », pour la distinguer du premier sens) évoque une caractéristique universelle de la condition humaine, le fait qu’elle soit déterminée de part en part par sa condition historique. En soulignant la contingence et la relativité de toutes les opinions, cette historicité fait surgir le problème du relativisme (ou de l’historicisme). Dans ses deux sens, le terme n’est apparu qu’au XIXe siècle, mais n’a acquis une portée philosophique fondamentale qu’au XXe, chez des auteurs comme Dilthey, Heidegger, Gadamer et Ricoeur.

S. Mesure et P. Savidan (dir.), Dictionnaire des sciences humaines, Paris, PUF, 2006, p. 485-486, 532-533, 570-573.

B. Temps et sujet historique à Koselleck (Gadamer) 1979 (1990)

Gadamer, Le Problème de la conscience historique (1958) àChesneaux 1994 ; Habiter le temps

« La révolution copernicienne au sens de Benjamin [...] concerne donc à la fois le savoir professionnel des historiens et la relation d'ensemble que la société entretient avec son passé. Prendre le présent comme «point fixe» [...] signifie en effet que le passé sera l'objet d'une réflexion, presque au sens optique du terme: les rayons en provenance du présent viennent illuminer, selon le mot d'Arendt, le passé, mais pour revenir au présent. C'est ce présent qui agit. qui émet ces rayons en fonction de sa dynamique propre. Mais si cette ré-flexion à partir du présent et en direction du passé revient au présent - ce qui est une démarche politique -, ce n'est pas pour s'y arrêter. La métaphore optique est ici tout à fait appropriée, en ce qu'elle prolonge vers l'avenir ce mouvement de ré-flexion [...] Autant que des priorités et de la dynamique du présent, le renversement copernicien en histoire est indissociable d'un projet politique d'avenir et vient le nourrir. Tel est le « bon usage du passé» . »

ð Positionnement contre la post-modernité Références :

Natalie Petiteau, « Les Français face au temps de l’Empire », Revue d'histoire du XIXe siècle [En ligne], 25 | 2002, mis en ligne le 07 mars 2008. URL : http://rh19.revues.org/index417.html

(12)

QUELQUES ELEMENTS BIBLIOGRAPHIQUES SUR LE TEMPS DE LHISTORIEN

1°- Un ouvrage qui permet de faire le point

LEDUC Jean, Les Historiens et le temps : conceptions, problématiques, écritures, Paris, Le Seuil,

« Points », 1999.

2°- Quelques références de base

BLOCH Marc, Apologie pour l’histoire ou Métier d’historien, Paris, A. Colin, 1993.

BRAUDEL Fernand, Écrits sur l’histoire, Paris, Flammarion, 1969 [leçon inaugurale au collège de France, 1950].

BRAUDEL Fernand, La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II, Paris, Armand Colin, 1949, nouvelle éd. revue, mise à jour et augmentée de cartes et iconographie, avec nouvelle préf., 1963 [Introduction qui expose les trois temps qui structurent l’oeuvre].

KOSELLECK Reinhart, Le Futur passé : contribution à la sémantique des temps historiques, Paris, EHESS, 1990 (1re éd. allemande 1979).

LE GOFF Jacques (dir.), La Nouvelle histoire, Éditions complexe, 1988 [chapitre sur la longue durée de Michel Vovelle].

MARROU Henri-Irénée, De La Connaissance historique, Paris, Seuil, 1975 (1re éd. 1954) [notamment chapitres 1, 2, 4 et 5].

PROST Antoine, Douze leçons sur l’histoire, Paris, Seuil, 1996 [chapitre 5, p. 101 et suivantes : Les Temps de l’histoire].

3°- Quelques ouvrages plus spécifiques

ARIES Philippe, Le Temps de l’histoire, rééd., préf. Roger Chartier, Paris, Seuil, 1986 (1re éd. 1954).

B

EDARIDA

François, « L’Historien, régisseur du temps ? », in Revue Historique, n° 605, janv.-Mars 1998, p. 23.

M

ILO

Daniel, Trahir le temps (Histoire), Paris, Les Belles Lettres, 1991.

POMIAN Krysztof, L’Ordre du temps, Paris, Gallimard, 1988.

CHESNEAUX Jean, Habiter le temps : passé, présent, futur : esquisse d’un dialogue politique, Paris, Bayard édition, 1996.

4°- Quelques rélflexions hors du champ de l’histoire 1-En France :

ARON Raymond, Les Dimensions de la conscience historique, Paris, Plon, 1961.

BACHELARD Gaston, L’intuition de l’instant, Stock, 1992 (1re édition 1931).

BERGSON Henri, Essai sur les données immédiates de la conscience, Paris, PUF, 1991 (1re édition 1889).

