• Aucun résultat trouvé

Viens et vois : Une leçon de l entrepreneuriat féminin africain Come and see: A lesson in African female entrepreneurship

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Viens et vois : Une leçon de l entrepreneuriat féminin africain Come and see: A lesson in African female entrepreneurship"

Copied!
8
0
0

Texte intégral

(1)

1

Viens et vois : Une leçon de l’entrepreneuriat féminin africain Come and see: A lesson in African female entrepreneurship

Félix NTEP Enseignant-chercheur

Université Gaston berger de Saint-Louis

Laboratoire Saint-Louis Etudes et Recherche en Gestion- Serge ntep_f@yahoo.fr

Il est temps d’y croire, aucun continent n’a autant besoin d’entrepreneuriat féminin que l’Afrique, sur le plan économique, culturel, social, politique et psychologique.

Pourquoi cela ?

Parce que, d’un côté, son économie traverse une période de formidables mutations structurelles qui mobilisent de très grandes capacités d’innovations. D’un autre côté, l’Afrique est au cœur d’une période de transition démographique de toute première importante. Ni la présence de la crise sanitaire (covid-19) dans son sol, depuis le 14 février (le tout premier cas est annoncé en Egypte) de cette année 2020, ni les scénarii catastrophiques de perte humaine liés au covid-19 concoctés par l’organisation mondiale de la santé et par la majorité des pays occidentaux à l’égard de sa population, qui tardent à correspondre à la réalité, ne semblent pas changer cet effet. A la date de sortie de ce numéro spécial, le nombre de jeunes demandeurs d’emplois parvenant à en décrocher un a considérablement baissé, partout dans le continent.

Parallèlement, le nombre de jeunes ayant bénéficié d’un niveau d’éducation plus élevé que celui de leurs ainés ne cesse de croître rapidement, de même que le nombre de jeunes candidats à l’entrepreneuriat, dans leur pays respectif. Il est vrai que, dans l’un ou l’autre cas, le problème démographique est toujours préoccupant et prioritaire. Ce problème justifie bien que je pose la question suivante1 : comment chaque pays parvient-il à subvenir aux besoins divers et hétérogènes de sa population jeune, entre 15 et 24 ans, dont le pourcentage est en constante évolution chaque année ? Cette question apparaît encore plus réelle et actuelle, au regard de sa situation de leader mondial en nombre de jeunes. Elle est encore plus vivante au regard de la situation des femmes en Afrique.

Selon l’ONU, les femmes sont les premières à souffrir du manque des infrastructures de bases (santé, éducation, etc.) et de la présence de nombreuses contraintes imposées par les divers environnements dans leur pays respectif. Néanmoins le taux de fécondité reste élevé, l’ONU parle du passage de huit enfants par femme à six et demi maintenant.

Dans le monde des affaires, les femmes occupent à peu près 70% du secteur informel.

L’Ouganda, le Ghana, le Botswana, le Malawi, l’Angola, le Nigéria, l’Afrique du Sud, l’Ethiopie, la Tunisie et l’Algérie sont les pays qui possèdent plus de femmes propriétaires de grandes entreprises en Afrique. D’après le Global Fintech Index City Rankings 20202, l’Afrique du sud, le Kenya et le Nigéria comptent aujourd’hui quelques-uns des hubs de la fintech les plus dynamiques au monde, donc la majorité appartient aux femmes.

Les éléments de réponses à cette question sont sans aucun doute à puiser dans ce que j’appellerai l’ethos capitaliste africain, s’incarnant dans une éthique de la bonne volonté et de

1 Ce texte introductif est écrit à la première personne. Il ne s’agit pas d’une autobiographie, ni d’une autofiction,

encore moins d’un roman sur l’entrepreneuriat. Il révèle plutôt une tentative justifiée de l’importance de l’entrepreneuriat des femmes pour le développement de l’Afrique.

2 C'est le premier indice conçu pour classer l'activité fintech à l'échelle mondiale, pour comprendre l'ampleur et la portée de l'activité fintech dans différentes régions du monde.

