Géographie et cultures
88 | 2013 Varia
Raconter cinématographiquement le périurbain français
Bertrand Pleven
Édition électronique
URL : http://journals.openedition.org/gc/3162 DOI : 10.4000/gc.3162
ISSN : 2267-6759 Éditeur
L’Harmattan Édition imprimée
Date de publication : 1 décembre 2013 Pagination : 281-282
ISBN : 978-2-343-04336-4 ISSN : 1165-0354 Référence électronique
Bertrand Pleven, « Raconter cinématographiquement le périurbain français », Géographie et cultures [En ligne], 88 | 2013, mis en ligne le 10 juillet 2015, consulté le 24 septembre 2020. URL : http://
journals.openedition.org/gc/3162 ; DOI : https://doi.org/10.4000/gc.3162 Ce document a été généré automatiquement le 24 septembre 2020.
Raconter cinématographiquement le périurbain français
Bertrand Pleven
RÉFÉRENCE
François Ozon, Dans la maison, film de 2012, disponible en DVD depuis février 2013.
1 Il y a bien une géographie de la « crise de figuration de l’urbain » pointée par Michel Lussault1. Prenons les périphéries urbaines. Tandis que la suburbia est devenue un
« geotype » fictionnel de premier ordre dans le cinéma et les fictions audiovisuelles états-uniennes, notamment dans son versant dystopique depuis les années 1990, le périurbain français tend progressivement à prendre l’épaisseur d’un territoire narratif dans la production cinématographique nationale2. Dans la maison de François Ozon – sorti au même moment que le roman d’Olivier Adam, Les Lisières – marque une étape décisive dans cette dynamique. Germain Germain (Fabrice Luchini) est un professeur de Français passé à côté de sa carrière d’écrivain. Symptomatiquement, il habite en appartement dans un quartier dense d’une proche banlieue, un appartement comme on l’a vu mille fois dans le cinéma français. Dans son lycée, il est enthousiasmé par un de ces élèves, Claude, qu’il remarque dans le cadre d’exercices de rédaction libre. Claude a un style, Claude a un sujet : un pavillon et la famille de son camarade de classe Arnold qui va avec. Il observe, décrit (« l’odeur de la femme de la classe moyenne »), se moque.
L’élève et son professeur complice dépassent alors les bornes : scolaires, morales et…
spatiales. Le cinéaste va donc plus loin que l’intégration du procès en conformisme du périurbain, il fait de sa mise en narration le moteur même de son film. En construisant un périurbain très américanisé rappelant fortement Wisteria Lane de Desperate Housewives et en intégrant la forme du feuilleton dans son récit, il prend acte du poids des séries télévisées dans l’imagerie associée à ce type d’espace. Il ne se contente pas, pour autant, de transposer cet univers mais questionne sa facticité et sa plasticité quand Claude modèle ses personnages et que l’environnement spatial de la maison, notamment le jardin, change subrepticement. Ainsi, Dans la maison se penche sur les
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modalités même de la création en milieu pavillonnaire : Claude, Germain mais aussi le spectateur, tous, sont entrainés dans une passion voyeuriste. François Ozon ne se contente donc pas d’intensifier le regard sur un nouveau territoire narratif, il nous interpelle sur ce que l’on y cherche.
NOTES
1. Michel Lussault, L’Homme spatial, 2007, chapitre 6.
2. Voir par exemple, À la lisière ombres et lumières, http://www.cafe-geo.net/article.
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AUTEURS
BERTRAND PLEVEN
Équipe de recherche Géographie-Cités UMR 8504
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