FOUCAULT Michel, L’Archéologie du savoir, Paris, Gallimard, 1969.

GURVITCH Georges, La Multiplicité des temps sociaux, Paris, 1961 (1re éd. 1958).

LEVI-STRAUSS CLaude, Anthropologie structurale, Paris, Plon, 1958.

RICOEUR Paul, Temps et récit, 3 tomes, Paris, Seuil, 1983-1985.

2- En Allemagne :

GADAMER Hans-Georg, Le Problème de la conscience historique, Paris, Seuil, 1996 [cycle de conférences à l’université de Louvain, 1958].

HEIDEGGER Martin, Être et Temps, Paris, Gallimard, 1986 (1re édition allemande : Sein und Zeit).

HUSSERL Edmund, Leçons pour une phénoménologie de la conscience intime du temps, Paris, 1991.

(13)

Documents pour le cours :

Ch.-V. Langlois & Ch. Seignobos, Introduction aux études historiques, Hachette, 1911, 4

e

édition, (1898).

Livre III Opérations synthétiques Ch. II Groupement des faits

P. 211 reprise de Condorcet et Comte : statique sociale / dynamique sociale i. e.

historiques ? Voir aussi Durkheim. Évolution et évolutionnisme. Voir aussi Bloch et changement, ou encore Labrousse vs Braudel.

IV. Tout ce travail aboutit à dresser le tableau de la vie humaine à un moment donné ; il donne la connaissance d’un état de société (en allemand, Zustand). Mais l’histoire ne se borne pas à étudier des faits simultanés pris au repos (on dit souvent à l’état statique). Elle étudie les états de société à des moments différents et constate entre eux des différences. Les habitudes des hommes et leurs conditions matérielles changent d’une époque à l’autre ; même lorsqu’elles semblent se conserver, elles ne restent pas exactement pareilles. Il y a donc lieu de rechercher ces changements ; c’est l’étude des faits successifs.

De ces changements les plus intéressants pour la construction historique sont ceux qui se produisent dans un même sens

2

, de façon que par une série de différences graduelles, un usage, ou un état de société se transforme en un usage ou un état différents, ou pour parler sans métaphore, que les hommes d’un temps pratiquent une habitude très différente de leurs devanciers sans avoir traversé de changement brusque. C’est l’évolution.

L’évolution se produit dans toutes les habitudes humaines. Il suffit donc pour la rechercher de reprendre le questionnaire qui a servi à dresser le tableau de la société. Pour chacun des faits, conditions, usages, personnel investi de l’autorité, règles officielles, se pose la question : Quelle a été l’évolution de ce fait ?

L’étude comportera plusieurs opérations : 1° déterminer le fait dont on veut étudier l’évolution ; 2° fixer la durée du temps pendant lequel elle s’est accomplie ; on devra la choisir de façon que la transformation soit évidente et que pourtant il reste un lien entre le point de départ et le point d’arrivée ; 3° établir les étapes successives de l’évolution ; 4° chercher par quel moyen elle s’est faite.

Ch.-V. Langlois & Ch. Seignobos, Introduction aux études historiques, Hachette, 1911, 4

e

édition, (1898).

Livre III Opérations synthétiques Ch. II Groupement des faits

P. 212-213 Hasard Cournot 1872. Voir Voltaire ainsi que Gould et contingence. Accidents : voir Marx et Révolutions. Question de la place de la rupture, donc de l’événement en histoire. Labrousse vs Braudel à nouveau. P. 213~2 : redéfinit l’événement en histoire.

Histoire littéraire vs histoire scientifique.

Cette nécessité d’étudier des faits uniques a fait dire que l’histoire ne peut être une science, car toute science a pour objet le général. — L’histoire est ici dans la même condition que la cosmographie, la géologie, la science des espèces animales ; elle n’est pas la connaissance abstraite des rapports généraux entre les faits, elle est une étude explicative de la réalité ; or la

2

On n’est pas d’accord sur la place à faire en histoire aux changements en sens inverses, aux

oscillations qui ramènent les choses au point de départ.

(14)

réalité n’a existé qu’une seule fois. Il n’y a eu qu’une seule évolution de la terre, de la vie animale, de l’humanité. Dans chacune de ces évolutions les faits qui se sont succédé ont été le produit non de lois abstraites, mais du concours à chaque moment de plusieurs faits d’espèce différente. Ce concours, appelé parfois le hasard, a produit une série d’accidents qui ont déterminé la marche particulière de l’évolution

3

. L’évolution n’est intelligible que par l’étude de ces accidents ; l’histoire est ici sur le même pied que la géologie ou la paléontologie.