(2)

2 la recherche du mieux-être. Toutes les femmes entrepreneures le savent, puisqu’elles n’ont pas hésité à mettre leurs compétences et leurs imaginations à contribution pour apporter, à leur manière, des réponses à cette question. Tous les gouvernements des pays d’Afrique le savent également, puisque qu’ils ont fait le pari, dans leurs programmes de développement, avec les actions, les institutions et les décisions qui sont censées créer les conditions favorables à l’esprit entrepreneurial. Après lecture de quelques programmes qui révèlent des efforts de projection dans le futur de l’entrepreneuriat, j’ai pu observer une chose qui constitue pour moi un handicap majeur à l’émergence et à la consolidation de ce que Peter Drucker (1982) appelle l’économie des entrepreneurs: c’est l’absence, au niveau global, au sein des organisations africaines, de connexion et de coordination des actions, des institutions et des décisions, qui existent déjà dans les programmes de chaque pays, et qui sont favorables à l’esprit entrepreneurial. Bref, c’est l’absence d’une véritable politique de l’entrepreneuriat des femmes, au sein des programmes des organisations africaines, telles que l’Union africaine, la banque africaine de développement, les instances de la CDEAO et de la CEEMAC et l’Union du Maghreb arabe.

Pour tenter une illustration, je dirais que ces organisations africaines ont laissé le terrain de l’entrepreneuriat des femmes à certains organismes, tels que ONU-femmes, l’UE, l’OCDE, et à certains Etats, tels que la France, la Chine, la Russie, la Turquie, les Etats-Unis. En faisant cela, et malgré leur bonne volonté (par exemple, en finançant certains forums dédiés à l’entrepreneuriat ou en facilitant l’accès à leur financement, sans toutefois poser les jalons d’une coopération durable qui serait favorable à l’éthos capitaliste des femmes africaines), je soupçonne que ces organisations africaines désavouent les prédispositions à entreprendre des africains. Ce premier fait, montrant de multitudes initiatives des organismes étrangers en faveur de l’éthos capitaliste des femmes africaines, renforce encore plus mon soupçon. L’accompagnement des entrepreneures africaines par ceux de l’extérieur, que ce soit dans leur pays respectif ou que ce soit dans un pays africain, comme j’ai pu le lire dans la contribution de l’un des auteurs de ce numéro qui parle de la chine, est un exemple. Ce même exemple est observé chez les français, les russes, les turcs et les américains, que l’on soit au Cameroun, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Mali, au Tchad, en République centrafricaine, etc., ou que l’on soit en Europe. Quoique mâtiné de bonnes intentions, l’activisme de l’ONU-femmes est un autre exemple qui justifie ce fait, puisqu’il n’apporte pas de solutions définitives aux femmes candidates à l’entrepreneuriat. A cela, je peux ajouter ce qui est devenu un deuxième fait, c’est-à-dire la nécessité d’accompagner les femmes afin qu’elles puissent créer et développer les activités pérennes et dynamiques, parce qu’elles paraissent toujours moins performantes que celles des hommes. Je peux l’ajouter parce que de nombreuses études scientifiques, notamment, pour citer celles faites au Canada et aux Etats-Unis, de Robichaud, Mc Graw et Roger (2005), Cliff (1998) et Fairlie et Robb (2009), et de nombreux conseils des organismes cités ci-dessus vont dans le même sens.

Pourtant, aucun autre continent ne possède autant de femmes qui ont des prédispositions à entreprendre ou qui sont candidates à l’entrepreneuriat que l’Afrique. Cette réalité n’est pas toujours mise en avant, et même prouvée statistiquement. Beaucoup de gens mettent plutôt l’accent sur les besoins de nécessité pour justifier l’entrepreneuriat informel des femmes en Afrique. Par exemple, des thèses, des ouvrages, des mémoires et des rapports des organismes internationaux parlent davantage d’entrepreneuriat des femmes posté aux marges de l’économie dominante en Afrique, ou d’entrepreneuriat lorsqu’ils justifient les créations de petits commerces par les femmes qui veulent aider leur famille ou la création des micro- entreprises pour s’accommoder des transferts contraignants en direction de leur famille. Au moins jusqu’à récemment, c’est-à-dire à peu près au début des années 1990 où, nous