Ch.-V. Langlois & Ch. Seignobos, Introduction aux études historiques, Hachette, 1911, 4

e

édition, (1898).

Livre III Opérations synthétiques Ch. II Groupement des faits

P. 212-213 Sur les relations entre les différentes espèces de faits pour dresser le tableau général de l’évolution des sociétés (des histoires spéciales à l’histoire générale). Donc une forme d’histoire totale (ajouter p. 214~2 : histoire politique =histoire générale).

Michelet n’est pas complètement oublié… en théorie sinon en pratique ! Ajouter une trace de vitalisme : seuls les êtres réels évoluent.

Ainsi l’histoire scientifique peut reprendre, pour les utiliser dans l’étude de l’évolution, les accidents que l’histoire traditionnelle avait recueillis par des raisons littéraires, parce qu’ils frappaient l’imagination. On pourra donc chercher les faits qui ont agi sur l’évolution de chacune des habitudes de l’humanité ; chaque accident se classera à sa date dans l’évolution où il aura agi. Il suffira ensuite de réunir les accidents de tout genre et de les classer par ordre chronologique et par ordre de pays pour avoir le tableau d’ensemble de l’évolution historique.

Alors, par-dessus les histoires spéciales où les faits sont rangés par catégories purement abstraites (art, religion, vie privée, institutions politiques), on aura construit une histoire

p.202

concrète commune, l’histoire générale, qui reliera les différentes histoires spéciales en montrant l’évolution d’ensemble qui a dominé toutes les évolutions spéciales. Chacune des espèces de faits qu’on étudie à part (religion, art, droit, constitution) ne forme pas un monde fermé où les faits évolueraient par une sorte de force interne, comme les spécialistes sont enclins à l’imaginer. L’évolution d’un usage ou d’une institution (langue, religion, Église, État) n’est qu’une métaphore, un usage est une abstraction ; une abstraction n’évolue pas ; il n’y a que des êtres qui évoluent au sens propre

4

.

Ch.-V. Langlois & Ch. Seignobos, Introduction aux études historiques, Hachette, 1911, 4

e

édition, (1898).

Livre III Opérations synthétiques Ch. II Groupement des faits

P. 214 Décloisonner l’histoire cf. mérite de Taine. À mettre en regard des critiques de Febvre. Voir aussi approche systémique. Et histoire politique comme histoire totale.

Histoire politique, nationale, de l’État=même objet (Staatengeschichte). Voir encore p. 245- 246 avec référence à Montesquieu et à l’historiographie allemande. Mais refus de la

3

La théorie du hasard a été faite de façon décisive par M. Cournot, Considérations sur la marche des idées et des événements dans les temps modernes, Paris, 1872, 2 vol. in-8.

4

Lamprecht, dans un long article, Was ist Kulturgeschichte, publié dans la Deutsche

Zeitschrift für Geschichtswissenschaft, nouvelle série, t. I, 1896, a tenté de fonder l’histoire de la civilisation sur la théorie d’une âme collective de la société qui produirait des phénomènes

« socialpsychiques » communs à toute la société et différents dans chaque période. C’est une

hypothèse métaphysique.

(15)

philosophie de l’histoire. Sur les philosophies de l’histoire et leurs concepteurs, voir p. 247 sq. Voir également p. 202 citée plus haut.

L’évolution d’un usage ou d’une institution (langue, religion, Église, État) n’est qu’une métaphore, un usage est une abstraction ; une abstraction n’évolue pas ; il n’y a que des êtres qui évoluent au sens propre

5

. Lorsqu’apparaît un changement dans un usage, c’est que les hommes qui le pratiquent ont changé. Or les hommes ne sont pas divisés en compartiments étanches (religieux, juridiques, économiques) où se passeraient des phénomènes intérieurs isolés ; un accident qui modifie leur état change leurs habitudes à la fois dans les espèces les plus différentes. L’invasion des Barbares a agi à la fois sur les langues, la vie privée, les institutions politiques. On ne peut donc pas comprendre l’évolution en s’enfermant dans une branche spéciale d’histoire ; le spécialiste, pour faire l’histoire complète même de sa branche, doit regarder par-dessus sa cloison dans le champ des événements communs. C’est le mérite de Taine d’avoir déclaré, à propos de la littérature anglaise, que l’évolution littéraire dépend, non d’événements littéraires, mais de faits généraux.

5

Lamprecht, dans un long article, Was ist Kulturgeschichte, publié dans la Deutsche

Zeitschrift für Geschichtswissenschaft, nouvelle série, t. I, 1896, a tenté de fonder l’histoire de la civilisation sur la théorie d’une âme collective de la société qui produirait des phénomènes

« socialpsychiques » communs à toute la société et différents dans chaque période. C’est une

hypothèse métaphysique.

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