(3)

3 rappellent Copans (1995) et Hopkins (1995), les européens ont commencé à s’intéresser au monde des affaires africain, jusqu’en 2010, date de création de l’ONU-femmes, cette littérature a fait son chemin, psalmodiant d’un côté l’entrepreneuriat des femmes qui se réalise rarement sous la forme des entreprises à la fois transparentes et dynamique, et d’un autre côté la nécessité d’accompagner des femmes candidates à l’entrepreneuriat, comme si c’était la seule voie vers leur réussite entrepreneuriale. Alors que la réalité a toujours été là et sera toujours là, hier, aujourd’hui et demain, pour relativiser le discours de manque qui est mis en avant dans cette littérature. Pour avoir les preuves, il suffit d’arpenter les zones de transactions de chaque pays d’Afrique pour voir les faits qui corroborent que les femmes entreprennent dans la haute technologie, sans attendre l’aide d’un quelconque organisme, ni les mille promesses de l’Etat qui sont censées créer les conditions favorables à leur épanouissement entrepreneurial. De même qu’il existe d’autres faits qui corroborent qu’elles possèdent des entreprises dans les secteurs à haute valeur ajoutée et dans les industries florissantes, qu’elles pilotent les projets de développement pour le compte de l’Etat, des organismes privés nationaux et internationaux et qu’elles sont des entrepreneures réputées pour leurs innovations au sein des grands groupes internationaux.

Quelques exemples, illustrant ces faits, sont présentés dans le tableau numéro un ci- dessous. On trouve également d’autres exemples dans le numéro de 4 mars 2020 du Journal de l’Agence Ecofin. Ils justifient bien que je pose également la question suivante : quoi offrir à la population jeune africaine en perpétuelle évolution et en mouvement ? Par cette offre, j’entends les produits et les services qui ajoutent de la valeur à l’économie et à la société d’un pays et de toute l’Afrique, en particulier.

Les éléments de réponses à cette deuxième question sont sans aucun doute également à puiser dans l’ethos capitaliste africain, et notamment au niveau de la recherche du mieux-être de la population. Je ne dirai pas qu’ils sont à puiser dans le terrain de la comparaison entre ce que propose l’entrepreneuriat des femmes et ce que propose l’entrepreneuriat des hommes, sur le plan quantitatif ou sur le plan qualitatif, pour satisfaire les besoins divers et hétérogènes de la population. Je ne dirai pas cela, car je ferai fi de la finalité de toute offre entrepreneuriale. Les faits présentés précédemment justifient bien que je dise ceci : l’offre entrepreneuriale proposée par les femmes se focalise, de plus en plus, sur ce qui fonctionne et sur les possibilités de réajuster ce qui ne fonctionne pas, pour le bien-être et même au-delà de ce bien-être de la population, à l’intérieur du continent africain, et à l’international. En d’autres termes, le développement de l’entrepreneuriat des femmes se donne à lire, de plus en plus, dans cette focalisation de l’offre entrepreneuriale des femmes se faisant, de mieux en mieux, en faveur du mieux-être de la population du continent et à l’international.

Un aperçu de cette offre est donné dans le tableau ci-dessous. Ce dernier présente une cinquantaine de femmes entrepreneures qui montrent que tout peut être possible en Afrique. Chaque femme se révèle dans sa capacité à réussir l’épreuve de la dure réalité des faits de l’environnement des affaires de son pays d’origine. Elle se caractérise par son âge, sa formation diplômante et son expérience professionnelle dans les mêmes domaines de spécialités que les hommes. Toutes les femmes ont créé des entreprises qui proposent des produits ou des services différentiés et singuliers, même dans les interstices de l’économie de leur pays respectif. Chaque création opère un changement au sein de l’univers concurrentiel d’une zone de transaction quelconque de chaque pays africain. En témoigne cet exemple, que je présente de façon générale, c’est-à-dire la création de tout restaurant. Cette dernière est de plus en plus source de changement de proximité. Elle cape une partie des consommateurs domestiques des concurrents qui, parfois, sont attirés par une nouvelle offre de produits et de services créée. Elle crée un nouveau lieu d’expression et de valorisation des relations amicales, de valeurs sociales, des signes ostentatoires de richesses. Dans ce lieu on s’échange des rumeurs, on prend

(4)

4 des nouvelles des autres, on exhibe des marques d’habits, de voitures luxueuses, la limite des cas est incertaine. Cette création apporte également du nouveau dans les stratégies commerciales, notamment de coût (les prix pratiqués sont bas pour fidéliser une clientèle nombreuse ou les prix sont élevés pour fidéliser une clientèle fortunée de plus en plus importante en Afrique en ce moment), de volume (l’offre satisfait une large gamme de clients fortunés et non fortunés) et de singularité (l’offre est recentrée sur les spécialités culinaires du terroir ou sur ce qui ressort de différent dans l’appréciation du client). Cette création apporte donc de quoi offrir pour garantir le vivre-ensemble, la réduction de la monotonie et des conflits latents, la satisfaction des besoins, la réputation de bons payeurs, etc., de la population installée dans une zone de transaction commerciale.

(5)

5 Tableau n°1 : les 50 femmes entrepreneures qui montent en 2019 et 2020

Noms et prénoms Formation Pays Entreprises créées Noms et prénoms Formation Pays Entreprises créées

1- Ayodélé Ognin MBA Paris Bénin Wurami Consulting 26- Elise Koivogui Spécialiste en communication

Guinée More an More 2-Annie Bosson Ingénieur - financier Côte d’Ivoire ASM Services 27-Djenabou Diallo Master agro-physiologie Guinée Produire du miel :

projet 3- Kante Coulibaly Master Audit et contrôle Côte d’Ivoire DISTRIPREST 28- Djenab Thiam Tourisme et Hôtellerie Guinée Pâtisserie 4- Diaby Bintou Finance et comptabilité Côte d’Ivoire Ghazaly Sons et Co 29- Fatoumata Bah Gestion commerciale Guinée AGRINNOV 5- Maman Soja Assistante sociale Côte d’Ivoire Bakthi, agriculture 30- Wanjiru Zoe M Informaticienne Kenya Bush and Events

Africa 6- Huguette Kohoue

Lawson

Diplômée en sciences économique et gestion

Côte d’Ivoire SAGES CI 31- Joanne Mahugu Ingénieur en génie civil Kenya Talies Africa 7- Solange Kouadio Troisième secondaire Côte d’Ivoire Boutique « bonheur

des Dames »

32- Edih Orego MBA en commerce international

Kenya Edibowl Foods Limited

8- Akisi Julie Kouame - Côte d’Ivoire Roschesli Création 33- Mutheu Mutua Licence en informatique Kenya Women Biz360 Hub 9- Safiatou Keita Spécialiste en Sourcing Côte d’Ivoire Hedvin sarl 34- Wairimu Munyua Licence en éducation Kenya Textile et habillement 10- Honorine Ollo Maitrise en droit Côte d’Ivoire CI TOURS, aviation 35- Kinyanjui-

Gitonga

Licence en arts Kenya Silverscope Limited 11-Suzanne Abrogoua - Côte d’Ivoire MELABR, social 36- Jane wangari Maitrise en administration Kenya Lejan Energy

Limited 12- Aminata Dosso Maitrise en droit Côte d’Ivoire Corail Immobilier 37- Uwineza Clarisse Diplômée en chimie Rwanda EPO Ltd 13- Fatil Sidibe Sage-femme Côte d’Ivoire Ciorra et Co 38- D. Khady Thiam Master en communication Sénégal « Possible » 14- Arcadie Svetlana

Minguengui Ndomba

Diplômée de l’ENA du Gabon

Gabon PME 3D Afrique - Gabon

39- Bladine Umuziranenge

Troisième cycle en gestion de l’innovation sociale

Rwanda Kosmotive, santé 15- Leyinda Yekegni

Bouanga

BTS en tourisme et hôtellerie

Gabon Dona Services, service et commerce

40- Espérance Kanani

Licence en gestion Rwanda Women Import et export Network

16- Beang Mba Ménagère Gabon Les saveurs de

Meteck M’Avie

41- Sandrine Umuhoza

Diplôme en génie civil, licence en design, technologie

Rwanda IRABA Design Ltd

17- Mlle Amedome min Dianey Anfou

Master en administration Gabon Gloria épicerie 42- Kabaharira Nyabwiza Jacqueline

Etude de littérature et sciences de l’information

Rwanda Independent Stylist Comapny

18- Ngouessono Soufiano

Master en droit Gabon Plateforme fintech 43- Sylla Seynabou Infographe Sénégal Cauriolis 19- Lerato Motsamai Expérience en pétrochimie Afrique du

sud

Petrolink 44- Eugenia Fall Master en tourisme Sénégal Platinium Tourism 20- Mbokoma Noxolo MBA de Rhodes Afrique du

sud

Siba Jo Lily académie

45-Anta Sarr Sine ---- Sénégal Kelou Suarl

(6)

6 21- Athi Mbete Inscrite en Post Grad

Diploma

Afrique du sud

Equity Insights 46- Fatou Sall Ndiaye

--- Sénégal Women Africa

Business

22- Bintou Kaba Licence en administration Guinée MKK Globale 47- Yakharé Soumare Informaticienne Mauritanie Djikké, microfinance 23- Diallo Diaraye

Fatoumata

BAC+4 en Administration des affaires

Guinée Diamar international Sarl

48 Fa Diallo Etude en gestion Sénégal Institut Académique des bébés

24- Batouly Baldé F BTP en marketing Guinée BDLocaguinée 49-Fatima Lam Master informatique Mauritanie LAM’S 25- Saran Keita Médecin nutritionniste Guinée Amidjor

Agrobusiness

50- Ben A. Hawaou Licence en gestion Mali FAPAM Source : Dossier de Financial Afrik du 19/11/2019

(7)

7 Intervenant avant la crise sanitaire (covid-19) en Afrique, certaines réussites entrepreneuriales des femmes ont été saluées, dans le magazine Forbes de janvier 2020 (Isabel Do Sandos occupe la première place chez les femmes et la treizième pour toute l’Afrique) et lors des forums dédiés à l’entrepreneuriat (par exemple le Global Entrepreneurship Week (18-24 novembre 2019) qui a consacré les cinquante femmes présentées dans le tableau précédent) – signe de leur reconnaissance populaire.

Selon un processus courant en Afrique, les leaders d’opinion inscrivent dans l’espace et la hiérarchie sociale leur importance, tant sur le plan local que national, par des réalisations concrètes et des actions en direction de leur communauté. L’achat des voitures luxuriantes, la construction des villas prestigieuses ou la réfection de la maison familiale par les femmes qui ont réussi en affaires, par exemple, suivent la même logique, venant rappeler à tous la situation nouvelle de leurs propriétaires. A cet égard, la réussite entrepreneuriale des femmes – donc les créations d’entreprises et les développements d’une offre nouvelle par les femmes-, s’articule étroitement autour de la construction de leur statut social, pour laquelle l’alliance avec la culture locale (respect de la tradition, respects des interdits, geste subtil de convenance face à un aîné ou devant le chef de tribu et religieux, etc.) et la participation à la gestion de la vie sociale et culturelle de leurs villes de naissance ou d’implantation de leurs entreprises, apparait comme une démarche incontournable. Cette bonne volonté, cette démarche qui favorise le mieux-être des femmes entrepreneures et de la population participe de la logique de consolidation d’une position sociale encore mal assurée aux femmes en Afrique.

Dès lors qu’il s’agit de restituer, au plus près de la réalité, les contours de cette position, qui ajoute à coup sûr de la valeur à l’économie de l’Afrique, ou pour dire autrement, dès lors qu’il s’agit de restituer les contours de ce développement de l’entrepreneuriat des femmes africaines, les gens de rue, les politiciens, les enseignants-chercheurs ou les étudiants doivent venir sur le terrain et voir comment les femmes vont au-delà des réalisations des besoins de nécessité pour proposer une offre qui sied à la population africaine et d’ailleurs. Car tous les exemples et les faits, que je viens de présenter, justifient bien que je considère pour vrai cette évidence immédiate : les femmes sont, de plus en plus, comme, parfois mieux que, les hommes, poussées par les motivations d’opportunités au cours de la réalisation de leurs projets d’affaires. C’est sans aucun doute ce que les contributeurs de ce numéro spécial ont compris et tenter de restituer un développement de l’entrepreneuriat féminin qui se donne à lire et à penser à travers les réalisations des projets d’affaires qui ajoutent de la valeur à l’économie et à la société, en Afrique et en dehors de l’Afrique. En multipliant les allers et venus sur le terrain de l’entrepreneuriat féminin, en Afrique et hors d’Afrique, en chine par exemple, ces contributeurs apportent des contenus pratiques que je me permets, même s’il s’agit là d’un point de vue, de résumer d’un groupe de mots : devenir et être femme entrepreneure, en Afrique, c’est tendre la main aux autres et accepter de mettre ses compétences et ses imaginations à contribution pour le bien être de la population africaine et d’ailleurs. C’est, à coup sûr, la plus belle leçon que les femmes africaine donnent en ce moment au monde des hommes avec grand H. Il est de notre devoir à tous, hommes, politiciens, enseignants, chercheurs, d’y croire, car un tel ethos capitaliste des femmes a son importance et son rôle dans le développement de l’Afrique.

Références bibliographiques

Cliff, J.E. (1998), Exploring the relationship between attitudes towards growth, gender and business size, Journal of Business Venturing, vol. 13, n° 6, pp. 523-542.

Copans, J., (1995), Entrepreneurs et entreprises dans l’anthropologie et la sociologie africanistes, Dans Ellis, S et Faure, Y (dir.): Entreprises et entrepreneurs africains, Paris : Editions Karthala/ORSTOM, pp. 127-139.

Drucker, P., (1985), Les entrepreneurs, Les Expansions, Hachette.

(8)

8 Fairlie R.W., Robb, A.M. (2009), Gender differences in business performance: evidence of characteristics of business owners survey, Small Business Economics, vol. 33, n° 4, pp. 375-395.

Hopkins, A., (1995), Les entrepreneurs africains et le développement de l’Afrique. Une perspective historique, Dans Ellis, S et Faure, Y (dir.): Entreprises et entrepreneurs africains, Paris : Editions Karthala/ORSTOM, pp. 37-52.

ONU-femmes, (2020), Le monde pour les femmes et les filles, Rapport annuel 2019-2020, ONU, NY, Etats-Unis.

Robichaud, Y., MC Graw, E., Roger, A. (2005), L’influence des objectifs des entrepreneurs sur la performance des petites entreprises. Une comparaison hommes/femmes, Revue de Gestion des Ressources humaines, n° 55, pp. 22-35.

Références

Documents relatifs

En application de I1une des recommandations figurant dans I1etude de faisabi- lite r^alisee par la CEA et lf0MM en vue de la creation d'un centre africain pour lfapplication de

Ce qui manque le plus, ce sont les informations scientifiques et techniques africaines Les informations disponibies sont pour l'essentiel consacrees aux technologies, connexions

Colorie les pays qui bordent la mer Méditerranée: on appelle cette partie de l’Afrique le Maghreb.. EXPLORER LE MONDE – les paysages

Pour être précis –  je suis quand même à l’AFP, haut lieu du fact-checking  –, je l’ai aperçu trois fois dans ma vie : à la remise de Légion d’honneur d’un ami, à

Guy Saupin Centre de Recherches en Histoire Internationale et Atlantique Université de Nantes guy.saupin@univ-nantes.fr Cécile Vidal CENA, EHESS cecile.vidal@ehess.fr.. L’impact

Elle témoigne également d’une autre forme de polygamie, économique cette fois-ci, mais qui fait tout aussi partie de la réalité africaine et qui se base en fait, sur

Poussé par la perspective de trouver des diamants, le marchand de Brême Lüderitz s'empare sournoisement de vastes territoires dans ce qui deviendra plus tard l'Afrique

L’objectif de cette contribution est d’étudier le fondement du rapport de René Maran à l’Afrique à travers notamment l’examen de sa nouvelle Djogoni, ainsi que de